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Architecture et patrimoines : nouveaux risques, nouvelles réponses 3 et 4 mars 2021 Résumés des communications Axe 1 ANTICIPER, ADAPTER Communications : Mounir BOUCHENAKI Mounir Bouchenaki a été élu Directeur général de l’ICCROM (Centre international d’étude pour la préservation et la restauration des biens culturels) en novembre 2005 et a agi à ce titre jusqu’au 31 décembre 2011. Sa nomination à l’ICCROM faisait suite à une longue carrière à l’UNESCO, où il a été Sous-Directeur général pour la Culture de fin 1999 à début 2006. Auparavant, M. Bouchenaki avait été directeur de la Division du Patrimoine culturel et Directeur du Centre du patrimoine mondial à l’UNESCO, et dans son pays d’origine l’Algérie, Directeur des Antiquités, Musées et Monuments historiques au Ministère algérien de la Culture et de l’Information. En qualité de retraité de l’UNESCO, il a contribué à la mise en place et au lancement en 2013 à Bahreïn du Centre Régional Arabe pour le Patrimoine Mondial, en tant que Centre Catégorie II de l’UNESCO. M. Bouchenaki est titulaire d’un doctorat en archéologie et histoire ancienne de la Faculté des Arts d’Aix-en-Provence. Il a été nommé, Officier, Chevalier et Commandeur des Arts et Lettres par le Ministère de la Culture et a reçu le titre de Chevalier de la Légion d’Honneur. Il est membre du groupe d’experts ad hoc pour le site d’Angkor et membre du groupe d’experts pour la reconstruction de la Mosquée Al Nouri à Mosul et des deux Eglises détruites par Daech. Il est actuellement conseiller de la Directrice générale de l’UNESCO pour le patrimoine culturel. La destruction intentionnelle du Patrimoine Culturel à l’époque contemporaine. Comme l’a souligné Mme Irina Bokova, ancienne Directrice générale de l’UNESCO, « jamais dans l’histoire récente le patrimoine de l’humanité n’a été détruit comme actuellement au Moyen-Orient. Le patrimoine culturel a toujours été défiguré par les guerres successives mais il est devenu depuis quelques années la cible privilégiée des groupes terroristes. Outre les sites dévastés par les actions militaires, extrémistes ou terroristes, il s’agit aussi de lutter contre le trafic d’objets d’arts et contre les fouilles archéologiques clandestines qui sévissent dans ces pays où souffle un vent de violence inouïe. A l’issue de la seconde guerre mondiale, le monde découvre avec stupeur l’étendue des désastres dans diverses régions de la planète, avec des chiffres incroyables du nombre de victimes, de blessés et de déplacés, chiffres d’une telle ampleur que la conscience des hommes a été ébranlée partout et dans tous les continents. Au lendemain de cette guerre, les puissances belligérantes, conscientes du désastre subi et désireuses d’éviter qu’il ne se reproduise, ont décidé de la 1
création de l’ONU à New York et cela dès 1945 avec l’un de ses organes spécialisés, l’UNESCO, avec son siège à Paris, pour aider à maintenir la Paix dans le monde. « La guerre est l’ennemi de l’homme » a écrit le juriste Jiri Toman. Elle est également l’ennemi de ce que l’homme a produit de meilleur – art, culture, monuments, soit l’ensemble du patrimoine historique et culturel. Beaucoup d’œuvres d’art ont été détruites au cours des siècles, œuvres que nous ne connaîtrons jamais et que nous ne reverrons jamais ». Les conflits que l’on voit se développer depuis la dernière moitié du XXème siècle et le début de ce XXIème siècle visent de plus en plus souvent des symboles de la culture afin de détruire et la mémoire et l’identité d’un peuple. Ces conflits, s’ils n’ont plus le caractère international dévastateur des deux grandes guerres mondiales du siècle dernier, n’en n’ont pas moins continué d’éclater çà et là et depuis quatre décennies. On peut brièvement évoquer la guerre entre l’Irak et l’Iran des années 80, la guerre civile au Liban qui a duré près de 20 ans entre 1975 et 1992, puis l’éclatement de la Yougoslavie dans années 90, alors qu’en Asie se déroulait une longue guerre au Cambodge et au Viet Nam, suivie d’une autre longue période en Afghanistan et d’un conflit en Irak dans ce qu’on a appelé la crise du Golfe, avec l’invasion du Kuwait par les armées irakiennes suivie de l’invasion américaine de l’Irak, de triste mémoire. Avec le déclenchement du soi-disant printemps arabe des années 2011-2012, suivi de sanglants soulèvements, on a pu constater les conflits internes et les soulèvements sanglants en Tunisie, en Egypte, et l’apparition de groupes terroristes puissamment armés en Libye, en Syrie, au Mali et au Yemen… Ces conflits et crises internes dont certains se prolongent jusqu’à nos jours sont tout autant catastrophiques pour les populations civiles que pour leur environnement et notamment leur patrimoine culturel matériel et immatériel. Je vais donc présenter avec quelques images prises lors de mes missions menées au nom de l’UNESCO l’étendue des dommages causés au patrimoine culturel ainsi que les efforts de la communauté internationale pour aider à la reconstruction et à la réhabilitation de ce qui a été détruit ou gravement endommagé. La question de la préservation du patrimoine culturel pour les générations futures, surtout quand il est l’une des victimes de ce conflit au même titre que les populations, reste sans doute l’un des défis majeurs de notre époque. Son succès dépend seulement de notre volonté et de notre détermination à maintenir vivantes les valeurs du passé, pour assurer un meilleur avenir à nos enfants et aux futures générations qui leur succèderont. Bibliographie recommandée : BOUCHENAKI Mounir, Patrimoines mutilés, 2016, Paris, Editions Erick Bonnier. KERSEL, Morag M. Kersel, BOUCHENAKI, Mounir, « Cultural Heritage and Legislation protection », The Oxford