Exposition "1925, quand l'Art Déco séduit le monde" - Cité de l'architecture et du patrimoine Palais de Chaillot, Place du Trocadéro, Paris 16e
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
Exposition "1925, quand l'Art Déco séduit le monde" Cité de l'architecture et du patrimoine Palais de Chaillot, Place du Trocadéro, Paris 16e
COMMUNIQUÉ DE PRESSE EXPOSITION DU 16 OCTOBRE 2013 AU 17 FÉVRIER 2014 CITÉ DE L’ARCHITECTURE & DU PATRIMOINE GALERIE DES EXPOSITIONS TEMPORAIRES 1 PLACE DU TROCADÉRO PARIS 16 E Contacts presse Portrait de Suzy Solidor, par Tamara de Lempicka, 1933, Château-musée de Cagnes-sur-Mer Cité Agostina Pinon 01 58 51 52 85 06 03 59 55 26 apinon@citechaillot.fr © 2013 Tamara Art Heritage/Licensed by Museum Masters NYC © Editions Internationales du Patrimoine / Marc Walter Caroline Loizel 01 58 51 52 82 06 86 75 11 29 Salon de l’Ambassade de France à Belgrade cloizel@citechaillot.fr Agence Hexagramm Ingrid Cadoret 09 51 51 14 71 06 88 89 17 72 ingrid.cadoret@hexagramm.fr Formes géométriques, pures et dynamiques, le style Art Déco (1919-1940) se caractérise par son attractivité et sa vivacité. Né de l’impulsion des créateurs français tels que les architectes Henri Sauvage, Robert Mallet-Stevens, Roger-Henri Expert, Pierre Patout, les décorateurs André Véra, Louis Süe, André Mare et Jacques-Émile Ruhlmann, les couturiers Paul Poiret et Jean Patou ou encore les sculpteurs Martel, Janniot, Sarrabezolles…, il est le fruit d’une vision commune émanant de champs artistiques variés. La Cité de l’architecture & du patrimoine, installée dans le Palais de Chaillot, dernier chef-d’œuvre de l’architecture Art Déco, présente la première grande rétrospective française rendant hommage à une esthétique qui a su unir des créateurs du monde entier et acquérir une popularité pérenne et dont l’exposition internationale des Arts décoratifs et industriels de 1925 à Paris a signé l’apogée. Les singularités du style Art Déco seront mises en lumière au travers de mobilier, maquettes et dessins d’architecture mais aussi sculptures, peintures et objets d’art, et présentées sur une étendue de 1100 m². PLUS D’INFORMATIONS SUR CITECHAILLOT.FR TOUTES LES CONFÉRENCES SUR LA WEB TV
L’EXPOSITION L’exposition s’organise selon une suite de séquences thématiques qui s’attachent à démontrer les clés du succès international du style Art Déco et ses influences dans les différents domaines artistiques. Après la comparaison et distinction avec l’Art Nouveau, notamment au travers des plans, maquettes et photographies de la Villa Majorelle de Henri Sauvage à Nancy et de la Villa Cavrois par Robert Mallet-Stevens, l’exposition présente les grandes figures de la création française dont les réalisations des années 1910 portent, déjà, les caractéristiques de l’Art Déco : les architectes Henri Sauvage et Auguste Perret, le décorateur André Véra, le couturier Paul Poiret ou le créateur Jacques-Emile Ruhlmann. À partir des années 1920, le style Art Déco se développe dans un contexte marqué par les avancées technologiques et la modernité (aviation, automobile, radio, cinéma muet). Mouvement et vitesse inspirent artistes et architectes : les premiers cinémas Art Déco voient le jour comme le Louxor en 1921 (Henri Zipcy) ou le Grand Rex en 1932 (Auguste Bluysen). Les mentalités évoluent et des personnalités comme la peintre Tamara de Lempicka, Charlotte Perriand, Kiki de Montparnasse, Louise Brooks, Coco Chanel, Joséphine Baker ou Habib Benglia (premier acteur africain du cinéma français) Henri Sauvage - Exposition internationale