Solo de Amor d'amour seul - Alejandro Jodorowsky
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Alejandro Jodorowsky Solo de Amor d’amour seul traduit de l’espagnol (Chili) par Marianne Costa, David Giannoni et Laurence Tissot toutes les traductions sont révisées solo_interieur.indd 5 16/02/07 12:40:38
Deja que tu sombra pase una y mil veces sobre mi cuerpo extendido Permite que escarbe los espejos para comer las migas de tu visión desvanecida La cicatriz de mi abandono aúlla como perro solitario hacia aquella que hoy eres distante luna y nunca más piedra de mi negro camino solo_interieur.indd 6 16/02/07 12:40:38
Laisse ton ombre passer mille et une fois sur mon corps étendu Laisse-moi scruter les miroirs Pour y manger les miettes de ta vision évanouie La cicatrice de mon abandon hurle comme un chien solitaire après celle que tu es aujourd’hui lune distante et jamais plus pierre de mon noir chemin solo_interieur.indd 7 16/02/07 12:40:39
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DE DE AQUELLO QUE NO SE PUEDE HABLAR DE CE DONT ON NE PEUT PARLER Maelström, 2002 (épuisé) traduction de l’espagnol (Chili) par David Giannoni avec la collaboration de Martin Bakero, Guillermo Cerviño, Delphine Kleynjans et Marianne Costa solo_interieur.indd 9 16/02/07 12:40:39
Aun tu ausencia Me revuelco en todas las cenizas tratando de encontrar el solo fuego. Me siento a conversar con la sombra que un día de verano olvidaste en el sofá. Soy el sueño de las huellas de unos pasos que una noche perdieron la memoria. Nadie anduvo nunca por aquí. Se renta el cuarto vacío de una casa que ya no existe más. 10 solo_interieur.indd 10 16/02/07 12:40:39
Encore ton absence Je me roule dans toutes les cendres essayant de trouver le feu unique. Je m’assieds pour converser avec l’ombre qu’un jour d’été tu oublias sur le sofa. Je suis le rêve des empreintes de pas qui une nuit perdirent la mémoire. Personne n’est jamais passé par ici. Chambre vide à louer d’une maison qui n’existe plus. 11 solo_interieur.indd 11 16/02/07 12:40:39
Si yo pudiera desprenderme de mi voz para enrollar en mi garganta la tuya y usar solamente ese océano formado por tus palabras que son néctar para mi lengua de huérfano de viudo de extranjero Si pudiera dejar de estar ausente para convertir tu alma en mi patria dejándote oír por una vez el impacto mortal de mi silencio En el fondo no soy más que el recuerdo de tu voz Cada vez que me rechazas terminas de parirme 12 solo_interieur.indd 12 16/02/07 12:40:39
Si je pouvais me détacher de ma voix pour enrouler ta gorge à la mienne et n’utiliser que cet océan formé de tes paroles qui sont nectar pour ma langue d’orphelin de veuf d’étranger Si je pouvais cesser d’être absent pour transformer ton âme en ma patrie en te laissant entendre pour une fois l’impact mortel de mon silence Au fond je ne suis rien que le souvenir de ta voix Chaque fois que tu me repousses tu achèves de m’enfanter 13 solo_interieur.indd 13 16/02/07 12:40:39
Llegas a mí como una brisa sin paisaje a nacer en aquello que emerge de la herida allí donde ya no es posible establecer un nido Humilde y silenciosa te dejas llevar por el torrente no te dices libre pero sabes sonreír cuando no pides porque lo has perdido todo menos a ti misma Sombra a sombra entrando en el placer yo de tu piel vacía tú del olvido que es mi alma como sobrevivientes de todas las guerras cada caricia es un ave del milagro cada beso un parto cada orgasmo un Edén en la nada 14 solo_interieur.indd 14 16/02/07 12:40:39
