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U n c a f é s p l a î t ! s'il vou co m m e rc e s collectif s ral Cafés et in e e n milieu ru il a dʼIlle-et-V
Avant-propos La réalisation de cet ouvrage participe de la volonté de positionner l’économie sociale et solidaire comme un levier pour les territoires ruraux et d’informer les collectivités et les porteurs de projet en leur faisant découvrir la richesse et la capacité d’innovation de l’économie sociale et solidaire. De nombreuses initiatives de commerces fleurissent aujourd’hui portées par des collectifs, accompagnés par des collectivités, même dans des toutes petites communes. Cet engagement commun et la participation des habitants, dès la réflexion sur les projets, sont des gages de réussite de ces projets atypiques. Ce livre a souhaité faire entendre la voix des porteurs de projet, mais aussi celle des élus, pour changer les représentations et faire réfléchir sur les conditions d’émergence et de réussite de commerces collectifs en milieu rural. Des soutiens peuvent être apportés à ces initiatives en Ille-et-Vilaine : des financements, via les politiques publiques d’économie sociale et solidaire et de développement local et des accompagnements, via les pôles de développement de l’économie sociale et solidaire, le propulseur d’entreprises collectives TAg35 et Bruded. En souhaitant que la lecture de cet ouvrage inspire d’autres initiatives, pour mailler notre territoire. Bonne lecture ! AVANT-PROPOS • 5
Sommaire Intro 8 Une histoire de bistrots, la renaissance des cafés ruraux 11 Le Champ Commun, les semeurs de bonnes graines 14 Bruded, l’expérience en partage 1 département, 12 projets, 100 possibilités Val-Couesnon Hédé-Bazouges Graines d’Oasis 16 Engagement, joie et culture au Bardac’ Bar’Zouges Guipel p. 35 20 Le Guibra, le bistrot-épicerie qui régale 24 Un Café des possibles réinvente & La Boutix Un Café le commerce de proximité p. 28 des possibles Saint-Aubin-du-Cormier 28 Le Bar’Zouges et La Boutix, p. 24 du bar des copains à l’épicerie du coin Langouët Biocoop du Cormier p. 32 32 Biocoop du Cormier, coopérative La Cambuse d’intérêts communs p. 48 Le Bardac’ 35 Graines d’Oasis et de solidarité Saint-Sulpice- p. 16 38 Bistrot Lab’, laboratoire d’expériences la-Forêt 40 L’Elfe, une épicerie pour tous 42 Le Barnadette, le café du village RENNES Le Guibra p. 20 45 Le Baranoux, coopérer pour reprendre Pays de 48 La nouvelle vie d’un vieux bistrot Brocéliande à La Cambuse L’Elfe p. 40 Fiches pratiques, premiers outils Coësmes pour monter un projet Chanteloup Saint-Senoux Bistrot Lab’ Barnadette p. 38 52 Faire émerger un projet Baranoux p. 42 54 La multi-activité p. 45 56 Aspects économiques 59 Accompagnement et financement 62 Gouvernance 67 Le soutien de la Commune 69 Les points de vigilance dans un projet 70 L’emploi 72 Statuts juridiques 76 Réglementation 79 Sigles, abréviations et pictogrammes 80 Carnet d’adresses 6 • UN CAFÉ S’IL VOUS PLAÎT ! SOMMAIRE • 7
UNE HISTOIRE DE BISTROTS La renaissance des cafés ruraux Le bistrot, ce n’est pas que le ballon, l’alcool et le bruit de la tasse que l’on repose sur la sou- les piliers de comptoir, c’est avant tout venir frot- coupe, c’est le brouhaha chaleureux, les voix qui ter sa solitude à celle des autres, c’est trouver du se mélangent, les verres qui se choquent, le cré- réconfort en causant de tout et de rien. Le bis- pitement du feu dans la cheminée. Le café, c’est trot, c’est là où l’on se réchauffe le cœur, le « par- le repaire des solitaires autant que des ami·es, lement du peuple », comme le disait Balzac, c’est l’endroit idéal pour lire ou s’amuser, pour boire ou Hôtel de la Gare, Liffré, début XXe siècle. le dernier bastion de la convivialité. Le café, c’est déguster, pour débattre ou se taire. Une diminution des bistrots Pourtant, en un siècle, quantité de commerces de proximité, y compris des bistrots, ont fermé leur porte en milieu rural. On estimait le nombre de cafés à 500 000 en 1900, à 200 000 en 1960 et à seulement 40 000 en 2014. La Bretagne est particulièrement touchée par ce phénomène. En 1987, la région comptait près de 7 000 bars, contre moins de 3 500 en 2014, soit une diminu- tion de 50 %1. En Bretagne, le bistrot est empreint d’un ima- ginaire foisonnant, du rade aux murs piqués par le sel sur le port d’une petite bourgade finistérienne où s’arrêtent les marins à la sortie du bateau, à la chaumière fumante d’un bourg de campagne, en passant par le zinc humide et collant d’une ville ouvrière. Le mythe est fort, ce sont des lieux emblématiques qui touchent toutes les généra- tions2. Qu’est-ce qui justifie alors cette disparition de plus de la moitié des bistrots bretons en moins Ouvrier granitier à Saint-Méen-le-Grand, début XXe siècle. de trente ans ? Groupe devant le commerce Friteau débitant, vers 1906. 8 • UN CAFÉ S’IL VOUS PLAÎT ! HISTOIRE • 9
