The Tree Experience L'Expérience de l'Arbre 木を生きる - Ecole Parallèle Imaginaire
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L’Expérience de l’Arbre Peinture : Marie-Claire Mitout Conception, staging and scenography Simon Gauchet Interpretation Simon Gauchet, Tatsushige Udaka, Joaquim Pavy Outside view Éric Didry Artistic collaboration Éric Didry, Benjamin Lazar et Arnaud Louski-Pane Music Joaquim Pavy Light Claire Gondrexon Sound Vincent Le Meur, Marine Iger (alternating) Costume design Anna Le Reun Construction Édouard Raffray, Yann Kerrien Support for production and tourning Grégoire Le Divellec ( bureau hectores ) Production Ecole Parallèle Imaginaire Co-production CDN de Lorient, Théâtre de l’Union / CDN du Suitable for all from 12 years old Limousin, Théâtre de la Paillette (Rennes). Running time : 1h30 With the support of the Institut français de Paris, the Ville de Rennes, Rennes Métropole, Région Bre- tagne, the Festival TNB, and the MCJP - Maison de la Culture du Japon in Paris. SALE PRICE This project has received assistance for artistic creation of the Ministère de la Culture - DRAC Bretagne. 6000€ for 1 performance / 3500€ for extra performances - same theatre / Up to 2 performances/day This project was created in 2018, during Simon Gauchet’s artistic residency in Villa Kujoyama, Japan. Simon Gauchet is a guest artist at the Lorient Theater CDN, 2020-2022. ON TOUR (subject to change) - Housing for 8 people (including tour manager), single rooms in 2-star hotels (minimum) or equivalent - Meals for 8 people (specific diets to be detailed) Performance TEAM TRAVEL : Return trip for 4 people by train or plane from Rennes (France) / return trip for 3 people by train or plane from Paris (France) / return trip for 1 person by train or plane from Kyoto (Japan). French travel could normally covered by the french project partners. SEASON 2019/2020 SEASON 2020/2021 TECHNICAL SPECIFICATIONS (subject to change) Minimal stage dimensions : 12 x 10 meters / playing area : 9 x 6,5 meters / upper flies height : 6 November 6th to 8th 2019 Théâtre de Lorient, Centre meters / Get-in & Set-up: D-1 (2x4h) / reception & get in : 3 people needed / Set-up : 2 lighting Théâtre La Paillette (Rennes) Dramatique National technicians / 1 assistant stage manager / 1 sound operator / Dismantling and Get-out : after the last as part of the Festival TNB • performance (duration : 2h) • Théâtre de l’Union, Centre Dramatique November 15th to16th 2019 National du Limousin Contact MCJP - Maison de la Culture technical matters : Claire Gondrexon / +33 (0)6 13 10 42 55 / claire.gondrexon@yahoo.fr du Japon, Paris Touring : Grégoire Le Divelec / +33 (0) 6 18 29 30 61 / gregoire@hectores.fr /
Photo : Louise Quignon Photo : Louise Quignon How can Western theater, cloaked in obsolescence, and the thou- Media sand-year-old art of Japanese Noh be combined in a vibrant artistic relationship ? Comment créer le lien entre un théâtre oc- cidental féru d’obsolescence et cet art mil- lénaire qu’est le Nô japonais ? « Un rêve comme on en voit peu au théâtre » Simon Gauchet orchestrates a Simon Gauchet travaille dans l’obscurité des salles de spectacle mais aussi dans l’espace « A dream as we rarely see in theater » Brigitte Salino, LE MONDE (10/11/19) confrontation between the artifi- public ou les musées. Il extirpe le théâtre de sa zone de confort et fait de la scène l’es- cial and the living. He first met Tat- pace-temps d’une utopie que le réel n’aurait « Un spectacle singulier et attachant » sushige Udaka in 2008, still a young pas encore réussi à tuer. En confrontant « A singular and endearing play » Noh actor at the time. Tatsushiga l’artificiel à l’organique, cet artiste singulier Jean-Pierre Léonardini, L'HUMANITÉ (12/11/19) willingly shared his knowledge of provoque le face-à-face entre l’humain et la nature. Il en jaillit d’autres possibles de vies this ancestral art form with Simon. « Le Metteur en scène Simon Gauchet s’inspire du théâtre Nô et de perspectives d’avenir. En 2008, Simon Gauchet a rencontré Tatsushige Udaka, un pour imaginer un nouveau