Tu viens à moi comme une brise sans paysage pour naître dans ce qui surgit de la blessure là où il n’est plus possible de faire un nid Humble et silencieuse tu te laisses porter par le torrent tu ne te dis pas libre mais tu sais sourire quand tu ne demandes pas car tu as tout perdu sauf toi-même D’ombre en ombre entrant dans le plaisir moi de ta peau vide, toi de l’oubli qu’est mon âme comme survivants de toutes les guerres chaque caresse est un oiseau du miracle chaque baiser un accouchement chaque orgasme un Eden dans le néant 15 solo_interieur.indd 15 16/02/07 12:40:39
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DE NO BASTA DECIR DIRE NE SUFFIT PAS traduit de l’espagnol (Chili) par Marianne Costa la plupart de ces poèmes sont inédits et ne faisaient pas partie de la première édition en français solo_interieur.indd 45 16/02/07 12:40:41
Sólo preguntas ¿Perla en el hocico del perro eres tú la que aparece? ¿Eres tú la que navega en el río solitario de mi sangre? ¿Tú le ofreces un camino a mis huellas de cojo? ¿En ti mi conciencia ha extraviado sus espejos? ¿Cómo, infinita sábana de arena, he de encontrar tu ojo de agua? ¿Por qué tenías que ser tú y no la muerte? 46 solo_interieur.indd 46 16/02/07 12:40:41
Rien que des questions Perle dans la gueule du chien, est-ce toi qui apparais ? Est-ce toi qui navigues sur le fleuve solitaire de mon sang ? Offres-tu un chemin à mes empreintes de boiteux ? En toi ma conscience a-t-elle égaré ses miroirs ? Infini drap de sable, comment trouver ton œil d’eau ? Pourquoi fallait-il que ce soit toi et non la mort ? 47 solo_interieur.indd 47 16/02/07 12:40:41
Cuando ciego te buscaba Cuando ciego te buscaba mi alma te iba pariendo mientras dejabas huellas con la forma de una luna. No había paredes en mi cuarto solamente rincones donde sombras con mil brazos pedían resplandores. No había un pan en mi altar y en el viejo pergamino las moscas devoraban las amargas letras sagradas. No crecía un árbol de manzanas en mi solitario lecho y a los dedos de mis manos se los llevaba el viento. Fue así como te hice convirtiendo en carne mis sueños con el resplandor de la luna dándote una piel de plata colocando un ojo vivo en tus mil manos que imploran para que doblada en cuatro fueras el cáliz de mi mesa y en tus innumerables labios se tatuara el nuevo credo. Tu voz sin fin entrando en el mundo como una hostia roja hasta paralizar el infinito espejo en una eterna imagen. 48 solo_interieur.indd 48 16/02/07 12:40:41
Quand aveugle je te cherchais Quand aveugle je te cherchais mon âme déjà t’enfantait et tu semais des traces en forme de lune. Il n’y avait pas de murs dans ma chambre, des recoins seulement d’où des ombres à mille bras demandaient des éclats. Il n’y avait pas de pain sur mon autel et sur le vieux parchemin les mouches dévoraient les amères lettres sacrées. Aucun pommier ne poussait dans mon lit solitaire et les doigts de mes mains le vent les emportait. C’est ainsi que je te créai, donnant chair à mes rêves, avec l’éclat de la lune je te donnai une peau d’argent, plaçant un œil vivant dans tes mille mains qui implorent afin que pliée, en quatre, tu sois le calice de ma table et que sur tes innombrables lèvres soit tatoué le nouveau credo. Ta voix sans fin entrant dans le monde comme une hostie rouge jusqu’à paralyser le miroir infini en une éternelle image. 49 solo_interieur.indd 49 16/02/07 12:40:41
Es el amor En el fondo de la pieza, una mesa redonda con dos sillas, mi fantasma de ayer se sienta frente a tu ausencia. Quedan algunas migas de pan negro en esa paz intensa. Anoche estuvimos allí soñando. Un rayo de luz invisible bajaba del cielo. Tus ojos parecían contener la verdad. Yo, informe, no podía imaginar en qué forma me veías. Por la nuca se me escapaba el alma. Como una inmensa cobra atravesaba el techo para observarte desde el firmamento. Era yo la noche sin astros y tú el diamante rojo que me gestaba, la semilla del fruto, el corazón del abismo, el ojo de la nada. Gracias a ti, porque eras mi puerto milenario, yo atravesaba los siete palacios encantados donde se acumulaba la luz. Era tu raíz la que me daba la energía de sobrepasar el límite, libre de las palabras que formaban mi alma y mi cuerpo, 50 solo_interieur.indd 50 16/02/07 12:40:41
