ANTICIPER, ADAPTER - Architecture et patrimoines ...

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Architecture et patrimoines : nouveaux risques, nouvelles réponses

                                          3 et 4 mars 2021

                                 Résumés des communications

Axe 1
                               ANTICIPER, ADAPTER
Communications :

Mounir BOUCHENAKI
       Mounir Bouchenaki a été élu Directeur général de l’ICCROM (Centre international
       d’étude pour la préservation et la restauration des biens culturels) en novembre
       2005 et a agi à ce titre jusqu’au 31 décembre 2011. Sa nomination à l’ICCROM faisait
       suite à une longue carrière à l’UNESCO, où il a été Sous-Directeur général pour la
       Culture de fin 1999 à début 2006. Auparavant, M. Bouchenaki avait été directeur de
       la Division du Patrimoine culturel et Directeur du Centre du patrimoine mondial à
       l’UNESCO, et dans son pays d’origine l’Algérie, Directeur des Antiquités, Musées et
       Monuments historiques au Ministère algérien de la Culture et de l’Information. En
       qualité de retraité de l’UNESCO, il a contribué à la mise en place et au lancement en
       2013 à Bahreïn du Centre Régional Arabe pour le Patrimoine Mondial, en tant que
       Centre Catégorie II de l’UNESCO. M. Bouchenaki est titulaire d’un doctorat en
       archéologie et histoire ancienne de la Faculté des Arts d’Aix-en-Provence. Il a été
       nommé, Officier, Chevalier et Commandeur des Arts et Lettres par le Ministère de la
       Culture et a reçu le titre de Chevalier de la Légion d’Honneur. Il est membre du
       groupe d’experts ad hoc pour le site d’Angkor et membre du groupe d’experts pour
       la reconstruction de la Mosquée Al Nouri à Mosul et des deux Eglises détruites par
       Daech. Il est actuellement conseiller de la Directrice générale de l’UNESCO pour le
       patrimoine culturel.

La destruction intentionnelle du Patrimoine Culturel à l’époque contemporaine.
Comme l’a souligné Mme Irina Bokova, ancienne Directrice générale de l’UNESCO, « jamais
dans l’histoire récente le patrimoine de l’humanité n’a été détruit comme actuellement au
Moyen-Orient.
Le patrimoine culturel a toujours été défiguré par les guerres successives mais il est devenu
depuis quelques années la cible privilégiée des groupes terroristes. Outre les sites dévastés par
les actions militaires, extrémistes ou terroristes, il s’agit aussi de lutter contre le trafic d’objets
d’arts et contre les fouilles archéologiques clandestines qui sévissent dans ces pays où souffle
un vent de violence inouïe.
A l’issue de la seconde guerre mondiale, le monde découvre avec stupeur l’étendue des désastres
dans diverses régions de la planète, avec des chiffres incroyables du nombre de victimes, de
blessés et de déplacés, chiffres d’une telle ampleur que la conscience des hommes a été ébranlée
partout et dans tous les continents. Au lendemain de cette guerre, les puissances belligérantes,
conscientes du désastre subi et désireuses d’éviter qu’il ne se reproduise, ont décidé de la

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création de l’ONU à New York et cela dès 1945 avec l’un de ses organes spécialisés, l’UNESCO,
avec son siège à Paris, pour aider à maintenir la Paix dans le monde.
« La guerre est l’ennemi de l’homme » a écrit le juriste Jiri Toman. Elle est également l’ennemi
de ce que l’homme a produit de meilleur – art, culture, monuments, soit l’ensemble du
patrimoine historique et culturel. Beaucoup d’œuvres d’art ont été détruites au cours des
siècles, œuvres que nous ne connaîtrons jamais et que nous ne reverrons jamais ».
Les conflits que l’on voit se développer depuis la dernière moitié du XXème siècle et le début de
ce XXIème siècle visent de plus en plus souvent des symboles de la culture afin de détruire et la
mémoire et l’identité d’un peuple. Ces conflits, s’ils n’ont plus le caractère international
dévastateur des deux grandes guerres mondiales du siècle dernier, n’en n’ont pas moins
continué d’éclater çà et là et depuis quatre décennies. On peut brièvement évoquer la guerre
entre l’Irak et l’Iran des années 80, la guerre civile au Liban qui a duré près de 20 ans entre
1975 et 1992, puis l’éclatement de la Yougoslavie dans années 90, alors qu’en Asie se déroulait
une longue guerre au Cambodge et au Viet Nam, suivie d’une autre longue période en
Afghanistan et d’un conflit en Irak dans ce qu’on a appelé la crise du Golfe, avec l’invasion du
Kuwait par les armées irakiennes suivie de l’invasion américaine de l’Irak, de triste mémoire.
Avec le déclenchement du soi-disant printemps arabe des années 2011-2012, suivi de sanglants
soulèvements, on a pu constater les conflits internes et les soulèvements sanglants en Tunisie,
en Egypte, et l’apparition de groupes terroristes puissamment armés en Libye, en Syrie, au Mali
et au Yemen…
Ces conflits et crises internes dont certains se prolongent jusqu’à nos jours sont tout autant
catastrophiques pour les populations civiles que pour leur environnement et notamment leur
patrimoine culturel matériel et immatériel.
Je vais donc présenter avec quelques images prises lors de mes missions menées au nom de
l’UNESCO l’étendue des dommages causés au patrimoine culturel ainsi que les efforts de la
communauté internationale pour aider à la reconstruction et à la réhabilitation de ce qui a été
détruit ou gravement endommagé.
La question de la préservation du patrimoine culturel pour les générations futures, surtout
quand il est l’une des victimes de ce conflit au même titre que les populations, reste sans doute
l’un des défis majeurs de notre époque. Son succès dépend seulement de notre volonté et de
notre détermination à maintenir vivantes les valeurs du passé, pour assurer un meilleur avenir
à nos enfants et aux futures générations qui leur succèderont.

