SPÉCIAL - Revue de presse CCI
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VENDREDI 29 ET SAMEDI 30 JUIN 2018 // SUPPLÉMENT GRATUIT AU NUMÉRO 22727 | ISSN 0.153.4831 | NE PEUT ÊTRE VENDU SÉPARÉMENT LESECHOS.FR/ SPÉCIAL Transports Comment l’intelligence artificielle réinvente la mobilité // P. 2 | Interview Fawzi Nashashibi : « Il y a encore bien des obstacles pour le véhicule autonome » // P. 3 | Infographie Voiture, train, taxi volant… Les secrets des véhicules autonomes // PP. 4-5 | Automobile A quand la voiture sans conducteur ? // P. 6 | Ferroviaire Le train autonome bientôt sur les rails // P. 7 | Intelligence Aller au-delà de l’auto- artificielle mobile et mobilité : L’ ÉDITORIAL de Benoît Georges vers le tout D ans le rapport sur l’intelligence artificielle remis fin mars au autonome gouvernement par Cédric Villani, la mobilité était l’un des cinq secteurs bénéficiant d’un coup de projecteur spécifique. C’est même celui où les déci- sions sont allées le plus vite : dès la mi-mai, un docu- ment proposait au gouverne- ment d’autoriser des voitures partiellement autonomes sur nos routes dès 2020-2022. Il est vrai qu’il y a urgence. Avec deux groupes industriels figurant dans le Top 12 mondial des constructeurs, la France ne peut se permettre d’être distan- cée dans la course à la voiture autonome, où les géants du numérique sont partis les premiers. Habitués à collecter et traiter les quantités énormes de données nécessaires pour entraîner les algorithmes des capteurs et des systèmes de conduite, Google, Uber, Apple et leurs concurrents chinois se voient déjà en acteurs incon- tournables de la mobilité. Pour autant, on aurait tort de réduire les rapports entre intelligence artificielle et mobilité au seul cas de la voiture autonome. D’abord, parce que la mise au point et l’homologation d’autos capables de se passer vraiment de conducteur en toutes cir- constances prendront du temps, sans doute plus d’une décennie. Ensuite, parce que, dans l’intervalle, l’autonomie gagnera d’autres moyens de transport. Les navettes, par exemple, sont déjà une réalité. Demain, les trains seront autonomes eux aussi – sans parler des futurs taxis volants. Enfin, et surtout, parce que l’IA promet à terme de fluidifier l’ensemble du système de transport, et donc de donner à tout moment aux usagers une vision claire sur le meilleur moyen d’aller d’un point A à un point B. Les services de voitures ou de vélos partagés, les outils de planification des opérateurs de transport, les applications d’aide au déplacement type Waze utilisent déjà largement des algorithmes pour être plus efficaces. Demain, l’intercon- nexion de tous ces outils, indispensable pour que nous arrivions à nous passer de nos voitures personnelles, augmen- tera de façon exponentielle les besoins en intelligence artifi- cielle. C’est un peu moins spectaculaire qu’une Google Shutterstock Car, mais cela peut changer le quotidien des 6 milliards d’êtres humains qui vivront en ville en 2050.
SPÉCIAL INTELLIGENCE ARTIFICIELLE 02 Vendredi 29, samedi 30 juin 2018 TRANSPORTS // L’intelligence artificielle est en passe de jouer un rôle majeur dans l’évolution des transports. Les véhicules autonomes annoncent une révolution de la mobilité. Comment l’intelligence artificielle réinvente la mobilité Frank Niedercorn par jour en Ile-de-France, et ce trans- @FNiedercorn port de masse va subsister, mais les M modes d’exploitation devront évo- étro, taxis, trains, auto- luer pour gagner en efficacité », bus, navettes et même insiste Patrice Aknin, directeur avions-cargos, navire ou scientifique de l’IRT SystemX. La drones de livraison… Au-delà de la multimodalité, qui doit associer dif- voiture, quelque 20 % de nos objets férents prestataires pour un service motorisés vont devenir autonomes sans couture, constitue aussi un à l’horizon 2030, selon une étude du défi en termes de traitement de cabinet Oliver Wyman. Un marché l’information. « Il s’agit d’un système énorme de 640 milliards d’euros en complexe et même d’un système de perspective, dont 70 % pour les systèmes à l’échelle de tout un terri- véhicules terrestres, en particulier toire », résume Paul Labrogère. civils. « On va voir plus de change- L’intelligence artificielle, alliée ment dans les dix ans à venir que aux données massives, devrait, là durant les soixante dernières encore, donner sa pleine mesure. années », analyse le rapport. L’objectif est de comprendre en Dès lors, on ne parle plus de temps réel comment les gens se transports, mais de mobilité du déplacent, puis, en se basant sur des futur. Un trio est à la manœuvre modèles issus du passé, de prédire pour permettre son avènement : les l’évolution du trafic à très court objets connectés, les nouvelles for- terme. L’enjeu est double. D’abord, mes d’énergie mais, surtout, l’intel- aider les opérateurs à mieux gérer ligence artificielle. Cette technolo- les flux. Ensuite, donner la bonne gie, transverse par excellence, est information à l’usager. SystemX au cœur de cette révolution en étant mène plusieurs projets de recher- présente partout. Elle promet che sur ce thème en partenariat l’autonomie aux véhicules, mais avec des acteurs de l’industrie ou aussi une meilleure efficacité éner- des transports publics. L’intérêt est gétique ainsi que leur maintenance de combiner de multiples sources prédictive, qui les rendra moins L’intelligence artificielle promet l’autonomie aux véhicules, mais aussi une meilleure efficacité énergétique ainsi que leur maintenance de données hétérogènes (télépho- sujets aux pannes. Il reste pourtant prédictive, qui les rendra moins sujets aux pannes. Photo Shutterstock nie mobile, objets connectés, bien des verrous technologiques à réseaux sociaux, météo, événe- débloquer avant de donner raison grands volumes de données produi- même ? », détaille Nicolas Hautière, ment d’une aide à la conduite », Avec une congestion automobile ments urbains…) et celles venant aux estimations de marché. Pour sent des résultats qui ne sont pas directeur de projet à l’Institut fran- insiste ce spécialiste. L’une des pis- déjà critique dans bien des villes et des transports (billétique, feux tri- s’imposer, le véhicule autonome explicables. C’est un problème, car, çais des sciences et technologies des tes pour rendre les voitures autono- un temps passé dans les embou- colores, capteurs d’air…). devra par exemple comprendre son en cas de litige ou d’incident, on veut transports, de l’aménagement et mes plus sûres est d’entraîner leurs teillages qui croît de 2,6 % par an Pour partager les données, un environnement. « Un véhicule devra pouvoir reprendre la scène et com- des réseaux (Ifsttar). Si bien que cer- algorithmes dans des environne- dans le monde. sujet généralement sensible, le pro- savoir s’il est dans un environnement prendre ce qui s’est passé », recon- tains chercheurs, à l’image de Denis ments simulés. « Nous travaillons La solution pourrait passer par le jet a retenu une approche originale. urbain ou rural pour anticiper le naît Paul Labrogère. Un autre Gingras, directeur du laboratoire beaucoup sur l’efficacité