La biodiversité pour Embrun - une chance Atlas de la - Atlas de la Biodiversité Communale
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
E mbrun possède tous les atouts pour accueillir une biodiversité exceptionnelle : position géographique au cœur des Alpes ensoleillées, dénivellation dépassant 2 000 m (780 m - 2 824 m), variété des paysages et des milieux naturels sous la bienveillance tutélaire du Mont-Guillaume. Avec plus de 900 espèces de plantes, 209 espèces d’oiseaux, 49 de mammifères et bien d’autres encore, Embrun semble épargnée par la tendance planétaire actuelle où une érosion dramatique de la vie inquiète tous les spécialistes. Ainsi, consciente de ses responsabilités, la municipalité a-t-elle conduit plusieurs actions afin de préserver et mettre en valeur ce précieux patrimoine : journées de découverte, conférences, communication dans la presse... L’appartenance au Parc national des Écrins, parfaitement justifiée, constitue un label de qualité supplémentaire dont nous devons être fiers. Réalisation : Mairie d’Embrun suivi par Christian Couloumy Dans le cadre d’un programme national destiné à mieux connaître, préserver Coordination : MONTECO - Bureau d’études en écologie - Caroline Guignier et valoriser son patrimoine naturel, la commune a bénéficié d’une aide de Conception graphique : Le naturographe ©2020 l’État lui permettant l’élaboration d’un Atlas de la biodiversité communale (ABC). Ce document en est le fruit. Partenaires du projet : Ses conclusions guideront les orientations communales futures pour un Fils et soies : Anne Bounias-Delacour avenir prospère de la nature, de sa faune, de sa flore et de ses paysages, pour Arachnologue - réalisation de l’inventaire des araignées et des scorpions le bien-être de toutes et tous. Flavia : Yann Baillet Entomologue - réalisation de l’inventaire des papillons de nuit Arnica Montana / Association française de lichénologie Claude Rémy, avec la participation de Mireille Lebris Chantal Eyméoud Christian Couloumy Botaniste et spécialiste des lichens - réalisation de l’inventaire des lichens Maire d’Embrun Conseiller municipal délégué à l’écologie 2 3
La démarche ABC Un Atlas de Biodiversité Communale (ABC) est une démarche volontaire permettant à une commune (ou intercommunalité) de mieux connaître, préserver et valoriser son patrimoine naturel. Cette initiative, portée par le ministère de l’Environnement en 2010, est désormais soutenue par l’Office français de la biodiversité (OFB), en partenariat étroit avec différentes structures, dont les Parcs nationaux. Au-delà de la réalisation d’inventaires naturalistes et de la synthèse des données existantes, la démarche inclut la sensibilisation et la mobilisation des élu(e)s et citoyen(ne)s et la définition de recommandations de gestion ou de valorisation de la biodiversité. À partir d’un diagnostic réalisé pour la faune, la flore et les habitats naturels, la connaissance permet d’orienter les actions, de prendre en compte la biodiversité dans l’utilisation d’un territoire : connaître la biodiversité permet de mieux agir, de l’intégrer aux enjeux d’un territoire et de la préserver. Au-delà des données déjà recensées pour son territoire, la commune Remerciements d’Embrun a choisi d’approfondir ses connaissances naturalistes autour de Se sont également joints à cette démarche différents partenaires et groupes moins connus : les araignées, les lichens et les papillons de nuit. notamment le Parc national des Écrins, le GRENHA (Groupe des C’est ainsi qu’en 2018 différents spécialistes ont sillonné la commune afin de entomologistes des Hautes-Alpes), l’OFB. récolter de précieuses informations. Faire partager les connaissances est aussi un objectif des ABC : sorties « Au sein des communes qui composent le territoire du Parc national des Écrins, naturalistes avec des spécialistes, journées thématiques, panneaux Embrun est au carrefour des influences méditerranéennes et alpines. Adossée d’information, livret et sentiers balisés sont autant de moyens que la au lac de Serre-Ponçon et bénéficiant d’un climat régulièrement emprunté par commune d’Embrun met en place pour partager les connaissances. le soleil, avec la diversité des habitats naturels que l’on y rencontre, la commune peut se féliciter d’abriter une diversité d’espèces considérable. L’étude de la « biodiversité ordinaire », celle que l’on rencontre au pas de sa porte, tels que les araignées, les papillons et les lichens vient témoigner une nouvelle fois de ses richesses. » Damien Combrisson - Service scientifique du Parc national des Écrins 4 5
Sommaire La biodiversité sur la commune.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 08 La richesse spécifique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 10 L’étage collinéen. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 12 Iscles : bancs de sable au milieu d’un cours d’eau. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 15 Les milieux ouverts de la plaine et des coteaux. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 16 Les zones urbanisées et les jardins. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 18 Les lichens. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 19 L’étage montagnard. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 20 L’étage subalpin : la « Taïga alpine ».. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 22 L’Étage alpin : la « Toundra alpine ». . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 24 En hiver. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 26 Les galliformes de montagne. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 28 Les milieux rocheux d’altitude. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 30 Des groupes à la loupe dans le cadre de l’ABC d’Embrun. . . . . . . . . . . . . . . . . p. 32 Les fonctionnalités écologiques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 34 Les espèces patrimoniales. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 36 Favoriser la biodiversité. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 38 Itinéraires pédestres. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 40 Crédits photographiques pour le Parc national des Écrins : Biodiversité n.f Christophe Albert, Didier Brugot, Robert Chevalier, Damien Combrisson, Mireille Coulon, Marc Corail, Toutes formes d’expression de la variabilité du vivant. Christian Couloumy, Cyril Coursier, Cédric Dentant, Sylvie Durix, Claude et Amandine Evanno, Denis Fiat, Jean-Marie Gourreau, Ludovic Imberdis, Thierry Maillet, Marie-Geneviève Nicolas, Bernard Nicollet, Hélène Quellier, Pascal Saulay, Jean-Philippe Telmon, Olivier Warluzelle La biodiversité rassemble la diversité des gènes, des espèces et des écosystèmes, sans oublier les interactions qui existent entre eux. pour la mairie d’Embrun : Christian Couloumy Thierry Tatoni, Maître de conférences à l’université St Jérome à Marseille pour l’association Fils et soie : Anne Bounias-Delacour pour l’association Flavia APE : Yann Baillet Il se pourrait que le mystère le plus étonnant de la vie porte sur les moyens pour l’association Arnica Montana : Claude Rémy utilisés pour créer tant de diversité à partir d’aussi peu de matière. pour les champignons : Jacques Guinberteau Edward O. Wilson 6 7
