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ACCESSIBILITE TELEPHONIQUE: POUR UN CHOC DE SIMPLIFICATION Rapport de la mission de prefiguration d'une solution universelle Jeremie Boroy, President du Conseil national consultatif des personnes handicapees Anthony Colombani, Directeur RSE, affaires publiques et communication Bouygues Telecom Avec l'appui de la Direction interministerielle de la transformation publique NOVEMBRE 2021
SO M M A I R E INTRODUCTION 4 01 CONTEXTE ET OBJECTIFS DE LA MISSION Cadre actuel de l’accessibilité 6 7 Un constat d’insuffisance, de déséquilibre et de complexité ayant conduit au lancement de cette mission 11 Exigences à atteindre, cadre de contraintes à respecter et position des différentes parties prenantes 16 02 RECOMMANDATION DE LA MISSION : EVOLUER VERS UN MARCHE DE L’ACCESSIBILITE ORIENTE VERS L’UTILISATEUR 21 La mission recommande la mise en place d’un marché concurrentiel de solutions d’accessibilité choisies par l’utilisateur 22 Des mesures de transition sont nécessaires pour renforcer l’accessibilité téléphonique et préfigurer la solution cible 29 03 CHANTIERS TRANSVERSES Une des premières conditions est la mise en oeuvre du plan des métiers prévu à 33 l’article 105 de la loi pour une République numérique 34 Assurer l’existence de solutions adaptées pour tous les modes de communication et typologies de handicap 36 Mener une campagne de communication réellement adaptée aux enjeux 38 Encourager l’investissement dans l’innovation et la recherche 39 04 CONCLUSION : SYNTHESE DES PROPOSITIONS ET FEUILLE DE ROUTE PROPOSEE 40 Synthèse des propositions 41 Sécuriser la mise en oeuvre de ces propositions en les inscrivant dans une feuille de route partagée et en désignant rapidement une administration responsable 43 05 ANNEXES Personnes rencontrées et contributions reçues dans le cadre de la mission 44 45 Présentation des options étudiées 48 Présentation du cadre juridique actuel de l’accessibilité téléphonique 55
INTRODUCTION La loi n° 2016-1321 du 7 octobre • l’accessibilité des services 2016 pour une République numé- publics et des grandes entre- rique a constitué une avancée im- prises demeure partielle et il portante pour les droits des per- n’existe aucun suivi du respect sonnes sourdes, malentendantes, de leurs obligations. sourdaveugles et aphasiques, en organisant les conditions de leur • le dispositif est vécu comme accès à la téléphonie par le biais trop complexe pour les utili- d’obligations incombant à trois ca- sateurs car peu lisible, les par- tégories d’acteurs : les opérateurs cours d’appel variant en fonc- de communication électronique, tion du type d’interlocuteur à les services publics et les grandes joindre, du même que les solu- entreprises. Par le jeu d’une en- tions à utiliser. trée en vigueur progressive de la loi, les personnes sourdes, malen- • l’accessibilité téléphonique tendantes, sourdaveugles et apha- est encore limitée pour les siques disposent, sans surcoût : personnes sourdaveugles et inexistante pour les personnes • d’un service de communica- aphasiques. tions accessibles via leur opé- rateur de téléphonie, d’une • le « plan des métiers visant durée de trois heures par mois à développer les formations depuis le 1er octobre 2021 conduisant aux professions (contre une heure d’octobre spécialisées nécessaires à la 2018 à octobre 2021 et cinq mise en oeuvre » de la loi n’a heures à compter d’octobre pas encore pu été engagé, 2026) et dont les horaires les acteurs s’entendant pour sont progressivement étendus confirmer que la disponibilité jusqu’à fonctionner sans inter- de professionnels compétents ruption en 2026. et suffisamment nombreux est une des principales condi- • d’une accessibilité aux ac- tions de réalisation d’une ac- cueils téléphoniques des ser- cessibilité téléphonique déve- vices publics et des entre- loppée. prises dont le chiffre d’affaires est supérieur à 250 millions C’est ce constat d’insuffisance et d’euros, avec une amplitude de complexité qui a conduit les horaire rejoignant en 2026 ministres Amélie de Montchalin, celle des autres utilisateurs. Sophie Cluzel et Cédric O à ins- taller une mission pour expertiser Cependant, trois ans après l’en- la mise en place d’un dispositif trée en vigueur des premières universel d’accessibilité télépho- dispositions de la loi pour une Ré- nique, permettant à chaque per- publique numérique en matière sonne sourde, malentendante, d’accessibilité téléphonique, le sourdaveugle et aphasique de pas- bilan de son application reste dé- ser et de recevoir tous ses appels cevant : avec un même outil, selon des modalités équivalentes à celles • les utilisateurs ne connaissent d’une personne entendante. souvent pas l’existence de L’universalité du point d’entrée, solutions d’accessibilité et ce c’est-à-dire la capacité, avec une alors même que l’usage poten- solution d’accessibilité, d’appeler tiel de ces solutions ne cesse n’importe quel interlocuteur, ap- de croître du fait du vieillisse- paraît comme le gage de la simpli- ment de la population et de cité d’utilisation souhaitée par les l’augmentation conséquente utilisateurs et donc comme une du nombre de personnes condition d’une meilleure diffu- souffrant de troubles auditifs. sion de ces solutions. 4 Accessibilité téléphonique : pour un choc de simplification | Rapport de la mission de préfiguration d'une solution universelle