de cette concept de « mobility as a service » « Plutôt que de recourir à un tiers de type de danger auquel s’attendre, et écueil rarement évoqué reste la vul- en intelligence véhiculaire à l’uni- simulation, qui est liée à la qualité des (MaaS). « Il a pour objectif de garan- confiance, nous utilisons la technolo- éventuellement redonner la main au nérabilité aux cyberattaques, qui versité de Sherbrooke, au Canada, données. L’enjeu des recherches est tir à l’usager d’accéder à la mobilité la gie blockchain, une façon décentrali- conducteur s’il s’estime incapable d’y risque bien d’effrayer les autorités estiment les prévisions trop opti- de constituer les bases de tests les plus plus efficace, à un instant donné, sée de gérer les données », analyse faire face », explique Paul Labro- de certification. mistes : « La technologie peut per- réalistes possible », précise Paul pour aller d’un point A à un point B Charles Kremer, directeur du pro- gère, directeur du programme Un autre débat fondamental n’a mettre de grandes améliorations en Labrogère. avec une offre multimodale pouvant gramme territoires intelligents, au transport autonome au sein de pas été tranché : celui de l’interac- matière de sécurité routière. En associer les transports publics, le sein de l’IRT SystemX. Toutefois la l’institut de recherche technologi- tion du futur véhicule autonome revanche, faire croire, comme on le Du véhicule au système vélo, le VTC ou tout simplement la technologie ne suffira pas pour con- que (IRT) SystemX. avec ses congénères et l’infrastruc- voit dans les publicités américaines, Comment ensuite passer du véhi- marche », résume François-Joseph vaincre les usagers d’abandonner ture routière. « Le véhicule auto- qu’une voiture peut être autonome cule intelligent au système de trans- Van Audenhove, « partner » au leur voiture personnelle et de la Cyberattaques nome ne s’en sortira pas seul. Il aura c’est aujourd’hui dangereux. » Tesla, port intelligent ? L’enjeu est crucial, cabinet Arthur D. Little et coordon- remplacer par un mélange de trans- Sans parler d’un problème de fond besoin de services, notamment pour en particulier, fait l’objet de criti- avec le doublement de la demande nateur de l’étude « The Future of ports de masse et de véhicules à la soulevé par l’intelligence artifi- le guidage. Un seul exemple : en cas de ques de la part des spécialistes. de mobilité d’ici à 2050, et une Mobility 3.0 ». Avec ce concept, la demande, insiste François-Joseph cielle : l’effet boîte noire des algo- météo difficile, avec du brouillard, Notamment pour son marketing population urbaine qui aura pro- mobilité devient multimodale et Van Audenhove : « Il faudra d’abord rithmes entraînés grâce au « deep qui décide qu’il n’est pas prudent de autour du système Autopilot, lais- gressé de 70 %, pour arriver à s’appuie d’abord sur les transports proposer une vision à long terme de learning ». « Ces systèmes fonction- rouler ? Le gestionnaire ? Météo- sant croire qu’il rend la voiture 6,6 milliards d’individus (sur en commun. « On enregistre environ mobilité partagée entre les différents nant à base d’apprentissage avec de France ? La voiture autonome elle- autonome, « alors qu’il s’agit seule- 9,8 milliards d’humains au total). 10 millions de validations de ticket acteurs publics et privés. » n Trois grands défis pour les forces en présence LES CONSTRUCTEURS ET LE LES GÉANTS CALIFORNIENS LE TRANSPORT PUBLIC RISQUE DE PERTE DE VALEUR FACE À LA CONCURRENCE ET LE PREMIER KILOMÈTRE CHINOISE Après un XXe siècle qui a vu la L’équipementier a fait du véhi- Le mois dernier, le patron d’Uber rupture, peine à sortir son nou- Il y a presque deux ans, Deutsche consécration de l’automobile, la cule autonome, mais également annonçait avoir engagé des veau véhicule. L’un des atouts des Bahn a démarré l’expérimenta- kilomètre. En facilitant l’accès à la déferlante annoncée du véhicule du véhicule connecté et de l’élec- pourparlers avec Waymo pour constructeurs automobiles, c’est la tion de navettes autonomes dans gare, on dope aussi le trafic ferro- autonome va-t-elle fragiliser les trification, le cœur de sa stratégie utiliser ses voitures autonomes. prudence du régulateur, qui exi- les centres-villes de Leipzig, puis viaire », analyse Guillaume constructeurs ? « Dans la voiture d’innovation, devenant le pre- Ce dernier, filiale de Google, avait gera du temps et voudra des garan- de Berlin. Les navettes sont celles Thibault. Les expérimentations autonome, la part du logiciel mier déposant de brevets en déjà fait un accord identique avec ties avant d’homologuer des du français EasyMile, dans se multiplient. « Le transport devient tellement prépondérante France. L’entreprise a même Lyft, concurrent d’Uber. Quant à véhicules autonomes », analyse lequel Alstom a investi 14 mil- public élargit sa gamme de servi- que le risque pour les construc- ouvert un centre de recherche, Apple, parti tard sur ce marché, il Rémi Cornubert, associé senior lions d’euros. Ce n’est pas un ces, et vous allez voir les partena- teurs est de devenir des fournis- Valeo.ai. « Nous faisons de la détient désormais la deuxième au cabinet Advancy. D’autant que hasard si les géants du transport riats se multiplier entre opéra- seurs de hardware en marque recherche académique avec la flotte de véhicules autonomes en les géants américains (Gafa) sont public s’intéressent de si près teurs de transports publics et blanche », analyse Rémi Cornu- vocation de publier dans les test en Californie, avec 55 véhicu- concurrencés par leurs équiva- aux véhicules autonomes. Cer- prestataires, notamment pour bert, associé senior du cabinet revues scientifiques, au besoin en les, derrière General Motors lents chinois, les BATX (Baidu, tes, le principal problème est offrir du service à la demande », Advancy chargé de la mobilité abandonnant la propriété indus- (104 voitures). C’est dire la puis- Alibaba, Tencent et Xiaomi). d’améliorer l’efficacité du trans- affirme Sylvain Haon, directeur à du futur. La plupart des cons- trielle. Car, pour attirer les talents, sance des nouveaux acteurs de la Baidu a créé un fonds consacré à port de masse, « incontournable l’Union internationale des trans- tructeurs ont bien senti le dan- il faut être ouvert », assure mobilité. Ces dernières années, la voiture autonome doté d’envi- pour la mobilité du futur », insiste ports publics (UITP), qui repré- ger, notamment les Américains. Guillaume Devauchelle, vice- ils ont multiplié les deals avec les ron 1,3 milliard d’euros. Le géant Guillaume Thibault, associé au sente quelque 1.300 entreprises En 2016, General Motors a président innovation et dévelop- constructeurs automobiles : chinois a surtout pris une initia- sein du cabinet Oliver Wyman. dans le monde. « Nous voulons acheté Cruise Automation pour pement scientifique du groupe Waymo avec Fiat Chrysler, Apple tive originale avec la création de Les transporteurs comptent sur absolument être dans la technolo- 1 milliard de dollars, rejoint Valeo. Prudent sur le sujet, avec Volkswagen, Uber avec l’alliance Apollo, une plate-forme l’intelligence