Bibliographie recommandée :
         BOUCHENAKI Mounir, Patrimoines mutilés, 2016, Paris, Editions Erick Bonnier.
         KERSEL, Morag M. Kersel, BOUCHENAKI, Mounir, « Cultural Heritage and Legislation protection »,
         The Oxford Handbook of International Cultural Law, 2020, Oxford University Press.
         BOUCHENAKI, Mounir, Article à paraître « Les Bouddhas de Bamyan », 2020, UNESCO.

Cédric AVENIER
      Cé dric Avenier est docteur en histoire de l’art / architecture, chercheur au laboratoire
      Cultures constructives, Labex AE&CC, de l’Ecole nationale supérieure d’architecture
      de Grenoble. Ses recherches portent sur le béton (du ciment naturel au 19è me siècle
      aux bétons bruts du 20è me siècle) et l’intervention dans l’existant. Il a réalisé́ plus de
      80 projets de réhabilitations en copropriétés, et a participé́ à plusieurs programmes
      d’études, d’aides et de formations avec des organismes publics. Il est membre du
      comité́ « Architecture du XXème siècle », d’ICOMOS-France, ainsi que du comité́
      scientifique pour le projet de restauration de la Tour Perret à Grenoble, lauréat du
      Prix des 24H d’architecture et du Prix du Geste d’or.

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L’architecture moderne défigurée. L’habitat collectif cumule les inconvénients en
matière de travaux.
L’habitat collectif c’est 90 % du logement urbain en France, dont 60 % construit au 20ème siècle,
considéré comme une « passoire thermique » et touché par des travaux d’améliorations du
confort d’usage ou de lutte contre la précarité énergétique. Or ce bâti, vrai visage des villes,
dessiné, moderne, a ce défaut : « on croit le connaître parce que les techniques paraissent
similaires à l’architecture actuelle » (F. Châtillon, ACMH). Mais les standards actuels, les
matériaux ou les procédés constructifs, ne sont pas adaptés. Les produits plastiques ou
composites, collés ou clipsés, électroniques, bon marché sont inadaptés, consuméristes à
l’obsolescence programmée, contreproductifs, polluants et laids venant rompre le dessin des
volumes et les lignes. D’ailleurs, les pathologies concernent les interventions des années 80 :
évolution de la réglementation thermique et mystification technologique.
Les campagnes de travaux récentes, normatives, guidées par des aides et incitations fiscales,
favorisent les interventions ponctuelles utiles à la politique du chiffre, et continuent de ruiner
peu à peu l’architecture. Le 21ème siècle ne doit pas reproduire les mêmes erreurs que la
génération précédente. La performance énergétique n’est pas une simple question de
consommation d’énergie. Intervenir dans l’habitat collectif en copropriété, notamment dans
l’architecture moderne, demande des collaborations étroites entre pouvoirs publics, maîtrise
d’ouvrage/syndic, maîtrise d’œuvre. C’est un exercice acrobatique à faible marge de manœuvre
architecturale pour réaliser des diagnostics et travaux sur du long terme.

Flora GRESSIER-SOUDAN
      Flora Gressier-Soudan est étudiante en Master 2 recherche TPTI (Techniques,
      patrimoines, territoires de l’innovation) à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.

Les vestiges de Metaleurop. Les enjeux de la patrimonialisation des industries lourdes
du XXème siècle. Dépollution d’un site industriel et valeur patrimoniale.
Ces étapes ont pris le pas sur la temporalisation des structures dans l’espace. Après le
dynamitage de différentes structures symboliques de l’usine, il reste peu d’éléments qui
rappellent l’histoire du site industriel. L’image écologique du site est mise au premier plan de
la rénovation. La spécificité de cette étude de cas, tient à son classement Seveso II. Après la
fermeture, le site industriel a dû être dépollué incluant des transformations aux coûts
conséquents avant d’installer une nouvelle activité sur les lieux. Ce sont ces pollutions
historiques du plomb, et du cadmium qui « rebattent les cartes » dans le processus de
patrimonialisation du site. Au-delà de la transformation du site en écôpole, l’opération a pour
volonté d’effacer le passé d’une usine polluante au profit d’une image écologiquement
exemplaire. Ce changement d’image se fait au détriment du passé historique de l’usine.
L’innovation dans cette recherche vise à adapter les manières de conserver le patrimoine
industriel, en anticipant les contraintes environnementales. Le Building Information Modeling
(BIM) apparaît comme une méthode récente et prometteuse pour conserver les traces du site.
On peut ainsi prévoir la préservation du patrimoine lorsque les questions environnementales et
leurs conséquences financières sont prépondérantes. Le propos de cette recherche veut
démontrer que l’important n’est pas la patrimonialisation matérielle du site, car ce fut un échec
en raison du classement Seveso et des coûts de dépollution astronomique, mais plutôt
d’anticiper les conséquences environnementales sur la patrimonialisation des industries
lourdes du XXème siècle.

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Lora HOUSSAYE
      Titulaire d’un Master 2 en conservation préventive du patrimoine, Lora Houssaye a
      été régisseuse d’œuvres au Centre Pompidou de 2007 à 2019, où elle a collaboré à de
      nombreux projets d’expositions, dont Calder (2009), Dali (2012), Koons (2014) ou
      encore Christo & Jeanne-Claude (2020). Elle travaille depuis 2016 sur le sujet des
      plans de sauvegarde et a rejoint en 2019 le service de la régie des œuvres du Centre
      de recherche et de restauration des musées de France où elle est en charge de la régie
      sur le site de Versailles.

Marc MAMEAUX
     Ingénieur de formation, Marc Mameaux est en charge au Centre Pompidou de la
     restauration technologique d’œuvres d’art moderne. Il intervient en partenariat avec
     les équipes de restauratrices sculpture sur les œuvres qui ont des éléments
     technologiques, de la programmation informatique aux automates mécaniques en
     passant par tous les éléments électriques intrinsèques aux œuvres des collections du
     musée national d’art moderne. Sa mission concerne tant la maintenance au quotidien
     et la restauration fondamentale que la veille technologique pour lutter contre
     l’obsolescence technologique qui peut frapper les œuvres. Féru d’électronique, il
     maîtrise plusieurs langages de programmation informatique et s’intéresse également
     à la mécanique et à la réparation de pianos.

