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UCANSS Instance Nationale de Concertation Famille 22/02/2018
ÉTAIENT PRÉSENTS : Pour la Cnaf : Vincent MAZAURIC Vincent RAVOUX Emmanuelle MAURY Elise PALUS Ange CHEVALIER Pour l’ACOSS : Gwénaëlle FAVRE Pour l’Ucanss : Didier MALRIC Marie-Gabrielle DUBREUIL Sylvie MIOZZO Pour la Cnav : Audrey DANDO Pour les organisations syndicales : CFDT Jean-Michel LEVECQUE Franckie THUILLIER Hélène DIDIERJEAN PSTE-CFDT Fabien BRAUD Cyril PELTRIAUX SNPDOS-CFDT Georges VIGER UCANSS - Instance Nationale de Concertation Famille - 22/02/2018 - Page | 1
FPSE-CFTC Marie-Solange TAGODOE Agnès CAMPANT SNADEOS-CFTC Philippe MORANGE SNPDOSS-CGC Alain AOUSTET CFE-CGC Pierre SOUVIROU Pascal FALTOT Mireille DISPOT CGT Olivier FANTIN Liliane PESCHARD Sylvie VANDENMEERSCHAUT Yves MONTAIGU Sandrine MATHIS Alexandra EDOUARD SNFOCOS Christophe RABOT Dominique POUMIER FEC-FO Frédéric NEAU Lionel DELL’ANGELO Page | 2 - UCANSS - Instance Nationale de Concertation Famille - 22/02/2018
Contenu 1. Présentation des premiers éléments de la Cog 2018-2022 de la branche Famille .......................................................................................... 17 UCANSS - Instance Nationale de Concertation Famille - 22/02/2018 - Page | 3
La séance est ouverte à 14 heures 36, sous la présidence de Vincent MAZAURIC. Vincent MAZAURIC indique en préambule qu’il est heureux, fier et impressionné de se retrouver pour la première fois devant une instance nationale de concertation, où il aura plaisir d’exposer et de débattre sur les grandes lignes, orientations et contraintes de la COG 2018-2022 du réseau et de la branche Famille. Il rappelle à ce titre avoir été nommé aux fonctions de directeur général de la Cnaf depuis trois mois : il dispose donc de peu d’ancienneté, ce qui justifiera sans doute quelques ignorances et inexactitudes dans ses propos. Il n’en accorde pas moins d’importance aux échanges avec les représentants du personnel. En se rendant chaque semaine dans les caisses, il a d’ailleurs l’occasion de rencontrer avec bonheur et intérêt les organisations syndicales et les agents. Les personnels restent en effet la richesse principale de l’organisme. Il s’agit à présent de procéder aux déclarations préliminaires. Vincent MAZAURIC présente au préalable ses collègues : Vincent RAVOUX, directeur du réseau, Emmanuelle MAURY, chargée du département des Ressources humaines, Elise PALUS, directrice de la Caf du Lot, et Ange CHEVALIER, stagiaire de l’En3s. Lionel DELL’ANGELO (FEC-FO) fait lecture de la déclaration liminaire de FO : « Monsieur le directeur général de la CNAF, Avec leurs Syndicats FO et CGT, nos collègues de la CAF de Bordeaux sont engagés dans un mouvement revendicatif. Leurs revendications, vous les connaissez forcément, puisqu’ils vous ont écrit à ce sujet. La Fédération FO apporte son soutien le plus total à leur action, et demande à l’employeur de répondre favorablement à leurs revendications. A Bordeaux, comme dans toute la France, le personnel des CAF n’e peut plus du manque d’effectifs, des conditions de travail en constante dégradation et des restrictions de toutes sortes. Page | 4 - UCANSS - Instance Nationale de Concertation Famille - 22/02/2018
Aujourd’hui, dans le cadre de cette instance, vont vous être présentés les premiers éléments d’information concernant la prochaine COG Etat/CNAF, dont la finalisation ne saurait tarder. Depuis des années, la situation des CAF et de leur personnel ne cesse d’empirer, chaque COG précédente s’étant traduite par 1.000 à 2.000 suppressions d’emplois supplémentaires chaque fois. Gouvernement et CNAF peuvent d’autant moins prétendre en ignorer les conséquences calamiteuses, sachant qu’ils en sont très régulièrement alertés, tant par les Organisations syndicales que par les Directions de caisses. Sera-t-il enfin tenu compte de toutes ces alertes ? Les suppressions d’emplois vont-elles enfin connaître un terme ? Va-t-on enfin se décider à rétablir tous les effectifs nécessaires et à accorder aux caisses les moyens de s’acquitter pleinement de leur mission en faveur des allocataires et des familles ? Le recours permanent au travail précaire et aux heures supplémentaires va- t-il enfin s’effacer au profit d’un renforcement des effectifs avec, en premier lieu, la titularisation et le passage en CDI de nos centaines de collègues actuellement en CDD ? Concernant les restructurations et mutualisations, va-t-on enfin reconnaître que les réductions d’effectifs générées ont eu pour contrepartie un délitement sans précédent de la qualité de service aux « usagers », quels qu’ils soient (voir l’exemple catastrophique de la mutualisation de la Paye) ? Etat et CNAF vont-ils en tirer la conclusion qui s’impose, à savoir : l’arrêt des restructurations et mutualisations ? Dans le document préparatoire à la rencontre de ce jour, il est beaucoup fait référence au « numérique » et à la « technologie »… En revanche, aucune précision n’apparaît concernant la question essentielle des effectifs. Aucune indication quant au taux de remplacement des départs envisagé pour la durée de la COG à venir… Pas la moindre information sur le niveau de l’emploi… mais au vu des milliers de suppressions de postes programmés dans la COG Maladie, adoptée contre l’avis des Confédérations FO et CGT, nous ne pouvons qu’être extrêmement inquiets quant à ce qui attend les CAF et leur personnel d’ici fin 2022 ! UCANSS - Instance Nationale de Concertation Famille - 22/02/2018 - Page | 5