Depuis quelques années, le sentiment de déca- Pour qu’un projet de commerce fonctionne lage s'accentue entre les grandes métropoles et en milieu rural aujourd’hui, il faut redoubler d’in- les territoires ruraux. La désertification des cam- géniosité. Les porteur·euses de projets doivent pagnes ces dernières décennies et l’installation veiller à la viabilité économique et pour cela il de grandes surfaces ont contribué à la disparition y a de nouvelles formes de bistrots à inventer. d’une grande partie des commerces de proximité. Il est culturel, épicerie, restaurant, mais il peut Des habitant·es ont le sentiment que leurs com- être solidaire et se construire comme un lieu munes sont devenues de véritables cités-dortoirs, d’échange de savoirs, d’entraide. Le bistrot peut d’autres des plateformes logistiques. également être librairie, boulangerie, dépôt de L’individualisation des rapports humains et paniers Amap3, salle d’exposition, de projec- l’évolution des pratiques de consommation, ces tion. Bref, il devient polymorphe. Il est le reflet quarante dernières années, auraient renforcé ce d’aspirations nouvelles (écologiques, sociales, phénomène. Sont ainsi couramment évoqués solidaires), mais aussi du désir de nombreuses des changements importants dans les pratiques personnes de répondre à des besoins sur des de consommation d’alcool et de convivialité : on territoires souvent enclavés et isolés, ainsi qu’aux boit l’apéro à la maison, on reçoit chez soi, on populations néorurales présentes aujourd’hui boit seul, parfois. Le bistrot, lieu central de la vie dans ces communes. communale, est souvent le dernier commerce à Ces dernières années, on constate une légère survivre et, lorsqu’il disparaît, il est plus difficile hausse des débits de boissons (de 20 % selon de maintenir du lien social entre les habitant·es. l’Insee), puisqu’on comptabilise au 1er janvier 2018 AUGAN 41 845 établissements dont l’activité principale Le Champ Commun, Vers de nouveaux horizons correspond à cette catégorie, soit 7 000 de plus Le siècle dernier, il pouvait y avoir jusqu’à qu’en 2013. Une progression modeste, mais qui 30 bistrots dans un petit village de 1 000 âmes. marque un inversement de la courbe et une évo- Un phénomène lié à la distribution gratuite de lution des pratiques. les semeurs licences IV aux veuves de guerre. Le bar, l’épice- D’autre part, un amendement adopté en 2019 rie, le coiffeur, le garage, la boulangerie étaient les permet, jusqu’en 2022, d’obtenir une licence IV lieux où l’on se rencontrait, où l’on discutait. Les par simple déclaration auprès du maire, dans les de bonnes graines commerces avaient souvent leur propre débit de communes de moins de 3 500 habitant·es, qui boissons. Les tenanciers ou tenancières étaient n’en détiennent pas. Ceci afin de revitaliser les des figures importantes et prêtaient une oreille bourgs ruraux. Ce n’était pas possible avant. attentive ou un bras chaleureux à celles et ceux Des tendances nouvelles se confirment, les qui en avaient besoin. Le bar d’un village pouvait bistrots et commerces se réinventent, des « tiers- faire sa réputation. Sans bar et sans école, un vil- lieux » éclosent un peu partout. Des jeunes réin- lage meurt, peut-on entendre un peu partout. vestissent ces espaces, des collectifs se créent. Autrefois, en Bretagne, on appelait « communs » nage, un bar et une cuisine. À l’étage, une auberge C’est probablement pour cette raison que le Les voix qui résonnent derrière les fenêtres des espaces de landes collectivisées dans accueille les voyageur·euses dans des chambres bistrot n’est pas mort. Qu’il se réinvente. Çà et embuées des cafés ne sont pas près de laisser lesquelles chacun·e pouvait faire paître ses bêtes. individuelles ou collectives. Au sous-sol, une là, on voit pousser, depuis une dizaine d’années, place au murmure, moins encore au silence. Et ce Les communs ont disparu, mais un autre espace micro-brasserie fabrique six bières différentes des lieux alternatifs, des cafés, des épiceries petit guide en est un beau témoignage. • partagé est né il y a dix ans à la lisière de la forêt à partir de malts et de houblons biologiques. solidaires, des bars-restaurants. Des habitant·es de Brocéliande, à Augan : le bien nommé Champ Dehors, une grande terrasse donne sur un pai- se mobilisent pour réinvestir leurs villages, leur Commun, un commerce aux multiples facettes, a sible verger. Depuis février 2019, le commerce a redonner vie, les faire danser et transformer les 1. Vincent Lastennet et Didier Déniel, « Bretagne. aujourd’hui pignon sur rue dans cette commune ajouté une nouvelle corde à son arc en ouvrant cafés en salons de tout le monde. Ces lieux, tra- Le bistrot est mort, vive le bistrot ! », Le Télégramme, de 1 500 habitant·es. Un lieu au nom évocateur, un restaurant, La Cantine, du mardi au samedi. ditionnellement réservés aux hommes, s’ouvrent 3 juillet 2016. www.letelegramme.fr inspiré de l’expérience de la Commune de Paris Derrière le comptoir de l’épicerie, au bar ou aux 2. Sylvain Bertrand et Yann Lestréhan, Bistrots, rades et aux femmes, aux familles. Des communes comptoirs, récits d’un tour de Bretagne, Goater, 2015. et ancré dans l’histoire rurale d’Augan. Ici, un fourneaux, ce sont treize salarié·es qui s’activent rachètent des bistrots, les rénovent et accueillent 3. Association pour le maintien d’une agriculture bâtiment de 450 mètres carrés abrite une vaste toute l’année pour offrir des créneaux horaires des projets collectifs. paysanne. épicerie – qui n’a rien d’un commerce de dépan- adaptés aux besoins des habitant·es du territoire. 10 • UN CAFÉ S’IL VOUS PLAÎT ! AUGAN • 11