Une expérience de l’amiante en art contemporain : le Centre Pompidou.
Au cours de cette communication préparée en collaboration avec Jonathan Faustin GIRAULT,
Rémi NAVARRO et Aude CHAUFOURIER, nous souhaitons présenter notre expérience de
l’amiante, depuis la première œuvre détectée dans les années 2000, jusqu’au premier
désamiantage d’œuvres en janvier 2020. La présence d’amiante dans les collections induit un
double risque : le risque sanitaire pour les personnels et le public, et le risque d’oubli et de
dégradation pour l’œuvre isolée. Nous commencerons par un rappel de ce qu’est l’amiante et
des risques qu’elle présente pour la santé, pour resserrer sur les formes qu’elle peut prendre
dans nos collections : patrimoine industriel, œuvres électromécaniques contemporaines. La
prise de conscience du risque amiante dans nos collections est survenue dans les années 2000
autour d’une œuvre de Takis. L’œuvre a été confinée, mais la réponse du Centre Pompidou ne
s’est pas arrêtée là : avec la formation de plusieurs agents (électromécaniciens et emballeurs
notamment) à la reconnaissance et à la manipulation de matériaux amiantés.
En 2017, le Centre Pompidou a été confronté au prêt d’une œuvre amiantée sans information
préalable du prêteur. La présence d’agents formés a permis de repérer le matériau et de mettre
en œuvre des mesures de protection. Puis de sensibiliser tous les agents en contact avec les
œuvres au risque amiante et de modifier nos procédures de prêt.
Enfin, l’exposition Christo a réuni toutes ces problématiques puisque devaient être présentées
des œuvres amiantées de la collection, mais aussi de prêteurs extérieurs non institutionnels.
Face à ce nouvel enjeu, nous avons mobilisé toutes les compétences en interne pour arriver à
mettre en œuvre le premier désamiantage d’œuvres de la collection du Centre Pompidou.

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Table-ronde :
Lutter contre le trafic, mesures et outils juridiques français et européens.

Présentation et animation : Claire CHASTANIER
      Adjointe au sous-directeur des collections, Service des musées de France, direction
      générale des patrimoines et de l’architecture.
      Historienne de formation et diplômée de l’Ecole du Louvre, Claire Chastanier travaille
      depuis plus de vingt-cinq ans au Ministère de la culture dans le secteur muséal et
      principalement sur la circulation des biens culturels. Elle occupe depuis 2010 son
      poste actuel, dans lequel elle est particulièrement en charge des questions de contrôle
      de l’exportation et de lutte contre le trafic de biens culturels, ainsi que des
      problématiques autour des restitutions patrimoniales et de l’activité du marché de
      l’art. En lien avec ces missions, elle coordonne l'activité de la Commission consultative
      des trésors nationaux et du secrétariat général de l’Observatoire du marché de l’art
      et du mouvement des biens culturels.

Les risques liés aux conflits armés, y compris dans leurs formes actuelles, et leurs impacts sur le
patrimoine ont été identifiés au cours du XXème siècle comme devant faire l’objet d’un
encadrement juridique et de divers dispositifs pour assurer non seulement la protection
patrimoniale pendant ces crises mais aussi, en cas de dégâts commis, organiser la réhabilitation
nécessaire, sur le plan matériel en priorité mais aussi mémoriel.
L’incursion, plus récente dans ce registre, du terrorisme, en particulier djihadiste, dont l’action
destructrice sur le patrimoine au Moyen Orient, qualifiée par Irina Bokova, directrice générale
de l’UNESCO de 2009 à 2017, de « nettoyage culturel », obéit à des objectifs idéologiques, a
suscité une réaction forte de la communauté internationale et une évolution des cadres
juridiques et opérationnels adoptés en réponse dans beaucoup de pays comme en France.
Sur ces deux versants (conflits armés et terrorisme) qui se sont souvent conjugués ces dernières
années, la France, notamment via l’action du Ministère de la culture/DGP, s’est mobilisée, dans
la continuité de son rôle moteur sur la longue durée dans ce domaine, avec des propositions
concrètes portant sur de nombreux aspects pour répondre à ces menaces d’un nouveau genre.
Cette communication pourrait être l’occasion de dresser le bilan des initiatives récemment
prises dans ces contextes, impulsées par la DGP ou auxquelles elle a participé avec d’autres
partenaires, en matière de protection patrimoniale et de lutte contre le trafic de biens culturels,
y compris dans ses aspects liés au financement du terrorisme, et d’ouvrir des perspectives sur
les améliorations souhaitables à l’avenir pour compléter les mesures adoptées et les outils
juridiques, tels ceux introduits par la loi LCAP, déjà mis en place.

Avec :

Marine LECHENAULT
     Marine Lechenault est docteur en archéologie, diplômée des universités Lumière
     Lyon 2 et Rome I La Sapienza. Depuis 2011, elle a travaillé pour le musée des Beaux-
     Arts de Lyon, le musée Joseph Déchelette de Roanne, et mené des travaux de
     recherche en protohistoire méditerranéenne. De 2015 à 2019, elle a occupé le poste
     de manager pour plusieurs projets de sécurité au sein du Département Recherche de
     l’Ecole nationale supérieure de la Police. Depuis 2019, elle est manager du projet
     européen NETCHER au laboratoire HiSoMA, CNRS, coordinateur du projet. Elle

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enseigne à l’université Lyon 2 et intervient comme experte évaluatrice pour la
        Commission européenne.

