Un regard nouveau sur Bruxelles 2015
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
2015 Un regard nouveau sur Bruxelles « …L’art régénère ce qui est en déclin et réhabilite ce qui est négligé, …et donne une identité à des endroits qui n’en auraient jamais eu. L’art apprend à la jeunesse comment créer, développe l’imagination et la croyance en son propre potentiel. Quand l’art commence, le travail le suit, travail résolument tourné vers l’avenir… » John Tusa In Engaged with the Arts, I.B Tauris, London 2007 1
1. Introduction Ces derniers mois, la Région de Bruxelles-Capitale a pris conscience de l’urgence de travailler son image, en menant notamment une réflexion autour de son City Marketing et en élaborant son récent concept be.brussels. Repenser/Réfléchir à l’identité visuelle de notre capitale est indispensable pour créer une image forte mais ce ne sera pas suffisant : le défi, aujourd’hui, consiste à développer plus largement l’imaginaire positif autour d’un Bruxelles vécu comme lieu central et carrefour européen par le visiteur qui y passe, l’étranger qui y vit ou le Bruxellois qui y est né. L’année de la gastronomie, Brusselicious, a constitué un premier pas dans ce développement d’un imaginaire positif. Bruxelles doit continuer sur cet élan… Bruxelles doit d’abord se profiler différemment par rapport à l’ensemble des citoyens européens (belges compris !) : il s’agit de leur permettre de tisser des liens personnels, affectifs avec cette ville qu’ils considèrent souvent comme le centre administratif d’une Europe trop hiérarchisée et comme le lieu où se prennent les grandes décisions. Ce changement de perception contribuera à projeter une image plus humaine/conviviale de Bruxelles au niveau international. Un changement de perception doit également s’opérer au niveau des Bruxellois : si le multiculturalisme qui caractérise Bruxelles ne se fonde pas sur un socle de valeurs communes, le défi aujourd’hui est de générer un véritable « vivre ensemble » et un sentiment d’appartenance collectif à notre capitale, mais également d’aider les Bruxellois à considérer son statut de capitale de l’Europe comme une réelle chance. Bruxelles doit oser se profiler comme la capitale de 500 millions d’Européens et comme la petite New-York européenne. Les arts et la culture peuvent certainement l’y aider : ceux-ci ont un rôle important à jouer dans la construction d’une identité et d’une image (au niveau national et international) : la culture permet en effet de s’interroger sur les valeurs d’une ville et d’une société. Les artistes ont ce pouvoir de changer nos regards, de nous faire réfléchir sur nos choix et notre futur. Notre proposition pour 2015 est de susciter un regard nouveau sur Bruxelles à travers l’art, en mettant l’accent sur les arts et pratiques artistiques contemporains, l’espace public et les dynamiques interculturelles à l’œuvre dans la ville. Il est temps de reconnaître que Bruxelles est une ville créative, une ville de talents, dont le secteur culturel est incroyablement productif, diversifié, et ouvert sur le monde... autant d’atouts pour tourner Bruxelles vers l’avenir. 2
2. Le concept de ville créative, une vision novatrice pour Bruxelles 2.1. Qu’est-ce qu’une ville créative ? Depuis le milieu des années ‘60, on a vu croître le nombre de publications et de réflexions mettant en avant l’impact des milieux culturels sur l’économie, l’attractivité et le renouvellement des grandes cités. Ce débat à caractère multidisciplinaire, à la croisée de la sociologie, de la géographie, de l’urbanisme, des sciences politiques et de l’économie considère l’artiste, et plus globalement la créativité, comme un moteur du renouveau des villes, une nouvelle ressource urbaine. La créativité permet d’exploiter le capital imaginaire et symbolique d’une ville afin de la faire rayonner. Elle contribue aussi à y développer un cadre de vie attractif et à générer de la valeur économique. Cette idée est développée par Elsa Vivant, maître de conférences à l’Institut français d’urbanisme, dans son ouvrage Qu’est-ce que la ville créative ? Elle postule que la présence d’artistes dans une ville peut participer à la valorisation de l’économie urbaine – les artistes conférant une plus-value symbolique aux quartiers dans lesquels ils résident. L’exemple du quartier New-yorkais de SOHO en est l’archétype : les élus, les promoteurs et les acteurs culturels ont su valoriser le pouvoir créateur des artistes pour créer un climat urbain propice à la venue de nouveaux habitants. Dans un autre ordre de grandeur, à Bruxelles, les artistes et créateurs qui se sont installés dans les environs de Dansaert et Saint-Géry dans les années ’90 ont certainement contribué au renouveau de ce quartier. Dans The rise of the Creative Class, Richard Florida, l’un des grands théoriciens du concept de ville créative, met en avant l’idée que les grands centres urbains culturellement attrayants et dynamiques amènent à eux des membres de la « classe créative ». Cette classe créative désigne les membres de la population dont l’activité professionnelle consiste à produire et à réaliser des idées nouvelles. Et plus que jamais, le potentiel d’une ville à transformer et à concrétiser une idée est un atout. Surtout dans une ville comme Bruxelles par exemple, dont plus de 90% des emplois sont concentrés dans le secteur tertiaire. Selon Florida, les villes créatives sont identifiables à l’aide de la règle dite des «Trois T». Ainsi, les villes qui sont appelées à connaître un fort développement socio-économique sont celles qui allient Talent, Tolérance et Technologie. L’importance d’une ville créative est donc mesurable à l’inventivité qui s’y développe, à son goût pour la technologie et à son niveau de tolérance par rapport aux modes de vie marginaux ou par rapport à l’homosexualité, par exemple. Charles Landry, un autre éminent théoricien du concept de ville créative, a livré en 2011 dans son livre Creativity, Culture & The City : A question of interconnection les résultats d’une enquête approfondie, avec un recul de 25 ans sur les villes analysées (Lille, Bologne, Bilbao, Liverpool et la région de la Rhur). Il en ressort que la créativité constitue la principale ressource de ces villes qui sont, comme beaucoup d’autres, entrées dans une compétition mondiale pour localiser leurs atouts afin d’attirer investisseurs, travailleurs et touristes. Pour Charles Landry, la culture s’intègre dans 3
