Taxer la consommation d'énergie au service du développement durable - Opportunités de réforme de la fiscalité et des subventions énergétiques dans ...

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Taxer la consommation d'énergie au service du développement durable - Opportunités de réforme de la fiscalité et des subventions énergétiques dans ...
Taxer la consommation
d’énergie au service du
développement durable
Opportunités de réforme de la fiscalité et des
subventions énergétiques dans certaines
économies émergentes et en développement
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TABLE DES MATIÈRES

Table des matières
1. Réforme de la fiscalité et des subventions énergétiques
   pour une meilleure reprise                                                    2

2. Les conditions de départ ne sont pas les mêmes
   pour tous les pays                                                            6

3. Quel est l’effet net de la fiscalité et des subventions
   énergétiques sur les finances publiques ?                                   11

4. Les prix du carbone sont bas                                                16

5. Dans quelle mesure la réforme des prix du carbone
   pourrait-elle contribuer à la mobilisation des
   ressources intérieures ?                                                    21

6. Enseignements et prochaines étapes                                          24

Références26

Tableaux
Tableau 1. Principales statistiques                                              8
Tableau 2. Objectifs des CDN des pays couverts                                  10

Graphiques
Graphique 1. PIB réel, variation en glissement annuel                            7
Graphique 2. Recettes nettes des taxes énergétiques, 2018                       15
Graphique 3. Taux effectifs moyens d’imposition du carbone
  par combustible, 2018                                                         17
Graphique 4. Composition des taux effectifs moyens du carbone appliqués
  au charbon et au gaz naturel, 2018                                            18
Graphique 5. Taxation du carburant diesel                                       20
Graphique 6. Potentiel de recettes représenté par la réforme
  des prix du carbone                                                           22

Encadrés
Encadré 1. Contexte du projet                                                     5
Encadré 2. Répartition de la consommation d’énergie et des émissions
  de carbone par produit énergétique                                              9
Encadré 3. Quelles sont les catégories de taxes sur lesquelles porte l’analyse ? 12
Encadré 4 Qu’entend-on par subventions dans le contexte du projet TEU-DD ? 14
Encadré 5. Sur le plan administratif, il est relativement simple de réformer
  la fiscalité carbone assise sur les combustibles                               17

                                                                     © OCDE 2021 | 1
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OCDE – TAXER LA CONSOMMATION D’ÉNERGIE

Réforme de la
fiscalité et des
subventions
énergétiques pour                                      Faute de réponses soigneusement calibrées des pouvoirs

une meilleure                                          publics, le COVID-19 pourrait réduire à néant des décennies
                                                       de progrès en matière de développement durable et de

reprise                                                lutte contre la pauvreté. Le COVID- 19 a, entre autres
                                                       impacts, amplifié le déficit de financement pour atteindre
                                                       les Objectifs de développement durable (ODD) dans les
                                                       pays en développement, qui pourrait s’accroître de 70 %
PRINCIPAUX MESSAGES                                    par rapport aux niveaux d’avant la crise OCDE, 2020b. Les
                                                       répercussions négatives ont été aggravées par le fait que,
l La tarification du carbone, qui englobe la           dans le monde en développement, de trop nombreuses
    réforme des subventions aux énergies fossiles,     personnes ne bénéficient pas d’un filet de protection sociale,
    est un outil puissant pour encourager les          de sorte que la perte d’un revenu stable imputable à la crise
                                                       du COVID-19 a accru leur risque d’être privées d’accès aux
    choix de développement à faibles émissions
                                                       services énergétiques essentiels (Brosemer et al., 2020).
    de carbone et contribuer à la mobilisation des     Garantir un accès abordable à une énergie propre est une
    ressources intérieures.                            condition indispensable à une reprise forte. Outre l’accès
                                                       à l’énergie au niveau individuel, la sécurité énergétique,
l La tarification du carbone doit s’accompagner        qui peut être globalement définie comme étant l’offre
    de mesures visant à garantir un accès à un prix    ininterrompue de sources d’énergie à un prix abordable1, est
    abordable à des énergies plus propres.             un vecteur essentiel de croissance économique.

l Les avantages annexes potentiels de la               La nécessité d’engager des politiques de relance après la
                                                       pandémie donne l’occasion de reconstruire en mieux en
    tarification du carbone comprennent une
                                                       préparant le terrain pour des politiques plus propres, saines,
    diminution de la pollution atmosphérique           résilientes et inclusives. Il faudra pour cela que les pays
    locale, une réduction de la taille de l’économie   alignent plus étroitement leurs programmes nationaux, y
    informelle et un meilleur accès à l’aide au        compris leurs contributions déterminées au niveau national
                                                       (CDN) en vertu de l’Accord de Paris, sur des objectifs
    développement.
                                                       durables en matière de développement et de climat, tout
                                                       en prenant les mesures nécessaires pour mobiliser leurs
                                                       ressources intérieures.

                                                       La réforme de la fiscalité et des subventions énergétiques
                                                       contribue à atteindre les triples objectifs que sont la
                                                       décarbonation, la mobilisation des ressources intérieures et
                                                       l’accès à une énergie abordable. Le passage à une économie
                                                       zéro carbone et socialement inclusive peut être facilité en
                                                       déployant des instruments fondés sur les prix, y compris
                                                       des taxes énergétiques et des taxes carbone. Des taxes
                                                       bien conçues incitent les citoyens et les entreprises à faire
                                                       des choix plus respectueux de l’environnement, ce qui
                                                       atténue les dommages climatiques et réduit la pollution

                                                       1. https://www.iea.org/topics/energy-security

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RÉFORME DE LA FISCALITÉ ET DES SUBVENTIONS ÉNERGÉTIQUES

                                                                   après la crise liée au COVID-19, réduisant les risques de
                                                                   dévalorisation des actifs et de destruction d’emplois. De
                                                                   toute évidence, il y a lieu de prendre des mesures visant à
                                                                   encadrer les décisions d’investissement prises par des acteurs
                                                                   tant publics que privés. La tarification du carbone, ainsi que
                                                                   la suppression des subventions à l’utilisation d’énergies
                                                                   fossiles, constituent un outil très prometteur qui peut
                                                                   encourager des investissements qui soient à la fois rentables
                                                                   et alignés sur les ODD et sur l’Accord de Paris. La tarification
atmosphérique. En outre, les taxes rapportent des recettes         du carbone peut libérer le pouvoir des marchés financiers
qui peuvent servir à financer des services publics essentiels      et de capitaux mondiaux de relever les défis climatiques
et à aider les catégories vulnérables de la population à           et d’accompagner une reprise durable et résiliente après la
s’adapter à une hausse des prix de l’énergie, y compris par        crise du COVID- 19. Mais surtout, un engagement pérenne
la mise en place ou le renforcement de filets de protection        en faveur de la tarification du carbone peut réduire les
sociale. De même, la réduction des subventions aux                 risques de dévalorisation d’actifs et de destruction d’emplois
combustibles fossiles génère une marge de manœuvre                 car il procure la certitude nécessaire pour engager des
budgétaire et encourage des schémas de production et               investissements à long terme dans les infrastructures2.
de consommation plus durables. Aussi, la réforme de la             La tarification du carbone peut également contribuer à
fiscalité et des subventions énergétiques est au cœur de           financer des mesures de transition justes garantissant que
plusieurs Objectifs de développement durable (ODD) des             les communautés qui seront pénalisées par les efforts de
Nations Unies, et notamment :                                      réforme ne soient pas laissées de côté. Aussi, un programme
                                                                   de tarification du carbone bien conçu peut apporter une
                                                                   contribution importante à la mise en place de politiques
                                                                   budgétaires progressives, équitables et durables3. Lorsque les
                                                                   cours du pétrole sont bas, la faisabilité de la réforme des prix
                                                                   du carbone augmente (Mintz-Woo et al., 2020).