Benjamin OMER
     Benjamin Omer est titulaire d’un Master 2 en Sécurité intérieure de l’Université Lyon
     3 et de l’Ecole nationale supérieure de la police. Il travaille pour le Secrétariat de la
     Convention de 1970 de l’UNESCO dès 2017, chargé entre autres de la formation des
     professionnels de la lutte contre le trafic de biens culturels. Il entame en parallèle un
     travail doctoral sur « Le blanchiment du produit des infractions archéo-terroristes »
     sous la direction de Mmes Anne-Sophie Chavent-Leclère (Université Lyon 3) et
     Véronique Chankowski (Ecole française d’Athènes). Depuis son départ du Secrétariat
     de la Convention de 1970 en 2019, il intervient toujours pour l’UNESCO en qualité de
     consultant, notamment sur des projets européens. Il a rejoint le projet NETCHER en
     décembre 2020, pour contribuer à l’organisation de son Forum final et à la bonne
     conclusion des 27 mois de travaux de son consortium.

Le projet NETCHER
NETCHER est un projet européen initié en janvier 2019 pour une durée de 27 mois. Coordonné
par le CNRS (Sabine Fourrier, directrice de la Maison de l’Orient et de la Méditerranée, et
Véronique Chankowski, directrice de l’Ecole française d’Athènes), son but est de construire un
réseau favorisant l’échange d’information, d’expériences et de bonnes pratiques dans le
domaine de la lutte contre le pillage et le trafic de biens culturels, en connectant les nombreuses
actions et initiatives existantes, et en rassemblant un réseau d’acteurs impliqués dans la
préservation du patrimoine. L’intervention présentera le projet (réseau, plateforme,
réalisations, ressources et événements) ainsi que ses résultats.

Bibliographie recommandée :
https://netcher.eu/
CHANKOWSKI, Véronique, 2021, « The fight to protect our cultural heritage », The Project Repository Journal,
issue n°8, January 2021, p. 50-53.
Collectif, 2020, « NETCHER, projet européen et réseau d’experts contre le pillage et le trafic de biens
culturels », La lettre de l’InSHS, septembre 2020, p. 8-9.

Timothée LE BERRE
     Diplômé de l’Ecole du Louvre en conservation du patrimoine et titulaire d’un master
     de l’Université d’Heidelberg en histoire de l’art, le capitaine Le Berre intègre l’armée
     de Terre en 2013 après avoir occupé plusieurs postes d’historien militaire
     notamment au Militärhistoriches Museum der Bundeswehr à Dresde. Affecté au 1er
     Régiment d’Artillerie en tant que chef de section de tir en 2015, il participe à plusieurs
     déploiements au Sénégal puis au Mali. En 2019, il rejoint la Délégation au patrimoine
     de l’armée de Terre (DELPAT) en tant que Référent adjoint au patrimoine. Depuis
     2017 la DELPAT a initié la formation et le déploiement de conservateurs en opération.
     Le capitaine Le Berre travaille au développement de la protection du patrimoine dans
     les opérations militaires et au renforcement de cette capacité nouvelle de l’armée de
     Terre. Il participe aux formations initiées par la Cultural Property Protection Unit de
     l’armée britannique et conseille l’US Army Monuments Officer Training Program. Il

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est actuellement doctorant à l’Université de Newcastle en Angleterre en Cultural
       Property Protection.

Protéger le patrimoine en temps de conflit : une mission pour les militaires ?
Lors des conflits armés, les dégâts occasionnés sur le patrimoine sont toujours considérables.
Qu’ils soient intentionnels, fruits de dommages collatéraux, causés par le vandalisme ou la
simple négligence, ces faits ne sont pas nouveaux. Si l’émotion suscitée par ces derniers n’est
pas moins forte hier qu’aujourd’hui, la destruction du patrimoine lors des conflits
contemporains a pris des formes multiples et une intensité nouvelle. L’attaque du patrimoine
culturel interpelle donc davantage les opinions, notamment lorsqu’elles visent des sites, des
monuments ou des collections dépourvus d’intérêts militaires. Les réactions à ces destructions
ont peu à peu conduit à la mise en place d’instruments juridiques, qu’ils soient internationaux
ou nationaux, permettant d’encadrer le droit de la guerre, de poser des garde-fous contre les
actions portant atteintes à l’intégrité de cet héritage, mais aussi de poursuivre les auteurs de
destructions intentionnelles. Que ce soit la convention de la Haye pour la protection des biens
culturels en cas de conflits armés de 1954, ou son second protocole de 1999, de nouveaux
instruments normatifs s’imposent désormais aux forces armées. Il s’agit dès lors de les décliner,
de les diffuser afin d’en permettre une application pratique sur les théâtres d’opérations. En
retour, les forces armées sont aujourd’hui pleinement intégrées, et considérées comme
légitimes, au sein des instances nationales ou internationales de la culture, en tant qu’élément
essentiels permettant de concourir aux objectifs politiques en matière de protection du
patrimoine et œuvrant à la mise en pratiques de l’esprit des textes. Les nouvelles formes de
conflictualités dont le terrorisme posent aujourd’hui un défi nouveau aux militaires qui doivent
adapter leurs réponses pour prévenir et protéger ces biens vulnérables. […] [voir texte complet
sur Sémaphore]. En France, le ministère des Armées, et l’armée de Terre en particulier, a initié
depuis 2014 une réponse remarquée en proposant pour la première fois la déclinaison d’un
corpus doctrinal spécifique grâce à la publication d’un Mémento sur la protection des biens
culturels en cas de conflits armés. Ce dernier, destiné aux commandeurs militaires, a ouvert la
voie, en tant que modèle, vers la publication, par l’UNESCO en 2016 d’un Manuel militaire
déclinant la convention de la Haye de 1954.La délégation au patrimoine de l’armée de Terre
(DELPAT) poursuit sa réflexion sur la préservation du patrimoine culturel dans les zones de
conflits armés en lien avec ses partenaires institutionnels concernés par ces problématiques
(ministère de la Culture, UNESCO…). En raison de leur formation universitaire, des
qualifications qu’ils détiennent et de leur aptitude à être projeté sur les théâtres d’opérations
extérieurs, les officiers conservateurs des musées d’armes peuvent en effet jouer un rôle d’expert
et de conseil auprès du commandement. A ce titre, et s’inscrivant dans cette démarche, elle a
permis la projection de deux conservateurs en Centrafrique puis au Mali. L’intégration d’un
réseau international de militaires spécialistes, a également permis leur participation récente
au Royaume-Uni à la première formation dédiée aux équipes militaires de protection du
patrimoine depuis 1945. Il s’agit désormais de poursuivre les travaux engagés pour aboutir à
un continuum intégré dans la protection du patrimoine, en favorisant la connaissance, la
diffusion et la mise en œuvre de bonnes pratiques.