La Fédération FO tient une nouvelle fois à mettre solennellement en garde les « décideurs » : en refusant d’entendre l’exaspération des salariés, en poursuivant coûte que coûte sur la même lancée destructrice, ils créent eux-mêmes les conditions d’un conflit majeur qui surviendra inévitablement ! Les choses ne pourront pas continuer ainsi indéfiniment ! A Bordeaux, comme dans toutes les CAF de France, les revendications du personnel doivent maintenant être entendues et satisfaites ! A commencer par celle qui concentre toutes les autres : l’arrêt des suppressions d’emplois et le renforcement des effectifs par des embauches en CDI ! » Lionel DELL’ANGELO (FEC-FO) ajoute que cette déclaration induit d’ores et déjà une question préalable : la Direction se doit d’indiquer quelle réponse elle entend apporter pour satisfaire les revendications des collègues de Bordeaux. Didier MALRIC remercie M. DELL’ANGELO, et donne la parole à Mme DISPOT. Mireille DISPOT (SNPDOSS-CFE-CGC) fait lecture de la déclaration liminaire de la CFE-CGC : « La note transmise le 14 février aux organisations syndicales présente les orientations de la COG 2018-2022 de la Branche Famille. Bien qu’elles ne constituent qu’une première approche à vocation très générale, ces orientations emportent les ambitions politiques de cette branche pour les cinq années à venir. Elles s’appuient sur les axes de réflexion de la Ministre de la tutelle, et ont vocation à prendre en compte les travaux du délégué interministériel à la prévention et à la lutte contre la pauvreté des enfants et des jeunes. Elles prennent de plus leur place dans un contexte particulier : le renouvellement du Conseil d’Administration, de la Présidence et de la Direction Générale de la CNAF. I – Sur l’absence de Bilan de la COG 2013-2017 Il est surprenant de constater que le cadrage des orientations de la COG 2018-2022 s’inscrive dans une dynamique qui s’appuie sur une Page | 6 - UCANSS - Instance Nationale de Concertation Famille - 22/02/2018
réflexion stratégique conduite pour les 10 années à venir, mais sans appréhender un préalable essentiel qui aurait dû figurer au nombre des éléments présidant à sa fondation : le bilan des objectifs fixés dans la précédente COG. Les résultats de ce bilan auraient conféré à ces propositions une plus grande légitimité. Au demeurant, ces résultats n’ont pas été non plus présentés aux partenaires sociaux, si ce n’est sur certaines thématiques (transformations de la DSI, mise en œuvre de la prime d’activité…). Or, les éléments de turbulences et les risques de rupture auxquels a été confrontée la branche au cours des cinq dernières années montrent combien il aurait été important de placer le réseau des CAF en « cohérence avec son histoire ». II – Sur les axes structurants des orientations proposées pour la COG 2018- 2022 La CFE-CGC souscrit de façon favorable aux axes stratégiques de la politique familiale qui visent à une meilleure conciliation entre la vie professionnelle et la vie familiale. En revanche, elle ne peut soutenir cette politique dès lors qu’elle tend à remettre en cause le principe fondateur d’universalité. La CFE-CGC développera sa position sur ce sujet au Conseil d’Administration de la CNAF par la voix de ses administrateurs. Le sujet délicat de l’accueil des enfants de moins de trois ans (avec les conséquences budgétaires sans précédent liées dans la précédente COG à la sous-consommation du FNAS) devra être éclairé par les travaux confiés sur ce sujet au Haut Conseil de la Famille de l’Enfance et de l’Age, notamment sur la prise en considération des besoins identifiés en termes d’accueil. La question de la transformation du modèle de production appelle des commentaires d’une autre portée. Depuis 2015, la branche Famille a vécu une transformation profonde de l’organisation de sa DSI. Cette opération n’a pas été sans écueil : UCANSS - Instance Nationale de Concertation Famille - 22/02/2018 - Page | 7
- Conséquences dévastatrices pour les salariés reclassés et, notamment, ceux de l’encadrement qui ont vu leur champ de responsabilité remis en cause. - Pas de véritable amélioration du service rendu aux allocataires, puisque cette nouvelle organisation n’a pas porté les fruits attendus en termes d’efficience bien au contraire ! Passer d’une logique déclarative à une logique d’acquisition automatique constitue une réforme d’envergure, qui ne sera pas sans effet sur le nombre d’emplois. Il importe donc d’en mesurer l’impact, non seulement sur les effectifs, mais sur l’ensemble des aspects que constituent l’évolution des métiers, la charge de travail, la productivité… La CFE-CGC sera très attendue aux informations communiquées aux organisations syndicales sur ce point. Si la révolution numérique participe à l’évolution de la société, il faut veiller à ce qu’elle ne soit pas facteur d’exclusion sociale, dans un contexte où l’évolution des flux est sans cesse en questionnement. III – Sur la mobilisation des personnels et de leur compétence De tout temps, les personnels des CAF ont été considérés comme la cheville ouvrière de la branche : tant en compétence, motivation que disponibilité. Les orientations stratégiques RH de la future COG présentée aux partenaires sociaux lors de l’INC du 17 novembre 2017 ont pour objectifs de mettre les compétences des collaborateurs au service de la réussite de la branche ; réussir la transformation numérique, soutenir les managers ; faire de la qualité de vie au travail un facteur d’engagement des salariés ; mobiliser la fonction RH au service de la stratégie. Mais de telles ambitions ne peuvent prospérer que dans un environnement où les moyens sont adaptés. Le projet de loi de programmation des finances publiques et sociales d’ici à 2022 laisse augurer d’une situation à venir particulièrement préoccupante concernant le budget alloué à la sécurité sociale. Elle vient de se traduire dans la branche maladie par une réduction très importante des effectifs fixés par la COG 2018-2022. Page | 8 - UCANSS - Instance Nationale de Concertation Famille - 22/02/2018