un écosystème global et a des retombées au-delà du seul champ culturel. Accorder de l’importance à la culture, c’est augmenter le dynamisme de ses entreprises, favoriser la cohésion sociale, enrichir le territoire face à ses concurrents, créer une identité et parier sur l’avenir. La ville créative est donc celle qui envisage son capital culturel comme étant créateur d’une dynamique sociale et moteur de croissance économique. 2.2. Bruxelles, ville créative ? Bruxelles illustre selon nous à bien des égards la description qui est faite de la ville créative : elle possède toutes les qualités, les structures et les intervenants nécessaires pour créer ce climat urbain propice au développement socio-économique et devenir l’une des villes les plus rayonnantes d’Europe. Ces dernières années, d’autres cités européennes ont fait l’exercice et sont parvenues à se profiler comme ville des arts ou ville créative. Mais Bruxelles est unique dans le sens où, en plus des nombreux talents présents sur son territoire, elle présente une identité hybride et multiple, tant culturellement que socialement. Cette identité polymorphe est une ressource précieuse pour la vitalité et l’ouverture de la ville : elle prémunit Bruxelles de toute uniformisation, entre autres d’une éventuelle « gentrification » par « la classe créative », qui aboutirait à exclure non seulement les autres habitants mais aussi, à terme, certains artistes pour qui la ville deviendrait trop chère. Bruxelles a donc tous les atouts pour se profiler comme une cité ouverte sur le monde et résolument tournée vers l’avenir. 3. Le secteur culturel bruxellois 3.1. Bruxelles, ville de talents Dans le domaine de la culture, Bruxelles est généralement perçue à l’étranger comme la ville des musées, de l’Art Nouveau et de la BD. Or la ville a bien plus à proposer. Elle fourmille d’ateliers d’artistes, de théâtres, de galeries d’art... Le secteur culturel bruxellois, composé à la fois de grandes maisons et d’événements au rayonnement international (BOZAR, Europalia…) ainsi que d’initiatives culturelles innovantes plus localisées, fait preuve d’un dynamisme remarquable que beaucoup de nos voisins nous envient. La Région peut se targuer de la présence de nombreux talents sur son territoire, aussi bien au niveau des personnes qu’au niveau des organisations et institutions, et ce à travers de multiples disciplines artistiques. De la danse contemporaine à l’opéra, en passant par les arts plastiques, le jazz, le théâtre ou le cinéma, il est de plus en plus difficile de passer à côté de notre capitale. 4
Opéra La Monnaie a été élue Maison d’opéra de l'année par une cinquantaine de critiques internationaux dans le "Jahrbuch 2011" de l’Opernwelt (magazine allemand de référence en matière d’opéra). C’est la première fois qu’une maison non germanophone remporte ce prix. Ce titre rejoint les ambitions poursuivies par La Monnaie de devenir l'une des plus grandes maisons d'opéra au niveau mondial en termes de qualité, d'innovation et de création. Elle s’emploie à découvrir et à former de nouveaux talents professionnels de l'opéra. Avec une programmation vivante en opéra, danse, musique, film et activités connexes, la Monnaie veut rendre l’art lyrique accessible à un public plus large et plus jeune. Musique Dans le domaine de la musique, Bruxelles dispose d’infrastructures de qualité : ainsi, la Salle Henri Le Bœuf du Palais des Beaux-Arts est un régal pour l’œil comme pour l’oreille, le Flagey répond aux exigences des mélomanes les plus exigeants et l’Ancienne Belgique, véritable temple de la musique rock, est classée 3e meilleure salle de concert au monde par le magazine américain Pollstar. Au niveau des salles de plus grand format, mentionnons la légendaire salle de Forest National où se produisent tous les grands artistes, ainsi que les projets de réaffectation en salles de concert du Palais 12 du Heysel et du Théâtre Américain (ancien studio de la VRT). Signalons encore la présence d’un grand nombre de studios d’enregistrement professionnels établis à Bruxelles, attirant des musiciens du monde entier (ICP étant sans doute le plus connu d’entre eux : des artistes comme The Cure, Stephan Eicher et Indochine y ont enregistré leurs albums). Au niveau des événements, citons le Concours Reine Elisabeth, Ars Musica, le Festival van Vlaanderen, Klarafestival et le Festival Musiq’3, le Jazz Marathon, le Winterjazz, Brosella, les Nuits Botanique, le festival Couleur Café ou encore le Brussels Summer Festival qui sont tous devenus des références dans leurs styles respectifs et ont gagné une renommée internationale. Mentionnons quelques artistes ou ensembles : les orchestres baroques (tels que Les Muffatti, Oxalys, L’Ensemble Clematis ou Il Fondamento), le Brussels Philharmonic Orchestra et le Brussels Jazz Orchestra qui rayonnent littéralement à l’étranger (ces derniers ont récemment reçu l’Oscar pour la meilleure musique de film pour The Artist), ou encore Toots Thielemans et Arno qui incarnent l’image de Bruxelles bien au-delà de nos frontières. Dans un registre plus novateur, signalons le Concert invisible de Jérôme Porsperger (DJ de musique classique), l’ensemble de musique contemporaine Ictus, ainsi que le travail autour de la musique expérimentale mené par le laboratoire artistique Q-O2. Arts de la scène Dans le domaine de la danse contemporaine, Bruxelles compte indiscutablement comme une référence et se révèle être un lieu de recherche, de création et de promotion à la pointe en Europe et dans le monde entier. Rosas (Anne Teresa De Keersmaeker), Ultima Vez (Wim Vandekeybus), mais aussi Charleroi-Danses/La Raffinerie (Pierre Droulers, Thierry De Mey, Michèle Anne De Mey), Meg Stuart, Michèle Noiret et bien d’autres encore ont fait de Bruxelles la capitale de la danse contemporaine. Ces compagnies, qui font la renommée de notre capitale à travers le monde entier, exercent un grand pouvoir d’attraction pour les jeunes danseurs (ex-étudiants de P.A.R.T.S et autres). Ceux-ci décident très souvent de 5