Handbook of International Cultural Law, 2020, Oxford University Press. BOUCHENAKI, Mounir, Article à paraître « Les Bouddhas de Bamyan », 2020, UNESCO. Cédric AVENIER Cé dric Avenier est docteur en histoire de l’art / architecture, chercheur au laboratoire Cultures constructives, Labex AE&CC, de l’Ecole nationale supérieure d’architecture de Grenoble. Ses recherches portent sur le béton (du ciment naturel au 19è me siècle aux bétons bruts du 20è me siècle) et l’intervention dans l’existant. Il a réalisé́ plus de 80 projets de réhabilitations en copropriétés, et a participé́ à plusieurs programmes d’études, d’aides et de formations avec des organismes publics. Il est membre du comité́ « Architecture du XXème siècle », d’ICOMOS-France, ainsi que du comité́ scientifique pour le projet de restauration de la Tour Perret à Grenoble, lauréat du Prix des 24H d’architecture et du Prix du Geste d’or. 2
L’architecture moderne défigurée. L’habitat collectif cumule les inconvénients en matière de travaux. L’habitat collectif c’est 90 % du logement urbain en France, dont 60 % construit au 20ème siècle, considéré comme une « passoire thermique » et touché par des travaux d’améliorations du confort d’usage ou de lutte contre la précarité énergétique. Or ce bâti, vrai visage des villes, dessiné, moderne, a ce défaut : « on croit le connaître parce que les techniques paraissent similaires à l’architecture actuelle » (F. Châtillon, ACMH). Mais les standards actuels, les matériaux ou les procédés constructifs, ne sont pas adaptés. Les produits plastiques ou composites, collés ou clipsés, électroniques, bon marché sont inadaptés, consuméristes à l’obsolescence programmée, contreproductifs, polluants et laids venant rompre le dessin des volumes et les lignes. D’ailleurs, les pathologies concernent les interventions des années 80 : évolution de la réglementation thermique et mystification technologique. Les campagnes de travaux récentes, normatives, guidées par des aides et incitations fiscales, favorisent les interventions ponctuelles utiles à la politique du chiffre, et continuent de ruiner peu à peu l’architecture. Le 21ème siècle ne doit pas reproduire les mêmes erreurs que la génération précédente. La performance énergétique n’est pas une simple question de consommation d’énergie. Intervenir dans l’habitat collectif en copropriété, notamment dans l’architecture moderne, demande des collaborations étroites entre pouvoirs publics, maîtrise d’ouvrage/syndic, maîtrise d’œuvre. C’est un exercice acrobatique à faible marge de manœuvre architecturale pour réaliser des diagnostics et travaux sur du long terme. Flora GRESSIER-SOUDAN Flora Gressier-Soudan est étudiante en Master 2 recherche TPTI (Techniques, patrimoines, territoires de l’innovation) à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Les vestiges de Metaleurop. Les enjeux de la patrimonialisation des industries lourdes du XXème siècle. Dépollution d’un site industriel et valeur patrimoniale. Ces étapes ont pris le pas sur la temporalisation des structures dans l’espace. Après le dynamitage de différentes structures symboliques de l’usine, il reste peu d’éléments qui rappellent l’histoire du site industriel. L’image écologique du site est mise au premier plan de la rénovation. La spécificité de cette étude de cas, tient à son classement Seveso II. Après la fermeture, le site industriel a dû être dépollué incluant des transformations aux coûts conséquents avant d’installer une nouvelle activité sur les lieux. Ce sont ces pollutions historiques du plomb, et du cadmium qui « rebattent les cartes » dans le processus de patrimonialisation du site. Au-delà de la transformation du site en écôpole, l’opération a pour volonté d’effacer le passé d’une usine polluante au profit d’une image écologiquement exemplaire. Ce changement d’image se fait au détriment du passé historique de l’usine. L’innovation dans cette recherche vise à adapter les manières de conserver le patrimoine industriel, en anticipant les contraintes environnementales. Le Building Information Modeling (BIM) apparaît comme une méthode récente et prometteuse pour conserver les traces du site. On peut ainsi prévoir la préservation du patrimoine lorsque les questions environnementales et leurs conséquences financières sont prépondérantes. Le propos de cette recherche veut démontrer que l’important n’est pas la patrimonialisation matérielle du site, car ce fut un échec en raison du classement Seveso et des coûts de dépollution astronomique, mais plutôt d’anticiper les conséquences environnementales sur la patrimonialisation des industries lourdes du XXème siècle. 3
Lora HOUSSAYE Titulaire d’un Master 2 en conservation préventive du patrimoine, Lora Houssaye a été régisseuse d’œuvres au Centre Pompidou de 2007 à 2019, où elle a collaboré à de nombreux projets d’expositions, dont Calder (2009), Dali (2012), Koons (2014) ou encore Christo & Jeanne-Claude (2020). Elle travaille depuis 2016 sur le sujet des plans de sauvegarde et a rejoint en 2019 le service de la régie des œuvres du Centre de recherche et de restauration des musées de France où elle est en charge de la régie sur le site de Versailles. Marc MAMEAUX Ingénieur de formation, Marc Mameaux est en charge au Centre Pompidou de la restauration technologique d’œuvres d’art moderne. Il intervient en partenariat avec les équipes de restauratrices sculpture sur les œuvres qui ont des éléments technologiques, de la programmation informatique aux automates mécaniques en passant par tous les éléments électriques intrinsèques aux œuvres des collections du musée national d’art moderne. Sa mission concerne tant la maintenance au quotidien et la restauration fondamentale que la veille technologique pour lutter