Emmanuel Krivine chef d'orchestre - Beethoven - Cadences

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Emmanuel Krivine chef d'orchestre - Beethoven - Cadences
L’ AC T UALI T E D E S CO N C ERTS E T D E L’ O PE R A

                                                                                      Beethoven
                                                                                      La Symphonie
                                                                                           Pastorale
[ n° 312 mars 2018 ]

                                                                                               Auber
                                                                                    Le Domino noir

                                                         Emmanuel Krivine          Le calendrier
                                                                                          conc e rts
                  © Christophe Abramowitz

                                                                                   de s
                                                                chef d’orchestre           à   p Aris
Emmanuel Krivine chef d'orchestre - Beethoven - Cadences
CHÂTEAU DE VERSAILLES

SEMAINE SAINTE                               COUPERIN: LEÇONS DE TÉNÈBRES
                                             Le Poème Harmonique,
À LA CHAPELLE                                Vincent Dumestre

ROYALE                                       24   MARS 2018

BACH: PASSION SELON SAINT JEAN
                                             GAETANO VENEZIANO:
Amsterdam Baroque Orchestra & Choir,
Ton Koopman                                  PASSIO PER IL VENERDI SANTO
                                             Valer Sabadus
 18   MARS 2018                              Chœur de chambre de Namur
                                             Millenium Orchestra, Leonardo García Alarcón

                                             30   MARS 2018
BACH: PASSION SELON SAINT MARC
Coro Infantil Amics de la Unio (Barcelone)
La Capella Reial de Catalunya
Le Concert des Nations, Jordi Savall
                                             HAENDEL: DIXIT DOMINUS
26    MARS 2018                              VIVALDI: GLORIA
                                             Chœur de Chambre du Palais
                                             de la Musique Catalane
                                                                                                        OPÉRA MIS EN SCÈNE
                                             Ensemble Matheus, Jean-Christophe Spinosi                  À L’OPÉRA ROYAL
BACH:
PASSION SELON SAINT MATTHIEU                  4   AVRIL 2018

Tölzer Knabenchor
Hofkapelle München, Michael Hofstetter                                                                  CAVALLI:
 31   MARS 2018   1    AVRIL 2018
                                                                                                        IL GIASONE
                                                                                                                                                   Déploration du Christ, Botticelli 1495 © Domaine Public ; Il Giasone © GTG Magali Dougados.

                  er

                                             ORATORIOS MIS EN SCÈNE

                                             ANTONIO DRAGHI:                                           Valer Sabadus,
BACH: MOTETS                                LE TREMBLEMENT DE TERRE                                    Kristina Hammarström,
Les Arts Florissants, Paul Agnew             Le Poème Harmonique, Vincent Dumestre                      Francesca Aspromonte
                                             Benjamin Lazar, mise en espace
25    MARS 2018
                                             28   MARS 2018                                             Mise en scène Serena Sinigaglia
                                                                                                        Capella Mediterranea,
SCHÜTZ / SCHEIN:                            CHARPENTIER: HISTOIRES SACRÉES                            Leonardo García Alarcón
LARMES DE RÉSURRECTION                       Ensemble Correspondances, Sébastien Daucé
Ensemble La Tempête, Simon-Pierre Bestion    Vincent Huguet, mise en scène

23    MARS 2018                               8   AVRIL 2018
                                                                                                         9    10   MARS 2018

                                                                                                             RÉSERVATIONS • 01 30 83 78 89
                                                                      f @chateauversailles.spectacles        www.chateauversailles-spectacles.fr
                                                                                        @OperaRoyal          et points de vente habituels
Emmanuel Krivine chef d'orchestre - Beethoven - Cadences
Anniversaire
                                                                                                                             sommaire
                                                                                                                             LeS dossiers
                                                                                                                             Beethoven,
                                                                                                                             Symphonie n° 6 « Pastorale »                      2
                                                                                                                             Daniel-François-Esprit Auber,

                                                                      © Igor Studio
               © BnF

                                                                                                                             Le Domino Noir                                 10

                                                                                                                        8    à Paris
  Il y a 333 ans…
                                                                                                                             Portrait                                          6
  Naissait Johann Sebastian Bach, le 21 mars
  à Eisenach, la même année qu’Händel                                                                                        Emmanuel Krivine
  et Scarlatti. Et naître dans la famille Bach, cette
                                                                                                                             L’actualité des concerts                          4
  longue lignée d’organistes, cantors, et facteurs
  d’instruments, c’est épouser le métier de                                                                                  orgue                                             8
  musicien avant même de l’avoir choisi !
  Nulle surprise donc à ce qu’ en soit issu                                                                                  Benjamin Alard
                                                                     © D.R.

  le père de toute la musique occidentale du
                                                                                                                             en famille                                     14
  xviiie siècle à aujourd’hui. Figure d’autorité
  absolue dans le monde musical, il n’est aucun
                                                                                                                     10
  artiste qui ne le révère : « Devant lui, nous ne
  sommes que des enfants » affirma Schumann.                                                                                 les concerts
  Déjà à son époque, Johann Sebastian Bach
                                                                                                                             à paris                                        15
  intimidait ses contemporains. On raconte
  ainsi que lors d’un voyage à Dresde en 1717,                                                                               en île-de-france                               24
  il devait mesurer son talent à l’orgue à celui
                                                                                                                             Julien Chauvin
  de Louis Marchand. Mais la veille du duel,
                                                                     © Franck Juery

  Marchand aurait entendu Bach pratiquer
  et, affolé, se serait enfui pour éviter la joute
  musicale, se faisant porter pâle. Légende ou
                                                                                                                             CD                                             26
  fait, l’anecdote rend en tout cas hommage
  à la virtuosité du futur Cantor de Leipzig. E.G.
                                                                                                                     24      QUIZ Z                                         28

     Cadences • ISSN 1760 - 9364 • édité par les Concerts Parisiens • SARL au capital de 10 000 euros • 21, rue Bergère 75009 Paris • Tél. 01 48 24 40 63 • Fax 01
     48 24 16 29 • Siret 44156960500013 • Directeur de la publication  : Philippe Maillard • Publicité  : Claire Vachon, tél. 01 48 24 40 63, cvachon@cadences.fr,
     assistée d’Alexia Dufayet, adufayet@cadences.fr • Rédacteur en chef : Yutha Tep • Chef de rubrique : Élise Guignard • Ont participé à ce numéro : Floriane
     Goubault, Michel Fleury, Michel Le Naour • Conception graphique : fujiyama@wanadoo.fr • Diffusion : Sophie Borgès, sborges@cadences.fr • Impression : RPN.
     Livry-Gargan • Tirage : 50 000 exemplaires • Abonnement : 9 nos 40 €

                                                                                                          AL                                               OLONCEL
                                                                                                                                                                   LE
                                                                                                                                                                               www.philippemaillardproductions.fr
                                    SALLE
                                                                                          IS     PA S C                            M A R C CO P
                                                                                                                                                PEY VI
                                                                                      DEN   NO                                                PETER L AU
                                                                                                                                                         L     PIANO
                                                                                      PIA

                                               I TC H
                       DA N I E L LO Z A KOVVI O L O N          23
                                                              MARS
                               A N OV S K Y
                 ALEXANDER ROM        ANO     PI
                                                                20:30
                                                               SALLE                                                                                               29
                                                              G AV E A U                                                                                         MAR
                                                                                                                                                                   20:30
                                                                                                                                                                           S
                                                                                                                                                                 SALL
                                                                                                                                                                        E
                                                                                                                                                                G AV E
                                                                                                                                                                       AU

                                                                                                                                                                       N
                                                15                                                                                                               VE
                                                                                                                                                            T HO
                                              M A R0S                                                                                                  BE
                                                                                                                                                          E    CK
                                                20:3
                                                                                                                                                          R AN
                                                SALLE
                                                                                                                                                        F
                                                        U
                                               G AV E A

                                                                 M O Z A RT                               B E ET H OV E N                                           22 €
                                                                                                                                                      55   38
                                                              S C H U B E RT                                S C H U B E RT     PRIX DES PL
                                                                                                                                           ACES

                                                            B E ET H OV E N                                                                            01 48 24 16 97
                                                                                                                               R É S E RVAT I O N S

                                                                                                                                                      mars 2018 cadences                                            1
Emmanuel Krivine chef d'orchestre - Beethoven - Cadences
DO s s i e r

                Beethoven
     Symphonie Pastorale
             Seule symphonie de Beethoven en cinq mouvements,                                                           chœurs, Beethoven demanda à l’orchestre
              la Pastorale se distingue surtout par la profonde                                                         de reprendre depuis le début, sans man-
              quiétude qui en émane. Elle inspirera de nombreux                                                         quer au passage d’injurier copieusement les
       compositeurs, à commencer par Hector Berlioz qui verra                                                           musiciens, « de la manière la plus grossière,
     en elle un « étonnant paysage qui semble avoir été composé                                                         et si haut que tout le public entendit ». Au
                                                                                                                        terme de ce concert mouvementé, la Pasto-
                        par Poussin et dessiné par Michel-Ange ».