En toute vraisemblance, celle de la branche Famille va suivre la même trajectoire, ce qui conjoncture d’une poursuite du processus engagé depuis maintenant trop d’années de non-remplacement des postes libérés tout en maintenant l’exigence d’un très haut niveau de qualité du service public. La CFE-CGC demande à ce que soient communiqués les éléments de cadrage budgétaire portant sur les moyens de la COG 2018-2022 tout en alertant les pouvoirs publics sur les limites qu’ont désormais atteintes les coups de rabot. IV – Sur les précédents qui ne doivent pas se renouveler Les engagements non tenus La CFE-CGC a voté favorablement à la signature de la précédente COG. Les engagements qui avaient fondé sa position n’ont pas été tenus, ni au regard de la politique familiale adoptée, ni au regard des moyens dégagés. Il a été nécessaire qu’un rapport conjoint IGAS/ISF soit conduit pour évaluer les charges de travail, afin que soit reconsidérée la situation, notamment en raison des missions nouvelles confiées au réseau des CAF depuis sa signature (modulation des AF ; mise en place de l’APA ; recouvrement des pensions alimentaires impayées…) Climat délétère Les bilans quantitatifs et qualitatifs de la cellule d’écoute montrent le poids important de la surcharge de travail dans les motifs de recours par le personnel et l’encadrement à cette structure d’accompagnement psychologique. La CFE-CGC a contribué, par ailleurs, à la mise en place d’un baromètre institutionnel dédié aux agents de direction pour objectiver la perception de la montée d’inquiétude au sein de cette catégorie d’emploi. La CFE-CGC formule le vœu que la nomination du nouveau Directeur Général de la CNAF mette un terme au climat de défiance qui a perduré pendant de nombreux mois dans le réseau, justifiant des alertes réitérées auprès de la tutelle. La CFE-CGC souscrit à la nécessité de voir aboutir les mesures de simplifications et ne peut qu’encourager, par ailleurs, tous les dispositifs novateurs qui auraient pour finalité de rendre plus efficients la gestion et le pilotage de la CAF. UCANSS - Instance Nationale de Concertation Famille - 22/02/2018 - Page | 9
Mais il faut à un moment savoir équilibrer les forces au risque de ne pas être à la hauteur de ses ambitions ! » Didier MALRIC remercie Mme DISPOT et donne la parole à Mme CAMPANT. Agnès CAMPANT (FPSE-CFTC) fait lecture de la déclaration liminaire de la CFTC : « Les orientations pour la COG 2018-2022 énumèrent trois axes de travail. Concernant « le développement des services aux allocataires » : rien de nouveau, on en parle à chaque COG, il faut toujours faire mieux, absorber de nouvelles réglementations toujours plus complexes, présentées aux équipes en dernière minute avec des outils qui ne sont jamais opérationnels en temps voulu. Dans le monde réel, l’accès aux places en crèche est favorisé pour les familles dont les deux parents travaillent et, de préférence, si le contrat s’approche des 40 heures par semaine, afin de rentabiliser les places. Les salariés de l’Action Sociale ont le sentiment de passer plus de temps à compléter des tableaux pour justifier de leurs actions qu’à accompagner les familles. Ils n’ont plus aucune marge de manœuvre et doivent assurer un service public de qualité avec des outils qui frisent l’obsolescence. La mise en place de partenariats et l’accompagnement avec d’autres acteurs étant extrêmement chronophages, la mesure de l’efficience des interventions sociales pose des questions. Concernant « la qualité du service rendu et l’accès aux droits » : une nouvelle fois, on vise un service de qualité, rapide, sécurisé, ouvert à tous et la solution idéale se trouverait dans le numérique. Les salariés constatent, depuis des années, une perte de qualité du service rendu liée à une demande de productivité toujours plus grande, une complexité croissante des dossiers, un recours obligé à des forçages de droits pour pallier les incohérences du système informatique, l’externalisation de services importants dans lesquels le personnel est plus ou moins formé… Concernant « la mobilisation des personnels et leurs compétences » : les départementalisations suivies des mutualisations ont détruit les savoir-faire des salariés, les obligeant à changer de métier, niant leurs compétences, Page | 10 - UCANSS - Instance Nationale de Concertation Famille - 22/02/2018
les intégrant dans des formations subies, trop nombreuses et trop rapides pour permettre l’acquisition des compétences nécessaires à une nouvelle activité. Les agents ont besoin de temps d’adaptation, d’écoute et de suivi pour s’approprier de nouvelles tâches, un nouveau type de management, de nouvelles exigences de performances. A la lecture des orientations, la CFTC s’inquiète de l’absence d’informations sur les moyens humains pour mener à bien cette nouvelle politique. Les heures supplémentaires et complémentaires, qui sont censées n’être qu’exceptionnelles d’après notre Convention collective, sont devenues récurrentes et ne cessent de croître d’année en année. Si la ministre des Solidarités et de la Santé entend faire progresser la conciliation entre la vie professionnelle et la vie familiale, il serait bon que l’employeur applique en premier lieu cette politique à ses salariés. La CFTC dénonce le recours aux heures supplémentaires obligatoires, dans certains organismes, et s’oppose au remplacement de postes pérennes par des embauches en CDD ou en intérim. La CFTC s’interroge sur l’externalisation des tâches qui se trouve en totale opposition avec le secret professionnel auquel sont soumis les salariés du fait du nombre d’informations sensibles détenues sur les bénéficiaires et leur situation tant professionnelle que familiale. La simplification administrative, vantée depuis des années, pour justifier les restitutions de postes est restée au point mort. Le recours au tout numérique pose des problèmes quotidiens aux agents chargés de la gestion des droits, dont la tâche est transformée en vérificateurs à postériori, obligés de dérouler tout l’historique du dossier pour corriger les incohérences liées à l’automatisation des tâches. Enfin, la CFTC réclame du temps et de la sérénité pour l’accompagnement aux changements, et la transmission des connaissances par les salariés proches de la retraite. » Didier MALRIC remercie Mme CAMPANT, et donne la parole à Mme PESCHARD. UCANSS - Instance Nationale de Concertation Famille - 22/02/2018 - Page | 11