                                                                   La tarification du carbone peut contribuer au programme
La mise en œuvre des réformes de la fiscalité et des               d’action plus large sur la fiscalité et le développement
subventions énergétiques doit être soigneusement                   de différentes manières. Premièrement, la tarification
conçue et ordonnancée pour faire en sorte qu’elles soient          du carbone peut générer des recettes considérables
équitables, efficaces et réalisables. Pour que les stratégies de   dans la plupart des pays, ce qui facilite les efforts de
réforme soient un succès, il est important de définir leurs        mobilisation des ressources intérieures. Les économies en
objectifs en toute transparence et d’en mesurer les effets         développement et émergentes couvertes par cette étude
budgétaires, ce qui représente une première étape essentielle      seraient à même d’accroître leurs recettes publiques
vers une évaluation plus complète des répercussions                d’environ 1 % du PIB en moyenne si elles portaient leurs
économiques, sociales et environnementales. Parvenir à une         taux de taxation des combustibles fossiles au niveau de
compréhension fine des effets secondaires de la réforme            référence de 30 EUR par tonne de CO2. Le potentiel de
peut permettre d’éclairer la conception et la mise en œuvre        recettes varie sensiblement d’un pays à l’autre, ce qui
des politiques complémentaires propres à atténuer ces
                                                                   2 L’introduction de la tarification du carbone peut aussi faire baisser la valeur des
effets (Elgouacem, 2020). En outre, la crise du COVID-19
                                                                     actifs hérités à forte intensité de carbone qui peuvent devenir des actifs échoués.
met en lumière la nécessité d’investir dans des politiques           Toutefois, ce risque peut être limité en augmentant progressivement les prix du
qui protègent les groupes vulnérables et renforcent leur             carbone.
résilience. Des travaux de recherche montrent que même             3 Le 28 mai 2020, le Canada, la Jamaïque et le Secrétaire général des Nations Unies
                                                                     ont convoqué une réunion de haut niveau de Chefs d’État et de gouvernement,
sans tenir compte des usages possibles des recettes générées,
                                                                     d’organisations internationales et d’autres partenaires clés afin de réfléchir à des
la tarification du carbone peut améliorer la redistribution des      solutions de financement face à la situation d’urgence provoquée par la crise
revenus, notamment dans les pays à faible revenu (Ohlendorf          du COVID-19 dans le domaine de la santé et du développement (https://www.
                                                                     un.org/fr/coronavirus/financing-development). À la suite de cette réunion de
et al., 2020) ; néanmoins, les responsables publics ne doivent
                                                                     haut niveau, six groupes de discussion ont été organisés afin d’examiner, entre
pas tenir ces bienfaits pour acquis et cette stratégie pourrait      autres, comment les pays peuvent mieux intégrer le critère de durabilité dans la
être perçue comme inéquitable.                                       phase de reprise (groupe de discussion II). Ce paragraphe revient sur quelques-
                                                                     uns des principaux messages du groupe de discussion II (https://www.un.org/
                                                                     sites/un2.un.org/files/financing_for_development_covid19_part_ii_hosg.pdf ).
Un engagement à long terme en faveur de la tarification              Il convient d’observer que cette note n’est pas un document négocié et qu’elle
du carbone peut étayer une reprise durable et résiliente             rend compte d’un large éventail de points de vue et de priorités.

                                                                                                                                     © OCDE 2021 | 3
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OCDE – TAXER LA CONSOMMATION D’ÉNERGIE AU SERVICE DU DÉVELOPPEMENT DURABLE

reflète les écarts de niveau d’imposition et les différences                                 l’Accord de Paris. Toutefois, beaucoup d’entre eux n’ont
dans les schémas de consommation d’énergie avant la                                          pas l’autorité, les ressources, les incitations et les stratégies
réforme (voir la section 5).                                                                 nécessaires pour s’engager dans cette voie (OCDE, 2019a).
                                                                                             La tarification du carbone peut faciliter cette mise en
Parallèlement aux avantages potentiels se rattachant à la                                    concordance car les signaux-prix ainsi envoyés peuvent
mobilisation des ressources intérieures, la tarification du                                  faire en sorte que l’aide bénéficie aux projets compatibles
carbone peut être source d’autres bienfaits pour les pays à                                  avec l’Accord de Paris. En l’occurrence, si un pays a établi
faible revenu et à revenu intermédiaire. Par exemple, elle                                   une tarification du carbone conforme aux objectifs de
peut concourir à réduire la taille du secteur informel. Le                                   l’Accord de Paris, le volet climat de l’étude d’impact d’un
secteur informel représente 70 % de l’emploi total dans                                      investissement sur l’environnement devrait être traité, car
les économies émergentes et en développement (OCDE/                                          les incitations appropriées en faveur de la décarbonation
OIT, 2019). À la différence de nombreux impôts directs,                                      sont mises en place. Lorsque le coût climatique est pris
auxquels les entreprises et les particuliers peuvent se                                      en compte, les investissements propres deviennent
soustraire en travaillant dans l’économie informelle, les                                    relativement plus attractifs commercialement parlant
taxes sur l’énergie sont généralement plus difficiles à                                      par rapport à une situation où aucun prix n’est fixé pour
éviter dans la mesure où même les entreprises informelles                                    le carbone. Les projets incompatibles avec les objectifs
doivent acheter de l’énergie au secteur formel (carburants,                                  de l’Accord de Paris, tels que les centrales électriques
électricité). L’introduction de taxes sur l’énergie et sur                                   au charbon, perdent de leur attrait. La simplicité d’un
le carbone pourrait permettre aux pouvoirs publics de                                        signal-prix est préférable à une approche qui nécessite
rééquilibrer la structure de la fiscalité en s’écartant des                                  une évaluation complexe et au cas par cas des impacts
impôts uniquement payés par le secteur formel, ce qui                                        climatiques de chaque projet individuel.
pourrait réduire les incitations en faveur de l’activité
informelle en allégeant la charge fiscale qui pèse sur le        Le projet Taxer la consommation d’énergie au service
secteur formel. Il s’avère que ces effets positifs               du développement durable (TEU-DD) (Encadré 1 ) vise à
l’emportent sur les conséquences                                 procurer les données et les indicateurs nécessaires pour
négatives qui pourraient résulter de                             accompagner les réformes de la tarification du carbone. Il
l’utilisation de combustibles informels                          a notamment pour but d’informer les responsables publics
dans les pays en développement,
comme les résidus agricoles,                                     PAYS TEU-DD
les déchets en papier ou le
bois de chauffe, et de la
production informelle de
biens à forte intensité énergétique
(Bento, Jacobsen and Liu, 2018). Par
conséquent, la taxation de l’énergie
contribue à résorber l’économie
informelle, de la même façon que la                         Jamaïque                               Maroc
TVA, qui fait office de taxe en amont sur                                   République dominicaine              Nigeria
le secteur informel dans la mesure où les
entreprises du secteur informel achètent des biens
sur lesquels une TVA a déjà été payée (Keen, 2008)4.                    Costa Rica                                          Égypte
                                                                                                                       Côte d'Ivoire
                                                                                 Guatemala
La tarification du carbone peut procurer d’autres
avantages, notamment en réduisant la pollution                                                   Équateur                                Ghana
                                                                                                                                                                      Kenya
atmosphérique locale (West et al., 2012). Elle peut aussi                                                                                                   Ouganda
favoriser un meilleur alignement des efforts de coopération
pour le développement sur les objectifs de l’Accord de
Paris. Ainsi, les pressions s’intensifient sur les apporteurs
de coopération pour le développement pour qu’ils mettent                                                             Uruguay
leurs activités en concordance avec les objectifs de