s’installer à Bruxelles, qu’ils considèrent comme leur « base de travail », où ils créent leur compagnie (par ex. Peeping Tom, ZOO/Thomas Hauert, Eleanor Bauer, Mette Ingvarsten…), où ils trouvent du soutien pour développer leur travail (grâce notamment à la présence de lieux de recherche et de bureaux de management alternatif, tels que Workspacebrussels, L’L, De Pianofabriek, Margarita Production, Caravan Production, Le Grand Studio,…) et d’où ils peuvent facilement voyager partout en Europe. Tout au long de l’année, la ville regorge de spectacles de danse contemporaine de grande qualité et de grande originalité, un must auquel peu de villes au monde peuvent prétendre. La renommée internationale acquise par l’école P.A.R.T.S (Anne Teresa De Keersmaeker) ainsi que la création très récente de l’ambitieux ISAC (Institut supérieur des arts et des chorégraphies au sein de l’Académie Royale des Beaux-Arts de Bruxelles) sont des indices de ce pôle chorégraphique qu’est Bruxelles. En ce qui concerne le théâtre, nous constatons que, pour une superficie et une population nettement moindres, Bruxelles compte autant de théâtres que Paris ! A côté du très important réseau de théâtres francophones (le Théâtre National, la Balsamine, Les Tanneurs, le Théâtre Océan Nord, Le Rideau, Le Public, le Théâtre de Poche, le Théâtre du Parc, L’Atelier 210,…), signalons le travail intéressant que mène le KVS sur le thème de la ville, avec des projets qu’il souhaite inscrire au « répertoire bruxellois ». Ce lien avec la réalité urbaine et la population bruxelloise est également au cœur du travail d’acteurs et metteurs en scène bruxellois issus de l’immigration tels que Mohamed Ouachen, Ben Hamidou, Sam Touzani ainsi que du projet Diversité sur scène. Avec leurs productions, ces artistes parviennent très souvent à toucher des personnes aux profils très différents, créant par là un véritable lien social, tout en pointant du doigt les préjugés et les idées reçues. La ville abrite par ailleurs le travail scénique de quelques personnalités fortes et largement reconnues internationalement telles que Jan Lauwers (Needcompany) ou Josse De Pauw et, plus récemment, le jeune Fabrice Murgia. Certaines salles de spectacles, telles que le Kaaitheater, les Halles de Schaerbeek, le Théâtre National ou le KVS, ainsi que le Kunstenfestivaldesarts, festival au caractère aventureux et visionnaire, constituent également des lieux de référence dans le domaine de la création scénique contemporaine sur le plan international. Notons que l’utilisation de plus en plus fréquente de l’anglais sur scène ainsi que le recours au surtitrage (qui permet aux institutions de présenter des productions venues du monde entier) permettent de toucher un public beaucoup plus large qu’il y a quelques années. Enfin, plusieurs écoles de théâtre sont implantées à Bruxelles, qui contribuent à sa vitalité artistique : outre la section d’art dramatique (francophone) du Conservatoire, l’INSAS et le RITS disposent d’une section de formation pour comédiens et metteurs en scène, qui attire nombre d’étudiants étrangers, tandis que l’Ecole Lassaad ou La Kleine Academie proposent une approche scénique plus spécifique. Notons encore que la performance, qui connaît un nouvel essor depuis les années ’90, trouve également à Bruxelles des lieux de reconnaissance : le Kaaitheater avec le festival Performatik, les Halles avec le festival Trouble, ainsi que le Momentum festival (dont la sixième édition aura lieu en octobre 2012 et sera soutenue entre autres par Charleroi- Danses/La Raffinerie, Q-O2, Okno, Auquai, La Cambre Arts Visuels, l'ERG école de recherche 6
graphique…) drainent un public connaisseur qui vient parfois de loin pour découvrir tel artiste ou telle œuvre. Cirque Depuis quelques années déjà, Bruxelles s'affirme comme une ville, comme une Région essentielle, « capitale » pour le cirque, au même titre que d'autres métropoles comme Toulouse, Barcelone ou Montréal. Pour s'en convaincre, il suffit de constater le succès de l'expression circassienne dans les 19 communes (qu'il s'agisse de formation amateur, d'animation socio-culturelle ou de pratique professionnelle), de découvrir la diversité des spectacles programmés tout au long de la saison, de remarquer le foisonnement des projets et des événements dédiés au cirque, ou de rencontrer les artistes de tous les horizons venus s'installer en nombre à Bruxelles. Une réelle effervescence, qui se fonde sur de multiples initiatives, portées par des visionnaires et des passionnés, qu'il s'agisse de l'Ecole de Cirque de Bruxelles, des Halles de Schaerbeek, de l'Espace Catastrophe, de l'Ecole Supérieure des Arts du Cirque, de l'Atelier du Trapèze et de Trapèze asbl ou encore de la compagnie bruxelloise Feria Musica, pour ne citer que les plus connus. Arts plastiques Au niveau des arts plastiques, la programmation contemporaine de qualité proposée par le Wiels et son implantation dans un quartier populaire en ont fait un lieu de référence en art contemporain au niveau international. Avec sa programmation riche et diversifiée, BOZAR rayonne également bien au-delà de nos contrées puisque 30% de ses visiteurs viennent de l’étranger. ARGOS est une association de référence dont la réputation dans le secteur de l’audio-visuel n’est plus à défendre à l’international. La Centrale for Contemporary Art, qui existe depuis 2006, vient quant à elle de voir ses moyens renforcés par la Ville de Bruxelles. Malgré des moyens financiers plus limités, les Etablissements d’en face et Komplot sont parvenus à se positionner comme des initiatives à la pointe de la création contemporaine. Dans un secteur plus commercial, la foire annuelle d’art contemporain Artbrussels réunit à elle seule plus de 32.000 professionnels, amateurs d’art et collectionneurs venus des quatre coins de l’Europe et du monde. Nos rues voient également fleurir de plus en plus de galeries d’art (De Morgen annonçait en ce mois d’août l’arrivée à Bruxelles de plusieurs galeries venues d’Anvers !) qui suscitent elles aussi une attention internationale, notamment lors des Brussels Art Days. Ces dernières années, de nombreuses initiatives privées ont vu le jour. Certains collectionneurs privés ont ainsi décidé de rendre leur collection accessible au public : la Collection Vanhaerents (Bruxelles Centre), le CAB – Contemporary Art Brussels (Ixelles) ou encore la Fondation A Stichting, une initiative d’Astrid Ullens de Schooten qui dévoilera sa riche collection de photographies dès le mois d’octobre 2012, dans l’ancienne usine Bata située près du Wiels. Dans cette même discipline, citons également l’événement Summer of Photography organisé par Bozar, dont la 4e édition vient de se clôturer ; la formation en photographie de l’école LE75 ; ou encore l’Espace photographique Contretype (installé dans l’Hôtel Hannon) qui, depuis plus de trente ans, œuvre à l’accueil de productions photographiques européennes et extra-européennes et diffuse la production d’artistes belges à l’étranger. 7
