Generation Une publication des étudiants aux certificats de rédaction et de journalisme de la Faculté de l'éducation permanente de l'Université de ...

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Une publication des étudiants aux certificats de rédaction et de journalisme de la Faculté de l’éducation permanente de l’Université de Montréal
                                                                                                                 HORS-SERIE , Février 2015

               generation

                                                                                                                  É c i al
                                                                                                               sp         00
                                                                                                                      3 0
                                                                                                               red
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MOT DE LA RÉDACTION
                                        L’équipe
                                                                     Enfants gâtés, consommateurs nés, « mauviettes » selon le
                                                                     romancier américain Bret Easton Ellis… Aucun qualificatif n’est

                                                                                                                                           Sommaire
                                        Rédacteurs en chef
                                                                     épargné pour moquer la génération Y, ces enfants du millénaire nés
                                        Brïte Pauchet
                                                                     entre le début des années 80 et celui des années 2000.
                                        Xuân Ducandas
                                        Sébastien Lavoie

                                                                     Génération décevante, on lui reproche son goût pour la bohème et
                                        Journalistes
                                                                     le divertissement. Génération déçue, on lui prête aussi un manque
                                        Véronique Parenteau
                                                                     de prévoyance qui la condamne à la précarité.                         2      Mot de la rédaction
                                        Juan Carlos Arellano Lopez
                                        Anouk Legault                                                                                      4      Lire les yeux fermés
                                        Marie-Paule Primeau          C’est pourtant une tout autre image qui émerge des textes de
                                                                                                                                           5      Jeunes loups québécois
Le Reporter, Hors-série, Février 2015

                                                                                                                                                                                             Le Reporter, Hors-série, Février 2015
                                        Martine Lampron              ce numéro spécial. Nous avons été frappés par la façon dont les
                                        Lynne Raymond                étudiants du RED 3000 brossent, chacun à leur façon, un portrait
                                        Maia Loinaz                  des jeunes adultes d’aujourd’hui.                                     6      Les « frileux » de Montréal
                                        Réviseures en chef                                                                                 9      Être écrivain en 2014
                                        Carine Touma                 Ces jeunes qui veulent jouer, écrire, danser, tout en affrontant
                                        Émilie Houle                 défis multiples et conjonctures malheureuses. Mais surtout, ces       12     Génération Y : La désillusion tranquille
                                                                     jeunes qui entreprennent.
                                        Réviseures                                                                                         16     Être ou ne pas être... acteur
                                        Brïte Pauchet
                                        Carine Touma                 Les rejetons du siècle semblent s’adapter aux exigences comptables    19     Le réservoir Baskatong
                                        Émilie Houle                 de notre époque, sans renier pour autant leur nature créative ni
                                                                     renoncer à leur quête de sens.                                        20     La capsule linguistique
                                        Graphiste
                                        Sarah Laou                                                                                         22     Suggestions de lecture
                                                                     Lanceurs de paris, créateurs d’entreprises, organisateurs
                                        Imprimeur                    de festivals enneigés… Abeilles industrieuses réalistes mais
                                        JG Litho inc.                optimistes, les enfants et petits-enfants des baby-boomers prouvent
                                                                     que l’on peut rêver comme d’autres travaillent : de façon acharnée.
                                                                                                                                           Le Reporter en ligne :
                                        Supervision                                                                                        http://ageefep.qc.ca/publications/le-reporter
                                        Louis Belzile
                                                                     Notre génération serait-elle, finalement, celle de la résilience ?

                                                                                    2                                                                         3
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JEUNES LOUPS QUÉBÉCOIS
                                        Lire les yeux fermés                                                                                              Par Juan Carlos Arellano López
                                        Par Véronique Parenteau                                                    Qu’est-ce que l’accessibilité ?
                                                                                                                   Il s’agit d’assurer la compatibilité
                                                                                                                   du site ou de l’application Web        Le démarrage d’une entreprise se bute à plusieurs obstacles. Deux jeunes
                                        S’informer, lire, se documenter. Ce qui va de soi pour                     avec les logiciels de revue d’écran
                                        la majorité des gens s’avère un grand défi pour les                        qu’utilisent les personnes ayant une
                                                                                                                                                          entrepreneurs nous font part de leur expérience.
                                        personnes ayant une déficience visuelle.                                    déficience visuelle.

                                                                                                                                                               À
                                                                                                                                                                         23 ans, la vie de Louis
                                              Pour Gérard St-Denis, la lecture quotidienne     encombre à l’information recherchée. Alexandre                            Desgroseilliers tourne
                                        de ses journaux est sacrée. C’est grâce à un           Bellemare, expert en accessibilité, tempère : «                           autour de son entre-
                                        logiciel de synthèse vocale que le journaliste à       Des sites Web totalement accessibles qui res-              prise, le Domaine La Branche, dont
                                        la retraite peut continuer à s’informer, malgré        pectent parfaitement les standards, j’en vois              les produits sont en vente à la SAQ
                                        une dégénérescence maculaire très avancée.             très peu. » Selon lui, le HTML5, la plus récente           depuis 2011. « Il y a des jours où je
                                        Comme lui, 140 000 Québécois dépendent de la           version de HTML, devrait rendre la navigation              suis en bottes à cap d’acier avec
                                        technologie pour accéder à leurs textes favoris.       plus aisée pour tous les utilisateurs... lorsque           une chemise carreautée le matin
                                                                                               l’ensemble des navigateurs seront capables de              pour aller travailler aux champs.
                                               Si tous, nous connaissons les livres audio,     le supporter.                                              Et le soir, il faut que je m’habille en
                                        les livres adaptés nous sont souvent étrangers.
                                                                                                                                                          veston-cravate pour faire déguster
Le Reporter, Hors-série, Février 2015