La biodiversité sur la commune Une diversité biologique remarquable Les inventaires spécifiques réalisés en 2018 dans le cadre de l’Atlas Embrun, un territoire fort en contrastes… et en biodiversité de la Biodiversité Communale d’Embrun ont permis de découvrir : 526 39 37 1 De la Durance à la Tête de l’Hivernet, ce sont plus de 2000 mètres de dénivella- tion qui structurent l’étagement du vivant sur la commune. Adossée au massif des Écrins, bordée par la Durance, Embrun bénéficie d’un climat exceptionnel : « Embrun, 870 m, bénéficie d’un climat parmi les plus secs et ensoleillés des nouvelles espèces nouvelles nouvelle Alpes. C’est la raison pour laquelle on la surnomme à juste titre la « Nice des nouvelles espèces pour le Parc national espèces pour espèce pour Alpes » Wikipedia 2019 pour la commune d’Embrun des Écrins les Hautes-Alpes la France Cette bienveillance du climat lui vaut une réputation internationale. La biodiversité connue à ce jour pour la commune d’Embrun 911 18 62 6 Remontant la vallée de la Durance, le souffle de la Provence vient se mêler au climat alpin, apportant à ce territoire résolument montagnard une touche méditerranéenne, source de nombreuses originalités pour ses espèces comme pour ses habitats naturels. espèces espèces espèces espèces de plantes de champi- de lichens d’amphibiens Biodiv’Ecrins 45% PNE, 28% 05 gnons 30% PNE, 8% 05 54% PNE, 29% 05 Biodiv’Ecrins met à votre disposition l’ensemble des données collectées par le Parc national des 209 49 espèces espèces de 9 espèces de 25 espèces d’oiseaux reptiles Écrins depuis sa création en 1973. Chaque jour, ses agents relèvent mammifères de poissons 73% PNE, 64% 05 52% PNE, 50% 05 64% PNE, 30% 05 83% 05 des observations dans le cadre de 2 leurs missions avec un véritable 857 158 70 souci d’enrichissement des connaissances. Elles sont affichées en temps réel sur cet atlas. espèces Vous pouvez ainsi suivre l’état des connaissances sur ce territoire. espèces espèces espèces de de vers 18% PNE, 50% 05 d’insectes d’arachnides mollusques 52 36% PNE, 19% 05 araignées 40% PNE, 33% 05 & scorpions 54% PNE, 63% 05 > autres http://biodiversite.ecrins-parcnational.fr arthropodes espèces de *Nombre d’espèces connues pour la commune www.ville-embrun.fr par rapport au nombre d’espèces connues pour 9 espèces diatomées le Parc national des Écrins et pour le département 33% 05 des Hautes-Alpes, pour chaque groupe. 8 9
La richesse spécifique Milieux aquatiques Zones humides Prairies Pelouses thermophiles Pelouses alpines Fourrés Fourrés thermophiles Landes alpines Forêts de Pin sylvestre Étage nival Forêts de Mélèze très peu représenté à Embrun Sapinières Plantation de conifères Étage alpin Éboulis alpins 2 400 m - 2 824 m les alpages et Éboulis thermophiles éboulis d’altitude Zones rocheuses Le nombre d’espèces est Cultures étroitement dépendant de la Étage subalpin 1 700 m - 2 400 m diversité et de la qualité des la forêt de conifères milieux naturels. Pour Embrun, les habitats naturels ou semi- naturels peuvent être regroupés Étage montagnard 1 100 m- 1 700 m en 16 grands types. les cultures Ils sont répartis en fonction Carte des habitats naturels Étage collinéen de différents paramètres dont Commune d’Embrun 778 - 1 100 m l’altitude qui régit les étages source : PNE le fond de vallée habité réalisation : C. Guignier - MONTECO de végétation. mai 2019 • Fonds : Google map 10 11
L’Étage collinéen La Truite fario (ou Truite com- mune) : de souche autochtone, ce poisson exigeant aime les eaux claires, froides et bien oxygénées. Robuste, la Truite fario peut remon- ter les courants rapides et exécuter des sauts importants. À Embrun cet étage correspond au lac de Serre-Ponçon, à la La Couleuvre vipérine, dont la res- Durance, à la plaine sous le Roc et au maillage bocager autour semblance troublante avec sa cou- d’Embrun. Il bénéficie de conditions climatiques tempérées. sine moins fréquentable la Vipère aspic lui vaut souvent d’être tuée, est un serpent aquatique totalement inoffensif qui vit principalement Le lac de Serre-Ponçon dans l’eau. et la Durance La Durance s’écoule au pied de la Plaine sous le Roc. Ce torrent, long de plus de 320 km, prend sa source vers 2 390 m, sur les pentes du sommet des Anges (Montge- Le Chabot : sa forme et sa couleur nèvre) et se jette dans le Rhône près d’Avi- sont parfaites pour se cacher au gnon. Tout au long de ses rives, une faune fond de l’eau. Il se nourrit de vers, et une flore se sont installées et adaptées de larves et parfois d’alevins. Il a be- aux bouleversements dynamiques de ce soin d’une eau fraîche et bien oxy- cours d’eau capricieux (crues). génée. Poisson indigène pour l’Eu- rope, il est beaucoup plus rare que la Truite fario. Le milieu aquatique Durance et Plan d’eau sont favorables à de nombreuses espèces de poissons. Les Goélands leucophées, souvent Les eaux fraîches et renouvelées de pris pour des mouettes, ont remonté certains ruisseaux de la commune la Durance il y a quelques dizaines hébergent l’Écrevisse à pattes blanches d’années et trouvé avec le lac un dont la présence témoigne d’une eau lieu de villégiature idéal. Chaque d’excellente qualité. jour, ils font l’aller-retour entre le lac de Serre-Ponçon et la déchetterie de Pralong : du dortoir au restaurant ! 12 13