artificielle pour gie pour comprendre comment début juin par le japonais Soft- Toyota a, en revanche, frappé Volvo… La bataille industrielle est ouverte autour des technologies améliorer l’exploitation en elle fonctionne. Dans un bus, le bank, qui a annoncé y investir très fort en investissant 1 milliard pourtant incertaine sur un mar- de la voiture autonome, rejointe anticipant les pannes de matériel chauffeur est garant de la sécurité 2,25 milliards de dollars. L’an de dollars dans Grab, le géant ché du véhicule autonome terres- depuis par Microsoft. « L’objectif et en transportant davantage de mais aussi de la qualité de service. dernier, c’est Ford qui a mis la des VTC en Asie du Sud-Est. Une tre qui pèse 5 milliards d’euros, de Baidu est d’aller vite. D’autant voyageurs sur les infrastructures Comment offrir la même qualité main sur Argo AI. Les construc- façon de répondre à Daimler, qui selon le cabinet Oliver Wyman, qu’il bénéficie d’une grande bien- existantes. Le véhicule auto- de service avec un robot ? », teurs allemands ont, quant à eux, avait acquis Chauffeur Privé, ou mais qui pourrait grimper à veillance du gouvernement chinois nome a un autre intérêt tout insiste Yann Leriche, président acheté pour 3 milliards de dol- surtout à General Motors, qui 460 milliards d’euros en 2030. pour mener des essais et pourra aussi stratégique : améliorer de Transdev pour l’Amérique du lars le fournisseur de cartes avait acquis Lyft, le concurrent « Les nouveaux acteurs ont réalisé s’appuyer sur un marché l’accès à leurs gares. « Pour Nord et chargé du développe- géographiques Here. En France, d’Uber, il y a deux ans. — F. N. que construire en grands volumes énorme », note Guillaume Thi- Deutsche Bahn comme pour les ment véhicule autonome du c’est probablement Valeo qui s’avère compliqué. Tesla, qui se bault, associé au sein du cabinet autres opérateurs, l’objectif est de groupe.— F. N. s’est le plus avancé sur le sujet. positionne comme un acteur en Oliver Wyman. — F. N. fluidifier le premier et le dernier
SPÉCIAL INTELLIGENCE ARTIFICIELLE Vendredi 29, samedi 30 juin 2018 03 INTERVIEW // FAWZI NASHASHIBI Chercheur à L’inria Le Waze du transport urbain devra jouer « Il y a encore bien des obstacles collectif pour le véhicule autonome » La mobilité du futur s’appuiera sur des applica- tions qui aideront l’utilisa- teur à concevoir son L’objectif est de leur fournir un iti- néraire personnalisé, agrémenté d’ascenseurs ou d’Escalator en fonctionnement. Le calculateur déplacement à la demande. d’itinéraire fait appel à des modè- les prédictifs qui estiment la l Coordonnateur du Livre blanc de l’Inria sur les véhicules autonomes et con- A quoi ressemblera l’application de mobilité urbaine du futur ? charge du réseau à partir de don- nées hétérogènes : position des nectés, Fawzi Nashashibi juge que l’amélioration de la sécurité est prioritaire. Sans doute pas à Waze, qui trains, affluence en gare, origine s’appuie sur la foule de ses utilisa- et destination des voyageurs, Propos recueillis par La communication, notam- teurs pour les guider au mieux mais aussi signaux wi-fi et Blue- Frank Niedercorn ment celle des constructeurs, mais qui, dans certaines villes tooth, caméras, billettique… évoque rarement la dimension américaines, est, paradoxale- Votre Livre blanc passe en « connectée » du véhicule ment, accusé de créer des embou- Apprendre de l’utilisateur revue les défis à relever pour autonome. Pourquoi est-ce si teillages. L’institut de recherche L’enjeu est d’affiner la compré- le véhicule autonome important ? technologique SystemX travaille hension des comportements col- et connecté. Quels sont-ils ? La connectivité, c’est être en contact sur le sujet à travers le projet IVA lectifs mais aussi d’apporter au Il y a beaucoup d’obstacles à sur- non filaire avec l’infrastructure, les (Information voyageurs augmen- voyageur une information en monter pour arriver un jour à autres usagers et le cloud. Ce qui tée), qui a démarré fin 2017. temps réel. « Nous pourrions, par déployer des véhicules véritable- permet d’étendre la perception « Notre approche est bien différente exemple, lui conseiller d’attendre le ment autonomes. Les aspects d’une voiture et de communiquer. de celle de Waze, qui est fondamen- train suivant, dans lequel il a une légaux ou éthiques sont impor- Le simple fait de communiquer talement individualiste et génère bonne chance de trouver une place tants, mais, en tant que chercheurs avec les autres véhicules permet des états critiques avec un usage de assise car il est moins plein », expli- à l’Inria, nous nous sommes con- d’éviter nombre d’accidents, masse. Notre approche est de gérer que Yann Briand. centrés sur la science et la technolo- notamment aux intersections ou globalement le réseau de transport Grâce à l’intelligence artifi- gie. Le premier défi, c’est l’interpré- lors de dépassements. La commu- en accompagnant l’utilisateur de cielle, l’application apprendra tation du réel. Il faut être capable de nication sera primordiale pour façon optimale », explique Yann progressivement de l’utilisateur comprendre ce qui se joue sur une gérer des flottes de véhicules auto- Briand, chef de projet IVA. pour s’adapter à ses besoins. scène routière. En voyant un tram- nomes ou même semi-autonomes. « L’objectif est d’améliorer le way arrêté en station sur la gauche Enfin, pour trouver le meilleur iti- Calculateur d’itinéraires module de dialogue pour pousser et une personne courir sur sa Le projet, qui associe les start-up au bon moment vers l’usager des droite, on sait que cette dernière ris- SpirOps (intelligence artificielle) informations personnalisées et que de traverser brusquement. « Les voitures Fawzi Nashashibi, responsable de l’équipe RITS (Robotics and et Kisio Digital (applications pour qualitatives, et ainsi contribuer à Cette analyse sémantique, banale autonomes actuelles Intelligent Transportation Systems) de l’Inria. Photo H. Raguet/Inria la mobilité), se contente pour l’ins- améliorer son déplacement », pour un conducteur expérimenté, tant de travailler à l’échelle du insiste Yann Briand. est très compliquée pour une intel- ne savent pas réagir dédier certaines voies. Les navettes autonome ne constituera pas la réseau francilien de la SNCF en A terme, à l’image de ce qu’a ligence artificielle. en cas de défaillance autonomes sont aussi prometteu- solution unique. Il sera multimodal ciblant une population particu- déjà fait la Métropole de Lyon Le deuxième défi, c’est de certi- d’un capteur ses. La véritable question à se poser, et fera enfin appel à tous les moyens lière, principalement les voya- avec son projet de recherche Opti- fier ces systèmes pour être certain ou d’un calculateur. » c’est : pourquoi le véhicule auto- de transport partagés. L’enjeu est de geurs, moins pressés mais sou- mod’Lyon, l’enjeu sera de faire qu’ils soient fiables dans n’importe nome ? Quelles sont les applications diminuer l’empreinte au sol du cieux de rendre leur trajet plus d’IVA un système multimodal en quelle condition. Il faudrait que ? Est-ce que ce sera rentable ? Quelle véhicule