4 L’analogie avec la TVA ne signifie pas que les « droits d’accise prélevés en
  amont » devraient être déductibles.

4 | © OCDE 2021
Taxer la consommation d'énergie au service du développement durable - Opportunités de réforme de la fiscalité et des subventions énergétiques dans ...
RÉFORME DE LA FISCALITÉ ET DES SUBVENTIONS ÉNERGÉTIQUES

       afin qu’ils puissent traduire des ambitions politiques de          Encadré 1. Contexte du projet
       haut niveau, telles que celles exprimées dans l’Accord de
       Paris et dans les ODD, en action concrète au niveau national.      Taxer la consommation
       Cette extension se concentre sur les pays qui ont manifesté        d’énergie (Taxing Energy Use,                  Taxing Energy Use 2019

       un intérêt initial pour la réforme de la fiscalité de l’énergie    TEU), publication phare de                                                  USING TAXES FOR CLIMATE ACTION

       et des subventions aux combustibles fossiles au travers de         l’OCDE, cartographie les taxes
       leur participation à des initiatives telles que la Coalition des   sur l’énergie et sur le carbone
       ministres des Finances pour l’action climatique, la Coalition      applicables à la consommation
                                                                          d’énergie, en garantissant une

                                                                                                                    Taxing Energy Use 2019
       pour le leadership en matière de tarification du carbone et le
       groupe des Amis de la réforme des subventions aux énergies         parfaite comparabilité des

                                                                                                                     USING TAXES FOR CLIMATE ACTION
       fossiles. Les pays étudiés couvrent différentes régions du         résultats entre les 44 pays de
       monde : Afrique du Nord et sub-saharienne, Amérique latine         l’OCDE et du G20 étudiés. TEU
       et Caraïbes, et Asie. En voici la liste :                          représente l’exercice de bilan le
                                                                          plus détaillé et le plus complet
       l Afrique : Côte d’Ivoire, Égypte, Ghana, Kenya, Maroc,            sur la fiscalité de l’énergie actuellement disponible, et est largement
            Nigeria et Ouganda                                            utilisé comme outil pour identifier les priorités en matière de réforme
                                                                          dans ce domaine.
       l Amérique latine et Caraïbes : Costa Rica, République
            dominicaine, Équateur, Guatemala, Jamaïque, Uruguay           Le projet Taxer la consommation d’énergie au service du
                                                                          développement durable, dont les principaux résultats sont décrits
       l Asie : Philippines, Sri Lanka                                    dans cette brochure, élargit les pays couverts à 15 économies en
                                                                          développement et émergentes, tout en adaptant la méthodologie au
       En outre, les pays couverts présentent des profils différents      contexte propre à ces économies en tant que de besoin. Parallèlement
       en termes de mise en œuvre des réformes des subventions            à la fourniture d’informations détaillées sur les taxes sur l’énergie et
       aux combustibles fossiles, certains réglementant les prix          sur le carbone en vigueur dans ces pays, ce projet recense aussi les
       de l’énergie, d’autres non. L’échantillon examiné inclut des       principales subventions à la consommation d’énergie1.
       pays importateurs de combustibles fossiles et exportateurs
       de pétrole.                                                        Ce projet vise à permettre aux responsables publics et aux analystes
                                                                          d’évaluer l’importance relative des impôts et des subventions,
                                                                          toutes sources d’énergie et toutes catégories de consommateurs
                                                                          confondues, dans un ensemble de pays. L’utilisation d’une
                                                                          méthodologie commune garantit la comparabilité entre pays. De
                                                                          même, des indicateurs synthétiques facilitent l’établissement de
                                                                          comparaisons entre pays.

                                                                          Des fiches par pays mettant en lumière les taxes et les subventions
                                                                          énergétiques constituent une réalisation essentielle de ce projet.
                                                                          Ces notes/fiches offrent une assise factuelle solide pour l’analyse
                                                                          approfondie de chaque pays, et permettent de cerner les priorités
                                                                          de réforme futures. Elles incluent des estimations des effets sur les
                                                                          recettes publiques de la suppression des subventions, ainsi que de la
                                   Philippines                            réforme de la fiscalité de l’énergie et du carbone.

                                                                          Le projet a été mené avec le soutien financier des gouvernements
                                                                          d’Irlande, du Japon, du Luxembourg, de la Norvège, du Royaume-Uni
Sri Lanka
                                                                          et de la Suède. Les données relatives aux taxes et aux subventions
                                                                          proviennent des sources officielles publiquement disponibles
                                                                          et des consultations avec des agents gouvernementaux et des
                                                                          experts indépendants invités à examiner et à affiner les données.
                                                                          Les données sur la consommation d’énergie ont été adaptées de la
                                                                          base de données de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), World
                                                                          Energy Statistics and Balances.

                                                                          1. Il s’agit là d’une innovation méthodologique par rapport aux éditions
                                                                             précédentes de TEU, qui examinaient une seule forme de soutien public, les
                                                                             dépenses fiscales.