contre l’obsolescence technologique qui peut frapper les œuvres. Féru d’électronique, il maîtrise plusieurs langages de programmation informatique et s’intéresse également à la mécanique et à la réparation de pianos. Une expérience de l’amiante en art contemporain : le Centre Pompidou. Au cours de cette communication préparée en collaboration avec Jonathan Faustin GIRAULT, Rémi NAVARRO et Aude CHAUFOURIER, nous souhaitons présenter notre expérience de l’amiante, depuis la première œuvre détectée dans les années 2000, jusqu’au premier désamiantage d’œuvres en janvier 2020. La présence d’amiante dans les collections induit un double risque : le risque sanitaire pour les personnels et le public, et le risque d’oubli et de dégradation pour l’œuvre isolée. Nous commencerons par un rappel de ce qu’est l’amiante et des risques qu’elle présente pour la santé, pour resserrer sur les formes qu’elle peut prendre dans nos collections : patrimoine industriel, œuvres électromécaniques contemporaines. La prise de conscience du risque amiante dans nos collections est survenue dans les années 2000 autour d’une œuvre de Takis. L’œuvre a été confinée, mais la réponse du Centre Pompidou ne s’est pas arrêtée là : avec la formation de plusieurs agents (électromécaniciens et emballeurs notamment) à la reconnaissance et à la manipulation de matériaux amiantés. En 2017, le Centre Pompidou a été confronté au prêt d’une œuvre amiantée sans information préalable du prêteur. La présence d’agents formés a permis de repérer le matériau et de mettre en œuvre des mesures de protection. Puis de sensibiliser tous les agents en contact avec les œuvres au risque amiante et de modifier nos procédures de prêt. Enfin, l’exposition Christo a réuni toutes ces problématiques puisque devaient être présentées des œuvres amiantées de la collection, mais aussi de prêteurs extérieurs non institutionnels. Face à ce nouvel enjeu, nous avons mobilisé toutes les compétences en interne pour arriver à mettre en œuvre le premier désamiantage d’œuvres de la collection du Centre Pompidou. 4
Table-ronde : Lutter contre le trafic, mesures et outils juridiques français et européens. Présentation et animation : Claire CHASTANIER Adjointe au sous-directeur des collections, Service des musées de France, direction générale des patrimoines et de l’architecture. Historienne de formation et diplômée de l’Ecole du Louvre, Claire Chastanier travaille depuis plus de vingt-cinq ans au Ministère de la culture dans le secteur muséal et principalement sur la circulation des biens culturels. Elle occupe depuis 2010 son poste actuel, dans lequel elle est particulièrement en charge des questions de contrôle de l’exportation et de lutte contre le trafic de biens culturels, ainsi que des problématiques autour des restitutions patrimoniales et de l’activité du marché de l’art. En lien avec ces missions, elle coordonne l'activité de la Commission consultative des trésors nationaux et du secrétariat général de l’Observatoire du marché de l’art et du mouvement des biens culturels. Les risques liés aux conflits armés, y compris dans leurs formes actuelles, et leurs impacts sur le patrimoine ont été identifiés au cours du XXème siècle comme devant faire l’objet d’un encadrement juridique et de divers dispositifs pour assurer non seulement la protection patrimoniale pendant ces crises mais aussi, en cas de dégâts commis, organiser la réhabilitation nécessaire, sur le plan matériel en priorité mais aussi mémoriel. L’incursion, plus récente dans ce registre, du terrorisme, en particulier djihadiste, dont l’action destructrice sur le patrimoine au Moyen Orient, qualifiée par Irina Bokova, directrice générale de l’UNESCO de 2009 à 2017, de « nettoyage culturel », obéit à des objectifs idéologiques, a suscité une réaction forte de la communauté internationale et une évolution des cadres juridiques et opérationnels adoptés en réponse dans beaucoup de pays comme en France. Sur ces deux versants (conflits armés et terrorisme) qui se sont souvent conjugués ces dernières années, la France, notamment via l’action du Ministère de la culture/DGP, s’est mobilisée, dans la continuité de son rôle moteur sur la longue durée dans ce domaine, avec des propositions concrètes portant sur de nombreux aspects pour répondre à ces menaces d’un nouveau genre. Cette communication pourrait être l’occasion de dresser le bilan des initiatives récemment prises dans ces contextes, impulsées par la DGP ou auxquelles elle a participé avec d’autres partenaires, en matière de protection patrimoniale et de lutte contre le trafic de biens culturels, y compris dans ses aspects liés au financement du terrorisme, et d’ouvrir des perspectives sur les améliorations souhaitables à l’avenir pour compléter les mesures adoptées et les outils juridiques, tels ceux introduits par la loi LCAP, déjà mis en place. Avec : Marine LECHENAULT Marine Lechenault est docteur en archéologie, diplômée des universités Lumière Lyon 2 et Rome I La Sapienza. Depuis 2011, elle a travaillé pour le musée des Beaux- Arts de Lyon, le musée Joseph Déchelette de Roanne, et mené des travaux de recherche en protohistoire méditerranéenne. De 2015 à 2019, elle a occupé le poste de manager pour plusieurs projets de sécurité au sein du Département Recherche de l’Ecole nationale supérieure de la Police. Depuis 2019, elle est manager du projet européen NETCHER au laboratoire HiSoMA, CNRS, coordinateur du projet. Elle 5