                                                                                                                                                                                                                                                                                            Le Reporter, Hors-série, Février 2015
                                        Constitués de fichiers MP3 organisés selon la          Livres numériques                                          mes produits dans un restaurant. »
                                        norme DAISY (Digital Accessible Information                  Les livres numériques sont de plus en plus           La jeune vingtaine, Camille Caron
                                        SYstem), ils ne peuvent se lire qu’au moyen            publiés selon le format standardisé ePub (pour             Belzile a découvert sa fibre entrepre-
                                        d’un appareil ou d’un logiciel adapté. « La norme      electronic publication). L’utilisateur, s’il conserve      neuriale dans son idéal de société: « Je
                                        DAISY permet à une personne atteinte d’une             une certaine vision, peut grossir les caractères           voulais passer des idées au concret. »               Louis Desgroseilliers à l'Oktoberfest - Crédit photo : Philippe-Luc Daoust
                                        déficience perceptuelle de naviguer de façon effi-     ou modifier les contrastes. Décrit par certains            Depuis 2011, Le Café l’Artère, situé
                                        cace, comme si elle feuilletait un livre », explique   comme le mariage entre le ePub2 et le format               près de la station de métro Parc à
                                        André Vincent, chef des Services adaptés à             DAISY, la version la plus récente du format ePub,          Montréal, ouvre ses portes aux artistes    Coopérative et coactionnaires              va bien. On se complète. Il y en a un
                                        Bibliothèque et Archives nationales du Québec          le ePub3, pourrait s’avérer une nouvelle révo-             ainsi qu’aux amateurs de café équi-              Le Café l’Artère fonctionne          qui est dans les champs, un autre
                                        (BAnQ). À peine plus grands qu’un téléphone            lution. Grâce au HTML5 sur lequel il repose,               table et de plats végétariens branchés.    comme une coopérative de solidarité.       dans la mécanique et un autre dans
                                        cellulaire, les lecteurs DAISY permettent à leurs      les livres numériques seraient mieux balisés,                                                         Délaissant la conception tradition-        l’agrotourisme, raconte Louis. Ça n’a
                                        propriétaires d’apporter partout livres et musique.    ce qui faciliterait leur lecture par un logiciel de              Dans une publication de 2013         nelle employeur-employé, Camille           pas toujours été la lune de miel. On a
                                                                                               revue d’écran.                                             (Le renouvellement de l’entrepreneu-       invite les participants à assister aux     dû apprendre à travailler ensemble,
                                        Téléphone intelligent                                  En outre, le lecteur non voyant ou malvoyant               riat au Québec : un regard sur 2013 et     rencontres du conseil d’administra-        à comprendre nos forces et nos fai-
                                              Alexandre Bellemare, développeur informa-        pourrait même se procurer bientôt un livre en              2018), le ministère des Finances et        tion et à prendre des décisions. Sans      blesses. » Pour y parvenir, ils ont ren-
                                        tique aveugle de naissance, préfère le téléphone       ePub3 dès sa publication en format papier, le              de l’Économie du Québec entrevoit          patron, tous les employés deviennent       contré des conseillers en ressources
                                        intelligent. Son iPhone lui permet de lire des         travail d’édition pour le rendre accessible n’étant        une baisse inévitable du nombre            membres. Ce fonctionnement a               humaines afin d’apprendre à œuvrer
                                        journaux grâce à la synthèse vocale d’un logiciel      plus nécessaire. Puis, armé de l’appareil de               d’entrepreneurs dans la province.          entraîné une série de complications :      comme actionnaires.
                                        de revue d’écran. Ce logiciel peut lire n’importe      son choix, il le lirait grâce à un logiciel de revue       Le facteur principal est que les entre-    les gens sont peu habitués à cette
                                        quel écrit numérique respectant certains stan-         d’écran, en grossissant les caractères ou à l’aide         preneurs au Québec songent à une           façon de faire. Des cinq cofondateurs            Louis rappelle que « pour une
                                        dards. Livres, articles de journaux, sites Web,        d’une voix de synthèse. L’accès deviendrait plus           retraite imminente. Les tranches           qui se sont connus au cégep, moti-         entreprise, ça prend un minimum de
                                        messages électroniques se donnent à entendre           rapide et l’offre, plus vaste.                             d’âge de 40 à 44 ans et de 45 à 49         vés par leur cours de philosophie et       cinq ans avant de devenir rentable ». Il
                                        selon un débit ajustable. De moins en moins de                                                                    ans affichent un taux élevé de départ      de sociologie à créer une entreprise       faut non seulement payer ses dettes,
                                        sources d’information restent ainsi hors de portée.              Quoi ! Un aveugle navigue sur Internet           à la retraite précoce. « D’ici dix ans,    représentant leurs valeurs et leurs        mais réinvestir et trouver du finance-
                                        « Avoir accès à la même information, c’est être        et utilise un téléphone intelligent pour lire son          30,4 % des entrepreneurs québé-            convictions, il n’en reste plus qu’une.    ment. Le Café l’Artère a déposé une
                                        capable de discuter avec les autres », se réjouit      journal ? Même s’il reste beaucoup de travail à            cois délaisseront l’entrepreneuriat,                                                  nouvelle demande de financement
                                        Gérard St-Denis.                                       accomplir, les nouvelles technologies ouvrent              ce qui représente 55 000 départs »,             Lorsque les coactionnaires            auprès de la Corporation de dévelop-
                                        Des normes internationales, telles que les Web         sans conteste un éventail de possibilités à                estime le rapport, qui ne précise pas      viennent de la même famille,               pement économique communautaire
                                        Content Accessibility Guidelines, existent pour        savourer.                                                  la raison de ces retraites anticipées.     d’autres problèmes peuvent surgir.         afin de professionnaliser la salle de
                                        assurer aux internautes malvoyants un accès sans                                                                  Ce nombre alarmant prépare un              Au Domaine La Branche, les frères          spectacles et d’aménager un bureau.
                                                                                                                                                          terreau fertile pour les nouveaux          Desgroseilliers ont appris à régler
                                                                                                                                                          entrepreneurs.                             leurs différends. « Aujourd’hui, ça

                                                                                          4                                                                                                                               5
Generation Une publication des étudiants aux certificats de rédaction et de journalisme de la Faculté de l'éducation permanente de l'Université de ...
LES « FRILEUX » DE MONTRÉAL
                                        Par Anouk Legault

                                        Aux États-Unis, on appelle Montréal la fun city. De mai à septembre, la ville
                                        ludique bourdonne et nombreux sont les touristes à battre ses pavés. Pareil
                                        scénario tend à se présenter maintenant en hiver. Montréal est-elle vouée à
                                        devenir une destination hivernale ? Pas si vite, selon l'industrie touristique
                                        de la métropole.

                                             V
                                                     endredi soir, 24 janvier      et le désir d'aller jouer dehors. On a      événements ont su conquérir une part
                                                     2014. Valérie St-Amant,       choisi une période de l'année où il ne se   des marchés internationaux. « Au
                                                     24 ans, enfile son vieil      passe rien et on veut inciter les gens à    dernier décompte, on avait attiré
                                        habit de neige, son chapeau de poil        faire quelque chose », explique-t-elle.     quelque 950 000 personnes en 11
                                        et ses lunettes fumées. Avec des           Selon l’équipe de Mme D’Amour, il y         jours, dont 15 % de touristes. La moitié
                                        amis, elle prend le volant depuis          a une réelle volonté, surtout chez les      venait de l'extérieur du Québec »,
Le Reporter, Hors-série, Février 2015