culturelle est l’un des maillons de la chaîne. habitant·es sont aussi impliqué·es au quotidien, Du débat au concert rock, du théâtre à la musique pour épauler les salariés. « Je me suis investie de chambre, du concours de belote au bistrot dans beaucoup d’instances et, là, je tiens le bar mémoire, il y en a pour tous les goûts. « Main- bénévolement le dimanche matin pour soulager tenir le bar au quotidien, ce n’est pas suffisam- les salariés, m’impliquer, voir du monde. J’ai un ment rentable, explique Henry-George. Avec les important passé associatif, ça fait partie de mes concerts, c’est un cercle vertueux. Les concerts choix », précise Armelle Lameul. Avec 205 socié- attirent du monde. Même si c’est gratuit, ça per- taires et un chiffre d’affaires conséquent, Le met de compenser les moments creux. » L’au- Champ Commun envisage l’avenir avec sérénité. berge de 25 couchages fait également venir un « La question de la taille critique se pose. L’idée, nouveau public. ce n’est pas de créer des franchises du Champ Commun ! insiste Henry-George Madelaine. On Taille critique… veut surtout partager notre expérience et que ce Rapidement, des associé·es de tout poil ont travail soit reconnu par un travail d’essaimage. » rejoint Le Champ Commun, comme Benoît En quête de bons conseils, les porteur·euses de Colléaux, producteur de lait bio à Guer. « Quand projets sont en effet nombreux·euses à pousser la je me suis installé sur la ferme avec mon associé, porte du Champ Commun, qui leur propose une j’étais en recherche de débouchés. On ne voulait réunion d’information une fois par mois. Le lieu pas travailler avec les grandes surfaces. Le fait est aussi devenu un centre de formation reconnu, de pouvoir travailler avec une épicerie locale m’a notamment pour former des entrepreneur·euses intéressé : on souhaitait soutenir l’activité dans de l’économie solidaire et du développement les bourgs ruraux », raconte-t-il. Armelle Lameul, durable. Pour Armelle Lameulle, « aujourd’hui, le habitante d’Augan et associée depuis dix ans, souhait de beaucoup d’associés, c’est de stabili- « Nous sommes devenus les premiers employeurs de la commune ! » sourit Henry-George Madelaine, « Nous sommes devenus s’est elle aussi investie dans de nombreuses ins- tances : « C’était un projet innovant, mais c’était ser et de garder une vitesse de croisière. Tout le monde a envie de se poser après l’ouverture de l’un des fondateurs du Champ Commun. Ici, pas les premiers employeurs pas gagné d’avance ! Un véritable pari sur l’ave- l’auberge l’an dernier. La partie essaimage fait d’échelle de salaires, tout le monde est payé au Smic. « On veut limiter le poids d’amplitudes de la commune ! » nir. » Monté d’abord dans le cadre d’une SARL classique, puis transformé en Scic (Société coo- son petit bonhomme de chemin également. Il faut s’accrocher ! » • horaires importantes en ayant plus de personnel, pérative d’intérêt collectif), Le Champ Commun explique Henry-George. Mais attention, c’est un Henry-George Madelaine, l’un des a rapidement trouvé sa vitesse de croisière. La vrai métier. Ici, on ne joue pas à la marchande. » fondateurs du Champ Commun structure, qui ne fonctionne que sur ses recettes propres, a été bénéficiaire ou à l’équilibre dès « Un commerce normal » sa troisième année d’existence et n’a jamais Le Champ Commun Le Champ Commun a été fondé en juillet 2010 revenu par habitant·e est ici en dessous de la bénéficié de soutien public. Chacun s’investit > Lancé en janvier 2010 9 h - 20 h le samedi par deux chercheurs en sociologie arrivés par moyenne nationale. « Un lieu autour de l’alimen- à la mesure de ses moyens. Benoît Colléaux, le > Augan : 1 500 habitant·es et 9 h - 13 h le dimanche les hasards de la vie dans cette petite commune tation exclusivement bio aurait raté sa cible, paysan laitier, siège à la commission épicerie : > CA (chiffres 2018) : > L’Estaminet : 758 000 € (dont 547 000 € du lundi au dimanche inclus, rurale de l’est du Morbihan. « Nous ne sommes raconte Henry-George Madelaine. Ici, il y a une « On arrive à s’impliquer même si ce n’est pas tou- pour l’épicerie) ferme à 1 h le week-end pas les sauveurs du village, comme on veut par- logique d’ouverture large avec une proposition à jours simple : moi, j’ai la traite matin et soir, par > Une Scic de 205 associé·es > La Cantine : fois nous présenter. Au contraire, nous ne vou- mi-chemin entre une alimentation de campagne exemple. Mais c’est stimulant intellectuellement, > 60 producteur·rices le midi, du mardi au locaux·ales vendredi, et le soir, lions pas concurrencer les autres commerces de et un magasin style Biocoop. » Pour s’y retrouver, on comprend en profondeur comment fonctionne > 3 associations partenaires vendredi et samedi la commune. Le Champ Commun a une voca- un système d’étiquettes guide le·a client·e : la structure. On doit par exemple savoir ce qu’est > 13 ETP tion toute simple : être un commerce “normal” », blanche pour les produits de l’agro-industrie, une marge pour parvenir à maintenir une activité Adresse & contact Horaires 1 rue du Clos Bily raconte Henry-George Madelaine. À l’épicerie, verte pour les produits bio et bleue pour les comme celle-là. C’est différent d’un magasin de > Le Garde-manger : 56800 Augan les produits conventionnels et bio se trouvent produits locaux. Les transitions sont également producteurs : ça permet de partager davantage 8 h - 20 h en semaine 02 97 93 48 51 (fermé le jeudi), www.lechampcommun.fr sur les mêmes étagères. Le Champ Commun a à l’œuvre, au gré des nouvelles habitudes : à la les points de vue, de prendre en compte les inté- d’ailleurs décidé de faire une marge plus réduite lessive classique s’est aussi ajoutée de la lessive rêts de tous. Les épiciers comme les consom- sur les produits bio et locaux. Et pour cause : le bio et en vrac, par exemple. La programmation mateurs ont leur mot à dire », explique-t-il. Des 12 • LE CHAMP COMMUN AUGAN • 13
