ÉTAT DES LIEUX ET PERSPECTIVES - AUVERGNE-RHÔNE-ALPES : L'ÉCONOMIE SOCIALE ET SOLIDAIRE DANS LA TRANSITION ÉCOLOGIQUE ET ÉNERGÉTIQUE EN - CRESS AURA

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ÉTAT DES LIEUX ET PERSPECTIVES - AUVERGNE-RHÔNE-ALPES : L'ÉCONOMIE SOCIALE ET SOLIDAIRE DANS LA TRANSITION ÉCOLOGIQUE ET ÉNERGÉTIQUE EN - CRESS AURA
L’ÉCONOMIE SOCIALE ET
SOLIDAIRE DANS LA TRANSITION
ÉCOLOGIQUE ET ÉNERGÉTIQUE EN
   AUVERGNE-RHÔNE-ALPES :
 ÉTAT DES LIEUX ET PERSPECTIVES
ÉTAT DES LIEUX ET PERSPECTIVES - AUVERGNE-RHÔNE-ALPES : L'ÉCONOMIE SOCIALE ET SOLIDAIRE DANS LA TRANSITION ÉCOLOGIQUE ET ÉNERGÉTIQUE EN - CRESS AURA
SOMMAIRE
Édito                                                                                                          02

Introduction                                                                                                   03

01 - Alimentation et agriculture durables                                                                      08
1 - L’alimentation, un secteur à fort enjeu pour la transition écologique
2 - Les acteurs de l'ESS de l'alimentation : apports et opportunités

02 - Déchets et réemploi - Réutilisation - Recyclage                                                           20
1 - La nécessité de limiter les déchets implique de repenser nos modes de production et de consommation
2 - Les acteurs de l'ESS des déchets : apports et opportunités

03 - Mobilité durable                                                                                          30
1 - La mobilité, une activité majeure de la vie quotidienne qui porte des enjeux multiples
2 - Les acteurs de l'ESS de la mobilité durable : apports et opportunités

04 - Habitat et bâtiment durables                                                                              43
1 - Repenser la construction et l’organisation de l’habitat pour un aménagement plus durable des territoires

2 - Les acteurs de l'ESS de l'habitat durable : apports et opportunités

05 - Transition énergétique                                                                                    56
1 - La production et la consommation d’énergie, des activités stratégiques de la transition
2 - Les acteurs de l'ESS de la transition énergétique : apports et opportunités

06 - Éducation à l'environnement et au développement durable                                                   68

Conclusion                                                                                                     72
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ÉDITO
À
            l’heure où tous les regards se tournent vers    la transition de nos modes de consommation et de
            le plan de relance et la construction du        production.
            « monde d’après », nous n’avons jamais eu
autant de possibilités de transformer un problème en        Par son fonctionnement en réseau qui encourage le
opportunité, en portant une relance tournée vers la         partage d’information, l’ESS insuffle et inspire au plus
transition écologique, qui serait également salvatrice      près des territoires. Elle favorise la coopération entre
pour notre économie et bénéfique à notre société.           acteurs et permet l’émergence de nouvelles filières,
                                                            de nouvelles compétences et de nouveaux projets en
C’est en tout cas la conviction des acteurs de l’Éco-       faveur de cette transition.
nomie Sociale et Solidaire (ESS) qui s’investissent sur
des projets pérennes pour l’environnement, prônant          Cette étude, inscrite dans le cadre d’une conven-
un modèle de développement plus durable et plus             tion de partenariat pluriannuelle entre l’ADEME et
humain. L’engagement vers la transition écologique          la CRESS, a pour objet de définir la place de l’ESS
et énergétique est historique et fait partie intégrante     dans la transition écologique et énergétique en
du modèle ESS, en témoigne cette réponse de pre-            Auvergne-Rhône-Alpes à travers un état des lieux
mière nécessité, génératrice d’emploi et de réduction       permettant d’envisager des perspectives et des
des déchets grâce au réemploi, que proposent les            évolutions. Ce partenariat, depuis bientôt 3 ans, a
communautés Emmaüs créées dès les années 1950.              également permis la publication de 5 notes théma-
C’est une conviction et un engagement que l’ADEME           tiques présentant les acteurs de l’ESS existants et
et la CRESS partagent.                                      les opportunités de développement de nouvelles
                                                            activités. Ces publications abordent l’alimentation et
Cette perspective n’est pas une utopie et cet exemple       les circuits courts, la mobilité, le bâtiment durable, la
loin d’être isolé : l’ESS apporte quotidiennement des       production d’électricité renouvelable, les manifesta-
solutions innovantes et durables, inclusives, pour-         tions écoresponsables, et viennent alimenter la pro-
voyeuses d’emplois non délocalisables et généra-            motion d’une économie plus solidaire, plus durable
trices d’activité de proximité. C’est le cas notamment      ainsi qu’une réflexion quant aux activités à soutenir
dans les domaines de la mobilité, de l’alimentation,        sur les territoires dans les années à venir.
de l’habitat, des déchets, ou encore de l’énergie.
                                                            S’affranchir de la dichotomie entre économie et
La première condition d’une transition, c’est une           écologie permet d’aborder ces sujets de manière
volonté de changement ; la seconde c’est l’action           globale et de très nombreux dispositifs du Plan de
et c’est en (re)donnant le pouvoir d’agir aux citoyens      relance promeuvent la mise en œuvre des solutions
que la transition écologique peut réussir. Parmi ses        énergétiques et environnementales de demain.
principes fondamentaux, l’ESS inscrit la gouvernance
démocratique comme un concept central, avec l’idée          L’ESS est déjà moteur de ces transitions et pleinement
qu’une personne égale une voix. Cette participation         mobilisée sur ces questions : notre défi est d’inspirer
citoyenne permet à tout un chacun d’être acteur du          l’ensemble des économies, d’impliquer l’ensemble
changement, car après lui avoir permis de conscien-         des citoyens, d’encourager l’ensemble de la société
tiser le problème, elle lui donne l’opportunité de          à converger vers le même objectif. Celui d’un modèle
proposer des idées. L’ESS est aussi un levier pour          écologique durable et solidaire.