Il est important de souligner dès Pour les personnes non sourdes l’introduction de ce rapport que ou sans handicap de la commu- ce dispositif universel n’implique nication, internet, les messageries nullement l’émergence d’une so- instantanées et les chats n’ont lution monopolistique unique et pas fait disparaître le besoin de porte au contraire dans ses objec- téléphone : dans beaucoup de tifs, tels qu’inscrits dans la lettre situations, appeler son interlo- de mission, celui de favoriser une cuteur reste la manière la plus dynamique de concurrence entre adaptée de procéder, quand elle les fournisseurs de solutions d’ac- n’est pas la seule voie de contact cessibilité. à distance. Il en va de même pour les personnes pour lesquelles té- Les enjeux de l’accessibilité té- léphoner est conditionné à l’exis- léphonique ne doivent pas être tence d’une solution d’accessibi- minimisés. L’accessibilité télépho- lité. nique est essentielle pour les per- sonnes sourdes, malentendantes, En outre, l’accessibilité bénéficie sourdaveugles et aphasiques qui à l’ensemble des utilisateurs du disposent, par ce biais, de la possi- téléphone, en étendant le champ bilité d’entrer en communication des personnes avec lesquelles instantanée et à distance avec les elles peuvent communiquer. Il est personnes de leur choix. donc justifié que le financement de ces solutions soit assis sur une En dépit de l’émergence des nou- base large, et ce d’autant plus que velles technologies, le téléphone le vieillissement de la population reste un vecteur important d’in- va démultiplier le nombre de leurs tégration sociale et de simplifica- bénéficiaires potentiels. tion des démarches. 5
CADRE ACTUEL DE L’ACCESSIBILITÉ FONCTIONNEMENT L’accessibilité des communica- ou en langue française par- tions téléphoniques suppose, lée complétée et par le biais DE L’ACCESSIBILITÉ aux termes de la loi n° 2016-1321 d’une interface son et texte TÉLÉPHONIQUE du 7 octobre 2016 pour une Ré- dans le cas d’une transcription publique numérique, la mise en écrite ; oeuvre d’un « service de traduc- tion simultanée écrite et visuelle » • connecté par téléphone avec assurant « en mode simultané et l’interlocuteur entendant. à la demande de l'utilisateur, l'in- terprétariat entre le français et Pour les personnes sourdaveugles, la langue des signes française, la le principe de fonctionnement transcription écrite et le codage reste le même, avec quelques en langage parlé complété ». Les adaptations techniques (inter- personnes concernées sont les faces adaptées à la basse vision et utilisateurs finals sourds, malen- compatibilité avec les différents tendants, sourdaveugles et apha- types de plage braille) et une for- siques, qui doivent pouvoir appe- mation des interprètes et opéra- ler et être appelées. teurs aux différentes spécificités S’agissant des personnes sourdes de la surdicécité et, en particulier, et malentendantes, le fonction- le rétrécissement ou l’altération nement de ces solutions fait donc du champ visuel, qui nécessite intervenir un intermédiaire dans une adaptation de la part, notam- la discussion entre l’interlocuteur ment, de l’interprète en langue sourd ou malentendant et l’inter- des signes. locuteur entendant. Cet intermé- diaire, interprète en langue des Pour les personnes aphasiques, signes, codeur en langue française l’intermédiaire nécessaire est un parlée complétée ou opérateur médiateur formé à la communica- texte (vélotypiste ou sténoty- tion adaptée à l’aphasie et la so- piste), est : lution doit proposer une interface multimodale conjuguant du texte, • connecté avec l’interlocuteur de la voix, de la visio et des images sourd ou entendant par le ou des pictogrammes qui peuvent biais d’une interface visio dans être utilisés, à des degrés divers, le cas d’une communication par les personnes concernées en en langue des signes française fonction de leur handicap. Illustration du fonctionnement des solutions d'accessibilité téléphonique 7
Plusieurs solutions d’accessibilité d’autres fournisseurs se sont existent sur le marché français et spécialisés dans la relation se distinguent selon : client adaptée, c’est-à-dire le fait de former à la relation client des opérateurs sourds • l’orientation business to bu- s’exprimant en langue des siness ou business to consu- signes. mer de leur modèle d’affaires et d’accès à leur solution ; • les modes de communica- tion proposés : toutes pro- • le type de service proposé : posent les modes LSF, LfPC une partie des fournisseurs et texte, mais toutes n’ont propose de la « visio-interpré- pas déployé de solution tation », du « visio-codage » adaptées aux personnes ou de la transcription simulta- sourdaveugles et aucune n’a née, qu’ils adaptent à la fonc- déployé de solution pour les tion téléphonique, tandis que personnes aphasiques. UTILISATEURS Il n’existe pas de décompte exact Fédération nationale des apha- ni récent des personnes suscep- siques de France (FNAF) à 300 000. POTENTIELS tibles d’utiliser une solution d’ac- DES SOLUTIONS cessibilité téléphonique. Cela Ce chiffre de 800 000 personnes s’explique par la diversité des nécessitant une solution d’acces- D’ACCESSIBILITÉ handicaps concernés et leur évo- sibilité pour téléphoner doit être lutivité, mais aussi par l’absence retraité pour parvenir au nombre de connaissance de ces solu- d’utilisateurs cible : tions au sein de la population, qui rend difficile le fait de réaliser • En effet, parmi ces 800 000 des enquêtes pour déterminer le utilisateurs potentiels dé- nombre d’utilisateurs potentiels. comptés en 2010, tous ne sont Les chiffres qui sont présentés pas susceptibles de recourir ci-dessous sont fournis à titre d’in- à des solutions d’accessibilité dications et ne constituent donc téléphonique. C’est notam- pas des données statistiques. ment