Enfin, signalons que des artistes plasticiens de renommée internationale, tels que Hans op de Beeck, Jan De Cock ou Ann Veronica Janssens, ont installé leur atelier à Bruxelles. Ville de musées Notre Région regorge de musées : sous l’appellation « Musées royaux des Beaux-Arts » figurent non seulement le Musée d’art ancien mais aussi le Musée Magritte Museum, le Musée Wiertz et le Musée Meunier, ainsi que le Musée fédéral d’Art moderne et contemporain en projet. Les « Musées d’Art et d’Histoire » regroupent, eux, le Cinquantenaire, les Musées d’Extrême-Orient, le Musée de la Porte de Hal et le MIM (Musée des Instruments de musique) installé dans le splendide bâtiment Old England... Et c’est sans compter le Musée BELVue, le Musée d’Ixelles ou le Musée van Buuren qui mériteraient d’être mieux connus, ainsi que les Maisons Horta, Autrique, ou Cauchie ouvertes au public. Bruxelles ne compte pas que des musées d’art et d’histoire : pensons au Muséum des Sciences naturelles, au Musée juif, au Musée du Tram, au Musée de la Gueuze, au Musée du Moulin et de l’Alimentation, à l’Atomium… De nouveaux musées verront le jour d’ici 2015 : le Musée Fin de Siècle, la Maison d’Histoire de la Communauté européenne, le Musée des Chemins de Fer, le Musée de la Bière. Cela enrichira encore un paysage muséal bruxellois déjà bien fourni et apprécié du public, comme en témoigne le succès des Nocturnes des musées qui en sont à leur 12e édition ou de la Museum Night Fever (cfr plus bas « Initiatives multidisciplinaires »). En 2015, le Conseil Bruxellois des Musées soufflera ses 20 bougies : une occasion supplémentaire d’imaginer un événement exceptionnel pour les quelques 100 institutions qu’il rassemble… Architecture/urbanisme Le « chaos » bruxellois semble inspirer de nombreux architectes et les pousser à y développer leur travail. Bruxelles représente ainsi souvent pour eux un véritable laboratoire : ils y installent leurs bureaux mais y mènent également une recherche expérimentale, axée sur le défi urbanistique qu’est Bruxelles. La formation en architecture de Saint-Luc et Sint- Lukas, et surtout de la Faculté d’architecture La Cambre Horta de l’ULB, reconnue internationalement, n’y est sans doute pas pour rien. En 2010, le collectif bruxellois Rotor a représenté la Fédération Wallonie-Bruxelles à la Biennale d‘Architecture de Venise. En 2012, Architecture Workroom Brussels représente la Flandre sur ce même podium. Cette dernière asbl a également coordonné la Biennale GARDEN – Parckdesign (initiative venue de Bruxelles Environnement et de la Ministre bruxelloise de l’Environnement) qui se penche sur l’organisation de l’espace public. Depuis plusieurs années, la Faculté d’architecture La Cambre Horta organise en collaboration avec l’école d’architecture de Sint-Lukas les masterclasses PYBLIK dédiés à la culture de l’espace public. Une série de ces initiatives trouvent un rayonnement international au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles, où depuis 2006 une nouvelle programmation d’architecture a été initiée. Inséré dans un réseau international d’échange et d’information, le CIVA - Centre International pour la Ville, l'Architecture et le Paysage a pour objectif d’agir pour la qualité architecturale dans toute sa diversité et de stimuler le débat sur l'actualité pour sensibiliser 8
les opinions et mieux orienter les choix (tant par l’organisation d’expositions, de colloques et de conférences que par l’édition d’ouvrages). Plusieurs jeunes bureaux ont ouvert leur pratique à Bruxelles : V+, Anorak, Suède 36, SHSH, noAarchitecten, URA, MS-A… N’oublions pas les nombreux bureaux d’architectes qui se sont installés à Bruxelles mais qui réalisent des projets partout dans le monde : Xavier De Geyter, L’Escaut, 51N4E, JDS, Office KGDVS, Secchi et Vigano… Littérature Est-il possible de lier le développement de la vie littéraire internationale à Bruxelles à sa tradition de ville-refuge ? Bruxelles est restée un lieu de résidence et de refuges d’écrivains et poètes belges et étrangers. En intégrant le réseau ICORN, Bruxelles est devenue officiellement une ville-refuge permettant à des écrivains en exil de vivre pendant une à deux années dans ses murs. Cette activité d’accueil perdure de nos jours dans les résidences d’écrivains permettant tant à une jeune génération d’écrivains qu’à des auteurs de grande renommée de s’immerger dans cette capitale pour un ou deux mois avec le programme de résidences internationales proposé par Passa Porta, maison internationale des littératures. Bruxelles en devient ainsi parfois le sujet de leur prochain roman. Cette activité internationale imprègne les activités publiques proposées par des organisations de médiation et de création. Ensemble avec plusieurs opérateurs culturels comme Passa Porta, le théâtre Poème 2, la Maison du Livre, le Musée de la bande dessinée, les Midis de la poésie ou DeBuren, bibliothèques et librairies forment un réseau dense dont la mission de médiation auprès des publics est essentielle. Rencontres, lectures, écrivains dans la ville, Bruxelles offre chaque semaine une programmation riche et variée pour tous les publics, grands et petits, passionnés de romans, amoureux de poésie, amateurs d’essais, mordus de BD, curieux de création connectée, etc. Des collaborations ponctuelles ou récurrentes peuvent se mettre en place avec d’autres opérateurs culturels dans des disciplines artistiques variées (La