ANTHROPOLOGIE JURIDIQUE - FSJP/UCAD Cours de Mme Fatou Kiné CAMARA

ANTHROPOLOGIE JURIDIQUE
        Cours de Mme Fatou Kiné CAMARA,
               Docteure d’État en Droit,
          Maîtresse de Conférences titulaire
                    FSJP/UCAD
Master 1 Recherches Droit privé et sciences criminelles
             Option Carrières judiciaires
                  Année 2020/2021

ANTHROPOLOGIE JURIDIQUE

• I. Définition du concept
• II. La démarche anthropologique
  (l’explication du Droit)
• III. Les enjeux de l’anthropologie
  (utilité)
• IV. Les outils de l’anthropologie
  juridique
         F. K. CAMARA ANTHROPOLOGIE JURIDIQUE Master 1 2020/2021   2

ANTHROPOLOGIE JURIDIQUE - DEFINITION

• Anthrôpos (grec), homme
• Logos (grec), discours.
• Science qui a pour objet « l’étude
  du groupe humain considéré
   – dans son ensemble,
   – dans ses détails et
   – dans ses rapports avec le reste de la
     nature. »
Paul BROCA, considéré comme le fondateur de
l’anthropologie, crée la société d’anthropologie en 1959, cité
par Le Robert
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ANTHROPOLOGIE JURIDIQUE

II. La démarche anthropologique
        (l’explication du Droit)

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II. LA DÉMARCHE ANTHROPOLOGIQUE

L’anthropologie juridique recherche
l’explication du Droit par l’étude du
groupe humain qui a produit ce Droit, à
travers notamment sa/ses :
• Langue,
• Coutumes,
• Pratiques,
• Croyances,
• Mythes,
• Institutions.
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II. LA DÉMARCHE ANTHROPOLOGIQUE
                      (l’explication du Droit)

• L’imaginaire d’une société et sa
  représentation du monde a forcément
  un effet sur le Droit.
• Le Droit traduit une vision du monde.
• L’étude anthropologique recherche
  quelle est cette vision et la dévoile.
Exercice
•   Lire et résumer : Michel ALLIOT , « Anthropologie et juristique. Sur les
    conditions de l’élaboration d'une science du droit », Bulletin de liaison du
    LAJP, n' 6, 1983, pp. 83-117
    http://www.dhdi.free.fr/recherches/theoriedroit/articles/alliotanthropetjur.htm
    (consulté le 21 mai 2021)

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                                 2020/2021

II. LA DÉMARCHE ANTHROPOLOGIQUE
                             (l’explication du Droit)

•   La discipline repose sur les constats suivants :
  – Il existe des manières différentes de concevoir et de
       vivre le Droit ;
  – Chaque culture juridique est nourrie par sa propre
       histoire et non par celle des autres.
  – les pratiques et les discours juridiques révèlent des
       systèmes de représentations différents du Droit.
Exercice
•   Lire et résumer : Caroline PLANÇON, « Culture juridique. Approches
    comparatistes Québec-Sénégal. Rapport avec la francophonie » paru dans
    BISANSWA Justin K. et TÉTU Michel (dir.), "Francophonie en Amérique"
    Quatre siècles d'échange. Europe-Afrique-Amérique" Actes du colloque
    "Francophonie en Amérique" organisé à Québec les 26-29 mai 2003, Québec,
    CIDEF-AFI, 2005, 288p, p. 221-234
    http://www.dhdi.free.fr/recherches/theoriedroit/articles/carolineculturejuridique.
    htm (consulté le 23 mai 2021).

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II. LA DÉMARCHE ANTHROPOLOGIQUE
                             (l’explication du Droit)

• Une institution n'a de sens que par rapport à
  l'univers dans lequel on l'observe.
• « Qui veut comprendre la forme et le sens
  des institutions juridiques d'une société a
  donc intérêt à les rapporter non aux
  institutions de sa propre société - le
  rapprochement serait superficiel - mais à
  l'univers de celle dans laquelle il les
  observe.» Michel ALLIOT, « Anthropologie et juristique
  .. » op. cit. loc. cit.

