ÉTUDE DE CAS La République islamique d'Afghanistan - Passage en revue des Opportunités et Défis pour le Renforcement du Nexus ...
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Passage en revue des La République islamique d’Afghanistan Opportunités et Défis pour le Renforcement du Nexus Humanitaire-Développement en matière de Nutrition, avec les exemples du Myanmar, du ÉTUDE DE CAS Niger et de l’Afghanistan. Global NUTRITION CLUSTER
Ce projet comprend les publications suivantes Leçons apprises du passage en revue du Nexus Humanitaire- Développement au Myanmar, au Niger et en Afghanistan y Rapport y Note de synthèse Passage en revue des opportunités et défis pour le Renforcement du Nexus Humanitaire-Développement en matière de nutrition, avec les exemples du Myanmar, du Niger et de l’Afghanistan y Afghanistan y Myanmar y Niger Toutes les publications et l’enregistrement des webinaires accompagnés sont disponibles en français et en anglais en cliquant sur les liens suivants : GNC Scaling Up Nutrition © UNICEF/UN060153/Nybo
Table des matières Acronymes 04 Introduction 05 1. La malnutrition persistente et généralisée 06 est très sensible aux crises 2. Principal bénéficiaire de l’aide au 08 développement des pays du CAD, l’Afghanistan investit très peu en matière de nutrition 3. Lancement de l’AFSeN-A en 2017 10 4. La capacité des politiques nutritionnelles 12 gouvernementales à résister aux crises demeure limitée 5. Le Nexus Humanitaire-Développement 13 pourrait devenir réalité 6. Le rôle des mécanismes de coordination 15 7. Conclusion et recommandations au 17 Mouvement SUN et au Groupe de la nutrition pour renforcer le Nexus Humanitaire-Développement pour la nutrition en Afghanistan Annexe 1 : Champ d’application, 21 méthodologie, contexte et documents utilisés dans cette étude de cas Champ d’application 21 Méthodologie 21 Contexte 22 Documents de référence utilisés dans cette 24 étude de cas Annexe 2 : Personnes interviewées 25 Références 26 Remerciements 26
Acronymes AFSeN-A Programme pour la sécurité alimentaire et la nutrition en Afghanistan ANJE Alimentation des nourrissons et des jeunes enfants ATPE Aliments thérapeutiques prêts à l’emploi BPHS/EPHS Programme de prestations de santé de base/ Ensemble de services hospitaliers essentiels CAD Comité d’Aide au Développement FANTA Assistance technique pour l’alimentation et la nutrition GNC Global Nutrition Cluster (Groupe de la nutrition) GSS Solutions mondiales de recrutement HDN Nexus Humanitaire-Développement HRP Plan d’intervention humanitaire IHSAN Initiative pour l’Hygiène, l’Assainissement et la Nutrition IMAM Prise en charge intégrée contre la Malnutrition Aiguë MNS Complément en micronutriments MQSUN+ Maximiser la qualité du renforcement de la nutrition (Plus) MSP Ministère de la Santé publique NCC Coordinateur du Groupe de la nutrition ONG Organisation non gouvernementale OCDE L’Organisation de coopération et de développement économiques ODA Aide publique au développement ODD Mouvement pour le renforcement de la nutrition (Mouvement SUN) MAS Malnutrition aiguë sévère SAG Groupe stratégique consultatif SUN Objectifs de développement durable SMS Secrétariat du Mouvement SUN SUN UNN Réseau des Nations Unies pour le Mouvement SUN UN Nations Unies UNAMA Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan 4 Afghanistan — ÉTUDE DE CAS
introduction Cette étude de cas d’un pays et proche triple-Nexus réunit trois plans ses recommandations attenantes clés : le Plan d’Intervention Humanitaire comprennent des contributions de (HRP), le Plan « Une seule ONU » et membres du Groupe de la nutrition, de le Mandat pour la Paix de la Mission la plateforme multiacteurs du Pro- d’Assistance des Nations Unies en gramme pour la sécurité alimentaire et Afghanistan. Pour cette étude, seules la nutrition en Afghanistan (AFSeN-A), les dimensions humanitaires et déve- de représentants de la société civile loppementales ont été analysées. et d’agences des Nations Unies, ainsi Dans cette étude, le HDN (Nexus que de données secondaires et de Humanitaire-Développement) est sources d’information. La liste des considéré comme le point central documents-clés et des personnes où les actions humanitaires et interviewées se trouve en annexe et développementales convergent dans dans les sections de références. le but de prévenir, préparer et répondre Cette étude a été préparée par le aux crises – tout particulièrement Groupe de la nutrition et le Secrétariat auprès des populations les plus du Mouvement pour le renforcement vulnérables et les plus à risque — en de la nutrition (Mouvement SUN), pour équilibrant les interventions à court comprendre les expériences vécues par terme et les solutions à plus long terme, des pays vulnérables ou en guerre et permettant ainsi aux interventions proposer des options afin de renforcer humanitaires et développementales le Nexus Humanitaire-Développement d’être réellement complémentaires et (HDN) en vue d’obtenir de meilleurs de se renforcer mutuellement. résultats en matière de nutrition. Le L’étude a constaté que de grands pro- but de cette étude est d’identifier des grès ont été réalisés en direction d’une opportunités et des solutions concrètes. approche multisectorielle de la nutrition, Par conséquent, son analyse n’est pas avec l’adoption en 2017 de l’AFSeN-A exhaustive mais utilitaire. Seuls les et de son plan stratégique : l’introduc- aspects pertinents des contextes sont tion de traitements nutritifs dans le présentés. Une attention toute parti- Programme de prestations de santé culière a été mise sur les facteurs qui de base (BPHS), reconnaissant ainsi entravent ou, au contraire, favorisent sa dimension développementale, en la collaboration et l’engagement pour plus des mécanismes de coordination la nutrition. déjà bien développés et opérationnels, Cette étude de cas fait partie d’une qui offrent un espace aux acteurs pour série de trois études de cas par échanger