Bruded, l’expérience en partage Bruded est une association réunissant plus Mikael Laurent. Pour certains élus, de 180 communes et intercommunalités le commerce devient alors un véritable enjeu engagées dans des démarches de service public. Un commerce crée aussi d’aménagement et de développement local de l’emploi : au sein même de la structure, durable en Bretagne et Loire-Atlantique. mais également, indirectement, par les liens Le maintien ou la création de commerces créés avec des producteurs locaux ou de proximité en centre-bourg est l’un d’autres commerçants. Visite d'élus organisée par Bruded et le Département. de leurs chevaux de bataille. Décryptage avec Murielle Douté-Bouton, maire Sur le terrain, quelles sont les bonnes recettes de Plélan-le-Grand et administratrice pour faire aboutir un projet ? de Bruded, et Mikael Laurent, chargé MD-B. En tant qu’élue, je pense qu’il faut « Grâce au réseau, nous vigilance et de mettre les élus en relation avec de développement pour l’Ille-et-Vilaine. être interventionniste. Il faut aller chercher du foncier, récupérer des cellules commerciales pouvons capitaliser sur d’autres élus ayant mené des projets similaires, ou avec des structures d’accompagnement. Le si besoin, etc. Il faut savoir négocier, ce qui nos expériences mutuelles » réseau peut nous informer sur des financements n’est pas toujours simple, et surtout expliquer possibles ou nous alerter sur la sortie d’un En quoi consiste Bruded ? ce que l’on fait : dans un bourg où il n’y a plus Murielle Douté-Bouton, administratrice appel à projets. Grâce au réseau, nous pouvons Murielle Douté-Bouton. Notre réseau base de commerces, c’est plus facile, mais dans une de Bruded et maire de Plélan-le-Grand capitaliser sur nos expériences mutuelles. son travail sur des échanges entre élus commune où d’autres commerçants sont déjà ML. La dimension collective est un élément de collectivités adhérentes afin qu’elles présents, certains peuvent craindre une forme clé de la réussite d’un commerce en milieu mutualisent et partagent leurs expériences. de concurrence. Le second élément important, MD-B. La question des circuits courts prend rural. Elle peut se traduire sous plusieurs Pour cela, des visites, des fiches de retours c’est de trouver des porteurs de projets fiables. aussi toute son importance aujourd’hui, qu’il formes : dans un fonctionnement impliquant les d’expériences ou des journées thématiques sont Il faut qu’ils soient bien accompagnés – d’où s’agisse d’un bar, d’une épicerie ou d’un habitants (Scic, association), mais également proposées tout au long de l’année. C’est avant l’importance d’avoir un élu dédié et des magasin de producteurs. Il y a une demande dans la relation avec les autres commerçants, tout un échange de bonnes pratiques entre acteurs pour les soutenir – et que leur modèle sociétale forte d’une partie de la population qui avec des associations culturelles, sportives élus, en zones rurales, périurbaines ou littorales. économique soit solide. Parfois, il est possible souhaite relocaliser son acte d’achat. ou avec des producteurs locaux. Les porteurs de mettre à disposition une cellule commerciale de projets doivent également oser aller à la Pourquoi les commerces de proximité sont-ils pour leur permettre de tester leur activité. Élus et porteurs de projets doivent-ils donc rencontre des élus ! Il est tout à fait possible de si importants dans ces territoires ? ML. Il n’y a pas de politique commerciale travailler de concert ? trouver une conjonction d’intérêts, entre l’intérêt MD-B. Bistrots, boulangeries ou épiceries sont efficace sans politique d’urbanisme cohérente MD-B. Le rôle de l’élu, c’est de soutenir et général et l’intérêt privé. Et il existe de multiples des lieux de rencontre et de convivialité. Ils ni réflexion sur la mobilité. Développer du d’accompagner le porteur de projet. Ce sont des manières pour une collectivité de soutenir un proposent des produits de première nécessité logement en centre-bourg plutôt qu’en démarches sur le long terme, qui peuvent être projet : cela peut se faire sous la forme de prise et répondent à un besoin social, notamment extension urbaine, aménager un bourg en source de débats. Dans des petites communes de parts dans une Scic, de travaux d’isolation pour ceux qui sont moins mobiles, ou plus prévoyant l’extension d’une terrasse, avec aux budgets non extensibles, ce sont toujours d’un local dont elle serait propriétaire, d’achat fragiles. De plus, quand un commerce existe un emplacement où l’on peut garer un vélo des choix difficiles : je repousse des travaux de de denrées pour la cantine de l’école, ou d’une dans un centre-bourg, cela crée un flux ou une poussette, créer des jeux pour enfants voiries pour acheter une cellule commerciale, communication dans le bulletin municipal. et peut inciter d’autres commerces à s’installer. à proximité… : tout cela contribue à la vitalité par exemple. Et le réseau Bruded est utile pour Les possibilités sont multiples. C’est un cercle vertueux. d’un commerce. tout cela : il permet de signaler des points de www.bruded.fr 14 • UN CAFÉ S’IL VOUS PLAÎT ! BRUDED • 15
Le mot du maire sont les boissons qui autofinancent la vie du « C’est un véritable Bardac’, explique-t-il. Pendant longtemps, nous n’avons pas perçu de subventions. Par choix. Les agitateur culturel, choses changent. Demain, peut-être aurons- nous un soutien financier de la Commune pour qui apporte une notre programmation musicale. » À son tour, véritable vitalité Cédric évoque son plaisir à être barman à ses heures. Geoffroy s’occupe de la programmation au bourg » des concerts. Chaque été, les bonnes volontés se retrouvent aussi autour d’un grand chantier de Jérôme Bégasse, bricolage et de ménage pour réaménager les ter- maire de Saint-Aubin-du-Cormier rasses, donner un coup de brillant au parquet ou un coup de jeune à la peinture des murs. « Nous avons 70 commerces en centre- Un engagement bénévole de toujours ville pour 4 000 habitants. Mais nous Aux