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II. LA DÉMARCHE ANTHROPOLOGIQUE (l’explication du Droit)

• « La loi n'a ni la même expression ni la même signification
  en Chine, en Afrique noire, en pays d'Islam ou en France ;
• « on pourrait dire la même chose
   – du rapport de l'homme à la terre
   – ou aux richesses,
   – de la parenté et
   – de tous les actes qui, tels le vol, l'adultère ou le meurtre,
     sont ici des délits et là des devoirs.» M. ALLIOT, « Anthropologie
      et juristique .. » op. cit. loc. cit.
   Exercice : Lire et résumer
   Bernadette MENU, « Maât, ordre social et inégalités dans l’Égypte
   ancienne », Droit et cultures, 69 | 2015,
   https://journals.openedition.org/droitcultures/3510 (consulté le 3 février 2019)
   Yoporeka SOMET, « La pensée morale égyptienne du IIIe millénaire avant l’ère
   chrétienne », Revue ANKH, n°12-13, 2003-2004, pp. 13-25.
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II. LA DÉMARCHE ANTHROPOLOGIQUE
                            (l’explication du Droit)

• « L’anthropologie aide à faire apparaître cette
  diversité, du moins lorsqu'elle postule que
  chaque société construit son propre
  univers. » Michel ALLIOT, « Anthropologie et juristique
   .. » op. cit. loc. cit.
• Lire
Cheikh Anta DIOP, L’Afrique noire précoloniale, Présence africaine, Paris
• Exercice : Lire et résumer
Michel ALLIOT, « Modèles sociétaux : les communautés », Bulletin de
liaison du LAJP, n° 2, 1980, pp. 87-93,
http://www.dhdi.free.fr/recherches/theoriedroit/articles/alliotcommunautes.htm
(consulté le 25 mai 2021)

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II. LA DÉMARCHE ANTHROPOLOGIQUE
                      (l’explication du Droit)
•    La condition de ce peuple est étonnante, et ses mœurs
     sont bizarres. Quant aux hommes, ils ne sont nullement
     jaloux de leurs épouses ; aucun d’eux ne se nomme
     d’après son père ; mais chacun rattache sa généalogie à
     son oncle maternel. L’héritage est recueilli par les fils de la
     sœur du décédé, à l’exclusion de ses propres enfants.
Ibn Battûta, Voyages, III. Inde, Extrême-Orient, Espagne et Soudan, éd. La
      Découverte/Poche, Paris 1997, p. 403.
Exercice : Lire le texte, en souligner et en expliquer les informations
     pertinentes du point de vue anthropologique
Ibn Battûta, Voyages, III. Inde, Extrême-Orient, Espagne et Soudan, éd. La
      Découverte/Poche, Paris 1997, pp. 331 à 430,
     http://classiques.uqac.ca/classiques/ibn_battuta/voyages_tome_III/ibn
     _battuta_t3.pdf (consulté le 25 mai 2021).

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II. LA DÉMARCHE ANTHROPOLOGIQUE
                   (l’explication du Droit)
• Qu’est-ce qui explique que dans certaines
  sociétés ce soit le père qui transmette son nom
  à son enfant tandis que dans d’autres sociétés
  l’enfant porte le nom de famille de sa mère ?
• La réalité biologique est la même dans les deux
  cas : c’est la femme qui a porté l’enfant et en a
  accouché.
• La différence de normes n’est donc pas à
  rechercher dans le biologique mais dans le
  culturel.
• Exercice : Lire et résumer
• Théophile OBENGA, « Sexualité, amour et mariage en Égypte et en
  Grèce dans l'antiquité », ANKH revue d’égyptologie et de
  civilisations africaines, n°12-13, 2003-2004, pp. 48-63.
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ANTHROPOLOGIE JURIDIQUE