enseigne à l’université Lyon 2 et intervient comme experte évaluatrice pour la Commission européenne. Benjamin OMER Benjamin Omer est titulaire d’un Master 2 en Sécurité intérieure de l’Université Lyon 3 et de l’Ecole nationale supérieure de la police. Il travaille pour le Secrétariat de la Convention de 1970 de l’UNESCO dès 2017, chargé entre autres de la formation des professionnels de la lutte contre le trafic de biens culturels. Il entame en parallèle un travail doctoral sur « Le blanchiment du produit des infractions archéo-terroristes » sous la direction de Mmes Anne-Sophie Chavent-Leclère (Université Lyon 3) et Véronique Chankowski (Ecole française d’Athènes). Depuis son départ du Secrétariat de la Convention de 1970 en 2019, il intervient toujours pour l’UNESCO en qualité de consultant, notamment sur des projets européens. Il a rejoint le projet NETCHER en décembre 2020, pour contribuer à l’organisation de son Forum final et à la bonne conclusion des 27 mois de travaux de son consortium. Le projet NETCHER NETCHER est un projet européen initié en janvier 2019 pour une durée de 27 mois. Coordonné par le CNRS (Sabine Fourrier, directrice de la Maison de l’Orient et de la Méditerranée, et Véronique Chankowski, directrice de l’Ecole française d’Athènes), son but est de construire un réseau favorisant l’échange d’information, d’expériences et de bonnes pratiques dans le domaine de la lutte contre le pillage et le trafic de biens culturels, en connectant les nombreuses actions et initiatives existantes, et en rassemblant un réseau d’acteurs impliqués dans la préservation du patrimoine. L’intervention présentera le projet (réseau, plateforme, réalisations, ressources et événements) ainsi que ses résultats. Bibliographie recommandée : https://netcher.eu/ CHANKOWSKI, Véronique, 2021, « The fight to protect our cultural heritage », The Project Repository Journal, issue n°8, January 2021, p. 50-53. Collectif, 2020, « NETCHER, projet européen et réseau d’experts contre le pillage et le trafic de biens culturels », La lettre de l’InSHS, septembre 2020, p. 8-9. Timothée LE BERRE Diplômé de l’Ecole du Louvre en conservation du patrimoine et titulaire d’un master de l’Université d’Heidelberg en histoire de l’art, le capitaine Le Berre intègre l’armée de Terre en 2013 après avoir occupé plusieurs postes d’historien militaire notamment au Militärhistoriches Museum der Bundeswehr à Dresde. Affecté au 1er Régiment d’Artillerie en tant que chef de section de tir en 2015, il participe à plusieurs déploiements au Sénégal puis au Mali. En 2019, il rejoint la Délégation au patrimoine de l’armée de Terre (DELPAT) en tant que Référent adjoint au patrimoine. Depuis 2017 la DELPAT a initié la formation et le déploiement de conservateurs en opération. Le capitaine Le Berre travaille au développement de la protection du patrimoine dans les opérations militaires et au renforcement de cette capacité nouvelle de l’armée de Terre. Il participe aux formations initiées par la Cultural Property Protection Unit de l’armée britannique et conseille l’US Army Monuments Officer Training Program. Il 6
est actuellement doctorant à l’Université de Newcastle en Angleterre en Cultural Property Protection. Protéger le patrimoine en temps de conflit : une mission pour les militaires ? Lors des conflits armés, les dégâts occasionnés sur le patrimoine sont toujours considérables. Qu’ils soient intentionnels, fruits de dommages collatéraux, causés par le vandalisme ou la simple négligence, ces faits ne sont pas nouveaux. Si l’émotion suscitée par ces derniers n’est pas moins forte hier qu’aujourd’hui, la destruction du patrimoine lors des conflits contemporains a pris des formes multiples et une intensité nouvelle. L’attaque du patrimoine culturel interpelle donc davantage les opinions, notamment lorsqu’elles visent des sites, des monuments ou des collections dépourvus d’intérêts militaires. Les réactions à ces destructions ont peu à peu conduit à la mise en place d’instruments juridiques, qu’ils soient internationaux ou nationaux, permettant d’encadrer le droit de la guerre, de poser des garde-fous contre les actions portant atteintes à l’intégrité de cet héritage, mais aussi de poursuivre les auteurs de destructions intentionnelles. Que ce soit la convention de la Haye pour la protection des biens culturels en cas de conflits armés de 1954, ou son second protocole de 1999, de nouveaux instruments normatifs s’imposent désormais aux forces armées. Il s’agit dès lors de les décliner, de les diffuser afin d’en permettre une application pratique sur les théâtres d’opérations. En retour, les forces armées sont aujourd’hui pleinement intégrées, et considérées comme légitimes, au sein des instances nationales ou internationales de la culture, en tant qu’élément essentiels permettant de concourir aux objectifs politiques en matière de protection du patrimoine et œuvrant à la mise en pratiques de l’esprit des textes. Les nouvelles formes de conflictualités dont le terrorisme posent aujourd’hui un défi nouveau aux militaires qui doivent adapter leurs réponses pour prévenir et protéger ces biens vulnérables. […] [voir texte complet sur Sémaphore]. En France, le ministère des Armées, et l’armée de Terre en particulier, a initié depuis 2014 une réponse remarquée en proposant pour la première fois la déclinaison d’un corpus doctrinal spécifique grâce à la publication d’un Mémento sur la protection des biens culturels en cas de conflits armés. Ce dernier, destiné aux commandeurs militaires, a ouvert la voie, en tant que modèle, vers la publication, par l’UNESCO en 2016 d’un Manuel militaire déclinant la convention de la Haye de 1954.La délégation au patrimoine de l’armée de Terre (DELPAT) poursuit sa réflexion sur la préservation du patrimoine culturel dans les zones de conflits armés en lien avec ses partenaires institutionnels concernés par ces problématiques (ministère de la Culture, UNESCO…). En raison de leur formation universitaire, des qualifications qu’ils détiennent et de leur aptitude à être projeté sur les théâtres d’opérations extérieurs, les officiers conservateurs des musées d’armes peuvent en effet jouer un rôle d’expert et de conseil auprès du commandement. A ce titre, et s’inscrivant dans cette démarche, elle a permis la projection de deux conservateurs en Centrafrique puis au Mali. L’intégration d’un réseau international de militaires spécialistes, a également permis leur participation récente au Royaume-Uni à la première formation dédiée aux équipes militaires de protection du patrimoine depuis 1945. Il s’agit désormais de poursuivre les travaux engagés pour aboutir à un continuum intégré dans la protection du patrimoine, en favorisant la connaissance, la diffusion et la mise en œuvre de bonnes pratiques. 7