             Armand ROSENBERG           Jérôme D’ASSIGNY
             Président de la CRESS      Directeur régional Auvergne-
             Auvergne-Rhône-Alpes       Rhône-Alpes de l’ADEME
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INTRO
Contexte et
présentation de l’étude

Green Deal, évolution de la règlementation (Régle-          consommation, vers une plus grande économie et
mentation Environnementale 2020…), mouvements               une meilleure gestion des ressources.
citoyens… : les voyants sont au vert pour engager une       L’objectif est de repérer les initiatives exemplaires
véritable transition écologique. D’autant que l’impact      existantes, mais également les opportunités et les
du changement climatique est de plus en plus visible        freins au développement de celles-ci. Il s’agit de
(acidification des océans, incendies dévastateurs, sé-      révéler des tendances, de mettre en lumière le
cheresses, inondations, extinction d’espèces, baisses       poids de l’ESS dans la transition écologique, ainsi
des rendements agricoles…). L’économie sociale              que les acteurs précurseurs dans ces différents
et solidaire basée sur la coopération, la solidarité,       secteurs d’activité.
l’ancrage territorial mais aussi l’intérêt collectif nous
montre qu’il est tout à fait possible de concilier envi-    Par cette mise en valeur des réponses apportées
ronnement, utilité sociale et activité économique.          par l’ESS, cette étude ambitionne également de
                                                            démontrer aux acteurs publics des territoires,
Cette étude a pour objectif de mettre en lumière la         l’intérêt de nouer des partenariats avec ces struc-
place de l’ESS dans la transition écologique sur le         tures et de les appuyer dans leur développement,
territoire de la région Auvergne-Rhône-Alpes. Elle          afin d’atteindre les objectifs qu’ils se sont fixés en
ambitionne de dresser un état des lieux des struc-          termes de transition écologique et de développe-
tures de l’ESS dont l’activité principale participe à       ment durable.
une transformation des modes de production et de
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Les liens entre                       leurs entre ESS et transition écolo-   préoccupations       et    spécificités
    l'Économie Sociale et                 gique. On constate que les struc-      locales.
                                          tures de l’ESS sont aujourd’hui
    Solidaire (ESS) et la
                                          très présentes dans le secteur du      Les activités des entreprises so-
    Transition Écologique et              réemploi, de l’éducation/sensibi-      ciales et solidaires sont les seules
    Énergétique (TEE)                     lisation à l'environnement et in-      à s’’inscrire statutairement dans
                                          vestissent depuis de nombreuses        une logique de pérennité de leur
    L’économie sociale et solidaire       années d’autres secteurs comme         modèle socioéconomique. Les
    (ESS) représente plus de 30 000       l’alimentation durable ou encore       bénéfices et les excédents sont
    établissements en Auvergne-Rhô-       l’écomobilité.                         systématiquement réinvestis en
    ne-Alpes et regroupe des asso-                                               majorité ou en totalité dans l’en-
    ciations, mutuelles, coopératives,    L’ESS peut constituer un véritable     treprise. Le capital est faiblement
    fondations et sociétés com-           levier pour accélérer la transition    ou pas du tout rémunéré. Il s’agit
    merciales de l’ESS, dans divers       écologique par sa gouvernance          de préserver ainsi durablement
    secteurs d’activité. Elle occupe      spécifique et ses valeurs mises en     des activités économiques d’inté-
    une place importante dans la tran-    pratique. En effet, elle place les     rêt collectif ou d’utilité sociale au
    sition écologique, du fait de son     personnes au coeur de l’action et      profit de l’ensemble des parties
    positionnement historique (cer-       donc invite les citoyens, salariés,    prenantes qui concourent à leur
    taines associations ou entreprises    entreprises, etc. à participer aux     réalisation sur le territoire (salariés,
    comme Emmaüs participaient à          décisions et aux changements. Les      usagers bénéficiaires ou clients,
    l’économie circulaire avant que ce    structures de l’ESS ont un ancrage     bénévoles, associés, collectivi-
    concept ne fasse irruption en tant    territorial fort qui leur permet de    tés, etc.).
    que tel), et de la proximité de va-   traiter les enjeux au plus près des

                                              On constate que les structures
                                              de l'ESS sont aujourd'hui très
                                              présentes dans le secteur du
                                              réemploi, de l'éducation/sen-
                          ESS                 sibilisation à l'environnement
                                              et investissent depuis de nom-
                                              breuses années d’autres sec-
                                              teurs comme l’alimentation du-
                                              rable ou encore l’écomobilité.

Introduction                                                                                                                4
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?
                                                      PANORAMA DES STRUCTURES
                                                      EN AUVERGNE-RHÔNE-ALPES

                                                           grandes thématiques ont été retenues pour
                                                           classifier les entreprises de l’ESS actives dans le
                                                           champ de la transition écologique :

                                                                      AGRICULTURE
                                                                      ET ALIMENTATION
                                                                      DURABLE

                                                                      DÉCHETS ET RÉEMPLOI -
                                                                      RÉUTILISATION -
                                                                      RECYCLAGE

    Méthodologie de l'étude
    L’élaboration d’une première base de don-
                                                                      MOBILITÉ
    nées a été amorcée à partir du croisement
                                                                      DURABLE
    du fichier des acteurs de l’ESS (source :
    retraitement de fichier INSEE), avec les an-
    nuaires de différents réseaux et structures
    investis dans le champ de la TEE (ADEME,                          HABITAT ET
    collectivités territoriales, Réseau des res-
                                                                      BÂTIMENT DURABLE
    sourceries, Graine, etc.)1. L’objectif étant de
    s’appuyer sur les réseaux disposant d’une
    bonne connaissance des structures déjà
    engagées dans la TEE, et d’identifier, parmi
    celles-ci, lesquelles relèvent du secteur de                      TRANSITION
    l’ESS.                                                            ÉNERGÉTIQUE OU
                                                                      ÉNERGIES DURABLES
    En parallèle, des entretiens avec des struc-
    tures de différents secteurs d’activité de
    la transition écologique ont été conduits,
    afin de mettre en avant les initiatives exem-     Les structures peuvent relever de 2 thématiques
    plaires et de mieux comprendre les enjeux         complémentaires : par exemple Mobilité durable &
    pour leur secteur d’activité.                     Déchets pour les ateliers vélo (qui promeuvent un
                                                      moyen de mobilité douce et active, tout en évitant
    Des précisions concernant la méthodologie         la production de déchets par la réparation, la vente
    sont apportées en annexe de cette étude.          d’occasion et le réemploi de pièces mécaniques).

