LA REINE DES NEIGES 2 - CGR ADORE La comédie romantique Last Christmas - CGR Cinémas
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NOV. 2019 LA REINE DES NEIGES 2 ENFIN LA SUITE ! CGR ADORE La comédie romantique Last Christmas entretien Roman Polanski pour J’accuse CE MAGAZINE VOUS EST OFFERT PAR VOTRE CINÉMA 1
Sommaire 9 26 10 6 14 Édito Six années après avoir conquis le cœur de toutes les petites C’EST ARRIVÉ PRÈS DE CHEZ VOUS 4 filles et établi leur vocation de chanteuses, Elsa revient et s’affiche en une de ce nouvel AVANT-SÉANCE, le Les animations dans vos cinémas magazine des cinémas CGR. Le dessin animé tant attendu La Reine des Neiges 2 annonce l’arrivée des premiers EN COUVERTURE 6 flocons, des veillées autour de la cheminée et ouvre le bal des films familiaux de fin d’année. Le premier public de la La Reine des neiges 2 reine venue du Nord a eu le temps de grandir et va pouvoir la retrouver fidèlement accompagnée par sa sœur Anna et ses amis au premier rang duquel le fameux Olaf, dans CGR ADORE 9 Suivez CGR Cinémas sur : www.CGRCinemas.fr un nouveau voyage plus périlleux encore, mais toujours Last Christmas aussi extraordinaire. Le périple ne manquera ni de souffle ni d’émotions. LES SORTIES DU MOIS 10 Le froid s’apprécie et nous indique qu’il est également tant d’accueillir les comédies romantiques estampillées « de Tous les films dans vos salles facebook.com/cgrcinemas Noël ». CGR met à l’honneur dans le cadre du label CGR ADORE celle qui fera le bonheur des couples partis se lover dans l’extrême confort d’un fauteuil CGR Duo. Cette TAPIS ROUGE 14 dernière porte bien son nom : Last Christmas renforcera Roman Polanski pour J’accuse votre croyance en la magie de noël. Après avoir échappé à @cgrcinemas une mort certaine Kate une jeune femme douée pour le chant réussie à trouver un emploi en tant que lutin du Père LA BARBE À PAPA 22 Noël dans un magasin. Elle y fait la rencontre du charmant Programmation jeunesse Tom, mais pour Kate, cela semble trop beau pour être vrai. @cgr_cinemas La salle premium ICE® de ce mois de novembre vous transportera dans les chaudes mers du Pacifique, mais FOCUS ART ET ESSAI 21 pas vraiment pour se prélasser sur une île. Midway Le voyage du Prince présenté en exclusivité mondiale en immersion sensorielle ICE IMMERSIVE® vous installera dans cette course contre la montre pour découvrir la plus grande offensive ÉVÉNEMENTS ART & ESSAI 24 @cgrcinemas aérienne jamais menée en plongeant au cœur de l’action et de l’image, dans le confort ultime et l’excellence LES PLANS CULTES 26 Editeur : Webedia Movies Pro / 2, rue Paul Vaillant Couturier - CS 60102 - 92532 Levallois-Perret Cedex technologique de votre salle ICE®. Chaque mois, votre magazine AVANT-SÉANCE met à Les classiques à revoir Directeur de la publication : Julien Marcel & Patrick Farcy Rédaction : Webedia Movies Pro - Aysegül Algan (aalgan@wmp.fr) l’honneur les talents du cinéma. Multirécompensé d’une Cécile Vargoz (cvargoz@wmp.fr) Palme d’or, un oscar, un Ours d’Or, 3 Golden Globes et CGR EVENTS 28 Contributeurs rédactionnels : David Baudry (CGR), Patrice Martin (CGR) huit Césars, Roman Polanski répond à Pascal Bruckner à l’occasion de la sortie de J’accuse. Le réalisateur de Spectacles et événements au cinéma Antoine Gouiffes-Yan (CGR), Katrin Mathe (CGR Events), Charline Baudry-Biancarelli (CGR), Oleksandra Khrypko (CGR) / marketing@cgrcinemas.fr chef-d’œuvre comme Chinatown ou Le pianiste, porte depuis longtemps l’idée de s’attaquer à ce pan peu glorieux CARNETS DE VOYAGE 30 Coordinatrice du magazine « AVANT-SEANCE » : Oleksandra Khrypko (CGR) de l’histoire de France. Dreyfus incarné à la perfection par Publicité : TALENT GROUP / Mediavision Louis Garrel donne la réplique à un Jean Dujardin très CGR Clermont-Ferrand Val Arena Bat F 2-10 rue Marceau convaincant dans cet exercice dramatique. Une myriade 92 130 Issy les Moulineaux d’acteurs complète le casting : Grégory Gadebois, Melvil Poupaud, Mathieu Amalric, Vincent Perez... au service de ME MYLSELF & CGR 30 Directrice générale adjointe : Faustine Nataf faustinenataf@talentgroup.fr l’adaptation cette tristement tragédie historique. Le cinéma Une spectatrice CGR à la parole Impression : M. arts graphiques ©2018 Avant-Séance • Dépôt légal : à parution pédagogique se découvre aussi dans votre cinéma CGR. • Toute reproduction même partielle, de textes, photos et 32 illustrations publiés par Avant-Séance est interdite sans Je vous souhaite une bonne fin d’automne. Merci pour CINEMA PARADISO l’accord de l’auteur et de l’éditeur. votre confiance renouvelée. Magazine gratuit / Ne pas jeter sur la voie publique Jocelyn Bouyssy, Les souvenirs de Jérémy Clapin et Aurélien D’Silva • À l’heure où nous imprimons, certains films n’ayant pas reçu l’avis de la commission de censure, nous invitons les spectateurs à se renseigner auprès de leur cinéma sur les Directeur Général du groupe CGR CINÉMAS interdictions éventuelles LE MOIS PROCHAIN 34 • Des changements de date sont susceptibles d’intervenir indépendamment de notre volonté. CRÉDITS PHOTOS : p.3 © Carlotta - © Universal Pictures - © 2019 Disney - Guy Ferrandis © 2019-Légendaire-R.P. Productions-Gaumont-France 2 Cinéma-France 3 Cinéma-Eliseo Cinéma-Rai Cinéma - © Metropolitan Filmexport / p.4 © CGR Cinémas / p.6 © 2019 Disney / p.8 © Universal Pictures / p.10 © Jessica Forde - © Lisabi Fridell - © Alba Films / p.11 © 2019 Les Films Du Kiosque-Pathé Films-Orange Studio - © Metropolitan Filmexport / p.12 © Rezo Films - © Judith Kaufmann-Lupa Film - © Destiny Films / p.13 © 20th Century Fox - Guy Ferrandis © 2019-Légendaire-R.P. Productions-Gaumont-France 2 Cinéma-France 3 Cinéma-Eliseo Cinéma-Rai Cinéma / p.14 © Metropolitan Filmexport - © JHR FIlms - © Bac Films / p.15 © Pyramide - © UFO distribution / p.16 © SRAB Films-Rectangle Productions-Lyly Films / © SND / p.17 © Metropolitan Filmexport - © 2019 Dharamsala-Darius Films-Pathé Films-France 3 Cinéma - © Studiocanal Distribution / p.18 © 2018 Les Films du 24-Tribus P. Films-Shanna Besson - © Ex Nihilo 2019 - © Apollo Films / p.19 © Gebeka Films / p.20 © KMBO - © Gebeka Films - © Films du Préau - © Cinéma Public Films / p.21 © Maipo Film-Qvisten Animation-Kari og Kjell Aukrusts Stiftelse - © Cinéma Public Films / p.24 © Solaris distribution - © Splendor Films / p.25 © 1986 Black Snake Inc. - © Solaris distribution - © 1980 Studiocanal - France 2 Cinéma - CN2 Production / p.26-27 Guy Ferrandis © 2019-Légendaire-R.P. Productions-Gaumont-France 2 Cinéma-France 3 Cinéma-Eliseo Cinéma-Rai Cinéma / p.30 © CGR Cinémas / p.34 © 2019 CTMG, Inc.