Liliane PESCHARD (CGT) donne lecture de la déclaration liminaire de la CGT : « Notre fédération CGT vous a interpellé à plusieurs reprises sur les conditions de travail dramatiques qui règnent dans les CAF. Aujourd’hui, au regard du document que vous nous avez adressé sur les orientations de la COG 2018-2022, nous constatons que les mesures améliorant les conditions de travail pour le personnel sont absentes. Votre objectif pour la COG à venir est de garantir un meilleur accès aux droits à l’ensemble de nos allocataires, mais comment y arriver si vous oubliez de parler : - Du manque de personnel, suite à votre choix de politique de ressources humaines, ce qui a pour conséquences un abus d’heures supplémentaires qui n’ont plus rien d’exceptionnelles ; - Des réorganisations incessantes qui créent, stress, burn-out, inaptitude ; - Du salaire de « misère ». Ce ne sont pas les 0.25% de 2016 et les mesures du gouvernement qui éloigneront nos collègues de la pauvreté ; - De la complexité toujours plus grandissante de la législation, rendant l’accès au droit incompréhensible pour les allocataires et les salariés ; - Du manque de formation rendant l’appréhension de l’environnement de notre travail toujours plus flou ; - De l’embauche excessive de CDD alors que les Caf luttent contre la précarité ; - Du système informatique obsolète entraînant des bugs à répétitions malgré toutes les nouvelles versions ; - Des fermetures d’accueil au tout-venant, qui permettaient une réponse immédiate aux attentes de nos allocataires ; - De l’exclusion de nombreux de nos allocataires face au 100% dématérialisé que vous souhaitez ; - Etc., etc. La liste est longue et pourtant absente de la note de présentation. Page | 12 - UCANSS - Instance Nationale de Concertation Famille - 22/02/2018
Pourtant vous avez su reconnaître lors de l’INC du 17/11/2017 que l’emploi dans la branche Famille était instable. La charge de travail ne cesse d’augmenter et « l’efficacité » de la dématérialisation sur la simplification des tâches et donc la baisse de charge de travail se fait attendre. De plus, vous reconnaissez que la branche n’attire pas les privés d’emplois, nous constatons même qu’elle fait fuir les nouveaux embauchés. Quelle réponse apportez-vous à ces constats dans la future COG ? Tant que vous serez dans le déni des problèmes de terrain, les besoins pour les familles ne pourront être satisfaits correctement. Vos belles phrases, prônant un meilleur accès aux droits pour les allocataires, resteront des reliques d’un désir inachevé et surtout irréalisable au vu des moyens que vous y consacrez. Un personnel malmené ne peut être performant. Pour preuve une fois de plus, vous pouvez constater que nos collègues de la Caf de Bordeaux sont en grève, et revendiquent ce que réclament toutes les Caf de France ainsi que l’ensemble des salariés de la sécurité sociale : - L’embauche de CDI pour contribuer à un meilleur service public (dans les délais et à l’accueil) ; - La réouverture complète de nos accueils permettant un meilleur accès aux droits pour nos allocataires ; - L’arrêt des mutualisations qui détruisent nos caisses et fragmentent nos activités qui deviennent vides de sens ; - La reconnaissance de l’implication des salariés par l’augmentation significative de leur salaire. La CGT ne peut entendre que les récentes réformes (hausse de la CSG et suppression des cotisations maladie et chômage) soient considérées comme une hausse du pouvoir d’achat des salariés. Il est navrant de voir que la COG ouvre une perspective de désaccord entre nous pour 5 ans encore ! Votre responsabilité est engagée si ces mesures ne nous permettent plus d’assurer notre mission de service public tout en maintenant un dialogue social apaisé. » Didier MALRIC remercie Mme PESCHARD, et donne la parole à Mme POUMIER. Dominique POUMIER (SNFOCOS) remarque ne pas constater de grandes différences d’orientations par rapport à la précédente COG. Cependant, le UCANSS - Instance Nationale de Concertation Famille - 22/02/2018 - Page | 13
SNFOCOS pose la question encore et toujours des moyens humains et financiers, notamment lorsque la première page du document remis mentionne la double ambition de la branche Famille et de l’Etat. En effet, l’Etat et son programme Action publique 2022 s’appuiera sur le comité d’action publique 2022. Or, ce comité est chargé d’identifier des économies significatives et durables sur 21 politiques publiques prioritaires, dont fait partie la politique familiale. Olivier FANTIN (CGT) souhaite aborder la question de la Caf de la Gironde, que M MAZAURIC connaît bien, puisqu’il a été alerté à plusieurs reprises par les organisations syndicales CGT et FO sur ce qui s’y passe. Depuis trop longtemps, les préconisations et la politique de la Direction entraînent une réduction constante des coûts. Le Direction ne mentionne que des « rendus de postes », comme si ces postes étaient prêtés, ce qui induit tout de même une certaine forme de précarité. Les allocataires constatent régulièrement la fermeture définitive de certains sites. A cela s’ajoute l’extrême complexité de la législation : les allocataires se confrontent à des freins les empêchant d’être correctement informés, à l’image du tout numérique mis en place. Les agents subissent quant à eux des mutualisations, avec la disparition de métiers et de services entiers, ce qui entraîne nécessairement des problèmes. Le manque de personnels a été souligné par plusieurs organisations syndicales. Lorsqu’un collègue est promu dans une nouvelle