origines du Bardac’, l’idée phare était de attirons près de 25 000 habitants et proposer des activités variées telles que des cela se traduit par une belle dynamique. débats, des films, des concerts, des ateliers, des Avec le Scot du Pays de Rennes, il n’est jeux, etc. Pour y parvenir, au moins vingt béné- SAINT-AUBIN-DU-CORMIER plus possible d’installer des commerces alimentaires du quotidien en dehors du voles actif·ives devaient assurer en binôme cinq heures successives de présence pour la tenue bourg. Pour encourager les circuits courts, du bar. Huit ans plus tard, le pari a été gagné. Au Engagement, joie et la vitalité de nos petits commerces total, L’Assaut du Bardac’ compte 110 sympathi- locaux, comme le Bardac’, il nous arrive sant·es, dont 80 adhérent·es à jour de cotisation de piétonniser le centre-ville. Nous y et une dizaine de membres actif·ives. et culture au Bardac’ organisons du théâtre, des randonnées pédestres, des bals éphémères. Nous avons déjà la chance d’avoir le Bardac’. C’est un véritable agitateur culturel, qui apporte une véritable vitalité au bourg. C’est pourquoi nous le soutenons Une terrasse de bois au bout de la ruelle qui mène Car, au Bardac’, le travail est avant tout une financièrement dans le cadre de notre à l’église de Saint-Aubin-du-Cormier. Au-delà du question d’engagement et d’envie. Pas de sala- soutien aux associations sur la partie seuil, une salle au parquet travaillé par les pas de rié·e dans cet établissement autrefois commer- animation. C’est important dans les danse irlandaise et les concerts. Derrière le bar de cial, qui a été repris en 2012 par l’association communes qui sont, comme nous, bois sculpté, Cédric vérifie les stocks de boissons L’Assaut du Bardac’. Du mercredi au vendredi petites cités de caractère. » avant de soulever une trappe qui ouvre sur le sous- soir et un dimanche par mois, les activités s’y sol. À ses côtés, Françoise prépare deux expres- enchaînent et sont gérées par les bénévoles. En sos pour des clientes tandis que Sophie enfile son cette fin de marché, une dizaine d’entre eux·elles tablier et se rend en cuisine. « Aujourd’hui jeudi, se sont retrouvé·es pour un déjeuner convivial il est possible de manger au Bardac’ », sourit- avant de remettre ça le soir même pour un conseil elle. Une pause gourmande proposée au gré des d’administration de l’association. Autour de la disponibilités de cette nouvelle entrepreneuse table, Bérengère évoque la dernière kid jam, une cuisinière, également bénévole de ce bar pas session de musique destinée aux enfants, qu’elle banal. Le lendemain soir, un bœuf musical ani- anime une fois par mois. Francis, lui, revient mera le lieu. Et, derrière le zinc, une autre béné- sur les questions de trésorerie, dont il s’occupe vole prendra la place de Françoise. depuis le lancement du bar associatif. « Ici, ce 16 • BARDAC’ SAINT-AUBIN-DU-CORMIER • 17
Pour faire tourner le lieu, le travail est réparti les bienvenues. « La première richesse de l’asso- dans huit commissions qui scannent les ques- ciation, ce sont ses humains », s’accordent les tions juridiques, celles de trésorerie, les stocks, bénévoles présent·es. « Nous aimerions avoir plus les plannings, le culturel, la régie – pour le bri- de bénévoles et rajeunir aussi nos membres », colage –, la communication – pour annoncer les souffle gaiement Ghislaine. À ce jour, les béné- événements – et la commission Tavernière – voles actif·ives ont entre 30 et 60 ans. Ainsi que pour former ceux et celles qui veillent derrière le l’expliquent tour à tour les participant·es, une comptoir. Soit environ 35 tavernier·ères. « Cette association a toujours la couleur des personnes formation est importante, souligne Ghislaine. qui la font vivre. Pour l’heure, celle du Bardac’ est Quand tu arrives, tu ouvres le lieu, tu regardes la comme le lieu : joyeuse et engagée. • caisse, les stocks, tu mets de la musique, tu t’ha- billes de ton sourire. Et c’est important aussi de savoir comment réagir face à une personne qui a trop bu. Nous devons harmoniser nos réponses et être prêts à gérer ce genre de situation. » Bien plus qu’un bar « Attention ! prévient néanmoins Éric Sourdès, le nouveau président de L’Assaut du Bardac’. Ici, ce n’est pas seulement un bar, c’est avant tout un lieu culturel avec des activités et des événements. » Saint-Aubin- Cuisine, guitare, sessions irlandaises, couture, du-Cormier bœuf blues, concerts, rencontres littéraires avec 3 837 habitant·es un·e auteur·rice ou un·e éditeur·rice, soirée jeux, plusieurs rendez-vous reviennent une fois par mois. Et ils attirent du monde. En général, la clientèle arrive d’un rayon d’une vingtaine de kilo- mètres autour de Saint-Aubin-du-Cormier. Attaché à la vie sociale du coin, le Bardac’ cultive aussi des relations avec les acteur·rices Bardac’ locaux·ales : l’association Appel d’Eire, qui diffuse > Commune : 200 € annuels > Géré par l’association la culture irlandaise, OFF\ON, qui organise des L’Assaut du Bardac’ : pour le fonctionnement associatif concerts, Cormier ludique, pour la partie jeux, le 80 adhérent·es > Surface du local : 40 m2, Smictom, qui assure la gestion des déchets sur le Adresse & contact 19 places assises, ainsi que territoire et propose des ateliers de fabrication 40 m2 de friperie à l’étage 33 rue Porte Carrée 35140 Saint-Aubin- de produits ménagers sains et avec peu d’embal- > Restauration ponctuelle du-Cormier faite sur place avec des lages, le lycée agricole, pour des soirées à thème, produits locaux 09 84 51 62 31 ou encore l’école de musique. Pour ses membres www.bardac.blogspot.com comme pour les habitant·es de la commune et Financement > Soutien financier de l’État Horaires des environs, avoir un lieu qui propose des acti- et de la Région sur la partie mercredi : 18 h - 23 h vités culturelles originales est un plus. « Que concert avec le GIP Cafés jeudi : 9 h 30 - 14 h Cultures qui cofinance la et 18 h - 23 h je tienne ou non un créneau de tavernier, lance rémunération des artistes vendredi : 17 h - 1 h Françoise, je viens tous les jeudis matin. Je m’as- > Eau, électricité, loyers, le premier dimanche sieds, je prends mon café et je lis mon journal. » assurance, achat : 50 000 € du mois : 10 h - 12 h de charges annuelles et 15 h - 18 h Malgré un engagement volontaire et solide, l’équilibre reste pourtant fragile. Les bonnes volontés et les ardentes ambitions sont toujours 18 • BARDAC’ SAINT-AUBIN-DU-CORMIER • 19