Les bancs de gravier ou de sable en îlots dans le lit de la rivière permettent le développement de plantes comme la Massette à larges feuilles, espèce colonisa- trice se réinstallant rapidement après des crues dévastatrices. Massette à larges feuilles et Petite mas- Les gravières sont aussi propices sette. Ces deux roseaux poussent sur le à certains oiseaux comme le Petit Iscles bord de la Durance. Si la Massette à larges gravelot et le Chevalier guignette feuilles est assez fréquente, la Petite mas- sette, beaucoup moins répandue, est pro- qui viennent y nicher avant de re- tégée. partir pour le sud. Bancs de sable au milieu d’un cours d’eau Osier rouge, Saule drapé, Saule blanc, Peu- pliers blanc et noir, Peupliers tremble ou d’Italie, Argousier des fleuves, colonisent les bords des cours d’eau de l’embrunais. Ripisylve : ensemble des formations boi- sées (arbres et arbustes) aux abords d’un cours d’eau. Ces formations contribuent à lutter contre l’érosion des berges et atté- Argousier des fleuves ou « pétafouère » en patois local Cincle plongeur : facile à observer, il sait Petit gravelot, un visiteur d’été : ce petit nuent les effets ravageurs des fortes crues. jouer avec l’eau vive, dessus comme des- limicole pond parmi les graviers avec les- Elles jouent également un rôle de filtration L’Alpestre est des polluants (engrais, pesticides). Leur sous ! Son observation est possible depuis quels ses œufs se confondent totalement. un papillon ombrage réduit l’évaporation et équilibre la passerelle sur la Durance. vivant le long le développement des algues. Elles consti- des cours d’eau tuent également le refuge de nombreuses montagnards espèces et favorisent leurs déplacements. des Alpes du Sud et des La Pardose de Wagler Pyrénées est une araignée-loup orientales ou Lycose qui ne vit où poussent que sur les rives des saules et cours d’eau ou des lacs. peupliers, Elle pratique la chasse plantes à courre, poursuivant Bergeronnettes grise et des ruisseaux : tout en élégance, elles aiment la proximité de nourricières sa proie jusqu’à épui- l’eau où elles cherchent inlassablement leur nourriture composée de petits invertébrés. des chenilles. sement de celle-ci. 14 15
Les milieux ouverts Le Grand Murin est une chauve-souris eu- ropéenne active la nuit, de la plaine et des coteaux par temps doux. Il fré- quente la mosaïque de boisements et prairies, à proximité de grands édifices, grottes, caves, combles où il s’abrite. Façonnée par l’Homme, cette mosaïque d’habitats naturels Le Hérisson : petit (prairies, pelouses, haies, mammifère omnivore Le Roc plutôt nocturne que mares, petits boisements, nous connaissons tous petites cultures) est riche La ville d’Embrun est juchée sur une ter- est de plus en plus rare. d’une biodiversité que l’on rasse fluvio-glaciaire constituée d’allu- peut observer au quotidien. vions héritées de la dernière grande glacia- L’Araignée-lynx tion, le « poudingue ». Cette roche est un hétérophtalme court et conglomérat de galets et de sable compac- saute dans les grami- Sous le Roc, l’humidité de la Durance et tés au cours du temps. La Durance a large- nées et parfois dans les du fond de vallée bénéficie aux prairies ment érodé ces dépôts laissant aujourd’hui arbustes, chassant à de fauche. De petits bosquets de feuillus, une falaise abrupte de plusieurs dizaines courre en poursuivant des mares, les jardins familiaux, parti- de mètres de haut. Elle constitue l’habitat ses proies. cipent au charme de cette plaine labelli- vertical encore sauvage de nombreuses es- sée Site classé ! pèces rupicoles comme le Faucon créce- La Linyphie triangulaire s’observe faci- relle ou les Choucas des tours. lement abritée dans une toile de chasse La Linyphie triangulaire en nappe. Cultures, prairies, plantes messicoles... Le maillage agricole local enrichit la bio- diversité avec notamment les plantes Mares et Sonneurs messicoles « habitantes des moissons ». Le Sonneur à ventre jaune, petit batracien très rare, est Il convient parmi elles de citer les plus reconnaissable à son ventre marbré de jaune vif et de colorées : Coquelicot, Nielle des blés, Ado- noir ainsi qu’à sa pupille en forme de cœur. C’est une nis d’été et Adonis couleur de feu… Ces espèce pionnière qui colonise les points d’eau souvent plantes, qui naissent et vivent au rythme Sonneur à ventre jaune des cultures, parviennent difficilement à temporaires comme les ornières, les tranchées, les flaques ou les mares peu profondes. Son faible taux de se maintenir dans d’autres conditions. Ces reproduction est compensé par une longévité impor- dernières décennies, leur présence est en tante, jusqu’à plus de 15 ans ! nette régression en France en raison de la modification des pratiques agricoles. Les mares accueillent également la Tétragnathe allongée, Grâce à des modes de culture tradition- une araignée au corps fuselé, présente près des zones hu- nels, Embrun est épargnée et le printemps mides. Elle s’étend sur une tige ou un roseau près de sa offre encore des champs aux mille cou- toile de chasse orbitèle ou régulière. leurs. Tétragnathe allongée 16 17
Les zones urbanisées C’est quoi un lichen ? et les jardins De nombreux lichens peuvent être observés en ville et dans les zones urbanisées lorsqu’il n’y a pas trop de pollution. Parmi les plus visibles sur les troncs d’arbres, la Xanthorie des murailles formant souvent de grandes taches circulaires jaune orangé ou des Physcies et Physconies formant elles de grandes taches circulaires blanches plus ou moins grisâtres. On peut les observer facilement par exemple sur les arbres du jardin de l’archevêché. La biodiversité est aussi dans Classés actuellement parmi les champignons, les lichens sont consti- la cité ! L’été, hirondelles et tués par l’association durable d’une martinets noirs virevoltent en algue verte microscopique (ou d’une rondes infatigables sur les toits cyanobactérie) et de filaments de Xanthoria parietina Physconia distorta de la ville où ils installent leurs Agélène à labyrinthe Martinet Sitelle torchepot champignon. Il existe des échanges donc inutile de vouloir les détruire, et leur nids. Les jardins et les espaces L’Agélène à labyrinthe est une belle arai- entre les deux partenaires leur permet- observation à l’aide d’une simple loupe tant de vivre dans des milieux où ils ne révèle des formes et des couleurs éton- verts hébergent tout un petit gnée très fréquente le long des chemins. pourraient pas vivre séparément. Cette nantes. Les lichens peuvent vivre dans des monde familier : mésanges, On