mission, sa chaise reste physiquement vide, ce qui pose des problèmes d’organisation dans les services. Le personnel de la Gironde a donc exprimé son impatience, et a décidé de s’organiser. A l’heure actuelle, une réunion de négociation a lieu entre la direction locale et les représentants syndicaux de la CGT et de FO. Les préconisations de la Direction poussent les directeurs locaux à fermer l’accueil pendant des journées entières. Pendant ce temps, les agents s’occupent du stock. Ils sont également incités à préférer les appels téléphoniques. Si ce temps de rappel téléphonique est certes important pour les allocataires, il est considéré comme du débordement de plateforme et n’est pas récompensé par une prime téléphonique, ce qui n’est pas normal. Un service rendu de qualité doit être reconnu. Page | 14 - UCANSS - Instance Nationale de Concertation Famille - 22/02/2018
Dans les prochaines semaines, les organisations syndicales appelleront donc les agents à la grève tous les jeudis qui seront mis en œuvre pour faire baisser le stock, afin de « pourrir » ces journées. Vincent MAZAURIC relève le terme « pourrir ». Olivier FANTIN (CGT) estime que la Direction ne semble pas avoir conscience du niveau d’impatience dans lequel se trouvent les agents. Il est à espérer que M. MAZAURIC sera en mesure de donner de premières réponses aux revendications des agents. La Caf de Gironde n’est pas la seule dans cette situation. C’est sans compter toutes les craintes des agents vis-à-vis de l’avenir. La CGT demande simplement que la Direction prenne la mesure de la situation. Les agents craignent les fermetures de site et le mauvais traitement de l’action sociale. Les organisations syndicales réclament donc des embauches et des augmentations de salaire. En effet, il est difficile de vivre et d’envisager l’avenir à Bordeaux avec seulement 1.300 à 1.400 euros brut par mois. En tant que nouvellement arrivé dans sa fonction, M. MAZAURIC a encore des éléments à découvrir. Les agents souhaiteraient avoir une réponse officielle de sa part. Vincent MAZAURIC indique qu’il donnera une réponse dès qu’il en aura l’occasion. Olivier FANTIN (CGT) estime que ce type de réponse n’est pas recevable. M. MAZAURIC pourrait affirmer qu’il prendra contact avec les services de la Caf de la Gironde et avec les syndicats pour essayer de trouver des solutions. Les organisations syndicales solliciteront de nouveau M. MAZAURIC pour l’informer plus précisément de la situation de la caisse de la Gironde, qui est commune à toutes les caisses de France. La CGT a également des motions des syndicats de toute la France à remettre à M. MAZAURIC. Lionel DELL’ANGELO (FEC-FO) estime qu’il n’est pas acceptable que les collègues de Bordeaux ne reçoivent qu’une réponse formelle sous la forme d’une fin de non-recevoir. Il convient d’insister pour que des dispositions soient prises dans le but de satisfaire leurs demandes. UCANSS - Instance Nationale de Concertation Famille - 22/02/2018 - Page | 15
Vincent MAZAURIC remercie l’assistance, et indique qu’il répondra aux différentes interpellations, tout en détaillant la vision et l’état des préparatifs de la COG 2018-2022 pour la branche Famille. Il s’agira bien évidemment de répondre aux interpellations plus particulières concernant la caisse des allocations familiales de Gironde. Si l’usage de cette instance est de traiter des sujets nationaux, et non locaux, Vincent MAZAURIC ne voit en effet aucune raison de ne pas aborder le cas de la caisse de Gironde. Faire de cette caisse un exemple de la situation de l’ensemble des caisses signifie qu’il n’existe pas de problèmes et difficultés spécifiques dont la Direction n’aurait pas connaissance dans cette caisse. Il est heureux que ce ne soit pas le cas. Vincent MAZAURIC indique par ailleurs qu’il n’oppose de fin de non-recevoir à quiconque, et estime avoir répondu à l’interpellation des camarades des représentants ci-présents, de manière aussi prompte et précise que possible. Il lui a en effet été demandé de désigner un médiateur national pour intervenir dans la caisse de Bordeaux, sous prétexte qu’il n’existait pas de dialogue. Or, après vérification, ce n’est pas le cas. M. FANTIN a d’ailleurs mentionné une réunion se déroulant aujourd’hui même. Le Directeur de la caisse de Bordeaux aura, par principe, la pleine confiance de Vincent MAZAURIC dans la conduite du dialogue avec les représentants syndicaux. Si besoin, Vincent MAZAURIC donnera donc son appui et celui de son équipe au directeur de la Caf de Bordeaux. Enfin, Vincent MAZAURIC n’encourage personne à faire d’une caisse ou d’un service donné un exemple ou un bouc émissaire. Cela n’est ni respectueux de l’ensemble de l’institution, ni opérationnel. Par ailleurs, l’approche de M. FANTIN consistant à « pourrir » tous les jeudis ne semble nullement prometteuse. Pour autant, la Direction entend les remarques et analyses réalisées par les représentants du personnel. Il ne s’agit nullement d’affirmer que la situation est entièrement satisfaisante. Page | 16 - UCANSS - Instance Nationale de Concertation Famille - 22/02/2018
