Soutien à la structuration du transfert des connaissances
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AOÛT 2012 Soutien à la structuration du transfert des connaissances en CRDITED - Rapport final - Mathieu-Joël Gervais, Cand. Ph.D Étudiant au doctorat, Chaire d’étude CJM-IU-UQÀM sur l’application des connaissances dans le domaine des jeunes et des familles en difficulté Renée Proulx Ph.D. Directrice de la recherche et du transfert des connaissances, CRDITED de Montréal François Chagnon, Ph.D Titulaire de la Chaire d’étude CJM-IU-UQÀM sur l’application des connaissances dans le domaine des jeunes et des familles en difficulté
TABLE DES MATIÈRES SECTION 1. MISE EN CONTEXTE ET MÉTHODOLOGIE................................... 1 SECTION 2. LE TRANSFERT DES CONNAISSANCES AU CRDITED DE MONTRÉAL: DÉFINTION ET VISION ...................................................................... 2 2.1. Les quatre processus de transfert de connaissances ........................................... 2 2.1.1. Le transfert entre les membres des équipes cliniques (E E) ..................... 2 2.1.2. Le transfert entre les équipes cliniques, les usagers et leurs proches (E U) ......................................................................................................................... 2 2.1.3. Le transfert entre la recherche et les équipes cliniques (R E ou R E) .. 3 2.1.4. Le transfert entre le CRDITED de Montréal et d’autres organisations (OO) ........................................................................................................................ 3 2.2. Les trois catégories de connaissances transférées ............................................... 4 2.2.1. Les savoirs formalisés (S) ............................................................................... 4 2.2.2. Les savoirs-faire (SF) ...................................................................................... 4 2.2.3. Les savoirs-être (SE) ....................................................................................... 5 2.2.4. L’importance de valoriser ces trois catégories de connaissances ............... 5 SECTION 3. LES ACTIVITÉS DE TRANSFERT DES CONNAISSANCES AU CRDITED DE MONTRÉAL : UN PORTRAIT DE LA SITUATION ....................... 7 SECTION 4. LES CONDITIONS DE MISE EN ŒUVRE DES ACTIVITÉS DE TRANFSERT DES CONNAISSANCES AU CRDITED DE MONTRÉAL ............. 12 4.1. Se positionner sur l’approche par laquelle le choix des thématiques s’effectue ....................................................................................................................................... 12 4.1.1. Quelques considérations sur l’approche par laquelle le choix des thématiques s’effectue ............................................................................................ 13 4.2. Se positionner sur la provenance des connaissances transférées..................... 13 4.2.1. Quelques considérations à propos de la provenance des connaissances .. 14 4.3. Se positionner sur le public visé par les activités de transfert ......................... 15 4.3.1. Quelques considérations par rapport au public visé par les activités de transfert des connaissances .................................................................................... 16 4.4. Se positionner sur la formalisation de mécanismes de généralisation ............ 17 4.4.1. Quelques considérations à propos de la formalisation de mécanismes de généralisation........................................................................................................... 18 4.5. Se positionner sur la formalisation de mécanismes de suivis ........................... 20
4.5.1. Quelques considérations à propos de la formalisation de mécanismes de suivi........................................................................................................................... 20 SECTION 5. LES RETOMBÉES ATTENDUES SUITE AUX ACTIVITÉS DE TRANSFERT DES CONNAISSANCES DÉPLOYÉES AU CRDITED DE MONTRÉAL ................................................................................................................... 22 5.1. Les retombées attendues: un portrait de la situation ....................................... 22 5.2. Des retombées à court, moyen et long terme ..................................................... 25 SECTION 6. LA MISE EN ŒUVRE D’ACTIVITÉS DE TRANSFERT DES CONNAISSANCES ET L’ATTEINTE DE RETOMBÉES OPTIMALES : RÔLE DE CHACUN DES EMPLOYÉS DU CRDITED ........................................................ 27 6.1. L’équipe de direction ........................................................................................... 27 6.2. L’équipe de la DRTC ........................................................................................... 28 6.3. Cadres intermédiaires (chefs de services et coordonateurs) ............................ 30 6.4. Professionnels de soutien (SAC et professionnels) ............................................ 31 6.5. Éducateurs ............................................................................................................ 31 ANNEXE 1. TABLEAU SYNTHÈSE ........................................................................... 33