le cas des jeunes en- fants ou des personnes qui ne maîtrisent pas suffisamment L’étude la plus aboutie sur le sujet un mode de communication a été réalisée en 2010 par le cabi- (langue des signes, langue fran- net Advention1, sur commande çaise parlée complétée, texte) de l’Arcep (Autorité de régulation pour pouvoir communiquer des communications électro- dans le cadre d’une conver- niques et des postes), de l’Agefiph sation téléphonique avec un (Association de gestion du fonds centre relais. pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées) et du FIPHFP (Fonds pour l’insertion • A l’inverse, la déformation des personnes handicapées dans de la structure par âge de la les fonctions publiques). Cette population du fait du vieil- étude estimait à environ 500 000 lissement implique une aug- le nombre de personnes sourdes mentation forte à horizon ou malentendantes nécessitant 2030 du nombre d’utilisateurs une solution d’accessibilité pour potentiels par rapport au téléphoner, essentiellement des nombre estimé en 2010. sourds dits sévères à profonds, mais également une petite partie Ces retraitements aboutissent des sourds moyens. S’ajoutent aux à un chiffre estimé2, à hori- personnes sourdes ou malenten- zon 2030, à environ 965 000 dantes les personnes aphasiques, personnes concernées par une dont le nombre est estimé par la solution d’accessibilité télépho- nique à horizon 2030. 1 Advention BP pour Arcep, Agefiph, FIPHFP (2010). Évaluation des besoins des personnes sourdes ou malentendantes en matière d’accessibilité des services téléphoniques. 2 DITP – BCG (2021). 8 Accessibilité téléphonique : pour un choc de simplification | Rapport de la mission de préfiguration d'une solution universelle
Projection à horizon 2030 du nombre de personnes concernées par les solutions d'accessibilité téléphonique S’il est possible de fournir une es- le nombre de personnes concer- timation du nombre de personnes nées. concernées par l’accessibilité télé- phonique, le nombre d’utilisateurs Le taux d’adoption de ces solu- effectifs de ces solutions n’est en tions est très fortement lié à la revanche pas connu et ne pourra simplicité du dispositif d’accessi- l’être qu’au terme d’une période bilité et à la connaissance qu’en d’adoption d’au moins 10 ans. ont les utilisateurs potentiels. Étant donné la surreprésentation La complexité et le faible niveau des personnes de plus de 75 ans d’information qui caractérisent parmi les personnes concernées, le dispositif actuel sont ainsi de en particulier malentendantes et nature à limiter la montée en utili- aphasiques, le nombre d’utilisa- sation et à retarder l’atteinte d’un teurs réels serait vraisemblable- volume d’utilisateurs pouvant être ment d’ordre bien plus limité que considéré comme cible. La loi du 11 février 2005 pour l'éga- Par ailleurs, la nécessité d’assurer DISPOSITIF LÉGAL lité des droits et des chances, la l’accessibilité de l’accueil du pu- ACTUEL participation et la citoyenneté des blic aux guichets des services pu- personnes handicapées a posé blics comme le développement le cadre de l’accessibilité des re- des politiques d’aménagement lations des personnes sourdes ou des postes de travail des salariés malentendantes avec les services et des agents handicapés, ont publics (renvoyant à un décret permis le développement par des toujours en attente). Elle a égale- acteurs économiques de solu- ment prévu l’accessibilité des ap- tions d’interprétation LSF, de co- pels d’urgence (qui fera l’objet du dage LfPC et de transcription si- centre national relais 114 lancé en multanée pouvant être assurées à 2009) ainsi que l’accessibilité des distance en visio (pour participer services de communication pu- à une réunion dans le cadre pro- blique en ligne (sans que le volet fessionnel ou pour échanger avec téléphonique de cette obligation un agent d’accueil au guichet). ne soit finalement précisé dans la Ces mêmes solutions ont pu être réglementation). développées et mobilisées pour rendre accessibles les appels télé- 9
phoniques passés et reçus en mi- nomiques, les opérateurs de télé- lieu professionnel. phonie et la puissance publique. Une mission parlementaire fut En parallèle, les associations de également engagée en 2014 par le personnes sourdes, malenten- Premier ministre. dantes, sourdaveugles et apha- siques se sont engées dans une C’est dans le prolongement mobilisation visant à créer en de ces chantiers qu’a été éla- France un dispositif d’accessibili- boré l’article 105 de la loi pour té téléphonique intégral, en s’ins- une République numérique du pirant d’exemples étrangers, en 7 octobre 2016. Considérant la né- particulier celui des États-Unis. À cessité de répartir le financement l’occasion de la première confé- de l’accessibilité téléphonique rence nationale du handicap du entre ses différents bénéficiaires 10 juin 2008, le président de la et soucieux de ne pas entraver la République annonçait le lance- dynamique concurrentielle et l’in- ment à venir d’un « centre relais novation, le législateur a retenu téléphonique ». Le plan « han- un dispositif reposant sur des obli- dicap auditif » présenté par le gations éclatées entre trois types gouvernement le 10 février 2010 d’acteurs : les services publics, les programmait des étapes d’expé- grandes entreprises et les opé- rimentations. Plusieurs chantiers rateurs de télécommunications, ont mobilisé les associations, les dont la mise en oeuvre a créé un fournisseurs et les acteurs éco- paysage complexe. Ces obligations sont résumées ci-dessous : En complément de ces trois sé- l’accessibilité