mythe pour le temps présent. » jeune comédien de théâtre Nô, qui lui a trans- « Director Simon Gauchet takes inspiration from the Noh theater and imagines The Tree Experience was imagined mis des bribes de cet art ancestral. new myth for the present time. » at the fall of 2018 when Simon was Hervé Pons, LES INROCKUPTIBLES (06/11/19) an artist in residency at the Vil- L’Expérience de l’arbre est un projet conçu à la Kujoyama, Kyoto, Japan. In this la Villa Kujoyama au Japon où Simon Gau- « On sourit, on réfléchit et on en sort grandi. » very visual show, images matter chet a résidé à l’automne 2018. Ce spectacle « We smile, we think and we grow up. » plastique, où l’image compte autant que les as much as words. The narrative mots, s’inscrit dans un contexte écologique Fabienne Richard, OUEST-FRANCE (09/11/19) unfolds in an anxious ecological anxiogène. « Cette cérémonie devant un arbre flottant est tout setting. It argues with brio that Et il soutient, avec panache, que si l’arbre plie, simplement bouleversante. » even if a tree bends and sometimes rompt parfois, il repousse toujours.Comme le « This ceremony in front of a floating tree is simply overwhelming. » snaps, it always grows back. théâtre. Et comme l’imaginaire. Denis Sanglard - UN FAUTEUIL POUR L’ORCHESTRE (18/11/19)
The Experience In 2008, in Japan, Simon Gauchet met Tatsushige Udaka, a young Noh actor from the Kongô school. For a month, Tatsushige taught him parts of this thousand year old art, for a month. Just before leaving Ja- pan, Simon asked his Japanese tea- In a singular and graphic cher how much he owed him. The performance, the intimacy latter refused but asked him one thing ; one day Simon will have to between the two actors teach his traditional art in return. meets a world on edge and This beacame possible ten years invites us to listen to the later thanks to a residency at the Villa Kujoyama in Kyoto. «The Tree non-human world. Experience» creates a field that questions the rituals we use when On stage, we witness an exchange transmitting stories orally; whether between a French ans a Japanese it be from an actor to another or actors who hand over their theatri- through several generations. The cal culture to each other. They re- stage becomes a place where two veal their mythologies and recall all cultures explore and query each the characters (human as much as other, where ghosts arise to ques- tree) that have inspired them. One tion the present. This tree stands in of them turn out to be the ghost of the background of all Noh theaters, a tragically dead tree. The tree then it is the witness of this experience speaks to tell the past and the fu- and fight. ture. En 2008, Simon Gauchet rencontre au Japon un jeune où deux cultures s’explorent et s’interrogent, où les fan- acteur de Nô de l’école Kongô, Tatsushige Udaka, qui lui tômes surgissent pour interroger le présent. Cet arbre qui transmet pendant un mois des bribes de son théâtre mil- trône au fond de tous les théâtres Nô est le témoin de cette lénaire. Alors qu’il doit repartir en France et qu’il souhaite expérience et de ce corps à corps. payer son professeur japonais, celui-ci refuse et lui demande Sur scène, on assiste à un échange entre deux acteurs, une chose : revenir un jour pour lui transmettre son théâtre français et japonais, qui se transmettent des bribes de occidental. leurs théâtres. Ils se racontent des histoires et dévoilent leurs mythologies. Ils convoquent sur scène des person- Dix ans plus tard, à l’occasion d’une résidence de trois mois nages qu’ils ont joué ou bien encore ceux qui ont été leurs à la Villa Kujoyama, est née la suite de cette histoire. L’Ex- maîtres : des hommes comme des arbres. Peu à peu l’un périence de l’arbre fait naître un espace qui questionne nos d’entre eux se révèle être le fantôme d’un arbre mort tra- L’Expérience de l’Arbre / Photo : Freddy Rapin rituels de transmission, qu’ils soient entre deux acteurs ou à giquement. L’arbre prend alors la parole pour raconter le l’échelle de plusieurs générations. Le plateau devient un lieu passé et l’avenir.