peut l’observer sur sa toile en nappe association permet de créer de nouvelles conditions très difficiles mais ils sont très avec une retraite en forme d’entonnoir. sittelles, papillons… formes et de nouvelles propriétés physio- sensibles à la pollution et en particulier Le Vulcain est un beau papillon de jour, logiques et biochimiques. Elle est donc à la pollution atmosphérique. Le nombre souvent posé sur les murs des maisons créatrice de biodiversité morphologique et d’espèces de lichens diminue en présence pour prendre un bain de soleil ou dans les chimique (des substances chimiques sont de polluants atmosphériques. Une grande jardins pour butiner les fleurs des massifs. fabriquées par le champignon uniquement diversité de lichens est donc le plus sou- Passant l’hiver à l’état de papillon adulte, lorsqu’il est associé à une algue). Il existe vent révélatrice d’une bonne qualité de il ne dédaigne pas se réfugier dans les environ 20 000 espèces de lichens dans le l’air. Une méthode validée scientifique- granges et les maisons pour se protéger monde. Le département des Hautes-Alpes ment permet d’évaluer la qualité de l’air en du froid. Ses chenilles ont besoin pour se renferme au moins 800 espèces (dans l’état estimant la diversité lichénique. L’associa- développer, des orties souvent compagnes actuel de nos connaissances). Les lichens tion Arnica Montana a établi en 2005 une des activités humaines, ou des pariétaires, sont présents à pratiquement toutes les al- carte de qualité globale de l’air d’Embrun à plantes qui poussent dans les interstices titudes et toutes les latitudes sur des sup- l’aide de lichens. Lors d’une pollution azo- des murs. Généralement considérées ports très variés : arbres, sol, rochers, vieux tée (pollution par engrais ou par véhicules comme de la « mauvaise herbes » ces murs … Les lichens qui poussent sur les à moteur), certaines espèces de lichens plantes sont pourtant indispensables à la écorces ne se servent de l’arbre que comme peuvent proliférer et donc révéler ce type survie de nombreux papillons. un support et ne le parasitent pas. Il est de nuisance. 18 19
L’Étage montagnard Les coteaux d’Embrun s’étagent entre 900 et 1 500 m d’altitude. C’est l’espace de l’agriculture de montagne : fourrage, céréales rustiques… Les boisements de l’étage montagnard sont composés de feuillus comme Les lisières jouent ici un rôle écologique majeur, traits d’union entre le Frêne élevé et différents érables (champêtre, plane, sycomore). Le Pin sylvestre est éga- l’agriculture de montagne et les bosquets de feuillus. On y retrouve lement omniprésent dans la région. C’est une essence colonisatrice capable de s’adapter encore le mélange des influences alpines et méditerranéennes. à des sols secs et caillouteux tout comme aux fortes gelées hivernales. Les boisements de Pin noir d’Autriche résultent de plantations menées au XIXe siècle par les forestiers du RTM (Restauration des Terrains en Montagne) destinées à lutter contre l’érosion. Elles ont été principalement installées dans les ravins et sur les terrains instables. La très faible valeur de ces formations en termes de biodiversité comme son rôle d’accueil des chenilles processionnaires doivent conduire l’abandon de son usage. Les pelouses sèches et les landes Une exposition au sud ainsi que des condi- tions climatiques et de sols plutôt arides favorisent le développement de milieux et Le Lézard ocellé d’espèces xérophiles (qui aiment la cha- voilà le plus grand lézard d’Europe avec 55 Érable champêtre Érable plane Érable sycomore leur) comme l’Ophrys abeille et l’Ophrys à 70 cm de longueur ! Ce reptile fréquente bourdon (des orchidées) ou d’autres les milieux chauds du sud de la France, Pin sylvestre plantes comme l’Anthyllide à fleurs pourvu qu’il dispose de nombreuses ca- et Isabelle de France rouges, l’Astragale d’Autriche… D’autres ches (terriers, pierriers). En forte régres- sion, il fait l’objet d’un Plan National d’Ac- Endémique d’Espagne et de France, ce pa- encore sont de vraies montagnardes pillon emblématique des boisements de comme l’Œillet de Séguier. tions en France. Pin sylvestre est connu de la haute vallée de la Durance et de ces affluents ainsi que Le Saltique à arche est une Le Petit duc des Pyrénées orientales. L’isabelle compte Araignée-sauteuse qui chasse L’un des plus petits parmi les plus beaux et les plus gros papillons d’Europe. La dé- La Russule sanguine à vue. En France, elle est une rapaces nocturnes couverte de cette espèce en 1922 dans les Alpes sur la commune est un champignon des deux saltiques à construire (à peine aussi gros de L’Argentière-la-Bessée a suscité pendant plusieurs décen- commun des forêts de une toile. La sienne est en qu’un merle !). Roi nies de nombreuses controverses sur son indigénat. En outre, pins. Le rouge de son forme de voile ou de paravent. du camouflage, son sa forte valeur marchande auprès des collectionneurs a poussé chapeau et sa chair chant nocturne de nombreux chasseurs de papillon à la prélever au point où blanche la rendent La faune est enrichie elle aussi par des es- passe beaucoup des communes ont été obligées de prendre des arrêtés commu- assez facilement pèces méridionales. C’est le cas en particu- moins inaperçu naux comme Château-Queyras en 1974. De nos jours l’Isabelle reconnaissable. Non lier de la Fauvette Orphée, du Petit-duc ou pendant les nuits de est protégée en France et en Europe. La chenille de cette espèce toxique, elle ne semble du rare Lézard ocellé. la belle saison. se nourrit exclusivement de Pin sylvestre. pas très savoureuse. 20 21