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Axe 2
                                              AGIR

Table-ronde :

Le rôle des communautés et des savoir-faire face aux risques.

Présentation et animation : Isabelle CHAVE
      Archiviste paléographe, conservatrice en chef du patrimoine, Isabelle Chave a été
      directrice adjointe des Archives départementales de la Somme (2001-2004),
      directrice des Archives départementales et conservatrice des Antiquités et Objets
      d'art des Vosges (2004-2011) et, aux Archives nationales, chef de projet au sein du
      chantier de Pierrefitte-sur-Seine, puis responsable du département Exécutif et
      Législatif (2011-2017). Adjointe au chef du département du Pilotage de la recherche
      et de la Politique scientifique, à la direction générale des Patrimoines, depuis 2017,
      où elle a été notamment chargée de l’anthropologie et du patrimoine culturel
      immatériel, elle a rejoint, en octobre 2020, la sous-direction des Monuments
      historiques et des sites patrimoniaux, comme cheffe du bureau de la conservation du
      patrimoine mobilier et instrumental.

Si la convention de l’Unesco pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel (PCI) a
consacré, en 2003, la place des communautés, des groupes et des individus, dans le processus
d’identification et d’inventaire et dans la sauvegarde des pratiques culturelles reconnues
comme PCI, la nécessité de prendre en compte ce patrimoine vivant dans l’élaboration de
recommandations pour la prévention et la gestion du patrimoine en situation d’urgence relève
d’une prise de conscience beaucoup plus récente, dans un paysage plutôt dominé par la gestion
des risques portant sur le patrimoine matériel (édifices, sites archéologiques, collections
muséales…).
Le patrimoine immatériel est pourtant, lui aussi, touché par un large éventail de contextes
d’urgence qui menacent directement sa transmission et sa viabilité. Dans ces processus de
sauvegarde, y compris en temps de crise, la place des porteurs et gardiens de ces traditions
(habitants, associations, ONG…) a été rapidement reconnue, tant leurs savoirs et leur savoir-
faire les aident à se préparer aux situations d’urgence, à y faire face et à s’en relever, renforçant
en ce sens la résilience des communautés et réduisant leurs vulnérabilités.
Après sa mise en contexte et l’évocation de ses principes opérationnels, peu à peu formalisés au
niveau international depuis 2015, cette approche participative, à l’écoute des communautés de
pratique, sera illustrée par trois expériences de terrain : dans le domaine du patrimoine
maritime et côtier, d’une part, autour de l’identification de la pluralité des risques pesant sur
les divers patrimoines du golfe du Morbihan (Locmariaquer) et de la sensibilisation aux
menaces liées au facteur climatique sur la côte basque, et dans celui des techniques du bâti,
d’autre part, pour la gestion et la conservation préventive du patrimoine en terre crue,
appuyées sur les savoir-faire locaux, dans le contexte géopolitique du Proche et du Moyen
Orient.

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Bibliographie recommandée :
CHATELARD, Géraldine, 2017, Survey report. Intangible Cultural Heritage of Displaced Syrians, Paris, UNESCO-
Section du patrimoine culturel immatériel, en ligne : https://ich.unesco.org/doc/src/38275-EN.pdf (consulté
le 25/10/2020)
IWAMOTO, Wataru, OHNUKI, Misako, NOJIMA, Yoko, 2018, Preliminary Research on ICH Safeguarding and
Disaster Risk Management in the Asia-Pacific Region: Project Report for the FY 2016-2017, Osaka, International
Research Centre for Intangible Cultural Heritage in the Asia-Pacific Region.
POLYMENOPOULOU, Eleni, 2018, "Cultural rights in the prevention and management of disasters", in Routledge
Handbook of Human Rights and Disasters, dir. F. Z. Giustiniani., E. Sommario, F. Casolari et G. Bartolini, New-
York, Routledge, p. 261-274.
SPENNEMANN, Dirk, et GRAHAM, Kristy, 2007, "The importance of heritage preservation in natural disaster
situations", International Journal of Risk Assessment and Management, n°7, p. 993-1001.
TAKAHASHI, Akatsuki, et NEMANI, Sipiriano, 2016, "Integrating ICH in post-disaster needs assessments: a case
study of Navala Village", ICH Courier online – ICH Courier of Asia and the Pacific, n°8, p. 8-11.
TAKIZAWA, Katsuhiko, 2019, "Resilience of communities affected by the Great East Japan Earthquake and
restoration of their local festivals", in Crisis and Disaster in Japan and New Zealand, dir. S. Bouterey et L. E.
Marceau, Singapour, Palgrave Macmillan, p. 41-57.
UNESCO, 2019, Définir des orientations méthodologiques pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel
dans les situations d’urgence [compte rendu de la réunion d’experts sur le patrimoine culturel immatériel dans
les situations d’urgence, Paris, UNESCO, 21-22 mai 2019], Paris, UNESCO-Entité du patrimoine vivant, en ligne
: https://ich.unesco.org/fr/situations-d-urgence-01117 (consulté le 25/10/2020)
WILSON, Meredith, et BALLARD, Chris, 2017, Safeguarding and Mobilising Intangible Cultural Heritage in the
Context of Natural and Human-induced Hazards. Desk Study, Paris, UNESCO-Section du Patrimoine culturel
immatériel, en ligne : https://ich.unesco.org/doc/src/38266-EN.pdf (consulté le 25/10/2020)