Monnaie, Bozar, Wiels, Flagey, Lezarts Urbains..). La création littéraire rentre en dialogue avec la musique, les arts urbains, l’espace urbain, les arts visuels, le cinéma, les arts scéniques, les arts numériques. En terme événementiel, les festivals Passa Porta et le Marathon des Mots de Bruxelles avec la Foire du livre mettent la littérature en pleine lumière pour quelques jours et permettent à Bruxelles de devenir un lieu de rencontre international pour les écrivains, les éditeurs et les lecteurs. La richesse linguistique de Bruxelles lui donne cette particularité d’avoir un public multilingue ouvert à des propositions étrangères et curieux de son patrimoine. L’absurde, le fantastique et l’insolite imprègnent tant les courant littéraires belges que les catalogues de nos modestes maisons d’édition en recherche d’originalité et de singularité comme Les Impressions nouvelles, maelstrÖm, le Fremok ou encore La cinquième couche, Ah, La Muette. Cinéma Les amateurs de films ne sont pas en reste à Bruxelles. Tout au long de l’année, près de 40 festivals spécialisés se succèdent pour ravir les goûts les plus divers : Anima, BIFF, Offscreen, Pinkscreen, Festival de court métrage, Festival du Cinéma d’Amérique Latine, Brussels Film & Short Film Festival, PleinOPENair… En outre, la Cinematek dispose d’archives 9
cinématographiques que nous envient de nombreux pays et offre au public une programmation aussi dynamique qu’ambitieuse, diffusée dans ses salles rénovées du Palais des Beaux-Arts et dans les studios de Flagey. Bozar Cinema la suit dans ce sens, tandis que Galeries, le Nova et l’Actor’s Studio proposent un cinéma d’auteurs. Depuis 2 ans, Bruxelles accueille également, au Square, l’organisation des Magritte du Cinéma belge. Les effets conjugués du dispositif fiscal Tax Shelter, des aides régionales du Fond régional Bruxellimage ainsi que des efforts de facilitation accomplis par le Brussels Film Office contribuent grandement à l’essor de l’industrie audiovisuelle bruxelloise. Bruxelles peut désormais revendiquer son statut de ville prisée par les productions pour y organiser des tournages tant en intérieur qu’en extérieur… quand ce n’est pas la ville elle-même qui est intégrée dans le scénario (The Expatriate, A Tort ou à Raison, L’Envahisseur, Les Barons,…) C’est également à Bruxelles que sont implantées des écoles de cinéma réputées : l’INSAS, La Cambre, le RITS ou l’INRACI-NARAFI… Bruxelles est également le siège de près de 162 sociétés de production actives dans le cinéma (courts et longs métrages), la télévision, l’animation, le documentaire ou encore la publicité. Parmi les plus importantes, citons notamment Artemis Production, Caviar Films, Entre Chien et Loup, La Parti Production, Nexus Production, N-Wave, Savage Films, U Film ou Walking The Dog. A titre de comparaison, la Wallonie compte 59 et la Flandre 127 entreprises de production. Bruxelles est enfin un haut lieu de la postproduction (effets spéciaux, doublage, sous-titrage, traitements du son et de l’image) et de la prestation de services en audiovisuel (location de matériel, studios…) puisque ce ne sont pas moins de 245 sociétés prestataires qui y sont domiciliées. Studio l’Equipe, Eye Lite, Ace Image Factory, Dame Blanche, Nozon, Paprika, Puzzle, Sonicville… sont quelques-uns des illustres représentants des ces entreprises qui évoluent à la frontière entre l’artistique et le technique. Enfin, Bruxelles fourmille de talents individuels indispensables à la création d’œuvres audiovisuelles, allant de l’administrateur de production à l’agent de casting, en passant par le bruiteur et le décorateur… Arts urbains Bruxelles est une ville où peuvent se développer les arts urbains. Ainsi, les amateurs n’hésitent pas à faire le voyage jusqu’à Bruxelles pour venir y admirer les graffiti et interventions de ‘street art’ (comme celles d’un Jean-Luc Goupil ou d’un Bonom) qui ont tendance à rester sur nos murs plus longtemps que dans d’autres villes. D’autre part, la scène bruxelloise de hip hop, de rap et de slam fait preuve d’un dynamisme remarquable. . Signalons à ce propos le travail mené par les équipes de Souterrain Productions, de la Zulu Nation, de Lézarts urbains, de l’Espace Magh ou, pour une part de sa programmation, du Centre culturel Jacques Franck, qui vise à valoriser la culture hip hop et les cultures urbaines (en organisant des événements, en accompagnant des artistes et encore, pour Lézarts urbains, en mettant sur pied un centre de documentation). Des artistes comme Youness Mernissi (champion belge 2011 du Slam, 3e place du championnat d’Europe) ou B-Flow (beat-boxing) commencent ainsi à être connus pour leur travail. Mode et Design Le secteur des industries créatives, et particulièrement celui de la mode et du design (qui génèrent à eux seuls plus de 19.000 emplois dans la capitale) sont en plein développement. De nombreux jeunes créateurs de mode et de design s’installent à Bruxelles, notamment, encore une fois, grâce à la présence d’écoles renommées (La Cambre, Sint-Lukas). 10
En mode, des grandes maisons comme Delvaux ou Natan, l’aura de personnalités établies à Bruxelles, comme Elvis Pompilio, Annemie Verbeke, Jeanpaulknott ou Carine Gilson, et des noms apparus plus récemment comme Sandrina Fasoli, Jean-Paul Lespagnard ou Marc Philippe Coudeyre, jouent également un rôle attracteur. De leur côté, Xavier Lust, Charles Kaisin, Alain Berteau ou Sylvain Willenz, entre beaucoup d'autres, participent à la reconnaissance internationale de Bruxelles et de la Belgique classée dans le top 10 par le magazine Wallpaper. Des événements comme le Parcours Modo et Design September mettent en valeur cette créativité. Quartier de référence mondialement réputé où découvrir les nouveautés les plus créatives, Dansaert accueillera en 2015 le MAD Brussels, un centre de la mode et du design pour les professionnels et le public. Initiatives multidisciplinaires Bruxelles excelle en initiatives innovantes, faisant se croiser les genres, les secteurs et les disciplines. Souvent issues d'un mouvement bottom-up, elles sont la réponse positive à la complexité de notre ville. Les associations qui les portent, militantes et défendant des valeurs qui leur sont propres, n'ont pas le réflexe