The promise I was 21, and had endlessly and tire- I met Tatsushige Udaka. We were lessly studied Antonin Artaud and almost the same age. Every day for his magical vision of the Balinese almost a month, he gave me the theater. I had also read biographies basics of Noh theater. On my last of the great directors of the twen- lesson, I wanted tog pay him. He tieth century (Brecht, Stanislavski, refused and told me: « I would pre- Grotowski, etc.) : all of them had a fer you to come back one day, and similar revelation about this Asian transmit your theatrical culture to traditional theatrical culture. They me. Ten years later, the Tree Expe- all mention a philosophical and rience project would narrate the anesthetic shock which will pro- continuation of this story. In 2018, foundly change the vision of their I came back to Kyoto for a 3 mon- art. I too had to understand and ths artistic residency at the Villa needed to go to see this culture by Kujoyama to transmit « my thea- mylsef. ter» in turn. La Promesse Nô. Il m’apprend Oi Matsu « la danse du Pin, l’arbre an- cien ». Il m’offre un éventail - un de ceux qui ne peuvent J’avais 21 ans et j’avais lu sans cesse et sans relâche Anto- pas s’acheter, et se transmettent seulement. J’assiste à de nin Artaud et sa vision magique du théâtre balinais. J’avais nombreux cours qu’il donne à des hommes et des femmes aussi lu des biographies des grands metteurs en scène du venus de tout le Japon. Ce que je traverse pendant ce mois XXème siècle (Brecht, Stanislavski, Grotowsky, etc.), tous passé à Kyoto va profondément marquer ma vision et ma avaient eu cette même révélation face au théâtre tradition- pratique du théâtre en tant qu’acteur mais aussi en tant nel asiatique. Tous parlent d’un choc esthétique, philoso- que metteur en scène. Après un mois passé à Kyoto, je dois phique qui va profondément bouleverser leur théâtre. Il repartir. Vient ma dernière leçon, je m’apprête à le payer. me fallait comprendre et aller voir. En décembre 2008, je Je veux le rémunérer pour toutes ces heures passées à me pris donc un avion pour l’Indonésie. Après deux mois pas- transmettre ce qu’il apprend depuis son plus jeune âge. Il sés à Bali à travailler sur la fonction du théâtre dans les refuse et me dit : cérémonies d’exorcisme, j’arrive au Japon, à Kyoto. « Je préfère que tu reviennes un jour et que tu me trans- J’ai un numéro de téléphone dans la poche, celui de Tat- mettes ton théâtre ». sushige Udaka, le fils de Michishige Udaka maître Nô de la famille Kongô. Je le rencontre, nous avons presque le Dix ans plus tard, le projet « L’expérience de l’arbre » in- même âge. vente la suite de cette histoire. À l’occasion d’une résidence « Je suis venu pour voir du Nô, et non pas pour apprendre de 3 mois à la Villa Kujoyama à l’automne 2018, je suis re- le Nô », lui dis-je, mais aussitôt je me retrouve avec le venu à Kyoto pour transmettre à mon tour « mon théâtre ». texte d’un chant dans les mains, puis une danse dans les Au-delà d’une pratique, nos théâtres portent en eux deux visions du monde, deux relations différentes à la nature, L’Expérience de l’arbre / Photo : Louise Quignon pieds et bientôt un masque sur le visage. Pendant un mois, presque chaque jour, il me transmet les bases du théâtre aux arbres et aux catastrophes.