Avec :

Katia FRANGOUDES
       Katia Frangoudes est docteure en Sciences Politiques de l’université de Paris VIII. Son
       doctorat portait sur l’« Histoire et Histoires de Femmes en Thaïlande». Elle est
       actuellement chercheure à l’UMR AMURE 6308 à l’Université de Bretagne Occidentale
       (Brest). Son principal thème de recherche est la gouvernance et plus particulièrement
       la participation des parties prenantes dans la gestion des ressources marines auquel
       s’est ajouté la question du genre dans la pêche et l’aquaculture en Europe. Plus
       récemment elle s’est tournée vers la question du patrimoine culturel maritime
       (matériel et immatériel) en Bretagne en examinant les questions de la représentation
       des parties prenantes (habitant.e.s) du patrimoine et des risques et la participation
       de communautés à la désignation et à la gestion du patrimoine ayant comme cas
       d’étude la commune de Locmariaquer, Morbihan.

Le patrimoine culturel maritime et côtier est un sujet de recherche qui rassemble de
nombreuses disciplines telles que l’archéologie, l’anthropologie, la sociologie, la géographie,
l’histoire, etc. Dans le projet européen PERICLES (Horizon 2020) une équipe de recherche
pluridisciplinaire, accompagnée de praticiens, examine le patrimoine culturel à travers trois
piliers conceptuels : 1/ l’espace, le lieu et l’identité ; 2/ les risques, la résilience et l’adaptation ;
et 3/ la gouvernance délibérative et participative. Le travail de recherche en France, mené par
l’Université de Bretagne Occidentale et le Parc Naturel Régional du Golfe du Morbihan, est
réalisé à Locmariaquer dans le Golfe du Morbihan sur la base du recueil de données qualitatives
et de réunions locales. Il a comme but d’identifier et caractériser les risques et menaces pour le
patrimoine maritime local en utilisant une approche participative afin de proposer des actions
en faveur de sa préservation. L’implication des citoyens apparaît comme un élément essentiel
pour assurer la reconnaissance et la conservation des patrimoines, et en particulier des petits

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patrimoines, au-delà de la simple identification dans les différents outils juridiques de
planification. Le Golfe du Morbihan est à ce titre particulièrement intéressant pour ce qui est
du patrimoine maritime dans la mesure où il y a un Schéma de Mise en Valeur de la Mer
(SMVM). Les sujets soumis à la discussion par cette présentation sont la représentation sociale
du patrimoine, des risques et de l’identité, la complexité de la notion de « patrimoine maritime
» et la pluralité des risques (juridiques, naturels, culturels, civiques, …) et enfin l’intérêt des
démarches participatives et l’engagement des citoyens dans la préservation du patrimoine.

Isabelle DE CAUNES
       Correspondante de l’association ITSAS BEGIA, Histoire du patrimoine maritime
       Basque et de la pêche.

L’association ITSAS BEGIA œuvre depuis 1981 à la sauvegarde et à la valorisation du
patrimoine maritime de la côte basque. Afin de favoriser la découverte d'un patrimoine visible
et invisible et à risque de dégradation atrophique et naturelle, nous collectons des datas afin
d'éviter leur disparition et nous luttons par la sensibilisation et la transmissions de savoirs,
contre le risque de l'oubli. « Autour de la baie "est une expérience de médiation patrimoniale
exploitant la réalité augmentée, sous forme de parcours terrestre subaquatique et maritime.
Cette restitution contemporaine de l’histoire et de l’archive favorise ainsi sa conservation. Elle
propose un discours ou la dimension ludique fait jeu égal avec la dimension pédagogique, tandis
que les contenus peuvent être adaptés à des publics spécifiques. Grâce à des expériences
immersives, émotionnelles et éducatives innovantes et adaptées à tous, la transmission de
savoirs devient un projet patrimonial interactif dans lequel le modèle 3D virtuel se superpose à
l’environnement réel. Plus qu'un simple spectateur, le visiteur et l'habitant deviennent acteurs
du patrimoine. Afin de sensibiliser les populations aux risques liés au facteur climatique, nous
disposons sur notre territoire de nombreux sites patrimoniaux, pour raconter l’histoire
particulière de la protection de la Baie contre les assauts des vagues et imaginer ce que le
changement climatique pourrait signifier pour la Baie. Le virtuel met en valeur le patrimoine
en remettant dans le contexte ce qui existe ou a existé, et ce qui pourrait se produire. Le
patrimoine a une vie numérique en plus de sa vie in situ.

Chamsia SADOZAÏ
     Chamsia Sadozaï est chercheure associée au Laboratoire CRAterre, Unité de
     Recherche Architecture, Environnement et Cultures Constructives (AE&CC) au sein
     de l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble. Archéologue de
     formation, elle est spécialisée sur les questions de conservation des architectures en
     contexte archéologique, en particulier sur le matériau terre crue. Son parcours
     universitaire lui a permis d’acquérir la pensée et la méthode de l’archéologue, en
     réalisant de nombreuses fouilles en Asie centrale (Afghanistan, Turkménistan,
     Ouzbékistan) dans le cadre du Master. Ensuite en tant que professionnelle
     indépendante au contact d’architectes et d’ingénieurs, son expérience s’est enrichie
     par des missions d’expertise en conservation des vestiges allant de la Péninsule
     arabique jusqu’aux hautes vallées himalayennes. La coordination d’ouvrages
     scientifique, d’exposition de vulgarisation et la publication d’articles spécialisés
     caractérisent son activité de recherche depuis ces dix dernières années et l’orientent
     vers une thèse de doctorat.