- © Universal Pictures - © Apollo Films - © 2019 ILM and Lucasfilm Ltd. All Rights Reserved. - © Universal Pictures - © 20th Century Fox - © 2019 CTMG, Inc. - © Gaumont - © 20th Century Fox - © Metropolitan Filmexport - © 2019 Universal Pictures and Storyteller Distribution Co., LLC. - © 2019 CTMG, Inc. 3
min Benja e Japy et teurs du e phin de specta premièr , José - ço is Civil mpagnés ur l’avant Fran rnhe acco Lions po Lave Tours 2 nconnue. CGRlm Mon I du fi uses bre. mbre m avec de no di 6 septe iras endre u v i où t Vitrolles, s J’ira o irée fille s au CGR S ation anim GR l au C ceptionne té ex L’invi s avec Tarbe S gnan U ragui O R D CG mbre. EZ V 2 au e n Ç a 1 etdi 13 sept atio d re H m e n e ani al, v C Soiré vité spéci E t- n in op. n u c’est tr SD l’ava ti lors de paux, trop È h unici a Bek s. R t Leïl e Les M P a ka che e GR Latt re d u film VÉ ne N iras au C mi è éraldi nt-pre I u r l’ava uo G J’irai ou t R b re d po u lè m CGR R Le cé ière du fil salles A prem ns vos T e da rné S en tou C’E er s du Fiel hevali e Les C t-P remièral Avan on Du M s. La Mais urs 2 lion belle To d’Ana au CGR anca an M ière, Yoh l Lum ickae es avec M ll R Vitro au CG les débuts ens si je m La vérité ptembre. u film redi 18 se ière d c an t-prem saszar, mer Av ton C et An 4
EN COUVERTURE La Reine des Neiges 2 De Chris Buck et Jennifer Lee, USA, 1h40 Avec les voix VF de Emmylou Homs, Charlotte Hervieux, Dany Boon… Nous voici enfin « libéréééé(e)s, son renne Sven et bien sûr d’Olaf, le bonhomme de neige délivréééé(e)s » de notre attente, six qui rêve de bronzette… ans après les premières aventures Après le succès interplanétaire du premier volet, les studios enneigées de la reine Elsa. Celle-ci Disney reprennent le même duo de réalisateurs – et semble désormais vivre en paix, mais d’auteurs-compositeurs pour les chansons – pour une s’interroge sur l’origine de ses pouvoirs magiques. Elle envolée magique dans un climat de conte de fées, habité, se lance alors dans un voyage périlleux, vers les forêts pourtant, par des personnages terriblement humains. enchantées et les mers sombres par-delà Arendelle… en Derrière les neiges glacées percent les couleurs de l’automne compagnie de sa sœur Anna, du charmant Kristoff, de et, derrière l’humour, une quête d’identité émouvante. SORT IE LE 20 NOVEMBRE Un carton et deux Oscars Sorti en salles en 2013, La Reine des Neiges est le film d’animation qui a connu le plus grand succès de tous les temps au box-office mondial avec 1,28 milliard de dollars de recettes, dépassant à ce jour Toy Story 3 et 4 et Les Indestructibles 2. Il a remporté l’Oscar du meilleur long métrage d’animation en 2014 et celui de la meilleure chanson originale pour Let It Go, interprété par Idina Menzel en VO… soit Libérée, délivrée en VF, chanté par Anaïs Delva. 6
La Reine des studios Disney Après le départ de John Lasseter en 2018, Jennifer Lee a été nommée directrice artistique de Walt Disney Animation Studios, qui lui doit beaucoup. Elle est la première réalisatrice de longs-métrages de l'histoire du studio avec La Reine des Neiges, même si elle l’a cosigné avec Chris Buck. Auparavant, elle avait fait ses preuves en travaillant sur le scénario des Mondes de Ralph, sorti en 2012. Et avant de se relancer dans cette suite de La Reine des Neiges tant attendue, Jennifer Lee a participé à l’écriture de Zootopie et Un raccourci dans le temps. Pionnière, mais pas seule aujourd’hui, le PDG de Disney Robert Iger ayant en effet déclaré il y a quelques mois que « 40 % des prochains films Walt Disney Studios seront réalisés par des femmes ». De l’hiver à l’automne L’univers de La Reine des Neiges est par définition hivernal et glacé. Dans ce nouvel épisode où les personnages mûrissent et se révèlent en profondeur, le climat et les arbres changent aussi imperceptiblement de couleur. Pour le chef décorateur Michael Giaimo, « cela se traduisait par enlever les couches de neige et descendre jusqu’à la terre ». Pourtant, il estime avoir « réussi à créer une version Reine des Neiges de l’automne qui semble encore froide. Nous avons minimisé les jaunes et l’or en faveur des oranges, des rouges orangés et des rouges-violets. C’est propre à ce monde. » Deux Lopez et sept chansons On ne change pas une équipe qui gagne : Kristen Anderson- Lopez et Robert Lopez, le duo d’auteurs-compositeurs des tubes du premier film, ont écrit sept nouvelles chansons originales pour ce second volet. « Nous avons voulu dès le départ un souffle épique pour ce nouveau film. Ainsi, la berceuse All Is Found, que la reine Iduna chante à ses petites filles, est en fait une carte, une sorte de guide à travers la mythologie de l’histoire », explique Robert Lopez. Et entre deux Frozen, le duo s’est réchauffé au Mexique en composant la chanson de Coco, Remember Me (Ne m'oublie pas), qui a elle aussi remporté l'Oscar de la meilleure chanson originale en 2018 ! 7
8 handicap-international.fr SOLIDAIRE ET ÉCOLOGIQUE À Noël, pas de sapin sans © SAMSAM 2020 - Folivari / La Cie Cinéma / Studiocanal / France 3 Cinéma / Mac Guff / RTBF