                                                                                                                                                                                                                                                                                                              Le Reporter, Hors-série, Février 2015
                                        Saint-Lazare, en Montérégie, vers          18 à 35 ans, de se réapproprier l'hiver     spécifie Normand Paquette, respon-                                                                                                                 Montréal en lumière
                                        les quais du Vieux-                                                                                        sable du dévelop-        le produit hivernal. « Cela fait par-    en tout temps », explique-t-il. Ce               Crédit photo: Frédérique Ménard-Aubin
                                        Port de Montréal.                                                                                          pement touristique       tie des chantiers prioritaires. C'est    choix a d’ailleurs donné naissance à
                                        Plan de match :                                                                                            chez Spectra, la         une période où l'on a des visiteurs      Montréal en lumière. L'idée était de       Génération frileuse
                                        danser à la belle                                                                                          bannière qui pro-        chez nous », affirme Patrick Dubé,       se distinguer du Carnaval de Québec               De plus en plus, Montréal riva-
                                        étoile. Température                                                                                        meut Montréal en         directeur des stratégies et politiques   et du Bal des neiges d'Ottawa par          lise avec Québec quant à sa signature
                                        minimum prévue :                                                                                           lumière.                 touristiques à Tourisme Québec. « On     un événement non lié à la neige.           hivernale. Mais la ville est-elle mûre
                                        - 24°C. Pourquoi                                                                                                                    a identifié les endroits au potentiel    Et Normand Paquette de préciser :          pour devenir une destination hiver-
                                        braver cette froide                                                                                                Les évé-         particulier et Montréal en fait par-     « Notre mission est d'offrir un événe-     nale à part entière?
                                        Montréal? « Pour                                                                                            nements fes-            tie, notamment pour son animation        ment qui réunit les trois volets [plai-    Il y a, semble-t-il, encore du travail à
                                        l'ambiance! Et                                                                                              tifs de Montréal        urbaine. »                               sirs de la table, arts de la scène et      faire pour que la cité soit réellement
                                        surtout pour le                                                                                             séduisent. Mais         Et du côté de l'industrie touristique    activités extérieures] en plein hiver. »   consacrée ville d'hiver.Selon Paul
                                        plaisir de ressor-                                                                                          si leur réputation      montréalaise, on ressent cet effort de                                              Arseneault, titulaire de la Chaire de
                                        tir mon merveil-                                                                                            n'est plus à faire      Québec à travers la campagne Québec            Selon M. Bellerose, la clé du        tourisme Transat ESG-UQAM, il est
                                        leux one piece »,                                                                                           en été, l'hiver peut-   original. « Tourisme Québec a voulu      succès de l'hiver métropolitain réside     irréaliste d'avoir une stratégie touris-
                                        dit Valérie avec                                                                                            il lui aussi servir à   faire de l'hiver non pas quelque chose   dans la consommation de produits           tique hivernale forte sans stratégie
                                        enthousiasme.                                                                                               consacrer l'identité    d'effrayant, mais d'intéressant »,       culturels. On laisse la neige à la         de vie hivernale. « On ne peut pas
                                                                                                                                                    montréalaise? Du        constate Ève Paré, présidente-direc-     rue et on passe en mode intérieur,         faire croire à une ville hivernale si un
                                                                                     Igloofest de Montréal - Crédit photo: Frédérique Ménard-Aubin
                                             Décor tout de neige et de glace,                                                                      côté des élus, on        trice générale de l'Association des      entre restaurants et salles de spec-       congressiste sort et ne voit pas d'ima-
                                        structures d'acier et scénographie sai-    en plein centre urbain. « L'idée, c'est sent le désir de jouer la carte hiver-           hôtels du grand Montréal.                tacles. Après tout, l'une des grandes      gerie hivernale, s'il y a les mêmes taxis
                                        sissantes, artistes de renom interna-      de valoriser Montréal, autant l'hiver nale pour vendre la métropole. On                                                           attractions de Montréal demeure son        à sa porte et du sel à déglacer sur les
                                        tional : après huit éditions, Igloofest,   que l'été. »                                 l'a d'abord constaté au Sommet de           Une ville créative avant tout            réseau souterrain. À l'origine, l'idée     trottoirs, dit-il. La façon de concevoir
                                        ce festival de musique électronique                                                     Montréal en 2002. La volonté d'identi-            Mais vend-on l'hiver ou bien       était d'aider l'industrie touristique en   l'espace urbain doit être différente. »
                                        dont l'entière programmation est           L'hiver « à la Montréal »                    fier la cité comme une « ville d'hiver »    l'urbain en hiver? Pour Tourisme         basse saison, puis est venue l'idée de
                                        extérieure, serait-il devenu un incon-           Le concept de l’Igloofest, consi- y a été mise dans le Plan d'urbanisme.           Montréal, la distinction est néces-      miser sur l'hiver pour séduire davan-            L’idée est de repenser le tissu
                                        tournable de l'hiver montréalais?          déré comme du jamais vu en 2007, On parlait alors de concevoir l’aména-                  saire. Son vice-président, Pierre        tage de visiteurs. La priorité, selon      urbain afin que l’hiver en soit partie
                                        « C'est le pari qu'on a fait », lance      lors de la première édition de l’évé- gement des lieux publics en fonction               Bellerose, travaille à rendre la         Mme Paré, est de « réussir à appri-        prenante. Pour cela, il faut impliquer
                                        Maripierre D'Amour, directrice des         nement, fait aujourd'hui la fierté de de leur utilisation hivernale, notam-              ville attrayante avant tout pour         voiser l'hiver et de s'en servir pour      non seulement les autorités munici-
                                        communications et du marketing             bien des Montréalais. Faire revivre le ment à des fins ludiques et culturelles.          son énergie créative. « On n'a pas       attirer des touristes à Montréal à une     pales et les bailleurs de fonds mais
                                        chez Piknic Electronik, l'organisa-        centre-ville pendant les mois de jan-                                                    positionné Montréal comme une            période où on en a le plus besoin,         aussi les citoyens, en tant que premiers
                                        tion responsable de l’événement.           vier et de février, c'est aussi le man-             De la même façon, le minis-          ville d'hiver avec la neige. Ce qui      que ça passe par un forfait théâtre,       ambassadeurs de la «nordicité». Mais
                                        « Notre approche vise à permettre aux      dat du festival Montréal en lumière tère du Tourisme du Québec est                       la caractérise, c'est son côté festif,   un forfait spa ou autre. »                 de toute évidence, le mode de vie
                                        gens de retrouver leur enfant intérieur    depuis 15 ans. Ensemble, ces deux aujourd'hui décidé à capitaliser sur                   sa culture urbaine, son interactivité                                               actuel freine la construction d'une

                                                                                                   6                                                                                                                                       7
Generation Une publication des étudiants aux certificats de rédaction et de journalisme de la Faculté de l'éducation permanente de l'Université de ...
identité hivernale dans la métro-
                                         pole. Selon M. Paquette, les gens ne
                                         s'approprient pas encore l'hiver, ils
                                                                                    y est certainement pour quelque
                                                                                    chose. Mais on assiste également à
                                                                                    une réappropriation de la ville et de
                                                                                                                                année. C'était pourtant un produit
                                                                                                                                emblématique pour la ville qui aurait
                                                                                                                                pu devenir une icône au même titre
                                                                                                                                                                            ÊTRE ÉCRIVAIN EN 2014
                                         sont « frileux ».                          ses terrains de jeux, à un changement       que l'Hôtel de glace pour Québec.           Par Marie-Paule Primeau
                                                                                    des mœurs.                                  « Il va falloir justifier nos investisse-
                                               Si l'on compare Montréal à cer-      C'est d'ailleurs l'avis de Micah            ments auprès des citoyens avant de
                                         taines villes scandinaves, la nordicité    Desforges, président de l'agence de         les justifier auprès des étrangers. Et le   En 2014, les écrivains québécois cherchent une alternative à l’édition
                                         n'y est franchement pas imprégnée.         marketing jeunesse Tribu Expérientiel.      jour où notre mode de vie va s'expri-
                                         Par exemple, à Lulea, en Suède, on         L'organisation a signé cette année la       mer de façon visiblement différente         classique en tentant de tirer leur épingle du jeu. Entre le modus operandi de
                                         a installé des tables de pique-nique       deuxième édition du festival de sports      l'hiver, ce sera attrayant », rappelle      l’édition traditionnelle et l’émergence de nouvelles stratégies, les cartes
                                         avec barbecues et des structures           d'action Barbegazi, sur l'esplanade         Paul Arseneault.                            sont redistribuées. Les écrivains sont-ils pour autant plus libres dans leurs
                                         pour couper le vent près des éten-         du Parc olympique.
                                         dues d'eau, lesquelles sont au cœur                                                                                                choix ? État de la situation.
                                         des activités hivernales. On a aussi
                                         piétonnisé la rue principale et prévu
                                                                                    Ce qui caractérise [Montréal], c'est son côté festif,