des arts décoratifs modernes, Paris, 1925 : Pavillon Primavera : étude en élévation pour la façade principale contribuent à cette ouverture d’esprit et véhiculent ce style. (1925) © Cité de l’architecture & du patrimoine Le parcours se poursuit avec une large séquence consacrée à Une dernière section importante est dédiée à la résonance l’Exposition internationale des Arts Décoratifs et Industriels mondiale de ce mouvement esthétique. Après le succès de 1925, qui fit émerger la dénomination d’«Art Déco». retentissant de l’exposition de 1925 à Paris, architectes, artistes et Implantée sur l’esplanade des Invalides à Paris, l’exposition de décorateurs français sont appelés dans les grandes villes du monde 1925 est marquée par les pavillons de l’Ambassade française et pour exercer leurs talents. À New York, Alfred Janniot réalise les de la Manufacture de Sèvres, par ceux dédiés aux enseignes des portes du Rockefeller Center construit par Wallace Harrison, qui Grands Magasins, ainsi que par le Pavillon du tourisme de Robert avait fait ses études aux Beaux-Arts de Paris. À Madrid, Bruxelles, Mallet-Stevens et le Pavillon du collectionneur de Jacques- Porto, Belgrade, Rio de Janeiro, São Paulo, Shanghai, Saïgon, Émile Ruhlmann, construit par Pierre Patout et aménagé Tokyo, Chicago, les artistes français influencent leurs homologues en collaboration avec les sculpteurs Joseph Bernard et Alfred étrangers qui déclineront ainsi le style Art Déco en lui insufflant Janniot ou le peintre Jean Dupas. souvent un esprit local. L’Art Déco est adopté, et devient ainsi le Suivront la reconstruction de l’après-guerre 1914/18 et le premier style vraiment international. développement de l’architecture Art Déco en France, notamment dans le domaine public (aéroports, gares, hôpitaux, lycées) mais Commissariat de l’exposition aussi villas privées, magasins : Samaritaine à Paris (Henri Emmanuel Bréon, conservateur en chef du patrimoine, chef du Sauvage, 1933),Bibliothèque Carnegie à Reims (Max Sainsaulieu, département des peintures murales et des vitraux du musée des 1928), Hôtel Plazza à Biarritz (Louis-Hippolyte Boileau, 1928), Monuments français à la Cité de l’architecture & du patrimoine. Gare de Lens (Urbain Cassan, 1926), La Piscine à Roubaix Il est le créateur du musée des Années 30 de Boulogne- (Albert Baert, 1932) ou la Bourse du travail à Bordeaux (Jacques Billancourt, et a notamment reçu le prix de la Critique à New D’Welles, 1938). York pour l’exposition Ruhlmann, Genius of Art Déco, présentée au Metropolitan Museum of Art en 2004. Les paquebots construits dans l’entre-deux guerres, tels l’Ile- Philippe Rivoirard, architecte DPLG, historien de l’architecture de-France (1926) et le Normandie (1932), seront les véritables des années 30 et enseignant à l’ENSA Paris Val-de-Seine, a ambassadeurs du goût pour le style Art Déco. Un espace notamment publié, en 2006, Mettre en scène l’architecture, in reconstitué d’après le Normandie cherchera de faire renaître leur Tamara de Lempicka, (catalogue de l’exposition) et La modernité à magie par des photographies, portfolios et dessins. l’Exposition des Arts Décoratifs de Paris – 1925 en 2004. L’exposition est accompagnée d’un catalogue publié par la Cité de l’architecture & du patrimoine et les Éditions Norma INFORMATIONS PRATIQUES Cité de l’architecture & du patrimoine Ouvert tous les jours de 11h à 19h, nocturne le jeudi jusqu’à 21h. Exposition Galerie des expositions temporaires Fermé le mardi. 1925, quand l’Art Déco séduit le monde 1 place du Trocadéro, Paris 16e Entrée 9 € / Tarif réduit 6 € 16 octobre 2013 – 17 février 2014 Tél. : 01 58 51 52 00 Les tickets d’entrée seront en vente dès le mois de juillet sur www.citechaillot.fr