physique, pour la- ries d’obligations, la loi prévoit quelle il convient de rendre ac- également la mise en place d’un cessible chaque bâtiment, alors groupement interprofession- que l’immatérialité des solutions nel, comportant notamment les d’accessibilité permet d’organiser opérateurs de communications l’accessibilité au niveau de l’utili- électroniques, afin d'assurer l'or- sateur et ainsi de le rendre auto- ganisation, le fonctionnement et nome, quel que soit le service au- la gestion de services d'accessi- quel il souhaite accéder. bilité téléphonique grâce à une mutualisation des coûts. Cette La rédaction de la loi n’a par ail- disposition visait à compenser leurs pas anticipé les appels sor- l’éclatement des responsabilités tants, en limitant l’obligation des en permettant aux acteurs de grandes entreprises et services se regrouper pour en mutualiser publics aux appels des utilisateurs l’application. Faute de décret ve- vers leurs accueils téléphoniques. nant en préciser la portée et les Or les appels sortants sont au- modalités de mise en oeuvre, ce jourd’hui une modalité de plus groupement n’a pas vu le jour. en plus utilisée, que ce soit par les services clients ou par les ser- Le dispositif s’est ainsi construit vices publics, dans une logique de selon le même paradigme que proactivité. 10 Accessibilité téléphonique : pour un choc de simplification | Rapport de la mission de préfiguration d'une solution universelle
#2 UN CONSTAT D’INSUFFISANCE, DE DÉSÉQUILIBRE ET DE COMPLEXITÉ AYANT CONDUIT AU LANCEMENT DE CETTE MISSION UN CONSTAT PARTAGÉ Différents événements survenus LSF par les centres relais des au premier semestre 2021 ont opérateurs structurellement D’INSATISFACTION conduit à souligner les lacunes du inférieurs aux seuils définis par À L’ÉGARD DU dispositif actuel d’accessibilité té- l’Arcep (70 % d’appels décro- léphonique. chés en moins de 3 minutes); DISPOSITIF ACTUEL D’ACCESSIBILITÉ Il s’agit en premier lieu de l’éva- • une communication quasi luation semestrielle sur la mise en inexistante sur les dispositifs oeuvre de l’obligation d’accessibi- existants ; lité téléphonique remise en avril 2021. Cette évaluation a mis en • l’absence partielle de solu- lumière différentes défaillances tions pour les personnes sour- dans la mise en oeuvre des obli- daveugles ; gations prévues à l’article 105 de la loi pour une République numé- • l’absence totale de solutions rique : pour les personnes apha- siques ; • une application partielle de leurs obligations par les entre- En deuxième lieu, l’étude me- prises et les services publics et née par la DITP au deuxième tri- une absence de contrôle et de mestre 2021 sur l’accessibilité té- sanctions de ces obligations ; léphonique des services publics a également dressé un constat d’in- • pour les utilisateurs, une dif- suffisance : ficulté à savoir si les services client ou les services publics • ur le plan quantitatif, les vo- sont accessibles et un manque lumes actuels d’appels en de visibilité de l’accessibilité accessibilité vers les services quand elle existe ; publics sont évalués comme représentant moins de 10% du • un nombre important de com- besoin cible des populations munications vers les services concernées ; publics et grandes entreprises transitant par les centres relais • une grande partie des services des opérateurs, ne permet- publics ne sont toujours pas tant pas de respecter la répar- accessibles, y compris certains tition des charges prévue par grands services incontour- la loi ; nables (ex : CNAV, certaines MDPH, hôpitaux) ; • un nombre d’utilisateurs des centres relais téléphonique • aucune solution n’existe pour des opérateurs encore faible les personnes sourdaveugles au regard du nombre d’utilisa- et aphasiques ; teurs potentiels ; • les solutions d’accessibilité • un nombre d’appels en LPC des services publics, quand limité ; elles existent, ne permettent pas de réaliser des appels sor- • des indicateurs de délai de tants, des services vers l’usa- prise en charge des appels en ger, alors même que cette 11
pratique se développe par- coms (FFTélécoms) de juin 2021, mi les services publics.• au- faisant part de la décision de ne cune information centralisée plus assurer les appels vers les n’existe sur l'accessibilité des services publics et services clients différents services publics et des grandes entreprises. l’information présente sur les sites webs est souvent difficile La FFTélécoms justifiait cette dé- à trouver et non harmonisée cision par le constat d’une charge d’un site à l’autre ; excessive incombant aux opéra- teurs de télécommunications du • la diversité de fournisseurs de fait notamment du non-respect solution impose aux usagers de leur obligation d’accessibilité une complexité supplémen- par une partie des services publics taire, chaque usager devant et grandes entreprises qui repré- naviguer entre les différentes senterait jusqu’à 66 % des appels solutions en fonction du ser- transitant par leur plateforme. vice public contacté ; Face aux très vives réactions des associations ainsi qu’à l’annonce Au-delà du seul périmètre du par le Gouvernement du lance- service public, l’étude souligne ment d’une mission de préfigura- le caractère trop complexe du tion d’une solution universelle, la dispositif actuel d’accessibilité FFTélécoms est revenue sur cette téléphonique, qui conduit l’utili- décision. Toutefois, cet incident a sateur à utiliser différents points mis en lumière la fragilité du dis- d’entrée en fonction de la per- positif et l’insuffisante représen- sonne à joindre. tation des personnes sourdes au