The leaning forest When I arrived in early September the sky, between Huamn and Gods. at the Villa Kujoyama, we were im- It was painted in the background of mediately summoned to make pro- each Noh stage, allowing the tree to visions, because the most violent survive. typhoon of the last twenty years was approaching Kyoto. Hundreds of The very image of this tree nar- trees would not resist the intensity of rates our project. If trees are so the wind and got broken or uprooted. fragile today, they embody and We saw faces affected by the death symbolize parentage and transmis- of these trees, including old knotty sion. Through their branches, they pines called Matsu. One of these trees sculpt the past, until the rebirth of is painted in the background of each the times to come each spring. Just Noh theater stage. I asked Tatsushige like Noh actors, trees are remnants about this tree. In the beginning, he of an ancient world. They bring to told me that Japanese actors played our attention fragments of the past in front of a tree - a pine. This tree that question our modernity. was the link between the earth and La forêt penchée Lorque je suis arrivé début septembre à la Villa Kujoyama, spectacle. On a alors placé des miroirs derrière les acteurs aussitôt on nous a sommé de faire des provisions, car le pour que les spectateurs continuent de voir l’arbre se reflé- plus violent typhon de ces vingt dernières années appro- ter devant eux et qu’ils n’oublient pas la fonction première chait de Kyoto. Le lendemain, la puissance de la nature de la représentation. On a fini par peindre l’arbre au fond était au rendez-vous et le surlendemain, j’ai découvert avec de la scène sur ce mur appelé le kagami-ita (le mur-mi- stupeur un paysage qui n’était plus le même. Des centaines roir). C’est pourquoi au fond de tous les théâtres de Nô d’arbres n’avaient pas résisté à la force du vent et s’étaient se dresse l’image d’un pin qui rappelle à chacun que ce brisés ou avaient été déracinés. Sur des pans entiers de théâtre était destiné à l’arbre, c’est à dire aux Dieux. montagne, les arbres étaient à l’horizontale et la forêt pen- L’image même de cet arbre raconte notre projet. Si l’arbre chée. Pendant plusieurs semaines, nous avons vu dans les est si fragile à notre époque contemporaine, il incarne et jardins et les forêts des bûcherons tronçonner tous ceux symbolise la filiation et la transmission. Par ses branches, qui n’avaient pas survécu, dont certains arbres centenaires. il sculpte le passé jusqu’à la naissance de l’avenir qui bour- Nous voyions des visages affectés par la mort de ces arbres, geonne au printemps. notamment de vieux pins noueux appelés Matsu. Un de ces arbres est peint au fond de chaque scène de théâtre Nô. Les arbres tout comme les acteurs de Nô sont des survi- J’interroge Tatsushige sur cet arbre. Au commencement, vances d’un monde ancien dont il nous parvient des bribes me raconte-t-il, on faisait du théâtre face à un arbre, un qui interrogent notre modernité. pin. Cet arbre était le lien entre la terre et le ciel, entre les Hommes et les Dieux. On jouait pour les Dieux et l’arbre était l’antenne. Peu à peu les hommes sont devenus des spectateurs et se sont assis devant l’arbre pour regarder le Kurama Forest after the typhon / Photo : Lucie Benquet
A surviving tree During the 2011 tsunami, while all trees of a of nearly 70,000 trees pine forest were uprooted by the force of the waves, one tree remained stan- ding. It was named « The miracle pine ”. Gradually its trunk started to rot from inside. It was then de- cided to divide it into 9 pieces and inject resin into its veins. « The miracle pine » became a symbol of the Japanese reconstruction. I went to meet this tree which carries entire parts of the Japanese Histo- ry. It started to whisper to my ear, so I closed my eyes and started to imagine all those actors who had danced for that tree. LES ARBRES SURVIVANTS Au Japon, les arbres sont devenus des guides pour traver- Lors du tsunami de 2011, alors que tous les arbres d’une ser les paysages en passant par les enfers. Face aux catas- forêt de pins de près de 70 000 arbres ont été déracinés sous trophes atomiques qu’à dû affronter le Japon ces quatre- la force des vagues, un seul arbre est resté debout. Il est sur- vingt dernières années (Hiroshima, Fukushima, etc.), il y nommé « Le pin du miracle ». Son tronc commence peu à eut toujours un arbre, ultime survivant : peu à pourrir de l’intérieur et on décide alors de le découper en 9 morceaux, afin d’injecter de la résine dans ses veines Le 6 août 1945, alors qu’une bombe atomique est lâchée et l’ériger à nouveau pour qu’il demeure un symbole de la sur la ville d’Hiroshima au Japon, un vieil arbre reste de- reconstruction japonaise. bout près du temple d’Housenbou à 1km de l’épicentre. L’édifice est détruit, l’arbre est calciné, tout est mort. J’ai été à la rencontre de ces arbres qui portent en eux des Quelques mois plus tard, aucune vie ne reprend sur cette pans entiers de l’histoire du Japon. Ils ont commencé à me terre irradiée, hormis une petite pousse qui sort du sol à chuchoter à l’oreille et en fermant les yeux, j’ai imaginé tous partir de la souche de l’arbre. De cette petite branche, un ces acteurs qui avaient dansé pour eux. arbre renaît de ses cendres sans malformation apparente. Il devient un symbole au Japon. L’Expérience de l’Arbre / Photo : Louise Quignon