individuel ainsi que son commode : personnes âgées ou à combinant différentes offres de chacun d’eux fasse des millions de néraire à un moment donné, la voi- sera l’acceptation sociétale ? Si impact environnemental. Le mobilité réduite, parents avec mobilité publique et partagée. kilomètres pour diversifier les con- ture autonome devra être connec- l’ambition est d’améliorer la sécu- schéma de transport sera complè- enfants, voyageurs avec bagages… — F. N. ditions et les scénarios. La simula- tée pour avoir l’état de la circulation rité, la meilleure approche consiste- tement différent à la fois pour les tion constitue une excellente piste. en temps réel. rait à généraliser les aides à la con- personnes, mais aussi pour les Toutefois, le simulateur idéal, capa- duite : système anticollision, biens. Avec le véhicule autonome, ble de simuler chaque capteur, la Au regard des réserves que assistance au maintien de voie, on commencerait par régler le pro- dynamique du véhicule ainsi que vous formulez, l’avènement détection de piétons, surveillance du blème du dernier kilomètre, et on l’environnement dans lequel il va des véhicules autonomes ne conducteur, vision de nuit. On parle pourrait aussi par exemple auto- évoluer avec son infinité de scéna- semble pas pour demain... donc d’autonomie de niveau 2 ou 3, matiser la redistribution avec des rios possibles, n’existe pas. Il y a beaucoup de communication ce qui peut être très suffisant. véhicules autonomes qui revien- Le troisième défi est la sûreté de avec la promesse de voir les pre- draient à leurs stations en pelotons. fonctionnement. Les voitures auto- miers véhicules autonomes arriver Pour l’avenir, le défi posé aux Cette mobilité intelligente est un nomes actuelles ne savent pas réa- à partir de 2020. C’est demain, alors systèmes à base d’intelligence facteur majeur pour rendre la ville gir en cas de défaillance d’un cap- qu’en effet il reste tellement de cho- artificielle n’est-il pas de pas- intelligente et durable, mais pas le teur ou d’un calculateur. De même ses à faire. Si la Tesla a eu des acci- ser à l’échelon supérieur, c’est- seul. On doit aussi évoquer la gou- qu’elles auraient des difficultés face dents, ce n’est pas par hasard mais à-dire la ville intelligente ? vernance intégrant une planifica- Shutterstock à des tentatives de hacking. La solu- probablement lié à des problèmes Un système de transport intelligent tion spatiale et énergétique efficace, tion n’est pas de doubler des cap- de conception. devra obéir aux besoins de chaque un environnement adoptant des teurs, qui failliraient dans des con- Je p ense p ourtant que l’on ville, et chacune est spécifique. Il technologies de rupture, la numéri- ditions identiques, mais de les verra arriver les véhicules autono- faudra de toute façon qu’il réponde sation et une haute connectivité, et, diversifier et d’élargir leur domaine mes d’abord sur autoroute et peut- à trois impératifs. Il reposera sur le enfin, un mode de vie intelligent et Les applications devront analyser les comportements collec- de fonctionnement. être en ville si l’on décide de leur transport de masse, car le véhicule durable. n tifs, mais aussi apporter une information personnalisée. Mobileye veut passer de l’assistance à l’autonomie Racheté 15,3 milliards de cule précédent, de franchissement l’histoire de la high-tech israé- dollars par Intel, le spécia- de ligne blanche ou de danger lienne. Spécialiste des systèmes de liste israélien de l’assis- p o t e n t i e l d a n s l ’a n g l e m o r t . sécurité, Mobileye veut en faire un tance à la conduite mise Demain, elles assureront l’ensem- argument pour rassurer utilisa- sur la vision artificielle ble de la conduite. teurs et régulateurs. pour développer des Fournisseur de la plupart des Récemment, Amnon Shashua a véhicules sans chauffeur. grands constructeurs, Mobileye a publié un article académique pour déjà signé un contrat avec BMW proposer un modèle mathéma- Benoît Georges pour produire des véhicules auto- tique, appelé « RSS » (Responsibili- — Envoyé spécial à Jérusalem nomes de niveau 4 (lire page 6) à ty-Sensitive Safety), assurant que le partir de 2021. Avec une approche véhicule n’agira jamais d’une façon Avec un brin d’imagination, on qui le différencie des nombreux qui puisse causer un accident. « Les pourrait se croire dans l’atelier de Q, acteurs lancés dans la course à statistiques actuelles disent que les le maître des gadgets de James l’autonomie : utiliser la vision avant humains ont en moyenne un acci- Bond. Dans ce garage caché au tout. dent fatal par million d’heures de sous-sol d’un immeuble de la ban- conduite. Nous estimons que, si un lieue de Jérusalem, une demi-dou- Des caméras associées Fournisseur de la plupart des grands constructeurs, Mobileye a déjà signé un contrat avec BMW véhicule autonome atteint un acci- zaine de berlines subissent une pré- à des algorithmes pour produire des véhicules autonomes de niveau 4. Photo DR dent pour un milliard d’heures, le paration très spéciale. Dans les Plutôt que des radars ou de coûteux public l’acceptera », détaille Elad coffres, des forêts de câbles et des lidars (systèmes de détection par seur à l’université de Jérusalem, est conduisent. Si les essais de Mobi- Jérusalem. « Conduire dans la Sili- Serfaty. boîtiers informatiques. Sur les car- laser), Mobileye fait le pari que de un spécialiste de la reconnaissance leye débutent à peine, sept ans con Valley n’a rien à voir avec Mais ce pari est loin d’être gagné. rosseries, des excroissances discrè- simples caméras – moins coûteuses d’images qui a voulu appliquer ses après ceux de la Google Car, Elad conduire à Jérusalem ou à Paris. La En mai dernier, alors qu’une chaîne tes révèlent des caméras. Chaque – associées à des algorithmes suffi- recherches à l’automobile. Le résul- Serfaty est persuadé que son entre- conduite est différente selon les de télé israélienne tournait un voiture est une pièce unique, et au- sent à comprendre l’environne- tat est un boîtier anticollision asso- prise dispose d’une longueur régions, parfois même selon les vil- reportage sur les véhicules autono- dessus de sa place de parking s’affi- ment aussi bien qu’un conducteur ciant une caméra et un processeur, d’avance : « Nous bénéficions de les : ce n’est pas la même chose à San mes de Mobileye, l’un d’eux ne s’est che son petit nom – Clara, Irma ou de chair et d’os. « La vision est le cap- faisant tourner ses propres algo- vingt ans d’expérience. Nous possé- Francisco et à Los Angeles. » pas arrêté à un feu rouge. Selon Alfred… teur principal des humains lorsqu’ils rithmes de machine learning. dons plus de 40 millions de kilomè- l’entreprise, l’erreur aurait été cau- Bienvenue dans le laboratoire de conduisent », explique Elad Serfaty, L’entreprise emploie 1.100 person- tres d’images de routes enregistrées à Multiplier les expériences sée par des interférences entre la Mobileye, leader mondial des systè- vice-président de Mobileye. L’entre- nes, dont 800 s’occupent de la R&D. travers le monde, sur lesquelles nous Il faudra multiplier les expérimen- caméra