                                                                                                                                                                      © OCDE 2021 | 5
Taxer la consommation d'énergie au service du développement durable - Opportunités de réforme de la fiscalité et des subventions énergétiques dans ...
2
OCDE – TAXER
       TAXERLA
             LACONSOMMATION
               CONSOMMATIOND’ÉNERGIE
                            D’ÉNERGIEAU S

Les conditions de                                      La crise du COVID-19 a entraîné une baisse sensible de la
                                                       production économique et de la consommation d’énergie. Le

départ ne sont pas
                                                       Graphique 1 montre l’évolution attendue du PIB réel entre
                                                       2019 et 2020 pour l’ensemble des pays couverts, ainsi que la
                                                       moyenne OCDE et la moyenne mondiale. De toute évidence,

les mêmes pour                                         une telle chute de la production économique a une incidence
                                                       sur la consommation d’énergie. Selon l’AIE, les retombées

tous les pays
                                                       immédiates de la pandémie sur le système énergétique
                                                       en 2020 devraient se concrétiser par une diminution de
                                                       5 % de la demande énergétique mondiale, de 7 % des
                                                       émissions connexes de CO2, et de 18 % des investissements
PRINCIPAUX MESSAGES                                    dans l’énergie AIE 2020b. Parmi les sources d’énergie,
                                                       c’est le pétrole qui devrait accuser la plus forte baisse de
l La crise du COVID-19 a entraîné une baisse           consommation en 2020 (-8 %). Il est suivi du charbon, à
   sensible de la production économique et de la       -7 %, tandis que les énergies renouvelables (surtout pour la
                                                       production d’électricité) devraient être moins touchées.
   consommation d’énergie, mais les économies
   devraient retrouver leurs niveaux d’avant la        Il serait erroné de considérer que la diminution de la
   crise dans les années à venir. Avant cette crise,   consommation d’énergie et des émissions due à une baisse
   les pays couverts depuis peu par le projet          de l’activité économique constitue une avancée, en particulier
                                                       dans les pays en développement, où cette tendance peut être
   Taxer la consommation d’énergie au service
                                                       révélatrice d’une inversion des progrès enregistrés avant la
   du développement durable (TEU-DD) (les pays         crise, en termes d’accès à l’électricité et à des combustibles de
   couverts) enregistraient une forte croissance,      cuisson propres. En moyenne, les pays couverts ne parvenaient
   supérieure dans la plupart des cas à celle          déjà pas avant la crise à fournir un accès universel à ces
                                                       deux sources d’énergie (avec un taux d’accès de 87.4% et de
   de la zone OCDE. Les besoins énergétiques
                                                       56.8 % respectivement pour l’électricité et les combustibles
   augmentaient dans le même temps, quoique à          de cuisson propres) (Tableau 1). Cette situation contraste
   des taux nettement plus faibles. Il en était de     fortement avec celle observée dans les pays de l’OCDE, qui
   même des émissions de CO2 liées à l’énergie,        offrent un accès quasi universel. La réforme de la tarification
                                                       du carbone doit par conséquent être bien pensée afin de
   ce qui est positif du point de vue du climat et
                                                       garantir un meilleur accès à l’électricité et aux combustibles
   de l’efficacité d’utilisation des ressources.       de cuisson propres et non pas rendre cet accès plus difficile.

l La priorité des pays couverts est de pouvoir
                                                       Le demande totale d’énergie pourrait retrouver les niveaux
   améliorer leur accès à l’énergie, tandis que les    d’avant la crise d’ici au début de l’année 20231, mais ce
   pays de l’OCDE ont essentiellement besoin de        sont les pays à faible revenu qui devraient pâtir le plus
   maintenir un accès universel.                       des retombées négatives de la crise sur la croissance et la
                                                       consommation d’énergie. L’accès limité aux financements
l La mobilisation des ressources intérieures           de nombreux pays en développement pourrait restreindre
                                                       leur capacité à mettre en place des plans de relance
   constitue une préoccupation essentielle dans
                                                       efficaces pour stimuler la reprise après la pandémie. Cette
   bon nombre des pays couverts, comme en              situation contraste fortement avec celle observée dans de
   atteste le niveau relativement faible de leur       nombreuses économies développées, qui devraient semble-
   ratio impôts/PIB comparé à la plupart des           t-il pouvoir bénéficier de très faibles coûts d’emprunt
                                                       pendant encore longtemps, d’où une marge de manœuvre
   pays de l’OCDE.
                                                       budgétaire plus grande. Les ratios impôts/PIB sensiblement
                                                       plus faibles dans les pays couverts que dans les pays de
                                                       l’OCDE accentuent encore cet écart. Ce ratio s’établit ainsi,
                                                       en moyenne à 19 % dans les pays couverts, contre 33.9 %
                                                       dans les pays de l’OCDE (Tableau 1). Au vu du niveau

                                                       1. Scénario STEPS de l’AIE 2020b

6 | © OCDE 2021
           2021
Taxer la consommation d'énergie au service du développement durable - Opportunités de réforme de la fiscalité et des subventions énergétiques dans ...
LES CONDITIONS DE DÉPART NE SONT PAS LES MÊMES POUR TOUS LES PAYS

GRAPHIQUE 1. PIB réel, variation en glissement annuel
  %                                                                          2019       2020
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                                                                                                                                                   OC
                                                                                                              pi
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                                                                                                                                          ug
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Note : les totaux mondiaux et OCDE sont des moyennes pondérées.
Source : Base de données des Perspectives de l’économie mondiale et du Fonds monétaire international, octobre 2020, et Perspectives économiques de l’OCDE, n° 108,
décembre 2020.

relativement faible de ce ratio dans les pays couverts,                               production durable à des fins industrielles et de transport2,
la mobilisation des ressources intérieures constituera,                               le recours aux biocombustibles dans les pays couverts peut
dans ces pays, un levier particulièrement important de                                correspondre à l’utilisation traditionnelle de la biomasse
financement des stratégies de développement durable.                                  (Goldemberg and Teixeira Coelho, 2004), qui vient, par
                                                                                      exemple, alimenter des appareils de cuisson inefficients et mal
Avant la crise du COVID-19, les pays couverts enregistraient                          ventilés3, contribuant ainsi fortement à la pollution de l’air à
une forte croissance, supérieure dans la plupart des cas à                            l’intérieur, d’où des effets préjudiciables sur la santé pouvant
celle de la zone OCDE. Entre 2007 et 2017, le PIB total de ces                        aller jusqu’à des décès prématurés. Cette situation contraste
pays a progressé en moyenne de 4.4 % par an, et le PIB par                            nettement avec celle observée dans les pays de l’OCDE, où les
habitant de 2.7 %, comparé à 1.5 % et 0.9 % respectivement                            pouvoirs publics privilégient les biocombustibles modernes
dans la zone OCDE. Sur la même période, les besoins en                                et imposent des critères de durabilité plus stricts, et dans
énergie et les émissions connexes de CO2 ont également                                lesquels ces combustibles représentent 18.5 % des émissions
augmenté, quoique à des taux plus faibles que la croissance                           de CO2 liées à l’énergie (Encadré 2).
du PIB. Les émissions totales et par habitant de CO2 liées
à l’énergie se sont inscrites en hausse de respectivement                                Un tiers des pays couverts n’utilise pas de charbon
2.4 % et 0.6 % par an, tandis qu’elles diminuaient de 0.4 %                              à présent, ce qui est encourageant dans la mesure
et de 1.0 % dans les pays de l’OCDE (Tableau 1).
                                                                                         où il s’agit généralement du combustible fossile le
L’évolution de la consommation d’énergie varie                                           plus polluant. Par conséquent, la part du charbon
considérablement d’un pays à l’autre. Les biocombustibles,                               dans les émissions de CO2 liées à l’énergie reste
dont l’utilisation est importante et souvent non durable,                                relativement faible dans ces pays , comparé à la
constituent la principale source d’émissions de CO2 liées                                moyenne de 21 % dans les pays de l’OCDE .
à l’énergie dans les pays couverts. Les biocombustibles
(principalement les combustibles solides primaires et le
                                                                                      2. https://www.tni.org/es/node/12855; https://www.researchgate.net/
charbon) représentaient 45.5 % des émissions de CO2 liées
                                                                                         publication/319209119_Sustainability_assessment_of_biofuels_production_in_
à l’énergie dans les pays couverts (Tableau 1). À l’exception                            Uruguay
notable de l’Uruguay, où les biocombustibles font partie                              3. AIE (2020), SDG7: Data and Projections, AIE, Paris
intégrante d’une stratégie nationale visant à promouvoir leur                            https://www.iea.org/reports/sdg7-data-and-projections