  III. Les Enjeux de l’étude
     anthropologique (utilité)

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III. Les enjeux de l’anthropologie juridique

•     Qu’apportent les études d’anthropologie
      juridique ?
•     Une meilleure compréhension de sa
      société
•     Une vision plus claire des intérêts et des
      réalités sociales qui se cachent derrière
      les règles de droit = l’envers du « décor
      juridique ».
•     Le décalage entre la réalité et l’illusion
      que portent les « discours juridiques ».
Cf. Caroline PLANÇON, op. cit. loc. cit.

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III. Les enjeux de l’anthropologie juridique
Le décalage entre la réalité et les « discours juridiques »
• «… par exemple les luttes et les consensus qui lient ceux
  qui sont à la tête de l'Etat, hauts fonctionnaires et politiques,
  et les corps, les partis ou les syndicats auxquels ils
  appartiennent,
• ou bien les luttes et les consensus qui, entre gens d'un
  même village, aboutissent à traiter les problèmes et régler
  les conflits hors de toute intervention étatique.
• Occultés par le droit officiel, absents de nos manuels, ces
  phénomènes ne peuvent être évacués d'une science du
  droit. » Michel ALLIOT, « Anthropologie et juristique .. » op.
  cit. loc. cit.

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III. Les enjeux de l’anthropologie juridique
• « Le droit comme un édifice cohérent, complet et achevé (même s'il est
  susceptible de quelques améliorations par aménagements internes)
  constitue l'une des manifestations occidentales du phénomène juridique.
  Elle a des parallèles ailleurs, en Islam par exemple. » Michel ALLIOT,
  « Anthropologie et juristique.. », op. cit. loc. cit.
• Exercice : Commentez la citation.
•   Lire
•   O. BEAUREGARD, « La justice et les tribunaux dans l'ancienne Egypte », Bulletins de la Société
    d'anthropologie de Paris, IV° Série. Tome 1, 1890,
    file:///C:/Users/c_fat/Desktop/CLE%20USB%20ACTUALISEE/EGYPTE%20ANCIENNE/INSTITUTIONS%2
    0JUD/JUSTICE%20ET%20TRIBUNAUX%20ANCIENNE%20EGYPTE%20BEAUREGARD.pdf (consulté le
    26 octobre 2018)
•   Eugène REVILLOUT, Les origines égyptiennes du droit civil romain,
    https://archive.org/stream/lesoriginesgyp00reviuoft/lesoriginesgyp00reviuoft_djvu.txt (consulté le 26 janvier
    2018).
•   J.-J. THONISSEN, « Études sur l'organisation judiciaire, les lois pénales et la procédure criminelle de
    l'ancienne Égypte», Revue historique de droit français et étranger (1855-1869), Vol. 14 (1868) , Editions
    Dalloz. https://www.jstor.org/stable/43841291?seq=1#metadata_info_tab_contents (consulté le 25 mai
    2021)

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III. Les enjeux de l’anthropologie juridique
• « L’anthropologie du droit met à nu les modèles sociaux qu'on peut
   entrevoir derrière le droit ou son application. » Michel ALLIOT,
   « Anthropologie et juristique… », op. cit. loc. cit.
• Ces modèles sociaux sont notamment :
• La distinction entre, d’un côté les sociétés dont les membres se
   prennent totalement en charge et, de l’autre, les sociétés dont les
   membres s’en remettent à une autorité supérieure. Cf. M. ALLIOT,
   « Anthropologie et juristique… », op. cit. loc. cit.)
• La différence entre les sociétés matriarcales et les sociétés patriarcales
   exposée par Cheikh Anta DIOP.
Lire
•   Cheikh Anta DIOP, L’unité culturelle de l’Afrique noire – Domaines du patriarcat
    et du matriarcat dans l’Antiquité classique, Présence africaine, 1982, Paris.
•   Yoporeka SOMET, L’Egypte ancienne, un système africain du monde, préface
    de Théophile OBENGA, postface de Stephen QUIRKE, Teham édition, France
    2018.