d'agir contre les institutions en place, mais expriment leurs idées de façon constructive et ludique. Elles sont souvent vues à l'étranger comme exemplaires et à la pointe de l’innovation. Ainsi, la Zinneke Parade suscite l’intérêt des touristes mais aussi de nombreux chercheurs étrangers, tous séduits par le caractère unique de cette parade typiquement bruxelloise et impressionnés de voir l’investissement des participants, venus des 19 communes de la Région. Le Cinéma Nova accueille un public certes pointu, mais conquis par sa dynamique originale, qui fait le lien entre le cinéma et la ville grâce entre autres au festival PleinOPENair. Recyclart reçoit aussi régulièrement des visiteurs de l’étranger, fascinés par les ponts que l’association parvient à créer entre des domaines aussi différents que l’insertion socio- professionnelle et la culture, la production et la création artistique, l’érudit et le populaire. De son côté, Met-X, organisation qui offre un lieu pour les musiciens venus de tous horizons et dont le travail s’appuie sur Bruxelles et sa population, a remporté le titre d’Ambassadeur culturel de l’Union européenne avec son projet original ‘European Saxophone Ensemble’. Par son travail de recueil de récits oraux relatifs à notre capitale, Bruxelles nous appartient/Brussel behoort ons toe contribue à la construction de la mémoire sonore de Bruxelles. La mise en place de cette base de données de témoignages et la valorisation de celle-ci à des fins très diverses (créatives, patrimoniales, éducatives, informatives, illustratives,...) constituent une démarche unique en son genre. En recherchant le comment et le pourquoi des choses de tous les jours, Irma Firma propose une réflexion décalée, mais nécessaire et juste par rapport à l'art d'aujourd'hui. Les événements que l’asbl propose prennent d'ailleurs les formes les plus diverses comme des performances ouvertes à tous, des promenades alternatives, des repas collectifs... Dans le secteur de l’audiovisuel, le projet des Ateliers urbains (né d’une collaboration entre le Centre Vidéo de Bruxelles et le collectif Plûs Tôt Te Laat/PTTL) mène une démarche créative participative, tout en développant l’esprit critique et une réflexion sur la ville. Entre workshops techniques et performances artistiques, les nombreuses activités de l’asbl Constant font la part belle aux logiciels libres et à la liberté de l’utilisateur, proposant ainsi une approche plus engagée du domaine de la technologie du web. 11
Enfin, citons la dynamique intéressante instaurée par le Conseil Bruxellois des Musées avec sa Museum Night Fever : cette initiative innovante, créée en 2008, implique chaque année quelques 1.000 jeunes et permet à plus de 15.000 personnes de vivre une expérience muséale unique en son genre, mêlant les genres et les disciplines. Bruxelles dispose donc d’une offre artistique de qualité, riche et diversifiée mais également d’un potentiel créatif et innovant très souvent ignoré. 3.2. Le secteur culturel bruxellois : ouvert sur le monde Le cosmopolitisme de Bruxelles et la diversité culturelle de ses habitants s’avère être un terreau fertile et inspirant pour le secteur créatif qui se voit naturellement poussé à inscrire son travail dans un cadre solidaire et d’ouverture à l’autre… De très nombreux acteurs culturels ont pris conscience qu’ils avaient un rôle important à jouer à cet égard : c’est sans aucun doute là que se situent les bases d’une cohésion sociale durable. Avec son projet ‘Home & Away’ (une exposition réalisée par des ‘expats’ et des réfugiés et des sans-abris, tous considérés comme ‘nomades contemporains’), Globe Aroma a ainsi certainement contribué au rapprochement de différents groupes de populations bruxellois. Des initiatives culturelles comme celles de la Zinneke, de la Maison des Cultures à Molenbeek, de l’Espace Magh, de la Maison de la Création (CC Bruxelles-Nord) et de Recyclart construisent également des ponts entre les habitants, à la marge d’un mouvement malheureusement de plus en plus généralisé de repli sur soi. Ces initiatives contribuent certainement à la réduction de la dualisation sociale est-ouest présente à Bruxelles, et permettent d’éviter la création de quartiers « fermés », de ghettos auxquels seuls les habitants ont accès. Même s’il reste encore beaucoup à faire, nous ne pouvons donc qu’être fiers du caractère interculturel de notre capitale. D’autre part, certains acteurs culturels offrent au public, par leur programmation et les artistes qu’ils invitent, une ouverture sur le monde. Outre les exemples cités précédemment, nous pensons à Muziekpublique, l’Espace Senghor ou Europalia. Notons que le secteur culturel bruxellois a bien compris le défi de la complémentarité avec les secteurs des villes voisines et tient une place importante au sein de réseaux internationaux. Ainsi, de nombreuses organisations culturelles sont par exemple impliquées dans un projet du Programme Culture de la Commission européenne (avec, pour chacune d’elles, toute une série de partenaires européens) ou sont inscrites dans des réseaux internationaux : La Monnaie, BOZAR, le Théâtre National, le Kunstenfestivaldesarts, l’Espace Catastrophe, le Kaaitheater, Q-O2, le Wiels et les Halles de Schaerbeek (pour ne citer qu’eux) sont ainsi en contact avec de nombreuses organisations culturelles d’autres pays et ont inscrit Bruxelles sur la carte des villes dynamiques et créatives, au sein de leur discipline. Multiculturelle, disposant d’un enseignement artistique renommé, d’un coût de la vie abordable et d’une offre culturelle florissante, Bruxelles se révèle être un pied-à-terre idéal pour les jeunes générations d’artistes. Notre capitale est aujourd’hui un réel pôle d’attraction pour les artistes de tous horizons. En effet, outre les avantages précédemment 12