Axe 2 AGIR Table-ronde : Le rôle des communautés et des savoir-faire face aux risques. Présentation et animation : Isabelle CHAVE Archiviste paléographe, conservatrice en chef du patrimoine, Isabelle Chave a été directrice adjointe des Archives départementales de la Somme (2001-2004), directrice des Archives départementales et conservatrice des Antiquités et Objets d'art des Vosges (2004-2011) et, aux Archives nationales, chef de projet au sein du chantier de Pierrefitte-sur-Seine, puis responsable du département Exécutif et Législatif (2011-2017). Adjointe au chef du département du Pilotage de la recherche et de la Politique scientifique, à la direction générale des Patrimoines, depuis 2017, où elle a été notamment chargée de l’anthropologie et du patrimoine culturel immatériel, elle a rejoint, en octobre 2020, la sous-direction des Monuments historiques et des sites patrimoniaux, comme cheffe du bureau de la conservation du patrimoine mobilier et instrumental. Si la convention de l’Unesco pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel (PCI) a consacré, en 2003, la place des communautés, des groupes et des individus, dans le processus d’identification et d’inventaire et dans la sauvegarde des pratiques culturelles reconnues comme PCI, la nécessité de prendre en compte ce patrimoine vivant dans l’élaboration de recommandations pour la prévention et la gestion du patrimoine en situation d’urgence relève d’une prise de conscience beaucoup plus récente, dans un paysage plutôt dominé par la gestion des risques portant sur le patrimoine matériel (édifices, sites archéologiques, collections muséales…). Le patrimoine immatériel est pourtant, lui aussi, touché par un large éventail de contextes d’urgence qui menacent directement sa transmission et sa viabilité. Dans ces processus de sauvegarde, y compris en temps de crise, la place des porteurs et gardiens de ces traditions (habitants, associations, ONG…) a été rapidement reconnue, tant leurs savoirs et leur savoir- faire les aident à se préparer aux situations d’urgence, à y faire face et à s’en relever, renforçant en ce sens la résilience des communautés et réduisant leurs vulnérabilités. Après sa mise en contexte et l’évocation de ses principes opérationnels, peu à peu formalisés au niveau international depuis 2015, cette approche participative, à l’écoute des communautés de pratique, sera illustrée par trois expériences de terrain : dans le domaine du patrimoine maritime et côtier, d’une part, autour de l’identification de la pluralité des risques pesant sur les divers patrimoines du golfe du Morbihan (Locmariaquer) et de la sensibilisation aux menaces liées au facteur climatique sur la côte basque, et dans celui des techniques du bâti, d’autre part, pour la gestion et la conservation préventive du patrimoine en terre crue, appuyées sur les savoir-faire locaux, dans le contexte géopolitique du Proche et du Moyen Orient. 8
Bibliographie recommandée : CHATELARD, Géraldine, 2017, Survey report. Intangible Cultural Heritage of Displaced Syrians, Paris, UNESCO- Section du patrimoine culturel immatériel, en ligne : https://ich.unesco.org/doc/src/38275-EN.pdf (consulté le 25/10/2020) IWAMOTO, Wataru, OHNUKI, Misako, NOJIMA, Yoko, 2018, Preliminary Research on ICH Safeguarding and Disaster Risk Management in the Asia-Pacific Region: Project Report for the FY 2016-2017, Osaka, International Research Centre for Intangible Cultural Heritage in the Asia-Pacific Region. POLYMENOPOULOU, Eleni, 2018, "Cultural rights in the prevention and management of disasters", in Routledge Handbook of Human Rights and Disasters, dir. F. Z. Giustiniani., E. Sommario, F. Casolari et G. Bartolini, New- York, Routledge, p. 261-274. SPENNEMANN, Dirk, et GRAHAM, Kristy, 2007, "The importance of heritage preservation in natural disaster situations", International Journal of Risk Assessment and Management, n°7, p. 993-1001. TAKAHASHI, Akatsuki, et NEMANI, Sipiriano, 2016, "Integrating ICH in post-disaster needs assessments: a case study of Navala Village", ICH Courier online – ICH Courier of Asia and the Pacific, n°8, p. 8-11. TAKIZAWA, Katsuhiko, 2019, "Resilience of communities affected by the Great East Japan Earthquake and restoration of their local festivals", in Crisis and Disaster in Japan and New Zealand, dir. S. Bouterey et L. E. Marceau, Singapour, Palgrave Macmillan, p. 41-57. UNESCO, 2019, Définir des orientations méthodologiques pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel dans les situations d’urgence [compte rendu de la réunion d’experts sur le patrimoine culturel immatériel dans les situations d’urgence, Paris, UNESCO, 21-22 mai 2019], Paris, UNESCO-Entité du patrimoine vivant, en ligne : https://ich.unesco.org/fr/situations-d-urgence-01117 (consulté le 25/10/2020) WILSON, Meredith, et BALLARD, Chris, 2017, Safeguarding and Mobilising Intangible Cultural Heritage in the Context of Natural and Human-induced Hazards. Desk Study, Paris, UNESCO-Section du Patrimoine culturel