télé et le système du véhi- mes de vision pour l’assistance à la prise n’exclut pas d’utiliser d’autres Passer de la vision à la conduite pouvons tester nos algorithmes. » tations partout dans le monde dans cule. Cela n’a pas entraîné d’acci- conduite. Jusqu’ici, les caméras et capteurs, mais uniquement en ne sera pas une mince affaire. Le Mais les algorithmes ne suffisent les mois qui viennent. Les financer dent, et ce défaut a depuis été les puces de l’entreprise – qui équi- complément de la vision. premier défi est technique : cela pas – il faut aussi tester le système ne devrait pas poser problème : réparé. L’anecdote montre que les pent plus de 27 millions de voitures, Donner la vision aux voitures, nécessite de comprendre non seu- dans des conditions réelles. C’est Mobileye a été acquis l’an dernier préparateurs du garage de Jérusa- bus et camions à travers le monde – c’est justement ce que fait Mobileye lement la route, mais surtout le pourquoi Clara, Alfred et leurs voi- par le géant des microprocesseurs lem ont encore de longues heures alertaient les conducteurs en cas de depuis sa création, en 1999. Son fon- comportement des autres véhicu- sines de parking ont commencé à Intel pour 15,3 milliards de dollars, de travail pour améliorer Clara, distance insuffisante avec le véhi- dateur, Amnon Shashua, profes- les, donc des humains qui les sillonner au mois de mai les rues de soit la plus grosse acquisition de Irma, Alfred et les autres… n
SPÉCIAL INTELLIGENCE ARTIFICIELLE 04 Vendredi 29, samedi 30 juin 2018 Voiture, train, taxi volant Les secrets des véhicules autonomes
SPÉCIAL INTELLIGENCE ARTIFICIELLE 06 Vendredi 29, samedi 30 juin 2018 AUTOMOBILE // Si la voiture sans conducteur relève encore de la science-fiction, la France se prépare à accueillir des véhicules autonomes sur les autoroutes et les deux-voies séparées à partir de 2021. A quand la voiture sans conducteur ? Des expérimentations Jacques Henno T out un symbole : lors du prochain Mondial de l’auto- mobile à Paris, en octo- bre 2018, de nouvelles installations seront inaugurées à Linas-Mont- bientôt plus faciles et plus ciblées en France lhéry (Essonne), sur l’autodrome de tests de l’Utac Ceram. Elles permet- tront aux constructeurs de tester en Pour favoriser l’arrivée l’Hexagone, il n’est pas encore toute confidentialité des systèmes des véhicules autonomes dématérialisé et l’on perd deux- d’intelligence embarquée destinés à partir de 2020, l’Etat trois mois par rapport à d’autres aux voitures autonomes. « Sur ces et les collectivités sont pays. » L’intérêt grandissant des pistes, on peut dérouler des scénarios décidés à pousser collectivités locales pour les solu- extrêmes, jusqu’à l’accident, sur des les essais en conditions tions de mobilité autonomes cibles comme des mannequins ren- réelles. devrait également jouer en versés et des voitures percutées. De faveur de ces tests, prédit Sté- plus, les essais sont mesurables, enre- « De fin 2014 à fin 2017, 51 autorisa- phane Beaudet, vice-président de gistrables et répétables jusqu’à don- tions d’expérimentation de véhicu- la région Ile-de-France, chargé ner satisfaction », détaille Alain les autonomes ont été délivrées en des transports : « Les véhicules Piperno, expert en tests et homolo- France », rappelle Jean-Marc autonomes vont faire tomber les gation véhicules autonomes à Zulesi, député des Bouches-du- barrières entre transports en com- l’Utac Ceram. Rhône (LRM), qui a présidé les ate- mun et véhicules privés. Nous Des milliers de fonctionnaires, de La voiture autonome devra non seulement être connectée avec l’infrastructure mais également liers de l’innovation dans le cadre accompagnons beaucoup d’expé- chercheurs du public et de cadres avec les autres véhicules. Photo Renault des Assises de la mobilité. « Cha- rimentations, pour emmagasiner du privé préparent déjà l’arrivée de que expérimentation fait l’objet des kilomètres d’expérience et la voiture autonome en France : qués », explique Mathieu Lips, compréhension de la situation. Sur la d’un rapport – non public – à l’admi- habituer les usagers. » tests sur route ou sur piste, élabora- « Le niveau de directeur du projet Symbioz Demo base de ces informations un calcula- nistration », détaille Vincent Aba- tion de la réglementation d’homolo- fiabilité de l’IA n’est Car chez Renault. Les situations teur spécialisé prend des décisions tou- die, responsable du projet véhi- L’intérêt sociétal gation, expérimentations, études pas encore suffisant particulières sont nombreuses. Sur tes les 20 millisecondes. En présence cule autonome pour le groupe Seul bémol : il n’est pas certain que sur l’acceptation sociale de la voi- l’autoroute A13, Renault et la d’un piéton, il peut décider de lever le PSA. Le constructeur dispose de ces essais, tout à fait justifiés sur le ture autonome, prévisions de mar- pour la mettre en société d’autoroutes Sanef font tes- pied, voire de freiner ou de se dépor- douze véhicules autorisés à plan technique, possèdent, pour ché… Plusieurs organismes, dont production seule. » ter à des voitures autonomes le ter », résume Guillaume Devau- emprunter des routes publiques, à l’instant, un quelconque intérêt SAE International (ex-Society of BENOÎT PERRIN franchissement d’une barrière de chelle, directeur de l’innovation chez condition, pour l’instant, qu’un sociétal. « Emprunter une navette Automotive Engineers), ont élaboré Directeur général d’EasyMile péage. La voiture est avertie de la Valeo. conducteur soit présent à bord. autonome sur un pont en ligne une grille définissant l’autonomie voie la moins encombrée et s’y rend Pour quels résultats ? « A ce jour, droite n’apporte pas grand-chose à d’un véhicule depuis le niveau 0 (le toute seule. On leur fait également Le vrai défi : les piétons aucun accident matériel ou corpo- des usagers qui vont plus vite à conducteur est le seul maître à bord) traverser en autonomie des zones Pourtant, même les meilleurs systè- rel n’a eu lieu lors des roulages (près pied », souligne Judith Ferrando y jusqu’au niveau 5. Les niveaux 1 général de Vedecom, un institut de de travaux en respectant la signali- mes actuels ne sont pas infaillibles de 100.000 kilomètres au total) », Puig, codirectrice de Missions (assistance à la conduite) et 2 (auto- recherche dédié à la mobilité, sation et les limitations de vitesse. et les essais menés en Californie ont peut-on juste lire à la page 48 du matisation partielle) sont en cours regroupant des partenaires issus du Autre souci : l’état de la chaussée. nécessité une inter vention rapport remis il y a quelques de généralisation. Dans le deuxième privé et du public. Il existe encore Pour que les capteurs puissent être humaine tous les 335 kilomètres en semaines par Anne-Marie Idrac, Les essais sur route cas, le véhicule peut se garer lui- bien des progrès à faire pour mettre efficaces, le marquage au sol doit être moyenne sur les voitures Nissan, nommée haute responsable pour de véhicules même, assurer le contrôle longitu- au point ces véhicules robots, qui régulièrement entretenu, les pan- mais tous les 4 kilomètres chez