                                                                                                                                                                                 «
                                         que son espace central reste enneigé                                                                                                          L’auteur doit se défendre       tion, les choix sont multiples. Si le             Les avantages de l’autoédi-
                                         pour permettre aux familles de circu-      sa culture urbaine, son interactivité en tout temps »                                              pour tirer le maximum de la     phénomène est récent au Québec,             tion sont multiples et séduisants :
                                         ler en traîneau. À Oslo, le ski de fond                                                                                                       publication de son œuvre »,     plusieurs avenues prometteuses sont         profitabilité accrue, conservation
                                         est si ancré dans les mœurs qu'il est                                                                                              déclare Pierre Cayouette, conseiller       bel et bien envisageables.                  du contrôle éditorial et des droits
                                         passé de loisir à moyen de transport.      « Les Montréalais redécouvrent tout         Des espaces publics exaltant le mode        littéraire chez Québec Amérique.                                                       d’auteur. En décidant de ne pas faire
                                                                                    le plaisir de l’hiver et se disent "on      de vie nordique ; des corridors de          Faut-il pour autant tourner le dos à       Autoédition                                 affaire avec une maison d’édition
 Le Reporter, Hors-série, Février 2015

                                                                                                                                                                                                                                                                                                             Le Reporter, Hors-série, Février 2015
                                               Des corridors de glisse seraient-    s'en fout, on va dehors, on a du fun" »,    transport hivernal ludiques et valo-        ses habituels collaborateurs et vendre           Il existe chez les écrivains une      traditionnelle, l’auteur garde la main-
                                         ils envisageables ici aussi? Pourrait-on   dit-il avec enthousiasme. « Est-ce que      risés ; un mobilier urbain multi-sai-       soi-même ses écrits comme Marie            réelle volonté de se réapproprier un        mise sur son œuvre. Toutefois, ces
                                         rêver de sentiers de patinoires ou         Montréal peut être trippante l'hiver ?      sons ; des transitions harmonieuses         Laberge l’a fait en octobre 2013 avec      pouvoir de négociation en matière           acquis s’accompagnent d’énormes
                                         encore de rues qui ne seraient pas         Je suis convaincu que oui. » Autre          entre les activités intérieures et          la version numérique de son ouvrage        de création. De ce fait, les rapports       responsabilités et d’une implication
                                         déneigées aussitôt la tempête pas-         exemple : la Nuit blanche de Montréal       extérieures : nombreux sont les défis       Mauvaise foi ? S’agit-il d’un cas unique   se complexifient entre chacun des           à tous les niveaux.
                                         sée ? « Je pense que l'événemen-           en lumière. « C'est l'événement parti-      urbanistiques pour la métropole,            ou d’une brèche dans le processus lit-     acteurs du milieu : éditeur, imprimeur,     À cet égard, l’apport du savoir-faire
                                         tiel pourrait nous permettre d'aller       cipatif par excellence ! Il correspond à    avant qu'on ne s'approprie pleine-          téraire traditionnel ? Tous les acteurs    distributeur, libraire, auteur. C’est par   d’un éditeur peut être bénéfique à
                                         dans ce sens, dit M. Arseneault. On        la volonté des Montréalais de recon-        ment la saison froide.                      du milieu du livre se posent la ques-      l’émergence de stratégies non tradi-        une œuvre. En endossant la publi-
                                         a, au Québec, un rapport d'amour-          quérir leur ville », signale M. Paquette.                                               tion. Une chose est sûre : lorsque vient   tionnelles que l’écrivain québécois         cation d’un livre, une maison d’édi-
                                         haine avec l'hiver. Quand on voit                                                           L'hiver à la Montréal ? On tient       le temps de publier un ouvrage, les        trouve des solutions pour bonifier sa       tion contribue avec son expérience
                                         des étrangers, on leur demande s'ils             Peut-être y a-t-il un change-         là un attrait en gestation, mais ses        écrivains évaluent leurs options. À        condition de créateur. Sa première          et ses compétences à en bonifier
                                         ont connu le -30°C. On aime exa-           ment de cap chez les plus jeunes,           rênes sont encore tenues par une            l’ère du numérique et de l’autoédi-        revendication concerne l’acceptation        les ventes. L’éditeur prodigue des
                                         gérer ou amplifier ces choses-là. »        une envie non pas de « faire avec »         génération de frileux.                                                                        de son ouvrage par un éditeur.       conseils littéraires, s’occupe de la
                                         Or, selon lui, il y a fort à parier que    l'hiver, mais d'en profiter. Or, parmi                                                                                                                                         révision, fait la promotion de l’ou-
                                         les 18 à 35 ans exprimeront de plus        les intervenants touristiques ou les                                                                                                           Dans la structure classique     vrage. En s’autoéditant, l’auteur
                                         en plus leur intérêt pour façonner un      représentants politiques, les condi-                                                                                                     du livre, le principal obstacle à     tourne le dos à ce regard inté-
                                         Montréal ludique, festif et rythmé         tions ne semblent pas encore en place                                                                                                    la publication d’une œuvre est        ressé du partenaire d’affaires. « Les
                                         à la saison. Chez cette génération,        pour glorifier « la froide Montréal ».                                                                                                   l’éditeur. Jusqu’à tout récem-        inconvénients de l’autoédition sont
                                         le rapport à l'hiver et à l'extérieur      Le Village des neiges du Parc Jean-                                                                                                      ment, les maisons d’édition           nombreux. L’écrivain n’obtiendra
                                         semble avoir changé. La démocra-           Drapeau, par exemple, n'a pas pu être                                                                                                    contrôlaient la presque totalité      ni soutien, ni conseils quant à son
                                         tisation des vêtements de plein air        soutenu par Tourisme Québec cette                                                                                                        de l’accès au marché du livre.        texte, ni aide à la mise en marché
                                                                                                                                                                                                                             Seules les œuvres considérées         et à la diffusion », explique Karine
                                                                                                                                                                                                                             publiables et rentables sont          Vachon, directrice générale adjointe
                                                                                                                                                                                                                             acceptées. Or, à l’ère d’Internet,    de l’Association nationale des édi-
                                                                                                                                                                                                                             la donne change. L’autoédition        teurs de livres (ANEL). Néanmoins,
                                                                                                                                                                                                                             permet désormais à un auteur          les maisons d’édition virtuelles ont
                                                                                                                                                                                                                             de court-circuiter les éditeurs       redéfini les règles en proposant des
                                                                                                                                                                                                                             traditionnels. Grâce à des com-       solutions hors des sentiers battus.
                                                                                                                                                                                                                             pagnies comme Amazon, qui             Ces options ont permis aux écrivains
                                                                                                                                                                                                                             contrôle la majeure partie du         d’exercer une pression sur le milieu
                                                                                                                                                                                                                             marché numérique du livre et          du livre avec des demandes exigeant
                                                                                                                                                                                                                             de l’autoédition, un auteur peut      un meilleur équilibre en leur faveur.
                                                                                                                                                                                                           Marie Clark       publier lui-même son œuvre.