1. Présentation des premiers éléments de la Cog 2018-2022 de la branche Famille Des documents relatifs à ce point ont été remis aux membres de l’instance. Vincent MAZAURIC indique que le premier axe de la COG 2018-2022 est consacré aux missions et services rendus aux familles, à la fois en matière de prestations que d’action sociale. Il s’agit de répondre à la question : comment bien vivre de façon moderne et juste, et ce, universellement ? Il ne convient pas de considérer l’universalité comme un objectif trop ambitieux, mais d’avoir à l’esprit l’égalité réelle. La branche Famille est très performante dans les missions qui sont les siennes, mais doit s’interroger sur les endroits où elle est moins performante, parce que cela lui est moins demandé. Des sujets comme l’accueil du jeune enfant, l’animation de la vie sociale ou les accompagnements de la jeunesse ne peuvent être suffisamment traités, si la branche ne prend pas également en compte les écarts d’équipement au détriment de territoires défavorisés, voire ghettoïsés. Il n’existe pas de contradiction entre un service parfaitement dû à un public actif et un service encore manquant vis-à-vis de familles n’ayant pas la chance de faire partie de la vie active. A la lumière des analyses de M. NOBLECOURT, la Direction schématise les obligations de la branche à travers l’image du socle et des bonus. Le socle représente l’universalité, les sujets que la branche a l’habitude de traiter. Il s’agit à présent d’engager des efforts et des objectifs plus fermes envers des populations et zones moins favorisées. Un socle ne signifie pas qu’il doit être monolithe. Une réflexion est également en cours sur des ajustements et changements de modèles, afin de redonner une marge de financement à la branche, et d’être plus juste le cas échéant. Pour exemple, le contrat Enfance Jeunesse, qui est un instrument éprouvé, solide et répandu, présente deux défauts : un défaut chronologique et un défaut social. UCANSS - Instance Nationale de Concertation Famille - 22/02/2018 - Page | 17
Premièrement, cet instrument n’est pas très utile à une politique de discrimination positive. Une des propositions – à débattre avec la tutelle – serait dès lors de modifier certains paramétrages des nouveaux contrats Enfance Jeunesse, afin de dégager davantage de marge et être plus discriminant. De même, la branche constate un nombre anormal et préoccupant de fermetures de places d’accueil de jeunes enfants, et ce, pas uniquement pour des raisons démographiques. A l’heure où les moyens sont appelés à se raréfier, il apparaît donc nécessaire de renforcer les moyens d’expertise au sein de la branche, de façon à agir de manière préventive sur la fermeture de places. Vincent MAZAURIC assure qu’il attache une réelle importance aux institutions de la branche, qui reposent avant tout sur les conseils d’administration de chaque caisse, et ce, dans chaque département. Le plein usage de ces conseils d’administration s’incarne en particulier dans les fonds locaux de l’action sociale. Des constats alarmants, voire apocalyptiques, ont par ailleurs été relayés précédemment s’agissant de l’action sociale, ce qui ne reflète nullement la réalité. Il s’agit de préserver les fonds à la disposition des conseils d’administration en matière d’action sociale, car ces derniers sont bien employés. A ce titre, un travail d’audit sérieux de la MNC a récemment pu le confirmer. Les systèmes nationaux sont certes très importants pour le cadrage des grands éléments de l’outil public, mais les initiatives, innovations et besoins locaux spécifiques ont tout lieu d’être identifiés et servis. Le cas échéant, ils doivent être financés de manière appropriée. Certains fonds d’action sociale connaîtront très certainement une progression moins rapide qu’au cours de la période 2013-2017. Le besoin sera donc plus impérieux encore de rassembler le mieux possible tous les acteurs et partenaires, afin de bien cadrer l’action. Cela sera primordial pour réaliser les bons choix et ne pas laisser dans l’ombre des besoins sociaux ignorés. La quasi-totalité des actions de la branche Famille est organisée en co- production, ce qui implique une co-expertise, une co-décision et un co- financement. Le paysage des finances locales a effectivement tendance à se rétracter. Si chaque acteur ne se concerte pas sur la bonne organisation Page | 18 - UCANSS - Instance Nationale de Concertation Famille - 22/02/2018
d’un projet et son financement, il est certain qu’une petite restriction risquera de se transformer en panne importante. Il s’agit de tirer tout le profit de bénéficier de schémas départementaux de service aux familles couvrant à peu près tout le territoire, et d’avoir déjà commencé à développer des conventions territoriales globales à la maille de l’intercommunalité. La convention territoriale globale doit être l’élément de base du cadrage de l’action. A ce titre, un contenu d’expertise et de discernement devra être plus exigeant. Il serait inconséquent de substituer en toute chose un financement de la branche à d’autres financements qui auraient disparu. En revanche, les discussions seront privilégiées avec de grandes fédérations et collectivités territoriales. La réglementation demeure complexe. L’institution confronte les allocataires à certaines contraintes de rendez-vous, de formalité, qui sont assez complexes et exigeantes. Certaines populations d’allocataires, qui connaissent de nombreux changements, sont exposées à des procédures peu compréhensibles. Travailler sur le modèle de production est à la fois une nécessité et une bonne façon de valoriser le travail. D’autre part, il est certain que la branche Famille nécessite de nombreuses ressources humaines, comparées aux autres branches. En découlent une variété et une complexité de prestations et de droits. Les informations nécessaires à la délivrance, l’estimation, la vérification des droits dépendent directement des allocataires, ce qui n’est pas le modèle de l’assurance maladie. Ce schéma ne pose aucun problème moral, mais est porteur de difficultés. La réglementation étant complexe et ne devant pas se simplifier, les allocataires de la branche sont confrontés à certaines obligations de rendez- vous, de formalités, qui sont assez exigeantes. Or, certaines populations d’allocataires connaissent jusqu’à 24 changements de situation par an, revenu compris. Ces populations sont donc exposées à une addition de formalités lourdes et peu compréhensibles. Dans l’optique du prélèvement à la source, il convient de réfléchir à ces modalités. UCANSS - Instance Nationale de Concertation Famille - 22/02/2018 - Page | 19