SECTION 1. MISE EN CONTEXTE ET MÉTHODOLOGIE Par son énoncé de vision, le CRDITED de Montréal confère une place centrale au mandat de transférer les connaissances en soutien aux pratiques cliniques et de gestion. Le transfert des connaissances « repose sur une variété de mécanismes, qui visent une utilisation plus systématique des connaissances reconnues pour leur qualité, dans une optique d’amélioration des services » (Proulx, 2011). La présente étude vise à (1) définir la vision de l’organisation en matière de transfert des connaissances; (2) illustrer les activités de transfert des connaissances actuellement déployées au CRDITED de Montréal, ainsi que leurs conditions de mise en œuvre; (3) catégoriser les retombées attendues suite au déploiement d’activités de transfert des connaissances. Au total N=28 participants1 ont été recrutés afin de participer à des entrevues individuelles. Ces entrevues se sont déroulées entre le mois de mai et le mois de juillet 2012. La sélection de l’échantillon s’est effectuée afin d’obtenir une représentation des trois secteurs (nord, est, ouest) ainsi que des services offerts au CRDITED de Montréal. Plus spécifiquement, ont participé aux entrevues (a) 7 membres de la direction; (b) 4 membres de l’équipe de la DRTC; (c) 2 responsables des communications et du soutien informatique; (d) 2 responsables de la programmation organisationnelle; (e) 4 cadres intermédiaires (coordonnateurs, chef de services); (f) 5 professionnels de soutien aux équipes cliniques (psychoéducateurs, professionnels); (g) 4 éducateurs. Le présent rapport rapporte les principales conclusions issues de l’analyse des points de vue des 28 personnes rencontrées lors de ces entrevues individuelles. La section 2 présente leur vision du concept de transfert des connaissances. La section 3 décrit les activités de transfert des connaissances au CRDITED de Montréal au sein desquelles ces 28 personnes se sont impliquées. La section 4 illustre leur point de vue sur les conditions de mise en œuvre des activités de transfert des connaissances. La section 5 dresse un portrait des retombées attendues par ces 28 personnes suite au déploiement d’activités de transfert des connaissances au CRDITED de Montréal. Enfin, la section 6 présente leur vision quant aux rôles que pourrait jouer chacun des membres du CRDITED afin d’optimiser le transfert des connaissances et l’atteinte de retombées. Pour chacune des sections du rapport, une liste de publications scientifiques pouvant être pertinentes et complémentaires est proposée afin de mettre en contexte les résultats rapportés. Enfin, l’annexe 1 met en relation, sous la forme d’un tableau synthèse, les notions présentées au sein des sections 2, 3 et 4. 1 Il est à noter que seulement certains informateurs clés ont été ciblés pour les entrevues individuelles. Leur point de vue n’est donc pas nécessairement représentatif de l’ensemble des points de vue pouvant être exprimés par les employés du CRDITED de Montréal. 1 M.-J. Gervais, R. Proulx & F. Chagnon, 2012
SECTION 2. LE TRANSFERT DES CONNAISSANCES AU CRDITED DE MONTRÉAL: DÉFINITION ET VISION 2.1. Les quatre processus de transfert de connaissances L’analyse a permis de faire ressortir quatre processus distincts des propos des 28 répondants lorsque l’on leur a demandé de définir le terme « transfert des connaissances ». L’Annexe 1 permet d’illustrer à quelle(s) catégorie(s) de processus correspond chacune des activités de transfert des connaissances actuellement déployées au CRDITED de Montréal. 2.1.1. Le transfert entre les membres des équipes cliniques 2(EE) Ce premier processus représente l’ensemble des échanges bidirectionnels de connaissances entre les membres des équipes cliniques du CRDITED de Montréal. Certaines activités de transfert des connaissances sont particulièrement adaptées à ce type de processus, soient les supervisions cliniques offertes par les psychoéducateurs ou les professionnels, les groupes de travail, le coaching ou encore certaines formations interactives. Exemple tiré de l’analyse des propos des répondants Le transfert des connaissances c’est lorsqu’un collègue qui a une connaissance vient la partager à des collègues et eux, à leur tour, réagissent à cette connaissance. Ce type de transfert entre collègues peut être présent dans certaines formations moins magistrales qui permettent à des personnes de différents secteurs, de différentes professions de partager leurs pratiques, leurs expertises ainsi que sur des outils qu’ils utilisent par rapport à une problématique spécifique. Un autre exemple serait lors des supervisions cliniques individuelles où le spécialiste en activités cliniques nous montre une nouvelle technique de relaxation pour nous aider à mieux intervenir en gestion de crise avec certains usagers et que nous lui donnons du feedback par rapport à son application une fois que nous avons essayé cette technique. 2.1.2. Le transfert entre les équipes cliniques, les usagers et leurs proches (EU) Ce second processus s’effectue lorsque les membres des équipes cliniques du CRDITED de Montréal transmettent des connaissances par le biais d’interventions directes aux usagers et à leurs proches (parents, amis, professeurs, etc.). Ce type de transfert est majoritairement vu comme unidirectionnel, où les équipes cliniques doivent faire connaître les connaissances qu’elles détiennent aux usagers et à leurs proches. L’absence, dans les propos des personnes rencontrées, de référence à la participation des usagers aux activités de transfert actuellement mises en œuvre au CRDITED de Montréal suggère que cette participation pourrait être amélioré. 2 Le terme « équipes cliniques» réfère à l’ensemble des employés ayant pour rôle d’offrir ou de coordonner la prestation de services aux usagers, soit les éducateurs, les psychoéducateurs, les professionnels (ergothérapeute, psychologue, orthophoniste, infirmières, etc.), les chefs de service, et les coordonnateurs. 2 M.-J. Gervais, R. Proulx & F. Chagnon, 2012