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Communications :

Marie-Yvane DAIRE
      Archéologue, membre du laboratoire CReAAH, Marie-Yvane Daire travaille depuis
      une trentaine d’années sur les peuplements littoraux et insulaires de la façade
      Manche-Atlantique de la France. Responsable d’une trentaine d’opérations de terrain
      et d’une dizaine de projets de recherche nationaux et internationaux, ses travaux ont
      notamment porté sur les habitats et sites artisanaux côtiers du Ier millénaire av. n.è.
      Parmi les projets conduits depuis plusieurs années, le projet ALeRT, dédié au
      patrimoine littoral menacé de la façade atlantique métropolitaine, est en cours
      d’adaptation sur les îles de Guadeloupe (projet ALOA). Présidente de l’AMARAI
      (Association Manche Atlantique pour la Recherche Archéologique dans les Îles), elle
      développe depuis plusieurs décennies des projets de recherche-action à dominante
      participative dans l’Ouest de la France.

Une démarche de recherche-action face à la vulnérabilité du patrimoine culturel du
littoral Atlantique : actualité des programmes ALeRT et ALOA.
Plusieurs décennies d’expérience dans l’Ouest de la France permettent de proposer un état
sanitaire du patrimoine culturel côtier exposé aux effets du changement climatique et des
pressions d’origine anthropique. Les solutions élaborées dans le cadre de plusieurs programmes
de recherche successifs, dont le projet ALeRT (Archéologie, Littoral et Réchauffement
Climatique) tentent d’apporter des éléments de réponse et conduisent aussi à s’appuyer sur des
ressources et des dynamiques dépassant les cadres académiques et les champs disciplinaires
classiques : développement de démarches participatives, collaborations avec les gestionnaires
du littoral...Ce projet de recherche-action, développé depuis 2006 sur le patrimoine menacé des
rivages Manche-Atlantique de la France métropolitaine s’appuie sur une démarche
interdisciplinaire et inter-institutionnelle qui, en Bretagne par exemple, associe chercheurs du
CNRS et universités, services régionaux de l’archéologie du ministère de la Culture,
conservatoire du littoral, région, départements, parcs régionaux, associations locales et
régionales.... Le projet ALeRT trouve aujourd’hui un nouveau développement ultra-marin, à
travers le projet ALOA (Archéologie Littorale Outre Atlantique). Ces deux projets suivent un
schéma de développement en plusieurs étapes :
- le travail d’inventaire et observation de terrain (participatif) s’inscrit dans une démarche de
« protection par l’enregistrement » permettant de dresser un état sanitaire et un suivi,
notamment à la suite d’événements climatiques extrêmes ; pour ce faire, une base de données
interactive a été élaborée, accessible par tout un chacun sur supports mobiles (téléphones et
tablettes) permettant une rapidité de transmission des informations. Outre les informations de
géolocalisation et de caractérisation des vestiges, une grille d’évaluation de la vulnérabilité du
site est proposée.
- une fois les « alertes » envoyées via l’application, un travail d’expertise des sites est conduit
par des spécialistes, afin de valider et compléter le premier niveau d’information.
- ces expertisent permettent ensuite de produire des cartes de vulnérabilité, à différentes
échelles (commune, terroir, département...); ces dernières sont des outils d’aide à la décision sur
les actions à entreprendre (relevés, fouille, suivi...) et leur priorisation par les gestionnaires; -
puis la restitution vers les acteurs et le public est destinée à sensibiliser une communauté plus

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large qui peut ensuite elle-même s’emparer des outils d’observation interactifs et venir
alimenter la première étape de collecte d’information.

Bibliographie recommandée :
DAIRE M.Y., MARTIN C., LOPEZ-ROMERO E.., 2019, « Le projet ALeRT dans son contexte national et européen. »
Les Nouvelles de l’Archéologie, n°155, Estrans, l'archéologie entre terre et mer juin 2019, p. 65-66.
LOPEZ-ROMERO E., DAIRE M.Y., PROUST J.N., REGNAULD H., 2013, “Le projet ALERT: une analyse de la
vulnérabilité du patrimoine culturel côtier dans l'Ouest de la France. », in M.Y. Daire, C. Dupont, A. Baudry, C.
Billard, J.M. Large, L. Lespez, E. Normand et C. Scarre. (dir.), Ancient maritime communities and the relationship
between people and environment along the European Atlantic coasts/ Anciens peuplements littoraux et relations
home/milieu sur les côtes de l'Europe atlantique, Proceedings of the HOMER 2011 Conference, Actes du colloque
HOMER 2011, Vannes, 28 septembre-1er octobre 2011, British Archaeological Reports, International Series,
BAR S2570, p. 127-136.
OLMOS P., LOPEZ-ROMERO E., BALLESTEROS-ARIAS P., DAIRE M.Y., 2013, “L'application ALeRT : une
démarche participative au service de la protection du patrimoine archéologique littoral. », Bulletin de
l'Association Manche Atlantique pour la Recherche Archéologique dans les Îles, n°26, p. 83-86.
DAIRE M.Y., OLMOS P., LOPEZ-ROMERO E., 2016, “Le projet ALeRT. Des sites archéologiques en danger sur le
littoral de la Manche et de l’Atlantique. », Archéopages, n°42, avril-juillet 2015 (paru en mars 2016), p. 125-133.