la stratégie de développement du dinal et latéral en même temps qu’il doivent être capables de percevoir neaux routiers lisibles… Sans doute Valeo. « Même si l’IA a fait des progrès véhicule autonome. autonomes vont sait accélérer ou freiner dans les leur environnement, de l’analyser et faudra-t-il renforcer le cahier des considérables ces dernières années, se multiplier. embouteillages. de prendre les bonnes décisions. Et charges liant les concessionnaires nous considérons que le niveau de fia- Tests en Australie les indispensables capteurs d’autoroutes et l’Etat avant que cer- bilité n’est pas encore suffisant pour Ces expérimentations vont se Les demandes sont Sans volant ni pédale (caméra, radar, lidar et ultrasons) taines portions ne soient homolo- pouvoir la mettre en production seule multiplier en France. « A travers nombreuses « A partir de 2021-2022, les premiers constituant les yeux et les oreilles du guées niveau 4… Enfin, la localisation sur des véhicules autonomes », cons- le plan pour la voiture autonome, véhicules de niveau 3 seront disponi- véhicule doivent être perfection- du véhicule devra être plus précise tate Benoît Perrin, directeur général les autorités favorisent le déroule- et un goulet bles. Dans un embouteillage ou sur nés. « Si un camion est garé devant un que les 15 mètres qu’offrent les systè- chargé des opérations chez Easy- ment des expérimentations en d’étranglement autoroute et sur les voies à chaussées feu tricolore, la voiture autonome ne mes GPS actuels. Deux solutions sont Mile, spécialiste des logiciels et sys- conditions réelles sur le terri- administratif séparées le conducteur pourra lais- verra pas que le feu est rouge : il faut étudiées. Les GPS différentiels tèmes globaux d’automatisation toire », s’enthousiasme Mathieu ser le volant, mais devra être en capa- donc que le feu puisse dialoguer avec (antennes terrestres qui émettent un pour véhicules autonomes, notam- Lips, directeur du projet Symbioz pourrait apparaître. cité de reprendre très rapidement le la voiture », explique Bertrand signal GPS) sont extrêmement précis ment les navettes. Demo Car chez Renault. Les contrôle de son véhicule », annonce Leroy, chercheur chez Vedecom. mais chers. L’autre option consiste à Le principal défi ? Le comporte- demandes semblent d’ores et Publiques. Ce cabinet de conseil a Vincent Abadie, responsable du intégrer les systèmes de cartographie ment des piétons. Un conducteur déjà plus nombreuses et, du récemment organisé des débats projet véhicule autonome pour le Franchir un péage HD, de TomTom ou de Here (pro- expérimenté comprend immédia- coup, un goulet d’étranglement sur le thème des véhicules sans groupe PSA, qui poursuit : « Les voi- La voiture autonome devra non priété de BMW, Daimler et Audi), qui tement qu’un piéton qui s’approche administratif pourrait apparaî- conducteur dans cinq villes, entre tures de niveau 4, capables de se met- seulement être connectée avec photographient tous les éléments du du bord du trottoir tout en regar- tre. « Les premières expérimenta- 350 citoyens et des acteurs de la tre en sécurité si le conducteur n’est l’infrastructure mais aussi avec les bord de route (talus, arbres, ponts, dant son smartphone a de fortes tions de l’Autonom Cab, notre m o b i l i t é (A i r b u s , K e o l i s , pas immédiatement disponible, arri- autres véhicules. « Cette communi- murets…) et offrent une précision de chances de traverser. Il ralentira et robot taxi, auront lieu à Perth, en Allianz…). Avec une conclusion : veront quelques années après. » cation est difficile à garantir en per- 50 centimètres en longitudinale et se tiendra même prêt à freiner Australie, avant les essais en les futurs modes d’expérimenta- Quant au véhicule de niveau 5, manence. La voiture doit donc de 15 centimètres en latérale… Reste le d’urgence. La machine doit appren- France, sans doute dans le quartier tion devraient être plus proches sans volant ni pédale, autonome en toute façon savoir se débrouiller cœur du système : l’intelligence artifi- dre, elle, à prédire un comporte- de la Confluence, à Lyon, explique de la vie réelle des usagers. Par toute circonstance et qui pourra sans. Elle va, en revanche, accroître cielle, sur laquelle va encore porter ment à partir de l’angle du buste du Christophe Sapet, président de exemple, pour tester les liaisons même circuler à vide, « sa générali- confort et sécurité en fournissant des une bonne partie des efforts. « La piéton, de la direction de son regard Navya (navettes et taxis autono- dites du « dernier kilomètre », sation pendra plusieurs décennies », informations sur ce qui se passe au- fusion des données apportées par ou de l’évolution de la taille de ses mes). Même si le processus d’auto- autour d’une gare dépourvue de prédit Luc Marbach, directeur delà de la limite des capteurs embar- l’ensemble des capteurs permet la pas. L’apprentissage va être long… n risation a été simplifié dans transports en commun. — J. H. Les travaux d’Hercule de la certification La concurrence entre pays teurs sur ce marché naissant de la freinage d’urgence sur un piéton, en tions. Comment homologuer un et constructeurs pousse voiture autonome. » roulant tout droit, dans un tour- programme informatique qui évo- à accélérer la définition des Aujourd’hui, tout nouveau véhi- n a n t , d e j o u r, d e n u i t , p a r luera en permanence ? Quels sont procédures d’homologa- cule, pour être homologué dans un brouillard… « L’Utac Ceram et les les protocoles qui protégeront ces tion, même si des questions pays européen, doit respecter une constructeurs travaillent à une liste logiciels d’une éventuelle cyberatta- techniques restent posées. cinquantaine de règlements, défi- standard de scénarios les plus acci- que ? La National Highway Traffic nis par la Commission économique dentogènes ; nous pourrions même Safety Administration, l’agence « C’est un travail de fou ! » s’exclame des Nations unies pour l’Europe déboucher sur un projet de norme fédérale américaine des Etats-Unis Alain Piperno, expert pour les tests (CEE-ONU). Cet organisme a été ISO dans ce domaine », poursuit chargée de la sécurité routière et de et l’homologation véhicules auto- créé en 1947 pour encourager la Alain Piperno. l’homologation des véhicules, nomes à l’Union Technique de coopération économique entre les insiste particulièrement sur ce l’Automobile, du Motocycle et du Etats membres. Pour les voitures Homologuer les logiciels point dans sa dernière note d’orien- Cycle – Centre d’Essais et de Recher- autonomes de niveau 3 et 4, une Reste à relever les nouveaux défis tation sur la sécurité des systèmes che Appliqué à la Mobilité (Utac dizaine d’essais supplémentaires propres aux systèmes d’intelli- de conduite automatique, publiée Ceram). sont envisagés. Le système de con- gence artificielle qui vont piloter les en septembre 2017. Alain Piperno fait partie de ces duite autonome devra, par exem- voitures autonomes. « Vous aurez L’une des préoccupations de fonctionnaires et ingénieurs fran- ple, être capable d’évaluer lui- dans votre véhicule des algorithmes