Il est vrai que la manière dont la branche délivre les droits aura intérêt à reposer de plus en plus sur l’acquisition de données n’ayant pas à être transmises par l’allocataire. Ces changements de procédure s’inscriront d’abord dans la réforme annoncée en 2019 en matière d’aide au logement, et pourront ensuite concerner d’autres prestations. La production actuelle de la branche produit également de la non- exactitude, qui représente environ 4% d’erreurs à 24 mois et 2,5 milliards d’euros. Le travail de rattrapage est important et ajoute encore à la charge de travail déjà lourde. Il ne s’agit pas d’affirmer que la branche dispose avec aisance de la totalité des moyens humains nécessaires pour remplir partout les tâches à rendre actuellement dans les modes actuels. Pour autant, la réduction des emplois sera plus importante encore qu’auparavant. Il devient primordial d’évoluer. La réflexion de M. FANTIN sur la signification du rendu d’emplois apparaît, à ce titre, stimulante. Ces emplois ont été en quelque sorte prêtés : la collectivité fait en effet confiance à un service public pour accompagner de manière concentrée, experte et efficace des besoins communs, avec des ressources allouées et confiées par le législateur. Il est effectivement nécessaire de prendre son temps, et de penser le modèle, en ce qu’il concerne des individus et non des outils. Pour autant, il ne s’agit pas de se sentir propriétaire d’une ressource ni de considérer le passé comme un âge d’or. La même tension existait dans les années 1980, 1990 et 2000. Il semble préférable de se tourner vers les améliorations possibles à l’avenir, de concert avec l’encadrement de la branche. Il s’agit donc de travailler à une production moins génératrice d’erreurs, exigeant moins des usagers et obligeant d’avantage les agents et équipes. Ces changements ne seront évidemment pas immédiats. Se pose également la question des moyens engagés pour mettre à bien un tel projet, dans le cadre d’une COG rigoureuse qui exige de rendre de l’emploi. Ce rendu d’emploi ne sera nécessairement pas linéaire. Les années 2018 et 2019 seront semblables à l’année 2017 en termes de process. Il s’agira néanmoins de mettre dès à présent en chantier une rénovation très profonde de l’outil informatique. Mme CAMPANT a mis ce point en exergue dans sa déclaration, bien que sa présentation paraisse quelque peu exagérée. Loin de « friser Page | 20 - UCANSS - Instance Nationale de Concertation Famille - 22/02/2018
l’obsolescence », ces outils manquent pour autant de modernisme. L’outil informatique actuel est concerné par deux défauts principaux. Premièrement, la branche ne dispose pas d’une base nationale intégrale et intangible des allocataires, et doit composer avec 101 bases départementales, ce qui entraîne des difficultés d’immatriculation en cas de déménagement des allocataires d’un département à l’autre. Il s’agira dès lors de disposer dès 2019 d’une base nationale et intangible, au moins pour le bloc logement. Deuxièmement, l’outil de calcul CRISTAL, datant des années 1980, commence à se faire vieux : lorsqu’il reçoit une donnée obtenue par une forme de télétransmission, il doit ainsi la transformer en format PDF pour la processer et s’en servir pour un calcul. Il s’agira de changer cela. Pour autant, certains éléments doivent interpeller les consciences et entraîner des actions, à commencer par les heures supplémentaires et le recours aux CDD. Le nombre d’heures supplémentaires a régulièrement augmenté depuis 2014, ce qui n’est nullement rassurant. Il convient à ce titre de remercier les agents concernés. Dans l’immense majorité des cas, ces heures supplémentaires sont réalisées volontairement. L’inverse n’est évidemment pas souhaitable, même si cela existe malheureusement. Dans certains départements, l’ingénierie de production autour de la préparation de sessions d’heures supplémentaires est tout particulièrement soignée. Il s’agit pour autant de se demander si ces progrès d’organisation et de méthode de travail bénéficient aussi et d’abord au travail quotidien normal. Il ne s’agit nullement de voir se développer des systèmes à deux vitesses. Il en est de même pour les CDD. Une institution publique, chargée d’un service public, n’a pas vocation à se reposer sensiblement sur de l’emploi à durée déterminée. Le recours au CDD peut parfois être justifié, lorsqu’un plan managérial précis est destiné à favoriser l’accompagnement et la transformation en CDI. Il peut aussi parfois être profitable d’embaucher un CDD qui amorcera un projet repris ensuite par des ressources plus pérennes. Il n’est donc pas obscur d’y avoir eu recours pour faire face à des pics de charge d’activité. Il n’est toutefois pas équilibré d’ajuster par le CDD. Cela UCANSS - Instance Nationale de Concertation Famille - 22/02/2018 - Page | 21
se traduit dans les résultats. Le bilan de la COG 2013-2017 a ainsi révélé une suppression de 1.000 CDI et une augmentation de 500 CDD. D’autre part, le cadrage de l’emploi est distinct et différent s’agissant des emplois en CCD et en CDI. Il paraît plus logique de bénéficier d’une seule et unique gestion de l’emploi, quitte à connaître des contraintes sur l’emploi. Vincent MAZAURIC indique avoir également le projet de mettre en place un budget commun de gestion enveloppant l’ensemble de la ressource humaine pour les fonctions de gestion administrative et d’action sociale. Il semble clair, net et utile que l’action sociale en local s’appuie sur des fonds, et que la ressource humaine soit un ensemble cohérent, ajoutant de la marge de manœuvre à des directrices et des directeurs. D’aucuns estimeront qu’un tel projet entraînera la pressurisation encore plus grande des équipes se consacrant à l’action sociale du fait d’un renforcement de la production et du rassemblement de toutes ces ressources. Il est évident que ce n’est nullement le but recherché : il s’agit de disposer