     L
                                                                                                                        rale ne s’illustre donc pas particulièrement.
              es premières es-                                                                                          Le compositeur et critique Johann Friedrich
              quisses de la Sym-                                                                                        Reichardt, bien qu’admettant que « chacun
              phonie n° 6 dite                                                                                          des mouvements était parfaitement écrit, de
              « Pastorale » datent                                                                                      manière très vivante et inspirée », retient sur-
     de 1803, alors que Beetho-                                                                                         tout que la symphonie a duré « beaucoup plus
     ven est en pleine composi-                                                                                         longtemps qu’un concert donné à la cour »
     tion de sa Symphonie n° 3.                                                                                         (le deuxième mouvement, en particulier, est
     Il ne s’agit encore que de                                                                                         jugé trop long). Quelque cent ans plus tard,
     quelques idées notées rapi-                                                                                        Debussy condamnera toujours sévèrement la
                                       © Beethoven par Joseph Karl Stieler

     dement : on y trouve le futur                                                                                      Pastorale, estimant l’ensemble « inutilement
     thème du Scherzo et une                                                                                            imitatif ou d’une interprétation purement ar-
     étude pour le « murmure                                                                                            bitraire ».
     du ruisseau » de l’Andante.
     L’essentiel de l’œuvre est
     composé en 1808, en même                                                                                                Une ode à la nature
     temps que… la Symphonie
     n° 5 ! Ce qui est bien difficile
     à croire tant les deux œuvres
     sont différentes : tandis que
                                                                                                                        C   ’est « couché dans l’herbe, les yeux au ciel,
                                                                                                                            l’oreille au vent » que Berlioz s’imaginera
                                                                                                                        Beethoven composer sa Symphonie Pasto-
     l’une, tourmentée, déchaîne les passions,                               Sublimant le classicisme                   rale. En effet, éternel amoureux de la nature,
     l’autre exhale la sérénité d’une nature trans-                          et posant les bases du                     Beethoven se promenait régulièrement dans
     figurée. Les deux symphonies sont créées à                              romantisme, Ludwig                         les environs boisés de Vienne et passait la
     l’occasion du même concert, le 22 décembre                              van Beethoven inspira                      plupart de ses étés loin de la ville. Le peintre
     1808. Le programme, entièrement dédié aux                               tout le xixe siècle.                       Klœber relate l’une de ses rencontres avec le
     nouvelles œuvres de Beethoven, est d’une in-                                                                       compositeur en 1818 : « Dans mes promenades
     croyable densité : outre les Symphonies n° 5                                                                       à Mödling, je rencontrai plusieurs fois Beetho-
     et 6, on y entend des extraits de la Messe en                                                                      ven, et c’était très curieux de le voir, son papier
                                                                             Le 10 mars – Salle Wagram
     ut, le Concerto pour piano n° 4, une Fantai-                                                                       à musique et un bout de crayon dans les mains,
                                                                             Orchestre Colonne. Dir. : Julien Leroy.
     sie pour piano seul et la Fantaisie pour piano,                         Jean-Philippe Collard, piano. Beethoven,   s’arrêtant souvent comme s’il écoutait, regardant
     orchestre et chœur, avec Beethoven lui-même                             Symphonie n° 6 ; Probst, Nuées ;           en haut, en bas, puis traçant des notes sur son
     au piano. L’accueil du public est mitigé : le                           Rachmaninov, Concerto pour piano n° 1.     papier ». En 1823, au cours d’une promenade
     concert, trop long (plus de quatre heures !),                                                                      à Heiligenstadt, Schindler aurait recueilli les
     dans une salle glaciale, pâtit surtout de la                            Le 25 mars – Opéra Royal                   confidences de Beethoven sur la création de
                                                                             de Versailles
     tension manifeste entre le compositeur et                                                                          la Pastorale : « Nous traversâmes Heiligenstadt
                                                                             Ensemble Matheus. Dir. : Jean-
     les musiciens de l’orchestre. Ferdinand Ries,                           Christophe Spinosi. Simon Ghraichy,        et sa gracieuse vallée, puis nous franchîmes un
     ami de Beethoven, nous raconte qu’après une                             piano. Beethoven, Symphonies n° 5 & 6,     ruisseau limpide, qui descend d’une montagne
     erreur du clarinettiste dans la Fantaisie avec                          Concerto n° 5 « Empereur ».                voisine, et au bord duquel croissent des ormes

2    cadences mars 2018
Emmanuel Krivine chef d'orchestre - Beethoven - Cadences
paris

                                                                                                                   Une symphonie
                                       © Jean-Baptiste Millot
© Phuong N’guyen

                                                                                                                    à programme
                                                                                                          L    a Pastorale est ce qu’on peut appeler une
                                                                                                               symphonie à programme dans le sens où,
                                                                                                          contrairement à la musique dite « pure », elle
                                                                                                          s’appuie sur une référence extramusicale : ici,
encadrant le paysage. […] Il [Beethoven] reprit                 Julien Leroy (à gauche)                   c’est un programme donné par Beethoven dans
alors : “ici j’ai écrit la scène au bord du ruisseau,           et Jean-Christophe Spinosi                les titres de ses mouvements. Le compositeur
et là-haut les cailles, les loriots, les rossignols et          (à droite) dirigeront                     ne révolutionne pas la musique descriptive, les
les coucous, l’ont composée avec moi”».                         chacun la Symphonie                       procédés musicaux évoqués précédemment
Peut-être Beethoven trouve-t-il dans ses pro-                   « Pastorale » ce mois-ci.                 ayant déjà été utilisés par ses prédécesseurs
menades solitaires un refuge à l’hostilité des                                                            (comme dans les célèbres Quatre Saisons de Vi-
hommes ? Nul doute en tout cas que cette                                                                  valdi, ou encore dans des œuvres de Couperin
œuvre, qu’il intitule lui-même « Symphonie pas-                                                           ou Rameau). Sans doute Beethoven s’est-il éga-
torale, ou souvenir de la vie champêtre », est un                                                         lement inspiré d’une œuvre de Justin Heinrich
hommage explicite rendu à cette nature conso-                                                             Knecht parue en 1784 : intitulée « Portrait musi-
latrice. Le compositeur donne à chacun des                                                                cal de la nature, ou Grande Symphonie », celle-
mouvements un titre orientant l’auditeur sur                                                              ci est composée de cinq mouvements (dont un
les idées évoquées dans sa musique : 1. Éveil                                                             épisode d’orage) dotés de titres, formant un
d’impressions agréables en arrivant à la cam-                                                             programme similaire à celui de la Pastorale.
pagne, 2. Scène au bord du ruisseau, 3. Joyeuse                                                           Mais la Symphonie n ° 6 n’est pas seulement une
assemblée de paysans, 4. Orage-Tempête, 5.                                                                musique descriptive. Beethoven, qui ajoute en
Chant pastoral – Sentiments joyeux et recon-                      repères                                 sous-titre « plutôt expression du sentiment que
naissants après l’orage. Toute la symphonie                                                               peinture » au moment de l’édition de 1809, ne
comporte de nombreux procédés descriptifs                         1725 : édition des Quatre Saisons       recherche pas la représentation exacte d’une
                                                                  de Vivaldi
figurant la nature. Dans l’Andante, le murmure                                                            scène de nature : « Tout spectacle perd à vouloir
                                                                  décembre 1770 : Naissance
du ruisseau est rendu par la douce ondulation                                                             être reproduit trop fidèlement dans une compo-
                                                                  de Ludwig van Beethoven
des cordes en accompagnement, tandis que les                                                              sition musicale », indique-t-il dans les esquisses
                                                                  1784 : Portrait musical de la nature,
trilles des violons évoquent les oiseaux, nom-                    ou Grande Symphonie de Justin
                                                                                                          de 1807, telle une mise en garde. Dans cette
més avec précision dans la coda : alors que la                    Heinrich Knecht                         symphonie, il s’attache surtout à traduire le
flûte chante le rossignol, le hautbois est choisi                 1804 : Symphonie n° 3                   sentiment de sérénité que lui inspire la nature.
pour la caille et la clarinette pour le coucou. Le                de Beethoven                            Pour cela, il commence par écarter toute ten-
quatrième mouvement, sans doute le plus des-                      1808 : Symphonies n° 5 et 6             sion harmonique : pas de tonalité mineure (à
criptif, multiplie les effets figurant la tempête :               de Beethoven                            l’exception de l’orage) et des changements har-
staccato des violons pour la pluie, tremolo des                   1812 : Symphonies n° 7 et 8             moniques très lents. Ensuite, il rend la sensation
contrebasses et roulement de timbales pour le                     de Beethoven                            d’immobilité et d’éternel recommencement
grondement de l’orage, coups de timbales pour                     1824 : Symphonie n° 9                   de la nature par les nombreuses répétitions
le tonnerre, hurlement du vent au piccolo…                        de Beethoven                            de cellules mélodiques ou rythmiques. Aussi,
auxquels s’ajoutent les trombones pour une so-                    26 mars 1827 : mort de Beethoven        même si les titres des mouvements sont de la
norité encore plus éclatante. Tandis que l’orage                  1830 : Symphonie fantastique            main même de Beethoven, ils sont à prendre
s’éloigne, l’Allegretto final ramène la paix au                   de Hector Berlioz                       avec précaution. Et si les adeptes de la musique
son d’un ranz des vaches duquel découlera                         1915 : Une Symphonie alpestre           « pure » ne souhaitent pas s’encombrer d’un
                                                                  de Richard Strauss
tout le mouvement. Les hommes trouvent éga-                                                               tel programme, ils peuvent toujours suivre le
lement leur place dans cet hymne pastoral : le                                                            conseil de Berlioz : « jetez-le et écoutez la sym-
troisième mouvement, par sa gaité quelque peu                                                             phonie comme une musique sans objet déter-
rustique et ses rythmes de danses populaires,                                                             miné » ! L’auditeur n’en sera pas moins « ému,
nous plonge dans un orchestre de village. Se-                                                             ravi, transporté de la beauté de ses formes, de
lon Schindler, Beethoven se serait inspiré des                                                            l’émotion sympathique de sa voix, de la divine
mélodies populaires mais aussi de la manière                                                              harmonie de tous ses mouvements ».
de jouer des musiciens pour écrire son Scherzo.
                                                                                                                                     • Floriane Goubault
                                                                                                                                       mars 2018 cadences      3
Emmanuel Krivine chef d'orchestre - Beethoven - Cadences
les concerts
         du mois