The word of the non-human Tatsushige told me that many charac- In Japan, we grasp Nature’s real and my- ters in the Noh theater are the spirit of a thological forces. It then appears that the tree. He made me a list of all those plays enslavement of Nature and the decline of in which the ghost is a pine, an oak or a its biodiversity are intimately linked to cherry tree. Nature can speak if we agree the fall of our beliefs and imagination. to listen to it. In Japan, Nature is omni- For some time now, animist thinking present and indomitable. Earthquake, has been back on the political stage as tsunami, typhoon, the elements are a mean to recreate a political ecology. It always victorious. Shintoism and Ani- appears today necessary to give a voice mism have persisted in Japan for millen- to the non-human, to those unabled to nia, they have shaped the mythology of speak. We must relearn to listen to the this Nature which surpasses us and im- trees’ song. poses its laws. LA PAROLE DU NON-HUMAIN vant. Le shintoïsme et la pensée animiste qui persistent au Japon depuis des millénaires ont façonné une mythologie Tatsushige me raconte que nombre de personnages dans le de cette nature qui nous dépasse et impose ses lois. théâtre Nô sont l’esprit d’un arbre. Il me dresse une liste de toutes ces pièces dans lesquelles le fantôme est en réalité Au Japon, on saisit la force réelle et mythologique de la un pin, un chêne ou un cerisier. La nature peut prendre la nature et il apparait que la disparition de la biodiversité et parole si on accepte de l’écouter. l’asservissement de la nature sont liés intimement au recul de nos croyances et nos imaginaires. Il y a au Japon, l’omniprésence d’une nature indomptable. Séisme, tsunami, typhon, les éléments sont toujours victo- Depuis quelques temps naît dans le champ politique un rieux. Les forêts, protégées de l’urbanisation par les reliefs retour animiste comme l’incarnation d’une écologie po- montagneux, sont habitées par une puissance qu’on a ou- litique. La nécessité apparait de redonner une voix au bliée dans nos pays occidentaux dans lesquels chaque petit non-humain, aux peuples muets de la terre. Il nous faut bout de paysage tend à être anthropisé et artificialisé. On réapprendre à écouter le chant des arbres. pressent dans le rapport à la nature un respect pour le vi- L’Expérience de l’Arbre / Photos : Freddy Rapin et Pierre Grosbois
Witnesses During my Japanese residency, I in- Joaquim Pavy composed the music vited four people to witness this ex- for the play and got his inspiration perience : two great French theater from multiple sources both from the directors with an experience in trans- Western and Japanese cultures. He mission, a musician, and a carpenter. created singular pieces intertwining First came Benjamin Lazar, director, contemporary music and traditional and specialist in baroque theater, then songs. Last but not least, Edouard Raf- Eric Didry joined us as an outsider. fray is a traditional French carpenter. He had been Claude Regy’s assistant He came to study Japanese frame and for several years and has been wor- wood assembly technics with have si- king for a long time on the notion of miliarities between our two cultures. narrative and on the way one can re- He participated in the scenography of call life-experiences on stage. the play. LES TÉMOINS Lors de ma résidence japonaise, j’ai convié quatre per- Le metteur en scène Eric Didry nous a ensuite rejoint. sonnes à être les témoins de cette expérience. Il s’agit de Celui qui a été pendant plusieurs années l’assistant de deux metteurs en scène avec qui je travaille depuis long- Claude Régy travaille depuis longtemps sur la notion de temps et qui portent en eux une expérience de transmis- récit et sur la façon dont on peut reconvoquer des expé- sion, ainsi qu’un musicien et un charpentier. riences vécues sur un plateau de théâtre par la parole et par le corps. Il a été le témoin attentif du matériau théâtral qui Tout d’abord m’a rejoint Benjamin Lazar, metteur en avait émergé. scène et spécialiste de théâtre baroque, théâtre qui pourrait d’ailleurs être considéré comme notre théâtre tradition- Joaquim Pavy a écrit la musique du spectacle à partir de nel occidental. Néanmoins, ce théâtre a peu à peu dispa- plusieurs sources à la fois