cités, Bruxelles occupe une place stratégique en plein cœur de l’Europe et s’inscrit dans un réseau de transports (ferroviaire, aérien…) performant. Au cœur d’une métropole dépassant les frontières de la Belgique – comme l’étude de Bruxelles 2040 l’a bien démontré –, il nous faut à peine 1h30 pour aller à Paris ou à Amsterdam, 1h à Londres et 20 min à Lille ! Cette position géographique stratégique permet aux artistes de rayonner vers les grandes métropoles culturelles voisines avec facilité. Ce phénomène fonctionne également en sens inverse, puisque ce même réseau permet aux programmateurs, collectionneurs, journalistes et mécènes de venir dans notre ville régulièrement et rapidement. De plus en plus de jeunes artistes et créateurs internationaux choisissent donc de s’installer dans la Région et d’y travailler, qu’ils soient belges ou étrangers. Aux yeux de beaucoup d’observateurs, Bruxelles réunit en ce sens toutes les conditions pour être la petite New York de demain. 4. 2015 : un regard nouveau sur Bruxelles à travers l’art ! Nous sommes convaincus qu’en rendant visible la dynamique créative qui est en marche dans notre ville depuis maintenant plusieurs années, en valorisant les initiatives existantes (diverses, hybrides et ouvertes sur le monde) et en donnant la possibilité à des artistes visionnaires de jeter un regard nouveau sur notre patrimoine, Bruxelles parviendra à créer son identité propre et à se profiler comme la capitale de 500 millions d’Européens. Nous proposons dès lors que le fil rouge de l’année thématique 2015 devienne la mise en valeur de la ville par les arts, dans une perspective cohérente et parfaitement lisible. 4.1. Quelques lignes directrices - L’objectif premier de cette année thématique sera d’offrir un regard nouveau sur Bruxelles : les artistes seront invités à nous proposer leur vision des choses, à nous faire (re)découvrir notre ville, à nous faire réfléchir… et à nous faire rêver. - L’année thématique 2015 investira l’espace public : les défis en matière d’urbanisme et d’architecture à Bruxelles sont énormes. Les artistes et architectes ne demandent qu’à pouvoir inscrire leur travail dans l’espace public et à partager leur réflexion par rapport à ces questions cruciales. - L’année thématique 2015 prendra un accent résolument contemporain et impliquera les artistes d’aujourd’hui qui s’inspirent du passé et du patrimoine de la ville, le réinterprètent et lui donnent un nouveau sens. - Le programme de l’année thématique 2015 veillera à l’équilibre entre la mise en valeur de l’offre riche existante (chère au secteur culturel) et la mise en place de projets spécifiques à finalité touristique (chère au secteur du tourisme). A l’image du « Voyage à Nantes » (projet à finalité touristique conçu par Jean Blaise en juillet-août 2012), l’année thématique 2015 mêlera culture et tourisme. Avec son « Voyage… », l’ancien directeur du Lieu Unique est parvenu à prouver qu’il est possible d’allier les deux secteurs dans un seul et même projet qui, s’il a été critiqué pour les budgets dépensés, semble faire l’unanimité au niveau du contenu. - L’année thématique s’adressera aussi aux Bruxellois et leur permettra de s’approprier leur ville. Tout comme ce même « Voyage à Nantes », imaginé pour les habitants de la métropole française, l’année thématique proposera des projets qui créent chez les 13
Bruxellois un sentiment de fierté et d’appartenance à leur ville car ils sont les premiers acteurs du rayonnement de la Région. - L’aspect cosmopolite de notre capitale sera mis en avant dans le cadre de la programmation d’une telle année thématique : la Région offre à chacun, visiteurs et habitants, l'occasion d'assouvir sa curiosité quels que soient ses goûts ou ses envies. Bruxelles, (tout) le monde s’y retrouve ! Mais il s’agira d’aller un pas plus loin encore, en valorisant les dynamiques interculturelles qui existent dans notre ville. Bruxelles est un laboratoire du « vivre ensemble » : elle se doit de soutenir et de promouvoir les initiatives qui créent des liens entre les différentes cultures présentes sur son territoire. Nul doute que ces dynamiques pourront inspirer d’autre villes confrontées aux défis de la multiculturalité dans le futur. - Il sera indispensable de faire en sorte que les projets proposés présentent une grande qualité artistique, tout en restant accessibles à un très large public : celui-ci devra s’y retrouver aussi bien au niveau financier (en ayant accès à un maximum d’événements gratuits) qu’au niveau du contenu (des clés de lecture seront données, la présence de guides sera assurée et les acteurs sociaux et socio-culturels ainsi que les écoles seront impliqués dans une mise en lien avec la population locale). - Il sera important de confier la conception et la réalisation du projet aux artistes et acteurs culturels bruxellois : ceux-ci disposent du know how, du potentiel créatif et des partenaires nécessaires pour organiser des projets innovants. Des partenariats devront être mis en place avec les grandes institutions ainsi qu’avec les initiatives bottom-up si spécifiques au secteur bruxellois. - Il nous semble important de ne pas limiter le projet à quelques secteurs mais, au contraire, de mettre en place un projet qui mélange les disciplines. Car c’est justement à l’endroit où ces dernières se frottent et se croisent que se développent les choses les plus innovantes (et que Bruxelles pourra se profiler comme ville réellement unique en son genre). - La Région créera des partenariats avec les initiatives culturelles voisines, telles celle de Mons 2015, afin que les projets se renforcent mutuellement. - Visitbrussels imaginera une campagne promotionnelle attractive, lisible et cohérente. A ce titre, il pourrait par exemple être fait appel à des cinéastes pour réaliser des films artistiques « promotionnels » (Jaco Van Dormael, Michaël Roskam, Nabil Ben Yadir, Fien Troch…) - 2015 pourrait également voir le lancement de l’Agenda culturel bruxellois : un website et une publication régulière qui deviendraient la référence en matière de vie culturelle, aussi bien pour le bruxellois que pour le visiteur de passage, à l’image d’un Time Out ou d’un Pariscope. 4.2. Projets S’il est aujourd’hui bien trop tôt pour avancer des idées de projets concrets, il semble nécessaire de citer quelques initiatives de référence et axes de travail, s’inscrivant dans les lignes directrices formulées ci-dessus. L’art dans l’espace public : l’année thématique proposera un programme d’interventions dans l’espace public conçues et réalisées par des artistes bruxellois, venus d’Europe et du 14