CGR ADORE Last Christmas De Paul Feig, Royaume-Uni/USA, 1h43 Avec Emilia Clarke, Henry Golding, Emma Thompson, Michelle Yeoh... Kate erre dans Londres, traînant derrière retrouver la foi en elle et la vie ? sa valise à roulettes, une série de mauvaises Il n’y a pas que la ville de Londres, parée de ses plus beaux décisions et un étrange son de grelots... atours pour les fêtes de fin d’année, qui illumine cette conséquence irritante de son travail de comédie romantique signée Paul Feig (Mes meilleures lutin dans un magasin de Noël ouvert amies, Spy...), mais aussi la star de GoT Emilia Clarke, toute l'année. Mais la jeune femme ne compte pas rester elfe aussi craquante que chavirante. Ajoutez à cela les plus toute sa vie et son rêve de toujours est de devenir chanteuse. célèbres tubes de George Michael, et la magie est totale. Sa rencontre avec le beau Tom lui permettra-t-elle de Tubothèque Last Christmas résonne des plus grands succès de George Michael, dont la ballade de Noël dont il emprunte le titre. Trois ans après la disparition du chanteur le 25 décembre LE 27 NOVEMBRE 2016 (!), le film révèle aussi des titres inédits de l’auteur- compositeur-interprète qui a vendu plus de 115 millions d’albums au cours de sa carrière, dont dix chansons classées DANS VOS SALLES ! n°1 au top singles. La briseuse de chaînes Révélée par son rôle de Daenerys Targaryen, mère des dragons dans la série Game of Thrones, Emilia Clarke fréquente désormais assidûment le grand écran. Mais Thompson au chant saviez-vous qu’avant ses rôles dans Terminator Genisys Au scénario du film, aux côtés de la dramaturge Bryony (2015), Avant toi (2016) et Solo : A Star Wars Story Kimmings, on retrouve Emma Thompson. La comédienne (2018), elle avait refusé celui d’Anastasia Steele dans britannique, qui avait déjà signé les scripts de Raison et 50 nuances de Grey ? On retrouvera prochainement la sentiments et Bridget Jones Baby, s’octroie ici, au passage, jeune actrice dans le polar Above Suspicion, inspiré de le rôle sur-mesure de la maman poule massacreuse de l’histoire vraie du premier agent de la FBI condamné berceuses ! pour meurtre. 9
LES SORTIES DU MOIS 6 nov. Adults in the Room De Costa-Gavras, France/Grèce, 2h07 Avec Christos Loulis, Alexandros Bourdoumis, Ulrich Tukur, Josiane Pinson, Aurélien Recoing… C’est un thriller politique passionnant… sur la crise grecque de 2015, vécue de l’intérieur. Adaptant le livre Conversation entre adultes : Dans les coulisses secrètes de l’Europe de Yanis Varoufakis, Costa-Gavras suit ce dernier pendant les cinq mois suivant l’arrivée au pouvoir de Syriza, alors qu’il vient d’être nommé ministre des Finances et va tenter de restructurer la dette de son pays avec l’Eurogroupe, pour sortir son peuple de la misère. Cinquante ans après Z, sur la prise de pouvoir des colonels en Grèce, et après des films aussi engagés que L’Aveu, Missing ou plus récemment Le Capital, Costa- Gavras revient donc dans son pays natal pour suivre le combat d’un homme seul contre tous, héros charismatique – incarné par un acteur qui ne l’est pas moins – d’une tragédie grecque contemporaine. Partisan, le cinéaste dénonce avec mordant le totalitarisme de la Troïka et l’hypocrisie du pouvoir en général, et réussit à rendre limpide et palpitant un sujet… qui ne l’était pas forcément. 6 nov. Et puis nous danserons De Levan Akin, Géorgie/Suède/France, 1h50 Avec Levan Gelbakhiani, Tamar Bukhnikashvili... Merab, jeune danseur talentueux de l’Ensemble national géorgien, voit son monde bouleversé par l’arrivée dans la troupe du charismatique Irakli, qui devient à la fois son plus grand rival... et son plus fort désir. Le réalisateur d’origine géorgienne Levan Akin pose, avec le recul de sa Suède d’adoption, un regard percutant sur la Géorgie contemporaine, à travers la lutte identitaire de jeunes héros face aux valeurs conservatrices de leur milieu. Une nouvelle génération qui danse le monde ancien (la danse folklorique est une tradition très ancrée et virilement valorisée dans le pays), à en faire tomber les murs et les interdits, emportant le spectateur grâce à leurs pas comme leur ardeur à fleur de peau. 6 nov. Place des Victoires De Yoann Guillouzouic, France, 1h43 Avec Guillaume de Tonquédec, Piti Puia, Sofia Manousha, Richard Bohringer… Bruno est un homme en train de tomber. Sa femme l’a quitté, il a fui son travail et n’a plus d’horizon. Quand un petit Rom tente de lui voler son portable en pleine rue… c’est pour lui une main tendue. Contre toute attente, la rencontre avec ce gamin malicieux va peu à peu éclairer sa vie. Partant du postulat de tout buddy-movie (« Ils n’avaient rien en commun…»), le premier film de Yoann Guillouzouic s’attache à cette improbable amitié avec un humanisme touchant, sans être larmoyant. Tourné sur des lieux de passage, coins de trottoir ou d’escaliers qui racontent la galère comme la débrouille, il montre la résilience dont sont capables les petits comme les grands. Face à Guillaume de Tonquédec en patron déclassé, le petit Piti Puia, qui vient réellement de la rue et ne parlait pas un mot de français, est absolument craquant. 10