                                                                           Alain Planès, piano
                                                                           Du 9 au 25 mars (Maison de la Radio)
                                                                                                     L’intégrale pour piano de Debussy,
                                                                                                     voilà un programme de taille ! Pré-
                                                                                                     ludes, Études, Images… Pour offrir
                                                                                                     toutes les richesses de la palette so-
                                                                                                     nore, les couleurs les plus impression-
                                                                                                     nistes et les textures les plus subtiles,
                                                                                                     c’est un maitre du répertoire qui nous

                                                                           © D.R.
                                                                                                     attend à la Maison de la Radio : Alain
                                                                                                     Planès. Pianiste aussi époustouflant
                                                                           que discret, amoureux de poésie et de peinture, il fut l’élève
                                                                           de Jacques Février et s’est affirmé comme l’interprète idéal de
                                                                           la musique française pour piano du xxe siècle. Il a d’ailleurs
                                                                           gravé en disque cette intégrale Debussy entre 2000 et 2006. Ces
                                                                           quatre récitals seront une belle manière de célébrer le cen-
                                                                           tième anniversaire de la mort du compositeur.

                                                                           Philipp von Steinaecker, direction
                                                                           Du 11 au 16 mars (Conservatoire Supérieur de Paris)
                                                                                                     En 1724, Händel est depuis quatre
                                                                                                     ans directeur de la Royal Academy
                                                                                                     of Music. À ce titre, il peut engager
                                                                                                     pour ses productions les meilleurs
                                                                           © Annemone Taake

                                                                                                     musiciens anglais, et dispose aussi
                                                                                                     des plus grandes étoiles italiennes de
                                                                                                     son époque. Chef-d’œuvre absolu de
                                                                                                     l’opera seria, Giulio Cesare est créé le
                                                                                                     20 février avec des interprètes stars
                                                                           comme Senesino dans le rôle-titre et La Cuzzoni en Cléopâtre.
                                                                           Händel leur a réservé des airs aussi sublimes que virtuoses.
                                                                           Ce sont aujourd’hui les étudiants du Conservatoire National
                                                                           Supérieur de Musique de Paris qui pourront révéler tous leurs
                                                                           talents dans cette reprise de l’ouvrage.

                    Printemps musical en Allemagne                         Piotr Anderszewski, piano
                                                                           13 mars (Philharmonie)
                          Festival Händel à Halle
                                                                                                    À côté de l’ouverture de l’unique opéra
                            25 MAI AU 10 JUIN 2018                                                  de Schumann, Genoveva et de son
                                                                           © S. Fowler Warner Classics

                         www.haendelfestspiele-halle.de                                             énergique Symphonie n° 4, ce ne sera
                                                                                                    pas son Concerto pour piano prévu
                           Festival Bach à Leipzig                                                  initialement qui sera donné mais le
                                                                                                    Concerto n° 25 de Mozart, Maria João
                                 8 AU 17 JUIN 2018                                                  Pires ayant suspendu pour le moment
                                www.bachfestleipzig.de                                              ses concerts. On accueillera donc le
                                                                                                    génial Piotr Anderszewski qui join-
                                                                           dra sa finesse d’interprétation à celle du London Symphony
                                                                           Orchestra dirigé par Sir John Eliot Gardiner. Une distribution
                                                                           idéale pour ce programme. Beauté des intentions, art du délié,
                                                                           le pianiste polonais saura nous transporter, fort d’une liberté
                         Deux
                          Deux événements
                               événements majeurs
                                            majeurs aux
                                                    aux                    rare et d’une profonde singularité. Sa collaboration avec le LSO
                         sources
                         sources de
                                  de la
                                     la musique
                                        musique baroque
                                                baroque                    nous séduit d’avance.

     4    cadences mars 2018

Festival Cadences 1 L92xH261mm vs2.indd 1                 06/02/2018 16:39:24
Emmanuel Krivine chef d'orchestre - Beethoven - Cadences
paris

Lucile Richardot, mezzo
17 mars (Église des Billettes)
                          Impressionnante par son authenticité
                          et son engagement, Lucile Richardot
                          mène une carrière encore discrète
                          mais a déjà tout d’une grande. Avec
                          sa voix de mezzo-soprano si singu-
                          lière, si riche, et son goût pour les
                          répertoires intimistes, elle a eu l’occa-
© D.R.

                          sion de collaborer avec les ensembles
                          baroques les plus réputés (Le Poème
Harmonique, Les Paladins, Les Arts Florissants…). C’est cette
fois avec un ensemble prometteur, dont elle participé à la fon-
dation, qu’elle se produit : l’ensemble Tictactus. Le programme
de ce concert semble taillé pour elle, et mettra en valeur son
talent inné pour dire les textes, avec du Purcell, du Playford,
du Strozzi…

Pierre Roullier, direction
20 mars (Conservatoire Régional de Paris)
                          L’Ensemble 2e2m peut se targuer au-
                          jourd’hui d’être l’une des formations
                          phares dédiées à la création musicale,
                          passionnante par son esprit d’ouver-
                          ture. Elle propose pour ce concert une
                          œuvre d’Aurélien Dumont, Flaques de
© E. Kongs

                          miettes, qui porte bien son nom : elle
                          se présente comme un ensemble de
                          petits mouvements développant des
directions différentes et constituant, selon les mots du com-
positeur, « une sorte d’état déambulatoire en proie aux doutes
et à l’évanescence d’un équilibre perdu ou fantasmé ». On peut
compter sur Pierre Roullier, à la tête de l’ensemble, pour don-
ner du souffle à l’ouvrage.

Valery Gergiev, direction
25 mars (Philharmonie)
                          Après L’Or du Rhin le 24 mars, on
                          pourra entendre le second volet du
                          Ring de Wagner, que Valery Gergiev
© Alexander Shapunov

                          a élaboré essentiellement avec les
                          chanteurs de la troupe exceptionnelle
                          du Théâtre Mariinski. La Walkyrie,
                          sublime apogée du drame lyrique
                          romantique, est peut-être l’ouvrage
                          le plus populaire de la Tétralogie, et
bénéficie ici d’un orchestre tumultueux, d’élans puissants dans
la direction, et d’un dramatisme poussé à son sommet. Le chef
russe nous livre ainsi une interprétation fascinante du monu-
ment wagnérien, renouvelant un répertoire qu’il affectionne.
Nouvelle qui réjouira les passionnés, il donnera les quatre opé-
ras du Ring d’ici septembre 2018.