                                                                                                                                                    © OCDE 2021 | 7
Taxer la consommation d'énergie au service du développement durable - Opportunités de réforme de la fiscalité et des subventions énergétiques dans ...
OCDE – TAXER LA CONSOMMATION D’ÉNERGIE AU SERVICE DU DÉVELOPPEMENT DURABLE

  TABLE 1. Principales statistiques                                                                                            TEU-DD                       OCDE

  Part de la population totale ayant accès à l’électricité (2018), ODD 7.1.1                                                    87.4%                      100.0%

  Part de la population totale ayant accès à des combustibles de cuisson propres (2018) ODD 7.1.2                               56.8%                       94.6%

  Ratio impôts/PIB (2017/2018)                                                                                                  19.0%                       33.9%

  Croissance (annuelle) du PIB (2007-2017)                                                                                       4.4%                       1.5%

  Croissance du PIB (annuelle, par habitant) (2007-2017)                                                                         2.7%                       0.9%

  Croissance annuelle des émissions de CO2 (2007-2017)                                                                           2.4%                       -0.4%

  Croissance des émissions de CO2 (annuelle, par habitant) (2007-2017)                                                           0.6%                       -1.0%

  Part du charbon dans les émissions de CO2 liées à l’énergie (2017)                                                             8.1%                       21.4%

  Autosuffisance énergétique totale (2017)                                                                                      78.1%                       85.0%

Note : moyennes non pondérées pour les deux groupes et taux de croissance annuelle composés. Les ratios impôts/PIB sont ceux de 2018 pour les pays de l’OCDE et de
2017 pour les pays couverts (des données plus récentes sont disponibles à l’adresse http://www.oecd.org/fr/fiscalite/politiques-fiscales/base-de-donnees-mondiale-des-
statistiques-des-recettes-publiques.htm). Le PIB est exprimé en termes réels. La Colombie est prise en compte dans les chiffres de l’OCDE.
Source : les indicateurs relatifs aux ODD proviennent de (ESMAP, 2020). Le pourcentage moyen de population ayant accès à des combustibles de cuisson propres est une
estimation basse pour l’OCDE. Les ratios impôts/PIB proviennent de la base de données mondiale des Statistiques des recettes publiques et de publications connexes,
comme OCDE, 2019b à l’exception du Sri Lanka (calculs des auteurs d’après des sources officielles). Les données relatives aux ratios impôts/PIB sont ceux de 2018 pour les
pays de l’OCDE. Les données relatives au PIB proviennent de OCDE, 2020a pour les pays membres de l’OCDE et de (FMI, 2020) pour les autres. Les données sur la population
proviennent de (Groupe de la Banque mondiale, 2020). Les chiffres relatifs à la consommation d’énergie primaire et aux émissions de CO2 sont calculés d’après la méthodologie
TEU à partir de AIE, 2020a et englobent les énergies renouvelables combustibles. Les indicateurs relatifs à la suffisance énergétique proviennent de la même source.

L’énergie hydraulique est la principale source d’énergie                                 car la part de l’éolien dans le mix électrique était quelque
à faible teneur en carbone dans les pays couverts. Les                                   cinq fois plus grande que celle du solaire en 2007 (non
pays couverts ne recourent pas à l’énergie nucléaire,                                    illustré dans le Tableau 1).
contrairement à un certain nombre de pays de l’OCDE, dans
lesquels celle-ci est la source d’énergie non combustible                                Les pays couverts sont rarement autosuffisants en énergie.
dominante4. Dans les pays couverts, les nouvelles énergies                               Certains pays producteurs de pétrole, comme l’Équateur, le
renouvelables, d’origine éolienne et solaire principalement,                             Ghana et le Nigéria, sont toutefois des exceptions notables
ont connu une très forte croissance bien que partant d’un                                à la règle. Ces pays, bien qu’exportateurs nets de pétrole
niveau très faible. Dans ces pays, la production d’électricité                           peuvent malgré tout avoir besoin d’importer des produits
à partir de l’énergie solaire (d’origine photovoltaïque et                               raffinés. L’Égypte, le Guatemala et les Philippines sont
thermique notamment) a été multipliée au total par près                                  également des pays producteurs de pétrole, mais ne sont
de 100 entre 2007 et 2017, la hausse enregistrée par le                                  pas autosuffisants. La situation dans les pays couverts,
Maroc étant à cet égard particulièrement frappante. La                                   dont le taux d’autosuffisance moyen s’établit à 78.1 %,
production d’électricité d’origine éolienne a été multipliée                             est globalement similaire à celle observée dans les pays
approximativement par neuf, mais elle partait de plus haut,                              de l’OCDE, qui sont, en moyenne, autosuffisants à 85 %.
                                                                                         L’autosuffisance peut revêtir une importance plus grande
4. Contrairement à l’énergie éolienne et à l’énergie solaire, une part considérable      dans les pays en développement, dans la mesure où elle
   de l’énergie primaire provenant du nucléaire est dissipée sous forme de pertes        permet de réduire la quantité de devises, plus limitée dans
   thermiques. La consommation d’énergie primaire telle que définie dans les
   bilans énergétiques de l’AIE surestime par conséquent la contribution apportée
                                                                                         ces économies, nécessaires pour répondre aux besoins
   par le nucléaire pour répondre aux besoins énergétiques des pays OCDE,2019c.          énergétiques.