La Belle Époque 6 nov. De Nicolas Bedos, France, 1h55 Avec Daniel Auteuil, Guillaume Canet, Doria Tillier, Fanny Ardant... Dessinateur vieillissant, dépassé par de son premier film, M. & Mme Adelman, Nicolas la technologie et la Macronie et pour Bedos les sublime ici avec une virtuosité revigorante, de cela humilié par sa femme, Victor va l’écriture au montage en passant par la B.O. qu’il a lui- renaître quand un jeune entrepreneur même composée. Follement romanesque, sa Belle Époque lui vend un retour “reconstitué” dans passe, comme ses personnages et comédiens magistraux, l’époque de son choix. Victor se retrouve alors ce jour du maintenant à l’avant, de la mélancolie au sarcasme de 1974 quand, entre juke-box et gauloises, il rencontra et du vrai au faux, de façon brillante et bouleversante. l’amour de sa vie. Tout en célébrant l’artifice du théâtre et du cinéma, qui Si la nostalgie et le temps qui passe étaient déjà au cœur rendent la vie plus vraie et l’amour possible. Midway 6 nov. VIVEZ UNE EXPÉRIENCE VISUELLE ULTIME EN De Roland Emmerich, USA, 2h17 Avec Ed Skrein, Patrick Wilson, Luke Evans, Aaron Eckhart, Dennis Quaid, Woody Harrelson... En juin 1942, après avoir écrasé la d’Independence Day et 2012 veut tirer un film de cette flotte américaine à Pearl Harbor, la histoire vraie. Roland Emmerich filme la tension marine japonaise prépare une nouvelle psychologique des officiers américains s’acharnant à attaque d’envergure dans un atoll isolé percer les codes secrets de leurs ennemis, s’attache aux du Pacifique Nord : Midway. tourments intimes des soldats tout en observant, aussi, Cette bataille va changer le cours de la Seconde Guerre les Japonais préparant leur offensive. Pour aboutir, dans mondiale en mettant fin à la supériorité japonaise une reconstitution aussi rigoureuse que spectaculaire, à dans le Pacifique. Depuis 20 ans, le réalisateur musclé une bataille aéronavale XXL qui explose le grand écran ! 11
LES SORTIES DU MOIS 6 nov. J’ai perdu mon corps De Jérémy Clapin, France, 1h21 Avec les voix de Hakim Faris, Victoire du Bois, Patrick d'Assumçao… Grand Prix, Semaine de la Critique, Cannes 2019 Cristal du meilleur long métrage et Prix du Public, Annecy 2019 Naoufel, jeune mélomane, tombe amoureux de Gabrielle par le biais d’un interphone. Ailleurs dans Paris, une main coupée part… à la recherche de son corps ! Au cours de sa cavale à travers la ville, elle se remémore sa vie avec lui. Le premier long métrage de Jérémy Clapin, inspiré du roman Happy Hand de Guillaume Laurant, réussit le pari fou de donner vie à une main baladeuse, qui par la magie de l’animation devient un personnage bouleversant. En mêlant dessin à la main et photo retracée par rotoscopie, le film multiplie avec poésie les temporalités et les sensualités, embrassant le son et le toucher, les couleurs et les odeurs, toujours au service d’une histoire profondément romanesque. Aussi étonnant que bouleversant. 6 nov. L'Audition De Ina Weisse, Allemagne/France, 1h30 Avec Nina Hoss, Jens Albinus, Simon Abkarian, Ilja Monti… Festival de San Sebastian : prix d’interprétation féminine pour Nina Hoss Anna, professeure de violon au conservatoire, impose l’admission d’un élève en qui elle croit et qui devient son obsession. Elle se consacre à le préparer à l’audition de fin d’année au point de négliger son jeune fils, lui aussi élève violoniste, et son mari, un luthier français. Jusqu’au drame... Sorte de Whiplash dans le violon, ce deuxième long métrage de l’actrice et réalisatrice berlinoise Ina Weisse fait le portrait d’une femme frustrée, travailleuse enragée dont la recherche de perfection cache une angoisse profonde. Le rythme crescendo du film, comme sa musique, épouse celui de ce personnage forcené, porté par la performance de Nina Hoss. 6 nov. Le Char et l'Olivier Une autre histoire de la Palestine De Roland Nurier, France, 1h41 L'histoire de la Palestine, de son origine à aujourd'hui, en parallèle de ce que les médias appellent le conflit israélo-palestinien. Le film repose sur les éclairages d’experts internationaux, historiens, diplomates des Nations unies, juristes en droit international, mais aussi sur les témoignages de simples citoyens qui apportent de nombreuses clés de compréhension sur leur situation. Et si le réalisateur est partisan, il s’appuie sur suffisamment d’éléments factuels pour que son film soit à tout moment passionnant. 12
Le Mans 66 13 nov. De James Mangold, USA, 2h32 Avec Matt Damon, Christian Bale, Caitriona Balfe... En 1966, une audacieuse équipe du Line, 3h10 pour Yuma, Night and Day et Logan –, James constructeur automobile Ford, dont Mangold s’attaque cette fois au film de course automobile. l’ingénieur visionnaire Caroll Shelby Une histoire vraie qui déroule les coulisses d’une rivalité et le pilote surdoué Ken Miles, tente légendaire, mais surtout les exploits et la déconcertante de concevoir le bolide révolutionnaire amitié de deux hommes de l’ombre défiant les lois de qui doit mettre fin au règne de l’écurie Ferrari sur le la physique comme les ingérences corporatistes et leurs mythique circuit des 24 heures du Mans. propres démons. Le tout avec une énergie qui emportera Fidèle à son éclectisme – on lui doit Copland, Walk the sur son chemin même les non-fans de sport mécanique. J’accuse 13 nov. De Roman Polanski, France, 2h12 Avec Jean Dujardin, Louis Garrel, Emmanuelle Seigner, Grégory Gadebois, Hervé Pierre, Didier Sandre, Melvil Poupaud, Eric Ruff, Mathieu Amalric… Si l'affaire Dreyfus, à l’origine d’une crise découvrit les preuves de l’innocence d’Alfred Dreyfus. politique majeure de la IIIe République, Erreur judiciaire, persécution et antisémitisme : on déchira la France pendant 12 ans, on comprend ce qui a pu résonner chez “l’accusé” Polanski, ne se souvient pas toujours comment qui relate la contre-enquête de Picquart avec la même ce capitaine, Alsacien de confession juive, fut accusé rigueur que son personnage. De l’accusation de Dreyfus injustement de trahison. En se basant sur le roman de jusqu’au “J’accuse” de Zola en une de L’Aurore, il réussit à Robert Harris (son coscénariste sur The Ghost Writer), distiller le suspense au fil d’un thriller hivernal méticuleux, Polanski adopte le point de vue obstiné de Georges Picquart, servi par le best of des comédiens français. un colonel nommé à la tête du contre-espionnage, qui 13