                                                                      mars 2018 cadences   5
Emmanuel Krivine chef d'orchestre - Beethoven - Cadences
les concerts
    do
    p urm
        troa
           i si t

    Emmanuel Krivine
    tout pour la musique
                             Nommé directeur musical de l’Orchestre National de                         un moment exceptionnel dans sa carrière dé-
                           France à partir de la saison 2017-2018, Emmanuel Krivine                     diée uniquement à la musique. « Sans elle, la
                           célèbre dans la Maison ronde le Centenaire de la mort                        vie n’a pas de sens » affirmait-il récemment.
                            de Debussy à l’occasion de deux concerts, mais défend
                             aussi une certaine idée de la musique qui vaut toutes                            Ressentir l’énergie
                                                        les philosophies du monde.
                                                                                                                 du moment
                                                            Le 24 mars - Maison de la Radio
                                                            Orchestre National de France.
                                                            Karine Deshayes, mezzo.
                                                                                                        «    Avec l’Orchestre National, je vis des instants
                                                                                                            de bonheur dus à la chimie musicale et hu-
                                                                                                        maine qui nous lie. C’est une grande satisfaction
                                                            Debussy, Printemps et Images pour
                                                            orchestre ; Ravel, Shéhérazade.
                                                                                                        de constater combien existe une synergie de tous
                                                                                                        les instants entre le public et l’orchestre pour la
                                                            Le 5 avril - Maison de la Radio             plus grande joie de tous.
                                                            Orchestre National de France.               Dans le geste musical je ne suis jamais analytique
                                                            Francesco Piemontesi, piano.                ou musicologique : je suis en totale immersion
                                                            Debussy, La Mer ; Franck, Variations
                                                                                                        dans ce qui se passe entre le jeu de l’orchestre
                                                            symphoniques ; Strauss, Burlesque pour
                                                            piano & orchestre ; Ravel, Une barque       et l’écoute de la salle. Mon rôle se situe à l’inter-
                                                            sur l’océan.                                section des vibrations. Il y a un an, en consul-
                                                                                                        tant des photographies, je me suis aperçu que
                                                                                                        la disposition de l’orchestre que j’avais choisie
     © Christian Aschman

                                                                                                        était la même que celle d’Ingelbrecht en 1937 ;
                                                                                                        étrange coïncidence et retour aux sources ! »
                                                                                                        De fait, s’est installé un climat de confiance et
                                                             du tac au tac                              un travail de fond qui se sentent tout autant
                                                              Votre héroïne préférée ? La               dans le domaine de la musique pure que dans

    A
                                                              Vierge pour la souplesse                  la relation avec les personnes qui entourent
              près avoir parcouru le monde, di-               qu’elle apporte au judéo-                 l’orchestre : « Si j’ai eu la responsabilité de
              rigé les plus grandes phalanges in-             christianisme.                            concocter, avec Eric Denut, les programmes de
              ternationales de Chicago à Londres              Votre livre préféré ? Les Contes          cette nouvelle saison, je dois aussi beaucoup
                                                              de Grimm ou Les Pensées
              ou Tokyo, élevé sur les cimes l’Or-                                                       à la compréhension du PDG de Radio France,
                                                              de Pascal.
    chestre National de Lyon pendant treize ans,                                                        Mathieu Gallet, grand amateur de musique ainsi
                                                              Le compositeur qui n’est pas reconnu à
    occupé de 2005 à 2015 le poste de directeur               sa juste valeur ? En France, Johann       qu’au soutien de Michel Orier, directeur de la
    musical de l’Orchestre Philharmonique du                  Strauss considéré comme un                musique. » Outre la musique française dont
    Luxembourg, porté sur les fonds baptismaux                musicien d’opérette alors que             Emmanuel Krivine est considéré à juste titre
    en 2004 la Chambre Philharmonique, Emma-                  c’est un autre Mozart.                    comme l’un des meilleurs interprètes, il voue
    nuel Krivine a pris en charge les destinées de            La pièce musicale que vous emportez       également au répertoire allemand et en parti-
    l’Orchestre National de France. Premier chef              sur une île déserte ? La Fantaisie        culier à Johannes Brahms une admiration qui
                                                              et fugue pour orgue en sol
    d’orchestre français à occuper cette fonction                                                       ne se dément pas : « Cela date de l’époque où
                                                              mineur BWV 542 de J.-S. Bach
    depuis Jean Martinon (entre 1968 à 1973),                 car mon rêve était d’être                 j’ai rencontré Karl Böhm à Salzbourg en 1965.
    il se montre peu enclin à manier la langue                organiste.                                Outre Richard Strauss, Brahms occupe pour
    de bois et encore moins la grammaire de                   En quoi voudriez-vous vous réincarner ?   moi une place privilégiée ; avec l’Orchestre de
    Vaugelas et confie tout l’enthousiasme qu’il              En tout cas pas en moi-                   Bamberg, j’ai eu l’occasion d’enregistrer les
    éprouve à retrouver les musiciens français                même, mais autrement,                     4 symphonies en 1995 et d’autres pages sympho-
                                                              en sommelier.
    avec lesquels il déclare sans ambages vivre                                                         niques. Avec le National nous venons de donner

6   cadences mars 2018
Emmanuel Krivine chef d'orchestre - Beethoven - Cadences
en couverture

                                                                                           Deshayes chantera Shéhérazade de Ravel que
                                                                                           nous avions enregistré ensemble. Si l’orches-
                                                                                           tration de Debussy est plus « pointilliste » que
                                                                                           celle de Ravel, elle est aussi plus conceptuelle
                                                                                           alors que Ravel est plutôt un jouisseur de la mu-
                                                                                           sique un peu comme Richard Strauss. Le second
© Radio France / Christophe Abramowitz

                                                                                           concert est centré sur La Mer, mais nous avons
                                                                                           aussi invité un pianiste très subtil et talentueux,
                                                                                           Francesco Piemontesi, pour jouer les Variations
                                                           3 CD                            symphoniques de Franck et Burlesque de Ri-
                                                                                           chard Strauss. » Parallèlement, le chef français
                                                                                           a entamé avec l’Orchestre National chez Erato
                                                                                           une série d’enregistrements à paraître prochai-
                                                                                           nement : « Il y aura d’abord La Mer et Images
                                                                                           de Debussy, puis avec Bertrand Chamayou un
                                                                                           CD consacré aux Concertos pour piano n° 2 et
Le Chant des Parques ; nous avons aussi joué               Ludwig van Beethoven :          5 « Egyptien » de Saint-Saëns. Nous sommes très
beaucoup de Brahms avec la Chambre Philhar-                9 Symphonies                    amis et ce sont des œuvres que nous avons beau-
monique durant la dernière saison. Brahms sera             Chambre Philharmonique          coup jouées ensemble. »
                                                           1 coffret de 5 CD Naïve
d’ailleurs le fil conducteur de la prochaine sai-
son de l’Orchestre National. »
                                                                                               La musique conçue
                                         à la tête d’une                                      comme une fin en soi
                                         riche actualité
                                                           Johannes Brahms :               E    mmanuel Krivine a une vision très person-
                                                                                                nelle de la musique et de sa place dans la

A     u sein d’une activité débordante mais                4 Symphonies, Ouvertures,       cité, refusant de l’envisager sous l’angle de la
      que l’âge a disciplinée (Emmanuel Kri-               Variations sur un thème         simple utilité telle que les édiles voudraient le
vine continue néanmoins d’occuper le poste                 de Händel                       faire accroire : « La musique est souvent ensei-
                                                           Orchestre Symphonique
de « principal guest conductor » au Scottish                                               gnée de manière rationnelle au détriment de la
                                                           de Bamberg
Chamber Orchestra, a dirigé en février la Qua-             1 coffret de 3 CD Denon         sensation physique et intégrée. La musique est
trième Symphonie de Bruckner sur instruments                                               un besoin vital, bien au-delà des considérations
d’époque avec la Chambre Philharmonique au                                                 de son utilité ou de son inutilité : c’est d’ailleurs
Grand Théâtre de Provence à Aix et sera pro-                                               précisément parce qu’elle n’est pas « utile »
chainement avec le Chicago Symphony Orches-                                                qu’elle est indispensable, comme l’eau que l’on
tra), le chef français ne manque pas de projets :                                          boit ou l’air que l’on respire. Elle nous régénère
« Ma mission auprès de l’ONF exige une présence                                            autant que le rayonnement du soleil. Pour moi,
                                                           Richard Strauss,
régulière. Les deux prochains concerts avec l’Or-                                          la musique en tant qu’art est autant immanence
                                                           Alexandre Von Zemlinsky :
chestre ont pour fil d’Ariane l’œuvre de Claude                                            que transcendance. » Une profession de foi
                                                           Till Eulenspiegel /
Debussy : le premier sera consacré à Printemps,                                            dont le public de l’Auditorium de Radio France
                                                           Die Seejungfrau
une œuvre de jeunesse comme une ébauche de                 Orchestre Philharmonique        pourra constater la pertinence lors des deux
ce qui apparaîtra ensuite de façon plus élaborée           du Luxembourg                   concerts parisiens qui s’annoncent sous les aus-
dans sa création. Il y aura aussi Images qui n’a           Emmanuel Krivine, direction     pices les plus prometteurs.
finalement rien d’impressionniste car Debussy,             1 CD Alpha Classics / Outhere