occidentales et japonaises. Il a ru jusqu’à ce que le metteur en scène et écrivain Eugène tenté de reproduire les écarts de gamme de la flûte du Nô Green parvienne à le ressusciter à force d’études et de et composé à partir de la musique baroque du XVIIème recherches acharnées. Il a lui-même transmis ce théâtre siècle. Il a inventé des frottements singuliers entre une mu- à Benjamin Lazar qui en est aujourd’hui l’un des déposi- sique très contemporaine et un chant traditionnel. taires en France. Ce dernier nous a transmis les codes du théâtre baroque, codes qui dialoguent avec ceux du théâtre Enfin Edouard Raffray, charpentier traditionnel français, Nô. Ils ont notamment en commun ce que Corneille est venu pour étudier la charpente japonaise et notam- appelle « le commerce des ombres » dans L’Illusion Co- ment les assemblages bois qui sont très semblables entre mique, ce lien avec nos fantômes qui est au centre-même nos deux cultures. Nous avons été cueillir des troncs et des de chaque pièce de Nô. Il ne s’agissait pas de rester dans branches mortes, des arbres en morceaux déracinés par le une approche anthropologique mais de voir peu à peu typhon, pour leur redonner vie. Nous les avons réassemblés comment ces théâtres dialoguent et nous parlent de notre pour former un arbre construit de toute pièce et qui sert de modernité. scénographie au spectacle. Tatsushige Udaka et Simon Gauchet - Photo : Louise Quignon
Construction of the scenography with the carpenter Edouard Raffray Study for scenography - Drawing : Alexis Gauchet Crédit photo : Simon Gauchet
Simon Tatsushige Gauchet Udaka Simon Gauchet graduated in 2012 Tatsushige Udaka is a Noh theater ac- from the School of Dramatic Art of tor.He was trained by Kongo Hisano- the Théâtre National de Bretagne. ri-sensei at Kongo’s school, and his He is the co-creator of Young Eu- father - Udaka Michishige. He began ropean Laboratory Theater (a space his career as a Kolkata actor at age 3. for research and artistic creation), as Besides his career on stage, he has well as the École Parallèle Imaginaire some extensive teaching experience (ÉPI), a creative structure combining at Noh theater and leads workshops transmission, experimentation, and and demonstration-conferences creation. not only in Japan but also in South Korea, France, and the United States. His works are created on stage but He is now based in Kyoto. also in public places and museums. He takes the theater out of its comfort zone and creates a utopia that reality He will be an associate artist at the CDN du has not yet managed to kill. Lorient, 2020-2022. Since 2004 he has signed over ten As an actor, he worked with Éric Lacascade, producctions and performances all Stanislas Nordey, Éric Didry, Yves-Noël Ge- over Europe as director and stage de- nod, François Tanguy, Thomas Jolly, Benja- signer. With the EPI, he has been the min Lazar, and Bernard Sobel. administrator of the Théâtre-Paysage de Bécherel since May 2018. SIMON GAUCHET Simon Gauchet est diplômé en 2012 de l’École Supérieure France en 2019 au Théâtre de La Paillette lors du Festi- d’Art Dramatique du Théâtre National de Bretagne. Il est val du TNB ainsi qu’à la Maison de la Culture du Japon. le co-créateur du Jeune Théâtre Laboratoire Européen, un Avec l’ÉPI, il dirige depuis mai 2018 le Théâtre-Paysage espace de recherche et création artistique, de l’École Pa- de Bécherel. Il sera artiste associé au CDN de Lorient de TATSUSHIGE UDAKA rallèle Imaginaire (ÉPI), une structure de création mêlant 2020 à 2022. transmission, expérimentation et production d’œuvres. En Tatsushige Udaka est un acteur professionnel de théâtre Jouant dans près de 100 pièces de théâtre Nô par an, Tat- tant que metteur en scène et scénographe, il signe depuis En tant qu’acteur, il a travaillé avec Éric Lacascade, Sta- Nô de l’école Kongo qui a commencé sa carrière dès l’âge sushige Udaka a également une considérable expérience 2004 une dizaine de travaux et de performances dans toute nislas Nordey, Éric Didry, Yves-Noël Genod, François de 3 ans en tant qu’acteur Kokata. en tant que professeur, participant à de nombreuses mas- l’Europe. Au TNB, lors du festival Mettre en scène 2014, Tanguy, Thomas Jolly, Benjamin Lazar et Bernard Sobel. ter-class, lectures ou séminaires aussi bien au Japon qu’en il a créé L’Expérience du feu et en 2016 Le projet Apocalyp- Formé de 1984 à nos jours à Kyoto au sein de l’école Kon- Corée du Sud, France, Allemagne, Espagne, Portugal, tique. Il pilote l’expédition Le Radeau Utopique en 2016 et go par Kong Souke (26ème) et par son père Michishige Slovénie, Russie ou encore aux Etats-Unis. . Udaka, Tatsushige Udaka est aussi diplômé de l’université 2017. Il est lauréat 2018 de la villa Kujoyama pour y mener le projet L’Expérience de l’arbre, spectacle qui sera créé en Ritsumeikan de Kyoto en littérature japonaise.