L’Étage subalpin : Les mélézins renferment Le Bec-croisé des sapins une flore lichénique très fréquente les flancs boisés intéressante. À la base des du Mont-Guillaume toute la « Taïga alpine » troncs et sur les vieilles l’année. En petites bandes souches de Mélèzes (et bruyantes, ces oiseaux, dont les autres résineux) pousse un mâles sont rouge vif, exploitent lichen verdâtre, en forme les cônes de mélèzes desquels de lames poudreuses : la ils extirpent les graines grâce Parmélie ambiguë. Ce à un bec parfaitement adapté. lichen est un indicateur Avec les mésanges, sittelles, roi- La forêt de conifères, représentative de l’étage subalpin, s’élève de la hauteur moyenne telets et d’autres passereaux, ils jusqu’au-delà de 2 200 m sur les flancs du Mont-Guillaume. de neige. Les usnées, des passent l’hiver vagabondant à la Essentiellement forestier, l’étage subalpin est largement dominé par lichens en forme de che- recherche collective de nourri- le Mélèze en compagnie des Pins sylvestre et à crochets. Le Sapin veux ou de barbes, sont ture. Ce comportement solidaire fréquents sur les troncs en « rondes » multispécifiques parvient ici et là, à occuper quelques secteurs, souvent plus frais. et branches dans les mé- constitue une stratégie très effi- lèzeins et sapinières un cace contre les prédateurs. peu humides. De retour depuis L’Escargot des quelques décen- forêts est une espèce nies seulement, patrimoniale dont la les chevreuils coquille mesure de 12 On peut rencontrer en sous-bois la Cory- ont aujourd’hui à 16 mm de hau- dale intermédiaire, l’Ancolie des Alpes, rejoint la faune teur et 18 à 25 mm la Grande Listère ou encore la Luzule des ongulés de (rarement jusqu’à 28) blanche. la commune de diamètre. On le Dans les pinèdes de Pin sylvestre, dont le chamois trouve dans les forêts le Xystique audacieux, une qui peut être ob- de montagne jusqu’à Araignée-crabe, vit sur les gra- servé en altitude. 2 400 m d’altitude. minées mais aussi sur le tronc des conifères. Elle est visible, les pattes avant Le Mélèze tient son nom français du écartées en position de chasse à l’affût. terme Dauphinois « mel » qui signifie Outre les champignons comestibles miel, douce couleur de ses boisements à recherchés par les ramasseurs, il l’automne. Il est le seul résineux dont les existe bien d’autres espèces moins aiguilles jaunissent à la mi-octobre avant convoitées ! Le Ganoderme du La Chouette La Massue alpine de tomber laissant des arbres à l’aspect mélèze est un champignon rare, chevêchette présente une décharné ! pouvant mesurer jusqu’à 10 cm, est le plus petit coquille allongée Ces boisements clairs laissent pénétrer la poussant uniquement sur le tronc ou rapace de France avec des spires lumière permettant ainsi la prospérité de la souche des mélèzes. (15 à 17 cm). étroites et effilées. nombreuses espèces dont une flore très C’est un oiseau La Spathulaire jaune est un Cet escargot plutôt variée. En outre, la présence d‘arbres âgés, rare dont la vie petit champignon de forme rare affectionne la d’arbres morts ou sénescents, est un gage secrète se cache assez originale poussant sous les litière, les troncs et de richesse spécifique. au fond des bois. conifères de montagne, entre juillet les rochers avec de et novembre. la mousse des bois. 22 23
L’Étage alpin : la « Toundra alpine » L’Épeire cirée La Pisaure Entre 2300 et 2800 mètres d’altitude, les conditions deviennent trop est une très belle admirable chasse à sévères pour les arbres qui laissent ici place aux vastes pelouses araignée qui chasse l’affût abritée dans alpines émaillées d’éboulis. On les retrouve notamment sur l’alpage de sur sa toile orbitèle une fleur ou sur une l’Hivernet où les troupeaux en estive se régalent d’une herbe de qualité. ou régulière tige de graminée. construite dans les graminées ou entre deux arbustes. On Bostryche lunaire la rencontre au- et Dryade à huit pétales dessus de 1 000 m d’altitude. À ces altitudes, la belle saison est très Plus discrètes la curieuse Botryche lunaire courte. Les animaux se hâtent de se repro- et la Dryade à huit pétales peuvent former Parmi les zones humides remarquables duire afin que leurs jeunes bénéficient des de véritables tapis dans les combes à neige présentes en altitude à Embrun, il convient belles journées de l’automne avant que ou sur les épaules ventées. de signaler l’incontournable lac de l’Hiver- tout ce petit monde ne soit plongé dans net. Les Grenouilles rousses y trouvent l’hiver. un lieu de ponte idéal. Il en est de même pour la végétation, Traquet motteux, Accenteur alpin condamnée à une floraison expresse. De- La Méta de Mérian puis les premières fleurs émergeant de la Dès le retour de leurs lointaines contrées s’observe sur sa toile de neige encore présente comme les Solda- africaines d’hivernage, les Traquet mot- chasse régulière près nelles à celles qui ne fleurissent que plus teux regagnent leurs quartiers d’altitude des zones humides et tard en saison, c’est un cortège multicolore où ils vont nicher. Fin avril déjà, les plus même dans les grottes. qui se succède jusqu’aux premières gelées. audacieux s’installent et chantent sur ces territoires restés en hiver. C’est un oiseau plutôt commun et facilement reconnais- sable à son croupion blanc. Il aime se per- cher sur les petites éminences comme les blocs de rocher. Il retrouve ici l’Accenteur alpin et le Pipit spioncelle autres familiers de la toundra alpine. Tout au long de l’été, Aster des Alpes, gentianes, anémones et autres myoso- tis constellent l’alpage de leurs couleurs éclatantes que les conditions locales d’un ensoleillement brûlant leur ont imposées… pour le meilleur ! 24 25
En hiver Les Marmottes se réfu- gient dans leurs terriers pour un long sommeil durant lequel battements cardiaques et température corporelle vont considé- rablement baisser. Cette « éclipse » dure de la mi-octobre à la fin mars. Certains papillons comme le Citron ont la particularité de passer l’hiver à l’état de papillon adulte. À l’abri dans un trou d’arbre ou un tas de bois, le Citron s’est doté d’un antigel au cours de son évolution pour résister aux hivers rigoureux. Ainsi, il n’est pas rare de le voir voler lors des redoux hivernaux en quête des premières fleurs pour an- Les chamois ont préféré adopter noncer l’arrivée du printemps. un pelage foncé très dense. Les conditions hivernales dans Les empreintes l’étage alpin sont sévères. Le froid et la neige ont imposé Ces animaux continuent donc de se déplacer pour se aux espèces sédentaires des nourrir et s’abriter. Pour la plupart, ils se cantonnent à adaptations particulièrement un petit territoire qu’ils arpentent discrètement, attentifs aux risques d’une mauvaise rencontre. ingénieuses, qu’elles soient physiologiques ou Dans la neige fraîche, leurs traces sont souvent visibles comportementales. mais cette écriture est plus ou moins facile à déchiffrer. Selon la densité et la température de la neige, l’empreinte Qu’il s’agisse d’économiser l’énergie en li- sera plus ou moins nette. Traces de lagopède alpin mitant les déplacements, d’accumuler des réserves (écureuils, cassenoix) ou encore C’est