immatériel, en ligne : https://ich.unesco.org/doc/src/38266-EN.pdf (consulté le 25/10/2020) Avec : Katia FRANGOUDES Katia Frangoudes est docteure en Sciences Politiques de l’université de Paris VIII. Son doctorat portait sur l’« Histoire et Histoires de Femmes en Thaïlande». Elle est actuellement chercheure à l’UMR AMURE 6308 à l’Université de Bretagne Occidentale (Brest). Son principal thème de recherche est la gouvernance et plus particulièrement la participation des parties prenantes dans la gestion des ressources marines auquel s’est ajouté la question du genre dans la pêche et l’aquaculture en Europe. Plus récemment elle s’est tournée vers la question du patrimoine culturel maritime (matériel et immatériel) en Bretagne en examinant les questions de la représentation des parties prenantes (habitant.e.s) du patrimoine et des risques et la participation de communautés à la désignation et à la gestion du patrimoine ayant comme cas d’étude la commune de Locmariaquer, Morbihan. Le patrimoine culturel maritime et côtier est un sujet de recherche qui rassemble de nombreuses disciplines telles que l’archéologie, l’anthropologie, la sociologie, la géographie, l’histoire, etc. Dans le projet européen PERICLES (Horizon 2020) une équipe de recherche pluridisciplinaire, accompagnée de praticiens, examine le patrimoine culturel à travers trois piliers conceptuels : 1/ l’espace, le lieu et l’identité ; 2/ les risques, la résilience et l’adaptation ; et 3/ la gouvernance délibérative et participative. Le travail de recherche en France, mené par l’Université de Bretagne Occidentale et le Parc Naturel Régional du Golfe du Morbihan, est réalisé à Locmariaquer dans le Golfe du Morbihan sur la base du recueil de données qualitatives et de réunions locales. Il a comme but d’identifier et caractériser les risques et menaces pour le patrimoine maritime local en utilisant une approche participative afin de proposer des actions en faveur de sa préservation. L’implication des citoyens apparaît comme un élément essentiel pour assurer la reconnaissance et la conservation des patrimoines, et en particulier des petits 9
patrimoines, au-delà de la simple identification dans les différents outils juridiques de planification. Le Golfe du Morbihan est à ce titre particulièrement intéressant pour ce qui est du patrimoine maritime dans la mesure où il y a un Schéma de Mise en Valeur de la Mer (SMVM). Les sujets soumis à la discussion par cette présentation sont la représentation sociale du patrimoine, des risques et de l’identité, la complexité de la notion de « patrimoine maritime » et la pluralité des risques (juridiques, naturels, culturels, civiques, …) et enfin l’intérêt des démarches participatives et l’engagement des citoyens dans la préservation du patrimoine. Isabelle DE CAUNES Correspondante de l’association ITSAS BEGIA, Histoire du patrimoine maritime Basque et de la pêche. L’association ITSAS BEGIA œuvre depuis 1981 à la sauvegarde et à la valorisation du patrimoine maritime de la côte basque. Afin de favoriser la découverte d'un patrimoine visible et invisible et à risque de dégradation atrophique et naturelle, nous collectons des datas afin d'éviter leur disparition et nous luttons par la sensibilisation et la transmissions de savoirs, contre le risque de l'oubli. « Autour de la baie "est une expérience de médiation patrimoniale exploitant la réalité augmentée, sous forme de parcours terrestre subaquatique et maritime. Cette restitution contemporaine de l’histoire et de l’archive favorise ainsi sa conservation. Elle propose un discours ou la dimension ludique fait jeu égal avec la dimension pédagogique, tandis que les contenus peuvent être adaptés à des publics spécifiques. Grâce à des expériences immersives, émotionnelles et éducatives innovantes et adaptées à tous, la transmission de savoirs devient un projet patrimonial interactif dans lequel le modèle 3D virtuel se superpose à l’environnement réel. Plus qu'un simple spectateur, le visiteur et l'habitant deviennent acteurs du patrimoine. Afin de sensibiliser les populations aux risques liés au facteur climatique, nous disposons sur notre territoire de nombreux sites patrimoniaux, pour raconter l’histoire particulière de la protection de la Baie contre les assauts des vagues et imaginer ce que le changement climatique pourrait signifier pour la Baie. Le virtuel met en valeur le patrimoine en remettant dans le contexte ce qui existe ou a existé, et ce qui pourrait se produire. Le patrimoine a une vie numérique en plus de sa vie in situ. Chamsia SADOZAÏ Chamsia Sadozaï est chercheure associée au Laboratoire CRAterre, Unité de Recherche Architecture, Environnement et Cultures Constructives (AE&CC) au sein de l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble. Archéologue de formation, elle est spécialisée sur les questions de conservation des architectures en contexte archéologique, en particulier sur le matériau terre crue. Son parcours universitaire lui a permis d’acquérir la pensée et la méthode de l’archéologue, en réalisant de nombreuses fouilles en Asie centrale (Afghanistan, Turkménistan, Ouzbékistan) dans le cadre du Master. Ensuite en tant que professionnelle indépendante au contact d’architectes et d’ingénieurs, son expérience s’est enrichie par des missions d’expertise en conservation des vestiges allant de la Péninsule arabique jusqu’aux hautes vallées himalayennes. La coordination d’ouvrages scientifique, d’exposition de vulgarisation et la publication d’articles spécialisés caractérisent son activité de recherche depuis ces dix dernières années et l’orientent vers une thèse de doctorat. 10
