Antipsychotiques et anxiolytiques - CHUV
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Introduction • Initialement réservés aux psychoses non affectives, comme leur nom serait censé l’indiquer, les antipsychotiques ont vu leurs indications s’étendre aux autres troubles de l’humeur, aux tics, aux troubles du comportement voire aux troubles anxieux. • Les anxiolytiques sont couramment utilisés en psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, or ils n’ont été que très peu étudiés dans cette population et ils ne constituent pas le traitement de fond de l’anxiété. Ils ne peuvent être utilisés que ponctuellement et ils peuvent avoir des effets paradoxaux. • Les troubles anxieux sont cependant les plus fréquents (jusqu’à 8 à 10%), sous-diagnostiqués et sous-traités, mais ce ne sont pas les traitements anxiolytiques qui constituent la réponse médicamenteuse mais plutôt les antidépresseurs.
Plan de l’exposé • Les antipsychotiques • Les questions, leur utilisation • Particularités en pédopsychiatrie • Les effets secondaires • Indications chez l’enfant et l’adolescent pour chaque molécule • Les anxiolytiques • Rappel pharmacologique • Comment choisir une benzodiazépine • Alternatives aux benzodiazépines • Les effets secondaires
Questions autour de la prescription d’antipsychotiques chez l’enfant et l’adolescent Prescription des antipsychotiques atypiques multipliée par 4 en Suisse au cours des 15 dernières années pour le TDAH (analyse des données de la caisse maladie CSS en octobre 2013) 22% des annonces à Swissmedic d’effets indésirables présumés concerne les psychotropes Allongement de la durée de prescription (plus longue chez les garçons que les filles) élargissement des indications => prévalence de l’utilisation des antipsychotiques chez l’enfant et l’adolescent en hausse, multipliée par 3 en 10 ans aux USA (Kuehn, JAMA, 2013)
Prescription de médicaments psychotropes chez des adolescents hospitalisés en milieu psychiatrique Ansermot Nicolas* (1), Smogur Michal* (1), Holzer Laurent (2), Eap Chin B (1,3) Abstract pour le Congrès Suisse des Pharmaciens 3-4 nov 2014 • Étude sur 8 mois de toutes les prescriptions médicamenteuses chez des adolescents 13-18 hospitalisés 76 séjours pour 64 patients pour qui : • Un total 186 psychotropes ont été prescrits, incluant 102 antipsychotiques [principalement lévomépromazine (n=32), quétiapine (n=16), olanzapine (n=16), rispéridone (n=15) et chlorprothixène (n=12)], 44 anxiolytiques [principalement lorazépam (n=39)], 23 antidépresseurs [principalement citalopram (n=12)], 9 hypnotiques [principalement zolpidem (n=6)] et 8 autres classes thérapeutiques [principalement nicotine (n=6)]. Le nombre de psychotropes différents reçus par patient (simultanément ou successivement au cours d’un séjour) était de 1 (n=18 patients), 2 (n=22), 3 (n=16), 4 (n=7), 5 (n=7), 6 (n=1) et 7 (n=1). Seuls 4 patients n’ont reçu aucun psychotrope.
Prescription des antipsychotiques Olfson , Can J Psychiatry, dec. 2012 • Au Canada prescrits principalement par les spécialistes (62% pour les jeunes canadiens, 17% par les médecins de famille et, 17% par les généralistes) • C’est le contraire pour les stimulants, seuls 17% sont prescrits par les spécialistes (psychiatres et pédopsychiatres) • La prescription de risperidone au-delà de 1,5 mg/jour entraîne une prise de poids plus importante comparée aux dosages quotidiens inférieurs
Taux d’utilisation (Patten et al., Can J Psychiatry 2012) AP /1000 enfants/an APPG APSG France 3,4 (4,2 m vs 2.6 f) (2004) Hollande De 3 à 6,8 entre 97 et (2005) 2005 Durée d’utilisation x2 UK (2001) 0.39 à 0.77 7,1% 92,9% (risp 73%) USA (2000) 20 (3.89 et 15.98) 89% en 2000 99,7% en 2007
Rappel historique • Avant la moitié du XX ième siècle : sédatifs ou hypnotiques (bromure, chloral, barbituriques) • 1952 Chlorpromazine (Laborit et al.) • Delay et Deniker définissent les propriétés d’un neuroleptique (« qui prend le nerf ») • Bouleversement de la prise en charge de la schizophrénie • 67 ans plus tard, où en sommes nous?