et collaborer. Les moyens pays, qui concernent l’Afghanistan, le alloués à la nutrition demeurent limités Myanmar et le Niger. L’étude fut menée et la couverture de toutes les interven- entre juillet et septembre 2020. En tions en matière de nutrition — spé- raison de la pandémie du COVID-19, cifiquement nutritionnelles ou à visée cette étude a dû se faire à distance, ce nutritionnelle — est insuffisante. La qui a restreint la représentativité des mise en œuvre de l’AFSeN-A gagnerait participants, en raison des contraintes à impliquer de nouveaux acteurs — sur techniques et linguistiques. le plan technique et opérationnel, parti- © UNICEF/UNI118803/Noorani culièrement les acteurs humanitaires et Pour rendre compte de la complexité les organisations locales de la société du contexte afghan, les Nations Unies civile, ainsi qu’à renforcer la planifica- ont développé un modèle de triple tion et la responsabilisation, afin de Nexus. Ce modèle englobe des actions soutenir la sensibilisation à cette cause humanitaires, développementales et de et la mobilisation des moyens. paix, à court, moyen et long terme. L’ap- Afghanistan — ÉTUDE DE CAS 5
1. La malnutrition persistente et généralisée est très sensible aux crises Le taux de mortalité chez les enfants à cause de l’impact persistent de la sanitaire médiocre et une incidence et les nourrissons est parmi les plus sécheresse de 2018. Les carences élevée de cas de diarrhées ainsi que élevés de l’Asie du sud et la situation en micronutriments sont également de mauvaises pratiques de soins. Ces nutritionnelle contribue fortement à largement répandues en Afghanistan. facteurs contribuent invariablement cette mortalité. Malgré des progrès La carence en iode est un problème à des pratiques alimentaires chez significatifs réalisés dans la prise en important qui touche une population les nourrissons et les jeunes enfants charge des retards de croissance, avec estimée à 41 % des femmes en âge de (ANJE) médiocres, ainsi qu’à des taux une réduction d’un tiers de la préva- procréer et à 30 % des enfants âgés de de malnutrition élevés. lence à travers le pays, de 60 % en 7 à 12 ans. La moitié des enfants âgés Progresser sur les pratiques alimen- 2010 (Afghanistan Multiple Indicators de 6 à 59 mois présentent une carence taires chez les nourrissons et les jeunes Survey 2010, p. 5) à 38 % en 2018 en vitamine A. Les taux d’anémie sont enfants a été difficile. En dépit d’un (Afghanistan Health Survey 2018, p. estimés à 40 % des femmes en âge de taux estimé d’allaitement des enfants 48), la malnutrition est persistante et procréer et 45 % des enfants âgés de 6 de 0 à 59 mois de 98 %, seuls 58 % répandue sous toutes ses formes dans à 59 mois, alors que 47 % des femmes des enfants sont exclusivement allaités tout l’Afghanistan, avec des variations entre 15 et 49 ans sont anémiques. pendant les six premiers mois de leur considérables selon les régions. Les facteurs qui provoquent la malnu- vie. Les résultats de l’enquête montrent Selon le Groupe de la nutrition, on trition en Afghanistan sont complexes également que les jeunes enfants sont estime que 2,9 millions d’enfants de et multiples : crises humanitaires sans soumis à un régime alimentaire mono- moins de 5 ans (près d’un enfant sur fin, sous-développement chronique, tone à base de céréales, manquant de trois) sont particulièrement mal nourris, faibles investissements dans les variété, et dépourvue des nutriments dont plus de 780 000 souffrent de mal- services de bases, ainsi que d’autres adéquats pour une croissance optimale. nutrition aiguë sévère (MAS). Sur 34 facteurs socio-économiques tels que le Ceci est dû probablement, non à une provinces, 26 sont actuellement au-des- piètre statut des femmes. Cela pro- indisponibilité de la nourriture, mais à sus du seuil d’urgence de malnutrition voque une pénurie d’accès aux soins, un accès inégal aux aliments au sein aiguë de 15 %. La mauvaise situation une faible immunisation, un niveau du foyer. nutritionnelle s’est aggravée en 2019, Figure 1: Prévalence de la malnutrition aiguë globale en Afghanistan – juin 2020 Prévalence de MAG 15% avec facteurs aggravants - critiques Source : Groupe de la nutrition 2020 6 Afghanistan — ÉTUDE DE CAS
© UNICEF/UN0339436/Dejongh Malgré des progrès ces dernières enfants souffrant de malnutrition aiguë la surveillance et les mesures en faveur années, la couverture géographique modérée. La communauté humanitaire de la croissance (GMP) ou le soutien des services de santé reste insuffisante, a soutenu l’accroissement des ser- à la nutrition des nourrissons, jeunes tout comme les actions préventives vices de nutrition et a financé l’accès enfants (ANJE) et de leurs mères, en ou les investissements en matière de aux aliments thérapeutiques prêts à association avec un kit nutritionnel com- nutrition, dans un environnement opéra- l’emploi (ATPE), cependant des écarts munautaire. La mise en place à grande tionnel particulièrement compliqué. demeurent et presque 50 % des cas échelle de cette assistance ne fut de malnutrition aiguë sévère se voient cependant pas facile. En effet, en plus Le programme de Management Intégré privés d’accès aux services IMAM. des problèmes de mobilisation et de contre la Malnutrition Aiguë (IMAM) L’une des raisons principales expliquant moyens, la couverture et la qualité de est inclus dansle Programme de les disparités en matière de couverture l’assistance nutritionnelle sont sévère- prestations de santé de base (BPHS) des services IMAM est la nature forcé- ment réduites par des moyens humains et l’Ensemble de services hospitaliers ment graduelle des processus d’aug- et physiques limités, le manque de essentiels (EPHS) qui ne couvrent pas mentation, rendue impossible par le capacité de développement à grande l’intégralité du pays. Si, en décembre manque de moyens autant que par les échelle, la faible supervision du réseau 2019, l’ensemble des 34 provinces de difficultés d’accès aux régions les plus des agents de santé communautaire l’Afghanistan avaient mis en œuvre reculées dues à l’insécurité persistante (CHW), le manque de récompenses l’IMAM, 38 % des installations sani- et à la précarité des infrastructures. pour ces derniers, la faiblesse des taires du pays n’offraient toujours pas infrastructures et l’insécurité. les services de l’IMAM pour les enfants Le BPHS contient également des ser- souffrant de MA et 55 % pour les vices nutritionnels préventifs, tels que Afghanistan — ÉTUDE DE CAS 7