Montréal : terrasse du belvédère, parc Mont-Royal.
                                                                                                    8                                                                                                                                        9
Generation Une publication des étudiants aux certificats de rédaction et de journalisme de la Faculté de l'éducation permanente de l'Université de ...
Vivre de sa plume                         incite à encourager seulement les livres Publier son œuvre                           De nouvelles plateformes
       Qu’en est-il des redevances attri- qu’ils jugent vendables. Dans les deux          Les trois auteures interviewées,          Stéphanie Leduc, bédéiste
buées à l’auteur ? La profitabilité de cas, le contexte est problématique. Béatrice Detiège, Stéphanie Leduc et                montréalaise, a choisi l’autoédition
l’autoédition est beaucoup plus grande Pour plusieurs auteurs, l’autoédition Marie Clark, saluent le travail d’équi-           pour sa troisième série de bandes
que celle de l’édition habituelle : 70 % est alléchante : une rétribution plus libriste que joue l’éditeur. Pourtant,          dessinées. La première, Titi Krapouti,
au lieu de 10 % du prix de vente. « Une équitable et des droits d’auteur conser- il leur faut parfois recourir à d’autres      a été publiée chez Glénat Québec ;
rétribution de 10 %, c’est bien trop vés. Pour les éditeurs, un plus grand stratégies pour voir leurs œuvres                   sa deuxième, Terre sans dieu, chez
peu, si l’on considère le temps investi contrôle des droits d’auteurs, incluant publiées. Mme Detiège a décidé                 Premières Lignes, avec lequel elle
et les compétences requises à la pro- les droits numériques et les droits de d’autoéditer son premier recueil de               a négocié des redevances plus éle-
duction d’un ouvrage de qualité ! », traduction, par exemple, les aidera à nouvelles, Un premier pour la route,                vées et la conservation de ses droits.
affirme Marie Clark, écrivaine. À titre rentabiliser leur investissement et leur après avoir essuyé les refus de plu-          Pour sa dernière création, Dryade, la
d’exemple, un écrivain reçoit 2 $ pour implication dans la publication d’une sieurs éditeurs. Elle a choisi de voler           bédéiste a pensé faire affaire avec
chaque exemplaire vendu au prix de œuvre.                                           de ses propres ailes, mais seulement       Amazon. Pour financer la produc-
20 $.                                                                               en version papier. Ayant un doctorat       tion de celle-ci, elle collabore avec
Les libertés décisionnelles plus nom-           Il n’est donc pas étonnant, dans en littérature et une formation de            Sandawe, une plateforme de finan-
breuses en 2014 conduisent donc ces conditions, que surgissent des cas libraire, elle était convaincue de pou-                 cement participatif spécialisée qui
les écrivains à examiner les choix qui « Laberge ». Si Marie Laberge, écri- voir s’assurer elle-même de la qualité             permet aux artistes de s’entraider.
s’offrent à eux. « A priori, en 2014, un vaine québécoise de renom, a choisi de ses lignes. « S’engager dans un                Ce type de plateforme est de plus
écrivain se demandera s’il veut publier de contourner à son profit certains processus comme l’autoédition est                  en plus populaire au Québec ; le
à compte d’éditeur ou d’auteur », sug- intermédiaires, d’autres l’imiteront. une expérience enrichissante, sou-                magazine Nouveau Projet de Nicolas
gère Mme Clark. Pour l’écrivaine, la Étant donné la précarité profession- ligne-t-elle. On comprend mieux la                   Langelier a lancé son projet de pério-
question ne se pose pas. Que ses nelle des écrivains québécois, certains charge de travail que cela représente.                dique avec un crowdfunding.
romans soient publiés chez un éditeur se rebiffent et réclament plus de recon- J’ai compris que je suis une femme
est essentiel :                                                                                          de lettres, pas une          De toute évidence, les auteurs
« Avec un édi-                                                                                           businesswoman. »      conçoivent des approches auda-
teur, j’ai le sen- Voici combien chacun empoche pour chaque exem-                                        Mme Detiège a dû      cieuses pour financer leurs pro-
timent d’obtenir plaire vendu : l’éditeur, 13 % ; l’imprimeur, 20 % ; le                                 payer elle-même       jets. Les démarches que Stéphanie
la validation du                                                                                         l’imprimeur afin      Leduc entreprend lui coûtent cher
milieu littéraire, distributeur, 17 % ; le libraire, 40 % et l’auteur, 10 %.                             de tenter l’au-       en temps : connaissance du mar-
d’être reconnue                                                                                          toédition. Son        ché et des enjeux, participation aux
par mon milieu. » Toutefois, l’auteure naissance. La majorité des écrivains employeur, Renaud-Bray, a été pre-                 réseaux sociaux, création d’une
s’assure de passer au peigne fin toutes ont un revenu faible, qui ne leur per- neur en acceptant en consigne son               infolettre, promotion, etc. Pourtant,                                                                      Béatrice Detiège
les clauses de son contrat d’édition.     met pas de se consacrer uniquement ouvrage. « Cette expérience sera ren-             elle reste confiante. Selon ses dires,
                                                                                                                                                                          pas encore. » Cependant, Mme Clark                Pour tous les intervenants du
                                          à la création littéraire. Les deux tiers table si le livre se vend bien, puisque     l’expérience en vaut la chandelle. Ce
                                                                                                                                                                          connaît ses limites. Elle n’est pas une    livre, il se pointe à l’horizon la genèse
       Louiselle Lévesque, chargée de des écrivains doivent trouver d’autres mon pourcentage de redevance est                  n’est pas qu’une question d’argent,
                                                                                                                                                                          femme d’affaires et s’estime encore        de transformations. Aux yeux de
communications à l'Union des écri- sources de revenus pour s’assurer un élevé », dit-elle.                                     même si cet aspect fait partie de
                                                                                                                                                                          trop peu connue des lecteurs. Se           M. Cayouette, l’éditeur restera un
vaines et des écrivains québécois niveau de vie décent.                                                                        ses préoccupations. Pour obtenir un
                                                                                                                                                                          sentant à la merci des éditeurs, elle      pilier. Impossible de s’en départir pour
(UNEQ), dit qu’actuellement, peu Les chiffres de 2010 de l’Observatoire                   Katherine Fafard, de l’Associa-      salaire annuel de 40 000 $, elle doit
                                                                                                                                                                          s’est tournée vers un agent littéraire.    assurer la qualité littéraire des œuvres,
d’écrivains considèrent les commo- de la culture et des communications tion des libraires du Québec (ALQ),                     vendre 20 000 exemplaires de sa
                                                                                                                                                                          Cet intermédiaire entre l’écrivain et      car c’est lui qui retravaille le texte avec
dités du Web comme un atout à leur du Québec sont parlants : trois écri- tient à spécifier que rares sont les                  BD imprimée, ou seulement 2500
                                                                                                                                                                          l’éditeur trouve une maison d’édition      l’écrivain. Du même avis, Mme Clark
portée. Selon elle, la principale diffi- vains sur quatre ont des revenus non libraires qui acceptent un ouvrage               copies numériques (basé sur un prix
                                                                                                                                                                          prête à publier l’ouvrage et négocie       estime que le facteur humain reste
culté en autoédition est de réussir à reliés à la création littéraire. Ce sont en consignation : « C’est possible.             de vente de 16 $ par exemplaire).
                                                                                                                                                                          le contrat. Même si l’agent rogne sur      essentiel au bon fonctionnement de
sortir de l’ombre : « En s’autoéditant, 65% d’entre eux qui se retrouvent avec Toutefois, la gestion des consigna-             Mme Leduc pense qu’un objectif
                                                                                                                                                                          la marge de profits de l’auteur, Mme       l’écosystème du livre. « L’industrie
un auteur ne sera pas mis de l’avant moins de 5 000 $ de revenu tiré de tions peut vite devenir lourde pour                    de 2500 copies vendues est plus
                                                                                                                                                                          Clark est satisfaite de sa décision.       du livre ne sera jamais favorable à la
par un éditeur. Il aura donc moins de leur art ; 22 % touchent entre 5 000 un libraire. Gérer peu de demandes,                 réaliste. Elle sait que cette décision
                                                                                                                                                                                                                     bibliodiversité, car la littérature ne sera
visibilité. Même si la redevance est et 20 000 $ ; 13 % gagnent 20 000 $ c’est faisable ; plusieurs, difficilement.            contourne les acteurs du livre au
                                                                                                                                                                          Le meilleur des deux mondes                jamais bien servie dans une industrie »,
plus élevée, il vendra bien moins de et plus. Le revenu de seulement 2 % L’administration en deviendrait trop                  Québec, mais elle croit que d’autres
                                                                                                                                                                               Avec l’avènement du numérique,        souligne-t-elle. Or, les rôles de chacun
copies. »                                 d’entre eux est de 60 000 $ et plus. complexe. » Mme Detiège a elle-                 auteurs emboîteront le pas : « Plus
                                                                                                                                                                          les écrivains cherchent à obtenir le       sont appelés à changer, convient le
                                          De ce fait, une infime minorité de créa- même organisé le lancement de son           il y aura d’artistes revendicateurs,
                                                                                                                                                                          meilleur des deux mondes. Ils cham-        conseiller littéraire : « Les acteurs pri-
Des cas « Laberge »                       teurs vivent de leur art. Essentiels, ces livre à Montréal et une séance de          plus nous serons pris au sérieux par
                                                                                                                                                                          boulent les balises : « L’auteur cherche   mordiaux de ce milieu sont les auteurs
       La conjoncture de l’édition du succès de librairie ont des répercus- signatures à Bruxelles. Du temps,                  les éditeurs et les autres acteurs du
                                                                                                                                                                          un nouveau modèle, plus avantageux         et les lecteurs. Les intermédiaires entre
livre au Québec est complexe. De plus sions positives pour tous les interve- des efforts et beaucoup d’argent ont              livre. Ils devront s’ajuster, car chaque
                                                                                                                                                                          pour lui, sans toutefois tout rejeter,     les deux (éditeur, imprimeur, distribu-
en plus d’auteurs, frustrés par les refus nants, car la survie de l’industrie du été investis. Un écrivain qui publie          auteur veut vivre de son art. »
                                                                                                                                                                          observe M. Cayouette, l’éditeur de         teur, libraire) sont appelés à s’atrophier.
de publication ou les contrats désavan- livre passe par ces best-sellers. Pour à compte d’auteur y gagne-t-il au               Mme Clark entend elle aussi se
                                                                                                                                                                          Marie Laberge. Il s’agit peut-être du      L’auteur, traditionnellement passif, doit
tageux, se tournent vers l’autoédition. qu’un éditeur accepte de prendre un change ? Pour la majorité d’entre eux,             défendre, mais sans aller jusqu’à
                                                                                                                                                                          début d’un mouvement, mais je me           participer activement à son succès. »
Les maisons d’édition, quant à elles, risque en publiant l’ouvrage d’un écri- non. En revanche, un auteur qui veut             l’autoédition. « Les éditeurs se pro-
                                                                                                                                                                          méfie des révolutions numériques
affrontent un marché où il y a peu de vain peu ou pas connu, cette marge de vraiment publier son ouvrage peut                  tègent, renchérit-elle. Ils gardent les
                                                                                                                                                                          annoncées. »
débouchés et de lecteurs, ce qui les manœuvre financière est nécessaire. le faire, seul.                                       droits sous tous les formats conce-
                                                                                                                               vables, même ceux qui n’existent
                                                                                                                                                                                               11
Generation Une publication des étudiants aux certificats de rédaction et de journalisme de la Faculté de l'éducation permanente de l'Université de ...
GÉNÉRATION Y :                                                                                                                                                                                                                  « Nous assistons à un discours décon-
                                                                                                                                                                                                                                                                        necté de la réalité, soutient Mircea