Jean-Michel SAINSARD
      Jardinier des Domaines de l’Etat, Jean-Michel Sainsard a travaillé de 1978 à 2004 aux
      domaines de Matignon, Champs-sur-Marne, Malmaison et Compiè gne. En 2004, il
      rejoint la direction de l’Architecture et du Patrimoine comme chargé de mission.
      Depuis 2010, il exerce les fonctions d’expert pour les parcs et jardins proté gé s au titre
      des monuments historiques à la direction gé né rale des Patrimoines et de
      l’architecture. C’est à cette é poque qu’il rejoint l’é quipe pé dagogique du Master 2 «
      Jardins historiques, patrimoine et paysage » à l’Ecole nationale supé rieure
      d’architecture de Versailles. Il anime le blog L’anné e du Jardinier
      http://anneedujardinier.blogspot.fr/

Le jardinier et le projet, pour une adaptation au changement climatique.
Percevoir le changement climatique comme un couperet est une vision réductrice du jardin en
tant qu'œuvre. Même si elle est en soi inquiétante, la disparition de certains végétaux ne peut
être considérée comme insurmontable à la survie des jardins. A la différence de l'espace
forestier, il faut se souvenir que, dans un jardin, les enjeux sont avant tout paysagers. Les
paysagistes sont ainsi amenés à repenser les jardins, à créer d'autres formes qui enrichissent le
jardin d'autres significations. L'histoire des jardins, les structures encore en place confirment
que la recherche n'est pas nouvelle. L'expérience de végétaux devenant inadaptés, obligeant à
reprendre des structures entières, nous rappelle que la réponse est toujours dans le projet, que
le jardin historique se compose aussi du paysage alentour, d'axes, de pleins et de vides, du bâti,
des usages et pratiques, de l'économie... Cela nécessite de grandes capacités d'ouverture
intellectuelle et de pédagogie pour remettre en question certaines formes et compositions
historiques. Nous sommes à l'aube d'une nouvelle pensée du jardin historique, qui fait confiance
à la capacité du vivant à s'adapter au projet et à la gestion jardinière.

Bibliographie recommandée :
Actes de colloque, 2014, Historic Gardens and Climate Change Recommendations for Preservation, Potsdam,
Edition Leipzig.
CLEMENT, Gilles, 1999, Le Jardin planétaire, Actes Sud
« La performance environnementale, pilier de la gestion durable de l'ONF», http://www.onf.fr, page vue le
1er mai 2014.

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BISGROVE, Richard, 2008, « Des défis climatiques », Carnets du paysage, 17.44
Pierre d’Angle Dossier 69, Le climat change… et l’Homme ?, 2016 https://anabf.org/pierredangle/dossiers/le-
climat-change-quid-de-l-architecture
SOIGNON, Jacques, 1985, Jardin botanique de Nantes - Constat hiver.
https://jardins.nantes.fr/N/Information/Meteo/Vegetaux/Constat-hiver-85.asp
SCOTT JENKIS, Victoria, 1994, The Lawn: A History of an American Obsession.
CLEMENT, Gilles, 2006, Où en est l’herbe? Réflexions sur le jardin planétaire, Actes Sud.

Marie COURSELAUD
      Diplômée d’Histoire de l’Art, de muséologie et de conservation préventive, Marie
      Courselaud est, depuis 2018, chargée de mission en conservation préventive au
      Centre de recherche et de restauration des musées de France. Dans ce cadre, elle
      réalise des missions d’études, de conseils et d’assistance au Département de la
      conservation préventive et pilote le projet Ateliers plan de sauvegarde des biens
      culturels pour le réseau des Musées de France. Elle commence sa carrière comme
      assistante du conseiller musée à la DRAC Midi-Pyrénées puis comme régisseuse dans
      différents musées de cette région. Elle se spécialise en 2010, en conservation
      préventive et crée une entreprise de conseils, profession qu’elle exercera pendant 2
      ans. Elle entre en 2011 aux Archives nationales et devient responsable du service de
      conservation préventive. Elle participe également à de nombreuses formations sur la
      thématique de la conservation préventive. Fortement impliquée dans la protection du
      patrimoine, elle collabore aux projets du Bouclier bleu France, association dans
      laquelle elle fut secrétaire générale pendant quatre ans.

Une aide à la rédaction de plans de sauvegarde des biens culturels.
« Le patrimoine se reconnaît au fait que sa perte constitue un sacrifice et que sa conservation
suppose des sacrifices ». La définition du patrimoine, par le très pragmatique André Chastel, ne
pourrait mieux résumer les enjeux que recouvrent la nécessaire protection des biens culturels.
Les politiques de conservation et de conservation préventive œuvrent au quotidien pour assurer
ce devoir de transmission mais la tâche n’est pas toujours aisée. Souvent contrainte par des
moyens financiers limités et bien d’autres paramètres pouvant restreindre ses actions, cette
mission devient d’autant plus importante et indispensable lorsque l’on considère la
vulnérabilité du patrimoine. Autrefois portée sur des actions de préservation post-sinistre, en
protégeant ce qui pouvait l’être1, la vision de la protection a évolué en même temps que la
conservation préventive s’est développée. L’identification des risques et leur prise en compte
ont permis d’envisager des actions préventives visant, par anticipation, à diminuer ou limiter
l’impact de ces risques sur le patrimoine. Cependant, tous les risques ne sont pas maîtrisables.
Les rivières continueront leur fréquent débordement et d’autres évènements imprévisibles
comme les tempêtes ou les incendies continueront de menacer le patrimoine. C’est dans cette
démarche d’anticipation et afin de prioriser le sauvetage selon la « valeur » 2 accordée aux biens
culturels - et non en fonction de ce qu’il reste à sauver-, que les plans de sauvegarde des biens
culturels (PSBC) sont devenus les outils indispensables à la gestion de crise. Bien que leur utilité
soit évidente et reconnue, que leur usage soit une nécessité, trop peu de musées en sont
aujourd’hui dotés. Seuls 17% des musées de France déclarent disposer d’un PSBC opérationnel.
Face à ce constat et pour participer à l’application de la politique du Ministère de la culture qui
en a fait une priorité dans la Directive nationale d’orientation (DNO 2016—2017), il importait
au Département de la conservation préventive (DCP) du Centre de recherche et de restauration
des musées de France (C2RMF) de développer ce sujet. La compréhension des points de blocage
était le préalable aux choix stratégiques à entreprendre. Une fois appréhendés, le DCP a
souhaité engager les musées volontaires dans une démarche d’accompagnement à la rédaction,
en développant une méthode applicable à l’ensemble des biens culturels (archives, musées,
                                                                                                        13
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