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Encadré 2. Répartition de la consommation d’énergie et des émissions de carbone
par produit énergétique
L’importance relative des différentes sources de consommation d’énergie                   Parmi les pays étudiés, le Costa Rica joue manifestement le rôle de
varie considérablement d’un pays à l’autre. La figure ci-dessous répartit                 chef de file dans l’utilisation des sources d’énergie non combustibles
la consommation d’énergie et les émissions de CO2 qui en découlent en                     (essentiellement hydraulique, mais également éolienne), qui
cinq grandes catégories de produits : charbon et autres combustibles                      représentent 38 % de la consommation d’énergie primaire. Il est suivi de
fossiles solides (tourbe et coke inclus), produits pétroliers (fioul, diesel,             l’Uruguay, des Philippines, du Kenya et de l’Équateur, dont la part des
kérosène, essence et GPL), gaz naturel, biocombustibles et déchets,                       sources d’énergie à faible teneur en carbone dans cette consommation
et sources non combustibles (sources d’énergie renouvelable non                           se situe entre 12 et 19 %. Aucun des pays couverts n’a recours à
combustibles comme l’énergie éolienne et solaire, ainsi que nucléaire).                   l’énergie nucléaire. Il convient de noter que les sources d’énergie non
                                                                                          combustibles apparaissent uniquement dans la partie gauche du
Dans la majorité des pays couverts, les produits pétroliers représentent                  graphique, dans la mesure où leur utilisation n’est associée à aucune
la source d’énergie la plus largement consommée ; cette tendance est                      émission de CO2.
particulièrement marquée dans l’île de la Jamaïque et en Équateur,
pays riche en pétrole. Les biocombustibles et les déchets arrivent en                     À l’instar des pays couverts, mais dans une moindre mesure, les pays
deuxième position. C’est le cas de l’ensemble des pays couverts de la                     de la zone OCDE, en moyenne, recourent principalement aux produits
région subsaharienne, ainsi que du Guatemala et de l’Uruguay pour les                     pétroliers pour leur consommation d’énergie primaire (32 % de la
raisons expliquées à la Section 2.                                                        consommation totale d’énergie, contre 41 % pour les pays à l’étude).
                                                                                          Le gaz naturel, à 22 %, arrive en deuxième position, juste avant les
D’un point de vue environnemental, il est encourageant de constater                       sources d’énergie non combustibles, à 21 %. Le gaz naturel et les
que le charbon et les autres combustibles fossiles solides, qui sont,                     sources d’énergie non combustibles ont supplanté le charbon dans la
parmi les principaux combustibles fossiles, les plus polluants, sont                      production d’électricité, qui toutefois représente toujours 14 % de la
absents du bouquet énergétique de plusieurs des pays couverts, et en                      consommation totale d’énergie et 21 % des émissions de CO2 associées
particulier de la plupart de ceux d’Afrique subsaharienne (Côte d’Ivoire,                 ; le charbon occupe par conséquent une place plus prépondérante
Ghana, Nigéria et Ouganda), ainsi que du pays producteur de pétrole                       dans les pays de l’OCDE que dans les pays couverts comme indiqué à la
qu’est l’Équateur . Cependant, le charbon reste largement utilisé à des                   Section 2. Les biocombustibles et les déchets jouent davantage un rôle
fins de production d’électricité aux Philippines et au Maroc. L’Égypte,                   complémentaire dans le mix énergétique, avec une part de 11 %, ce qui
pour sa part, tire parti à cet effet de ses réserves de gaz naturel.                      est nettement moins élevé que dans les pays couverts (Section 2).

Répartition de la consommation d’énergie et les émissions de CO2 par produit énergétique
Les pourcentages indiquent, pour chaque pays ou groupe de pays, la part de la catégorie de produit la plus importante
    Charbon et autres combustibles fossiles solides             Produits pétroliers et autres combustibles fossiles
    Gaz naturel        Biocarburants et déchets           Sources non combustibles
     CIV                                                    61%                               CIV                                                 74%

     CRI                        48%                                                           CRI                             69%

   DOM                                  61%                                                 DOM                                     58%

    ECU                                 80%                                                  ECU                                    90%

    EGY                   48%                                                                EGY                        54%

   GHA                                                               42%                    GHA                                                         57%

   GTM                                                         58%                          GTM                                                   71%

    JAM                                     81%                                              JAM                                78%

    KEN                                            64%                                       KEN                                             83%

    LKA                               47%                                                    LKA                                                           48%

   MAR                                              57%                                     MAR                                                53%

   NGA                                                    78%                               NGA                                             86%

    PHL                                      32%                                             PHL                  39%

    UGA                                             91%                                     UGA                                       95%

    URY                                                  43%                                 URY                                                     63%

  OCDE                          32%                                                        OCDE                                 41%

TEU-DD                       41%                                                         TEU-DD                                                            46%
           0           20              40          60            80                 100             0             20            40             60         80           100
                            % de la consommation totale d'énergie                                       % des émissions totales de CO2 liées à la consommation d'énergie

Note : répartition de la consommation d’énergie (partie de gauche) et des émissions de CO2 (partie de droite) par source d’énergie. Les chiffres indiqués pour les pays de
l’OCDE et les pays couverts sont de simples moyennes arithmétiques.
Source : la consommation d’énergie et les émissions de CO2 sont calculées à partir des données sur la consommation d’énergie indiquées dans l’édition 2020 du rapport
Statistiques et bilans énergétiques mondiaux de l’Agence internationale de l’énergie, qui se rapportent à 2017 pour les pays couverts et à 2018 pour la zone OCDE.

                                                                                                                                                            © OCDE 2021 | 9
OCDE – TAXER LA CONSOMMATION D’ÉNERGIE AU SERVICE DU DÉVELOPPEMENT DURABLE

Tous les pays couverts se sont engagés, dans leurs                                         indiqués dans le Tableau 2, varient sensiblement d’un pays
Contributions déterminées au niveau national (CDN)                                         à l’autre, et sont exprimés de telle sorte qu’ils ne sont pas
définies en application de l’Accord de Paris, à adopter des                                directement comparables. La plupart des pays couverts
politiques de développement économique durables et                                         ont à la fois des objectifs inconditionnels, et des objectifs
inclusives. Les pays ne sont pas tous en passe d’atteindre                                 conditionnels plus ambitieux. Les conditions qui sous-
leurs cibles (den Elzen et al., 2019), et collectivement les                               tendent ces objectifs diffèrent selon les pays, mais incluent
CDN ne sont pas encore alignés sur les objectifs de l’Accord                               souvent un accès à l’aide internationale.
de Paris5. Les objectifs de réduction des gaz à effet de serre,

5 https://www.unenvironment.org/fr/resources/rapport-sur-lecart-entre-les-besoins-et-les-perspectives-en-matiere-de-reduction-des

TABLEAU 2. Objectifs des CDN des pays couverts

                      Objectif inconditionnel                                                        Objectif conditionnel