Le mot du maire « C’est un lieu central pour se rencontrer, pour manger » Yann Huaumé, maire de Saint-Sulpice-la-Forêt « Le Guibra a connu deux dépôts de bilan ces quinze dernières années. Nous ne voulions plus revivre cela. Il est l’unique commerce de proximité dans le bourg de Saint-Sulpice. En 2014, nous avons imaginé un changement de modèle pour assurer une reprise, car l’activité bar n’est pas suffisante économiquement. Nous avons lancé un appel à projets avec restauration et épicerie. Une activité culturelle était aussi vue d’un bon œil. Pour SAINT-SULPICE-LA-FORÊT éviter que le bar ne devienne un logement, la commune a acquis les murs. Le collectif Le Guibra, du Guibra nous a très vite séduits. Nous commenté leur dernier bœuf musical, donné le avons fait 25 000 euros de travaux pour le cap à travers une collégiale créée en 2019. vendredi précédent, les deux compères et ama- faire une nouvelle cuisine et aménager la « Nous expérimentons une organisation horizon- teurs de musique commandent leurs plats à terrasse extérieure. Nous avons appuyé la tale, explique Pierre-Yves, membre de la collé- le bistrot- François, le responsable de la restauration du dynamique du collectif en défendant leur giale depuis un an. Nous voulons impliquer encore midi. En cuisine, Clovis fait chauffer les plaques. dossier quand il est arrivé à la Région ou au davantage la population de la commune. » À la carte, comme tous les midis, du mardi au Département, notamment pour les aides à Lui, c’est à travers la musique et les sessions épicerie vendredi, c’est poisson, viande ou galette végé- l’ouverture de commerces de proximité en musicales régulières qu’il a trouvé sa place ici. tarienne, le tout accompagné de légumes du milieu rural. Pour nous, Le Guibra n’est pas « Nous avons une responsabilité envers ce lieu. coin préparés aux petits oignons. En terrasse, seulement un bar. Nous l’avons vu pendant Nous avons connu les distributeurs de pain dans une dizaine de personnes se sont installées pour le confinement : l’épicerie est aussi un des caisses en métal et l’absence de revues. Nous qui régale profiter de ce menu. Une famille, des ouvriers du volet important du projet. C’est un lieu ne voulons plus revivre ça », lâche ce passionné de bâtiment, des copines et des copains de passage. central pour se rencontrer, pour manger, banjo et de lien social. Au-delà de l’aspect « ser- « Nous avons trouvé une clientèle. Nous faisons même si tous les habitants de la commune vice », c’est aussi l’animation que les habitant·es une moyenne de 15 couverts par jour, avec des pics n’y viennent pas. » souhaitent proposer. Les cafés philo d’Yves, les à 25 ou des creux à 5 couverts », détaille François expositions qui se renouvellent tous les deux mois Marlier, l’un des tout premiers salariés du lieu. sur les murs, l’anglo-apéro avec Allison, le café Un vendredi midi de juillet au Guibra. Pierre-Yves breton avec Bertrand, le café tricot avec Marie- et Christian se retrouvent pour déjeuner. Dans le Ancrage local repris en 2016 par une association pleine d’en- France et Jocelyne. Sans oublier la douzaine de sac de Christian, des légumes de saison cultivés à Le signe d’une implantation réussie et atten- vies et de projets. À sa tête, des bénévoles sou- concerts, pro ou non, pour lesquels le montant trois kilomètres de là et du pain cuit le jour même due. Et pour cause. Dans la commune, hors cieux·euses d’insuffler un élan culturel et tourné de l’entrée est libre, c’est-à-dire « au chapeau ». par Élise Guillard, boulangère paysanne locale, de question de voir l’adage « jamais deux sans vers l’agriculture locale. Aux manettes du bistrot, « Cette idée de lieu intergénérationnel, à la fois proviennent directement de l’épicerie située dans trois » s’appliquer à l’avenir du Guibra. Après deux cinq salarié·es tiennent la barre au quotidien. En festif et animé par, pour et avec les habitants reste l’arrière-salle surélevée du bistrot. Après avoir dépôts de bilan, l’unique bistrot du village a été coulisses, une douzaine de bénévoles lui donnent au cœur du projet », sourit Matthieu. 20 • LE GUIBRA SAINT-SULPICE-LA-FORÊT • 21