Le Palais de Chaillot © Nicolas Borel La Cité de larchitecture & du patrimoine propose à ses visiteurs une diversité culturelle exceptionnelle, sur 22.000 mètres carrés au cur de Paris. Du renouvellement urbain à la valorisation du patrimoine, la question de la ville interpelle chaque jour davantage nos contemporains. Établissement public sous tutelle du ministère de la Culture et de la Communication, la Cité de l'architecture & du patrimoine a pour missions la diffusion, la sensibilisation et lenseignement de l'architecture dans sa dimension actuelle et patrimoniale, en France et à linternational. Elle se situe ainsi au croisement de la création, de linnovation technologique et de la responsabilité sociale des acteurs de la Ville. Sadressant aussi bien au grand public quà des acteurs plus spécialisés, la programmation est diversifiée : collections permanentes, grandes expositions thématiques, éditions, colloques, débats, projections... Aux spécialistes des domaines de larchitecture et de la ville, la Cité offre les enseignements dispensés par lÉcole de Chaillot, une bibliothèque et un centre darchives. Un auditorium, des lieux de rencontres, louverture à dautres formes artistiques, une politique déchanges internationaux visant à susciter et à alimenter des débats, permettent à la Cité de jouer pleinement son rôle de centre culturel pluriel, dédié à la promotion de larchitecture du présent comme du passé. Par son objet en lien étroit avec le secteur économique, ses atouts en termes de localisation et d'espaces privatisables au Palais de Chaillot, la Cité est naturellement en relation avec les entreprises, qu'elle accompagne dans leurs réflexions. Elle offre à ses partenaires et mécènes, dans un souci constant de valorisation de leur image, une caisse de résonance à la mission d'utilité sociale de tout entrepreneur. 5
Le monde entier saccorde à reconnaître que le style Art Déco est né en France et quil doit son nom à lExposition Internationale des Arts Décoratifs et Industriels qui se tint à Paris en 1925. Ce mouvement esthétique, qui succède à lArt Nouveau, fut célébré mondialement, adulé par les collectionneurs et porté aux nues par le marché de lart. Les modernistes le décrièrent mais furent surpris de la frénésie quil déchaîna. Appelés en Amérique du Nord grâce à leur talent, les créateurs Art Déco exportèrent leur savoir-faire à Boston, New-York ou encore Chicago avant de gagner le Canada, le Brésil, puis lAustralie et lAsie. Cet engouement reste intact de nos jours : depuis 1991, un World Congress of Art Déco se réunit tous les deux ans pour célébrer ce moment de grâce esthétique qui a su unir les différents peuples de la planète. LExposition Art Déco : le style « Made in France » qui a séduit le monde se penche sur les sources et influences de ce style né en France, ses réalisations dans notre pays, en Europe puis dans le monde. Pourquoi lArt Déco est-il si attractif et si vivant aux yeux de tous ? Cest entre les murs du Palais de Chaillot, chef-duvre de larchitecture Art Déco, que cette première grande rétrospective française* sattache à souligner les clés de ce succès. *En 1975, le musée des Arts Décoratifs organisait le cinquantenaire de lexposition de 1925. Emmanuel Bréon Conservateur en chef du patrimoine Baie dessai pour lAutomobile-Club, J. Simon, 1928, Champagne-Ardenne- Argonne. Collection particulière. 6