Exemple tiré de l’analyse des propos des répondants « Le transfert des connaissances se fait lorsque les équipes cliniques font connaître leurs connaissances et leurs expertises à l’entourage de l’usager. Les équipes cliniques doivent donner du coaching aux proches pour les aider à mieux comprendre la problématique et prendre en charge l’usager ou pour corriger certaines caractéristiques de l’environnement. Aussi, il arrive que des psychoéducateurs organisent des formations qu’ils offrent directement aux proches afin de permettre de mieux comprendre les outils cliniques utilisés pour le suivi de l’usager. Mais il faut dire que les usagers et leurs proches ne sont pas nécessairement visés et intégrés par les mécanismes de transfert des connaissances actuellement en place dans l’organisation. » 2.1.3. Le transfert entre la recherche et les équipes cliniques (RE ou RE) Ce processus s’effectue lorsque des chercheurs rendent disponibles des connaissances aux membres des équipes cliniques du CRDITED de Montréal. D’une part, ce type de transfert peut s’effectuer sans aucune interaction entre les chercheurs et les équipes cliniques (RE), via les colloques scientifiques, la diffusion d’articles scientifiques par le biais des veilles informationnelles ou par la production d’un journal interne. D’autre E), alors que les chercheurs et les équipes part, ce processus peut être bidirectionnel (R cliniques mettent en commun leurs connaissances réciproques lors de conférences-midis, de formations, de comités institutionnels ou de projets de recherche. Exemple tiré de l’analyse des propos des répondants « Quand on parle de transfert de connaissances, cela concerne la recherche et les meilleures pratiques qui se font à l’intérieur du CRDITED et à l’extérieur, par les universités. Il faut s’assurer que ces nouvelles données scientifiques, ces nouveaux outils, ou encore ces nouvelles façons de penser une problématique soient disponibles à tous les niveaux de l’organisation et qu’elles deviennent utiles au quotidien. On peut penser, comme organisation, différents types d’activités pour ce transfert des connaissances. On a des activités où les éducateurs reçoivent passivement l’information comme une présentation magistrale à un congrès ou encore lorsque l’on reçoit un article scientifique via une veille informationnelle. On a aussi des activités beaucoup plus interactives, comme les conférences-midis, où les éducateurs peuvent échanger directement avec les chercheurs et discuter avec eux des connaissances présentées. » 2.1.4. Le transfert entre le CRDITED de Montréal et d’autres organisations (OO) Cette dernière catégorie est majoritairement conçue comme un processus bidirectionnel. Il s’effectue lorsque des employés du CRDITED de Montréal rendent disponibles des connaissances à d’autres organisations partenaires, ou inversement, lorsque des organisations partenaires rendent disponibles leurs connaissances aux employés du CRDITED de Montréal. Deux activités de transfert sont particulièrement adaptées pour ce type de transfert, soit la participation à des colloques ou encore, l’accueil de stagiaires. 3 M.-J. Gervais, R. Proulx & F. Chagnon, 2012
Exemple tiré de l’analyse des propos des répondants « Le transfert des connaissances doit se faire avec les partenaires externes de tous les niveaux, que ce soit ceux travaillant dans le créneau de la justice, les CHSLD, les Centres de la Petite Enfance, ou mêmes les universités. Il faut aussi se rappeler que les organisations partenaires ont aussi des façons de faire que l’on doit connaître pour améliorer nos pratiques comme CRDITED. Ce transfert peut se faire lorsque des membres du CRDITED de Montréal vont présenter leurs pratiques et les outils qu’ils développent dans des colloques et que les organisations qui sont présentent réagissent à ces présentations. » 2.2. Les trois catégories de connaissances transférées Selon le point de vue des 28 répondants ayant participé à l’étude, trois catégories de connaissances – les savoirs formalisés, les savoir-faire et les savoir-être – doivent être pris en compte lors des activités de transfert des connaissances. L’Annexe 1 permet d’illustrer quelle(s) catégorie(s) de connaissances est transférée pour chacune des activités actuellement déployées au CRDITED de Montréal. 2.2.1. Les savoirs formalisés (S) Les savoirs formalisés représentent l’ensemble des connaissances qui sont codifiées, telles celles décrites dans les articles scientifiques, les guides de pratique ou dans les manuels d’instruction. Les savoirs formalisés peuvent se transférer facilement via des activités en grand groupe comme les colloques ou les conférences-midi ou encore, par le biais d’une veille informationnelle, d’un journal interne ou d’un courtier de connaissances. Exemple tiré de l’analyse des propos des répondants « On a besoin de produire et d’avoir accès à des savoirs bien définis et balisés. Les parents et les intervenants veulent des recettes explicites, des meilleures pratiques que l’on peut appliquer selon des étapes précises. Les activités de transfert devraient pouvoir nous donner accès à des savoirs bien définis et balisés comme des guides de pratique pour mieux baliser les décisions. » 2.2.2. Les savoir-faire (SF) Les savoir-faire représentent des techniques d’intervention et des habiletés et sont beaucoup moins codifiables que les savoirs formalisés. Les savoir-faire doivent se transférer lors de la mise en action, que ce soit par des stratégies individuelles (1 à 1) comme du coaching ou encore par des activités de groupe. 4 M.-J. Gervais, R. Proulx & F. Chagnon, 2012
Exemple tiré de l’analyse des propos des répondants « Il est important que les activités de transfert puissent former le personnel à acquérir les habiletés techniques pour pouvoir appliquer les connaissances codifiées et en comprendre leur utilité sur le terrain. Ce n’est pas suffisant de donner seulement des connaissances théoriques; il faut être capable de les lier à la pratique et de faire comprendre comment ces connaissances peuvent se transposer concrètement sur le terrain. Il faut passer par de la mise en pratique, du coaching, des apprentissages en groupe, des discussions et de l’accompagnement individuel. Dans ces activités, on est avec une personne qui explique une technique en la reliant directement à un exemple concret, à un usager. Donc on voit tout de suite comment cette connaissance peut être appliquée et on voit aussi son utilité dans son travail d’intervention terrain. » 2.2.3. Les savoir-être (SE) Les savoir-être sont difficilement codifiables puisqu’ils représentent la façon d’appréhender sa propre personne, les autres, les situations et la vie en général, dans sa manière de