                                        LA DÉSILLUSION TRANQUILLE
                                                                                                                                                                                                                                                                        Vultur. Affirmer qu’il existe un lien
                                                                                                                                                                                                                                                                        entre la croissance économique et
                                                                                                                                                                                                                                                                        le nombre de diplômés, c’est pro-
                                                                                                                                                                                                                                                                        férer une fausse évidence. Je peux
                                        Par Maia Loinaz                                                                                                                                                                                                                 facilement comprendre la désillusion
                                                                                                                                                                                                                                                                        des professionnels qui ont cru, peut-
                                                                                                                                                                                                                                                                        être à tort, que les études supérieures
                                        Plus scolarisés et plus riches que leurs parents, les enfants des baby-                                                                                                                                                         garantissent le succès. »
                                        boomers affrontent des enjeux propres à leur époque. Pour bâtir un avenir
                                                                                                                                                                                                                                                                              Ingénieur en automatisation
                                        à la hauteur de leurs ambitions et renoncer au jeu stérile des comparaisons                                                                                                                                                     chez le géant de l’aluminium Alcoa
                                        intergénérationnelles, les jeunes adultes québécois cherchent leur planche                                                                                                                                                      depuis trois ans, Pierre Dauphinais a
                                                                                                                                                                                                                                                                        peiné de nombreuses années avant
                                        de salut.                                                                                                                                                                                                                       d’occuper un poste répondant à ses
                                                                                                                                                                                                                                                                        attentes. « C’est assez typique de
                                                                                                                                                                                                                                                                        mon domaine. Plusieurs ingénieurs

                                            P
                                                   rintemps 2007. Pour               bolante du coût des propriétés. Mais      marché du travail et les changements                                                                                                     se retrouvent à faire des jobs ordi-
                                                   la première fois, Pierre          surtout, elle doit conjuguer avec la      technologiques rapides ».                                                        Crédit photo : World Bank Photo Collection via Flickr
                                                                                                                                                                                                                                                                        naires, bien moins payés que ceux des
                                                   Dauphinais regarde son            transformation de ses propres désirs.     La sociologue Diane Pacom brosse                                                                                                         employés syndiqués, et sans sécu-
Le Reporter, Hors-série, Février 2015