Caractéristiques psychophysiologiques des neuroleptiques classiques • Création d’un état d’indifférence psychomotrice • Efficacité vis à vis des états d’excitation et d’agitation • Réduction progressive des troubles psychotiques aigus et chroniques • Production de symptômes extrapyramidaux et végétatifs • Effets sous-corticaux prédominants
Apparition des atypiques (ou de seconde génération) • Dans les années 1990, nouvelle génération ayant une efficacité sur les symptômes psychotiques et mieux tolérés sur le plan neurologiques + propriétés pharmacologiques. Effet antagoniste des récepteurs 5-HT2 constitue la caractéristique principale des atypiques ou seconde génération. Rapport 5-HT2/D2 1ère génération et si >1 => 2ème génération (exception amisulpride D 2 et D3) • Le sulpiride (Dogmatil) et la thioridazine (Melleril) avaient déjà ces propriétés cliniques, de même que la clozapine (Leponex)
Classification de Bobon (1972) • Antidélirant • Anti-autistique • Ataraxique (ou sédatif) • Antimaniaque • Adrénolytique • extrapyramidal
Les « Atypiques » : Neuroleptiques de seconde génération, SDAs (Antagonistes de la Serotonine et de la Dopamine) CLOZAPINE Leponex® 1972 AMISULPRIDE Solian® 1991 RISPERIDONE Risperdal® 1993 SERTINDOLE Serdolect® 1996 OLANZAPINE Zyprexa® 1996 QUETIAPINE Seroquel® 1997 ZIPRASIDONE Zeldox® USA 1998 ARIPIPRAZOLE Abilify ® 2002 PALIPERIDONE Invega ® 2006 LURASIDONE Latuda ® 2013 ASENAPINE Sycrest ® 2013 CARIPRAZINE Reagila® 2018
Particularités des atypiques en pédopsychiatrie • Pharmacocinétique spécifique • I’efficacité est un peu moins bonne • Les effets secondaires sont un peu plus fréquents • Le bénéfice potentiel est plus grand ?
PHARMACOCINETIQUE Chez l’enfant < 10ans : la biodisponibilité est plus importante que chez l’adulte - L’absorption par voie orale est plus importante - La fraction libre circulante des neuroleptiques est plus importante - Le volume de distribution est plus large - Le délai pour le pic plasmatique et la demi-vie sont diminués - Des doses plus importantes par mg/kg sont nécessaires - Une plus grande toxicité des neuroleptiques chez l’enfant - Ø corrélation claire entre [ C ] plasmatique et l’effet thérapeutique. - Les effets secondaires sont corrélés à la [ C ] plasmatique. Fractionner la dose quotidienne en plusieurs prises (au moins jusqu'à 10 ans) pour éviter les pics plasmatiques “ toxiques ”