    1
        Liste plus complète en annexe

Introduction                                                                                                     5
Le choix a été fait de les raccrocher à une thématique                biodiversité » lorsqu’elles sont vraiment dédiées à la
    principale (ici, la mobilité) et de leur affecter une thé-            préservation de l’environnement naturel.
    matique secondaire (les déchets).
                                                                          Toutefois, elles ont pour la très grande majorité une
    Parce que l’ESS est particulièrement active en ma-                    activité centrée sur la sensibilisation et l’éducation
    tière de sensibilisation à l’environnement et d’accom-                à l’environnement à destination de tout type de
    pagnement au changement (travail sur la capacité                      publics (citoyens, entreprises, collectivités…). Elles
    d’agir des citoyens et des entreprises), un sixième                   seront donc intégrées dans le paragraphe spéci-
    focus sur l’« Éducation à l’Environnement et au Dé-                   fique consacré à l’Éducation à l’Environnement et au
    veloppement Durable » a été réalisé pour montrer                      Développement Durable (EEDD) sans être étudiées
    l’importance de cette activité au sein de l’ESS.                      comme un secteur d’activité à part entière.
                                                                          Loin de rechercher l’exhaustivité et de se centrer sur
    Certaines structures, quant à elles, s’avèrent com-                   une analyse quantitative, les chapitres qui suivent
    pliquées à classer dans l’une ou l’autre de ces thé-                  visent plutôt la mise en lumière du rôle des acteurs
    matiques, car elles ont une activité très transversale                de l’ESS dans la transition et les opportunités de
    (exemple : France Nature Environnement). Celles-ci                    développement qui s’offrent encore à eux dans les
    ont donc été comptabilisées sous une catégorie                        années à venir.
    large « Transition écologique », ou bien « Nature et

    Un premier recensement a permis d’identifier 704 établissements de l'ESS dont les activités s’inscrivent dans le
    champ de la TEE (dans certains secteurs d’activité, seule la structure tête de réseau a été comptabilisée : c’est
    le cas par exemple des AMAP). Parmi ces structures, la grande majorité sont des associations (92 %), mais les
    coopératives (6 %) sont également bien représentées et le nombre de sociétés commerciales de l'ESS, plus
    récentes, est en croissance.

    Répartition géographique
    Le Rhône, l’Isère et le Puy-de-Dôme font partie des départements les plus représentés dans la base de
    données des structures ESS et TEE, ce qui est cohérent avec le dynamisme économique de ces départements.

                                  Répartition géographique des structures étudiées

      30%
                  25%
      25%
      20%
                          15%
      15%                         11%     11%
      10%                                               8%       7%
                                                                           5%      5%        4%             4%
       5%                                                                                                                3%       2%
      0%
                                                                                            Haute-Savoie

                                                                                                           Haute-Loire

                                                                                                                         Allier

                                                                                                                                  Cantal
                  Rhône

                          Isère

                                  Drôme

                                          Puy-de-Dôme

                                                        Loire

                                                                Ardèche

                                                                           Ain

                                                                                   Savoie

Introduction                                                                                                                               6
Répartition thématique
    En prenant en compte les thématiques principale et secondaire des établissements recensés, on observe que
    celle des déchets / RRR concerne la moitié des structures. Cela s’explique par le fait que les acteurs de l’ESS
    sont historiquement très présents sur les activités de réemploi.

                                 Activités principales et secondaires des structures étudiées

               Déchets et réemploi-réutilisation-recyclage                                               49%

                       Alimentation durable et agriculture                         20%

                                           Mobilité durable                 13%

                                     Nature et biodiversité                12%

               Transition écologique (activité transversale)          7%

                               Habitat et bâtiment durable           6%

                                     Transition énergétique          6%

                                                               0%   10%          20%     30%   40%     50%        60%

    Nombre de structures
    étudiées par grande thématique
                                                                    Principale                       Secondaire
      Déchets et Réemploi-Réutilisation-Recyclage                      279                              72
      Alimentation et agriculture durables                             135                               4
      Mobilité durable                                                 87                                1
      Nature et biodiversité                                           80                                1
      Transition écologique                                            50                                0
      Transition énergétique                                           40                                0
      Habitat et bâtiment durables                                     33                                8

Introduction                                                                                                            7
01
Alimentation
et agriculture
durables
_
01 · L'alimentation, un secteur à fort enjeu pour la transition énergétique
02 · Les acteurs de l'ESS de l'alimentation : apports et opportunités

                                                                              8
L’ALIMENTATION, UN SECTEUR À FORT ENJEU
  POUR LA TRANSITION ÉCOLOGIQUE

                                       L’alimentation est un besoin humain fondamental et
                                       vital dont les évolutions reflètent les changements
                                       de société. Les systèmes alimentaires se sont sans
                                       cesse complexifiés au fur et à mesure du dévelop-
                                       pement humain, pour atteindre aujourd’hui un stade
                                       industriel, tertiarisé et globalisé.

                                       Cette complexification conduit notamment à la mul-
                                       tiplication des intermédiaires entre le producteur
                                       et le consommateur, qui peuvent être très éloignés
                                       géographiquement et socialement. Par ailleurs,
                                       le contenu de l’assiette s’industrialise avec la pro-
                                       gression du « prêt-à-manger » et de la restauration
                                       collective. Les comportements alimentaires se mo-
                                       difient également, et on observe une diminution du
                                       temps du repas (surtout en semaine).

                                       Dans ce système agricole et alimentaire, les per-
                                       sonnes précaires ont peu accès à une alimentation
                                       durable et équilibrée : 1/4 des Français rencontrent
                                       des difficultés à se procurer une alimentation saine
                                       leur permettant de faire 3 repas par jour2. L’Agence
                                       nationale de la sécurité alimentaire définit l’insécurité

             1/4 des Français          alimentaire comme la situation d’une population qui
                                       déclare ne pas avoir assez à manger, « souvent » ou

             rencontrent des
                                       « parfois », ou « ne pas pouvoir manger tous les ali-
                                       ments qu’elle souhaite pour des raisons financières ».

             difficultés à se
                                       Dans une étude de 2005-2007, elle évalue à 12,2 %
                                       la part de la population en situation d’insécurité ali-

             procurer une
                                       mentaire3.

             alimentation saine
                                       De plus, la déconnexion entre la capacité de régéné-
                                       ration naturelle des sols et leur niveau d’exploitation a

             leur permettant de
                                       des conséquences irréversibles sur l’environnement,
                                       qui pourraient mettre en péril les futures capacités

             faire 3 repas
                                       nourricières de la Terre.

             par jour.
                                       L’alimentation et l’agriculture durables viennent ainsi
                                       répondre à des enjeux à la fois sociaux, de santé,
                                       économiques et environnementaux. Ces modes de
                                       consommation et de production plus vertueux
                                       s’appuient sur des dynamiques territoriales lo-
                                       cales et bon nombre de structures de l’ESS.