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III. Les enjeux de l’anthropologie juridique

• L’anthropologie du droit permet également
  d’identifier les normes et les institutions qui sont
  des éléments d’emprunt ou d’acculturation.
• Un emprunt à un système juridique étranger de
  certaines de ses règles et institutions juridiques
  peut se faire mais sans que la greffe ne prenne,
  c’est-à-dire sans que les populations les acceptent.
• Contrairement à l’emprunt, l’acculturation suppose
  une véritable "appropriation" source d’acceptation
  de la norme, quand bien même elle viendrait de
  l’extérieur.
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III. Les enjeux de l’anthropologie juridique

• L'acculturation est une "transformation
  globale d'un système juridique due au
  contact d'un système différent." (ex.
  arabisation, occidentalisation)
• Elle se distingue de l'emprunt qui porte
  seulement « sur une institution
  particulière. » Michel ALLIOT, "L'acculturation juridique", in
  POIRIER, J. (dir.) Ethnologie générale, Paris, Gallimard, 1968, p. 1180-
  1236, p. 1181 (citée par Plançon 2005).

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III. Les enjeux de l’anthropologie juridique
• « [L’acculturation est un] phénomène plus actif de la
  part des gouvernés qui s'approprient des
  techniques juridiques qui servent leurs objectifs et
  leurs intérêts.
• « Il a des conséquences sur la perception et
  l'acceptation qu'on a du droit dans la société où l'on
  vit.
• « [L]e niveau d'acceptation du droit détermine la
  légitimité du droit, c'est-à-dire la propension que
  l'on ressent à vouloir s'y soumettre. » Caroline
  PLANÇON, op. cit. loc. cit.

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III. Les enjeux de l’anthropologie juridique
• «La légitimité du droit est un facteur
 essentiel pour la viabilité de la vie
 en société, tout simplement parce
 qu'elle induit non pas un sentiment
 d'obéissance subie mais un
 sentiment actif de respect des
 relations juridiques et sociales. »
 Caroline PLANÇON, op. cit. loc. cit.

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ANTHROPOLOGIE JURIDIQUE

IV. Les outils de l’anthropologie juridique

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Les outils de l’anthropologie juridique

• La littérature sacrée : les mythes, les récits cosmogoniques ;
• Les livres saints ;
• La littérature populaire : les contes et légendes, les romans
  et pièces de théâtre, les fables, poèmes, adages, proverbes
  …;
• Les objets culturels et cultuels, pièces d’artisanat et œuvres
  d’art ;
• Les plans d’urbanisation ;
• Le plan des habitats ;
• Les règles de droit et leur source (us et coutume, textes
  parlementaires, jurisprudence, pratiques d’un groupe donné
  …)

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IV. Les outils de l’anthropologie juridique
• L’ ÉTUDE DES MYTHES GÉNÉSIQUES, c’est-à-
  dire
• le récit que chaque peuple livre de la création du
  monde ;
• l'explication fondamentale qu’il donne des origines
  du Dieu unique ou des dieux, des hommes et des
  institutions,
• « aide à découvrir ces différences que la seule
  observation des institutions ne permet pas de
  deviner. » Michel ALLIOT, « Anthropologie et
  juristique .. » op. cit. loc. cit.