sein de la gouvernance du dispo- Enfin, les communications de sitif. la Fédération française des télé- UNE COMPLEXITÉ L’application de la loi pour une tuel se traduit par l’obligation de République numérique a conduit rendre accessibles les lignes dé- INJUSTIFIÉE DU à un dispositif éclaté et peu li- diées à la relation client ou usager. DISPOSITIF SE sible pour l’utilisateur, impliquant Cela signifie pour chaque service de mettre en accessibilité des di- public ou entreprise de plus de REPORTANT SUR zaines de milliers de lignes télé- 250 millions d’euros de chiffre L’UTILISATEUR phoniques (celles des grandes en- d’affaires de souscrire un contrat treprises et des services publics), auprès d’un fournisseur d’accessi- alors que dans le même temps bilité et de référencer les lignes té- les opérateurs de télécommuni- léphoniques à rendre accessibles, cations étaient tenus de mettre ces lignes pouvant être très nom- en place un service permettant breuses et changeantes dans les techniquement aux utilisateurs services de taille importante dont de passer n’importe quel appel. l’accueil téléphonique n’est pas Ce ne sont donc pas des considé- centralisé. rations techniques mais de finan- cement, de répartition du coût de Pour les utilisateurs, cela se traduit l’accessibilité entre les différents par le recours à différents points secteurs, qui ont conduit à retenir d’entrée en fonction de la per- le dispositif actuel. L’enjeu d’équi- sonne à joindre, comme présenté librer la charge entre ces trois sec- sur le schéma ci-dessous. Le fait teurs l’a emporté sur celui de la que les services publics et grandes simplicité d’usage. entreprises, quoique soumis à une obligation légale, ne soient pas Pour les grandes entreprises et les tous accessibles, complexifie for- services publics, le système ac- tement ce parcours. 12 Accessibilité téléphonique : pour un choc de simplification | Rapport de la mission de préfiguration d'une solution universelle
Les premières années de mise en que les appels des usagers oeuvre des dispositions de l’article vers ces structures. 105 de la loi pour une République numérique font apparaître plu- • Le manque de précisions sieurs incertitudes qui renforcent sur les modalités de mise en cette complexité : oeuvre du groupement inter- professionnel n’a pas favorisé • L'obligation d’accessibilité des la création de cette entité qui grandes entreprises est limi- aurait pu permettre de pal- tée au « numéro de téléphone lier l’éclatement, sur les plans destiné à recueillir l'appel d'un opérationnels et du finance- consommateur en vue d'ob- ment, résultant des trois sé- tenir la bonne exécution d'un ries d’obligations prévues par contrat conclu avec un profes- la loi. sionnel ou le traitement d'une réclamation ». Cette défini- D’autre part, le périmètre des ap- tion restrictive ne permet pas, pels pouvant être pris en charge si on l’applique strictement, par le dispositif d’accessibilité d’inclure l’ensemble des lignes fourni par les opérateurs de télé- téléphoniques destinées à as- phonie fait l’objet d’interpréta- surer la relation client, entraî- tions diverses. Certains acteurs nant là aussi une incertitude ont pu plaider pour une interpré- sur la portée de l’obligation. tation restreignant ce périmètre Elle écarte par ailleurs toute aux appels non couverts par les possibilité d’échange télépho- obligations relevant des services nique avec ces entreprises publics et des entreprises dont hors parcours client. le chiffre d’affaires est égal ou supérieur à 250 millions d’euros. • Si la loi est explicite sur le fait Les représentants des utilisateurs que le service mis à disposi- considèrent que le service permet tion par les opérateurs inclut au contraire à l’utilisateur d’appe- les appels entrants comme ler qui il souhaite, y compris des sortants, en revanche elle ne services publics et grandes entre- mentionne concernant les prises et que toute autre interpré- obligations des grandes entre- tation relèverait d’une discrimina- prises et des services publics tion. 13
Dans son analyse juridique, la di- la charge entre les trois secteurs rection des affaires juridiques du était souhaitée par le législateur, ministère de l’Économie et des rien n’interdit dans les textes un Finances confirme la difficulté usage large du service d’accessi- d’interprétation de cette dispo- bilité fourni par les opérateurs de sition : bien que la répartition de téléphonie. Utilisateur entendant Utilisateur sourd ou malentendant 14 Accessibilité téléphonique : pour un choc de simplification | Rapport de la mission de préfiguration d'une solution universelle
LE LANCEMENT Sur la base de ces constats, le • la possibilité de mobiliser da- Gouvernement a donc souhaité vantage de ressources en in- D’UNE MISSION mettre en place une mission pour terprétariat, codage et trans- POUR PRÉFIGURER préfigurer les contours et les mo- cription ; dalités de mise en oeuvre d’une UNE SOLUTION solution universelle d’accessibili- • enfin, le développement UNIVERSELLE té téléphonique. L’objectif direc- d’une solution durable aux D’ACCESSIBILITÉ tement poursuivi est celui d’une difficultés spécifiques des simplification au profit des utilisa- personnes sourdaveugles et teurs, en leur permettant de pas- aphasiques ; ser tous leurs appels via un seul point d’entrée. La lettre de mission précise deux conditions de la mise en place de De cette simplification sont égale- cette solution universelle : ment attendus un certain nombre d’effets bénéfiques : • l’établissement d’un modèle de marché préservant la dy- • l’amélioration du recours à namique concurrentielle exis- l’accessibilité téléphonique et tante ; de l’autonomie des usagers ; • la définition d’un modèle de • la mutualisation et la mini- financement, acceptable par misation des coûts de long tous, permettant une réparti- terme ; tion des coûts entre les diffé- rents acteurs devant y contri- buer. 15