2. Principal bénéficiaire de l’aide au développement des pays du CAD, l’Afghanistan investit très peu en matière de nutrition En 2018, les pays donateurs du Comité de dollars É.-U. en ODA entre 2001 et Ces dernières années, une part impor- d’Aide au Développement (CAD) de 2015. Malgré cela, ce niveau massif tante des fonds de développement a l’OCDE ont consacré presque 2,7 d’aides n’a eu qu’un impact limité sur été dirigée vers le secteur de la santé, milliards de dollars É.-U. au développe- la réduction de la pauvreté ou sur les ce qui lui a permis d’accompagner les ment de l’Afghanistan. Ce montant est autres indicateurs sociaux, entre autres initiatives de renforcement des services en diminution de 6 % comparé à 2017 parce qu’une large part de l’aide fut de nutrition communautaires et leur et il semble que cette tendance à la dédiée au secteur de la sécurité. L’aide sédentarisation, dans le cadre de l’aide baisse se poursuive. Depuis plus de 10 est gérée par un système hautement aux services de santé dans le pays. Bien ans, l’Afghanistan a été sans interrup- centralisé, ce qui a freiné le dévelop- que le gouvernement ait le contrôle de tion le plus grand bénéficiaire des aides pement d’institutions décentralisées. principe sur la délivrance de l’assistance, publiques au développement (ODA) de Ces apports financiers considérables la plus grande part de cette dernière est la part des pays du CDA. ont créé une économie rentière qui, si sous-traitée auprès d’ONG qui en gèrent elle est très variée, est également très la mise en place. Au sein des régions, L’Afghanistan a reçu plus de 57 milliards dépendante des financements externes. les ONG sont indispensables pour Tableau 1 : 10 premiers bénéficiaires d’ODA de la part des pays du CAD – 2018 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 Afghanistan 5,132.2 5,546.3 5,937.5 5,603.7 4,259.2 4,023.2 3,584.3 3,150.5 2,830.6 2,660.9 République arabe 62.1 44.4 78.4 501.3 1,732.5 1,597.5 1,824.6 2,467.0 2,566.3 2,504.4 syrienne Bangladesh 717.8 872.6 1,082.4 1,311.0 1,447.3 1,381.2 1,200.5 1,221.6 2,224.8 2,354.4 Inde 1,578.4 2,225.2 2,054.3 1,515.6 1,837.8 1,892.0 2,110.3 1,662.7 2,569.8 2,248.6 Ethiopie 1,818.3 1,856.8 1,929.7 1,798.6 1,913.6 1,914.0 1,854.4 2,049.2 2,206.6 2,061.4 Jordan 486.6 411.6 464.5 853.1 753.1 1,496.4 1,480.9 1,832.3 1,878.1 1,972.1 Irak 2,629.4 1,994.3 1,814.0 1,113.7 1,343.2 1,131.5 1,202.6 1,890.3 2,278.9 1,961.1 Nigeria 688.3 846.0 852.2 895.0 1,138.7 1,061.9 1,124.4 1,227.3 1,742.9 1,724.4 Colombie 998.7 560.9 926.7 700.3 774.0 1,137.5 1,287.6 988.3 738.6 1,637.0 Kenya 1,224.9 1,156.8 1,563.7 1,668.7 2,018.4 1,601.9 1,496.0 1,387.9 1,502.9 1,537.1 Source: OCDE 8 Afghanistan — ÉTUDE DE CAS
distribuer l’assistance dans le domaine Graphique 2 : Aide publique au développement en Afghanistan de la santé, mais également dans d’autres secteurs du développement et la mise en place de services publics, ODA Aide Total (CRS) humanitaire totale Basic nutrition (CRS) Pour la nutrition 7.000 tels que l’agriculture et l’éducation. Ces services publics et les projets 6.000 1 2 d’intervention sont entrepris au sein 6 d’associations entre le gouvernement 5.000 central et les ONG qui les gèrent, 19 14 souvent avec l’appui d’organisations 4.000 12 9 internationales, telle que les donateurs 20 bilatéraux, les agences des Nations 3.000 34 Unies ou la Banque mondiale. Cette 2.000 modalité permet de pallier aux capacités limitées du secteur public en 1.000 termes de moyens humains et finan- ciers et d’accéder aux communautés 5,889 5,896 5,537 4,198 4,008 3,771 3,370 2,941 2,678 - les plus éloignées. 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 Le montant des ODA dédié au Source: OCDE CRS secteur de la nutrition reste très bas. Les données du System of Health Accounts (SHA) de 2014 montre que Aide au development Humanitarian Aidofficiel Total (FTS)Pour laNutrition nutrition de base (FTS) l’Afghanistan a consacré près de 97 1.000 31 millions de dollars É.-U., ou 2 dollars 900 É.-U. par habitant, aux problèmes de 800 nutrition. Seule une infime partie de 6 700 cette somme provenait du gouverne- 40 72 68 ment — 820 000 dollars É.-U. ou 0,02 600 26 47 34 dollars É.-U. par habitant provenait du 500 42 budget de l’Etat. Le reste du finance- 28 21 400 ment, 95,9 millions $, provenaient des partenaires pour le développement (56 300 millions dollars É.-U. ou 1,62 dollars 200 É.-U. par habitant) ou de dons (39,9 100 dollars É.-U. ou près de 1,15 dollars 731 895 516 526 510 424 524 396 542 614 392 - É.-U. par habitant). 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 Le pays fait également face à une situation humanitaire critique qui Source: OCHA FTS empire. Une crise alimentaire majeure au début des années 2000 a ainsi conduit à une intervention humanitaire massive. Tableau 2 : Les investissement en matière de nutrition de l’Afghanistan – 2019 Un seul exercice de suivi des investissements dans le domaine de la nutrition a été réalisé à ce jour. Limite supérieure nominale 2019 L’AFSeN-A a analysé les investisse- Par habitant ments dans ce domaine en 2019, au Montant (dollars É.-U.) (dollars É.-U.) travers de 82 programmes liés à la nutrition, supervisés par 13 ministères, départements ou agences (MDA). Spécifique à la nutrition 4,906,666 0.13 La proportion d’interventions finan- cées dans le cadre de la stratégie Sensible à la nutrition 153,529,118 4.04 multisectorielle, l’AFSeN-A, était à peine supérieure à 10 %. En 2019, le ministère de la Santé publique (MSP) Total 156,835,784 4.16 connut une diminution de son budget de 30 %. Source: Aperçu de l’investissement en matière de Nutrition 2019 Afghanistan — ÉTUDE DE CAS 9