                                                                                                                          • Michel Le Naour
                                                           Music France
pas plus que Monet, n’est labellisable, et Karine

                                                                                                                          mars 2018 cadences       7
Emmanuel Krivine chef d'orchestre - Beethoven - Cadences
Orgue

    Benjamin Alard
             l’amour de Bach
     Au fil des années, Benjamin Alard                                                                      décidé d’organiser les trois
      s’est imposé comme l’un des plus                                                                      disques du coffret en fonction
          passionnants interprètes de                                                                       de ces périodes. »
     Johann Sebastian Bach. Nouvelle                                                                        Benjamin Alard répare ici
                                                                                                            une manière d’injustice : « Ces
    preuve en ce mois de mars, avec un
                                                                                                            œuvres ont été peu jouées, elles
    concert sur « son » orgue de Saint-
                                                                                                            sont même peu considérées, et
       Louis-en-l’Île qu’accompagne la
                                                                                                            cela est fort dommage, dans
        sortie d’un somptueux coffret                                                                       la mesure où elles contiennent
                 chez Harmonia mundi.                                                                       de réelles merveilles. Je trouve

    S
                                                                                                            passionnant de constater que
             i, depuis son Premier prix au Concours                                                         déjà le génie était là. Ce qui est
             de clavecin de Bruges en 2004, Benja-                                                          le plus flagrant, c’est l’assu-
             min Alard a merveilleusement servi                                                             rance de l’écriture : tout est
             les maîtres français, Johann Sebas-                                                            extrêmement clair et Bach va
    tian Bach est demeuré la divinité tutélaire à                                                           droit au but. Cette confiance est
    laquelle il retourne toujours et encore, qu’il                                                          manifeste dans les dix neuf cho-
                                                       © Igor Studio

    s’agisse de la musique pour clavecin ou de                                                              rals que j’ai enregistrés. Une
    celle pour l’orgue. Pour sa première publi-                                                             musique jouée dans le cadre
    cation sous étiquette Harmonia mundi – un                                                               d’un choral est normalement
    coffret de trois disques qui initie une monu-                                                           improvisée par le musicien
    mentale intégrale des œuvres pour clavier du       Benjamin Alard est l’un            pour amener le chant du choral en question. À
    compositeur –, Benjamin Alard rend de nou-         des rares musiciens à              la place de l’improvisation, Bach écrit de réelles
    veau hommage à Bach : « Les œuvres enre-           mener une carrière au plus         pièces de musique qui introduisent un caractère
    gistrées concernent une période allant de 1697     haut niveau aussi bien au          ou un geste, et qui tiennent en une page. Leur
    à 1705, c’est à dire la toute première jeunesse    clavecin qu’à l’orgue.             interprétation est difficile car si l’on n’entre
    de Bach. Je me suis appuyé sur le travail de                                          pas immédiatement dans la bonne tonalité du
    Jean-Claude Zehnder qui a été mon professeur                                          choral, du texte, on passe vite à côté de quelque
    à la Schola Cantorum de Bâle. Il a beaucoup                                           chose de fondamental. Ici, l’assurance de Bach
    œuvré sur cette partie de la vie de Bach, obte-                                       provient sans doute des anciens qu’il a copiés,
    nant des résultats vraiment très intéressants                                         de son éducation probablement mais aussi d’une
    et dégageant trois périodes très claires. La                                          vision plus moderne de la façon de faire. »
    première est celle d’Ohrdruf où il s’installe      Le 4 mars –­ Église Saint-Louis-

                                                                                                     Les influences
    chez son frère Johann Christoph après être         en-l’Île
    devenu orphelin alors qu’il a une dizaine d’an-    Bach, Frescobaldi, Grigny.
    nées. On pense qu’il a commencé à composer                                                       du jeune Bach
    à Ohrdruf à l’âge de douze ans, il copie alors
    énormément ses aînés. La seconde période
    est celle de Lüneburg où Bach se rend parce
    qu’il a choisi d’entrer au lycée. Il y étudie le
                                                                                          Q    ui sont les anciens que le jeune Bach a co-
                                                                                               piés et étudiés ? La liste des noms est l’oc-
                                                                                          casion d’un véritable tour d’Europe : « Quand je
    latin, la musique, les langues et bien d’autres                                       dis « anciens », je pense à ses aïeux, à son frère,
    disciplines. La troisième période correspond                                          mais aussi aux musiques qu’il a copiées : les Ita-
    au moment où il décroche son premier poste,                                           liens comme Albinoni et Corelli, les maîtres du
    à Arnstadt. Les œuvres de cette troisième                                             nord avec déjà la musique de Buxtehude bien
    période sont déjà beaucoup plus connues. J’ai                                         avant le voyage à Lübeck de 1705, ou celle de

8   cadences mars 2018
paris

                                                         CD
Reincken, sans oublier Kuhnau qui était Kantor                                               orgue et je me sens un devoir de bienveillance
à Leipzig. Déjà Bach avait cette soif de musique                                             envers cet instrument, j’essaie d’œuvrer pour
et il a su très vite synthétiser plusieurs styles : le                                       qu’il occupe une vraie place dans l’église. Mais
Alt-Stil, le style ancien du contrepoint allemand                                            c’est aussi un travail car je joue quasiment tous
venant de Schütz, mais aussi Monteverdi, Fres-                                               les dimanches. L’entretien de l’orgue s’effectue
cobaldi (on sait que son frère avait une copie                                               de manière très efficace mais il s’agit d’un orgue
des Fiori musicali) ou encore les Français. Le           Johann Sebastian Bach               neuf, qui demande donc moins d’interventions.
style français était déjà en vogue et Bach avait         Intégrale des œuvres pour clavier   L’Association des amis de l’orgue de Saint-Louis-
                                                         (vol. 1)
une copie du livre d’orgue de Nicolas de Grigny.                                             en-l’Île est très dynamique et nous proposons
                                                         Bach, Frescobaldi, Kuhnau, Böhm,
Il y a aussi Louis Marchand : on parle souvent           Pachelbel, Grigny...                des concerts à un horaire sortant un peu de l’or-
du duel manqué de 1717 mais Bach connaissait             Benjamin Alard (orgue & clavecin)   dinaire, à 12:30. C’est un moment de la journée
déjà la musique de Marchand par son frère. J’ai          Coffret de 3 CD Harmonia mundi      où il y a une très belle lumière, ce qui permet que
tenu à ce que le coffret contienne quelques pièces                                           l’attention soit concentrée sur la musique. »
des influences qu’a subies Bach dans son extrême                                             Parions toutefois que la seule prestation musi-
jeunesse. »                                                                                  cale suffira amplement à capter l’attention des
Le 4 mars prochain, le claveciniste-organiste                                                auditeurs. Il n’est pas inutile de rappeler que,
nous donnera un aperçu passionnant de cet                                                    sous l’impulsion de Benjamin Alard, l’orgue de
opulent coffret. Si, au disque, il rend justice                                              Saint-Louis-en-l’ïle est devenu un acteur im-
aux pièces abordées en passant du clavecin à                                                 portant de la vie musicale parisienne, autour
l’orgue, Benjamin Alard nous donnera un aper-                                                duquel s’articule une série de concerts régu-
çu de ce programme sur le seul et magnifique                                                 liers. Le Roi des instruments ne pouvait, il est
orgue Aubertin de l’église Saint-Louis-en-l’Île :                                            vrai, trouver plus grand champion.
« Cela fait douze ans que je suis titulaire de cet
                                                                                                                                 • Yutha Tep

                                                                                                                           mars 2018 cadences      9
DO s s i e r

     Daniel-François-Esprit Auber
     Le Domino noir                                                                                                  tivement superficiels, le duo concevaient des
              Trop souvent mis de côté de nos jours, Auber fut un
        véritable maître en matière d’opéra-comique. Séduisante                                                      œuvres très bien ficelées d’un point de vue
                et malicieuse, sa musique est celle d’un mélodiste                                                   théâtral, et toujours percutantes pour le pu-
                                                                                                                     blic. Leur premier triomphe fut Le Maçon en
         incomparable et recèle mille subtilités qui témoignent
                                                                                                                     1825. Viendraient ensuite : La Fiancée (1829),
          d’un savoir immense. à l’Opéra Comique dès ce mois-ci, le
                                                                                                                     Fra Diavolo (1830), Les Diamants de la cou-
         Domino Noir est l’un des plus beaux exemples de son art.