#3 EXIGENCES À ATTEINDRE, CADRE DE CONTRAINTES À RESPECTER ET POSITION DES DIFFÉRENTES PARTIES PRENANTES EXIGENCES L’objectif fixé par la mission est de sonnes aphasiques nécessi- permettre à tous les publics visés tant des interfaces simplifiées DÉCOULANT DES par la loi d’avoir une utilisation du à l’extrême. Le déploiement BESOINS DES téléphone aussi proche que pos- d’un point d’entrée unique sible de celle des entendants. Le n’est pas suffisant pour assurer UTILISATEURS point de départ pour l’analyse des de parcours d’appels fluides, il différentes options étudiées se si- faut également s’assurer qu’en tue donc du côté des besoins des cas de redirection d’une so- utilisateurs et de leurs parcours lution vers une autre, celle-ci d’appels. soit réalisée de manière aus- si transparente que possible En partant de cette ambition d’une pour l’utilisateur, et veiller à ce solution aussi proche que pos- que les applications dévelop- sible du téléphone « classique », pées par les fournisseurs rem- les exigences suivantes ont été plissent des normes d’ergono- définies, qui sont autant de pré- mie suffisantes. requis à remplir pour les options étudiées : • Lever toute ambiguïté sur le périmètre des appels pris en • Offrir un point d’entrée charge en étendant la cou- unique à l’utilisateur quelle verture à tout interlocuteur que soit la personne à appeler : actuellement, selon l’inter- : il faut que l’utilisateur sourd, prétation de la loi par certains malentendant, sourdaveugle acteurs, si l’on devait considé- ou aphasique puisse utiliser, rer que le service mis à dispo- s’il le souhaite, une seule so- sition par les opérateurs est lution pour tous ses appels. limité aux conversations dites Cela ne doit pas empêcher la interpersonnelles ou transi- coexistence de différentes so- tant vers les petites entre- lutions offertes par différents prises uniquement, il n’existe fournisseurs ou le maintien pas de solution pour joindre d’une relation client adaptée les entreprises et services pu- dans certains cas. L’utilisateur blics assujettis qui ne sont pas peut alors en choisir une seule accessibles. Il est donc néces- et unique qu’il utilisera pour saire de mettre en place une tous ses appels, mais il peut solution qui permette d’ap- aussi, s’il le préfère, téléchar- peler n’importe quel interlo- ger plusieurs applications et cuteur, sans avoir à se poser la choisir lorsqu’il passe un appel question de son accessibilité. la solution qu’il souhaite utili- ser. • Permettre à l’utilisateur d’être appelé par tout interlocuteur : • Garantir des parcours d’appels actuellement, les utilisateurs simples : il s’agit d’un enjeu peuvent être appelés par le d’autant plus important que biais de la solution fournie par ces solutions comptent par- les opérateurs de télécom- mi leurs utilisateurs cibles des munications. En revanche, personnes âgées ou fragiles et les solutions mises en place pas toujours à l’aise avec les par les services publics et les outils numériques et des per- grandes entreprises ne per- 16 Accessibilité téléphonique : pour un choc de simplification | Rapport de la mission de préfiguration d'une solution universelle
mettent pas d’effectuer des utilisateurs en matière de appels sortants vers les usa- qualité de service et d’utilisa- gers / clients. Techniquement, tion. Il n’y a donc pas d’enjeu ils peuvent être appelés par d’améliorer la qualité offerte ces services ou entreprises mais plutôt de la maintenir. s’ils communiquent le numéro Le point d’attention principal de la solution d’accessibilité en matière de qualité de ser- de leur opérateur, mais alors vice concerne les délais de ces appels seront décomptés réponse, actuellement supé- de leur forfait accessibilité. rieurs aux seuils fixés par la loi s’agissant de la solution des • Être accessible depuis tout opérateurs. Le respect de dé- type de support : ordinateur, lais d’attente satisfaisants sera smartphone, tablette. Il est conditionné à court/moyen essentiel que les utilisateurs terme à la mise en oeuvre d’un puissent utiliser l’outil qui leur plan des métiers garantissant convient le mieux pour ap- la formation du volume suffi- peler. Ainsi, l’utilisation d’un sant d’interprètes en langue ordinateur ou d’une tablette des signes, de codeurs en est plus adaptée voire indis- langue française parlée com- pensable pour les personnes plétée, de transcripteurs texte ayant un handicap visuel, pour et de médiateurs maîtrisant les personnes âgées peu à la communication adaptée à l’aise avec les téléphones por- l’aphasie. tables ou pour les personnes n’ayant pas de smartphone. Enfin, il est à souligner que seuls Si le service fourni par les opé- les opérateurs de téléphonie, rateurs de téléphonie depuis compte tenu de leur régulation 2018 concerne leurs abonnés sectorielle, sont actuellement te- mobiles équipés d’un smart- nus de publier des indicateurs de phone, les dispositions de la qualité de service, obligation qui loi pour une République nu- n’incombe pas aux autres acteurs mérique s’adressent en réalité de l’accessibilité téléphonique. à l’ensemble des abonnés à un contrat de fourniture de ser- Le respect de ces exigences et la vice de communications élec- simplicité d’utilisation qui en dé- troniques au-delà de la seule coule