Influence de la pharmacogénétique • Le métabolisme des neuroleptiques est dépendant des cytochromes P450 (CYP 1A2, 3A4, 2D6…) • Il existe un polymorphisme génétique : • Métaboliseurs lents (5 à 10% caucasiens 2D6) • Métaboliseurs rapides • Métaboliseurs ultra-rapides • Interactions médicamenteuses avec des inducteurs enzymatiques (p.ex Tegrétol et 2D6, tabac et 1A2) • Inhibiteurs enzymatiques (jus de pamplemousse et 1A2 et 3A4 taux clozapine, quetiapine, olanzapine)
Intérêt du TDM • Surveillance compliance • Ajustement des doses • Études corrélation taux plasmatiques et efficacité clinique (seuils d’efficacité) • 30 à 350 ng/ml pour la chlorpromazine • 10 à 100 ng/ml pour l’halopéridol • 20 à 40 ng/ml pour l’olanzapine (ES après 80) • 200 à 420 ng/ml pour la clozapine
Systematic review typicals vs atypicals (Armenteros & Davies, Eur Child Adolesc Psych. 2006) Typicals Atypicals N = 13 N=8 Taux de réponse 72.3% 55.7% Effect size + 0.36 - BPRS Prise de poids + 1.4kg + 4.5kgs EPS 57.4% 56.5%
A meta-analysis of the efficacy of second-generation antipsychotics. Davis, Chen & Glick, Arch. Gen Psych, 2003
L’efficacité chez l’enfant et l’ado 1. Halopéridol 2. Risperidone 3. Olanzapine 4. Paliperidone (dose moyenne) 5. Aripriprazole 6. Quetiapine (haute dose) 7. Aripiprazole (faible dose) 8. Paliperidone (haute dose) 9. Quetiapine (faible dose) 10. Paliperidone (faible dose)
Les effets secondaires Les enfants et les adolescents sont généralement plus sensibles aux effets secondaires des antipsychotiques de seconde génération ou « atypiques » • Sédation • Symptômes extra-pyramidaux • Dyskinésies tardives • Prise de poids, syndrome métabolique, diabète • Hyperprolactinémie • Allongement intervalle QTc • + Hypotension orthostatique, leucopénie, épilepsie, troubles fonction sexuelle, syndrome malin
Taux d’occupation des récepteurs • La majorité des neuroleptiques classiques induisent un taux d’occupation des récepteurs D2 de 65 à 80% • Taux corrélé à la concentration plasmatique • Ne reflète pas l’efficacité clinique • Liens plus directs avec les effets secondaires
Source : DocPlayer.net
Effets indésirables attendus • D2 • EPS • H1 • Sédation • M • Anticholinergique • α • Hypotension • 5-HT2c • Prise de poids
ETUDES SUR LA PRISE DE POIDS CHEZ LES ENFANTS ET ADOLESCENTS TRAITES PAR LES NEUROLEPTIQUES Ratzoni et coll JAACAP mars 2002 : étude prospective comparative Olanzapine / Risperidone / Haloperidol Prise de poids à 12 semaines : olanzapine group n = 21 (7.2 ± 6.3 kg soit 11.1% ± 7.8%) risperidone n = 21 (3.9 ± 4.8 kg soit 6.6% ± 8.6 %) Haloperidol n = 8 (1.1 ± 3.3 kg soit 1.5% ± 6%).