Le commissaire de lexposition : Emmanuel Bréon Formation DEA Histoire de lArt, Paris X Mémoire sur la dynastie des peintres Dubufe (Claude-Marie : 1790-1864 ; Edouard : 1819-1883 ; Guillaume : 1853-1909). Parcours professionnel Actuellement conservateur en chef du patrimoine, chef du département des peintures murales et des vitraux du musée des Monuments français à la Cité de larchitecture & du patrimoine. Directeur du musée national de lOrangerie de 2008 à 2011. Directeur du service des musées municipaux de Boulogne-Billancourt, de 1983 à 2008 : musée des Années 30, musée-Jardin Paul Landowski, Atelier Joseph Bernard, musée Paul Belmondo. Créateur du musée des Années 30 (3000 m2 au sein de lespace Landowski, Grand Prix du Tourisme en 2002) et de sa collection ainsi que du parcours architectural des Années 30 à Boulogne-Billancourt. Créateur du musée Paul Belmondo et de la sculpture figurative du XXème siècle inauguré le 15 septembre 2010. Activités associatives et distinctions Chevalier des Arts et des Lettres, Membre de la COREPHAE (commission régionale du patrimoine historique, archéologique et ethnologique) dIle-de-France, Membre de la commission département des objets mobiliers, Hauts-de-Seine, Membre de lassociation des conservateurs des collections publiques de France (Président de la section fédérée dIle-de-France pendant 3 ans), Rédacteur de la revue Choisir du Centre national de documentation pédagogique, Prix Houllevigue de lAcadémie des Beaux-Arts. Prix de la Critique à New York pour lexposition Ruhlman, Génius of Art Déco présentée au Metropolitan Museum of Art. 7
Introduction : Art Nouveau vs Art déco, faites la différence ! Le grand public, influencé par des ouvrages et sites de recherche qui entretiennent souvent la confusion, mélange ces deux grands styles si proches dans le temps et pourtant si différents. LArt Nouveau (1890-1914) séduit par sa nouveauté et sa virtuosité avant dêtre décrié pour son exubérance. Un style industrialisé lui succède, lArt Déco (1919-1940). Avec ses formes géométriques, simples et dynamiques, il est plus universel et ne tarde pas à conquérir le monde. Des exemples familiers et concrets (séries de façades photographiées, dessins et plans originaux, ferronneries et céramiques dextérieur, maquettes de la Villa Majorelle à Nancy par Henri Sauvage, du Castel dOrgeval par Hector Guimard et de la Villa Cavrois par Robert Mallet-Stevens) permettront à lexposition de dévoiler les caractéristiques et éléments distinctifs de ces deux mouvement. La Villa Cavrois, Robert Mallet-Stevens, 1932, Croix Le Castel dOrgeval, Hector Guimard, 1904 8
Séquence 1 : LArt Déco avant lArt Déco Dès 1910, différents créateurs français donnent une nouvelle impulsion à leurs champs artistiques respectifs. Cest le cas des architectes Henri Sauvage et Auguste Perret, des décorateurs André Véra, Louis Sue et André Mare, Paul Follot et Jacques-Emile Ruhlmann, des couturiers et illustrateurs Paul Poiret, Paul Iribe et Georges Lepape ou encore des sculpteurs Joseph Bernard et François Pompon avec qui la simplicité des formes fait son grand retour. Lesprit dassociation Plutôt que de travailler en solitaire à luvre total comme lont fait les champions de lArt nouveau (Hector Guimard, Jules Lavirotte), ces nouveaux créateurs préfèrent le travail de groupe et « lesprit dassociation pour parfaire un ensemble ». En témoigne la Compagnie des Arts Français, entreprise collective de production artisanale active de 1919 à 1927 qui cherche à créer des ensembles « sérieux, logiques et accueillants ». Par exemple, « La Maison