C’est l’amour Au fond de la pièce, une table ronde et deux chaises, mon fantôme d’hier s’assoit face à ton absence. Il reste quelques miettes de pain noir dans cette paix intense. Hier soir nous fûmes ici en rêve. Un rayon de lumière invisible descendait du ciel. Tes yeux semblaient contenir la vérité. Moi, informe, je ne pouvais imaginer sous quelle forme tu me voyais. Mon âme s’échappait par ma nuque. Comme un cobra immense elle traversait le toit pour t’observer depuis le firmament. J’étais la nuit sans astres et toi le diamant rouge qui m’engendrait, la semence du fruit, le cœur de l’abîme, l’œil du néant. Grâce à toi, mon port millénaire, je traversais les sept palais enchantés où s’accumulait la lumière. Ta racine me procurait l’énergie de dépasser la limite libéré des paroles qui formaient mon corps et mon âme, 51 solo_interieur.indd 51 16/02/07 12:40:41
sin el placentero dolor de cada día, sin los bellos espejismos, sin esperar nada, mínima parte del inconmensurable mecanismo, volando alrededor de la mesa redonda mientras tú te mirabas desde mis ojos y yo seguía sentado como un muerto en la silla, viéndote crecer, disolverte en las paredes, inundar el mundo, llover sobre mi ausencia como un enjambre de luciérnagas. 52 solo_interieur.indd 52 16/02/07 12:40:41
sans la douleur joyeuse du quotidien, sans les beaux mirages, sans rien attendre, partie infime du mécanisme incommensurable, voletant autour de la table ronde pendant que tu t’observais depuis mes yeux et moi toujours assis, comme un mort sur cette chaise, te regardant grandir et te dissoudre dans les murs, inonder le monde, pleuvoir sur mon absence comme un essaim de lucioles. 53 solo_interieur.indd 53 16/02/07 12:40:41
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SOLO DE AMOR D’AMOUR SEUL traduit de l’espagnol (Chili) par Laurence Tissot avec la collaboration de Marianne Costa et David Giannoni solo_interieur.indd 81 16/02/07 12:40:43
Del imposible encuentro al imposible adiós con ascensos y derrumbes un verdadero amor 82 solo_interieur.indd 82 16/02/07 12:40:43
De la rencontre impossible à l’impossible adieu d’envolées en effondrements un amour véritable 83 solo_interieur.indd 83 16/02/07 12:40:43
El imposible encuentro Entre tus colinas de seda y tus abismos he de conocer el misterio de las lágrimas. Es de odio, es de ansias, es de gula sin fondo, es de final que agobia, es de cuencas vacías, es de barcos que se hunden en un cofre negro, es de espada atravesada por una lengua en llamas, es crucifixión inacabable en la boca de tu vientre que sin piedad devuelve al mundo mi solitaria sombra, es mi amor, con su aliento de bruto y sus tenazas rojas y esos clavos que aún se hunden en tu carne a martillazos de alma. ¿Acaso no quisiera ser como las flores, mucho más aroma que forma? ¿Acaso no quisiera tener las manos del tamaño de la tierra para acariciar el lejano cielo que en tus ojos reina? ¿Acaso no sería tu corazón mi guarida de oro, ahí donde los vendavales se hacen suspiro, dónde el espantoso ángel nos extirpa los molares? Nunca te encontré, siempre te he perdido, una eternidad que viajo en pos del imposible encuentro para decirte que eres tú quien beso a beso, tajo a tajo, ha edificado mis sueños, perforando el abismo hasta convertirlo en torre, terraza sin corona donde el sol se hunde y me obliga a recibirlo convertido para siempre en luna 84 solo_interieur.indd 84 16/02/07 12:40:43