réagir et d’agir. Le transfert de ce type de savoir est souvent accompagné d’un processus réflexif sur soi ou sur sa pratique. À ce niveau, les groupes de travail et les supervisions cliniques de groupes apparaissent particulièrement appropriés pour le transfert des savoir-être. Exemple tiré de l’analyse des propos des répondants « On parle souvent de spécialisation, de développement d’expertises et de connaissances de pointe au CRDITED de Montréal, mais il ne faut pas oublier non plus toute la partie du savoir- être. Ce savoir c’est, par exemple, être capable de bien occuper son rôle en terme d’attitudes et de valeurs, de comprendre sa place dans l’organisation, d’animer un groupe de discussion, de développer des liens de partenariat avec d’autres organisations, et d’être capable de bien gérer du temps. Pour favoriser l’acquisition du savoir-être, on peut passer par des supervisions cliniques en groupe. Dans ces groupes, chacun a accès à l’expertise de l’autre et cette modalité permet d’échanger et délibérer par rapport à la meilleure attitude à avoir avec une situation donnée. Ces groupes ont aussi l’avantage d’avoir un chef ou un spécialiste aux activités cliniques qui va questionner et amener plus loin les réflexions. » 2.2.4. L’importance de valoriser ces trois catégories de connaissances L’analyse des propos des répondants met clairement en évidence l’importance de prendre en compte ces trois catégories de connaissances. Autant les savoirs formalisés, les savoir- faire que les savoir-être doivent être valorisés lors des activités de transfert des connaissances pour l’atteinte de retombées optimales. 5 M.-J. Gervais, R. Proulx & F. Chagnon, 2012
Exemple tiré de l’analyse des propos des répondants « La notion de transfert est souvent rattachée à un savoir scientifique et codifié. Mais il ne faut pas non plus avoir une vision réductrice du mot « connaissance » et il faut bien réfléchir ce qu’est une bonne connaissance et quels types de connaissances sont les bonnes connaissances à transférer. Selon moi, les connaissances réfèrent à tous les types de connaissances, qu’elles soient formalisées ou non. Par exemple, on peut avoir un psychologue qui est très fort théoriquement avec un post-doctorat, mais s’il n’a pas le savoir-faire et le savoir-être nécessaire, il ne pourra pas aider les intervenants à s’améliorer lors des supervisions cliniques. Aussi, si on veut comme établissement travailler plus en lien avec les écoles, il faut bien sûr développer des savoirs spécialisés mais de façon tout aussi importante, il faut avoir les bonnes attitudes pour faire du partenariat avec ces écoles. Il faut tenir compte des connaissances qui proviennent de la littérature mais aussi des habiletés et attitudes qui appartiennent à la personne. C’est l’ensemble de ces connaissances qui doivent être mises en œuvre de façon simultanée. » Le transfert des connaissances : Quelques références scientifiques Le transfert des connaissances est encore très associé à un processus linéaire où des chercheurs ont comme mandat de produire et de faire connaître des meilleures pratiques à des cliniciens et des gestionnaires. Dans cette conception du transfert, les meilleures connaissances représentent des savoirs théoriques et formalisés. Or, de plus en plus d’auteurs remettent en question cette conception du transfert. Ainsi, il est maintenant reconnu que les savoirs formalisés doivent se conjuguer aux savoirs pratiques (savoirs-faire et savoirs-être) afin d’atteindre des retombées optimales en termes d’amélioration des pratiques. Dans ce contexte, le développement des meilleures pratiques ne doit plus être vu comme exclusif aux chercheurs, et celles-ci doivent plutôt se développer dans un contexte d’échanges entre chercheurs, cliniciens et gestionnaires. Il apparaît que le choix de l’activité de transfert doit néanmoins tenir compte des catégories de connaissances disponibles – savoirs formalisés, savoir-faire, savoir-être – des ressources disponibles, ainsi que des retombées attendues. Publications scientifiques relatives à cette thématique Aita, M., Richer, M. C. & Heon, M. (2007). Illuminating the processes of knowledge transfer in nursing. Worldviews Evid Based Nurs, 4(3), 146-155. Beauchamp, S., & Duplantie, J-P. (2012). Vers une méthode d’élaboration des guides de pratique dans le secteur des services sociaux. Québec : Institut national d’excellence en santé et en services sociaux. Chagnon, F., Daigle, M., Gervais, M.-J. et al. (2009). L'utilisation de l'évaluation fondée sur la théorie du programme comme stratégie d'application des connaissances issues de la recherche. The Canadian Journal of Program Evaluation, 23(1), 3-32. Davies, H., Nutley, S., & Walter, I. (2008). Why 'knowledge transfer' is misconceived for applied social research. Journal of Health Services Research & Policy, 13(3), 188-190. Elissalde, J., Gaudet, J., & Renaud, L. (2010). Circulation des connaissances : modèle et stratégies. Revue internationale de communication sociale et publique, 3-4, 135-149. Gervais, M-J, Chagnon, F., Tron-Bardon, C., et al. (2011). Importance des échanges entre chercheurs et praticiens pour favoriser l'utilisation des connaissances scientifiques: études de cas en centre jeunesse. Intervention, 134(1), 69-78. Osmond, J. (2006). Knowledge use in social work practice: Examining its functional possibilities. Journal of Social Work, 6(3), 221-237. Tonnelli, M. (2006). Integrating evidence into clinical practice: an alternative to evidence-based approaches. Journal of Evaluation in Clinical Practice, 12(3), 248–256. Veerman, J., & Van Yperen, T. (2007). Degrees of freedom and degrees of certainty: a developmental model for the establishment of evidence-based youth care. Eval Program Plann, 30(2), 212-22. 6 M.-J. Gervais, R. Proulx & F. Chagnon, 2012