Cubiste » présentée au Salon dautomne de 1912 est le fruit de la collaboration entre André Mare, Louis Süe, Raymond Duchamp-Villon, Richard Desvallières et Maurice Marinot. Maquette de la Maison cubiste, Raymond Duchamp-Villon, 1912. Collection particulière. Quelques figures majeures André Véra (1881-1971), peintre Il théorise le nouveau style dans un article célèbre, illustré par créations de Louis Süe et André Mare, André Groult et Gustave Jaulmes. Contre lasymétrie, il demande le retour à la raison pour mieux saisir dans les objets leurs qualités dégalité et de proportion. 9
Paul Poiret (1879-1944), couturier Avec laide des illustrateurs Paul Iribe et Georges Lepape, il réalise des albums lithographiés remarquables dont les modèles incarnent une femme nouvelle libérée du corset de 1900, droite, à peine cambrée, le corps suggéré sous l'étoffe souple de la robe. Ces fameuses « robes fuseaux » répondront aux pieds fuseaux et graciles des meubles de Jacques-Emile Ruhlmann. Jacques-Emile Ruhlmann (1869-1933) Il simpose dès 1913 comme le tout premier des créateurs de mobilier de luxe. Il fonde, en 1919, après la première guerre mondiale, les établissements Ruhlmann et Laurent qui lui permettaient déditer et de diffuser ses meubles. On le surnommera «le Riesner de lArt Déco ». Selon le critique René Chavanne, il était « épris des formes pures, sveltes, finement rythmées, il goûtait amoureusement, presque sensuellement ces précieuses matières quil harmonisait à lextérieur, comme à lintérieur de ses meubles». Meuble « état dangle » : Jacques-Emile Robe du soir, Paul Poiret, vers 1925, Ruhlmann, vers 1920, ébène de velours violet et crêpe rose, plumes et macassar et ivoire. Collection du bretelles avec cabochons, Paris, Musée mobilier national Galliera - Musée de la Mode 10
Séquence 2 : le plongeon dans la modernité, le mouvement et la vitesse Un monde qui change, qui communique et où lon se transporte vite, de plus en plus vite tel est le contexte dans lequel se développe lArt Déco. Leffort de guerre a amené des avancées technologiques : aviation, automobile, communication radio. Le mouvement (mis en scène par un cinéma naissant encore muet) et la vitesse inspirent architectes et artistes. Aviation Le constructeur Henri Farman transforme son bombardier (Le Goliath de 1917) en premier avion de ligne. On peut désormais aller dune capitale à lautre très vite. Lhydravion Latécoère, le « Normandie » des airs, est particulièrement attrayant. Les architectes Art Déco proposent leurs premiers aérogares tandis que peintres, sculpteurs et affichistes semparent de la légende. Farman : Goliath Paris-Bruxelles, vers 1925, affiche Georges Villa, Aux pessimistes. Hommage aux avionneurs en lithographie, coll. musée des Années 30, boulonnais , 1930, affiche en lithographie, coll. musée Boulogne-Billancourt des Années 30, Boulogne-Billancourt 11
Automobile Après les taxis de la Marne qui ressemblaient à des boîtes à chaussures, Louis Renault comme André Citroën commencent à fuseler leurs voitures et les architectes rivalisent dimagination pour ranger et « empiler » les automobiles dans de splendides garages. Garage et magasin dexposition, rue Affiche Renault, 1925, musée des Années 30 Marbeuf, A. Laprade et L.E. Bazin, architecte, archives Ifa Cinéma Sarah Bernhard semblait un peu figée dans son rôle muet de la Reine Elisabeth tourné aux Studios de LEclipse en 1912 à Boulogne- Billancourt. Désormais, le cinéma a fait du chemin et Louise Brook, Gaby Morlay crèvent lécran dans des films aux décors toujours plus élaborés qui sont diffusés dans les nouveaux cinémas Art Déco qui fleurissent en France, réalisés notamment par les architectes Montaut et Gorska. 12 Cinéma Le Louxor, Paris, H . Zipcy, Le Grand Rex, Paris, Auguste Bluysen, architecte architecte