3. Lancement de l’AFS N-A en 2017 Le développement d’une approche mul- Tout autant que sur le plan stratégique dollars É.-U. en deux ans et demi). tisectorielle pour la nutrition en Afgha- quinquennal, l’AFSeN-A s’appuya sur IHSAN/FHI3603 participa aussi à la nistan a commencé en 2012, avec le un plan de soutien et une structure de création de comités provinciaux. soutien de l’Organisation des Nations coordination, créant une liaison entre y Assistance technique de Unities pour l’alimentation et l’agricul- les principaux ministères et agences, MQ-SUN+, consultants mobilisés ture (FAO), l’Unicef, et le Programme les Nations Unies, le secteur privé, les par les différents partenaires, alimentaire mondial (WPF). Plusieurs donateurs et la société civile. Le plan IHSAN, FANTA. tentatives de politiques de développe- stratégique fut traduit dans les diverses ment eurent lieu. Malgré les efforts des langues locales et approuvé par le Jusque-là, les fonctions de l’AFSeN-A Nations Unies et de membres d’ONG gouvernement. Le plan stratégique de ont été menées régulièrement. Ces internationales (INGO) pour attirer l’AFSeN-A permet une compréhension fonctions comprennent : l’attention sur les besoins nutritionnels mutuelle sur la sécurité alimentaire dans une foule de secteurs, aucun et la situation nutritionnelle, exprime y des réunions de haut niveau du impact significatif ne fut atteint en une vision à long-terme autour de neuf comité de pilotage deux fois par dehors du travail réalisé par le ministère objectifs stratégiques en accord avec an depuis mai 2018, menées par de l’Agriculture, de l’Irrigation et du les objectifs de développement durable le Chef de l’Exécutif au niveau Bétail (MAIL).1 La malnutrition continua de l’Afghanistan (ODD), énonce les ministériel ; à être considérée comme un problème rôles et responsabilités respectives y des réunions régulières du comité de santé, le MSP étant responsable des du gouvernement et des parties exécutif depuis novembre 2017, au programmes de nutrition. prenantes non-gouvernementales et niveau des Secrétaires d’État ; identifie les interventions nécessaires et Il a fallu un alignement de plusieurs y des réunions régulières du comité leurs résultats. facteurs, tels qu’une publication du technique depuis novembre 2107 : le Lancet en 2013 et le Consensus de L’AFSeN-A possède un secrétariat groupe pour la sécurité alimentaire Copenhague en 2015, pour pouvoir technique, auparavant situé dans le dirigé par MAIL, le groupe de travail progresser. En 2017, la visibilité et Bureau du Chef de l’Exécutif et qui s’est sur la nutrition dirigé par le MoPH, l’implication politique en faveur du depuis déplacé au bureau administratif les actions de mise en œuvre et la projet nutrition atteignit son point de la Présidence.2 Le Directeur Général communication auprès du public d’orgue avec l’élection d’un Gouver- du Secrétariat du Conseil des ministres dirigé par le MoCI4. nement d’unité nationale. Sous la d’Afghanistan servait de centre névral- conduite du Chef de l’Exécutif, le Dr gique SUN jusqu’à ce changement. Le Abdullah, la plateforme multisectorielle coordinateur du secrétariat technique AFSeN-A fut lancée et l’Afghanistan servait de point focal technique. Le rejoignit le Mouvement SUN en octobre secrétariat technique de l’AFSeN-A 2017. Suite à cela, le plan stratégique reçut une aide substantielle d’octobre quinquennal de l’AFSeN-A (2019-2023) 2017 à avril 2020. Cette aide joua un fut développé comme cadre stratégique rôle crucial dans la mise en œuvre de visant à résoudre les problèmes de l’approche multisectorielle en matière faim, de sécurité alimentaire et de de nutrition, sa visibilité et sa capacité à nutrition. L’adhésion au Mouvement mobiliser un engagement politique. SUN et à l’AFSeN-A furent directement y Les ressources financières de encouragés par le Dr Abdullah jusqu’au l’UNICEF, du WFP et de la FAO remaniement politique de Mai 2020. totalisèrent jusqu’à presque 500 000 1 Avant la création de l’AFSeN-A, le ministère de la 2 Dans l’attente de la prise d’effet de ce change- 3 IHSAN est le projet Hygiène, Assainissement et Santé publique et le ministère de l’Agriculture, de ment, les fonctions du Secrétariat technique et son Nutrition Intégrés, appuyé par l’USAID, qui prit fin l’Irrigation et du Bétail était le principal responsable budget sont suspendus. en mai 2020. des programmes liés à la sécurité alimentaire et à la nutrition. 4 Chaque agence contributrice des Nations Unis, la FAO, l’UNICEF et la WFP, co-préside l’un des trois comités techniques. 10 Afghanistan — ÉTUDE DE CAS
© UNICEF/UNI358977/Fazel L’Afghanistan n’a pas de réseau SUN Les problèmes de fonctionnement Le plan stratégique (2019-2023) UNN propre, mais les agences des récurrents du secrétariat technique de l’AFSeN-A, lancé en 2018, n’a Nations Unies contribuent à l’amélio- posent la question de sa capacité à effectivement pas encore commencé ration de la nutrition via le Forum des durer et, s’ils ne sont pas résolus, à être appliqué totalement. Certaines partenaires du développement. Il est pourraient entraîner l’apparition de nou- des interventions, menées sous une reconnu partout en Afghanistan que les velles ambitions de dirigeants et d’une politique et des plans sectoriels, sont agences spécifiques des Nations Unies concurrence. L’engagement transversal financées, ce qui représente environ (FAO, UNICEF, WFP) et l’Alliance de des ministères (information, affaires 10 % du plan total, comme mentionné la Société Civile (CSA) ont joué un rôle religieuses, finances) reste difficile à ci-dessus. En conséquence, il y a majeur dans l’appui au Gouvernement