     A
                                                                                                                     ronne (1841)… Outre l’opéra-comique, Auber
                 lors qu’il reste                                                                                    et Scribe connurent aussi un coup d’éclat avec
                 aujourd’hui      en-                                                                                une œuvre de « grand opéra » : La Muette de
                 core peu joué,                                                                                      Portici, créée en 1828. On pourrait décrire
                 et ce depuis le                                                                                     Auber comme le parisien mondain typique de
     xxe siècle, Daniel-François-                                                                                    l’époque, une sorte de dandy ne laissant jamais
     Esprit Auber fut pourtant                                                                                       paraître ses vraies émotions mais toujours en-
     un compositeur très en vue                                                                                      clin à offrir en société quelques mots d’esprit.
     en xixe siècle. Sa musique                                                                                      Il avait un réel goût pour la sophistication, et
     connut un immense succès,                                                                                       s’était rendu célèbre par sa malice, qui lui per-
     au point qu’une grande par-                                                                                     mettait paradoxalement de cacher sa nature
     tie de ses œuvres furent pu-                                                                                    assez secrète. Il dissimulait aussi derrière
     bliées d’innombrables fois et                                                                                   cette apparente jovialité un caractère sérieux
                                        © Luisa Ricciarini-Leemage

     arrangées pour toutes sortes                                                                                    assorti d’une grande érudition. Et il ne faut pas
     d’instrumentations.                                                                                             se laisser tromper par l’apparente légèreté des
     Auber (1782-1871) fut pen-                                                                                      œuvres d’Auber : le musicien avait une par-
     dant trois ans l’élève de Luigi                                                                                 faite connaissance du contrepoint, de l’harmo-
     Cherubini (il lui succèderait                                                                                   nie et de l’art de l’orchestration, et aurait pu se
     d’ailleurs en 1842 au poste de                                                                                  prévaloir d’être mieux instruit que la plupart
     directeur du Conservatoire de                                                                                   de ses contemporains. Pourtant, il n’avait pas
     Paris, à la demande du roi Louis-Philippe). Son                 Malgré son succès, Auber                        le désir de faire étalage de ses connaissances,
     premier opéra, Julie, fut donné en 1805. C’est                  n’assistait jamais à une                        lui substituant celui de plaire et de charmer
     lorsque son père mourut en 1819 et que son                      seule représentation                            par sa musique.
     commerce fut ruiné qu’Auber fut contraint                       de ses œuvres, craignant
                                                                     de ne plus réussir à
     de prendre ses responsabilités financières.
     Il s’affirma alors comme un compositeur de                      composer s’il entendait                                   Une allégresse
     premier plan : n’ayant pas d’autre choix que                    sa musique en concert.
                                                                                                                                 gracieuse
     de gagner sa vie avec sa musique, il composa
     alors une œuvre lyrique par an au minimum
     et, avec le succès de La Bergère châtelaine,
     donnée à l’Opéra Comique en 1820, sa carrière
                                                                                                                     L    a musique d’Auber est un hymne à la légè-
                                                                                                                          reté et à l’élégance. Scintillante, vive, c’est
                                                                                                                     une musique qui joue sur les effets. Elle s’at-
     prit un tournant international. Résolument                                                                      tache rarement à décrire des sentiments graves
     tourné vers la composition d’opéras-comiques,                                                                   et le compositeur paraît se détourner volontai-
                                                                     Du 26 mars au 5 avril –
     Auber collabora pendant 40 ans avec le drama-                                                                   rement de la profondeur de la vie. Les nuances
                                                                     Opéra Comique
     turge Eugène Scribe, dont les textes ingénieux,                                                                 et le texte sont particulièrement mis en relief,
                                                                     Accentus, Philharmonique de Radio
     riches en « bons mots », correspondait tout à                   France. Dir. : P. Davin. V. Lesort & C. Hecq,   la musique jouant sur les astuces des mots. Les
     fait à sa musique. Si les intrigues se révélaient               mise en scène. Avec A.-C. Gillet,               partitions d’Auber répondent en même temps
     souvent peu réalistes et les personnages rela-                  C. Dubois, A. Dennefeld...                      à une construction impeccable, et repoussent

10   cadences mars 2018
paris

                                                                                                   ra-comique. Le livret du Domino Noir nous
                                                                                                   emmène donc en Espagne : avant de prendre le
                                                                                                   voile, Angèle, jeune novice future abbesse d’un
                                                                                                   couvent, profite une dernière fois des réjouis-
                                                                                                   sances d’un bal. Lors d’une nuit riche en rebon-
                                                                                                   dissements, quiproquos et déguisements, elle
                                    © Julien Pohl

                                                                                                   finira par donner à sa vie une autre direction.
                                                                                                   Théâtralement efficace, l’intrigue joue avec
© D.R.

                                                                                                   ingéniosité sur la traditionnelle thématique du
                                                                                                   bal masqué où les identités sont brouillées, une
                                                                                                   thématique qu’on retrouvera entre autres dans
                                                                                                   Die Fledermaus de Johann Strauss quarante ans
toujours plus loin les limites de la précision,
                                                                                                   plus tard.
avec des lignes qui sont souvent d’une grande
                                                                                                   La partition, elle, mêle ensembles enlevés et
limpidité. Le compositeur était un mélodiste
                                                                                                   airs mémorables. On suit l’acte I au rythme des
d’un immense talent, qui savait parer ses mélo-
                                                                                                   danses qui se suivent. La musique de bal oc-
dies de petits éléments inattendus (altérations,
                                                                                                   cupe toute cette première partie, avec boléro,
accompagnement singulier…) pour les rendre
                                                      © MAGLIOCCA

                                                                                                   contre-danse, etc. Le dernier numéro est un
immédiatement mémorisables. Maitrisant
                                                                                                   grand duo Angèle/Horace, écrit sur une danse
parfaitement les subtilités de l’orchestration,
                                                                                                   à deux puis trois temps, qui se termine sur un
Auber prenait toujours un grand soin à mettre
                                                                                                   faux moment d’effroi lorsque retentissent les
les voix en valeur, sans jamais les couvrir.
                                                                                                   douze coups de minuit. L’acte II contient les
On ne peut pas considérer Auber comme un              De gauche à droite et                        passages les plus célèbres du Domino Noir,
représentant du romantisme comme pouvait              de haut en bas : Anne-
                                                                                                   ainsi que des numéros particulièrement co-
l’être Berlioz. Contrairement aux grands ro-          Catherine Gillet (Angèle),
                                                                                                   casses comme le dialogue entre Juliano, tout
mantiques de son époque, il fuyait le lyrisme         Patrick Davin (direction)
                                                                                                   d’élégance et de séduction, et Inésille-An-
exacerbé et l’expression du pathos. Alors que         et Cyrille Dubois (Horace).
                                                                                                   gèle, aux manières faussement paysannes. La
Berlioz tirait entre autres son inspiration de
                                                                                                   « Ronde aragonaise » de l’héroïne, qui tente de
Beethoven, Auber s’inscrivait plutôt dans la
                                                                                                   convaincre l’assistance de ses origines étran-
lignée d’Haydn et Mozart, perpétuant une
                                                                                                   gères, a grandement participé au succès de
tradition classique qui continuait d’exister à
                                                                                                   l’œuvre. Sur un rythme de cachucha entrai-
l’époque en dépit du développement de la ten-
                                                                                                   nant, Auber joue sur les effets espagnolisants.
dance romantique. D’autre part, son image de
                                                                                                   L’air virtuose obtenu annonce la Csárdás de
dandy mondain ne correspondait pas du tout
                                                                                                   Rosalinde dans Die Fledermaus. Les couplets
à la figure de l’artiste romantique maudit,
                                                                                                   de Gil Perez au début du finale parodient avec
éternel tourmenté. Il avait notamment reçu
                                                                                                   piquant un cantique, avant que le compositeur
un grand nombre de charges honorifiques et
                                                                                                   ménage un moment d’intimité avec la prière
avait acquis la reconnaissance du public et du
                                                                                                   d’Angèle et la cavatine émouvante d’un Horace
milieu artistique.
                                                                                                   désespéré. Le dernier acte parodie discrète-
                                                                                                   ment, et sans virulence, le milieu du couvent,
                                                                repères
         Échos d’Espagne                                                                           notamment avec le chœur des religieuses, plus
                                                                                                   enclines aux ragots qu’à la dévotion. Le grand
                                                               1782 : naissance à Caen
                                                                                                   air d’Angèle « Je suis sauvée enfin… Ah ! quelle