Séquence 3 : LArt Déco : un nouvel état desprit Emergence de la femme moderne Leffort de guerre a permis aux femmes de rentrer massivement dans le monde du travail. Elles vont désormais sémanciper à limage de La garçonne de Victor Margueritte dont lhéroïne, qui fume, boit, conduit et choisit ses partenaires comme bon lui semble, fera scandale. Cette véritable rupture de société est symbolisée par exemple par le peintre Tamara de Lempicka, qui soffrit un atelier moderniste construit par Robert Mallet-Stevens (présentée par les actualités Pathé comme « une femme moderne dans un intérieur moderne »). Dans dautres domaines, Kiki de Montparnasse (modèle), Charlotte Perriand, Eileen Gray (architectes), Louise Brooks (actrice), Hélène Boucher (aviatrice) et Coco Chanel incarnent également ces aventurières modernes. Tamara de Lempicka, autoportrait à Georges Lepape, couverture imprimée de la voiture verte, huile sur toile, musée Vogue Etats-Unis, 1er mai 1928 des Années 30 (Bibliothèque nationale, Estampes) 13
Le goût des autres La multiplication des moyens de déplacement et de communication stimule la curiosité intellectuelle. Si la Belle Epoque - les années 1900 - s'était méfié des habitants des colonies lointaines, la période Art Déco marque une avancée des mentalités: au-delà de laspect politique des choses, lentre- deux guerres a permis aux peuples de se rencontrer et déchanger. LArt Déco va se nourrir de ces influences en renouvelant formes et couleurs. Des personnalités éminentes comme Joséphine Baker, Habib Benglia (le premier acteur africain du cinéma français : Les Enfants du Paradis de Marcel Carné) et Al Brown, issus de ce que nous appelons aujourdhui la « diversité », contribueront à cette ouverture des esprits. Loin de se résumer à un simple attrait pour lexotisme, cette soif de découverte contribuera à faire reculer les préjugés. En témoignent les dessins empreints dadmiration dAlexandre Iacovleff ramenés de la croisière noire lancée par André Citroën ou encore la mission Dakar- Djibouti, menée par le premier véritable ethnologue de terrain Marcel Griaule accompagné de Michel Leiris, qui sera à lorigine de la création du musée de lHomme au Palais de Chaillot. Gabriel Moiselet, Le masque nègre, 1929, huile sur Benglia, 1928, lithographie couleur, toile, (Vincent Lécuyer et galerie AB, rue de la Grange- Imprimeur H. Chachoin, Paris Batelière) 14
Séquence 4 : LExposition internationale des Arts Décoratifs et Industriels modernes de 1925 Avec le soutien du ministère du Commerce, dont lambition est dexporter le savoir-faire français, cette exposition retentit mondialement et connait un vif succès. Implantée sur lesplanade des Invalides, le pont Alexandre III et aux abords des Petit et Grand Palais, elle compte comme principaux pavillons ceux de lAmbassade française, de la Manufacture de Sèvres ainsi que des pavillons dédiés aux enseignes des Grands Magasins. Les ensembliers Lexposition va permettre aux artistes français de se fédérer en instaurant une nouvelle manière de travailler, moins individualiste. Un mot nouveau apparaît, celui d « Ensemblier ». Il implique la prise en charge par un maître duvre, à la tête dun groupe dartistes et dartisans, du décor intérieur dans son ensemble. Le Pavillon du collectionneur de Ruhlman, construit par Pierre Patout et aménagé en