TAPIS ROUGE Roman Polanski RÉPOND À Pascal Bruckner POUR J’accuse En mars 2019, l’écrivain Pascal Bruckner, dont Roman Polanski avait adapté le roman Lunes de fiel en 1992, a rencontré le cinéaste au sujet de son nouveau film, J’accuse, qui relate l’affaire Dreyfus du point de vue du colonel qui l’a réhabilité. Extraits de leur entretien. Pascal Bruckner : Pourquoi cette volonté de faire un film sur l’affaire Dreyfus, sur le tournant symbolique qu’elle a représenté dans l’histoire de France et de l’Europe ? Roman Polanski : Les grands sujets font souvent des grands films, et l’affaire Dreyfus est un sujet exceptionnel. L’histoire d’un homme injustement accusé est toujours passionnante. Mais celle-ci est aussi terriblement actuelle, vu la recrudescence de l’antisémitisme. Pascal Bruckner : Comment avez-vous travaillé sur ce projet ? Roman Polanski : Nous sortions tout juste, Robert Harris et moi, de Ghost Writer. Robert avait trouvé l’idée formidable et nous nous sommes mis au travail. Il nous semblait évident de raconter cette histoire du point de vue de Dreyfus – mais nous nous sommes vite rendu compte que ça ne marchait pas : toute l’affaire, si riche en protagonistes et en coups de théâtre, se déroulait à Paris, tandis que notre personnage principal était coincé sur l’île du Diable. Tout ce qu’on pouvait raconter, était sa souffrance. Nous nous débattions depuis longtemps avec ce problème et finalement, après plus d’un an de travail, Robert a trouvé la solution à notre problème : il valait mieux laisser Dreyfus sur son rocher, et tout raconter du point de vue de l’un des personnages principaux de l’affaire, le colonel Picquart ! Mais nous devions aussi gagner notre pain quotidien, nous avons donc décidé de mettre le projet en veille, le temps, pour moi, de faire un autre film, et pour Robert d’écrire un livre sur l’affaire Dreyfus. Il a travaillé un an sur le sujet, et son livre An Officer and a Spy – le titre français, un peu énigmatique, est “ D.” – basé sur des recherches historiques très approfondies, est rapidement devenu un best-seller. En attendant, j’ai terminé La Vénus à la fourrure, et lorsque nous sommes revenus à notre sujet, tout était devenu plus facile. Pascal Bruckner : Comment s’est passé le casting ? Roman Polanski : Jean Dujardin nous semblait parfait pour le rôle de Picquart. Il lui ressemble, il a le même âge, et c’est un grand acteur. Pour un film de cette importance, il faut une star, et Jean Dujardin en est une, ce n’est pas par hasard qu’il a eu un Oscar ! C’était donc une évidence ; il restait à voir Photo : Guy Ferrandis / All rights reserved si le projet l’intéressait. En fait, il s’est montré enthousiaste. L’histoire d’un homme injustement accusé est toujours passionnante. Mais celle-ci est aussi terriblement actuelle, vu la recrudescence de l’antisémitisme. ROMAN POLANSKI 14
Rencontre À l’affiche le 13 novembre Pascal Bruckner : Votre parti pris narratif est donc de don- Pascal Bruckner : Un autre défi pour ce film est de pré- ner au colonel Picquart le rôle du personnage principal. senter cette affaire Dreyfus aux jeunes générations, qui A l’époque, ce célibataire qui a une maîtresse, jouée par connaissent mal cette histoire. Emmanuelle Seigner, l’épouse d’un haut personnage de Roman Polanski : Au départ, lorsqu’on m’interrogeait sur mes l’État, est un marginal dans les mœurs et un “antisémite projets, et je répondais que je travaillais sur l’affaire Dreyfus, naturel ”, comme on pouvait l’être en cette fin de 19ème tout le monde trouvait cela formidable. Mais je me rendais siècle. Pourtant, c’est lui qui, involontairement, va sauver vite compte que peu de gens savaient ce qui s’était vraiment le capitaine Dreyfus. passé. C’est un de ces événements historiques que tout le Roman Polanski : Picquart est un personnage passionnant, monde croit connaître, tout en ignorant le fond de l’affaire. complexe. Ce n’est pas un antisémite combattant. Il n’aime pas les juifs, mais cela relève plutôt d’une tradition que d’une Pascal Bruckner : A cet égard, ce film est très pédagogique, conviction. Lorsque, chargé du contre-espionnage, il découvre car il permet à tous, y compris ceux qui ne connaissent que Dreyfus est innocent, il prend cette affaire très à cœur et pas cette affaire, de comprendre l’enjeu politique et phi- décide de chercher la vérité. losophique qui se trouve derrière Picquart. C’est presque Quand il en informe sa hiérarchie, on lui ordonne de se une recherche policière. taire ; l’armée ne saurait commettre de telles erreurs ! Malgré Roman Polanski : En effet, je dirai même que c’est un thriller ! la débâcle de 1870, l’armée est intouchable, comme l’Église. Le spectateur mène l’enquête avec Picquart, et c’est grâce à Elle n’a que faire des remords ou des cas de conscience de ses cela que nous avons pu la filmer d’une manière subjective. soldats, elle est au-dessus de la Vérité et de la Justice. Alors que tous les événements essentiels sont authentiques. Même beaucoup de dialogues, car on peut les trouver dans Pascal Bruckner : Qu’est-ce qui pousse Picquart à contre- les minutes des procès. dire la version officielle ? Est-ce la pureté de la loi morale qu’il porterait en lui ou l’obéissance à l’éthique militaire ? Pascal Bruckner : Une des preuves qui va dans un premier Roman Polanski : Il y a dans le film un dialogue très mar- temps signer la culpabilité de Dreyfus, pour finalement quant, entre Picquart et le commandant Henry, son principal le dédouaner, est l’existence d’un bordereau. adversaire. Henry déclare : “Vous m’ordonnez d’abattre un Roman Polanski : Il s’agit d’une lettre déchirée, subtilisée homme, et je le fais. Après cela vous m’expliquez que vous dans la corbeille de l’attaché militaire de l’ambassade alle- vous êtes trompé de nom… eh bien, je suis désolé, mais mande. Un officier français y proposait aux Allemands des ce n’est pas ma faute, c’est l’Armée”. Ce à quoi Picquart informations sur des secrets militaires, entre autres sur le répond : “C’est peut-être