Communications : Marie-Yvane DAIRE Archéologue, membre du laboratoire CReAAH, Marie-Yvane Daire travaille depuis une trentaine d’années sur les peuplements littoraux et insulaires de la façade Manche-Atlantique de la France. Responsable d’une trentaine d’opérations de terrain et d’une dizaine de projets de recherche nationaux et internationaux, ses travaux ont notamment porté sur les habitats et sites artisanaux côtiers du Ier millénaire av. n.è. Parmi les projets conduits depuis plusieurs années, le projet ALeRT, dédié au patrimoine littoral menacé de la façade atlantique métropolitaine, est en cours d’adaptation sur les îles de Guadeloupe (projet ALOA). Présidente de l’AMARAI (Association Manche Atlantique pour la Recherche Archéologique dans les Îles), elle développe depuis plusieurs décennies des projets de recherche-action à dominante participative dans l’Ouest de la France. Une démarche de recherche-action face à la vulnérabilité du patrimoine culturel du littoral Atlantique : actualité des programmes ALeRT et ALOA. Plusieurs décennies d’expérience dans l’Ouest de la France permettent de proposer un état sanitaire du patrimoine culturel côtier exposé aux effets du changement climatique et des pressions d’origine anthropique. Les solutions élaborées dans le cadre de plusieurs programmes de recherche successifs, dont le projet ALeRT (Archéologie, Littoral et Réchauffement Climatique) tentent d’apporter des éléments de réponse et conduisent aussi à s’appuyer sur des ressources et des dynamiques dépassant les cadres académiques et les champs disciplinaires classiques : développement de démarches participatives, collaborations avec les gestionnaires du littoral...Ce projet de recherche-action, développé depuis 2006 sur le patrimoine menacé des rivages Manche-Atlantique de la France métropolitaine s’appuie sur une démarche interdisciplinaire et inter-institutionnelle qui, en Bretagne par exemple, associe chercheurs du CNRS et universités, services régionaux de l’archéologie du ministère de la Culture, conservatoire du littoral, région, départements, parcs régionaux, associations locales et régionales.... Le projet ALeRT trouve aujourd’hui un nouveau développement ultra-marin, à travers le projet ALOA (Archéologie Littorale Outre Atlantique). Ces deux projets suivent un schéma de développement en plusieurs étapes : - le travail d’inventaire et observation de terrain (participatif) s’inscrit dans une démarche de « protection par l’enregistrement » permettant de dresser un état sanitaire et un suivi, notamment à la suite d’événements climatiques extrêmes ; pour ce faire, une base de données interactive a été élaborée, accessible par tout un chacun sur supports mobiles (téléphones et tablettes) permettant une rapidité de transmission des informations. Outre les informations de géolocalisation et de caractérisation des vestiges, une grille d’évaluation de la vulnérabilité du site est proposée. - une fois les « alertes » envoyées via l’application, un travail d’expertise des sites est conduit par des spécialistes, afin de valider et compléter le premier niveau d’information. - ces expertisent permettent ensuite de produire des cartes de vulnérabilité, à différentes échelles (commune, terroir, département...); ces dernières sont des outils d’aide à la décision sur les actions à entreprendre (relevés, fouille, suivi...) et leur priorisation par les gestionnaires; - puis la restitution vers les acteurs et le public est destinée à sensibiliser une communauté plus 11
large qui peut ensuite elle-même s’emparer des outils d’observation interactifs et venir alimenter la première étape de collecte d’information. Bibliographie recommandée : DAIRE M.Y., MARTIN C., LOPEZ-ROMERO E.., 2019, « Le projet ALeRT dans son contexte national et européen. » Les Nouvelles de l’Archéologie, n°155, Estrans, l'archéologie entre terre et mer juin 2019, p. 65-66. LOPEZ-ROMERO E., DAIRE M.Y., PROUST J.N., REGNAULD H., 2013, “Le projet ALERT: une analyse de la vulnérabilité du patrimoine culturel côtier dans l'Ouest de la France. », in M.Y. Daire, C. Dupont, A. Baudry, C. Billard, J.M. Large, L. Lespez, E. Normand et C. Scarre. (dir.), Ancient maritime communities and the relationship between people and environment along the European Atlantic coasts/ Anciens peuplements littoraux et relations home/milieu sur les côtes de l'Europe atlantique, Proceedings of the HOMER 2011 Conference, Actes du colloque HOMER 2011, Vannes, 28 septembre-1er octobre 2011, British Archaeological Reports, International Series, BAR S2570, p. 127-136. OLMOS P., LOPEZ-ROMERO E., BALLESTEROS-ARIAS P., DAIRE M.Y., 2013, “L'application ALeRT : une démarche participative au service de la protection du patrimoine archéologique littoral. », Bulletin de l'Association Manche Atlantique pour la Recherche Archéologique dans les Îles, n°26, p. 83-86. DAIRE M.Y., OLMOS P., LOPEZ-ROMERO E., 2016, “Le projet ALeRT. Des sites archéologiques en danger sur le littoral de la Manche et de l’Atlantique. », Archéopages, n°42, avril-juillet 2015 (paru en mars 2016), p. 125-133. Jean-Michel SAINSARD Jardinier des Domaines de l’Etat, Jean-Michel Sainsard a travaillé de 1978 à 2004 aux domaines de Matignon, Champs-sur-Marne, Malmaison et Compiè gne. En 2004, il rejoint la direction de l’Architecture et du Patrimoine comme chargé de mission. Depuis 2010, il exerce les fonctions d’expert pour les parcs et jardins proté gé s au titre des monuments historiques à la direction gé né rale des Patrimoines et de l’architecture. C’est à cette é poque qu’il rejoint l’é quipe pé dagogique du Master 2 « Jardins historiques, patrimoine et paysage » à l’Ecole nationale supé rieure d’architecture de Versailles. Il anime le blog L’anné e du Jardinier http://anneedujardinier.blogspot.fr/ Le jardinier et le projet, pour une adaptation au changement