doivent permettre, sous téléphonie mobile. réserve d’une communication massive et adaptée, un dévelop- • Offrir un niveau de qualité pement croissant de ces solutions suffisant : les solutions qui jusqu’à atteindre un taux d’adop- existent actuellement sont tion important sous dix ans. jugées satisfaisantes par les CADRE DE Les solutions sont également ap- de continuer s’ils le souhaitent préciées en fonction de leur ca- à proposer une offre. CONTRAINTES À pacité à s’inscrire dans le cadre de PRENDRE EN COMPTE contraintes suivant : • Préserver le modèle du ser- vice client adapté, fondé sur • Préserver la dynamique l’emploi de conseillers sourds concurrentielle : il s’agit d’un ou malentendants : la solu- enjeu clé pour favoriser la qua- tion retenue doit être techni- lité et l’innovation, pour per- quement compatible avec ce mettre une liberté de choix modèle, ce qui implique que aux utilisateurs et pour per- via le point d’entrée unique, si mettre aux fournisseurs de so- un utilisateur appelle une en- lutions d’accessibilité actuel- treprise ayant privilégié cette lement présents sur le marché orientation, il soit dirigé vers 17
le service adapté, et non vers maines, de prévoir des dispo- le service client standard. Elle sitifs de redirection d’un four- doit également être financiè- nisseur à l’autre en fonction de rement compatible, c’est-à- la disponibilité des interprètes dire que le recours à un mo- ou autres professionnels à un dèle de service client adapté instant donné. doit être financièrement in- téressant ou tout au moins • Prévoir la « scalabilité » du dis- neutre pour les entreprises. positif, c’est-à-dire sa capacité à s’adapter à une augmenta- • Optimiser la ressource dispo- tion des volumes d’appels et nible : l’une des principales des coûts : une projection fine contraintes de l’accessibilité du nombre d’utilisateurs et vo- téléphonique réside dans la lumes d’appels par mode de disponibilité en nombre suf- communication ainsi que du fisant de personnels formés coût de l’accessibilité à 10 ans dans les différents métiers de est complexe voire impossible l’accessibilité (interprètes en car dépendant d’un grand langue des signes françaises, nombre de paramètres sou- codeurs en langue française mis à beaucoup d’incertitude. parlée complétée, opérateurs Cependant, il est certain que texte et médiateurs média- si un dispositif simple voit le teur maîtrisant la communi- jour et est accompagné d’une cation adaptée à l’aphasie). communication massive et Or d’une part plusieurs ac- adaptée, alors les volumes teurs constatent déjà des dif- d’usages augmenteront de ma- ficultés de recrutement, no- nière ininterrompue pendant tamment pour les interprètes une dizaine d’années jusqu’à LSF, mais de plus le volume atteindre un niveau cible, en- nécessaire de professionnels traînant une augmentation formés va croître très forte- du coût avec cependant des ment à mesure de l’adoption rendements croissants à me- de ces solutions. Il est donc sure de la progression des so- nécessaire, en attendant que lutions de traduction et trans- le plan des métiers à lancer cription automatiques. Le produise ses effets, de recher- modèle retenu, aussi bien au cher l’optimisation de l’emploi niveau opérationnel que sur le de la ressource disponible. plan du financement et de sa Cela nécessite, au niveau des gouvernance, doit donc être solutions étudiées et sans adaptable à ce changement préjuger d’autres mesures sur d’échelle. le volet des ressources hu- POSITION DES Toutes les parties prenantes ont Associations de exprimé des réserves, plus ou personnes sourdes, DIFFÉRENTS PARTIES moins fortes, quant au disposi- malentendantes, PRENANTES tif actuel d’accessibilité. La plu- sourdaveugles et part ont accueilli favorablement aphasiques le lancement de la mission. Seuls les fournisseurs de solution ont Les associations ont réservé un ac- manifesté leur crainte à l’égard cueil très favorable au lancement des conséquences que pourraient de la mission. Elles déplorent glo- avoir une solution universelle balement le manque de visibilité d’accessibilité pour leurs modèles des solutions actuelles, l’absence économiques. de communication de la part 18 Accessibilité téléphonique : pour un choc de simplification | Rapport de la mission de préfiguration d'une solution universelle
des opérateurs, le non-respect let métiers prévu par la loi, et du de leurs obligations par certaines non-assujettissement à l’obliga- entreprises et services publics, tion d’accessibilité des entreprises l’absence de solution adaptée de moins de 250 millions d’euros pour les personnes aphasiques et de chiffre d’affaires. la prise en compte trop partielle des besoins des personnes sour- Il est à noter que le collectif re- daveugles, la complexité du dis- jette le diagnostic de complexité positif et sa faible lisibilité pour les du parcours d’appel actuel des utilisateurs. personnes sourdes ou malenten- dantes, ce qui constitue un écart Les échanges tenus dans le cadre d’appréciation très important de la mission ont permis aux asso- avec la mission et l’ensemble des ciations de faire part des besoins autres parties prenantes. essentiels pour les utilisateurs, qui ont été intégrés sous la forme Le cinquième fournisseur, Roger- d’exigences à atteindre. Voice, qui est le prestataire com- mun aux opérateurs réunis au Fournisseurs de sein de la Fédération française solution d’accessibilité des télécoms, a une position dif- téléphonique férente. Il déplore la pénurie d’in- terprètes en langue des signes Les fournisseurs ont une position française et l’absence