quelques producteur·rices locaux·ales. En matière d’approvisionnements, la plupart des légumes, pain, fromage et viande proviennent d’un rayon de moins de 50 kilomètres. Pour demain, Le Guibra réfléchit à se transfor- mer en coopérative. Une démarche dont la créa- tion de la collégiale, qui remplace les traditionnels bureau et conseil d’administration d’une associa- tion classique, constitue une étape. « Maintenant que nous avons fait nos preuves, les habitants peuvent davantage reprendre la main sur le lieu et s’y investir bénévolement grâce à l’organisation en commissions », espère Matthieu. • Saint-Sulpice- la-Forêt 1 332 habitant·es Une attention que partage l’équipe municipale quatre années, nous pouvons dire que ce modèle de Saint-Sulpice-la-Forêt. Pendant le confine- tient la route », assure François. Reste à le conso- ment de mars 2020, le loyer du Guibra a été sus- lider, notamment auprès de la population de pendu. Sur le marché du vendredi soir, en face Saint-Sulpice-la-Forêt. « Le bar reste ouvert tous du bistrot, il a été décidé de ne pas installer de les vendredis soir, même pendant la période des Le Guibra > 1 500 € du Département stands de légumes bio pour en laisser l’exclusivité vacances d’été. C’est important que le lieu vive en > Créé en 2016 sur le contrat de territoire à l’épicerie du Guibra. permanence, pour être identifié par ceux qui ne > Géré par l’association en 2019-2020 le connaissent pas encore bien », illustre François. Le Guibra : 40 adhérent·es > 2 300 € de la Commune > Surface : un bar, salle au titre des activités Bar, épicerie, resto : Autre objectif : attirer davantage la jeunesse en de restauration (50 m2) et culturelles et vie associative une multi-activité ambitieuse trouvant la bonne formule. terrasse (50 places assises), en 2019-2020 une épicerie de 40 m2 Pour assurer un modèle économique, Le > Une trentaine de Adresse & contact Guibra s’est construit sur une triple activité : la Le lien avec les associations fournisseur·euses 18 rue de la Grange restauration en semaine, l’épicerie garnie de et le territoire locaux·ales 35250 Saint-Sulpice-la-Forêt > 5 salarié·es en 2020 Tél : 09 83 60 54 44 produits locaux, le plus souvent biologiques, et Pour ancrer sa présence sur le territoire, le lieu pour 3,1 ETP www.leguibra.fr le bar, qui propose aussi un dépôt de pain fabri- s’ouvre aussi à la vie associative locale. « Avec qué à quelques kilomètres. L’activité permet l’association socioculturelle de Saint-Sulpice- Financement Horaires > 7 000 € de Rennes fermé le lundi d’employer cinq personnes, sur trois équivalents la-Forêt, l’ASC, nous échangeons du matériel. Métropole pour mardi, mercredi, jeudi : temps plein. Et les tâches, même très organisées, À l’avenir, Le Guibra souhaite embaucher une En 2019, nous avons préparé 250 repas pour le l’investissement 10 h - 14 h, 16 h 30 - 20 h de lancement vendredi : 10 h - 14 h, restent variées. François au service, à la program- seconde personne en cuisine, pour compléter comice agricole et nous participons aussi à la > 15 000 € du Département 16 h 30 - 1 h mation culturelle et à la communication, Clovis à les créneaux de Clovis et lui donner un coup de fête de la Guibra, qui est une vieille tradition de au titre de la redynamisation samedi et dimanche : la cuisine, Constance à la comptabilité, la gestion main. « Deux de nos emplois sont aidés par Pôle brocante sur la commune », poursuit François. La centre-bourg en 2018-2019 8 h - 13 h et la taverne, Betty à l’épicerie et la taverne éga- emploi compétences. Pour le reste, tout est 100 % foire Agriculturelle a également lieu tous les ans lement, et Simon à la comptabilité et l’épicerie. autofinancé par les différentes activités. Après avec des exposant·es artisan·es, des concerts et 22 • LE GUIBRA SAINT-SULPICE-LA-FORÊT • 23
avec des produits bio et locaux. Un petit espace a même été aménagé pour les enfants. Côté épi- cerie, qui occupe avec le bar un large espace de 70 mètres carrés, les étagères sont bien garnies : des produits en vrac, des fruits et des légumes bio, du fromage à la coupe, et même des produits d’entretien. « On fait des marges réduites sur les produits locaux (de 5 % à 10 %). Et pour le reste, niveau rapport qualité-prix, on est plutôt compé- titifs », précise l’épicier. Des vins naturels et des bières artisanales locales complètent la gamme. La programmation culturelle est tout aussi allé- chante, avec des concerts, des projections de films, des débats. Une véritable offre culturelle en milieu rural. Les artistes se pressent d’ailleurs pour intégrer la programmation du Café des pos- sibles. « Comme on a une licence d’entrepreneur de spectacles, on est très sollicités. On a une ou deux demandes par jour. » Un accompagnement à la création GUIPEL d'entreprise en ESS Trois salariés font tourner ce lieu atypique. Le Un Café des possibles « On ne voulait pas être en résultat d’un travail de fond. « On avait cherché un territoire, en dressant une carte de ce qui exis- tait déjà, et identifié les endroits où il y avait des concurrence avec d’autres réinvente le commerce besoins. On ne voulait pas être en concurrence avec d’autres commerces et on voulait fédérer commerces et on voulait des initiatives déjà existantes. Nous avons fina- lement choisi Guipel. On a été très bien accueil- fédérer des initiatives déjà existantes » de proximité lis », raconte Yves de Montgolfier, l’un des trois fondateurs du Café des possibles. Pour préparer l’ouverture du lieu, le trio a bénéficié à Rennes Yves de Montgolfier, l’un des fondateurs d’un accompagnement dans l’incubateur d’entre- du Café des possibles prises TAg35, spécialisé dans l’économie sociale et solidaire : « La structure nous a proposé des Il est seulement 10 heures du matin, mais, au nouveau commerce de proximité se construit pas bureaux partagés avec d’autres porteurs de pro- Café des possibles, tout le monde est déjà à pied à pas. Ouvert en avril 2018 par trois porteurs de jets. Durant quatre mois, nous avons aussi suivi « On a d’abord ouvert le bar et l’épicerie, puis la d’œuvre. Tandis qu’en cuisine, Martin prépare des projets, Un Café des possibles base son activité des journées de formation hebdomadaires sur cuisine dans un second temps. » Les initiateurs du