La rencontre impossible Entre tes collines de soie et tes abîmes il me faut connaître le mystère des larmes. Il est de haine, d’ardents désirs, de voracité sans fond, il est de fin qui étouffe, d’orbites vides, il est de bateaux qui sombrent dans un coffre noir, il est d’épée traversée par une langue en flammes, il est crucifixion interminable dans la bouche de ton ventre qui sans pitié remet mon ombre solitaire au monde, c’est mon amour, avec son souffle de brute et ses tenailles rouges et ces clous qui ne cessent de s’enfoncer dans ta chair à coups de marteau d’âme. Ne voudrait-il pas être comme les fleurs, bien plus arôme que forme ? Ne voudrait-il pas avoir les mains à la mesure de la terre pour caresser l’azur lointain qui dans tes yeux règne? Ton cœur ne serait-il pas mon refuge d’or, où les tempêtes se font soupir, où l’ange redoutable nous arrache les molaires ? Je ne t’ai jamais trouvée, je t’ai toujours perdue, une éternité que je voyage en quête de la rencontre impossible pour te dire que c’est toi qui, baiser après baiser, taillade après taillade, a bâti mes rêves, forant l’abîme jusqu’à le transformer en tour, terrasse sans couronne où le soleil plonge et m’oblige à le recevoir transformé à tout jamais en lune. 85 solo_interieur.indd 85 16/02/07 12:40:43
Los celos Como un aceite negro tu ausencia invadiendo los muebles, los trajes, el espejo, los ojos de mis gatos, cada letra de cada línea de cada hoja de cada libro, y más abajo de la herida, nada, sólo el eco difunto de tu voz y yo dentro del pozo cayendo eternamente sin alcanzar tu nombre, cofre de acero donde duermen para siempre mis semillas. Tus caricias para el otro en mi piel son latigazos, son el cielo del alba atravesado por espinas, son las sábanas del lecho convertidas en pantano, son mis manos arañando el aire hasta sacarle sangre. No supe ofrecerte cortadas en un plato ni mis orejas ni mi alma. Te di de puñetazos tratando de romper en tu cara la cara de mi madre. Te encerré en un cementerio lleno de lápidas portando sólo mi nombre. Hoy avanzo en las tinieblas llorando lágrimas de siete metros por debajo de mi máscara de perro mientras lejos lejos lejos y más lejos bailas tratando de asemejarte a tus propios límites. 86 solo_interieur.indd 86 16/02/07 12:40:43
La jalousie Comme une huile noire ton absence envahissant les meubles, les costumes, le miroir, les yeux de mes chats, chaque lettre de chaque ligne de chaque page de chaque livre, et sous ma blessure, rien, juste l’écho défunt de ta voix et moi dans le puits tombant éternellement sans atteindre ton nom, coffre d’acier où dort à tout jamais ma semence. Tes caresses pour l’autre, coups de fouet sur ma peau, sont le ciel de l’aurore transpercé d’épines, sont les draps du lit devenus marécage, sont mes mains griffant l’air jusqu’à le faire saigner. Je n’ai su t’offrir coupées sur un plateau ni mes oreilles ni mon âme. Je t’ai rouée de coups pour tenter de détruire sur ton visage le visage de ma mère. Je t’ai enfermée dans un cimetière plein de pierres tombales qui ne portaient que mon nom. Aujourd’hui j’avance dans les ténèbres en pleurant des larmes de sept mètres sous mon masque de chien tandis que loin loin loin et plus loin encore tu danses en essayant de ressembler à tes propres limites. 87 solo_interieur.indd 87 16/02/07 12:40:43