collaboration avec les sculpteurs Charles Hairon, François Pompon et Joseph Bernard, ainsi que les tapissiers et dessinateurs Roger Reboussin et Emile Gaudissard, témoigne de ce travail de groupe. De même pour le Pavillon du tourisme de Robert Mallet-Stevens au beffroi vertigineux et audacieux réalisé avec ses amis Jan et Joël Martel pour la sculpture, Louis Barillet et Jacques Le Chevallier pour les vitraux en verre industriel et Francis Jourdain pour lameublement. Intérieur meublé, Jacques-Emile Ruhlmann, Projet pour le Pavillon du tourisme, R. Mallet- vers 1925, collection privée, the Stapleton Stevens, musée des Arts décoratifs, cabinet collection des dessins 15
La rue des boutiques et les Grands Magasins Dans son intitulé, les organisateurs de lExposition avaient imposé le terme « industriel » après art décoratif. Il existe bien une volonté de diffusion et de conquête des marchés. Tandis quune « rue des boutiques » (Lalique, Revillon, Luce) souvre sur le pont Alexandre III, les Grands Magasins confient larchitecture de leur pavillon respectif à des signatures de renom et créent leurs lignes de décoration. Cest le cas du Printemps (Primavera), des Grands Magasins du Louvre (Studium), des Galeries Lafayette (La Maîtrise), du Bon Marché (Pomone). Étude pour le pavillon Primavera, à lexposition des Arts Décoratifs, 1925. Institut français darchitecture, Paris Vue du jardin de la Manufacture dessiné par Henri Rapin situé entre les deux pavillons de Sèvres, réalisés pour lExposition internationale des arts modernes et industriels de 1925, Paris, Manufacture nationale de Sèvres 16
Séquence 5 : lArt Déco en France Après la guerre, la reconstruction a favorisé larchitecture de style Art Déco : le Nord et lEst de la France (Reims, Saint-Quentin ) sont des terres délection comme les grandes villes dynamiques (Bordeaux). Les avancées techniques, notamment dans le transport, ont créé des besoins et la France est sous équipée. Cest ainsi que fleurissent aéroports, gares et ports de commerce, hôpitaux, postes, lycées, stades Les Grands magasins et les chaînes de boutiques se développent dans les centres-villes. Le littoral nest pas en reste et accueille des grands hôtels et casinos modernistes (Saint-Jean-de- Luz, Pau, Biarritz). Le besoin de logements sociaux amènera à faire appel au nouveau style dans une version populaire somme toute réussie (la ceinture rouge de Paris). Présent partout, le style sadapte par régions. La Monada, Maurice Massins, 1933, Nice 17
18 Le patio de la Villa Leïhorra en direction du parc, J. Hiriart, G. Tribout, G. Beau, 1926-1929, Ciboure (Pyrénées- Le grand hall de la gare Trouville-Deauville, photo vers 1931 Atlantiques) Façade de limmeuble des colonnes, Henry Challe, Pau Le feu aval, Saint-Jean-de-Luz Ciboure (Pyrénées Atlantiques)
Séquence 6 : Les Paquebots, ambassadeurs de lArt Déco Pour séduire une clientèle américaine, les paquebots de l'entre-deux guerres vont se mettre au goût du jour. Deux d'entre eux forcent l'admiration pour l'envergure de leur nouveau style Art Déco : L'Ile de France et le Normandie. Durant leur traversée, les passagers sont immergés dans un art de vivre à la française. En ce sens, les paquebots sont, au même titre que les expositions internationales de 1925 et de 1937, les véritables ambassadeurs de ce nouveau goût. Les plus grands architectes et artistes décorateurs français participeront à cette aventure transatlantique. Anonyme, Normandie, vers 1935, Le Havre, collection Association French Lines 19