                                                                    2
                                                                        Baromètre de la pauvreté, Ipsos, 2019
                                                                    3
                                                                        Anses, étude Inca2

Alimentation et agriculture durables                                                                            9
Les enjeux de l’alimentation durable

        Enjeux environnementaux                      Enjeux sociaux
                                                                                          Enjeux économiques
     • Limiter la dégradation et            • Améliorer la santé de la
     l’artificialisation des sols (en       population ;                            • Améliorer la qualité de
     diminuant les intrants chimiques       • Redonner confiance à la               vie et l’attractivité du métier
     et les monocultures) ainsi que la      population dans l’alimentation,         d’agriculteur ;
     déforestation ;                        limiter les scandales                   • Créer des emplois non
     • Limiter le réchauffement             alimentaires ;                          délocalisables sur les territoires,
     climatique, et notamment               • Limiter les conflits d’accès à la     réduire la financiarisation de
     l’impact du transport des              terre ;                                 l’économie agricole ;
     marchandises alimentaires à            • Garantir l’accès à une                • Assurer une juste répartition
     travers le globe et des cultures       alimentation de qualité et              de la valeur au profit de l’amont
     sous serres ;                          en quantité suffisante pour             de la filière (agriculteurs).
     • Réduire les déchets associés         l’ensemble de la population
     à l’alimentation, notamment le         mondiale (lutter contre la sous-
     gaspillage alimentaire.                nutrition et la malnutrition).

    Nouvelles tendances
    Face à ces enjeux, la demande des consommateurs            Cette forte demande en faveur d’une alimentation
    pour des produits locaux, de qualité et en agriculture     durable accessible s’est notamment traduite par un
    biologique (même si l’offre de ces derniers n’est pas      renforcement du rôle des territoires sur cette ques-
    toujours locale) est en pleine croissance. La crise de     tion. Les Projets Alimentaires Territoriaux (PAT),
    la COVID-19 est venue renforcer cette tendance, en         issus de la Loi d’avenir pour l’Alimentation, l’Agri-
    démultipliant les initiatives de soutien aux circuits      culture et la Forêt de 2014, sont construits collecti-
    de proximité, pour augmenter la résilience des             vement par les acteurs d’un territoire : agriculteurs,
    territoires et la pérennité des commerces et ex-           entreprises de transformation, distribution et com-
    ploitations locales.                                       mercialisation, collectivités locales et acteurs publics,
                                                               organismes de recherche, associations et collectifs
    Cette tendance en faveur des circuits alimentaires         citoyens, etc. Un PAT est entendu comme un projet
    courts et de proximité va de pair avec les préoccu-        global visant à renforcer l’agriculture locale, l’identité
    pations du consommateur en faveur de la création           culturelle du terroir, la cohésion sociale et la santé des
    d’emplois et d’une rémunération plus juste des pro-        populations, pour une articulation renforcée entre
    duits, pour lutter contre la fragilisation des produc-     « bien produire » et « bien manger » (agroécologie,
    teurs, à travers le commerce équitable par exemple.        valorisation des produits du territoire, éducation à
                                                               l’alimentation, agritourisme, etc.).
    Afin de garantir l’accès pour tous à une alimentation
    de qualité et suffisante, des opérations de sensibilisa-   C’est dans ce contexte que de nombreux acteurs de
    tion et de lutte contre le gaspillage alimentaire se       l’ESS, historiques et plus récents, ont développé une
    développent également auprès de tous les publics,          offre agricole et alimentaire plus durable.
    et notamment les plus jeunes, avec la réalisation
    d’opérations dans les cantines scolaires.

Alimentation et agriculture durables                                                                                        10
LES ACTEURS DE L'ESS DE L'ALIMENTATION :
  APPORTS ET OPPORTUNITÉS

    Panorama de l'ESS dans l'alimentation et l'agriculture durables

    Les enjeux de l’alimentation durable sont multiples
    et trouvent des solutions à l’échelle locale, qui est
    l’échelle d’action privilégiée des acteurs de l’ESS. Ces
    derniers sont présents depuis longtemps sur la théma-
    tique de l’alimentation, à chaque maillon de la filière :

     • Les activités de production : les coopératives agri-
     coles, les jardins de cocagne, etc.
     • La transformation : les conserveries coopératives,
     les légumeries, etc.
     • La collecte / logistique : des groupements de pro-

                                                                  139 structures
     ducteurs, des entreprises proposant des plateformes
     numériques de mutualisation des flux et livraisons, etc.

                                                                  de l'ESS de
     • La distribution : le commerce équitable, les maga-
     sins coopératifs, les épiceries solidaires, les paniers et

                                                                  l'alimentation
     AMAP, l’aide alimentaire, les groupements d’achat, etc.
     • La sensibilisation du consommateur : associations

                                                                  et l'agriculture
     et entreprises sensibilisant au mieux manger, au
     moins gaspiller, au don alimentaire, etc.

    Plus spécifiquement, l’ESS agit par exemple pour :            durables identifiées
     • Faciliter l’installation de nouveaux agriculteurs ;        en Auvergne-
                                                                  Rhône-Alpes,
     promouvoir tous les types d’agriculture durable, y
     compris l’agriculture urbaine et les jardins partagés ;

                                                                  ainsi que 286
     • Favoriser une production agricole durable comme
     vecteur d’inclusion socioprofessionnelle pour des
     personnes éloignées de l’emploi et des personnes
     porteuses d’un handicap (réseau ASTRA, exploita-
     tions maraichères en ESAT, ACI, etc.) ;
                                                                  Associations
     • Développer la valeur par la création et la transfor-
     mation de produits ;
                                                                  pour le Maintien
     • Favoriser les démarches de sensibilisation et d’édu-
     cation, et la création de lien social à travers l’ali-
                                                                  d'une Agriculture
     mentation (atelier potager et permaculture, atelier
     cuisine visant à limiter le gaspillage alimentaire, lieu
                                                                  Paysane (AMAP) et
     de cuisine collectif, etc.) ;
     • Favoriser l’accès à tous à une alimentation durable
                                                                  102 coopératives
     et de qualité (épiceries solidaires, groupements
     d'achats, etc.).
                                                                  agricoles bio.