Non-compliance and BMI status Non- 50 compliant * (%) 40 * 30 20 0 Normal Overweight Obese (n=62) (n=88) (n=89) *p=0.01 vs normal weight Non-compliance increases as BMI increases Significant linear relationship: compliance among overweight group is intermediate between normal weight and obese groups
Syndrome métabolique • Entité clinico-biologique définie par l’association chez un même individu de • Obésité abdominale • HTA • Dyslipidémie (Hyper TG, hypo HDL cholest) • Intolérance au glucose avec insulinorésistance • Définition adaptée à l’enfant et l’adolescent, en termes de percentile ( 95ème) • la prévalence est de 5% chez les adolescents américains
Surveillance recommandée • Selon les recommandations de l’ADA et APA • Poids, tour de taille • Tension artérielle • Glycémie à jeun • Cholestérol et triglycérides (profil lipidique) • Fonction hépatique et rénale • Prolactine • ECG • Le risque de diabète type II est multiplié par 3, augmentant avec la dose cumulée de d’APSG (5,43 pour une dose cumulée de plus 100g ce CPZ equivalent, 2,13 pour < 5g de CPZ eq) Bobo HV et al., JAMA psychiatry, oct 2013
Effect of antipsychotic drugs on QTc (steady state) Mean QTc 40 change 35 from 30 baselinea (msec) 25 20 15 10 5 0 -5 Olanzapine Risperidone Quetiapine Haloperidol Ziprasidone Thioridazine 20 mg 16 mg 750 mg 15 mg 160 mg 300 mg (n=24) (n=25) (n=27) (n=27) (n=31) (n=30) aPfizer study 54 baseline correction Doses are highest total daily doses evaluated Pfizer Study 54, FDA Psychopharmacological Drugs Advisory Committee 19 July 2000
Syndrome neuroleptique malin • Complication gravissime, potentiellement mortelle, qui peut survenir avec tout antipsychotique • Fièvre élevée, rigidité musculaire, instabilité neuro-végétative, altération de la conscience • Augmentation des CPK, myoglobinurie, insuffisance rénale aiguë • Impose l’arrêt immédiat du traitement
Recommandations concernant l’utilisation des antipsychotiques dans les psychoses de l’enfant et de l’adolescent (AACAP, 2001) • Consentement éclairé de l’enfant et/ou de ses parents (suivant l’âge) • Les symptômes cibles doivent être documentés • Les paramètres biologiques avant et pendant le traitement doivent être « monitorés » suivant l’antipsychotique choisi
La réponse au traitement médicamenteux doit également être documentée Les effets secondaires (attendus ou non) doivent être documentés Le traitement doit être administré à dose efficace sur 4 à 6 semaines pour pouvoir statuer sur son efficacité Cours CEPUSPP du 8 sept.2016 Le suivi à long terme vise à réajuster le dosage quotidien en fonction de l’évolution clinique. Les avantages de la diminution des doses (risque d’effets secondaires abaissé) ou de l’arrêt du traitement sont contrebalancés par les risques de rechute. Le traitement doit être poursuivi 1 à 2 ans après un premier épisode
Recommandations AACAP (septembre 2013) • 1) L’évaluation pédopsychiatrique doit comprendre des questions sur la psychose • 2) Le diagnostic de schizophrénie chez l’enfant et l’adolescent doit répondre aux critères du DSM5 utilisant les mêmes critères que pour les adultes • 3) Les jeunes chez qui on suspecte une schizophrénie doivent être évalués attentivement par rapport à la suicidalité, les pathologies associées, les abus de substance, les troubles développementaux, les stresseurs psychosociaux et les problèmes médicaux
Recommandations AACAP • 4) les antipsychotiques constituent le traitement de première ligne dans le traitement des troubles du spectre de la schizophrénie chez l’enfant et l’adolescent • 5) le traitement médicamenteux en cours vise à l’amélioration du fonctionnement global et la prévention des rechutes • 6) certains jeunes avec un trouble psychotique peuvent bénéficier de traitements adjuvants pour soulager les effets secondaires des antipsychotiques ou pour alléger la symptomatologie associée (agitation, instabilité de l’humeur, dépression, crises explosives)
Recommandations AACAP • 7) un essai avec la clozapine (Leponex) doit être envisagé pour les jeunes résistants au traitement • 8) le monitorage des symptômes, des effets secondaires et les tests de laboratoires doivent être faits avant et pendant le traitement antipsychotique • 9) l’intervention psychothérapeutique doit être effectuée en combinaison avec le traitement médicamentuex • 10) les électrochocs doivent être envisagés chez les patients adolescents les plus atteints lorsque la médication n’est pas efficace ou ne peut plus être tolérée
Risperidone • APSG le plus prescrit chez l’enfant (disposant du plus grand nombre d’études) • Indications • Schizophrénie et autres troubles psychotiques dès 18 ans • Troubles du comportement associé à un retard mental léger dès 7 ans en France • En association ou en monothérapie dans les épisodes maniaques des troubles de l’humeur dès 10 ans aux USA • Effets secondaires courants, prise de poids, hyperprolactinémie • Les adolescents répondent mieux aux doses standard plutôt que faibles Datta et al., Schizophrenia Bulletin, dec 2013