d’une quantité suffisante de ressources disponibles pour une production amenée à changer. L’objectif n’est pas de diminuer la force de diagnostic, de cadrage, de négociation, d’action, et de travail de terrain de la branche. Si toutefois des perspectives se font jour de consacrer moins de ressources humaines à certains pans du grand ensemble de l’action sociale, notamment sur les tâches administratives, cette option devra être exploitée. Il sera ainsi possible de mettre en service un système assez complexe, Omega, dont l’un des produits attendus est de demander moins de manutentions pour saisir des données. L’ambition n’est donc pas de diminuer la valeur ajoutée que la ressource humaine essentielle est susceptible de donner en matière d’action sociale. Ces projets ne sont toutefois pas suffisants. Les nouveaux modes de fonctionnement et outils n’apparaîtront pas du jour au lendemain. Il est primordial de repenser le travail. Chaque jour, pour chaque agent, dans chaque équipe, pour chaque cadre, sous la conduite de chaque directrice et directeur, il faut se demander comment alléger le travail. La complexité n’est pas une fatalité, de même que la non-qualité. Page | 22 - UCANSS - Instance Nationale de Concertation Famille - 22/02/2018
La réflexion des équipes et agents sur la manière d’adresser leur travail doit être encouragée et favorisée. Un SMS peut ainsi s’avérer moins dérangeant, mieux reçu et moins cher qu’un appel téléphonique. Le management visuel, s’il n’est pas un simple slogan de la hiérarchie, peut considérablement changer l’appréciation du travail, la manière d’en parler et de l’adresser. A système et réglementation constants, la qualité des équipes et leur aptitude à s’organiser dans une assez bonne harmonie entre la tête de réseau et chaque caisse sont tout à fait possibles et envisageables. Il ne s’agit pas non plus de miser aveuglément sur les mutualisations, même si ces dernières sont prometteuses. Il est étonnant d’entendre des critiques acerbes sur la mutualisation de la Paye. Cette fonction est pourtant très logique à mutualiser. Vincent MAZAURIC ne se privera pas d’encourager et de continuer la mutualisation de fonctions analogues. Le travail d’une caisse n’est pas la Paye, mais les allocations familiales. Il n’est pas pour autant pertinent de mutualiser en toute circonstance et à tout prix. Il faut admettre que le bilan de certaines mutualisations peut ne pas être parfait ou pleinement convaincant. Cela demande de s’approprier de nouveaux réflexes, pour continuer à avoir confiance dans la bonne marche des missions, même lorsqu’elles ne sont plus réalisées à proximité. La mutualisation entraîne assurément le resserrement des ressources. Il s’agit de prendre en compte les inégalités de répartition dans le rapport entre les charges et les moyens. Ces inégalités sont toutes explicables et ne posent aucun problème de principe ou de morale. Dans un contexte d’aggravation des tensions, il faut bien que les coûts de répartition soient meilleurs pour que les efforts soient consentis de manière juste, et que la tension soit supportable sur un ensemble plus harmonieux – et non homogène. Ce mouvement peut être un peu compliqué et difficile à entendre, et ne se fait pas immédiatement. Pour bien vivre l’effort, la structure doit être capable de s’ouvrir à une meilleure équi-répartition des ressources. Par ailleurs, le cap des missions de la branche peut apporter une grande sérénité. Il est réjouissant de constater que les baromètres sociaux institutionnels prouvent chaque fois l’adhésion des agents à la mission et UCANSS - Instance Nationale de Concertation Famille - 22/02/2018 - Page | 23
aux valeurs de la branche. Encore une fois, il ne s’agit nullement de nier les contraintes, la tension et les difficultés des perspectives. M. MAZAURIC entend à ce titre les préoccupations sur les conditions de travail et les salaires. Sans faire aucune promesse en matière de revalorisation salariale dans la branche Famille, il s’agira de rechercher des marges susceptibles de soutenir un peu mieux qu’aujourd’hui l’effort, la progression et l’amélioration de la qualification des agents, dans le respect des cadrages sur le nombre d’emplois et la masse salariale correspondante. Cette marge n’est pas nulle, même si elle apparaîtra insuffisante aux yeux des organisations syndicales. Il s’agira néanmoins de rechercher la meilleure exploitation possible de ces marges. Au-delà de l’aspect salarial, le soin apporté aux conditions et à la qualité de vie au travail sont également des priorités pour la branche. Un plan santé et sécurité est à ce titre en cours d’élaboration et devrait se concrétiser au cours du premier trimestre 2018. Indépendamment des facteurs graves relatifs aux RPS ou à la santé, le simple travail sur la condition et la qualité de vie est important. A ce titre, les lieux de détente sont utiles et ne représentent nullement une perte d’espace. De même, le télétravail offre des opportunités, bien qu’il convienne d’être vigilant sur son management et ses modalités. Par chance, de nombreux process de la branche sont propres à une telle organisation du travail. Dans le même temps, lorsque des usages locaux sont excessivement dérogatoires, altèrent l’équité et la productivité, il faut aussi savoir les changer. Didier MALRIC s’enquiert des réactions et demandes d’intervention des membres de l’assistance. Lionel DELL’ANGELO (FEC-FO) regrette que M. MAZAURIC conteste les constats des élus s’agissant du nombre de suppressions d’emplois dans le cadre de la précédente COG. Tous les agents constatent les départs dans l’ensemble des services. Or, les embauches et remplacements n’égalent pas ces départs. Vincent MAZAURIC corrobore les dires de M. DELL’ANGELO. Page | 24 - UCANSS - Instance Nationale de Concertation Famille - 22/02/2018
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