frites maison pour le menu du jour, Yves, l’épicier, sur quatre piliers : une épicerie, un restaurant, un la création d’entreprise en ESS », raconte Yves. Café des possibles sont animés par des ambitions sert ses client·es. Au fond de la boutique, Virginie, bar et une programmation culturelle. Comme un Les jeunes entrepreneurs ont aussi bénéficié communes : « L’idée, c’est de créer un lieu de vie bénévole, se concentre pour étiqueter des pro- juste retour aux sources, ce commerce est installé d’un accompagnement personnalisé avec les en milieu rural pour lutter contre le phénomène de duits. « Le jus d’orange bio en 75 centilitres, tu aujourd’hui dans les locaux d’une ancienne épice- salarié·es de l’incubateur, avec des rendez-vous “dortoirisation” de la campagne. Nous travaillons l’as ? Et le Earl Grey en vrac aussi ? » lui demande rie, au cœur du bourg de Guipel. Une salle de res- réguliers au fil de l’avancée du projet. « À la fin en circuits courts au maximum », raconte Yves. Au l’épicier. Non loin du comptoir, sur un coin d’un taurant adaptée aux concerts jouxte une réserve de la période d’incubation, nous devions rédiger quotidien, les trois salariés sont épaulés par une grand tableau noir, est écrit : « La vie du café ». et la cuisine. Chaque midi, les client·es peuvent un business plan social à présenter à un jury », petite équipe d’habitant·es, impliqué·es dans le Une petite phrase qui en dit long : ici, à Guipel, un venir déguster des petits plats confectionnés ajoute Yves. Sur le terrain, la mayonnaise prend. projet depuis son lancement. Tous et toutes sont 24 • UN CAFÉ DES POSSIBLES GUIPEL • 25
Le mot du maire objectif principal ? Atteindre l’équilibre écono- « Il faut une mique ! » explique Yves de Montgolfier. La crise liée à la Covid-19 a en outre drainé une nouvelle dynamique clientèle. Les volumes vendus à l’épicerie ont été multipliés par trois durant cette période et humaine ! » la restauration à emporter a connu un joli suc- cès. « On a été très contents de jouer ce rôle-là. Christian Roger, ancien maire de Guipel Beaucoup de gens ont franchi la porte pour la première fois. D’ailleurs, le CA a bien progressé « La commune a longtemps connu une sur le premier trimestre 2020, notamment sur épicerie qui ne cessait de péricliter. C’était l’activité épicerie », se réjouit Yves. Il est midi. Au une épicerie conventionnelle, qui ne pied de l’église, la terrasse ensoleillée se remplit parvenait pas à concurrencer les produits peu à peu. • que l’on pouvait trouver en grandes surfaces. Trois jeunes gens sont venus frapper à la porte de la Communauté de communes, où j’étais en charge de l’ESS. Ils m’ont proposé un projet sérieux, mature. Ça me parlait ! On a diffusé leur projet auprès des autres Communes. Ils ont finalement décidé de jeter l’ancre à Guipel. L’aide financière de la Commune a consisté à Guipel prendre 50 parts sociales, soit 5 000 euros, 1 700 habitant·es au sein de la Scic. La revitalisation de notre territoire passe par ce type de projet. Guipel est devenue de plus en plus attractive ces intégré·es à une Scic, qui compte aujourd’hui dernières années : de nouveaux habitants 95 sociétaires. « Le conseil coopératif se réunit viennent s’installer ici, non par contrainte une fois par mois. On peut discuter d’orientations mais par choix. Ce type de commerce politiques, mais aussi des horaires d’ouverture. correspond à leurs attentes. Le commerce On parle aussi des finances ou de projets à moyen privé, au sens traditionnel du terme, ne terme, comme le réagencement des locaux », fonctionne plus en milieu rural : là, c’est un Un Café des possibles la Région, le Département > Créé en avril 2018 d’Ille-et-Vilaine et Rennes explique Virginie Basile, membre de l’associa- commerce qui apporte des services avec Métropole > CA : 222 000 € TTC tion La Luciole et représentante des personnes des règles redistributrices, c’est tout autre (bilan 2019) morales et privées au sein du conseil coopératif. chose. À mon sens, la partie commerce > Plus de Adresse & contact 40 fournisseur·euses 9 place François Duine L’engagement des particulier·ères prend plusieurs et restauration n’est pas la marche la 35440 Guipel locaux·ales formes : assurer notamment une permanence plus difficile : le plus dur, c’était de savoir > 95 sociétaires (dont 09 72 80 91 61 www.ucdp.bzh physique le dimanche matin pour le service du s’intégrer dans un territoire. Il faut s’installer 5 associations) > 3 salariés (2,8 ETP) brunch dominical. Les bénévoles peuvent égale- dans le temps, il faut essuyer les plâtres. Et Horaires ment participer à des commissions ou s’investir ils semblent très bien y parvenir. Les trois Financement mardi, mercredi, jeudi : ponctuellement dans des groupes de travail. porteurs de projet habitent la commune, > 5 000 € de parts sociales 10 h - 14 h, 17 h - 19 h30 acquises par la Commune vendredi et samedi : leurs enfants y sont scolarisés. Un Café des de Guipel 10 h - 14 h, 17 h - 20 h Atteindre l’équilibre économique possibles a aussi noué des relations avec > 6 mois au sein de (jusqu’à minuit si Comme la marmite sur le fourneau du Café, des fournisseurs locaux et des associations l’incubateur TAg35 programmation culturelle) cofinancés par l’État, dimanche : 10 h - 13 h l’activité est en ébullition, mais les fondateurs qui peuvent utiliser le lieu. Car on ne fait gardent la tête froide. « Le chiffre d’affaires pas un commerce seulement avec des progresse, mais c’est encore insuffisant. Notre murs, il faut une dynamique humaine ! » 26 • UN CAFÉ DES POSSIBLES GUIPEL • 27
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