La ruptura Estoy perdido girando alrededor de mi silla de niño mientras tú, pez luminoso en el océano de tinieblas, sepulcro sellado donde cavo para encontrar un sueño, te precipitas hacia el laberinto de espejos sin salida. En una carroza fúnebre te lo puedes llevar todo, las fotografías que creíamos contratos eternos, la horrorosa pintura al óleo de ese terreno baldío, las nubes que por primera vez viste a los treinta años, el puñal con el que acaricié tus senos y la sangre falsa con la que una vez al mes imitabas las reglas ausentes, el codiciado carnet de cheques en forma de corazón, y la palmera enana que decías regar con tus lágrimas, el traje de novia de tu madre con el que deseabas casarte, infanta solitaria enamorada de un padre sombra en busca de un príncipe azul que te volvería fecunda. Ya es hora de que me desprenda de la silueta de infante que me sigue aferrada con desesperación a mis talones, de vaciar de mi corazón esas mil manos que piden, de cicatrizar la herida que he confundido con mi alma, 88 solo_interieur.indd 88 16/02/07 12:40:43
La rupture Je suis perdu tournant autour de ma chaise d’enfant tandis que toi, poisson lumineux dans l’océan des ténèbres, tombeau scellé que je creuse pour trouver un rêve, tu te précipites vers le labyrinthe des miroirs sans issue. Dans un carrosse funèbre tu peux tout emporter les photographies que nous pensions être d’éternels contrats, l’horrible peinture à l’huile de ce terrain inculte, les nuages que tu as vus pour la première fois à tes trente ans, le poignard avec lequel j’ai caressé tes seins et le faux sang par lequel tu imitais chaque mois tes règles absentes, le tant convoité carnet de chèques en forme de cœur, et le palmier nain que tu disais arroser de tes pleurs, la robe de mariée de ta mère dans laquelle tu désirais te fiancer, infante solitaire amoureuse d’un père ombre à la recherche d’un prince charmant qui te rendrait féconde. L’heure est venue pour moi de me défaire de la silhouette d’infante qui désespérément accrochée à mes talons me suit, de vider mon cœur de ces milliers de mains qui demandent, de cicatriser la blessure que j’ai confondue avec mon âme, 89 solo_interieur.indd 89 16/02/07 12:40:43
de pisotear una Virgen de yeso para reducirla a polvo, de borrar con saña de mis espejismos tu infinita cara, de colocar cirios rojos en los rincones de mi retiro, de abrir las ventanas liberando un enjambre de canarios, de correr detrás de un caballo lanzando carcajadas, de dar gritos frente al mar hasta paralizar sus olas, de resbalar por un tobogán acostado sobre un féretro y otra vez como un recién nacido penetrar en la fiesta. De la ciudad donde los pájaros caen como hojas muertas has regresado llorando para hundir tu cara en mi pecho como si te colocaras una máscara serena. El espejo de los sueños se te ha quebrado. Sin mis raíces quedas flotando entre la tierra y el cielo. No me pidas perdón, vuelve a la forma que te contiene. Si desollada busca mi alma para hacerte una piel nueva. 90 solo_interieur.indd 90 16/02/07 12:40:43
de piétiner une Vierge de plâtre pour la réduire en poussière, d’effacer rageusement de mes illusions ton visage infini, de disposer des cierges rouges dans les coins de ma retraite, d’ouvrir les fenêtres pour libérer un essaim de canaris, de courir derrière un cheval en riant aux éclats, de hurler face à la mer jusqu’à paralyser ses vagues, de glisser sur un toboggan couché sur un cercueil et encore une fois, tel un nouveau-né, d’entrer dans la fête. De la ville où les oiseaux tombent comme des feuilles mortes tu es revenue en pleurs pour enfouir la tête dans mon torse comme si tu te mettais un masque serein. Le miroir de tes rêves s’est brisé. Sans mes racines tu restes flottant entre terre et ciel. Ne me demande pas pardon, retourne à la forme qui te contient. Ainsi écorchée cherche mon âme pour faire peau neuve. 91 solo_interieur.indd 91 16/02/07 12:40:43
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