climatique. Percevoir le changement climatique comme un couperet est une vision réductrice du jardin en tant qu'œuvre. Même si elle est en soi inquiétante, la disparition de certains végétaux ne peut être considérée comme insurmontable à la survie des jardins. A la différence de l'espace forestier, il faut se souvenir que, dans un jardin, les enjeux sont avant tout paysagers. Les paysagistes sont ainsi amenés à repenser les jardins, à créer d'autres formes qui enrichissent le jardin d'autres significations. L'histoire des jardins, les structures encore en place confirment que la recherche n'est pas nouvelle. L'expérience de végétaux devenant inadaptés, obligeant à reprendre des structures entières, nous rappelle que la réponse est toujours dans le projet, que le jardin historique se compose aussi du paysage alentour, d'axes, de pleins et de vides, du bâti, des usages et pratiques, de l'économie... Cela nécessite de grandes capacités d'ouverture intellectuelle et de pédagogie pour remettre en question certaines formes et compositions historiques. Nous sommes à l'aube d'une nouvelle pensée du jardin historique, qui fait confiance à la capacité du vivant à s'adapter au projet et à la gestion jardinière. Bibliographie recommandée : Actes de colloque, 2014, Historic Gardens and Climate Change Recommendations for Preservation, Potsdam, Edition Leipzig. CLEMENT, Gilles, 1999, Le Jardin planétaire, Actes Sud « La performance environnementale, pilier de la gestion durable de l'ONF», http://www.onf.fr, page vue le 1er mai 2014. 12
BISGROVE, Richard, 2008, « Des défis climatiques », Carnets du paysage, 17.44 Pierre d’Angle Dossier 69, Le climat change… et l’Homme ?, 2016 https://anabf.org/pierredangle/dossiers/le- climat-change-quid-de-l-architecture SOIGNON, Jacques, 1985, Jardin botanique de Nantes - Constat hiver. https://jardins.nantes.fr/N/Information/Meteo/Vegetaux/Constat-hiver-85.asp SCOTT JENKIS, Victoria, 1994, The Lawn: A History of an American Obsession. CLEMENT, Gilles, 2006, Où en est l’herbe? Réflexions sur le jardin planétaire, Actes Sud. Marie COURSELAUD Diplômée d’Histoire de l’Art, de muséologie et de conservation préventive, Marie Courselaud est, depuis 2018, chargée de mission en conservation préventive au Centre de recherche et de restauration des musées de France. Dans ce cadre, elle réalise des missions d’études, de conseils et d’assistance au Département de la conservation préventive et pilote le projet Ateliers plan de sauvegarde des biens culturels pour le réseau des Musées de France. Elle commence sa carrière comme assistante du conseiller musée à la DRAC Midi-Pyrénées puis comme régisseuse dans différents musées de cette région. Elle se spécialise en 2010, en conservation préventive et crée une entreprise de conseils, profession qu’elle exercera pendant 2 ans. Elle entre en 2011 aux Archives nationales et devient responsable du service de conservation préventive. Elle participe également à de nombreuses formations sur la thématique de la conservation préventive. Fortement impliquée dans la protection du patrimoine, elle collabore aux projets du Bouclier bleu France, association dans laquelle elle fut secrétaire générale pendant quatre ans. Une aide à la rédaction de plans de sauvegarde des biens culturels. « Le patrimoine se reconnaît au fait que sa perte constitue un sacrifice et que sa conservation suppose des sacrifices ». La définition du patrimoine, par le très pragmatique André Chastel, ne pourrait mieux résumer les enjeux que recouvrent la nécessaire protection des biens culturels. Les politiques de conservation et de conservation préventive œuvrent au quotidien pour assurer ce devoir de transmission mais la tâche n’est pas toujours aisée. Souvent contrainte par des moyens financiers limités et bien d’autres paramètres pouvant restreindre ses actions, cette mission devient d’autant plus importante et indispensable lorsque l’on considère la vulnérabilité du patrimoine. Autrefois portée sur des actions de préservation post-sinistre, en protégeant ce qui pouvait l’être1, la vision de la protection a évolué en même temps que la conservation préventive s’est développée. L’identification des risques et leur prise en compte ont permis d’envisager des actions préventives visant, par anticipation, à diminuer ou limiter l’impact de ces risques sur le patrimoine. Cependant, tous les risques ne sont pas maîtrisables. Les rivières continueront leur fréquent débordement et d’autres évènements imprévisibles comme les tempêtes ou les incendies continueront de menacer le patrimoine. C’est dans cette démarche d’anticipation et afin de prioriser le sauvetage selon la « valeur » 2 accordée aux biens culturels - et non en fonction de ce qu’il reste à sauver-, que les plans de sauvegarde des biens culturels (PSBC) sont devenus les outils indispensables à la gestion de crise. Bien que leur utilité soit évidente et reconnue, que leur usage soit une nécessité, trop peu de musées en sont aujourd’hui dotés. Seuls 17% des musées de France déclarent disposer d’un PSBC opérationnel. Face à ce constat et pour participer à l’application de la politique du Ministère de la culture qui en a fait une priorité dans la Directive nationale d’orientation (DNO 2016—2017), il importait au Département de la conservation préventive (DCP) du Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF) de développer ce sujet. La compréhension des points de blocage était le préalable aux choix stratégiques à entreprendre. Une fois appréhendés, le DCP a souhaité engager les musées volontaires dans une démarche d’accompagnement à la rédaction, en développant une méthode applicable à l’ensemble des biens culturels (archives, musées, 13
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