pérenniser et les problèmes fonction- besoin d’une stratégie massive de com- pour l’avancée de la réponse multisec- nels récurrents auquel doit faire face le munication pour augmenter le finance- torielle en matière de nutrition. secrétariat technique pourraient avoir ment de la nutrition. De plus, aucune un impact sur le niveau de représenta- information n’est disponible concernant La plateforme de l’AFSeN-A implique tion, de participation et sur le processus le niveau de dépenses et d’installations, 18 ministères et quatre autorités. La opérationnel. ce qui représente un problème grave en participation et l’engagement des termes de responsabilité financière. ministères a augmenté progressive- Il est important de mentionner que ment au fur et à mesure que le mandat toutes les politiques sectorielles et les responsabilités partagées par la sont antérieures à l’AFSeN-A et à son plateforme multiacteurs furent mieux plan stratégique. Alors que l’AFSeN-A compris. Cependant, le niveau de a pris en compte les politiques sec- participation continue de varier selon torielles existantes, ces dernières les ministères, tout comme la compré- attendent toujours d’être adaptées au hension de l’aspect multisectoriel de plan stratégique de l’AFSeN-A pour être la nutrition et de ses causes. Le rôle traduites concrètement et obtenir des spécifique et les interventions précises lignes de crédit. de chaque ministère furent établis à la création de la MSP. Afghanistan — ÉTUDE DE CAS 11
4. La capacité des politiques nutritionnelles gouvernementales à résister aux crises demeure limitée Près de quatre décennies de conflit, L’aide continue d’être fournie en grande populations dans le besoin, y compris s’ajoutant au changement climatique partie par des organisations internatio- lors de catastrophes et dans les zones et à la dégradation de l’environnement, nales et des ONG, avec le soutien d’un touchées par ces catastrophes, mais la rendent l’Afghanistan très vulnérable vaste réseau d’organisations locales réponse nutritionnelle n’est pas spéci- aux catastrophes naturelles, telles que assurant la mise en œuvre sur le terrain. fiquement incluse. Elles comprennent les tremblements de terre, les inonda- Après 15 ans d’aide massive au déve- également une stratégie de préparation tions et la sécheresse, et sa population loppement et d’assistance humanitaire, aux situations d’urgence et de gestion est très vulnérable à tout choc ou stress. l’Afghanistan dispose d’une architecture des catastrophes. Le document de la d’aide relativement bien développée. BPHS introduit une clause de flexibilité Les risques posés par les catastrophes Toutefois, la capacité des organisations pour permettre aux responsables de naturelles sont souvent éclipsés d’aide à prévenir les catastrophes et à la mise en œuvre de tenir compte des par les effets plus immédiats et plus y répondre est souvent limitée aux variations entre les localités, de la visibles des conflits et de la pauvreté. zones géographiques où elles sont demande locale et d’autres conditions Cependant, les catastrophes natu- présentes et réduite par des cycles de locales nécessitant une certaine relles touchent en moyenne un quart financement courts. souplesse (c’est-à-dire la réponse aux de million de personnes par an en catastrophes et les équipes de santé Afghanistan (UNOCHA, 2017, p. 7). En La nécessité d’apporter une réponse mobiles), afin de garantir l’accès aux 2018, la pire sécheresse depuis des appropriée aux catastrophes se services de santé de base y compris décennies a touché plus des deux tiers reflète dans l’Objectif Spécifique 2 dans les régions éloignées. de l’Afghanistan, dévastant des commu- de l’AFSeN-A, par des interventions nautés déjà appauvries et réduisant leur spécifiques directement dérivées D’autre part, face à une aggravation de revenu de moitié. La pandémie actuelle de la stratégie nationale de sécurité la situation humanitaire, la communauté du COVID-19 devrait également avoir alimentaire du MAIL 2015-2019 (réserve humanitaire a élaboré une stratégie plu- un impact socio-économique grave et alimentaire stratégique, préparation riannuelle (2018-2021), reconnaissant durable. Selon l’ONU (OCHA 2017, et réaction rapide) mais n’est pas la transition vers une programmation du p. 6), on estime que 35 millions de intégrée dans tous les secteurs. Les développement. Bien que le HRP 2020 personnes (sur une population totale questions humanitaires, la préparation ne fournisse pas d’orientations claires de 37,6 millions) ont besoin d’un filet de et la réponse aux catastrophes n’ont sur le ‘triple lien’ (humanitaire, déve- sécurité sociale. pas été abordées régulièrement et loppement, paix), qui n’est mentionné systématiquement lors des réunions que comme une question transversale, Malgré cette fragilité face aux catas- de direction de l’AFSeN-A, et les il indique clairement comment l’aide trophes, la préparation et la réaction aux interactions entre l’AFSeN-A et humanitaire s’articule avec la program- catastrophes ne sont pas correctement les mécanismes de coordination mation du développement dans le prises en compte dans les politiques humanitaire sont encore limitées. secteur de la nutrition, en augmentant sectorielles, ce qui limite les possibilités progressivement les services de nutri- d’apporter une réponse appropriée et Les politiques sectorielles qui consti- tion dans les endroits prioritaires, en globale à ces catastrophes et de créer tuent les fondements de l’AFSeN-A renforçant les capacités des partenaires un Nexus Humanitaire-Développement. ne couvrent pas la préparation et la du BPHS et de l’EPHS à répondre aux Bien que les provinces reçoivent une gestion des catastrophes, à l’exception situations d’urgence, mais aussi en formation sur l’élaboration de plans de de la Politique Nationale de Protection augmentant son investissement dans la préparation et d’intervention, ceux-ci ne Sociale (2014) et de la dernière Poli- prévention. Cela inclut la mise en œuvre comportent pas systématiquement un tique Nationale de Santé (2015-2020). de mécanismes de protection sociale volet nutritionnel, et leur mise en œuvre La Politique Nationale de Santé met pour améliorer la nutrition, en lien avec peut être renforcée. l’accent sur le maintien des services et les acteurs du développement. l’extension des services de BPHS aux 12 Afghanistan — ÉTUDE DE CAS