l’administration américaine çais qui planchent depuis des mois même le conducteur : est-il bien qui lui permettront d’apprendre tout consiste à s’assurer que le proprié- sur les réglementations pour assis sur le siège conducteur ? A-t-il seul et de devenir chaque jour un peu taire d’un véhicule autonome n’ins- homologuer les voitures autono- les mains sur le volant ? Regarde- meilleur », rappelle Alain Piperno. talle pas lui-même un patch infor- mes de niveaux 3 et 4. « Ces techno- t-il la route ? Tandis que les constructeurs, matique ou un appareil qui logies de conduite seront disponibles En amont, ce sont des milliers comme c’est déjà le cas pour Tesla, pourrait nuire à sa sécurité. La l’an prochain, explique-t-il. Les d’essais et de simulations auxquels pourront automatiquement et à NHTSA vient ainsi d’interdire un réglementations d’homologation les constructeurs devront procéder distance installer sur votre voiture dispositif magnétique qui trompait seront également prêtes. C’est un pour s’assurer que leurs véhicules des mises à jour logicielles qui en l’« Autopilot » des Tesla en faisant PSA dispose déjà de douze véhicules autorisés à emprunter impératif, tant la concurrence est réagiront correctement à des cen- modifieront les fonctionnalités. croire que le conducteur gardait ses des routes publiques (ici, un C4 Picasso), à condition qu’un grande entre les pays et les construc- taines de situations dangereuses : Cela pose toute une série de ques- mains sur le volant… — J. H. conducteur soit présent à bord. Photo Lydie Lecarpentier/RÉA
SPÉCIAL INTELLIGENCE ARTIFICIELLE Vendredi 29, samedi 30 juin 2018 07 FERROVIAIRE // Pour augmenter le trafic sur les infrastructures existantes, 3 QUESTIONS À // PIERRE MESSULAM Directeur général adjoint de SNCF Mobilités le train du futur se passera de conducteur. La difficulté consistera à pré- server un niveau de sécurité encore plus élevé que dans l’automobile. Le train autonome bientôt sur les rails Frank Niedercorn @FNiedercorn aléas, donner des informations à reprendre la main en cas d’incident. démonstration de sécurité n’est pas « Avec l’IA, on veut passer de l’âge de la planification ses passagers… Et, surtout, antici- Enfin, au stade ultime, le train tout assurée dans l’état actuel de la tech- L per : lancée à 300 kilomètre/heure, autonome se passera entièrement nologie », assure Luc Laroche. Tout a voiture n’est pas seule à une rame a besoin de 1 kilomètre de l’opérateur humain à bord. l’enjeu est de préserver une sûreté rêver d’autonomie. Le train s’est également lancé dans la pour s’arrêter. « Pendant vingt ou trente ans, on verra plusieurs générations de trains de fonctionnement bien supé- rieure à l’automobile avec un « évé- à celui de l’adaptation » course. Il y a toutefois une grande Eviter la saturation circuler sur les mêmes voies. Un train nement redouté » (c’est-à-dire un différence entre un train automati- Pourtant, l’autonomie arrive. A par- semi-autonome suivra un train avec incident) par milliard d’heures de Propos recueillis par l’apport des sciences humaines, que, comme le métro de la ligne tir de 2021, en Ile-de-France, les conducteur, lui-même précédé par fonctionnement. Le sujet fait Frank Niedercorn on veut changer de paradigme et parisienne 14, et son descendant trains Eole du RER E, puis, en 2027 un train complètement autonome », débat. Railenium a ainsi mené une faire passer le monde ferroviaire autonome. Dans le premier cas, le les TGV Paris-Lyon seront partielle- prédit Luc Laroche. étude de faisabilité sur l’intérêt de En Ile-de-France, la SNCF de l’âge de la planification à celui réseau est souvent enterré, entière- ment autonomes, en prenant en La SNCF, associée à l’IRT Raile- l’intelligence artificielle dans le est engagée dans plusieurs de l’adaptation. ment fermé et beaucoup plus court. charge l’accélération et le freinage. nium, va créer un consortium asso- cadre de ce projet. « Nous avons projets de recherche impli- « Dans un métro, le train parcourt Une évolution cruciale sur des ciant des industriels afin de déve- regardé tout ce qui existe et il est pro- quant l’intelligence artifi- Quels sont les défis toujours le même trajet d’un bout de zones ferroviaires qui frisent sou- lopper deux prototypes de trains bable que la solution viendra de la cielle. Dans quel but ? qui restent à surmonter ? la ligne à l’autre dans un environne- vent la saturation. « Avec une accélé- totalement autonomes, l’un en ver- combinaison de plusieurs types L’objectif est d’optimiser la main- Ils sont considérables. Une bonne ment fermé. On est dans un univers ration un peu lente, un train perd sion fret et l’autre avec passagers. d’intelligence artificielle, en complé- tenance des trains en mesurant partie du travail consiste, en se fini dans lequel tous les cas possibles facilement dix secondes par gare, soit « L’intelligence artificielle, avec ses ment d’automatismes de conduite », toute une série de paramètres basant sur l’observation, à définir sont connus », résume Eric Tregoat, une minute sur la traversée de Paris. opportunités, ses limites et son péri- prédit Eric Tregoat. (vibrations, intensité électrique, les données pertinentes. Sur directeur général de l’IRT Raile- Avec un train toutes les deux minu- mètre à bien définir, est au cœur du Les premiers prototypes de train températures, accélérations) nium. Nul besoin d’intelligence tes, c’est considérable », explique sujet », explique Luc Laroche. autonome sont attendus pour 2023, déversant des quantités phéno- artificielle, c’est le monde des auto- Luc Laroche, directeur du projet pour une mise en exploitation qui ménales de données. L’apport de « Une bonne partie matismes développés par des Train autonome à la SNCF. Au bout Préserver une sûreté pourrait intervenir avant la fin des l’intelligence artificielle, c’est de du travail consiste industriels comme Siemens (sur la du compte, il s’agit d’augmenter le de fonctionnement années 2020. L’un des problèmes corréler ces données pour antici- ligne 14) ou Alstom. débit sur des infrastructures, qui, Les ingénieurs de la SNCF sont très envisagés est d’ores et déjà la panne per l’usure des moteurs, des roule- à définir les données Faire circuler un train auto- elles, évolueront peu. « Augmenter prudents, notamment sur l’utilisa- totale du système de conduite auto- ments, des pantographes et ainsi pertinentes… » nome sur un réseau grandes lignes le nombre de trains représente un tion de l’apprentissage automati- nome. D’où l’intérêt de développer anticiper les pannes. présente une complexité décuplée. coût marginal, mais cela a un impact que profond (« deep learning »). en amont un mode de reprise en «… Car nous en avons Il a l’avantage de circuler sur des majeur sur l’économie générale du « Ainsi, le choix est fait de ne pas main du train à distance. C’est Peut-on faciliter besoin pour prendre rails, mais devra savoir lire la système », résume Luc Laroche. faire reposer les réactions d’urgence l’ambition du projet TC-Rail, qui l’exploitation ? signalisation, détecter les obsta- Avec la génération suivante, le du train sur des