quétiapine • Indications • Schizophrénie et autres troubles psychotiques dès 18 ans (13 ans aux USA) • En association ou en monothérapie dans les épisodes maniaques des troubles de l’humeur pendant 3 semaines dès 10 ans • Dans la dépression bipolaire chez l’adulte • Effets secondaires courants : prise de poids
amisulpride • Indications • Schizophrénie et autres troubles psychotiques dès la puberté (18 ans en Suisse) • Effets sédatifs au-delà de 200mg/jour, (désinhibiteurs entre 50 et 100 mg/jour) • Effets secondaires courants: hyperprolactinémie +++
aripiprazole • Indications • Schizophrénie et autres troubles psychotiques dès 13 ans • En monothérapie pendant 3 semaines dans les épisodes maniaques ou mixtes sévères de troubles bipolaires type I dès 13 ans (10 ans aux USA) • Effets secondaires courants, prise de poids • Rares : Idées suicidaires, tentatives de suicide, suicide accompli, dépression • Forme retard (Abilify Maintena) disponible • Les faibles doses sont aussi efficaces que les élevées Datta et al., Schizophrenia Bulletin, dec 2013
olanzapine • Indications • Schizophrénie et autres troubles psychotiques dès 18 ans • Dans les épisodes maniaques des troubles de l’humeur et en prophylaxie des récidives : pas d’indication en Suisse • Trouble bipolaire type I dès 10 ans pour la FDA aux USA • Effets secondaires courants : prise de poids+++
clozapine • Indications • Schizophrénies résistantes • Généralement après échec de deux traitements antipsychotiques bien conduits • Surveillance biologique nécessaire • Effets secondaires risque d’agranulocytose, épilepsie, prise de poids +++ • Antipsychotique le plus protecteur par rapport au risque suicidaire
asénapine • Indications • épisodes maniaques des troubles de l’humeur dès 18 ans • Effets secondaires courants, prise de poids
lurasidone • Indications • Schizophrénie dès 18 ans • Effets secondaires courants, prise de poids moins importante qu’avec les autres atypiques, hyperprolactinémie • Rare : comportement suicidaire
cariprazine • Indications • Schizophrénie dès 18 ans • Utilisé dans la phase maniaque des troubles bipoliares • Risque de survenues d’idées suicidaires mentionnés dans le compendium • Prise de poids
Constatations • Les antipsychotiques atypiques sont largement prescrits en psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent • Les antipsychotiques atypiques apparaissent comme le traitement médicamenteux de première intention dans la plupart des troubles psychiatriques de l’enfant et l’adolescent (sf TDAH sans troubles du comportement) • Des incertitudes demeurent quant à leur sécurité d’emploi à long terme, notamment sur le plan endocrinologique, métabolique et même neurologique • Les bénéfices attendus sont très importants au cours des périodes cruciales du développement • Leur utilisation à large spectre soulève néanmoins beaucoup de questions:
• Les coûts de la recherche et développement pour les nouveaux antipsychotiques sont tels que les grands groupes ont renoncé à poursuivre leurs investissements dans de nouveaux antipsychotiques • Il est plus facile d’avoir d’obtenir de nouvelles indications et dans de nouvelles classes d’âge • Le risque est une indifférenciation des psychotropes (ils se valent tous et servent pour tout) comme pour l’utilisation abusive des antibiotiques à large spectre qui ont créés les germes multirésistants! • Quels sont les risques de l’utilisation des antipsychotiyques de seconde génération comme psychotropes à large spectre? Une flambée des effets secondaires et la stagnation des recherches sur les techniques thérapeutiques alternatives efficace
Les anxiolytiques • Constitués principalement par les benzodiazépines et apparentés • Les phénomènes de tolérance, d’accoutumance et de pharmacodépendance imposent une utilisation sur une courte durées des benzodiazépines • Les éléments qui guident le prescripteur sont : • La forme pharmaceutique • La demi-vie • La présence de métabolite actif • La prescription doit être la plus courte possible et ne doit pas dépasser les durées préconisées dans le cadre de leur autorisation de mise sur le marché
Rappel pharmacologique • Les benzodiazépines et apparentés ont des propriétés pharmacologiques communes liées à leurs activités gabaergiques, elles sont toutes : • Anxiolytiques • Hypnotiques/sédatives • Amnésiantes • Myorelaxantes • Anticonvulsivantes • Orexigènes • Les principales indications sont l’anxiété aiguë (trouble anxieux généralisé, attaques de panique), les troubles de l’adaptation, le sevrage alcoolique et les convulsions fébriles, les troubles du sommeil occasionnels ainsi que l’anesthésie.