d’abord aux traces de pattes que l’on pense, mais de muer pour un pelage ou un plumage bien d’autres indices peuvent laisser deviner la présence plus épais, ils ont trouvé la solution pour de la faune ! Il y a les restes de repas, os, plumes et poils, survivre aux pires conditions ! D’autres enveloppes de graines… Les terriers, les vieux nids et les quittent totalement la région, vers le sud abris creusés dans les arbres morts ou dans la neige… Et pour les oiseaux, ou disparaissent sous puis les excréments de tout ce petit monde discret. terre comme les marmottes ! Il peut être tentant de suivre ces empreintes ... Mais Experts en camouflage, le Lagopède al- mieux vaut s’en abstenir ! Un animal déjà éprouvé par les pin, le Lièvre variable et l’Hermine aban- conditions de vie hivernales sera encore affaibli s’il doit donnent le gris-brun de l’été pour un blanc fuir l’homme, et sa survie peut alors être compromise. immaculé qui les soustraira plus facile- ment à la vue de leurs prédateurs. Iglous et crottiers de lagopèdes alpins 26 27
Les galliformes Le Tétras-lyre ou Coq de Bruyère de montagne Il est présent sur l’ensemble de la chaîne alpine, jusqu’aux Balkans. Chez nous, on le trouve dans la zone de com- bat (au niveau des derniers arbres) où nourriture et refuge lui conviennent. Au printemps, les parades nuptiales de ces oiseaux noirs sont spectacu- laires. On y observe les coqs s’affronter sur des places de chant appelées « Leks » ou « arènes » sur lesquels ils re- viennent année après année. Perdrix bartavelle, Lagopède Le Lagopède alpin Contrairement à ses compagnons d’altitude, alpin, Tétras lyre, cousins la Perdrix bartavelle préfère les versants adrets, secs et ensoleillés où elle occupe une sauvages de nos poules Il ne quitte jamais les étages supérieurs mosaïque de milieux : prairies, pelouses, pe- de la montagne. Son habitat est composé domestiques, sont des tits bosquets, buissons, escarpements rocheux, de landes à arbrisseaux nains et d’ébou- oiseaux plutôt terrestres lis au-dessus de 2 000 m d’altitude. Il y a éboulis. Mâles et femelles arborent le même aux populations généralement 20 000 ans environ, ces oiseaux du froid plumage, dos gris cendré brunâtre, pattes et sédentaires qui coulent une ont suivi le retrait des glaciers qui cou- bec rouges, queue rousse. existence discrète entre 1 600 m vraient l’Europe en grande partie. Les uns peuplent aujourd’hui les zones boréales et 3 000 m d’altitude. Ces oiseaux font l’objet de suivis tandis que les autres se sont retrouvés sur les montagnes des Pyrénées et des Alpes… réguliers par l’Observatoire des Végétariens ou insectivores, leur régime notamment sur le Mont-Guillaume ou à Galliformes de Montagne (OGM) alimentaire est adapté aux conditions Chante-Perdrix ! avec lequel le Parc national des locales et aux saisons. Les tétraonidés Écrins est partenaire et pilote sur (lagopède, tétras-lyre) ont développé des certains sites. adaptations étonnantes : ils sont capables de digérer une partie de la cellulose des aiguilles de conifères, des fragments de petits ligneux et même du bois, tirant pro- fit des rares végétaux disponibles l’hiver ! Pour aller plus loin : « Les galliformes, Poules et Les populations de ces galliformes de coqs de montagne » montagne connaissent une forte régres- Les cahiers thématiques du sion ces dernières décennies que le chan- Parc national gement climatique ne fait qu’aggraver. Territoire des Écrins dec. 2006. 36 pages 28 29
Les milieux rocheux d’altitude Les milieux rocheux de la région sont principalement composés de flyschs. On remarquera un peu partout sur les parois, les strates rubanées de roches sédimentaires superposées en millefeuilles alternant calcaire marnes et grès. Elles sont issues d’avalanches sous-marines au fond d’une mer très ancienne et constituées de matériaux aujourd’hui empilés. < Androsace pubérulente, Androsace pubescente Certains oiseaux se réfugient dans les fa- La Zélote de Thorell laises pour nicher. Ils y sont à l’abri d’une est une araignée nocturne toute noire. partie de leurs prédateurs. C’est le cas du Dans la journée elle s’abrite sous une splendide Tichodrome échelette qui s’y pierre ou un bois mort, dans une loge de nourrit de petits invertébrés en explorant soie. Elle chasse la nuit en utilisant les consciencieusement les anfractuosités. vibrations pour repérer ses proies. Le Crave à bec rouge et le Chocard à bec jaune sont également nicheurs dans cet habitat vertical. Plus étonnant est de retrouver à ces altitudes le Rouge-queue noir, familier des villes et villages. Le Tichodrome échelette est considéré Androsace de Vitaliano Bérardie laineuse comme le joyau des falaises. Son vol, sa Le soulèvement alpin les a transportées forme et ses couleurs en font l’un des plus et hissées en altitude. Avec un peu d’at- La Lycose-renard des Alpes beaux oiseaux d’Europe. tention, on trouvera des ardoises sur est une grande araignée rapide, avec lesquelles figurent des traces sinueuses une grande bande blanche médiane sur témoignant de la présence fossilisée de le corps. Elle appartient à la famille des vers marins (les helminthes). Tour à tour Araignées-loups et vit dans les pierriers siliceuses (le grès) et calcaires, ces roches alpins et dans les pelouses alpines. offrent aux plantes un substrat varié favo- risant une grande diversité. 30 31
Des groupes à la loupe dans le cadre de l’ABC d’Embrun Pour la réalisation de son ABC, la commune d’Embrun a choisi de faire procéder à des investigations complémentaires approfondies pour des groupes très méconnus. Ainsi, des spécialistes ont été recrutés pour réaliser des inventaires sur les araignées, les papillons de nuit et les lichens. Les araignées peuvent être observées à Les papillons de nuit toutes périodes de l’année et dans tous les milieux, des déserts aux îles australes et septentrionales ; une espèce vit même Contrairement aux papillons de dans l’eau, l’Argyronète. Sur la commune jour dénommés aussi rhopalo- d’Embrun 154 espèces ont été réperto- cères, les soi-disant « papillons de riées, mais ce chiffre pourrait largement nuit » ou hétérocères sont actifs être doublé, car aucun inventaire n’a été de nuit ou de jour selon les es- réalisé en hiver, saison la plus riche. Les pèces. Avec près de 5 230 espèces araignées adultes en hiver vivent dans les en France, ils vivent dans tous feuilles