Joaquim Eric Didry Pavy Éric Didry learned alongside Claude Régy, as his assistant director and worked at staging and reading the Joaquim Pavy was born in 1989, in Contemporary Workshops. He also Montreuil. He had joined the Phy- worked as an artistic collaborator for sical Theater Training Laboratory in Pascal Rambert. In 1993, he created Paris for two years before entering his first play and sought to broaden the TNB National School of Drama- his theatrical range. Orality is at the tic Art in Rennes from 2012 to 2015, center of his work. Pedagogy plays under Eric Lacascade’s direction. an important role in his activity. Throughout his training, he pur- He regularly works for the École du sued research and physical practices: Théâtre National de Bretagne, of contemporary dance, Kalarippayat, which he is a member of the educa- and Buto in Japan. At the same time, tional board. For many years, he has he pursued a strong musical practice: regularly hosted workshops bringing guitar, clarinet, percussions, piano, together both actors and dancers, in and singing. He regularly composes France and abroad. and performs music for theater per- formances. JOAQUIM PAVY ERIC DIDRY Joaquim Pavy est né en 1989 à Montreuil, il a intégré le bois de Claudine Galéa. Mais aussi du film Île errance de Éric Didry se forme auprès de Claude Régy, comme assis- place importante dans son activité. Il intervient régulière- Laboratoire de Formation au Théâtre Physique à Paris Clément Schneider et du jeu vidéo MAPS pour la FAA. tant à la mise en scène et comme lecteur pour les Ateliers ment à l’École du Théâtre National de Bretagne dont il est pendant deux ans avant d’entrer à l’École Supérieure Na- Récemment, il a accompagné en musique les lectures de la Contemporains. Il travaille également comme collabora- membre du conseil pédagogique. Depuis de nombreuses tionale d’Art Dramatique du TNB à Rennes de 2012 à Nuit de la Poésie à l’institut du monde arabe. Il travaille teur artistique pour Pascal Rambert. À partir de 1993, il années, il anime régulièrement en France et à l’étranger, 2015 sous la direction d’Eric Lacascade. Tout au long de aujourd’hui comme acteur et danseur dans plusieurs créa- devient créateur de ses propres spectacles et cherche à élar- des ateliers de récits où il réunit acteurs et danseurs. sa formation il a poursuivi des recherches et des pratiques tions : Formation chorégraphie d’Emmanuelle Huynh ou gir le champ théâtral. L’oralité est au centre de son travail physiques : la danse contemporaine, le Kalarippayat et le Un Homme qui fume c’est plus sain mis en scène pas Leslie : Boltanski/ Interview (1993) d’après « Le bon plaisir de Buto au Japon. Ainsi qu’une pratique musicale approfon- Bernard. Il a également joué dans L’Utopie d’après Thomas Christian Boltanski par Jean Daive », Récits/ Reconstitu- die : Guitare, clarinette, percussions, piano et chant. À More dirigé par Simon Gauchet, Constellations mis en tions, spectacle de récits d’expériences personnelles (1998), plusieurs reprises, il a composé et interprété la musique scène par Éric Lacascade, Jeunesse(s) réalisé par Mathias Compositions, nouveau spectacle de récits (2009). Il met de spectacles de théâtre comme Stabat Mater Furiosa de Jacquin, et Amor Fati avec le théâtre du Baleti. en scène Maîtres Anciens de Thomas Bernhard avec Ni- Jean-Pierre Siméon. Rouge d’Emmanuel Darley et Au colas Bouchaud à l’automne 2017. La pédagogie tient une
Un projet de L’eCOLE pARALLÈLE iMAGINAIRE CONTACT > 06 31 40 07 20 > epistulabox@gmail.com > www.ecolepi.com
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