Tolérance et dépendance • L’utilisation prolongée des benzodiazépines et apparentés est associée aux phénomènes d’accoutumance et de dépendance => utilisation sur une courte période • Tolérance (ou accoutumance) = diminution des effets sur l’organisme d’une dose fixe de benzodiazépine au fur et à mesure que l’on répète son administration • Ce phénomène de dépendance peut conduire à accroître les doses de benzodiazépines pour obtenir l’effet recherché • La dépendance : « l’ensemble de phénomènes comportementaux, cognitifs et physiologiques d’intensité variable, dans lesquels l’utilisation d’une ou plusieurs substance psycho-actives devient hautement prioritaire et dont les caractéristiques essentielles sont le désir obsessionnel de se procurer et de prendre la ou les substance(s) en cause ou leur recherche permanente.» 51
Comment choisir une benzodiazépine ? • Pas de données comparatives permettant de classer l’efficacité anxiolytique ou hypnotique des benzodiazépines • Forme pharmaceutique • Voie parentérale et rectales privilégiées en cas de convulsions • Rapidité d’action par voie orale sensiblement identiques (1,5-2h avec la zopiclone, 1-2 h avec l’alprazolam, 2-3h avec l’oxazépam • Ralentissement de l’effet lors des repas, délai d’action en IM plus important que par voie orale avec une distribution lente et irrégulière • Demi-vie • Demi-vie courte (< 10h) privilégiées dans l’insomnie • Demi-vie intermédiaire (10-24h) pour une anxiolyse • Demi-vie longues (> 24h) à éviter car risque d’accumulation et d’effets indésirables majorés • Métabolites actifs : accroissent les variations inter et intra-individuelles et d’élimination 52
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Alternatives aux benzodiazépines Buspirone (Buspar®) • Anxiolytique non BZD avec des effets agonistes partiels 5HT1A, antagonistes D2 et α2 adrénolytiques centraux • Pas d’efficacité démontrée chez l’enfant et l’adolescent Bupropion (Zyban®) • Inhibiteur sélectif de la recapture de la noradrénaline et de la dopamine • Indiqué dans le sevrage tabagique chez l’adulte. • Pas d’efficacité démontrée chez l’enfant et l’adolescent Guanfacine (Intuniv®) Antidépresseurs SSRI, SNRI, Tricycliques 55
Mise en garde ANSM en 2012 56
Recommandations pour la prescription de benzodiazépines • 1. Selon la Loi sur les Stupéfiants (LStup), l’Ordonnance sur les Stupéfiants (OStup) et l’Ordonnance de Swissmedic sur les stupéfiants (OStup-Swissmedic), toutes les benzodiazépines actuellement commercialisées sur le marché suisse font partie des produits stupéfiants soustraits partiellement au contrôle. Conformément à l’OStup (art. 44), « les stupéfiants soustraits partiellement au contrôle doivent être prescrits : - sur des formules d’ordonnances normales - en quantité ne dépassant par le besoin nécessaire à un traitement d’une durée d’un mois. Si les circonstances le justifient et si les produits sont prescrits dans la mesure admise par la science (art. 11, LStup), cette durée peut être prolongée pour un traitement d’une durée maximum de six mois. En pareil cas, le médecin qui prescrit le stupéfiant doit indiquer sur l’ordonnance la durée précise du traitement. Au-delà de