Alimentation et agriculture durables                                                     11
L'APPORT PARTICULIER DE L'ESS :
        Force est de constater que les initiatives en faveur    de coopération territoriale de l’ESS. Ses membres
        d’une alimentation plus durable sont avant tout         sont des acteurs de la production, la transforma-
        développées et expérimentées à une échelle très         tion, la distribution et le développement de l’agri-
        locale. Pour répondre aux enjeux et à la demande        culture paysanne. L’objectif, à travers des temps
        croissante, et ainsi permettre à ces projets de         d’échange collectifs, est de susciter des projets
        changer d’échelle, il apparaît nécessaire de dé-        entre acteurs du territoire pour dynamiser la filière
        velopper les coopérations au sein de la filière         alimentaire.
        alimentaire, à l’échelle des territoires. L’ESS offre
        un cadre propice au développement de projets            En outre, face à la fermeture des commerces,
        collectifs, associant différents types d’acteurs,       notamment alimentaires, dans les territoires ru-
        notamment grâce à des modèles coopératifs.              raux, de plus en plus de projets ESS proposent
        En facilitant la mutualisation et la coopération,       de réouvrir des lieux et d’apporter des services
        ils permettent la structuration d’une filière. On       qui répondent aux besoins des territoires, en
        peut citer par exemple le Groupement Régional           impliquant les habitants et les acteurs locaux. Du
        Alimentaire de Proximité (GRAP), une société            fait de son modèle participatif, l’ESS permet
        coopérative d’intérêt collectif dans le Rhône, qui      donc à ces territoires de repenser le modèle
        réunit une cinquantaine d’activités de transforma-      des commerces alimentaires et de renouveler
        tion et distribution dans l’alimentation bio-locale,    l’offre en adéquation avec les attentes de
        dans un rayon de 150 km autour de Lyon.                 la population. Les exemples sont multiples, à
                                                                l’image des Comptoirs de Campagne, magasins
        Le Bol, qui est un pôle de coopération sur l’ali-       commercialisant des produits locaux en circuit
        mentation réunissant une trentaine d’organisa-          court et des services de proximité, dans les
        tions lyonnaises, illustre également le potentiel       centres-bourgs.

Alimentation et agriculture durables                                                                                    12
Les solutions apportées par l'ESS

    Maintenir et développer                              alternatives. Coop de France           partagés d’habitants dans la
    une agriculture locale et                            Auvergne-Rhône-Alpes recense           région. Ces derniers permettent
    de qualité                                           ainsi 102 coopératives et filiales     à des citoyens de cultiver eux-
                                                         certifiées Agriculture biologique      mêmes des fruits et légumes, pour
L’agriculture est le premier maillon                     sur la région (1 coopérative sur       s’en partager ensuite la récolte. Ils
du système alimentaire. Déve-                            3)4. Toutefois, la concentration des   offrent l’accès à une alimentation
lopper une production agricole                           activités et l’émergence de grands     produite localement, à moindre
durable et responsable permet                            groupes coopératifs rend parfois       coût, et ont un fort aspect pé-
de retrouver une terre de quali-                         complexe la conciliation d’un ob-      dagogique en permettant aux
té, et de répondre à la demande                          jectif de profits sur des marchés      habitants de se réapproprier les
croissante en produits locaux et                         très concurrentiels et celui de        savoirs jardiniers.
respectueux de l’environnement.                          juste rémunération des produc-
Pourtant, des difficultés d’accès                        teurs. Le soutien aux agriculteurs     Les 20 Jardins de Cocagne de la
au foncier (diminution des sur-                          émane donc aujourd’hui égale-          région allient quant à eux produc-
faces agricoles, concurrence pour                        ment d’une multitude d’autres          tion maraichère biologique, dis-
l’accès aux terres, etc.), mais éga-                     structures de l’ESS, qu’il s’agisse    tribution en circuits courts à leurs
lement aux savoir-faire, notam-                          des espaces-tests agricoles, des       adhérents et insertion sociale et
ment pour les néo-agriculteurs                           foncières à l’image de Terres de       professionnelle (sous forme d’Ate-
(environ 1/3 des installations), per-                    Liens, etc.                            liers Chantiers d’Insertion).
sistent. L’ESS tente de s’attaquer à                                                            Certaines initiatives s’emparent
ces problématiques.                                      Un autre enjeu auquel les acteurs      également de la question de la
                                                         de l’ESS cherchent à répondre          transformation des produits dans
L’Économie Sociale et Solidaire                          est le maintien de l’agriculture       les fermes ou à proximité, pour
est particulièrement présente                            en ville, notamment à travers les      apporter un complément de re-
dans la thématique de l’alimen-                          jardins qui permettent à la pro-       venu aux agriculteurs et/ou éviter
tation durable à travers les coo-                        duction alimentaire d’être réintro-    les pertes et le gaspillage liés à la
pératives agricoles, qui sont des                        duite dans les territoires urbains.    saisonnalité.
acteurs importants de structura-                         L’association Le Passe-Jardins
tion des filières agroalimentaires                       ressence par exemple 183 jardins
4
    Panorama de la coopération agricole 2017 Auvergne-Rhône-Alpes, Coop de France AURA

                                                                                                                                        13
Freins à surmonter :

         • Difficultés à supporter les coûts spécifiques du bio dans l’agriculture (beaucoup de main d’œuvre,
         peu de subventions pour de petites superficies, manque de visibilité, contraintes de volume, etc.).

         • Sur les activités de production, présence d’aléas climatiques qui peuvent contraindre le choix des
         cultures et nécessiter des installations sous serre et font également peser un risque important sur les
         exploitations en monoculture.

         • Réticence au changement chez certains producteurs, qui craignent de ne plus pouvoir répondre aux
         exigences de l'aval de la filière.

         • Difficulté d'accès au foncier pour les jeunes agriculteurs.