L
                                                               1805 : premier opéra, Julie
     e Domino Noir est créé le 2 décembre 1837
                                                               1819 : décès de son père            nuit ! » traduit efficacement les contrastes des
     et connaît un succès immédiat qui perdu-
                                                               1820 : La Bergère châtelaine        émotions traversées par l’héroïne, mêlant peur
rera. La musique est bien représentative du
                                                               1825 : Le Maçon, Auber est nommé    et humour, tandis qu’on entend encore une
style d’Auber, charmant et spirituel. Berlioz
                                                               officier de la Légion d’honneur     fois les éclats des rythmes espagnols avec un
dira d’ailleurs de l’ouvrage qu’il est le meilleur
                                                               1828 : La Muette de Portici est     jaleo (« Flamme vengeresse »).
du compositeur, le jugeant « léger, brillant, gai,
                                                               créée à l’Opéra de Paris            Jusqu’en 1909, le Domino Noir fut donné pas
souvent plein de saillies piquantes et de coquettes
                                                               1837 : Le Domino Noir               moins de 1209 fois. Traduit dans une quinzaine
intentions ». La couleur espagnole frappe, plus
                                                               1842 : directeur du Conservatoire   de langues, il eut une notoriété internationale.
encore l’auditeur d’aujourd’hui que celui de
                                                               de Paris                            Aujourd’hui encore, malgré le peu de reprises
l’époque : le spectateur de la première moitié
                                                               1869 : Rêves d’amour, dernier       faites des œuvres d’Auber, il est le neuvième
du xixe siècle n’était pas familier de ces petites
                                                               opéra                               ouvrage le plus joué à l’Opéra Comique.
touches hispanisantes qu’on retrouverait
                                                               1871 : meurt à Paris
ensuite régulièrement dans le genre de l’opé-
                                                                                                                                 • élise Guignard
                                                                                                                               mars 2018 cadences     11
SOLISTES                                                                                             STS Evenements et
                                                                                     la Palazzetto Bru Zane présentent

EN    SEINE

Sandrine Piau et
le Concert de la Loge
Plaisirs d’amour

                                                                                                                          © Sandrine Expilly
Programme : Berlioz, Dubois,
Saint-Saëns, Massenet…

                                                            23.03.2018

                                                            Réservations sur :
                                                            laseinemusicale.com, fnac.com
                               Production Bru Zane France

SOLISTES                                                                                     STS Evenements présente

EN    SEINE

Paul Meyer
& Michel Portal
Formation :
                                                                                                                  © Benjamin de Diesbatch

Paul Meyer, Clarinette
                                                                                                                  © Edith Held Vandoren

Michel Portal, Clarinette
Jérôme Ducros, piano

                                                            15.05.2018

                                                            Réservations sur :
                                                            laseinemusicale.com, fnac.com
TOUS                                                                    STS Evenements présente

EN   SEINE !

Sotto Voce
DIRECTION
MUSICALE      Scott Alan Prouty
Choeur d’Enfants Sotto Voce,
59 enfants de 10 à 18 ans !
Piano : Richard Davis
Chorégraphe : Evandra Martins

                                                                                             © Sotto Voce
                                        25.03.2018

                                        Réservations sur :
                                        laseinemusicale.com, fnac.com

LES NOUVEAUX                                                            STS Evenements présente

CLASSIQUES

Quatuor Voce
Venez jouer
avec Beethoven !
Programme : Beethoven opus 132
                                                                                              © Quatuor Voce

Présenté par François-Xavier Szymczak

                                        02.05.2018

                                        Réservations sur :
                                        laseinemusicale.com, fnac.com
les concerts
 edn
   u fmaomi si ll e

                              La musique classique à découvrir en famille

                                            Attachant                       Réjouissant
                                           Dès 8 ans                       Dès 5 ans

                                           La Princesse
                                           légère
     © D.R.

     Dans le cadre du festival Folies de Jeunesse qui met à l’hon-
     neur des spectacles destinés au jeune public, l’Opéra Comique
     programme un opéra de Violeta Cruz créé en 2017 à Lille, La
                                                                           © Ted Paczula

     Princesse légère. Le livret tiré du conte de George MacDonald
     ravira les petits comme les grands enfants : on y découvre une
     princesse condamnée par une sorcière à la légèreté, légèreté du
     corps mais aussi de l’esprit, qui l’empêche de se confronter à la
     gravité, dans tous les sens du terme. Cette histoire, celle de tout
     enfant faisant face au monde des adultes, est développée dans
                                                                           Le Carnaval des animaux
     une partition poétique très moderne.                                  Petite pépite de trouvailles musicales et d’humour, Le Carnaval
     Du 9 au 11 mars – Opéra Comique                                       des animaux est composé en 1886 par Camille Saint-Saëns, alors
     Ensemble Court-Circuit. Dir. : J. Deroyer. J. Houben & E. Wilson,     qu’il est en vacances en Autriche. Il conçoit son œuvre comme
     mise en scène. Avec J. Crousaud, M. Zerari, J. J. L’Anthöen...        une parenthèse de fantaisie, destinée à faire rire. Elle est jouée
     Tél. : 08 25 01 01 23.                                                à l’occasion du Mardi gras, pendant le Carnaval de Paris, mais
                                                                           Saint-Saëns interdit ensuite son exécution publique, excepté la
                                                                           pièce « Le Cygne » qui deviendra un grand classique des violon-
                                           Étonnant
                                                                           cellistes. Ce n’est qu’à la mort du compositeur que Le Carnaval
                                           Dès 7 ans                       des animaux put de nouveau être donné. Avec 14 pièces pro-
                                                                           posant des instrumentations différentes, Saint-Saëns fait défi-
                                                                           ler tout un cortège comique d’animaux, offrant une partition
                                                                           idéale pour découvrir les timbres des instruments et l’univers
                                                                           de la musique classique : gazouillis des oiseaux dans la volière
     © Michel Nguyen

                                                                           illustrés par la flûte traversière, cocorico du coq joué par la cla-
                                                                           rinette, fluidité de l’eau dans l’aquarium avec les arpèges du

                                           ABCD’airs                       piano… Bien entendu, les différents caractères des animaux ne
                                                                           sont pas sans évoquer des caractères humains, humains qui
     Dans ce spectacle pensé par Anne Régnier, hautboïste soliste de       apparaissent eux-mêmes à leur tour dans la pièce des « Pia-
     l’Orchestre de l’Opéra de Paris, chacune des 26 lettres de l’al-      nistes ». Saint-Saëns multiplie aussi les clins d’œil à d’autres
     phabet est associée à une atmosphère musicale, dont découle           œuvres, reprenant la Danse des sylphes de Berlioz dans une ver-
     un moment de poésie ou d’humour. À travers cette succes-              sion alourdie par la démarche de l’éléphant, Orphée aux Enfers
     sion de tableaux, l’auditeur est invité à explorer les époques,       d’Offenbach dans « Les Tortues », diverses comptines pour en-
     les genres musicaux et les compositeurs. Et le panel est large :      fants dans « Les Fossiles »… Dans la lignée de ce chef-d’œuvre,
     musiques baroque, romantique, populaire, venues de France,            Luciano Berio composa Opus Number Zoo pour quintette en
     d’Amérique du nord ou d’ailleurs, toutes sont portées par le          1951, une œuvre innovante et audacieuse axée sur le langage
     talent et la complicité des quatre artistes dans une formation        des animaux, toujours dans un esprit de divertissement. Bonne
     peu usuelle (piano, contrebasse, hautbois et soprano).                humeur garantie.
     Le 10 mars – Opéra Bastille, studio                                   Le 17 mars – Cité de la Musique
     Anne Baquet, chant ; Claude Collet, piano ; Amandine Dehant,          Solistes de l’Orchestre national d’Île-de-France. Berio, Opus
     contrebasse ; Anne Régnier, hautbois & cor anglais. Gérard Rauber,    Number Zoo.
     mise en espace. – Tél. : 08 92 89 90 90.                              Tél. : 01 44 84 44 84.