mortes. Leur taille dépassant rare- les milieux excepté les milieux ment les 2 mm, on les remarque moins. marins. Certains ont même des chenilles qui vivent sous l’eau ! Contrairement aux papillons de Les lichens jour, ils sont moins appréciés du La prospection n’ayant pas été exhaustive, public alors qu’ils sont pour cer- Les araignées il est difficile de préciser leur nombre sur tains tout aussi colorés et à une Les araignées ne sont pas des insectes, la commune. On peut estimer le nombre exception près, tout aussi inof- mais des arachnides. Elles possèdent 8 d’espèces pour les Hautes-Alpes à au fensifs pour l’homme. En France, pattes et leur corps est divisé en 2 parties. moins 800 (62 pour Embrun connus ac- seule la processionnaire du pin En France, elles sont souvent mal-aimées, tuellement). peut causer des soucis de santé alors que leur venin n’est pas mortel pour à cause de ses poils allergènes. l’homme. À ce jour, 1 765 espèces ont déjà Les lichens sont de très bons indicateurs Actuellement, sur Embrun nous été inventoriées dans notre pays, mais en de la qualité de l’air, de conditions envi- avons inventorié 401 espèces de raison du faible nombre d’arachnologues ronnementales et des changements clima- papillons de nuit. Nous pensons actifs, une vingtaine de nouvelles espèces tiques. qu’il en reste au moins autant à sont découvertes chaque année ! découvrir… 32 33
Les fonctionnalités La trame verte et bleue locale écologiques Commune d’Embrun De plus en plus fréquemment, on peut voir et entendre passer des grues dont le Les êtres vivants sont vol en V est caractéristique. étroitement liés à leurs milieux, La Bondrée apivore, les martinets, les que ce soit pour se nourrir, hirondelles, le Chevalier aboyeur, la pour se déplacer, se protéger Cigogne blanche ou le Héron crabier comptent parmi les migrateurs utili- ou encore se reproduire. sant la Durance comme couloir de Leurs exigences très variables déplacement. Ils font régulièrement dépendent de leur sensibilité et une halte sur la commune. À cet de leur possibilité d’adaptation. égard, le Plan d’eau et plus lar- gement le lac de Serre-Pon- çon constituent de belles La prise en compte de l’ensemble de ces D’une façon plus simple, on cherche à opportunités de repos et besoins est complexe mais essentielle connaître le fonctionnement du territoire de nourrissage. pour préserver et favoriser la biodiversité. en fonction des espèces connues et de Limiter ou contraindre les déplacements, leurs besoins. Certaines dites « indica- Il existe des interac- réduire ou détruire un habitat de repro- trices » ont été choisies pour être repré- tions entre des es- duction ou un habitat de repos peut avoir sentatives de plusieurs autres aux exi- pèces vivantes très des conséquences très importantes pour gences écologiques comparables. éloignées au ni- de nombreuses espèces. veau « liens de pa- De nombreux enjeux existent ainsi pour renté », comme par Afin de répondre à ces exigences, plu- le territoire de la commune d’Embrun, exemple entre oiseaux sieurs notions ont été retenues comme notamment pour les déplacements de la et lichens. De nombreux la définition de « fonctionnalités écolo- faune et de la flore. La vallée de la Durance oiseaux utilisent des giques », de « réservoirs de biodiversi- constitue un axe de transit très important lichens pour construire ou té » ou de « corridors » qui peuvent être que ce soit pour des déplacements locaux dissimuler leurs nids… Des prises en compte à l’échelle d’une com- comme pour des migrations beaucoup études ont montré que la dis- mune, d’une intercommunalité, mais plus importantes. C’est un trait d’union parition de lichens sous l’effet de aussi d’un département, d’une région, entre les Alpes et la zone méditerranéenne. la pollution atmosphérique peut d’un pays, voire de plusieurs continents avoir une répercussion négative sur pour le cas des grandes migrations par les populations d’oiseaux. Il est donc exemple. Ainsi, pour Embrun, la réflexion nécessaire de préserver l’ensemble de a été étendue au-delà afin par exemple de la biodiversité et non pas seulement préciser le rôle de la vallée de la Durance quelques espèces ou groupes « emblé- pour la migration. matiques ». 34 35
Les espèces Les espèces patrimoniales invasives Une espèce dite patrimoniale présente une importance particulière. Cette importance On parle d’invasives pour peut être considérée pour des raisons les espèces au fort pouvoir écologiques, scientifiques, de rareté mais colonisateur qui ne sont aussi culturelles. naturellement pas présentes Une espèce patrimoniale n’est pas sur le territoire considéré. nécessairement protégée par la loi ! Certaines présentent des stratégies d’adaptation et/ou Le Pigamon simple : espèce de prairies plus ou moins humides de colonisation pouvant être fortement nuisibles à la faune et Le Calicium notarisii est un lichen rare La Renouée du Japon, le Faux vernis du en France et peut être considéré comme à la flore locale. Japon, l’Arbre à papillon ou encore le Ro- patrimonial d’intérêt national, en danger binier pseudo-acacia sont des exemples d’extinction. Il est verruqueux, en forme de végétaux invasifs présents sur Em- de croûte jaune verdâtre, avec des taches brun. Des mesures de gestion devront être noires (apothécies) non pruineuses. Il se mises en place pour éradiquer leur déve- trouve sur bois, écorces de feuillus et de loppement. conifères dans des endroits bien éclai- La Renouée du Japon est une plante très rés, souvent un peu humides jusque dans compétitrice à port buissonnant. Elle pos- l’étage subalpin. sède des tiges souterraines pouvant at- teindre 15 à 20 m de long et pénétrer dans La Pédiculaire des marais : espèce des marécages et prairies tourbeuses le sol jusqu’à 2-3 mètres de profondeur. Dans son pays d’origine, l’Asie orientale, Pour la commune d’Embrun, la diversité elle colonise les pentes des volcans. En est telle que les espèces patrimoniales L’Hélicelle des Balkans est un escargot France et en Europe, elle forme des peu- sont nombreuses ! Ainsi 223 parmi celles terrestre de taille moyenne, de coloration plements étendus principalement sur les recensées sur le territoire sont protégées Enfin, d’autres espèces peuvent également entièrement blanche et ayant la particula- rives des cours d’eau, les alluvions… Ces dont 47 sont considérées comme