votre Armée, Commandant. Ce canon 120. L’armée française était très sensible à ce genre de n’est pas la mienne.” fuites, car elle dissimulait un nouveau modèle, le canon 75, Ce dialogue reflète une réalité qui demeure actuelle. En effet, qui permettait d’absorber le choc du tir et de ne plus reculer, les soldats sont entraînés à mourir pour la patrie. Or, le choix ce qui représentait alors une avancée énorme. de tuer quelqu’un d’autre est bien plus difficile, et doit être Pascal Bruckner : Il y a l’hostilité de l’opinion publique, cautionné par un supérieur. celle du commandant Henry qui veut prendre la place de Picquart, celle de l’État-Major, puis il y a tous ceux qui viennent au secours de Dreyfus, dont Émile Zola et Clémenceau. Roman Polanski : C’est grâce à Zola que l’affaire a été révélée. C’était le fameux « J’accuse ! », sa lettre adressée au président de la République et publiée dans L’Aurore. Sans cela, qui sait comment l’affaire se serait terminée. Clémenceau lui aussi a joué un rôle important. C’est lui, d’ailleurs, qui, sept ans après la fin de l’affaire, alors qu’il était lui-même premier ministre, a nommé Picquart ministre de la Guerre. Zola a payé cher son engagement puisqu’il a été condamné à 1 an de prison et 3000 francs d’amende. Il est mort intoxiqué par sa cheminée ; on dit qu’il aurait été assassiné par des antidreyfusards. En tout cas, le journal antisémite d’Edouard Drumont, La Libre Parole, exulte à l’annonce de sa mort. Pascal Bruckner : Lorsque Charles Maurras est condamné pour collaboration avec l’ennemi en 1945 à la perpétuité, il s’écrie « c’est la revanche de Dreyfus. ». Roman Polanski : Nous voyons bien que cette affaire a duré bien au-delà des 10 ans couverts par le film. D’ailleurs, Dreyfus a été combattant lors de la guerre 14-18, et sa petite-fille, Madeleine Lévy, est morte à Auschwitz. Pascal Bruckner : Ce film a été comme une catharsis pour vous ? Roman Polanski : Non, je ne travaille pas comme ça. Mon travail n’est pas une thérapie. En revanche, je dois dire que je connais bon nombre de mécanismes de persécution qui sont à l’œuvre dans ce film et que cela m’a évidemment inspiré. 15
LES SORTIES DU MOIS Countdown 13 nov. De Justin Dec, USA, 1h30 Avec Elizabeth Lail, Jordan Calloway, Talitha Bateman, Tom Segura... Une application mobile qui prétend Et c’est parti pour le Countdown, une angoissante course prédire dans combien de temps vous contre la montre et contre la mort dans la veine de allez mourir ? L’expérience peut être Destination finale, avec une touche de Scream et l’oppression amusante. Sauf pour Quinn, jeune de nos connexions et addictions new tech en prime. infirmière qui découvre qu’il ne lui reste Vous y réfléchirez à deux fois la prochaine fois que vous que trois jours à vivre et qu’une fois le sinistre programme téléchargerez une appli. téléchargé, personne n’échappe à son destin... 13 nov. Le Bel Été De Pierre Creton, France, 1h21 Avec Sophie Lebel, Sébastien Frère, Yves Edouard, Gaston Ouedraogo… Le temps d’un été dans leur maison de Normandie, Robert et Simon, leur amie Sophie et la jeune Flora vivent avec Nessim, Ahmed et Mohammed, jeunes réfugiés venus d’Afrique. Ceux qui connaissent le cinéma de Pierre Creton reconnaîtront sa maison de Vattetot-sur-Mer, où il a tourné ses films depuis La Vie après la mort jusqu’à Va, Toto !, et sa façon si personnelle, à partir d’une rencontre intime et réelle, de raconter le monde. Certains ici jouent leur propre rôle, d’autres le réinventent, mais ensemble, entre cours de lecture et cuisine, étreintes et bricolages, ils inventent une autre vie. Sans discours mais avec une évidence crue, lucide et lumineuse. 13 nov. Little Joe De Jessica Hausner, Royaume-Uni/Autriche/Allemagne, 1h45 Avec Emily Beecham, Ben Whishaw, Kerry Fox, Kit Connor... Cannes 2019 : Prix d'interprétation féminine pour Emily Beecham Alice, mère célibataire et phytogénéticienne chevronnée, vient de concevoir une plante révolutionnaire, capable de rendre son propriétaire heureux. Mais bientôt, la fleur écarlate déclenche d’étranges phénomènes au labo et sur le comportement du fils d’Alice à la maison... L’Autrichienne Jessica Hausner (Lovely Rita, Lourdes, Amour fou...) signe un film de science-fiction dans la veine la plus minimaliste et existentielle du genre. Avec une caméra aussi rigide que les relations humaines qui s’ankylosent et une bande sonore au diapason, elle livre une fable sur les fourvoiements de la science et de la recherche systématique du bonheur. 16
Les Éblouis 20 nov. De Sarah Suco, France, 1h39 Avec Camille Cottin, Jean-Pierre Darroussin, Eric Caravaca, Céleste Brunnquell… Camille, 12 ans, est l’aînée d’une famille nombreuse. Quand ses parents intègrent une communauté catholique, elle doit changer ses habitudes et bientôt renoncer à sa passion pour le cirque. Peu à peu, ce qui se voulait une vie de joie et de partage vire à l’embrigadement, voire l’enfermement… On connaissait Sarah Suco comme comédienne, notamment dans Discount et Les Invisibles de Louis-Julien Petit ; on découvre cette fois une réalisatrice qui s’affirme dès ce premier long, inspiré de sa propre histoire. Pourtant, si elle a vécu l’enfermement sectaire, Sarah Suco le raconte avec douceur, du point de vue des enfants, décrivant une emprise très progressive sans tomber dans la dénonciation facile ou le mélo. Une pudeur que l’on retrouve dans sa mise en scène, sans effets grandiloquents, mais soutenue par le grand chef-op Yves Angelo, qui éclaire ces Éblouis superbement. 20 nov. Knives and Skin De Jennifer Reeder, USA, 1h52 Avec Raven Whitley, Ty Olwin, Marika Engelhardt, Tim Hopper… Dans une petite ville de l’Illinois, la jeune Carolyn disparaît après un rendez-vous nocturne. Entre le désespoir de sa mère, qui dirige la chorale du lycée, et l’inquiétude de trois adolescentes, l’événement va révéler les malaises, les frustrations et les dépressions larvés de toute la communauté. Déployant un univers étrange et un climat fantastique qui renvoie à David Lynch – et à Twin Peaks en particulier – tout en rappelant l’esthétique d’un Dario Argento, Jennifer Reeder cite ouvertement ses modèles en affirmant un point de vue féministe. Des images déroutantes pour un film envoûtant, qui sonde à la fois le spleen adolescent, le vide existentiel des adultes... et la toxicité des hommes. 17