                  Exemples de structures de l’ESS apportant des solutions :

                    • Terroirs de Haute-Loire – Une SCIC qui regroupe des agriculteurs, artisans, organi-
                    sations professionnelles et bénéficiaires pour faire connaître les produits agricoles et
                    alimentaires d’Auvergne.

                    • Terre de Liens – Un réseau national qui vise à enrayer la disparition des terres agri-
                    coles, en achetant du foncier agricole pour le louer aux agriculteurs qui s’installent ou
                    se développent.

                    • ARDEAR AURA – L’Association Régionale pour le Développement de l’Emploi Agri-
                    cole et Rural fédère 9 associations départementales qui ont pour but de promouvoir
                    l’agriculture paysanne, le dynamisme des campagnes et des conditions de vie dé-
                    centes pour les paysans.

                    • Ilots Paysans – Une association qui rassemble des agriculteurs, associations, coopé-
                    ratives, citoyens et collectivités locales dans l’animation d’un espace-test en archipel
                    en Auvergne. 14 « fermes-tests » sont aujourd’hui accompagnées.

                    • Les Incroyables Comestibles - Un mouvement promouvant l’agriculture urbaine par-
                    ticipative, avec de nombreuses associations locales qui incitent les citoyens à planter
                    des plantes nourricières dans l’espace public, de manière libre et partagée.

Alimentation et agriculture durables                                                                               14
Rapprocher le consommateur et le
     producteur (circuits alimentaires de                     l’implication des citoyens dans leur alimentation,
     proximité) et favoriser une alimentation                 et à intensifier les liens entre les différents mail-
     de qualité pour tous                                     lons de la chaîne, tout en réduisant le nombre
                                                              d’intermédiaires.
    Face à la complexification des systèmes alimentaires,
    des initiatives s’attellent à rapprocher le producteur    La région Auvergne-Rhône-Alpes compte 286 AMAP.
    et le consommateur en créant des circuits alimen-         Ces associations mettent en lien direct des paysans
    taires de proximité. Cette proximité se manifeste à       avec un groupe de consommateurs, qui s’engagent
    travers la distance géographique moindre mais éga-        à acheter leur production à un prix équitable et en
    lement les liens sociaux entre le consommateur et le      payant à l’avance. Les consommateurs rencontrent
    producteur.                                               les paysans sur une base régulière pour récupérer
                                                              leurs produits, fixent de manière collective les règles
    Les acteurs de l’ESS dans la thématique de l’alimen-      de gestion de l’AMAP et partagent les risques d’aléas
    tation durable travaillent particulièrement à faciliter   avec les producteurs.

Alimentation et agriculture durables                                                                                    15
Freins à surmonter :

         • Fortes contraintes logistiques et organisationnelles des livraisons pour les agriculteurs qui vendent
         en circuit court.

         • Formation insuffisante chez les agriculteurs sur le fonctionnement en circuit court (communication
         commerciale, logistique des livraisons, réglementations sanitaire et commerciale, viabilité économique,
         etc.).

         • Inadéquation entre l’offre et la demande (type de produits, volumes, prix, etc.) encore trop importante.

         • Freins psychologiques au niveau des consommateurs (changement des pratiques d’achat, prix perçu
         élevé, communication peu adaptée à certains publics, etc.).

                  Exemples de structures de l’ESS apportant des solutions :

                    • Coop des Dômes – Un magasin coopératif et participatif à Clermont-Ferrand : les
                    membres-coopérateurs participent aux décisions d’approvisionnement et au fonction-
                    nement du magasin avec quelques heures de bénévolat par mois ; en échange d’un
                    accès à des produits locaux, de qualité, à un prix accessible.

                    • La Charrette bio – Une association qui organise la vente directe de produits locaux
                    à 100 % en agriculture biologique, sous forme de paniers. L’association est administrée
                    par ses 15 producteurs, et propose 6 points de livraison à Grenoble.

                    • Mangez Bio Isère – Une SCIC qui propose un accompagnement logistique et com-
                    mercial aux producteurs et transformateurs isérois bio afin de développer leurs ventes
                    dans le secteur de la restauration collective et commerciale.

                    • VRAC (Vers un Réseau d’Achat en Commun) – Une association qui favorise le déve-
                    loppement de groupements d’achats dans les quartiers prioritaires de l’agglomération
                    lyonnaise. Le projet de l’association est orienté vers l’accès du plus grand nombre
                    à des produits de qualité issus de l’agriculture paysanne/biologique/équitable à des
                    prix bas, grâce à la réduction des coûts intermédiaires (circuits courts) et superflus
                    (limitation des emballages).

Alimentation et agriculture durables                                                                                  16
Lutter contre le                                              en 2016. Cette réglementation in-      tion pour les professionnels de la
        gaspillage alimentaire                                        terdit aux professionnels de dété-     restauration collective de mettre
                                                                      riorer leurs invendus alimentaires,    en place une démarche de lutte
    En France, 10 millions de tonnes                                  et inscrit la solidarité comme         contre le gaspillage alimentaire.
    d’aliments consommables sont je-                                  modalité dans la lutte contre le
    tés chaque année5. La lutte contre                                gaspillage alimentaire. Les actions    Dans ce cadre, les structures de
    le gaspillage alimentaire répond                                  prioritaires énoncées sont, dans       l’ESS sont des acteurs importants
    à des enjeux environnementaux                                     l’ordre d’importance : la sensibili-   de la prévention du gaspillage
    (diminution des déchets dans une                                  sation des consommateurs, le don       alimentaire, à travers la sensibi-
    logique d’économie circulaire)                                    aux associations d’aide alimen-        lisation des consommateurs et
    et sociaux (redistribution des in-                                taire, le don pour l’alimentation      notamment dans la restauration
    vendus à des publics en difficulté                                animale et enfin le compostage.        collective. Les acteurs de l’ESS
    alimentaire).                                                                                            jouent également un rôle d’inter-
                                                                      En 2020, la Loi relative à la lutte    médiaire entre les profession-
    La législation française a été pion-                              contre le gaspillage et à l’éco-       nels et les associations d’aide
    nière en la matière avec l’adop-                                  nomie circulaire (AGEC) renforce       alimentaire. Ils développent enfin
    tion de la loi Garrot contre le                                   les obligations de la loi Garrot.      des solutions de compostage de
    gaspillage alimentaire adoptée                                    Elle intègre une nouvelle obliga-      proximité6.