5. Le Nexus Humanitaire-Développement pourrait devenir réalité Si la sensibilisation au ‘triple lien’ est des femmes sont encore très liés à partenaires du BPHS et de l’EPHS sont en cours en Afghanistan par le biais des perceptions possibles comme une sous contrat avec le MSP par le biais de l’initiative « Une seule ONU », de « intervention humanitaire » ou une « du fonds fiduciaire de développement l’OCHA et des groupes thématiques, réponse d’urgence », principalement multidonateurs du projet Sehatmandi.5 la compréhension de ce lien et de ses en raison de la nature de son finance- Ces partenaires sont chargés de résultats particuliers en matière de ment et du rôle prépondérant joué fournir des services de soins de santé nutrition est encore inégale parmi les par l’ONG dans la fourniture de services primaires et secondaires — y compris parties prenantes et entre les niveaux de nutrition. des services de nutrition — de façon national et infranational. Si l’intersection régulière et en cas d’urgence, mais Par exemple, bien que le traitement de entre les programmes humanitaires et les produits de traitement ne sont pas la MAS fasse partie de l’ensemble des de développement autour de l’élargis- inclus dans l’ensemble. Par conséquent, BPHS/EPHS, les produits nutritionnels sement de l’IMAM crée intuitivement un les ATPE sont principalement financés thérapeutiques (ATPE) ne figurent Nexus Humanitaire-Développement, par le secteur humanitaire, que le site pas dans la liste des médicaments il existe très peu d’autres domaines soit un district prioritaire pour l’action essentiels du gouvernement et ne sont de convergence. La formulation d’une humanitaire ou non. pas financés par les BPHS/EPHS. Les vision commune du HDN pour la nutrition et la définition de ses modalités pratiques sont des défis qui ne sont pas encore totalement relevés. Cette situation est encore La réponse à la crise du COVID-19 aggravée par : y les interventions spécifiques à la En raison de son ampleur, la crise du COVID-19 actuelle a révélé des nutrition sont encore largement lacunes dramatiques dans le système d’aide et dans les services publics considérées comme des réponses de préparation et de réponse aux catastrophes. Quelques exemples ont d’urgence ; été recueillis au cours de l’étude. y la réponse aux catastrophes est La crise a mis en évidence le manque de préparation aux catastrophes largement déléguée à l’assistance et et de planification d’urgence dans de nombreux services publics et aux organisations internationales ; ministères, ce qui entrave la continuité des services essentiels mais aussi y l’absence d’interventions de la mise en place de plans d’intervention complets en temps utile. Les prévention à grande échelle. impacts de la crise ne sont donc ni atténués ni traités, ce qui augmente le risque de détourner des ressources de programmes de développement L’analyse des réponses des années essentiels — visant à réduire la pauvreté et l’insécurité alimentaire — passées montre que plus de la moitié vers des réponses potentielles à des besoins immédiats. des enfants souffrant de malnutrition aiguë vivent dans des zones non La crise a également clairement perturbé la prestation quotidienne des prioritaires pour l’assistance du HRP services et la supervision des programmes, compromettant les efforts et reçoivent donc une assistance et et les investissements passés et générant une concurrence entre la des services limités. La persistance réponse pour faire face au COVID-19 et les activités de routine. de niveaux élevés de sous-nutrition D’autre part, il a été signalé qu’elle a également offert davantage de souligne que la sous-nutrition n’est possibilités de travailler dans le cadre d’une approche multisectorielle pas seulement le résultat de chocs et et de lancer une programmation conjointe de l’aide humanitaire et du d’urgences mais qu’elle est induite par développement, en raison de l’ampleur de la crise, et qu’elle a suscité des privations chroniques et le sous-dé- des approches novatrices pour faire face aux problèmes d’accès. veloppement. Toutefois, le traitement de la nutrition et les besoins spécifiques des nourrissons, des adolescents et 5 L’objectif de développement du projet Sehatmandi pour l’Afghanistan, soutenu par la Banque mondiale, est d’accroître l’utilisation et la qualité des services de santé, de nutrition et de planning familial. Afghanistan — ÉTUDE DE CAS 13
© UNICEF/UNI119758/Noorani Ce dispositif est complété par des permettant aux acteurs des secteurs de équipes mobiles et un système d’in- l’aide humanitaire et du développement tervention d’urgence, pour répondre d’entreprendre un exercice de hiérar- rapidement aux urgences et chocs en chisation des priorités pour faire face termes de services de santé, y compris à la rareté des ressources. La mise le traitement nutritionnel et les conseils en œuvre d’un ensemble complet de en la matière. Toutefois, les autres mesures multisectorielles n’est en effet privations résultant d’une catastrophe pas réaliste à l’heure actuelle, dans un et ayant un impact sur l’état nutritionnel, contexte de pénurie de ressources. comme l’accès à l’eau et à des aliments Il existe une compréhension géné- nutritifs, restent la responsabilité des ralement partagée des besoins communautés appauvries ou des ONG nutritionnels et un consensus sur la fortement dépendantes des méca- nécessité de prévenir la malnutrition, nismes de mobilisation des ressources. mais ce consensus est plus