SECTION 3. LES ACTIVITÉS DE TRANSFERT DES CONNAISSANCES AU CRDITED DE MONTRÉAL : UN PORTRAIT DE LA SITUATION De nombreuses activités visant le transfert des connaissances ont été mentionnées par les 28 répondants ayant participé à l’étude. Le tableau 1 vise à présenter en détails ces activités qui sont actuellement déployées au CRDITED de Montréal. Les catégories d’activité décrites dans cette section sont reprises à l’Annexe 1. Tableau 1. Activités de transfert des connaissances au CRDITED de Montréal Activités Principales fonctions perçues Exemples tirés de l’analyse des propos des répondants Colloque Activité qui permet de faire « Notre équipe a développé un outil et nous sommes allés le connaître à d’autres présenter au Congrès de l’AQIS. Ce congrès a aussi permis à organisations (et inversement) l’équipe d’assister à des présentations théoriques et pratique, les connaissances et les ainsi que d’établir des nouveaux contacts avec un réseau de pratiques développées dans le partenaires potentiels. « cadre de leurs activités Veille Activité qui permet l’accès à « Je ne crois pas qu’il existe au CRDITED une veille informationnelle des connaissances récentes par informationnelle. L’idéal sera de recevoir, via courriel, des le biais de listes de courriels articles scientifiques ou des rapports qui sont directement en lien avec les situations rencontrées dans notre pratique ou sur des thèmes d’intérêts que nous avons préalablement définis. Ceci permettrait de se garder à jour dans les connaissances qui sont publiées sur un domaine. Une telle veille apparait aussi un moyen simple et efficace pour les intervenants qui ne peuvent pas se déplacer aux conférences-midi ou aux formations d’avoir quand même accès à du matériel scientifique. » Journal interne Activité visant à rendre « Le Diapason est le journal interne qui permet de faire une disponible et présenter des diffusion d’informations et de connaissances pouvant être connaissances dans un format pertinentes pour les employés. Par contre, le Diapason est trop écrit vulgarisé par le biais d’une impersonnel, il est trop organisationnel et formel. Les articles publication sont trop longs, la seule chose qui est personnalisé c’est qu’il présente un cadre et on n’a pas l’impression d’avoir le vécu du personnel clinique. » Conférence-midi Activité visant à synthétiser et « Les conférences-midi sont intéressantes puisque les données disséminer des connaissances qui y sont présentées sont assez vulgarisées et applicables. Ces en les adaptant aux besoins d’un conférences permettent d’avoir des discussions structurantes et public précis. Elles durent de développer une réflexion sur le sujet. Elles sont aussi généralement une à deux heures appréciées parce que les gens ont l’impression que l’on leur et sont suivies d’une période de redonne de l’information une fois qu’ils ont participé à une discussion recherche. Une façon de faciliter l’appropriation est de permettre aux intervenants de faire des liens entre ce qui est présenté et ce qu’ils vivent avec leur clientèle. Il est dont important d’utiliser des stratégies pour ne pas que les participants restent passifs. » 7 M.-J. Gervais, R. Proulx & F. Chagnon, 2012
Activités Principales fonctions perçues Exemples tirés de l’analyse des propos des répondants Courtier de Activité où un chercheur facilite « Actuellement, la directrice de la recherche et du transfert des connaissances l'accès et la compréhension de connaissances joue un rôle de courtier de connaissances en connaissances en réponse aux alimentant les cadres en temps réel avec des connaissances besoins ponctuels des employés scientifiques. Par exemple, lorsqu’est venu le temps de définir certains processus de consultation, la directrice nous a présenté un document appuyé sur des données de recherche qui définissait la consultation et les activités rattachées à de la consultation. Cette stratégique est efficace parce qu’elle répond à un besoin en temps réel et permet d’avoir accès rapidement à des connaissances scientifiques. » Comité Activité interactive où un « Le comité instrumentation et programmation3 est dédié à institutionnel sur groupe de 5 à 10 personnes se l’analyse des outils cliniques qui sont présentement utilisés, soit le TC rencontre pour échanger sur au CRDITED de Montréal ou à l’extérieur de l’organisation. Le l’applicabilité des comité se rencontre environ à tous les deux mois et réunit une connaissances (produites par le dizaine de personnes occupant différents rôles dans CRDITED de Montréal ou par l’organisation (psychologue, chef, éducateur, directeur, etc.). d’autres organisations) dans la Pour chacun des outils analysés, plusieurs aspects sont regardés : pratique actuelle sa provenance, son mode de développement, son objectif, les ressources nécessaires pour l’utiliser, son applicabilité. Cette analyse, en plus de permettre de proposer certains outils plus prometteurs, amène les personnes à développer leur réflexion critique. » Projet de Activité visant à renforcer « Pour ce projet de recherche, l’établissement est allé chercher recherche-action l’échange des connaissances un chercheur universitaire tout en y associant un comité de suivi entre les chercheurs, les de la direction et un comité de coordination plus terrain. C’est praticiens et les gestionnaires. une stratégie où la dimension d’intégration et de partage Ces échanges sont présents à d’expertise entre des gens qui ont différentes fonctions est toutes les étapes de la présente. On est dans une volonté de définir le projet de tous recherche, allant du ensembles par rapport aux attentes et besoins respectifs de développement de la question à chacun. Par contre, il faut que les besoins des gens terrain soient l’étude jusqu’à la diffusion des réellement écoutés et que ceux-ci aient le temps et les habiletés connaissances de s’impliquer dans le projet de recherche. Si la contribution des gens terrain est minime, peut-être que cela n’aura pas toutes les retombées escomptées. » 3 Ce comité était en phase de projet pilote au moment où l’étude a été menée. 8 M.-J. Gervais, R. Proulx & F. Chagnon, 2012