d’un plan très défensive, compréhensible au métier, l’absence d’information regard de la crainte que l’évolu- des personnes cibles sur les so- tion vers une solution universelle lutions existantes, le report de la ne menace les modèles écono- charge des appels des services pu- miques, niveaux de rentabilité et blics et grandes entreprises vers la contrats existants. solution des opérateurs et se po- sitionne en faveur d’une concur- Pour les deux sociétés spécialistes rence entre différents fournis- de la relation client adaptée (em- seurs proposant des solutions de ploi de conseillers sourds ou for- type point d’entrée unique. més à la langue des signes), s’y ajoute une inquiétude quant à Opérateurs de la pérennité de leur modèle et à télécommunication ses conséquences sur l’insertion professionnelle des personnes La Fédération française des Télé- sourdes concernées. coms a une position très proche de celle de Roger Voice. Les deux Ces craintes ont conduit quatre principaux points d’insatisfaction des cinq acteurs du marché à l’égard de la situation actuelle (Acceo, Deafi, Elioz et Sourdline) concernent : à se regrouper au sein du collectif dit « AccesSourd ». • l’absence de mise en place du plan des métiers prévu par la loi Ce collectif a également fait part alors même que les difficultés de dans ses différentes prises de po- recrutement sont déjà limitantes sition d’une insatisfaction quant à pour le fonctionnement du dispo- l’état actuel de l’accessibilité, no- sitif ; tamment du fait du non-respect de leurs obligations par une partie • le non-respect de la loi par cer- des acteurs assujettis et de l’ab- tains services publics et grandes sence de sanctions liées, de l’ab- entreprises et l’absence de sanc- sence de prise en charge du vo- tions conséquentes ; 19
• le report des appels des grandes rateurs membres de la Fédération entreprises et services publics française des télécoms ; vers le centre relais des opéra- teurs, soit du fait de l’absence • le caractère asymétrique de la de solution d’accessibilité, soit régulation, dans la mesure où les parce que l’utilisation d’une seule opérateurs sont les seuls acteurs à solution est considérée comme devoir se soumettre à des obliga- plus simple par l’utilisateur, avec tions de qualité de service. comme conséquence une satura- tion du service fourni par les opé- 20 Accessibilité téléphonique : pour un choc de simplification | Rapport de la mission de préfiguration d'une solution universelle
RECOMMANDATION DE LA MISSION : ÉVOLUER VERS UN MARCHÉ DE L’ACCESSIBILITÉ ORIENTÉ VERS L’UTILISATEUR 02
#1 LA MISSION RECOMMANDE LA MISE EN PLACE D’UN MARCHÉ CONCURRENTIEL DE SOLUTIONS D’ACCESSIBILITÉ CHOISIES PAR L’UTILISATEUR Plusieurs options ont été étudiées convient le mieux pour passer et et soumises aux parties prenantes recevoir tous leurs appels. pour discussion (cf. Annexe 2). Il s’agit d’un changement de para- Au terme des échanges et de digme dans la mesure où ce mo- l’analyse menée, la recommanda- dèle met un terme aux obligations tion de la mission est de s’orienter d’accessibilité incombant aux en- vers le modèle le plus simple, à la treprises (même si le modèle de la fois pour les utilisateurs et dans relation client adaptée, en parti- son fonctionnement. culier, devrait être préservé), aux services publics et aux opérateurs Ce modèle consiste à mettre en téléphoniques. La transition vers place un marché de l’accessibi- ce modèle doit être préparée et lité téléphonique, sur lequel les s’accompagner de mesures tem- utilisateurs pourront choisir entre poraires pour améliorer l’accessi- différentes solutions celle qui leur bilité téléphonique à court terme. PRÉSENTATION Cette solution consiste à modifier internet, disponibles gratuite- le cadre actuel de l’accessibilité ment pour l’utilisateur. L’utili- DU MODÈLE téléphonique pour évoluer vers sateur pourrait choisir la solu- CONCURRENTIEL un dispositif d’accessibilité tour- tion qui lui convient le mieux né vers les utilisateurs : ce sont les pour passer ses appels et / D’ACCESSIBILITÉ utilisateurs qui sont équipés d’une ou utiliser selon les cas diffé- solution d’accessibilité leur per- rentes solutions4. mettant d’appeler n’importe quel interlocuteur, et non plus ces in- • Les grandes entreprises et les terlocuteurs (grandes entreprises services publics n’auraient et services publics) qui doivent plus d’obligation de rendre rendre chacune de leurs lignes té- leurs lignes téléphoniques léphoniques accessibles. accessibles. Ils pourront être appelés par une personne La mise en oeuvre de cette solu- sourde ou appeler une per- tion se traduirait de la manière sonne sourde grâce à la solu- suivante pour les différentes par- tion choisie par l’utilisateur. ties prenantes : • Les opérateurs téléphoniques • Les utilisateurs auraient le n’auront plus à gérer un ser- choix entre différentes solu- vice d’accessibilité pour leurs tions leur permettant d’ap- clients : ce service deviendra peler n’importe quel inter- obsolète du fait de l’existence locuteur et d’être appelé de du marché de solutions d’ac- n’importe quel interlocuteur. cessibilité gratuites pour l’uti- Ces solutions se présente- lisateur. raient sous la forme d’appli- cations mobiles et/ou de sites • Les fournisseurs de solution d’accessibilité téléphonique 4 Dans ce deuxième cas, il devra indiquer en cas d’appel entrant la solution choisie pour recevoir l’appel. 22 Accessibilité téléphonique : pour un choc de simplification | Rapport de la mission de préfiguration d'une solution universelle
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