limité parmi L’AFSeN-A offre la possibilité d’inten- les parties prenantes sur la manière sifier la mise en œuvre d’interventions de prévenir la malnutrition et sur le sensibles à la nutrition et la prévention point de départ, malgré de nombreux de la malnutrition sous toutes ses programmes de sécurité nutritionnelle formes. Toutefois, les principales et de prévention nutritionnelle à long sources de financement de la nutrition terme mis en œuvre au fil des ans. Il restent les fonds humanitaires et le n’y a malheureusement pas de coordi- financement du secteur de la santé nation ou de cartographie systématique (Aperçu des Investissement en matière (répartition géographique, échelle et de nutrition 2019, p. 3), qui sont ressources) de ces programmes. Les largement axés sur le traitement. En connaissances locales et l’expertise en ce qui concerne les interventions de matière d’aide humanitaire pourraient prévention, il n’existe pas de preuves toutefois être mises à profit pour de l’efficacité des programmes de sécu- combler une partie de cette lacune. rité nutritionnelle, ni d’espace dédié 14 Afghanistan — ÉTUDE DE CAS
6. Le rôle des mécanismes de coordination Malgré l’augmentation du dialogue et Des comités techniques ont été mis concurrentes, ce qui a un impact sur des zones de convergence, les méca- en place dans le cadre de l’AFSeN-A. leur présence et leur niveau de partici- nismes de coordination fonctionnent Par exemple, le Groupe de travail sur pation. Selon les informateurs, le niveau toujours de manière très cloisonnée, la nutrition s’est réuni tous les mois de participation et d’engagement est et les acteurs de l’aide humanitaire et jusqu’en mars 2020, sous la présidence également influencé par le manque du développement interagissent sur du ministère de la Santé publique et d’opérationnalisation, de plan d’action différentes plateformes. la coprésidence de l’UNICEF et du et de résultats visibles. Les comités ministère de l’Éducation (MoE). Les sont censés travailler par le biais de Il existe des possibilités de combler ce groupes de travail techniques comptent petites équipes de travail au sein des fossé. Les ONG et les agences des un petit nombre de membres actifs. ministères, en préparant des propo- Nations Unies ont souvent une double Ils offrent un espace pour discuter des sitions et des budgets à présenter au fonction et participent à la fois à la pro- problèmes mais sont limités dans leur comité exécutif, mais il semble que cette grammation de l’aide humanitaire et du capacité à générer des propositions et fonction ne soit pas active. développement. Toutefois, la structure des résultats. Selon les informateurs, et la dynamique des mécanismes de Les comités provinciaux de l’AFSeN-A les représentants dans les comités coordination ne sont pas suffisamment ont également été créés entre 2018 et techniques ne sont souvent pas assez souples et incitatives pour que ces 2020 mais ne sont pas encore fonction- expérimentés. Les représentants sont possibilités se concrétisent. nels. Il est nécessaire de mener une souvent confrontés à des priorités nouvelle campagne de sensibilisation sur l’AFSeN-A. Cependant, dans chaque province, les comités alimen- taires et nutritionnels pré-AFSeN-A restent fonctionnels, fournissant des mises à jour mensuelles des besoins et rassemblant des représentants de différents secteurs. Le Groupe de la nutrition (NC) fournit un forum pour échanger des infor- mations et coordonner les réponses nutritionnelles en mettant l’accent sur le traitement nutritionnel et les activités associées, telles que l’IYCF dans les situations d’urgence. Il compte un grand nombre de membres (45 membres), dont de nombreuses organisations nationales. Malgré des lignes très floues entre les programmes humanitaires et de développement en ce qui concerne le traitement nutritionnel, la représen- tation est principalement assurée par le personnel humanitaire. Le niveau de participation est inégal et dépend des flux de financement, en particulier pour les organisations nationales qui comptent sur des cycles de finance- ment aussi courts que trois mois, pour soutenir leurs fonctions essentielles et leur représentation dans les forums de coordination. Les objectifs du NC sont fortement dépendants du rythme des urgences et du calendrier de mobilisa- tion des ressources. Le groupe straté- gique consultatif (SAG) joue son rôle © UNICEF/UNI119758/Noorani Afghanistan — ÉTUDE DE CAS 15
en assurant un leadership stratégique, pour les ressources, qui conduit à une et des programmes est assurée par mais la définition des priorités et la pla- surprotection de son mandat, de ses des ONG (internationales, nationales nification, les ressources et les capaci- relations avec certains départements et souvent locales). Ils sont largement tés des membres du groupe ne sont pas et agences gouvernementaux et de représentés au niveau infranational toujours suffisantes, et les informateurs sa zone d’influence géographique mais sous-représentés au niveau natio- ont regretté de ne pas pouvoir couvrir (on plante son drapeau), ce qui nuit à nal et dans les initiatives nationales. Les des sujets plus stratégiques lors des l’action et à la programmation conjointes organisations nationales et locales ne réunions et des échanges du NC. et renforce les cloisonnements. La sont généralement présentes que dans coordination intergroupes sur la nutri- quelques districts ou régions. En raison Malgré les ressources dédiées à un tion, bien qu’elle vise à fournir un cadre de la petite échelle de leurs projets, coordinateur du Groupe de la nutrition de planification et de programmation leur chiffre d’affaires financier est faible (NCC), la coordination du NC a souffert communes, ne joue pas ce rôle et se et irrégulier et ils doivent mobiliser d’un manque de NCC dédié entre limite à l’échange d’informations. des ressources supplémentaires pour novembre 2019 et mars 2020 et ce