    5
        Source : Le Monde, 2018
    6
        Voir partie Déchets et réemploi - Réutilisation - Recyclage

Alimentation et agriculture durables                                                                                                              17
Freins à surmonter :

            • Structuration insuffisante de la filière : les producteurs peuvent faire face à des problématiques
            pour écouler leurs stocks par moment, ce qui peut générer du gaspillage.

            • Moyens financiers, logistiques et humains limités pour les associations qui récupèrent les denrées
            alimentaires (camions - éventuellement frigorifiques, chauffeurs, lieux de stockage, réfrigérateurs,
            etc.), ce qui limite leur capacité à collecter les dons, notamment pour des faibles quantités ou des
            zones géographiques moins denses.

            • Des idées reçues qui perdurent et une réticence des consommateurs et des restaurateurs à déve-
            lopper certaines pratiques (exemple : « doggy-bag » au restaurant).

                  Exemples de structures de l’ESS apportant des solutions :

                  • Le chainon manquant – Une association lyonnaise qui lutte contre le gaspillage ali-
                  mentaire en récupérant des invendus alimentaires auprès de professionnels et en les
                  redistribuant à des associations caritatives.

                  • Phenix – Une entreprise nationale agréée ESUS, qui propose plusieurs alternatives
                  pour les invendus alimentaires, dont la revente à prix réduits sur une application.

                  • Récup’&Gamelles – Une association lyonnaise engagée dans la lutte contre le gas-
                  pillage alimentaire, à travers la collecte d’invendus, leur transformation et vente à petits
                  prix, ainsi que des animations et des ateliers anti-gaspillage à destination du grand
                  public.

Alimentation et agriculture durables                                                                               18
Les perspectives pour les acteurs de l'ESS

        Continuer à développer les circuits courts, le             Compléter le modèle économique des structures
     bio, le local et la qualité qui sont de véritables          agricoles, via le développement d’activités de
     tendances de fond. Les marchés publics présentent           transformation de légumes, permettant également
     notamment un effet levier important : la Loi pour           d’absorber les surplus de production (conserves de
     l'équilibre des relations commerciales dans le              soupes, purées et coulis).
     secteur agricole et alimentaire et une alimentation
     saine, durable et accessible à tous (EGalim) de               S’appuyer sur le développement des plateformes
     2018, impose aux services de restauration collective        numériques de distribution pour toucher de nou-
     publics à compter du 1er janvier 2022, de proposer          velles cibles.
     au moins 50 % de produits de qualité et durables,
     dont au moins 20 % de produits biologiques.                   Poursuivre la sensibilisation des consommateurs
                                                                 au travers d’actions pédagogiques autour du « bien
       Travailler avec les territoires pour créer, dévelop-      produire », « bien manger » et « moins jeter ».
     per et valoriser des filières locales (exemple des
     Signes d’Identification de Qualité et d’Origine, des          S’appuyer sur le financement participatif et les
     labels, etc.).                                              monnaies locales pour soutenir les projets de pro-
                                                                 duction alimentaire bio et locale, au juste prix.

        FOCUS
               Biau Jardin (Gerzat,63)
               Biau Jardin a été créé en 1997, avec un pas-     ASTRA (Agriculture Sociale et thérapeutique
               sage en SCIC en 2007. La structure produit       en Rhône Alpes).
               en maraîchage biologique et distribue ses
               légumes et produits bio via les paniers, sa      La culture au Biau Jardin s’effectue sur 17 ha,
               boutique et le demi-gros.                        dont la majorité est en location (Biau Jardin
                                                                est propriétaire de 5 ha de terre) et dans 2
               Actuellement, la structure compte 200 asso-      serres (2000 m2 au total, non chauffées).
               ciés : salariés, collectivités, consommateurs,   Ses circuits de commercialisation :
               soutiens privés, réseau ESS et agriculture
               bio…                                             • Vente aux particuliers (1000 paniers bio/
                                                                semaine dans 50 dépôts de l’agglomération
               C’est l’une des rares SCIC sur l’agriculture     clermontoise, boutique à la ferme).
               en insertion : elle embauche des personnes       • Demi gros pour restaurants, restaurations
               en difficulté par rapport à l’emploi pour les    collectives (collectivités et établissements
               accompagner dans la construction de leur         scolaires via la plateforme Auvergne Bio
               projet professionnel. Biau Jardin emploie 25     Distribution), supérettes…
               ETP dont 13 ETP en insertion.
                                                                Ses produits bio se veulent équitables et
               Elle s’inscrit dans le mouvement des SIAE        solidaires. Biau Jardin réalise des paniers de
               agricoles et de transformation alimentaire,      légumes étudiants, agit pour la sensibilisa-
               dont font partie les Jardins de Cocagne (qui     tion citoyenne, soutient toutes les initiatives
               sont très implantés en Auvergne-Rhône-           locales et donne ses surplus de récoltes à
               Alpes, à l’image des Jardins de Lucie à          des associations caritatives.
               Communay dans le Rhône) et le réseau

Alimentation et agriculture durables                                                                                  19
02
Déchets et
réemploi -
Réutilisation -
Recyclage
_
01 · La nécessité de limiter les déchets implique de repenser
nos modes de production et de consommation
02 · Les acteurs de l'ESS des déchets : apports et opportunités

                                                                  20
LA NÉCESSITÉ DE LIMITER LES DÉCHETS IMPLIQUE
  DE REPENSER NOS MODES DE PRODUCTION ET DE
  CONSOMMATION

                                                                                                Nos systèmes de production modernes fonctionnent
                                                                                                majoritairement de façon linéaire : des ressources
                                                                                                sont extraites pour fabriquer divers biens, qui sont
                                                                                                consommés puis jetés lorsqu’ils arrivent en fin de vie.
                                                                                                Ce schéma a atteint ses limites économiques, envi-
                                                                                                ronnementales et sociales.

                                                                                                La production des équipements a un fort impact en-
                                                                                                vironnemental car elle consomme beaucoup de res-
                                                                                                sources, à tel point que l’équivalent de 2,9 planètes
                                                                                                serait nécessaire si le mode de vie des Français était
                                                                                                généralisé à la population mondiale7.