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                    Le Reporter, Hors-série, Février 2015
                                        père avec envie. Propriétaire d’un                                                     un portrait singulier et sans com-        « Ils considèrent avoir droit à certaines   Québec (MELS). Le taux de diplômés                 rité d’emploi, constate-t-il. Résultat,
                                        atelier de soudure dans le village           Nés pour acheter                          plaisance de la génération Y. Pour la     choses. Ces enfants hyperstimulés           à la maîtrise et au doctorat a lui aussi           encore aujourd’hui, bien que j’aime
                                        d’Upton, le quinquagénaire lui donne               De façon générale, la littérature   définir, elle reprend l’image-choc de     reçoivent des prix même quand ils ont       grimpé de façon significative durant               mon travail, je magasine et je cherche.
                                        l’impression de posséder tout ce qu’il       sociologique circonscrit la naissance     l’auteure américaine Juliet B. Schor :    échoué. » Sur un ton mêlé d’émerveil-       la même période.                                   Il m’arrive même de songer à retourner
                                        veut et de mener une vie douce, à            de la génération Y entre 1980 et 1995.    « La génération born to buy. »            lement et d’irritation, la sociologue                                                          sur les bancs de l’école. »
                                        l’abri du besoin. Pierre, alors âgé de       Statistique Canada rappelle que les       Selon la professeure titulaire à l’Uni-   souligne les aptitudes multitâches
                                        25 ans, lui lance : « Regarde-moi. Je        enfants des baby-boomers ont tra-         versité d’Ottawa, les modes de la         exceptionnelles de la génération Y.           Affirmer qu’il existe un lien entre la croissance
                                        suis allé à l’université. Je travaille       versé « des phénomènes particuliers       société de consommation ont forgé         Chargé de projets en efficacité éner-
                                        comme ingénieur. Pourtant, je rame           liés à leurs parents, tels la hausse      l’identité des enfants de la génération   gétique à la Commission scolaire de
                                                                                                                                                                                                                       économique et le nombre de diplômés, c’est pro-
                                        comme un fou, j’ai une dette d’études        des séparations et des divorces, la       Y. Ceux-ci se caractérisent aussi par     Montréal, Benoit Paillé, né en 1981,          férer une fausse évidence.
                                        de 16 000 $ et pas un sou dans mon           participation accrue des femmes au        un refus de l’échec.                      perçoit cette compétence comme
                                        compte bancaire. » Son père lève la                                                                                              un fardeau. « Désormais, il ne suf-               Pour Mircea Vultur, professeur               La nécessité de l’inconstance
                                        tête : « Peut-être. Mais moi, j’ai fait la                                                                                       fit plus d’exceller dans son travail. Il    titulaire à l’Institut national de la                     La génération Y dispose néan-
                                        même chose toute ma vie. »                                                                                                       faut posséder des connaissances en          recherche scientifique, ces données                moins d’un atout de taille : la mobilité.
                                        Comparés à leurs pairs européens,                                                                                                informatique, écrire un courriel sans       cachent toutefois un phénomène pré-                « Les jeunes entretiennent des valeurs
                                        surnommés les baby losers par la                                                                                                 fautes, démontrer des qualités de           occupant, touchant principalement                  de nomadisme leur permettant de
                                        presse, les Québécois issus de la                                                                                                communicateur et s’adapter rapide-          les jeunes âgés de 25 à 39 ans : la sur-           déjouer les pièges de la précarité,
                                        génération Y évoluent dans un mar-                                                                                               ment, sans broncher. »                      qualification. Celle-ci caractérise la             nuance Mircea Vultur. Il reste encore
                                        ché du travail relativement prospère.                                                                                                                                        situation d’un individu dont le niveau             possible, en Amérique du Nord, de
                                        Comparés à leurs parents, les célèbres                                                                                           Diplômés et surqualifiés                    de formation dépasse celui norma-                  décrocher un emploi payant et stimu-
                                        baby-boomers, ils ont connu une                                                                                                       Le financement de l’éduca-             lement requis pour le poste occupé.                lant, bref un emploi de rêve. Pourvu que
                                        enfance dorée. Ils jouissent depuis                                                                                              tion au Québec provoque bien des            « La surqualification affecte plus du              le rêve exclue l’idée de permanence. »
                                        leur plus jeune âge d’une qualité de                                                                                             remous. En revanche, la valeur accor-       tiers des travailleurs québécois. Elle             « Je serais malhonnête de prétendre
                                        vie supérieure en matière de confort                                                                                             dée aux études bénéficie d’un certain       entraîne aussi une chute de la valeur              que mes études ne m’ont servi à rien »,
                                        et d’accessibilité aux études.                                                                                                   consensus. Dans sa chronique au             des diplômes », s’inquiète le socio-               convient Benoit Paillé qui détient un
                                        Or la génération Y, aujourd’hui âgée                                                                                             quotidien La Presse, Alain Dubuc            logue. Pour lui, il existe un décalage             baccalauréat en génie mécanique de
                                        de 20 à 40 ans, semble condamnée à                                                                                               a déjà martelé que la réussite éco-         considérable entre les messages dif-               l’École de technologie supérieure.
                                        l’insatisfaction, quand elle ne souffre                                                                                          nomique de la province repose sur           fusés par les institutions (l’impor-               « Mon père, soudeur au Canadien
                                        pas carrément de désillusion. Elle                                                                                               l’éducation.                                tance de la persévérance scolaire),                Pacifique, a eu peur toute sa vie des
                                        doit composer avec plusieurs phé-                                                                                                En 2010, 33 % des Québécois                 les clichés répandus dans le sens                  mises à pied. À cet égard, je jouis
                                        nomènes : la surqualification, la perte                                                                                          détenaient un baccalauréat, contre          commun (les universitaires gagnent                 d’une plus grande tranquillité d’esprit.
                                        de valeur des diplômes, le marché de                                                                                             15 % en 1976, selon le ministère de         plus d’argent) et les conditions réelles           Ceci dit, quand les usines Angus ont
                                        l’emploi précaire et la hausse miro-                                                                                             l’Éducation, du Loisir et du Sport du       du marché du travail.                              fermé, l’entreprise a dû maintenir son
                                                                                                                                     Crédit photo : Beaudet via Flickr

                                                                                                    12                                                                                                                                         13
Generation Une publication des étudiants aux certificats de rédaction et de journalisme de la Faculté de l'éducation permanente de l'Université de ...
lien d’emploi pendant dix ans, en rai-    Ni pire ni mieux                                      L’Institut de recherche et d’infor-   actuelle, il est impossible de vivre
                                        son de sa convention collective béton.          Selon l’Institut de la statistique        mations socio-économiques (IRIS)            avec un seul salaire, à moins de
                                        « De plus, il m’a raconté des his-        du Québec (ISQ), un couple avec                 soulève la vulnérabilité croissante         gagner énormément d’argent ».
                                        toires qui sonnent aujourd’hui            enfants gagne en moyenne 17 400 $               des jeunes ménages. L’organisme             Pour Paul Beaudry, les compromis
                                        comme de la science-fiction : des         de plus qu’en 1977. Or, la génération           relève une stagnation des revenus et        sont loin d’être l’apanage de la
                                        ouvriers qui passent leur quart de        Y compose avec un portrait écono-               dénonce une forme d’encouragement           génération Y. L’économiste pense
                                        travail à dormir, à jouer aux cartes      mique différent de celui des baby-              à l’endettement.                            plutôt que les jeunes adultes
                                        ou à tirer des pigeons avec des           boomers au même âge. Par exemple,               Plusieurs produits de consommation          éprouvent du mal à baisser leur
                                        carabines à plomb. À l’époque, ils        le prix de l’immobilier a doublé au             courante ont également connu une            niveau de vie.
                                        ne compétitionnaient pas avec les         cours des années 1980, puis doublé à            fluctuation de prix depuis les années
                                        travailleurs chinois ou indiens »,        nouveau depuis 2000. Les propriétés             1970. Paul Beaudry tient toutefois à              En revanche, Mircea Vultur
                                        observe-t-il.                             valent donc quatre fois plus cher.              nuancer la situation : « La mesure de       remarque une tendance inverse,
                                                                                                                                  certaines valeurs est partiellement         à travers de nombreux cas de
                                                                                                                                  subjective. Par exemple, comment            « déclassement profession-
                                                                                                                                  allez-vous estimer la valeur d’un ordi-     nel volontaire ». Lorsque deux
                                                                                                                                  nateur ou d’un téléphone cellulaire ?       conjoints détiennent le même
                                                                                                                                  Et que dire de la nourriture ? Des          niveau de formation et que l’un
                                                                                                                                  fraises au mois de janvier, ça vaut         d’eux touche un salaire confor-
                                                                                                                                  combien ? » Pour l’économiste, de           table, son partenaire choisit un                                                            Crédit photo : Ed Yourdon via Flickr
                                                                                                                                  façon générale, « les baby-boomers et       poste en dessous de ses qua-
                                                                                                                                  leurs enfants disposent d’un niveau         lifications. Le ménage renonce
                                                                                                                                                                                                                       Avide d’épanouissement personnel et soucieuse
Le Reporter, Hors-série, Février 2015