soutenir le renforcement de leurs rôle a été couvert par le co-dirigeant Selon les informateurs, plusieurs capacités et assurer leur participation du groupe. initiatives pour la nutrition — qui aux mécanismes de coordination et à chevauchent les interventions et les Au niveau infranational, la coordina- la plateforme multiacteurs. Lorsque des mandats humanitaires et de développe- tion est régulière et se concentre sur ressources suffisantes sont disponibles, ment — sont soutenues par le plaidoyer l’échange d’informations pour faire face ils pourraient jouer des rôles techniques conjoint de « Une seule ONU » (par aux défis opérationnels, éviter les che- et stratégiques clés, grâce aussi à leur exemple, l’IMAM et l’intensification de vauchements, maintenir la chaîne d’ap- mandat plus étendu, les amènant sou- l’IYCF) mais manquent de personnel provisionnement des produits nutrition- vent à travailler dans plusieurs secteurs. spécialisé pour soutenir la convergence nels et la mobilisation des ressources. entre les programmes humanitaires et Ce n’est que récemment (début 2020) Des réunions ad hoc sont organisées de développement et la programmation que les interactions entre l’AFSeN-A et pour coordonner les réponses d’urgence conjointe en général. le Groupe de la nutrition ont commencé, lorsqu’une crise survient. mais elles ont été limitées par la crise L’accès insuffisant aux ressources a Le fait que le groupe, aux niveaux du COVID-19 et les problèmes insti- un impact sur la capacité de certaines national et provincial, soit très axé sur tutionnels de l’AFSeN-A. Le NCC, le organisations à participer aux méca- la coordination de la mise en œuvre, Réseau des systèmes d’alerte précoce nismes de coordination et à soutenir les l’évitement des chevauchements et la contre la famine et sa classification en activités et programmes conjoints. Alors mobilisation des ressources, entrave phase intégrée participent aux comités que les agences des Nations Unies également les capacités de dialogue de l’AFSeN-A depuis début 2020 et le jouent un rôle prédominant dans le avec le gouvernement et de soutien à la secrétariat technique de l’AFSeN-A aux programme de nutrition — grâce à leur transition entre les interventions huma- réunions du NC. capacité à mobiliser et à gérer d’impor- nitaires et celles menées dans le cadre tantes ressources humaines et finan- du développement. Un autre obstacle cières — la mise en œuvre des activités majeur est la concurrence persistante © UNICEF/UNI309866/Dejongh 16 Afghanistan — ÉTUDE DE CAS
7. Conclusion et recommandations au Mouvement SUN et au Groupe de la nutrition pour renforcer le Nexus Humanitaire-Développement pour la nutrition en Afghanistan L’Afghanistan a été en mesure d’éla- L’étude a observé que les mécanismes Le NCC, le SAG et le secrétariat borer très rapidement une MSP et un de coordination structurés autour technique de l’AFSeN-A devraient : cadre politique et stratégique pour le MS d’objectifs, de stratégies et d’activités y revoir l’organisation du Groupe de après avoir rejoint le Mouvement SUN. spécifiques étaient plus responsables, la nutrition et du Groupe de travail Toutefois, ce cadre stratégique doit plus inclusifs et plus dynamiques. technique, afin d’organiser des encore être traduit en action. Les activi- Chaque comité, réseau ou groupe réunions conjointes (y compris tés humanitaires et de développement technique devrait rendre compte systé- la fréquence, l’ordre du jour, la sont souvent regroupées, ce qui signifie matiquement de la mise en œuvre de composition, les plans d’action) ; que les acteurs de l’aide humanitaire et son plan annuel. Le plan annuel devrait du développement pourraient facilement être basé sur des priorités spécifiques y identifier les priorités thématiques réunir leurs capacités, leur expérience et réalisables (peu nombreuses plutôt et de travail et définir les objectifs/ et leurs connaissances pour soutenir la que nombreuses). résultats annuels communs et faire planification, la cartographie et la mise rapport en conséquence ; La composition devrait être confiée en œuvre des MSP au niveau infrana- à une équipe déterminée, plutôt qu’à y créer des sous-groupes de travail tional et pour renforcer les capacités des individus, pour faire face à la correspondant aux besoins pour nationales et locales d’anticipation et charge de travail, au roulement et aux travailler sur les priorités du HDN. de réaction aux catastrophes, afin de changements politiques. Cela pourrait réduire durablement les besoins huma- Le GNC/SMS-GSS devrait: également aider à gérer les egos, qui nitaires et la malnutrition sous toutes compromettent souvent la collaboration. y soutenir le NC et le Point Focal du ses formes. Une plus grande inclusion permettrait également de mobiliser Le rôle du coordinateur/facilitateur Mouvement SUN dans leur plaidoyer davantage de ressources, de soutien et dédié à cette fonction est de la plus pour mobiliser l’assistance technique de capacités. haute importance. Il doit avoir une et/ou les ressources nécessaires. expérience à la fois du développement et de la réponse humanitaire/d’urgence. 1. Promouvoir des plateformes de coordination communes pour la nutrition entre partenaires humanitaires et © UNICEF/UN0339431/Dejongh partenaires du développement Les acteurs humanitaires et les acteurs du développement devraient disposer d’une plateforme pour échanger des informations. Reconnaissant les ressources limitées dont disposent les parties prenantes, au lieu de créer un nouveau mécanisme de coordination, il est proposé d’organiser des sessions conjointes du groupe de travail sur la nutrition de l’AFSeN-A et du Groupe de la nutrition. Des groupes de travail pour- raient alors être créés pour soutenir les actions opportunes, telles que définies, afin d’appuyer la planification et la mise en œuvre desMSP. Afghanistan — ÉTUDE DE CAS 17
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