LES SORTIES DU MOIS Les Misérables 20 nov. De Ladj Ly, France, 1h43 Avec Damien Bonnard, Alexis Manenti, Djebril Didier Zonga… Cannes 2019 : Prix du Jury et Prix des cinémas art et essai Un flic, fraîchement débarqué à la Freitas, Ladj Ly signe un premier long en solo. L’occasion brigade anti-criminalité de Montfermeil, pour le membre historique du collectif Kourtrajmé (fondé entame sa première ronde en compagnie par Kim Chapiron et Romain Gavras) de plonger dans de ses nouveaux coéquipiers aguerris à la fourmilière de sa ville, qui a inspiré ses Misérables à la jungle du 9-3, à ses codes et à ses propres lois... Entre les Victor Hugo. Plus d’un siècle et demi plus tard, le décor guerres de clans et les petits arrangements, entre le vol d’un et les couleurs ont changé, mais pas la misère. Ladj Ly lionceau et l’envol d’un drone, entre le quotidien banal capte l’énergie bigarrée prête à s’enflammer, dans un film et la bavure, la journée va prendre une étrange tournure. naturaliste, éminemment humaniste et politique, mais Après la coréalisation d’À voix haute avec Stéphane De qui avant tout prend aux tripes. Joyeuse retraite ! 20 nov. De Fabrice Bracq, France Avec Thierry Lhermitte, Michèle Laroque, Nicole Ferroni, Nicolas Martinez... Depuis le temps qu’ils l’attendaient, départ n’est finalement pas si évident... l’heure de la retraite a enfin sonné pour Loin des angoisses de sa réforme, la retraite inspire une Philippe et Marilou. Au revoir le travail, touchante comédie portée par de joyeux retraités pas prêts au revoir les emmerdes et bonjour à se laisser senioro-catégoriser. Avec, au-delà de la satire le soleil du Portugal où ils rêvent de familiale et sociale, un regard vivifiant sur les angoisses s’installer depuis des années. Mais entre les enfants qui les et l’éternel appétit de vivre de ceux qui sont juste jeunes prennent désormais pour une garderie open bar et leurs depuis un peu plus longtemps que les autres. propres parents pour lesquels les années passent aussi, le 18
27 nov. À couteaux tirés De Rian Johnson, USA, 2h11 Avec Daniel Craig, Chris Evans, Ana Armas, Jamie Curtis, Toni Collette, Don Johnson, Michael Shannon, Lakeith Stanfield, Katherine Langford, Jaeden Martell, Christopher Plummer... Le célèbre auteur de polars Harlan Thrombey se serait suicidé dans sa somptueuse propriété le soir de ses 85 ans... L’affaire a l’air trop simple pour être innocente. Et quand le détective privé M. Blanc met le nez dedans, tous les membres de sa famille deviennent suspects. En compagnie d’un casting géant d’affreux et méchants nantis, le scénariste et réalisateur de Looper et Star Wars : Les Derniers Jedi s’attaque au polar à la Agatha Christie avec un humour noir et un talent décoiffants. De mensonges en fausses pistes, de mobiles et rebondissements, cette enquête-énigme digne des plus grands praticiens du genre tient en haleine jusqu’à la dernière minute... pour finalement donner envie de tout revoir depuis le début ! 27 nov. Proxima De Alice Winocour, France/Allemagne, 1h47 Avec Eva Green, Matt Dillon, Sandra Hüller… L’astronaute française Sarah Loreau a été sélectionnée pour faire partie de l’ambitieuse mission Proxima. Seule femme au milieu d'hommes, son entraînement est rigoureux et intense. Mais si elle peut se préparer à quitter la Terre, comment se préparer à quitter son enfant ? Après Augustine et Maryland, Alice Winocour s’attaque à un sujet rarement exploré par le cinéma français, pour finalement ne parler pas tant de conquête spatiale que de l’humanité de l’astronaute. D’une extrême précision documentaire et scientifique – avec la collaboration de l’Agence spatiale européenne qui a permis de filmer ses espaces inédits –, Proxima confronte l’immensité de l’espace à l’intimité d’une relation mère-fille. Où l’on éprouve littéralement les épreuves physiques jusqu’au décollage final, avec la force d’un arrachement... tellurique. 27 nov. Chanson douce De Lucie Borleteau, France, 1h50 Avec Karin Viard, Leïla Bekhti, Antoine Reinartz... Pour Myriam et Paul, jeunes parents actifs débordés par l’arrivée de leur deuxième enfant, Louise est la nounou providentielle. Dévouée, consciencieuse, volontaire, elle gagne le cœur de tous les membres de la famille, devenant, petit à petit, aussi indispensable qu’inquiétante... Après le théâtre, c’est au tour du cinéma de s’emparer du roman de Leïla Slimani. Devant la caméra de Lucie Borleteau (L’Odyssée d’Alice), qui cosigne cette adaptation avec Jérémie Elkaïm, le Prix Goncourt 2016 révèle tout son potentiel de thriller tirant vers l’épouvante, tout en restant une chronique de vie ordinaire ; et c’est là sa dimension la plus cauchemardesque. Entre Mary Poppins et Médée, bien loin de son image joviale, Karin Viard préserve l’opacité faite de rigidités de cette nounou ivre de solitude. L’inéluctable trajectoire de sa névrose prend aux tripes... avec une cruelle douceur. 19