monde entier. Ces interventions poseront un regard nouveau sur la ville et son patrimoine, et parleront à un large public. A ce titre, l’exemple bruxellois multidiciplinaire du Festival Kanal, pourrait servir de référence. Certains projets offriront littéralement un autre point de vue sur la ville : des spectacles/concerts/performances seront organisés dans des parcs, jardins ou friches inconnus du grand public, ou dans des lieux offrant une vue nouvelle (panoramique ou insolite) sur Bruxelles… A l’instar du projet « Veilleur de ville » de Johanne Leighton (qui invite les habitants d’une ville à la redécouvrir lors du lever ou du coucher du soleil), d’autres propositions permettront au visiteur ou au Bruxellois de vivre une expérience nouvelle et intime de la ville. La photographie est une discipline artistique qui parle à tout le monde. C’est le medium parfait pour mettre en valeur les différentes facettes et visages de la ville. Des expositions photos sur Bruxelles pourront voir le jour en 2015 : quelques photographes internationaux réinterpréteraient la ville, des artistes seraient inviter à présenter leurs photos manipulées Bruxelles, dans le but de faire réfléchir le public sur l’identité de notre Région, les défis en espace public, etc. Open Atelier : différents artistes ouvriraient leur lieu de travail (atelier, lieu de répétition) au grand public. Il s’agirait aussi bien des ateliers d’artistes renommés (Jan De Cock, Hans Op De Beeck, Ultima Vez, Delvaux, etc.) que des espaces pour les artistes moins connus (les laboratoires artistiques – cf. Open House en mai 2012). Cet événement pourrait se lier aux différents ‘Parcours d’artistes’ dans les communes, pour créer un seul grand Parcours d’artistes bruxellois, au niveau de la Région. La ville musée : des chefs d’œuvres (copies, projections, bâches) venues des musées, galeries d’art et collections privées sortiraient dans des lieux publics (rues commerciales, gares, vitrines…) et offriraient au passant une nouvelle lecture des œuvres et de l’endroit où elles se trouvent. L’objectif serait de dévoiler les trésors cachés bruxellois mais également de créer un dialogue entre la ville, l’œuvre et le visiteur, en tirant parti des réseaux sociaux et des nouvelles technologies (applications smartphone…), ou en encourageant le public à aller voir les œuvres authentiques. Cela pourrait amener les visiteurs à découvrir d’autres quartiers, d’autres lieux et d’autres musées de Bruxelles, moins connus. 4.3. Réalisation Afin de garantir la qualité artistique du projet, nous proposons la nomination d’un commissaire culturel. Celui-ci aura pour tâche, sur base des spécificités bruxelloises, de construire une ligne de programmation claire et lisible, de faire des choix et de mettre sur pied des projets de qualité, en partenariat avec le secteur culturel bruxellois. Cette personne devra elle-même venir du secteur culturel (bruxellois ou non), en avoir une connaissance assez large, être sensible à la réalité urbaine (particulièrement celle de Bruxelles) et être capable de penser un projet alliant culture et tourisme. Enfin, respectée pour son travail/son expérience par les acteurs culturels, elle devra pouvoir sensibiliser autant les grandes institutions que les initiatives plus petites à rallier le projet. 15
Ce commissaire sera accompagné d’un comité de pilotage, composé d’organisations culturelles bruxelloises, qui viendra compléter son profil et ses connaissances du secteur, et l’aidera à identifier les partenaires/artistes à impliquer pour mettre les projets en place. Le Maître Architecte de la Région fera également partie de ce comité. Les réseaux RAB/BKO prendront part au processus de sélection du commissaire et de mise en place du comité de pilotage. Comme pour « Brusselicious », nous proposons que l’année thématique 2015 soit portée par Visitbrussels. En effet, l’agence de communication du tourisme de la Région a prouvé en 2012 qu’elle était capable de concevoir une mise en tourisme efficace, lisible et cohérente. Afin de compléter ses compétences touristiques, l’idée serait donc que le commissaire culturel intègre l’équipe de Visitbrussels. 5. Et après 2015 ? Comme suggéré précédemment, 2015 pourrait voir le lancement de plusieurs projets pérennes : l’ouverture du MAD, la première pierre du Musée fédéral d’Art moderne et contemporain, mais aussi (pourquoi pas ?) l’installation de nouvelles œuvres d’art contemporain dans l’espace public. D’autre part, l’effet durable de cette année thématique sera le rapprochement entre le secteur touristique et le secteur culturel, cher aux yeux des réseaux RAB/BKO (cfr Plan culturel pour Bruxelles). En faisant travailler ces deux secteurs étroitement pour réaliser l’année thématique 2015, nous leur permettrons de mieux se connaître et faciliterons ainsi leur collaboration à long terme. Des synergies nouvelles pourraient voir le jour : le volet artistique des années thématiques futures serait chaque fois pensé et réalisé en étroite concertation ; Visitbrussels solliciterait plus facilement les acteurs culturels pour mettre des projets en place… A l’avenir, les deux secteurs pourraient ainsi mener ensemble des actions pour améliorer l’image de notre Région. 16
BIBLIOGRAPHIE La Libre Belgique : http://www.lalibre.be/actu/bruxelles/article/727653/mad-de-mode-et-de-design.html Eric Corijn-Eefje Vloeberghs, Bruxelles, VUB Press, 2009 Charles Landry, Creativity, Cultural & The City : A Question of interconnection Etude réalisée dans le cadre du forum d’Avignon 2011 http://www.forum-avignon.org/fr/etude-de-charles-landry-pour-le-forum-davignon pdf téléchargeable sur la page Richard Florida, The Rise of the Creative Class And How it’s Transforming Work, Leisure, Community and Everyday Life, 2002 Elsa Vivant, Qu’est ce que la ville créative?, Editions PUF, 2009 Studio010, Bernardo Secchi, Paola Viganò, Bruxelles et ses territoires, PRDD, Elaboration d’une vision territoriale métropolitaine à l’horizon 2040 pour Bruxelles. Bruxellimage, Noël Magis, Etat des lieux de l’industrie cinématographique en Région de Bruxelles Capitale, septembre 2010. Citation : The Impact Of Culture On Creativity, A study Prepared for the European Commission, 2009, KEA European Affairs 17
Vous pouvez aussi lire