  Costa Rica          L’empreinte carbone maximale pour la période 2021-2030                         Néant
                      s’établit à 106.53 millions de tonnes d’équivalent CO2 ; le niveau
                      maximum absolu des émissions en 2030 a été fixé à 9.11 millions
                      de tonnes de CO2.
  Côte d'Ivoire       Néant                                                                          Réduction de 28 % des GES d’ici à 2030, comparé à un scénario
                                                                                                     de statu quo
  République          Réduction, d’ici à 2030, de 7 % des émissions de GES par rapport               Réduction, d’ici à 2030, de 27 % des émissions de GES par rapport
  dominicaine         au scénario de statu quo                                                       au scénario de statu quo
  Équateur            Réduction, d’ici à 2025, des émissions du secteur de l’énergie de              Réduction, d’ici à 2025, des émissions du secteur de l’énergie de
                      20.4-25 % par rapport au scénario de statu quo                                 37.5 -45.8% par rapport au scénario de statu quo
  Égypte              Néant                                                                          Néant
  Ghana               Réduction de 12 % et de 15 % des émissions par rapport au                      Réduction de 27 % et de 45 % des émissions par rapport au
                      scénario de statu quo en 2025 et 2030 respectivement                           scénario de statu quo en 2025 et 2030 respectivement
  Guatemala           Réduction, d’ici à 2030, des émissions de GES de 11.2 % par                    Réduction, d’ici à 2030, des émissions de GES de 22.6% par
                      rapport à 2005 (année de référence)                                            rapport à 2005 (année de référence)
  Jamaïque            Réduction de 25.4 % des émissions par rapport au scénario de                   Réduction de 28.5 % des émissions par rapport au scénario de
                      statu quo en 2030                                                              statu quo en 2030
  Kenya               Néant                                                                          Réduction de 32 % des émissions de GES d’ici à 2030 par rapport
                                                                                                     au scénario de statu quo
  Maroc               Réduction de 17 % des émissions de GES d’ici à 2030 par rapport                Réduction, d’ici à 2030, de 42 % des émissions par rapport au
                      au scénario de statu quo, dont 4 % dans le secteur AFAT. L’objectif            scénario de statu quo, secteur AFAT compris. Hors secteur AFAT,
                      de réduction des émissions hors secteur AFAT s’établit à 13 %                  l’objectif de réduction des émissions serait de 34 %
  Nigéria             20 % de réduction par rapport au scénario de statu quo d’ici à 2030            45% de réduction par rapport au scénario de statu quo d’ici à 2030
  Philippines         Néant                                                                          70 % de réduction des émissions par rapport au scénario de statu
                                                                                                     quo d’ici à 2030
  Sri Lanka           Réduction des émissions de GES par rapport au scénario de statu                Réduction des émissions de GES par rapport au scénario de statu
                      quo de 4 % d’ici à 2030 dans le secteur de l’énergie et de 3 % dans            quo de 16% d’ici à 2030 dans le secteur de l’énergie et de 7% dans
                      les autres secteurs (transports, industrie, sylviculture et déchets)           les autres secteurs (transports, industrie, sylviculture et déchets)
  Ouganda             Néant                                                                          Réduction de 22 % des émissions de GES en 2030 par rapport au
                                                                                                     scénario de statu quo
  Uruguay             Réduction, d’ici à 2025 et par rapport à 1990 (année de référence)             Réduction, d’ici à 2025 et par rapport à 1990 (année de référence)
                      de 24 % de l’intensité d’émission de CO2 par unité de PIB, de 57               de 29 % de l’intensité d’émission de CO2 par unité de PIB, de 59
                      % de l’intensité d’émission de CH4 par unité de PIB, et de 48 % de             % de l’intensité d’émission de CH4 par unité de PIB, et de 52 % de
                      l’intensité d’émission de N2O par unité de PIB                                 l’intensité d’émission de N2O par unité de PIB

Note : les conditions qui sous-tendent les objectifs sont présentées plus en détail dans la source. Les scénarios de maintien du statu quo varient d’un pays à l’autre et ne
sont pas directement comparables. Les GES correspondent aux gaz à effet de serre. Le secteur AFAT correspond au secteur de l’agriculture, de la foresterie et des autres
affectations des terres. La dernière mise à jour de ce tableau date du 13 janvier 2021. *L’objectif indiqué pour les Philippines est celui mentionné dans son projet de CDN,
dans la mesure où le premier CDN n’était pas disponible dans le registre au moment où a été rédigé ce rapport.
Source : les CDN proviennent du registre officiel (https://www4.unfccc.int/sites/ndcstaging/Pages/Home.aspx).

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3
Quel est l’effet net
de la fiscalité et
des subventions
énergétiques
sur les finances
publiques ?                                         Les pays en développement sélectionnés et les économies
                                                    émergentes qui sont étudiés dans le présent rapport
                                                    ne prélèvent pas de taxes spécifiques sur le carbone, et
                                                    ne sont pas non plus dotés de systèmes d’échange de
PRINCIPAUX MESSAGES                                 quotas d’émissions de CO2. Tous, à l’exception du Nigéria,
                                                    appliquent néanmoins des taxes sur l’énergie, notamment
l Quatorze des quinze pays étudiés prélèvent        des droits d’accise sur les produits énergétiques et sur
   des taxes énergétiques qui sont un moyen         la consommation d’électricité (voir Encadré 3). Ces taxes
   pour eux d’accroître les recettes publiques,     sont un moyen d’accroître les recettes publiques, et de
                                                    promouvoir une consommation d’énergie généralement
   et de promouvoir une consommation
                                                    plus respectueuse de l’environnement. Comme dans de
   d’énergie généralement plus respectueuse de      nombreux pays de l’OCDE, des réformes sont possible,
   l’environnement.                                 et permettraient d’améliorer les performances dans une
                                                    perspective environnementale, financière et sociale, comme
l Plusieurs pays subventionnent également           on le verra plus loin dans les sections 4 et 5.
   certaines formes de consommation d’énergie.
                                                    Les droits d’accise sur les produits énergétiques sont
   Ces mesures pèsent sur les finances publiques,
                                                    les taxes énergétiques les plus courantes, mais parfois
   et encouragent une consommation d’énergie        l’électricité est aussi taxée. Ces droits d’accise, même
   souvent préjudiciable à l’environnement.         s’ils ne sont pas explicitement liés à un prix du carbone,
                                                    s’apparentent à des taxes sur le carbone, en ce que l’impôt
l Dans la plupart des pays concernés, les           à payer augmente proportionnellement à la consommation
   recettes fiscales dépassent le coût des          d’énergies fossiles. Toutefois, ils ne s’appliquent
                                                    habituellement qu’à certains types de produits énergétiques
   subventions, ce qui signifie que l’effet net
                                                    comme l’essence utilisée pour le transport routier, et ne
   est positif pour les finances publiques. En      permettent donc pas d’uniformiser le prix du carbone à
   moyenne, la contribution globale aux finances    l’échelle de l’économie. Les droits d’accise sur l’électricité
   publiques et à la mobilisation des ressources    s’appliquent à la production d’énergie (l’électricité), et ne
                                                    varient généralement pas en fonction de la source d’énergie.
   intérieures représente environ 0.5 % du PIB
                                                    Ils ont par conséquent tendance à renchérir les prix de
   dans ces pays. En moyenne dans la zone           l’électricité, y compris lorsque celle-ci est produite à partir
   OCDE, le produit net des taxes énergétiques      de sources d’énergie propres (OCDE, 2019c).
   est de l’ordre de 1.6 % du PIB.
                                                    Plusieurs des pays examinés dans le cadre de ce rapport
                                                    taxent non seulement la consommation d’énergie,
                                                    mais subventionnent également certaines formes de
                                                    consommation d’énergie (voir Encadré 4). Ces mesures
                                                    pèsent sur les finances publiques, et encouragent
                                                    une consommation d’énergie souvent préjudiciable à
                                                    l’environnement. Certaines de ces subventions ont pour
                                                    effet de faire baisser effectivement les prix des combustibles