LES SORTIES DU MOIS Toute ressemblance... 27 nov. De Michel Denisot, France Avec Franck Dubosc, Jérôme Commandeur, Sylvie Testud, Caterina Murino, Denis Podalydès... Cédric Saint Guérande, dit « CSG », Réseautage et manipulations, coups bas et domination : est LE présentateur préféré des Français. pour sa première réalisation, le journaliste-animateur- Mais malgré les audiences record depuis producteur télé-ex-patron du PSG Michel Denisot nous son arrivée fracassante à la tête du 20 immerge dans l’arène impitoyable du cirque médiatique. heures, ses méthodes, son assurance et Et il fallait bien un Franck Dubosc pour incarner une star sa suffisance en irritent plus d’un, jusqu’au président de du PAF aux limites de son capital confiance et sympathie. La Grande Chaîne. Qu’à cela ne tienne : entre les deux Toute ressemblance est fortuite... mais vous ne regarderez hommes la guerre est déclarée... et ce n’est pas pour plus jamais le JT du même œil. déplaire à un CSG assoiffé de pouvoir. 27 nov. Gloria Mundi De Robert Guédiguian, France, 1h47 Avec Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin, Gérard Meylan, Anaïs Demoustier, Robinson Stévenin, Lola Naymark, Grégoire Leprince-Ringuet… Mostra de Venise 2019 : Prix de la meilleure actrice pour Ariane Ascaride La petite Gloria vient de naître à Marseille. Autour d’elle, une famille recomposée humble mais aimante, qui lutte par tous les moyens pour rester debout ; parmi lesquels son grand-père biologique, qui vient juste de sortir de prison après de longues années d’incarcération... Après La Villa et son amertume malgré tout emplie d’espoir, Guédiguian continue avec ténacité à lutter contre l’illusion de la fatalité de notre société néo-capitalisée, ultra-libéralisée, ubérisée et désolidarisée jusqu’aux liens les plus intimes. Et si son film est noir, ses comédiens sont plus radieux que jamais. 27 nov. Freedom De Rodd Rathjen, Australie, 1h32 Avec Sarm Heng, Thanawut Kasro, Mony Ros Rêvant d’un avenir meilleur, un jeune Cambodgien de 14 ans quitte son pays et ses rizières pour passer clandestinement en Thaïlande. Mais en arrivant sur place, il est vendu comme esclave à un capitaine de chalutier... Comment rester humain quand on est traité de façon inhumaine ? Aussi terrifiante que soit la situation – inspirée d’authentiques récits – qu’il décrit, le cinéaste se garde de juger ses personnages, qu’ils soient esclaves ou bourreaux. Il filme ses acteurs dans la proximité, avec une justesse rugueuse et sans verser dans le spectaculaire ou le pathos. Et ce parcours initiatique, où il est d’abord question de survie, n’en est pas moins poignant. 20
CGR AIME LE CINÉMA D’ANIMATION Le Voyage du Prince À partir de 8 ans sortie le 4 décembre donne une suite à son Château des singes (1999), où l’on De Jean-François Laguionie et Xavier Picard, France, 1h18 retrouve le Prince de Laankos, que tout le monde avait cru perdu lors de son expédition sur les glaces. Un vieux prince, sage épicurien venu d’un autre monde, échoue L’occasion pour le créateur de L'Île de Black Mór, du Tableau sur les rivages d’une contrée inconnue peuplée de simius sapiens… et de Louise en hiver de mettre des sujets philosophiques à qui se croyaient jusque là seuls sur Terre. Alors que les deux portée de tous, notamment des plus jeunes, mis en image mondes se découvrent avec fascination, l’enthousiasme des uns dans un foisonnement de références graphiques, entre ne va pas tarder à être balayé par le rejet des autres. peintures de la renaissance italienne et gravures de l’époque Avec la collaboration de Xavier Picard, Jean-François Laguionie haussmannienne. Opposée à la forêt, la cité des singes est une mégapole de la fin du XIXe siècle, stylisée t à la manière de Gustave Doré mais aussi de Fritz Lang... en rajoutant de la couleur ! Les ambiances en camaïeux, loin de tout réalisme, expriment les sentiments des personnages, tous tracés par la main de Laguionie. « TOUTE RESSEMBLANCE ENTRE LES HOMMES ET LES SINGES DE MON FILM SERAIT PUREMENT FORTUITE » JEAN-FRANÇOIS LAGUIONIE 21
La Barbe à papa déjà dans vos salles Un petit air de famille Programme de 5 courts métrages, divers, 43 min, À partir de 4 ans Explorer le monde avec ses grands-parents, jouer avec ses frères et sœurs, rêver avec les papas et les mamans... La famille, ce n’est que du bonheur ! Enfin, à condition de ne pas se disputer ni de faire de caprices. Et si prendre soin les uns des autres était la plus belle des aventures ? Voici un programme tout doux, qui nous vient du Royaume-Uni et du Japon, en passant par la Russie et la République tchèque. Des histoires de famille pour émerveiller – et s’émerveiller avec – les petits. Bonjour le monde ! De Anne-Lise Koehler et Eric Serre, 1h01 À partir de 4 ans Tortue cistude, martin-pêcheur, butor étoilé ou grand brochet : autour ou au fond d’une rivière, un magnifique bestiaire s’anime en stop motion et marionnettes en papier mâché, dans des décors aussi superbes que méticuleux. Une façon originale de raconter la vie de la faune et de la flore de nos campagnes et de sensibiliser les enfants à la préservation des écosystèmes. Jacob et les chiens qui parlent De Edmunds Jansons, Lettonie/Pologne, 1h10 À partir de 6 ans Contraint de passer une semaine chez sa cousine Mimi, qui vit dans un vieux quartier populaire, le petit Jacob rencontre une horde de chiens des rues qui parlent. Avec leur aide, les enfants vont tenter d’empêcher un énorme projet immobilier qui menace le quartier. Une aventure colorée, dans une belle animation en papiers découpés, doublée d’une réflexion rigolote sur les ravages du “progrès”. Loups tendres et loufoques De Anaïs Sorrentino, Arnaud Demuynck, Pascale Hecquet, Rémi Durin et Hugo Frassetto, France/Belgique, 53mn À partir de 3 ans Un loup qui se croit le plus beau, un louveteau qui veut chasser tout seul, un petit loup qui aime la compagnie, un Petit Chaperon rouge next gen sans oublier une variation sur la comptine « Promenons-nous dans les bois » : cinq histoires qui, à travers plusieurs techniques d’animation, revisitent avec humour la figure du grand méchant loup. Pour le montrer sensible, naïf, maladroit… et pas aussi méchant que dans les contes d’autrefois ! 22
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