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                 Le Reporter, Hors-série, Février 2015
                                                                                                                                  de richesse semblable ».                    ainsi à un revenu supérieur afin
                                                                                                                                  Selon lui, le sentiment de frustration      de tirer profit d’avantages divers       de réussir dans tous les domaines, la génération
                                                                                                                                  de la génération Y s’explique grâce à       tel un horaire flexible ou saison-
                                                                                                                                  une perspective historique. « De 1920       nier. Selon lui, ce virage vaudra
                                                                                                                                                                                                                       Y semble poursuivre des ambitions au-delà de ses
                                                                                                                                  à 1970, les Québécois ont réellement        la peine d’être examiné au cours         moyens.
                                                                                                                                  amélioré leurs conditions de vie. Puis,     des prochaines années.
                                                                                                                                  la progression a stagné. Si quelqu’un                                                Son texte provoque des réactions          sur nos propres besoins que de vrais
                                                                                                                                  a escompté de la croissance, alors                L’avenir de la génération « née    assez vives. « Je n’avais pas l’inten-    bâtisseurs. J’ai peur que nous ne
                                                                                                                                  oui, la déception se révèle de taille. »    pour acheter » réside-t-il dans un       tion d’intenter un procès aux baby-       léguions pas d’héritage et que nous
                                                                                                                                  Paul Beaudry insiste beaucoup sur           rejet de sa nature ?                     boomers, au contraire. J’ai seule-        restions éphémères », laisse tomber
                                                                                                                                  la transformation des standards                                                      ment cherché à traduire ce que je         Étienne Mérineau.
                                                                                           Crédit photo : Peskaour via Flickr
                                                                                                                                  de qualité de vie qui a bouleversé          Programmés pour l’insatisfaction         constatais dans mon entourage »,
                                              Pour Paul Beaudry, professeur       « Mon père a payé son duplex sur le             les habitudes de consommation.                    « Je crois que nous voulons        explique-t-il.                                   Pour Benoit Paillé, le remède à
                                        à la Vancouver School of Economics,       Plateau Mont-Royal 22 000 $. Pour               « À présent, il est normal de partir en     donner, de manière obsessionnelle,                                                 son amertume réside peut-être dans
                                        la véritable menace de précarité          lui, en tant que locataire, je gaspille         voyage chaque année et de conduire          une signification à nos vies. Nous             La sociologue Mélanie Anctil        un abandon partiel des besoins impo-
                                        réside ailleurs : « Certes, je com-       mon argent », raconte Benoit Paillé qui         une voiture neuve. »                        sommes les enfants du divorce.           identifie elle aussi une quête de sens,   sés par la société de consommation.
                                        patis avec les professionnels, mais       cherche sans succès une maison sur                                                          Nous avons vu nos parents souf-          caractéristique des jeunes adultes.       « Je songe parfois à descendre du train
                                        le groupe le plus en difficulté de        l’île de Montréal depuis plusieurs mois.        Plus riches de deux salaires                frir de surmenage et nous souhai-        « Nous assistons actuellement à           et à rompre avec certaines valeurs
                                        nos jours demeure celui des non-                                                                L’arrivée massive des femmes          tons éviter de répéter les mêmes         la construction d’une conception          prônées de nos jours. Cela implique
                                        diplômés. Et ça oui, ça a changé. »                                                       sur le marché du travail est un des         erreurs », confie Étienne Mérineau.      du travail centrée sur le sujet. Les      beaucoup de risques et je ne suis pas
                                        Chaque année, les diplômés postse-                                                        facteurs de l’essor économique de           Perplexe devant les angoisses de         jeunes exigent que l’activité profes-     certain de tous les assumer. »
                                        condaires et universitaires grugent                                                       la génération Y. En effet, les couples      ses pairs, il crée en 2013 le blogue     sionnelle soit porteuse de sens. »        Pierre Dauphinais, quant à lui, porte
                                        de plus en plus d’emplois, au désa-                                                       avec deux revenus forment désor-            Génération Y.                            Si le phénomène s’est manifesté           un regard anxieux sur ses deux filles
                                        vantage des travailleurs non sco-                                                         mais 85 % des unions, contre 55 %           Dans son billet La désillusion des       bien avant la naissance de la géné-       âgées de 5 et 8 ans. « Avec la mon-
                                        larisés. « Nous avons le réflexe de                                                       en 1977.                                    enfants-rois, Étienne Mérineau écrit :   ration Y, il se démarque aujourd’hui      dialisation des marchés, je m’attends
                                        croire que tout le monde a fréquenté                                                      « Pour ma génération, c’est tout            « Vous nous avez menti. Vous nous        par son ampleur.                          à une uniformisation de nos niveaux
                                        l’université. C’est archifaux. », pour-                                                   naturel et incontestable. Mais je me        avez conditionnés à penser que nous      Avide d’épanouissement person-            de vie vers le bas. J’essaie d’élever des
                                        suit Paul Beaudry. Près de 70 % des                                                       demande parfois si nous possédons           étions attendus. Que nous étions         nel et soucieuse de réussir dans          filles combatives qui sauront décro-
                                        Québécois ne détiennent pas de                                                            le luxe d’agir autrement », explique        les catalyseurs du changement,           tous les domaines, la génération Y        cher des emplois bien rémunérés. Je
                                        diplôme universitaire.                                                                    Étienne Mérineau, 25 ans, concep-           les architectes d’une nouvelle ère       semble poursuivre des ambitions           tente de leur faire comprendre qu’elles
                                                                                                                                  teur dans une agence de publicité à         citoyenne, écoresponsable, hyper-        au-delà de ses moyens. « J’ai peur        ne peuvent pas tout avoir. Au fond,
                                                                                                                                  Montréal. Benoit Paillé déplore que         connectée, émotionnellement supé-        que nous formions davantage une           j’espère qu’elles réussiront mieux que
                                                                                           Crédit photo : Ed Yourdon via Flickr   « selon les normes de la société            rieure et visionnaire. »                 génération de conquérants centrés         moi. »

                                                                                                   14                                                                                                                                       15
Generation Une publication des étudiants aux certificats de rédaction et de journalisme de la Faculté de l'éducation permanente de l'Université de ... Generation Une publication des étudiants aux certificats de rédaction et de journalisme de la Faculté de l'éducation permanente de l'Université de ...
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