Séquence 7 : lArt Déco dans le monde Le public et les décideurs étrangers de tous les continents se sont pressés à lexposition de 1925. Herbert Hoover, Secrétaire du Commerce américain avait nommé un comité de 108 membres pour venir en France et rendre compte de lexposition (costume, textile, joaillerie, orfèvrerie, éclairage, mobilier, papier peint, verre céramique) avec, à sa tête, Charles R. Richards, directeur de lAmerican Association of Museums. En 1926, ce dernier invite à Boston des créateurs français (Brandt, Ruhlmann, Dunand ) pour une exposition itinérante présentant plus de 400 de leurs uvres. Toutes les villes des Etats-Unis vont bientôt se mettre à la mode Art Déco, faire travailler certains créateurs français mais aussi les copier. Au Japon, le Prince Asaka, venu en personne à lexposition, fait décorer son nouveau palais à Tokyo par Henri Rapin. Le mouvement prend de lampleur, et les architectes, artistes et décorateurs français sont appelés de par le monde pour exercer leurs talents : au Portugal (Porto), en Espagne (Madrid), au Brésil (Rio et Sao Paulo), en Chine (Shangaï) ou au Vietnam (Hué, Dalat, Saïgon, Hanoï). LArt Déco devient le premier mouvement esthétique à résonance mondiale. New-York City, Rockefeller Center, bas- Ypiranga building, 1935, Brésil relief dAlfred Janniot, 1934, Etat-Unis 20
Horloge de limmeuble Enicar (détail),, René Audineau, 1932, place de la République, Tunis, Tunisie Staircase of roxy movie theatre, 1934, Copacabana, Rio-de- Janero, Brésil Le porche dentrée avec rampe daccès de la Banque de lIndochine, Hanoï, Vietnam 21
Séquence 8 : lArt Déco aujourdhui LArt Déco est toujours présent de par le monde et influence même de nouvelles architectures. Pour des pays relativement neufs, il représente les premiers ensembles construits durablement et a donc valeur de patrimoine. Dailleurs, il nexiste pas une ville des Etats-Unis qui nait son Art Déco society : New-York, Washington, Boston, Chicago, Philadelphie, Cleveland, Detroit, Los Angeles, San Francisco, Tulsa, Miami Elles proposent des actions pour la sauvegarde de lArt Déco en essayant de maintenir la flamme de lesprit inventif et festif qui lanimait. Un World Congress on Art Déco a lieu tous les deux ans depuis 1991. Ce congrès permet de réunir les spécialistes du mouvement et denrichir son histoire. Il aura lieu à Cuba en 2013, à Shanghaï en 2015 et à Cleveland en 2017. Portes dascenseur en placage de « metyl-wood » William Van Alen, production :Tyler Company Chrysler building 22
ACCÈS ET TARIFS &LWpGHO·DUFKLWHFWXUH GXSDWULPRLQH SODFHGX7URFDGpURHWGX1RYHPEUH 3DULV 07URFDGpUR OLJQHVHW %XV ZZZFLWHFKDLOORWIU +RUDLUHV 2XYHUWWRXVOHVMRXUVVDXIOHPDUGLGHKjK 1RFWXUQHOHMHXGLMXVTX·jK )HUPpOHHUMDQYLHUHUPDLHWGpFHPEUH 7DULIV 3OHLQWDULI½ 7DULIUpGXLW½ 7DULIUpGXLWSRXUOHVDQV*UDWXLWSRXUOHVPRLQVGHDQV *URXSHV /HVJURXSHVVRQWDGPLVWRXVOHVMRXUVGHKjKOHMHXGLMXVTX·jK 9LVLWHJXLGpH 9LVLWHGHVFROOHFWLRQVSHUPDQHQWHVHWH[SRVLWLRQVWHPSRUDLUHV 5pVHUYDWLRQREOLJDWRLUH 'XUpHK 7DULIV HQWUpHVLQFOXVHV jSHUVRQQHV½ jSHUVRQQHV½ jSHUVRQQHV½ 9LVLWHOLEUH 9LVLWHDFFHVVLEOHVDQVGURLWGHSDUROHDX[FRQIpUHQFLHUVH[WpULHXUV 5pVHUYDWLRQREOLJDWRLUHjSDUWLUGHSHUVRQQHV 5pVHUYDWLRQ ZZZFLWHFKDLOORWIUUXEULTXHDFWLYLWpVHQJURXSH IRUPXODLUHHQOLJQH 2XYHUWXUHGHVUpVHUYDWLRQVOHHUDYULO ,QIRUPDWLRQV HPDLOJURXSHV#FLWHFKDLOORWIU WpOpSKRQHGXOXQGLDXYHQGUHGLGHKjKHWKjK 7DULIVDXHUIpYULHU VRXVUpVHUYHGHPRGLILFDWLRQ
Jan et Joël Martel, arbres "cubistes", 1925. Deux mannequins en robes Delaunay au pied des arbres cubistes des frères Martel, dans le jardin d'hiver conçu par Robert Mallet-Stevens à l'exposition des arts décoratifs.
Vous pouvez aussi lire