14   cadences mars 2018
paris

           [ mars ]                         Vadim Repin, violon
                                            Orchestre National du Capitole
                                                                                       Le 15e quatuor de Schubert
                                                                                       M. Helms Alien, S. Waarts, violons ; T.
                                            de Toulouse. Dir. : Tugan Sokhiev.         Tidout, alto ; B. Philippe, violoncelle.
                                            Tchaïkovski, Concerto pour violon ;        19h30. Salle Cortot.
                                            Chostakovitch, Symphonie n° 12.            15 €. Tél. : 01 47 63 47 48.
                                            20h30. Philharmonie.
    1 jeudi                                                                            Håkan Hardenberger, trompette
                                            10-50 €. Tél. : 01 44 84 44 84.
                                                                                       & direction
Khatia Buniatishvili, piano                 Vierne, Dupré, Franck                      Philharmonique de Radio France.
Philharmonique de Radio France.             V. Dubois, O. Latry, P. Lefebvre,          Haydn, Prokofiev, Ravel...
Dir. : Mikko Franck. Rachmaninov,           Y. Castagnet, J. Vexo & J.-P. Leguay,      20h00. Maison de la Radio.
Debussy, Sibelius.                          grand orgue.                               10-25 €. Tél. : 01 56 40 15 16.
20h00. Maison de la Radio.                  20h30. Cathédrale Notre-Dame de Paris.
10-65 €. Tél. : 01 56 40 15 16.                                                        Ophélie Gaillard, violoncelle
                                            27,50 €. Tél. : 01 44 41 49 99.            Orchestre à préciser. Strauss, Romance
                                                                                       en fa majeur, Don Quichotte.
    2 vendredi                                 7 mercredi                              20h00. Musée de l’Armée, Cathédrale.
                                                                                       30 €. Tél. : 01 44 42 54 66.
Khatia Buniatishvili, piano                 Vox Luminis
Philharmonique de Radio France.             Dir. : Lionel Meunier. Une soirée chez     Sakomoto, Display
Dir. : Mikko Franck. Rachmaninov,           les Bach.                                  Voir au 7 mars.
Concerto pour piano n° 2 ; Franck,          20h00. Auditorium du Louvre.               20h00. Maison de la culture du Japon.
Symphonie en ré mineur.                     35 €. Tél. : 01 40 20 55 00.
                                                                                       Frank Peter Zimmermann, violon
20h00. Maison de la Radio.
                                            Sakomoto, Display                          Voir au 7 mars.
10-65 €. Tél. : 01 56 40 15 16.
                                            Installation sonore & performance.         20h30. Philharmonie.
                                            Shiro Takatani, création visuelle.
    4 dimanche                              20h00. Maison de la culture du Japon.
                                                                                       Concert Inventio
                                                                                       Ensemble A-letheia. Dir. : Jacob Bass.
Benjamin Alard, orgue                       Tél. : 01 44 37 95 95.
                                                                                       Léo Marillier, violon. Beethoven,
J.S. Bach, G. Frescobaldi, N. de Grigny.    Frank Peter Zimmermann, violon             5e Symphonie et Concerto pour violon
12h30. Église Saint-Louis-l’Île.            Orchestre de Paris. Dir. : D. Harding.     et orchestre.
Libre participation.                        Schumann, Fantaisie pour violon            20h30. Oratoire du Louvre.
                                            et orchestre, Symphonie n° 2 ;             25 €. Tél. : 01 64 01 59 29.
    5 lundi                                 Hindemith, Kammermusik n° 4.               Mūza Rubackytė, piano
                                            20h30. Philharmonie.                       Orchestre de Chambre de Lituanie.
À l’heure du déjeuner                       10-50 €. Tél. : 01 44 84 44 84.            Dir. : Robertas Šervenikas. Malcys,
Artistes de la Nouvelle Troupe Favart.
                                            Christophe Coin, violoncelle               Mozart, Chopin, Thilloy...
18h30. Opéra Comique.
                                            Akiko Ebi, piano. Franchomme,              20h30. Salle Gaveau.
15 €. Tél. : 08 25 01 01 23.                                                           22-55 €. Tél. : 01 48 24 16 97.
                                            Variations sur un thème russe ;
Mozart, Schubert, Dvořák                    Chopin, Grand Duo concertant sur des       Vierne, Messiaen, Mallié
DS Kang, violon ; H. Lee, alto ; YC Cho,    thèmes de Robert le Diable...              L. Mallié, M. Bouvard, E. Lebrun, J-B
violoncelle ; V. Lucas, flûte ; O. Doise,   20h30. Cité de la musique, Amphithéâtre.   Monnot, orgues.
hautbois ; M. Metzger, clarinette ;         18 €. Tél. : 01 44 84 44 84.               20h30. Cathédrale Notre-Dame de Paris.
L. Lefèvre, basson ; H. Joulain, cor ;                                                 27,50 €. Tél. : 01 44 41 49 99.
                                            Lea Desandre, mezzo
R. Pallottini, JM Cottet, piano. Dir.
                                            Thomas Dunford, archiluth.                 Quatuor Girard
Artistique : P. Devoyon, DS Kang.
                                            Monteverdi, Cavalli, Strozzi...            Martin Steffens, méditations. Œuvres
20h00. Musée de l’Armée, Grand Salon.
                                            20h30. Salle Cortot.                       de Barber, Bruckner, Debussy, Lekeu,
Festival Vents d’Hiver.
                                            22-38 €. Tél. : 01 48 24 16 97.            Beethoven.
10-15 €. Tél. : 01 44 42 54 66.
                                                                                       20h30. Église Saint Thomas d’Aquin.
                                            Bruch, Brahms, Beffa
Mahler, Symphonie n° 1 Titan                                                           Libre participation. Tél. : 01 42 22 59 74.
                                            Ensemble Contraste ; Ambroisine Bré,
Les Siècles. Dir. : François-Xavier Roth.
                                            mezzo.                                     Carte blanche à Fériel Kaddour
Franck, Symphonie en ré.
                                            20h30. Lycée Henri IV.                     F. Kaddour, piano ; O. Pfender,
20h30. Philharmonie.                                                                   soprano ; S. Hemmi, piano. Debussy,
                                            5-10 €. Tél. : 01 42 62 71 71.
10-30 €. Tél. : 01 44 84 44 84.                                                        Ravel, Chopin, Liszt.
                                               8 jeudi                                 21h00. École Normale Supérieure Ulm.
    6 mardi                                                                            Entrée libre. Tél. : ingrid.pichon@ens.fr.
                                            Benjamin Appl, baryton
Debussy, Fauré, Emmanuel                                                               L’Octuor de Mendelssohn
                                            James Baillieu, piano. Schubert,
Marc Coppey, violoncelle ; Jean-                                                       Musiciens du Centre de Musique
                                            Schumann, Brahms...
François Heisser, piano.                                                               de chambre de Paris. J. Pernoo,
                                            12h30. Auditorium du Louvre.
12h30. Auditorium du Musée d’Orsay.                                                    conception & mise en espace.
                                            15 €. Tél. : 01 40 20 55 00.
16 €. Tél. : 01 53 63 04 63.                                                           Mendelssohn, Mozart, Mahler...
                                            Yundi Xu, piano                            21h00. Salle Cortot.
Jean-François Zygel improvise               Ravel, Miroirs ; Clara Schumann,           15 €. Tél. : 01 47 63 47 48.
Fauré.                                      Scherzos n° 1 op. 10 & n° 2 op. 14 ;
12h30. Salle Gaveau.                        Haydn, Chopin & Ligeti.                        9 vendredi
12,50 €. Tél. : 01 49 53 05 07.             12h30. Petit Palais.
                                            11 €. Tél. : 01 40 20 09 20.               Musique russe
Ralph van Raat, piano                                                                  K. Paniouchkina-Desbordes, soprano ;
Master-class de piano autour de             Étudiants du PSPBB                         S. Lechevalier, piano. Moussorgski,
Magnus Lindberg.                            Programme communiqué ultérieurement.       Tchaïkovski, Rachmaninov...
14h30. Salle Cortot.                        18h00. Philharmonie.                       12h15. Amphithéâtre Richelieu-Sorbonne.
Entrée libre. Tél. : 01 47 63 47 48.        Entrée libre. Tél. : 01 44 84 44 84.       12 €. Tél. : 06 89 17 49 35.

                                                                                                                                     mars 2018 cadences   15
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