Activités Principales fonctions perçues Exemples tirés de l’analyse des propos des répondants Supervision de Activité interactive visant à « Les stagiaires ont des connaissances très théoriques, et le rôle stagiaires instaurer un processus formel du superviseur est d’avoir un langage qui rappelle celui de où un employé du CRDITED de l’université, mais aussi de leur montrer concrètement comment Montréal permet à un stagiaire on peut mettre en pratique le savoir théorique. La supervision de externe d’acquérir des stagiaires pousse également le superviseur à redéfinir et à poser connaissances et des un regard réflexif sur ses façons de travailler parce qu’il lui faut compétences en lien avec le les expliquer à quelqu’un. Autant le superviseur que le stagiaire milieu d’intervention du peuvent avoir accès à des nouvelles connaissances, à de la CRDITED de Montréal théorie nouvelle et à des nouvelles façons de faire. Mais l’enjeu est de rentabiliser les données et l’expertise qu’apportent les stagiaires et de comprendre que nos futurs employés peuvent être ces stagiaires. Par exemple, on pourrait créer un milieu partagé entre l’organisation et les cégeps/universités. On pourrait davantage demander aux stagiaires de faire des études sur les pratiques actuelles du CRDITED de Montréal. On pourrait offrir des opportunités aux stagiaires de poursuivre à l’emploi à la fin de leur stage. » Formation de Activité dispensée par le « Les formations de base sont données à l’ensemble du personnel base CRDITED de Montréal qui afin de répondre aux besoins d’une majorité des personnes qui permet à l’employé d’acquérir travaillent dans l’organisation. Étant donné que l’ensemble du les connaissances de bases personnel reçoit la même formation, ils peuvent échanger et nécessaires à l’exercice de ses s’entraider par rapport à ce qui a été appris comme compétences. tâches et responsabilités en lien Cependant, un des enjeux au niveau de l’allocation des avec son poste. Ces formations ressources est que le budget de formation risque d’être grugé par peuvent être plus ou moins le transfert des mêmes connaissances de base puisqu’il y a interactives pour permettre les toujours du nouveau personnel à former. Il faudrait donc trouver échanges entre le formateur et des moyens de pouvoir transmettre les connaissances de base de l’employé façon plus efficiente, par exemple par le biais de capsules web ou de formations en ligne. Ainsi, le budget formation pourrait être majoritairement investi dans des formations de perfectionnement pour vraiment être en mesure de spécialiser le personnel. » Formation de Activité dispensée par le « L’organisation a des politiques qui soutiennent les personnes perfectionnement CRDITED de Montréal ou par qui sont titulaires de poste en remboursant les frais de scolarité d’autres organisations qui au niveau universitaire et certaines formations de permet à l’employé d’acquérir perfectionnement. Une bonne façon serait de faire des cours avec des connaissances pointues et un professeur de cégep ou d’université directement au sein de spécialisées en lien avec son l’établissement pour éviter les déplacements. Les formations de poste. Ces formations peuvent perfectionnement donnent l’occasion d’aller chercher des être plus ou moins interactives formations très pointues sur des sujets donnés. Par contre, il faut pour permettre les échanges parfois faire attention puisque les notions et compétences entre le formateur et l’employé apprises via ces formations ne sont pas toujours adaptées pour être appliquées directement dans le cadre de l’intervention avec une clientèle DI ou TED. Aussi, on va avoir la responsabilité de partager ces notions et compétences à l’ensemble de nos collègues. » 9 M.-J. Gervais, R. Proulx & F. Chagnon, 2012
Activités Principales fonctions perçues Exemples tirés de l’analyse des propos des répondants Capsule clinique Activité où des personnes en « Cette activité peut être plus ou moins interactive en fonction donnée par les soutien aux équipes cliniques des connaissances transmises. Par contre, afin de maximiser la SAC et les (SAC, professionnels) offrent consolidation des connaissances à long terme, l’activité devra professionnels des séances pour transmettre être bien montée avec des exemples concrets, des exercices des connaissances visant à pratiques, des apprentissages en groupe. Ceci aide à illustrer compléter une formation ou à concrètement comment mettre en place la nouvelle pratique et répondre à un besoin ponctuel aussi à illustrer concrètement les avantages associés à cette nouvelle pratique. Aussi, le SAC ou le professionnel a généralement la responsabilité de reprendre le contenu qui a été donné dans la capsule clinique et de voir comment celui-ci a été appliqué dans les interventions. » Supervision Activité interactive où des « Les supervisions cliniques individuelles sont une belle individuelle par personnes en soutien aux opportunité pour les éducateurs de réfléchir sur leur pratique les SAC et les équipes cliniques (SAC, puisque c’est accompagné et réfléchi avec un SAC ou un professionnels professionnels) offrent des professionnel. Ceci permet de s’approprier l’action que l’on séances individuelles permettant vient de faire et de la mettre en mots. Cela aide aussi à faire une l’accès et la discussion de meilleure intervention, à mieux comprendre ce qui marche bien connaissances contextualisées à et ce qui marche moins bien, à réfléchir aux pratiques. Il est la pratique important de prendre du temps pour faire ces échanges cliniques par-delà les échanges administratifs qui se font déjà lors des rencontres avec le coordonnateur. » Supervision de Activité interactive où des « Dans des supervisions de groupe, chacun a accès à l’expertise groupe par les personnes en soutien aux de l’autre et, au besoin, on peut échanger et délibérer par rapport SAC et les équipes cliniques (SAC, à la meilleure intervention possible pour un usager. Ceci est une professionnels