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IV. Les outils de l’anthropologie juridique
• « Pour toute société, le monde invisible explique le
  monde visible : il lui donne cohérence et sens.
• D'où l'importance :
• de la parole par laquelle l'invisible se manifeste
  dans le visible
• des rites qui permettent au visible d'agir sur
  l'invisible.
• D'où l'importance aussi de se référer à l'invisible
  pour comprendre le monde visible non seulement
  dans son ensemble mais aussi dans chacune de
  ses manifestations. » Michel ALLIOT, « Anthropologie et
  juristique .. » op. cit. loc. cit.
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IV. Les outils de l’anthropologie juridique
                       LES MYTHES
• Il y a trois types d’explications du monde visible :
1. « monde incréé dans la tradition chinoise,
2. monde créé dans la tradition égyptienne et africaine
   mais par une divinité qui ne s'est que
   progressivement distinguée de lui,
3. Monde, de la tradition du livre, soumis à un Dieu
   radicalement distinct auquel il doit sa création à
   l'origine et à chaque instant de façon continue.
• Une telle divergence dans l'explication du monde
   ne saurait être écartée par quiconque cherche à
   comprendre les phénomènes juridiques. » Alliot
   1983
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IV. Les outils de l’anthropologie juridique - LES MYTHES
• « Le mythe est une fresque, un langage symbolique dont le
  décryptage rend compte de l’organisation sociale. » Ahmeth
  DIOUF, La gens de droit maternel ou la famille matriarcale, L’Harmattan,
  Sénégal 2016, p. 26.
• Les mythes sont les traces mémorielles des formes sociales
  des communautés linguistiques où ils sont transmis. Cela est
  rappelé par la formule d’ouverture des « contes » wolof dont
  la signification essentielle a été redécouverte par A. DIOUF :
• « léeboon ; lipoon ; léppoon ; léeb= récit, oon, particule du
  passé ; léeboon veut dire « le récit du passé » ; lip = cordon
  ombilical, oon, particule du passé, lipoon nous donne le
  cordon ombilical initial ; lépp = tout, oon, particule du passé,
  l’expression nous donne : tout du passé ; toute la formule
  d’ouverture du mythe nous donne : « le récit de tout le passé
  depuis le cordon ombilical du passé». Ahmeth DIOUF, La gens de
  droit maternel ou la famille matriarcale, op. cit., p. 20.              27
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IV. Les outils de l’anthropologie juridique
                           LES ADAGES
•   Dura lex sed lex (« La loi est dure mais c’est la loi ») adage
    latin = La justice occidentale repose sur l’application de la
    loi, quelle qu’elle soit, même si elle conduit à une solution
    injuste, inacceptable.
•   Elle s’impose donc par la contrainte.
•   Car qui fait la loi ? Sur quoi repose-t-elle (la morale,
    l’équité, le consensus ou : le rapport de force, la majorité
    parlementaire …)?
•   Atte ? Dëgg ! (« (Comment)Trancher un litige ? (En
    appliquant) La vérité !) adage wolof = La justice africaine
    est fondée sur la recherche et l’application de la vérité =
    l’équité telle que révélée par les faits
•   Dëgg puso bu réer la (« La vérité est une aiguille égarée »)
    adage wolof
•   Si la Justice sert à appliquer la Vérité et si la Vérité est une
    aiguille alors la Justice, comme l’aiguille, sert à rassembler
    les parties déchirées = Réconcilier = source d’harmonie.
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IV. Les outils de l’anthropologie juridique
                             LES ADAGES
•      Homo homini lupus (« L’homme est un loup pour l’homme ») adage latin
       = L’homme est un prédateur, tous les êtres humains plus faibles sont ses
       proies = la loi du plus fort – Les civilisations esclavagistes / patriarcales.
Exercice
Lire, souligner et expliquer les éléments significatifs du point de vue anthropologique
 ARISTOTE, Politique, Livre 1er, chap. 1er – De l'État ; Éléments de la famille ;
    chap. 2 – Théorie de l’esclavage naturel …, trad. BARTHÉLEMY SAINT-
    HILAIRE, http://remacle.org/bloodwolf/philosophes/Aristote/politique1.htm
    (consulté le 6 février 2021).
 Discours de Caton pour le maintien de la loi Oppia, http://www.antiquite.ac-
    versailles.fr/femme/femrom07.htm (consulté le 16 janvier 2018).
 Code noir ou Recueil d’édits, déclarations et arrêts concernant les esclaves
    nègres de l’Amérique,
    http://www.axl.cefan.ulaval.ca/amsudant/guyanefr1685.htm (consulté le 24 mai
    2021)
 Le loup et l’agneau d’ESOPE,
    http://cultures.en.tic.free.fr/IMG/pdf/Reecritures_de_Fables.pdf (consulté le 24
    mai 2021)
ESOPE > Aethiops = Ethiopien = le nom donné aux Africains par les Grecs dans
l’Antiquité cf. « Empr. au lat. class. Aethiops, gr. Α ι ̓ θ ι ́ ο ψ « Éthiopien »
proprement « qui a le visage brûlé », en raison de la couleur noire de ce corps. », La
langue française, https://www.lalanguefrancaise.com/dictionnaire/definition/ethiops
(consulté le 24 mai 2021),
                                                                                  29
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IV. Les outils de l’anthropologie juridique
•       Nit nitey garabam! (« L’homme est le salut de l’homme ! ») adage wolof =
        Le bien-être repose sur la solidarité humaine – Les civilisations humanistes /
        matriarcales.
Exercice
Lire, souligner et expliquer les éléments significatifs du point de vue anthropologique
 Le Serment du Mandé ou Déclaration des chasseurs, https://jaga.afrique-
    gouvernance.net/_docs/la_charte_du_mand_.pdf (consulté le 23 mai 2021)
 La Charte de Kurukan Fuga, https://jaga.afrique-
    gouvernance.net/_docs/la_charte_de_kurukan_fuga1.pdf (consulté le 24 mai
    2021)
 Yoporeka SOMET, « La pensée morale égyptienne du IIIe millénaire avant l’ère
    chrétienne » ANKH, revue d’égyptologie et des civilisations africaines, n°12/13,
    2003-2004, pp. 13-25.
Lire
• CELTHO, La Charte de Kurukan Fuga – Aux sources d’une pensée politique en
    Afrique, S.A.E.C. et L’Harmattan, Paris 2008
• Youssouf Tata CISSE, La Charte du Manden, Tome 1, Du serment des chasseurs
    à l’abolition de l’esclavage (1212-1222), éditions Triangle Dankoun, 2015
• La Charte du Mandé et autres traditions du Mali, traduit par Youssouf Tata CISSE
    et Jean-Louis SAGOT-DUFAUVROUX, Albin Michel, Paris, 2003