                                                                                                En bout de chaîne, les quantités de déchets produits
                                                                                                ne sont pas totalement absorbées par les filières de
                                                                                                traitement ou de recyclage et un certain nombre fi-
                                                                                                nissent dans des immenses décharges dans les pays
                                                                                                en développement, ou dans la nature. L’utilisation
                                                                                                du plastique ayant été multipliée par 20 en 50 ans8,
                                                                                                on parle d’un « 7ème continent de plastique » pour

                 "l’équivalent
                                                                                                évoquer les immenses amas de déchets présents
                                                                                                dans les océans.

                 de 2,9 planètes                                                                La réduction de la consommation des ressources
                                                                                                utilisées et des déchets produits, à travers des mo-
                 serait nécessaire                                                              des de production et de consommation circulaires,
                                                                                                apparaît donc comme une nécessité. Les acteurs de

                 si le mode de                                                                  l’ESS, présents historiquement dans les activités de
                                                                                                réemploi et réutilisation, proposent des alternatives.

                 vie des Français
                 était généralisé
                 à la population
                 mondiale"

    7
        Source : ADEME, Infographie économie circulaire, février 2019
    8
        Source : Ellen Macarthur fondation, The new plastics economy : Rethinking the future of plastics, 2016

Déchets et réemploi-Réustilisation-Recyclage                                                                                                              21
Les enjeux de la gestion des déchets

                        Enjeux environnementaux                                                                Enjeux économiques et sociaux

      • Limiter l’utilisation des ressources non                                                 • Réduire les coûts de gestion et de traitement des
      renouvelables, en anticipant la raréfaction de                                             déchets pour la collectivité et les citoyens ;
      certaines ressources comme les métaux (cuivre,                                             • Créer des emplois locaux sur le territoire ;
      argent, zinc, nickel), le sable, l’eau, etc ;                                              • Contribuer à l’émergence de nouveaux métiers et
      • Limiter l’incinération ou l’enfouissement des                                            à la formation de personnes éloignées de l’emploi.
      déchets, afin notamment de réduire les émissions
      de GES et de préserver les milieux ;
      • Allonger la durée de vie des appareils
      manufacturés par la réutilisation de matières
      premières secondaires : développement d’une
      économie de service, de réparation, recyclage,
      réemploi.

    Nouvelles tendances
    La gestion des déchets englobe les opérations de                                             objectifs d’optimisation du cycle de vie des produits
    collecte, de tri, de traitement, de valorisation (répa-                                      mis sur le marché, de réemploi, d’allongement de
    ration/vente/réutilisation pour prolonger la durée                                           la durée de vie des produits, de meilleure collecte
    d’usage)9 et d’élimination. Ce sont des activités clés                                       (seulement 50 % des emballages sont porteurs
    de l’économie circulaire, système qui vise à optimiser                                       d’une consigne de tri), d'intégration d’un taux mini-
    l’utilisation des ressources en s’appuyant sur 3 prin-                                       mal de matière recyclée dans les produits, etc.
    cipes : réduire les intrants / réutiliser / recycler.
                                                                                               Côté consommateurs, la loi AGEC fixe des objectifs
    Les enjeux de la gestion des déchets concernent aus-                                       de renforcement de l’information du consomma-
    si bien l’amont que l’aval de la filière, du producteur                                    teur, pour lui permettre de devenir acteur en faisant
    au consommateur.                                                                           les bons choix de consommation, et en adoptant les
                                                                                               bons réflexes. En effet, une étude de 2019 conduite
    Côtés professionnels, des incitations émanent des                                          par l’Observatoire Société et Consommation (Ob-
    récentes lois :                                                                            soco) courant 2019 met en évidence les changements
                                                                                               de comportements des consommateurs français. Si
      • La loi relative à la Transition Energétique pour                                       le tri, le recyclage des objets ou la réduction des
      la Croissance Verte (LTECV) donne notamment la                                           emballages semblent être entrés dans les pratiques
      priorité à la prévention et réduction de la produc-                                      quotidiennes, le réemploi ou le partage d’objets
      tion de déchets (bâtiments et travaux publics) et                                        (économie collaborative) semblent encore appro-
      vise à développer la valorisation et le réemploi des                                     priés par une part très faible de la population. Le
      déchets ;                                                                                travail de sensibilisation reste donc à approfondir sur
      • La loi relative à la lutte contre le gaspillage et à                                   ce volet.
      l’économie circulaire (AGEC), quant à elle, fixe des

    9
      Le réemploi est une opération qui permet à des biens qui ne sont pas des déchets d’être utilisés à nouveau sans qu’il y ait modification de leur usage initial.
    La réutilisation est une opération qui permet à un déchet d’être utilisé à nouveau en détournant éventuellement son usage initial.
    Le recyclage est l’opération par laquelle la matière première d’un déchet est utilisée pour fabriquer un nouvel objet.

Déchets et réemploi-Réustilisation-Recyclage                                                                                                                            22
LES ACTEURS DE L'ESS DANS LA THÉMATIQUE DES
  DÉCHETS : APPORTS ET OPPORTUNITÉS

    Panorama de l'ESS dans la gestion et l'évitement des déchets en AURA

    Les acteurs de l’économie sociale et solidaire pro-
    posent des solutions sur l’ensemble de la filière,

                                                              351 structures de
    de la production de biens à la sensibilisation du
    consommateur.

     • Les entreprises de l’ESS sont des acteurs histo-
     riques de la collecte des déchets et du réemploi,
                                                              l’ESS identifiées
     mais aussi de la valorisation. L’ESS est présente
     dans tous les secteurs d’activité : textile, mobilier,
                                                              sur la thématique
     appareils électriques et électroménager, jouets,
     matériaux, etc. et aussi biodéchets !
                                                              des déchets
     • À travers l’upcycling et la réutilisation, de nom-
     breuses structures de l’ESS créent également de
                                                              en Auvergne-
     nouveaux produits design ou à forte valeur ajoutée,
     dans une logique d’économie circulaire.
                                                              Rhône-Alpes.
     • Sur le volet prévention, de nombreux acteurs de
     l’ESS proposent des activités de sensibilisation du      Les entreprises
     consommateur, des ateliers de montée en compé-
     tences pour apprendre à fabriquer soi-même ou à          d’insertion
     réparer les objets.
                                                              par l’activité
                                                              économique sont
                                                              très largement
                                                              représentées.

Déchets et réemploi-Réustilisation-Recyclage                                      23
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