mena- être considérées comme patrimoniales rité de monter sur la végétation (ou tout peuplements nuisent au développement cées en région SUD avec 4 d’entre elles en pour la commune comme le Gaillet des autre support disponible) afin de lutter de la flore locale (notamment herbacée), danger critique, 14 en danger et 25 autres marais, le Pigamon simple ou la Vesce contre les températures excessives du sol. modifient les peuplements de macro- menacées à l’échelle de la France. Cer- des moissons. Invasif originaire des Balkans, il se pro- faune (escargots, mille-pattes, araignées, taines, notamment parmi les oiseaux, sont page sous l’action de l’homme (qui reste insectes…) et peuvent entraîner des pol- simplement de passage sur la commune. Le Sonneur à ventre jaune et la Pédicu- sont principal vecteur de diffusion) et se lutions organiques de l’eau. En outre, elles C’est le cas pour le Fuligule morillon ou le laire des marais sont des espèces en dan- retrouve communément le long des axes dégradent les habitats des amphibiens, Blongios nain ger en région SUD. routiers et sur les sites les plus touris- participent à la création d’embâcles et li- tiques… mitent l’accès aux rives des cours d’eau. 36 37
Favoriser la biodiversité Différentes actions et aménagements sont et seront engagés par la commune, permettant de Isabelle de France favoriser la biodiversité. Elles sont mises en Petites constructions • Favoriser la diversité et les espèces Différents petits aménagements peuvent locales dans les haies, les prairies, parti- œuvre dans le cadre Éclairage être mis en place afin de favoriser l’accueil cipe à diversifier la faune ; d’aménagements publics Dans un esprit d’atténuation des effets de la vie sauvage : nichoirs, petits hôtels à • Tondre tardivement ou encore laisser mais sont également néfastes sur la vie nocturne (insectes, insectes ou tout simplement en laissant des secteurs non fauchés à l’attention proposées pour les chauves-souris) et d’économie d’éner- sur place des tas de vieilles branches, de des insectes pollinisateurs. gie, la commune s’est engagée dans un pierres ou de feuilles mortes. pratiques agricoles et programme de réduction progressive de La commune sollicitera le concours du L’agriculture locale reste très largement même individuelles. l’éclairage public en aménageant les ho- monde associatif qui fourmille d’idées ori- inspirée de pratiques respectant l’envi- raires de fonctionnement, l’intensité lu- ginales et efficaces. Plusieurs structures ronnement. Les exploitations seront en- mineuse, l‘orientation des réverbères et la locales dont la Ligue de protection des couragées à maintenir ou améliorer leur couleur de l’éclairage. oiseaux ont déjà contribué à améliorer les fonctionnement pour un bénéfice mutuel choses. de la Nature et d’une production agricole Bâtiments, chauves-souris, de qualité. hirondelles, martinets La biodiversité au jardin De nombreux petits gestes peuvent être Urbanisme Les bâtiments existants sont souvent fa- réalisés au jardin : Il conviendra d’inscrire une « préoccupa- vorables à l’accueil des chauves-souris ou tion environnementale » systématique des oiseaux. Des aménagements simples • Attirer les insectes pollinisateurs ou dans les documents d’urbanisme. En permettent de les accueillir sans provo- les auxiliaires de culture permet de fa- effet et l’expérience l’a prouvé, prendre quer d’effets indésirables. Ils seront mis en voriser les équilibres biologiques en évi- conscience en amont des enjeux de biodi- œuvre ou favorisés. tant ainsi des maladies pour les plantes versité facilite leur prise en compte et peut cultivées et en limitant les insectes non éviter de fâcheux désagréments ensuite. désirables ; Tarier des prés 38 39
Itinéraires pédestres Tour du Roc Tour du Plan d’eau Distance Dénivelée Durée Difficulté Distance Dénivelée Durée Difficulté 4,3 km + 80 m 1 h 30 aucune 2,5 km 0m 40 mn aucune Le « Tour du Roc » chemine entre Tôt le matin comme au soleil ville, falaise et campagne. Pro- couchant, cette balade au fil menade bucolique et variée, elle de l’eau sur tout son parcours permet d’apprécier la proximité invite à la contemplation des d’une cité à la longue histoire avec montagnes qui la dominent. des espaces naturels agricoles (la Au bout du Plan d’eau, le Plaine), la Durance ou encore avec paysage s’ouvre à l’ouest tout un petit monde sauvage et sur le Lac de Serre-ponçon discret réfugié dans les à-pics du et la vallée de la Durance Roc. Randonnée facile, elle est ac- qui bientôt rejoindra la Pro- cessible en toutes saisons. vence. Jogging, poussette ou marche curieuse, le lieu invite à la sérénité et au res- sourcement. 40 41
Atlas de la Réalisation : Mairie d’Embrun • Coordination : MONTECO • Conception graphique : Le naturographe • Impression sur papier recyclé • Livret gratuit. Biodiversité Communale L e dérèglement climatique et l’érosion de la biodiversité sur notre planète ne sont plus une hypothèse, ils constituent aujourd’hui une réalité préoccupante. Face à cette situation, il est impératif de réagir. Les dirigeants bien sûr, mais aussi chacune et chacun d’entre nous. Ce constat a justifié l’engagement de la commune d’Embrun dans la réalisation d’un document rassemblant l’ensemble des connaissances sur la faune et la flore de son territoire. C’est dans le cadre d’un programme national initié par l’Office Français de la Biodiversité (OFB) que ce projet a pu être mené à bien sous la forme de cette publication : un Atlas de la Biodiversité communale. Les bilans présentés dans ce livret témoignent d’une grande richesse biologique. Elle est le fruit de la situation géographique privilégiée de la commune, un pied en Provence et la tête près des neiges éternelles, d’un climat exceptionnel et d’une nature encore préservée. L’appartenance d’Embrun au Parc national des Écrins est une reconnaissance de la qualité de son environnement. L’étagement de la végétation et l’altitude ont servi de fil conducteur à cet ouvrage pour la découverte du petit monde discret qui peuple le cœur de notre ville comme les lieux les plus retirés de la montagne. Des araignées aux chamois, du lézard ocellé au lagopède alpin, des lichens aux papillons de nuit, le bruissement de la vie vibre encore à Embrun. Faisons en sorte, ensemble, pour que nos enfants profitent eux aussi de notre chance.
Vous pouvez aussi lire