professionnels) animent des stratégie gagnante qui pourrait être élargie. En termes séances permettant l’accès et la d’ingrédients, les personnes parlent de leurs pratiques, à partir discussion de connaissances d’un savoir qu’ils ont déjà, ce n’est pas un savoir théorique qui contextualisées à la pratique vient de l’extérieur. Le groupe réfléchit en mettant ensemble leurs connaissances complémentaires et avec un SAC qui va questionner les réflexions. » Groupe de travail Activité interactive où un « L’ensemble des psychoéducateurs dans un secteur se rencontre groupe (multidisciplinaire ou pour mettre en commun leurs pratiques, réfléchir sur l’efficacité unidisciplinaire) de 5 à 10 et l’efficience de certaines pratiques ou procédures, organiser le personnes interagit matériel clinique, mieux connaître les forces de chacun. Une régulièrement afin de partager planification des tâches à effectuer est établie pour chacune des des préoccupations communes, rencontres. Pour que ce type de groupe de travail soit optimal, il de consolider leur expertise faut que les psychoéducateurs soient motivés à s’améliorer, clinique et de gestion et de qu’ils aient les habiletés pour réfléchir sur leurs pratiques, ainsi développer et de partager de qu’un pouvoir décisionnel pour changer certaines pratiques. Il nouvelles connaissances faut aussi que le moment de la rencontre soit choisi stratégiquement en fonction de l’emploi du temps de chacun. Enfin, il faut démontrer clairement ce que ce temps de réflexion peut apporter en retombées à court, moyen ou long terme. » 10 M.-J. Gervais, R. Proulx & F. Chagnon, 2012
Activités Principales fonctions perçues Exemples tirés de l’analyse des propos des répondants Coaching entre Activité interactive visant à « Un employé qui a une expérience particulière, soit par le biais employés instaurer un processus formel de son ancienneté ou par une formation qu’il a suivie, peut se ou informel où un employé du servir de cette expertise pour la partager à ses collègues. Ce CRDITED de Montréal permet coaching peut être fait par certains employés seniors ou en congé à un autre employé du de maternité ne pouvant pas être directement sur le terrain. Leur CRDITED de Montréal donner ce rôle de mentor favoriserait la transmission d’expertise, d’acquérir des connaissances et les valorisent et contribue à la rétention du personnel. Ceci des compétences en lien avec le permet également aux éducateurs qui sont en présence directe et milieu d’intervention du continuelle d’avoir accès à de la formation. Par contre, il faudrait CRDITED de Montréal bien choisir les mentors en s’assurant qu’ils ont la motivation, le désir et les habiletés pédagogiques. Il faudrait idéalement libérer ces mentors pour ne pas que le coaching s’ajoute à leur horaire de travail déjà rempli. » Les activités de transfert des connaissances : Quelques références scientifiques Bien que les activités de transfert des connaissances déployées au sein d’une organisation puissent être multiples, peu d’études ont permis d’évaluer l’efficacité de chacune de ces différentes catégories d’activité. Les auteurs s’entendent néanmoins sur l’importance de déployer plusieurs catégories d’activités de façon concomitante, afin d’atteindre des retombées optimales. Publications scientifiques relatives à cette thématique Bégin, D., Boutet, M., Boyer, T., et al. (2011). Transfert des connaissances. Revue CNRIS, 3(1), 1-24. Proulx, R. (2011). Le transfert des connaissances et les guides de pratique comme leviers d’amélioration des services. CNRIS, 2(2), 8-12. Straus, S. E., Tetroe, J., & Graham, I. (2009). Knowledge translation in health care: Moving from Evidence to Practice. BMJ Books: Wiley Balckwell. Walter, I., Nutley, S., & Davies, H. (2003). Research Impact: A cross sector review. Research Unit for Research. Utilisation: University of St Andrews. 11 M.-J. Gervais, R. Proulx & F. Chagnon, 2012
SECTION 4. LES CONDITIONS DE MISE EN ŒUVRE DES ACTIVITÉS DE TRANSFERT DES CONNAISSANCES AU CRDITED DE MONTRÉAL Cette section vise à présenter les principales conditions de mise en œuvre des activités de transfert des connaissances ayant ressorti lors des 28 entrevues individuelles effectuées lors de l’étude. Selon les répondants, le déploiement d’une activité de transfert des connaissances demande de se positionner par rapport à cinq conditions de mise en œuvre, soit (1) l’approche par laquelle le choix des thématiques s’effectue; (2) la provenance des connaissances transférées; (3) le public visé par les activités de transfert des connaissances; (4) la formalisation des mécanismes de généralisation des connaissances; (5) la formalisation des mécanismes de suivi. 4.1. Se positionner sur l’approche par laquelle le choix des thématiques s’effectue Selon les répondants, le choix des thématiques abordées en regard des activités de transfert des connaissances tend à s’effectuer selon plusieurs approches, qui peuvent être conçues en fonction d’un continuum. Une approche entièrement Bottom up (Bottom up ++) : Le choix des thématiques est directement fonction des besoins exprimés par les équipes cliniques. Dans ce type d’approche, l’équipe de direction a peu d’emprise sur les thématiques abordées. Une approche plutôt Bottom up (Bottom up +) : Le choix des thématiques s’effectue selon les besoins et les intérêts des équipes cliniques. Les équipes cliniques doivent cependant s’assurer que ces thématiques soient en accord avec les grandes orientations organisationnelles, telles que définies par l’équipe de direction. Une approche plutôt Top down (Top down +) : Le choix des thématiques s’effectue en fonction de grandes orientations organisationnelles tout en s’assurant que ce choix soit adapté selon les intérêts particuliers des équipes cliniques. Une approche entièrement Top down (Top down ++) : Le choix des thématiques est exclusivement établi par l’équipe de direction en fonction des grandes orientations organisationnelles. L’Annexe 1 permet d’illustrer, selon le point de vue des répondants ayant participé à l’étude, quelle approche est actuellement utilisée pour le choix des thématiques abordées en regard des activités de transfert des connaissances actuellement déployées au CRDITED de Montréal. 12 M.-J. Gervais, R. Proulx & F. Chagnon, 2012