                                                                                                   © OCDE 2021 | 11
OCDE – TAXER LA CONSOMMATION D’ÉNERGIE AU SERVICE DU DÉVELOPPEMENT DURABLE

fossiles avant impôt pratiqués sur le marché intérieur à                           des usages à plus forte valeur ajoutée, par exemple en
un niveau inférieur aux coûts d’approvisionnement, ce                              apportant un soutien ciblé aux ménages modestes, afin de
qui favorise une consommation excessive de produits                                faire en sorte que de telles réformes ne soient pas qu’une
énergétiques. C’est le cas, par exemple, de plusieurs                              aide à court terme, mais s’insèrent à plus long terme
combustibles liquides en Équateur, de l’essence au Nigeria                         dans la stratégie de développement durable d’un pays
et du GPL au Maroc. D’autres pays ciblent plus généralement                        (Rentschler and Bazilian, 2017). L’expérience du Maroc en
le secteur de l’électricité, et réduisent les prix de l’électricité                matière de réforme des subventions offre un exemple de
avant impôt en deçà du niveau de recouvrement des coûts.                           réussite à cet égard. Le gouvernement marocain a supprimé
Aux Philippines, par exemple, la National Power Corporation,                       les subventions aux produits énergétiques en 2014, et a
bénéficie d’une aide financière directe de l’État qui lui                          en parallèle mis en place de nouveaux programmes de
permet de fournir de l’électricité à moindre coût.                                 protection sociale ciblés, et élargi les programmes existants,
                                                                                   tout en apportant un soutien au secteur des transports
Les autorités pourraient recourir à des outils plus adaptés                        publics1.
que les subventions à la consommation d’énergie pour
atteindre les objectifs importants de l’action publique que                        Toutes les formes de subventions à la consommation
sont de garantir l’accès à l’énergie et à un coût abordable.                       d’énergie ne sont pas dommageables pour le climat dans
Les subventions à la consommation d’énergie ont en                                 la même mesure. Les subventions à la consommation
effet tendance à bénéficier aux consommateurs les plus                             d’électricité entraînent une surconsommation, sans pour
aisés plutôt qu’aux plus pauvres, en particulier en valeurs                        autant encourager directement la consommation de
absolues, et elles « sont généralement préjudiciables aux                          combustibles fossiles. En revanche, l’électrification apparaît
dimensions économique, sociale et environnementale                                 comme une solution de décarbonation intéressante pour
du développement durable » (Rentschler and Bazilian,
2016). L’élimination progressive des subventions pourrait                          1. https://openknowledge.worldbank.org/bitstream/handle/10986/23631/
permettre de flécher les fonds publics ainsi dégagés vers                             Fossil0fuel0su0g0country0experience.pdf

Encadré 3. Quelles sont les catégories de taxes sur lesquelles porte l’analyse ?

Le rapport TEU-DD procure des informations sur les différentes taxes               la pratique. Cependant, étant donné que pour quantifier les effets d’un
spécialement applicables à la consommation d’énergie. Il s’agit                    régime de TVA différencié, il faut disposer de données détaillées sur les
notamment des taxes carbone, des taxes sur la consommation de produits             prix, et que celles-ci ne sont en général pas disponibles pour la totalité
énergétiques (« droits d’accise sur les produits énergétiques »), et des           des produits énergétiques, cet aspect n’est pas abordé dans le présent
taxes sur la consommation d’électricité (« droits d’accise sur l’électricité       rapport. Les taux réduits de TVA, les taux zéro ou les exemptions sont
»). Aucun des pays étudiés n’a toutefois prélevé de taxes carbone à                mentionnés s’il y a lieu, et si des données sont disponibles.
proprement parler au cours de la période de référence, et aucun n’est
doté d’un système d’échange de quotas d’émissions. Les exonérations,               Les droits de douane à l’importation ne sont pas non plus pris en
réductions et remboursements d’impôt sont pris en compte en ajustant les           compte, suivant le même principe que celui énoncé ci-dessus en
taux effectifs d’imposition en conséquence.                                        ce qui concerne la TVA. Mais comme pour la TVA, ils peuvent avoir
                                                                                   une incidence sur les prix relatifs des produits énergétiques s’ils ne
Certains pays prélèvent des taxes à la production assises sur                      s’appliquent pas largement à d’autres produits.
l’exploitation des ressources énergétiques (des taxes sur l’extraction de
pétrole, par exemple). Comme ces mesures agissant sur l’offre n’ont pas            La base de données TEU-DD ne contient pas obligatoirement des
de lien direct avec la consommation d’énergie sur le plan intérieur, ces           données sur les taxes infranationales dont les recettes représentent
taxes ne sont pas étudiées dans le cadre du projet TEU-DD.                         moins de 20 % des recettes totales d’un pays provenant des taxes sur la
                                                                                   consommation d’énergie. Un avis d’expert est nécessaire pour décider
Les taxes sur la valeur ajoutée (TVA) et les taxes sur le chiffre d’affaires ne    s’il convient d’inclure les taxes infranationales d’un pays dans la base
sont pas concernées par le projet TEU-DD. Comme la TVA s’applique en               de données. En ce qui concerne les pays examinés, il a été estimé que
règle générale de la même manière à un large éventail de biens, elle ne            les taxes infranationales sur la consommation d’énergie n’auraient
modifie pas les prix relatifs des produits et des services, c’est-à-dire qu’elle   probablement pas une incidence significative, si bien qu’elles n’ont pas
ne renchérit pas les prix des biens et services fortement carbonés par             été modélisées. Lorsque les taux sont fixés au niveau infranational, par
rapport à d’autres produits plus propres. Il convient de noter qu’en raison        exemple par les municipalités, cette information est mentionnée dans
de l’application d’un régime de TVA différencié et de taux préférentiels,          les sections « Hypothèses » et « Avertissements » des notes de référence
il se peut que ces taxes ne soient pas économiquement neutres dans                 technique consultables en ligne.

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