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                F. K. CAMARA ANTHROPOLOGIE JURIDIQUE Master 1 2020/2021

Anthropologie juridique

Exercice :
• Cherchez des récits cosmogoniques,
   des proverbes, des contes, des
   légendes, des fables, des œuvres d’art
   … vous permettant d’illustrer la vision
   différente du monde, des relations
   humaines, de la relation à la terre ou
   aux animaux, etc. suivant les cultures.
• Exposez les incidences de chaque
   vision du monde dans le domaine du
   Droit.

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Anthropologie juridique

• Cheikh Anta DIOP :
• « Le grand mérite de Théophile Obenga est d’avoir compris
   que le chercheur africain n’a pas le droit de faire l’économie
   d’une formation technique suffisante qui lui ouvre l’accès aux
   débats scientifiques les plus élevés de notre temps, où se
   scelle l’univers culturel de son pays. (…) En effet, on doit
   dire aux générations qui s’ouvrent à la recherche : armez-
   vous de science jusqu’aux dents et allez arracher, sans
   ménagements, des mains des « usurpateurs » le bien
   culturel de l’Afrique dont nous avons été si longtemps
   frustrés… »
Préface dans T. OBENGA, L’Afrique dans l’Antiquité : Égypte
pharaonique – Afrique noire, Présence Africaine, Paris 1973,
p. IX.
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Anthropologie juridique
Che

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