4.1.1. Quelques considérations sur l’approche par laquelle le choix des thématiques s’effectue L’analyse des propos des 28 répondants a fait ressortir un point important à considérer lorsque l’on doit se positionner par rapport à l’approche par laquelle le choix des thématiques s’effectue. Selon les répondants, l’utilisation d’une approche entièrement Bottom up (Bottom up ++) ou encore entièrement Top down (Top down ++) ne semble pas optimale en termes de retombées. En effet, les approches mixtes (Bottom up + ou Top down +) seraient à privilégier puisqu’elles permettent à la fois de maintenir une cohérence entre les différentes activités de transfert mises en œuvre tout en s’assurant que ces activités répondent adéquatement aux besoins et intérêts particuliers des équipes cliniques. Exemple tiré de l’analyse des propos des répondants « Se doter d’un plan et d’une vision organisationnelle au niveau de l’ensemble des activités de transfert que nous voulons déployer est primordial. Il faut que la mission et le mandat de l’organisation guident les activités qui sont offertes, puisque l’on ne peut pas rejoindre tout le monde en même temps et on ne peut couvrir toutes les thématiques. Par contre, pour s’assurer que chacune de nos activités de transfert soit efficace, il faut bien cibler notre public et personnaliser notre contenu en fonction de ce public. En personnalisant, on s’assure que l’information qui soit donnée est directement en lien avec les caseloads de ceux qui assistent et que les équipes cliniques puissent trouver des exemples de ce qui est présenté qui sont en lien direct avec leur pratique. » 4.2. Se positionner sur la provenance des connaissances transférées Selon les répondants ayant participé à l’étude, le choix des connaissances transférées lors des activités peut se voir selon un continuum : Le transfert de connaissances exclusivement interne (Interne ++) : Les connaissances transmises proviennent exclusivement de savoirs – savoirs formalisés, savoir-faire, savoir-être – développés par les membres du CRDITED de Montréal. Le transfert de connaissances plutôt interne (Interne +) : Les connaissances transmises proviennent d’abord de savoirs développés par les membres du CRDITED de Montréal. Par ailleurs, un effort est effectué afin de s’assurer que ces savoirs internes sont en accord avec les savoirs validés qui sont développés à l’extérieur du CRDITED de Montréal. Le transfert de connaissances plutôt externe (Externe +) : Les connaissances transmises proviennent d’abord de savoirs validés développés à l’extérieur, tout en s’assurant de leur pertinence pour les membres du CRDITED de Montréal. 13 M.-J. Gervais, R. Proulx & F. Chagnon, 2012
Le transfert de connaissances exclusivement externe (Externe ++) : Les connaissances transmises proviennent exclusivement de savoirs validés développés à l’extérieur du CRDITED de Montréal. L’Annexe 1 permet d’illustrer, selon le point de vue des 28 répondants ayant participé à l’étude, quel type de connaissance est majoritairement transféré lors des activités de transfert actuellement déployées au CRDITED de Montréal. 4.2.1. Quelques considérations à propos de la provenance des connaissances L’analyse des propos des 28 répondants a fait ressortir trois points importants à considérer lorsque l’on doit se positionner par rapport à la provenance des connaissances transférées. D’abord, les répondants ont mis de l’avant que les savoirs – savoirs formalisés, savoir- faire, savoir-être – qui sont développés par les membres du CRDITED de Montréal pourraient être davantage valorisés au sein des différentes activités de transfert actuellement mises en œuvre. Par ailleurs, la valorisation de ces savoirs internes passe d’abord par leur formalisation. Exemple tiré de l’analyse des propos des répondants « Actuellement on n’a peut-être pas assez le réflexe d’aller chercher de l’expertise à l’interne lorsque l’on doit répondre à un problème, ou que l’on veut mettre de l’avant les meilleures pratiques. C’est comme si on entend moins parler de cette expertise à l’interne et que l’on a tendance à associer le transfert à des connaissances produites à l’extérieur de l’organisation. On pourrait davantage miser sur les ressources à l’interne pour monter les conférences-midis et les formations, au lieu de toujours aller chercher des personnes à l’externe. Par contre, un enjeu est de mieux cerner les meilleures pratiques et expériences cliniques à l’interne qui donnent des résultats probants et de les formaliser. L’expertise est déjà présente dans l’organisation, mais il faut qu’elle soit cernée, organisée, mise en valeur, développée et formalisée. » Un second enjeu soulevé par les 28 répondants ayant participé à l’étude concerne la difficulté d’appliquer directement les connaissances qui sont développées à l’externe. L’application des connaissances externes nécessiterait tout d’abord une étape d’adaptation afin de s’assurer qu’elles soient pertinentes par rapport à la réalité spécifique de la DI et du TED. Exemple tiré de l’analyse des propos des répondants « L’avantage de pouvoir aller à des formations à l’externe c’est que l’on peut avoir accès à des formations très pointues sur des sujets donnés. Par contre, ces formations ne sont souvent pas adaptées dans le cadre de l’intervention spécifique avec une clientèle DI ou TED. Il faut donc que la personne qui assiste à la formation réfléchisse à comment ce savoir qui vient de l’extérieur peut être adapté pour pouvoir s’appliquer correctement et efficacement par rapport à son caseload. » 14 M.-J. Gervais, R. Proulx & F. Chagnon, 2012
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