algorithmes utili- vise à développer un système de Oui, et c’est même le plus nova- les bonnes décisions. » cles sur la voie, surveiller son pro- conducteur aura disparu de la sant les techniques d’intelligence téléconduite avec un premier teur. Songez que SNCF Transilien pre fonctionnement, connaître sa cabine, même si, à bord du train, un artificielle telles que le “deep lear- démonstrateur prévu pour l’année fait circuler quotidiennement quels critères, par exemple, déci- position, être capable de gérer les opérateur devra être capable de ning”, dont la compatibilité avec une prochaine. n 6.500 trains et 3,5 millions de pas- der qu’il y a trop de monde dans sagers. Soit 70 % du trafic ferro- une gare ? Il faut aussi beaucoup viaire. Si l’on veut augmenter le de capteurs, mais de différentes A partir de 2021, en Ile- nombre de passagers sur les natures, par exemple pour comp- de-France, les trains Eole infrastructures existantes, la ges- ter les gens lorsqu’ils montent et du RER E, puis, en 2027, tion des flux de personnes va descendent des trains. Cela impli- les TGV Paris-Lyon seront s’avérer déterminante. L’intelli- quera aussi une refonte de la partiellement autonomes, gence artificielle permet de chaîne du traitement de l’infor- en prenant en charge compter les passagers, dans la mation, car nous avons besoin de l’accélération et le frei- gare, voire aux abords de la gare, données précises et actualisées à nage. sur les quais et à bord des trains. la minute pour prendre les bon- Photo Alstom/Design&Stiling Si l’on sait, avant que le train nes décisions. Concrètement, arrive, qu’il y a trop de monde à nous travaillons par exemple sur bord ou sur le quai, on peut en un futur « tableau de contrôle déduire qu’il partira en retard et optique voyageur » – l’équivalent empêcher l’effet domino en pre- du tableau dont les exploitants nant des mesures. L’objectif est disposent pour visualiser les d’adapter l’offre de transport en trains sur le réseau. On peut rêver fonction des flux et des incidents dans l’avenir d’avoir un système tout en donnant davantage global des flux de voyageurs à d’informations aux clients. Avec l’échelle de l’Ile-de-France. Il fau- l’intelligence artificielle et dra faire beaucoup de progrès. n Cinq ouvrages à lire pour aller plus loin The Future Autonomie : Faster, Smarter, Mobility Nation Véhicules of Mobility 3.0 une révolution Greener Livre blanc, Boston autonomes Etude réalisée par en marche De Venkat Suman- Consulting Group et connectés Arthur D. Little Etude réalisée par tran, Charles H. www.bcg.com Livre blanc No2, www.adlittle.com Oliver Wyman Fine et David Inria www.oliverwy- Gonsalvez. MIT www.inria.fr man.fr Press, 352 pages. •est… Et le gagnant Singapour. L’étude « Future of mobi- •deL’originalité l’étude menée par le cabinet Oliver •celui Le XX siècle fut e de l’automobile, qui a transformé les •d’année Publié en fin dernière dans le cadre des Assises •consacré Le Livre blanc à la voiture autonome, produit lity 3.0 » réalisée par Arthur D. Little Wyman est d’aborder l’autonomie des villes et développé leur économie, mais de la mobilité, ce Livre blanc piloté par le sous la houlette de la cellule veille et attribue la première place de son classe- véhicules à moteur au sens large, depuis aussi généré pollution et embouteillages. Boston Consulting Group s’attaque à un prospective de l’Inria, Institut national de ment mondial à la ville-Etat. Classée la voiture sans chauffeur jusqu’aux dro- Pour les auteurs de ce livre, publié l’an cas concret, l’Ile-de-France, avec un hori- recherche dédié au numérique, constitue seulement 6e dans la précédente étude, nes et aux avions en passant par les navi- dernier par la maison d’édition du Massa- zon de temps réduit : 2030. D’ici là, les probablement la meilleure introduction datant de 2014, assez loin derrière Hong res et les sous-marins. Les experts du chussets Institute of Technology, la mobi- révolutions technologiques et d’usage, à quiconque veut à la fois en comprendre Kong, Singapour l’a notamment emporté cabinet tirent des conclusions concrètes lité du XXIe siècle sera radicalement diffé- d’une part, les Jeux Olympiques de 2024, les enjeux, avoir un point de vue synthéti- grâce à ses spectaculaires progrès pour la et dessinent un marché de l’autonomie rente : plus rapide, plus intelligente et plus d’autre part, auront profondément trans- que et pédagogique sur l’état de la recher- diffusion des vélos partagés (29.000 qui devrait peser 3.000 milliards d’euros à verte. L’ouvrage détaille, images à l’appui, formé la façon dont les Parisiens et les che dans le monde, mais aussi bien com- désormais contre à peine 100 en 2013), l’horizon de 2030. Si la vente des véhicules des exemples qui préfigurent ces change- Franciliens se déplacent pour leur travail prendre les progrès qui restent à faire. mais surtout pour sa politique très volon- autonomes, toutes catégories confondues, ments dans plusieurs grandes métropoles. ou leurs loisirs. Une vingtaine d’acteurs A tel point que les conclusions des cher- tariste dans la diffusion des véhicules devrait générer quelque 640 milliards, ce Il explore les différents types d’innovations du secteur, d’Uber à Ile-de-France Mobili- cheurs de l’Inria, dont plusieurs équipes autonomes. « La cité a fait des progrès sont les activités périphériques et notam- en cours ou à venir, classées par grandes tés (ex-STIF) en passant par BlaBlaCar, sont impliquées dans les projets liés au considérables et constitue même un cas ment les services qui concentreront 80 % catégories (développement durable, per- EasyMile ou SystemX ont contribué à véhicule autonome, se révèlent plus d’école pour l’évolution vers le futur de la du marché : maintenance, gestion des sonnalisation, services connectés, plates- cette étude, qui détaille six ruptures à prudentes que celles généralement avan- mobilité urbaine », note l’étude. Paris infrastructures, des flottes, du trafic ainsi formes de mobilité, autonomie…). La l’œuvre (connectivité, zéro émission, cées par les constructeurs. Les premiers occupe une honorable 8e place grâce à sa que vente de logiciels, de systèmes et de dernière partie du livre propose un cadre voiture autonome, mobilité à la demande, systèmes de transport automatisés et les politique en faveur du vélo partagé (la services informatiques.— F. N. de développement pour la mobilité du partage de véhicule et multimodalité). premiers véhicules autonomes sur auto- troisième position en Europe), au bannis- futur, inspiré des télécoms, que les auteurs L’ouvrage se termine par 24 propositions route devraient partir de 2025. En revan- sement des diesels et à une politique jugée désignent par l’acronyme CHIP (pour concrètes pour créer un modèle d’organi- che, les auteurs n’envisagent les premiè- plutôt active en faveur de l’innovation. « connecté, hétérogène, intelligent et sation des transports « à la française » et res voitures complètement autonomes — F. N. personnalisé »). —B. G. structurer l’écosystème. — B. G. qu’à partir de 2040.— F. N.
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