cette durée, une nouvelle ordonnance doit être établie. » Exception [9] : dans le canton de Vaud, le Rohypnol doit être prescrit sur ordonnance à souche. Ceci est également valable lors de commandes internes à la pharmacie du CHUV. • 2. Selon la Liste des Spécialités (LS) publiée par l’Office Fédéral de la Santé Publique (OFSP), le remboursement des sédatifs/tranquillisants (en gras dans le tableau ci-dessus) est limité à un maximum de 120 points tous les trois mois, ce qui correspond à un montant maximal remboursé de Fr. 129.05 chaque trois mois pour tous les sédatifs/tranquillisants d’un patient (tarif en vigueur au 07.2004). Cela permet en général de couvrir les frais d’un traitement à des doses standards. Cette limitation ne concerne pas les formes injectables. 57
Les effets indésirables • les benzodiazépines sont sédatives/hypnotiques et donc responsables de somnolence, de baisse de la vigilance, de troubles de la concentration. • Elles induisent des troubles de la mémoire (elles sont amnésiantes). • Elles augmentent le risque de confusion, d’ataxie et de chutes. • Après 2 à 4 semaines d’usage quotidien, elles induisent une tolérance phartmacologique • Elles sont à l’origine d’une pharmacodépendance et de syndrome de sevrage à l’arrêt (symptômes neurovégétatifs hyperadrénergiques : insomnie, sueurs, tremblements, tachycardie, douleurs abdominales, agitation et confusion) qui est plus fréquent avec les benzodiazépines à demi-vie courte. 58
En résumé • En dehors des indications neurologiques (crises convulsives traitées par diazépam [valium®] ou le clonazepam [rivotril®], les benzodiazépines sont à éviter chez l’enfant et l’adolescent du fait d’un profil d’effets indésirables défavorable: • Fréquence accrue des réactions paradoxales (désinhibition, actes agressifs voire médico-légaux) • Syndromes confusionnels avec possibles manifestations hallucinatoires • Sédation pouvant avoir des répercussions sur le travail scolaire • Risque de dépendance • L’utilisation du diazépam [valium®] à 0,5 mg/kg est possible dans l’anxiété sévère ou l’agitation du jeune enfant. 59
En résumé • L’hydoxizine [atarax®] anti-histaminique antagoniste des récepteurs H1 est préférable et a une AMM en France à Partie de 3 ans en traitement de 2ème intention des insomnies d’endormissement liées à un état d’hyperéveil (vigilance accrue liée à des manifestations anxieuses au coucher) après échec des mesures comportementales seuls ainsi que dans les manifestations d’anxiété mineure. La dose recommande est de 1mg/kg/j. • Comme chez l’adulte, ces sont les antidépresseurs SSRI qui constituent le traitement médicamenteux de premier choix des troubles anxieux pédiatriques, associés systématiquement à une psychothérapie (à proposer avant l’introduction éventuelle d’un traitement médicamenteux dans un second temps) 60
Pharmacotherapy for Generalized Anxiety Disorder in Adults and Pediatric Patients: An Evidence- Based Treatment Review Strawn et al., Expert Opin Pharmacother. 2018 • Pour la population pédiatrique, les SSRI constituent le traitement pharmacologique de première intention, la psychothérapie améliore la réponse au traitement antidépresseur. • Figure 2: Psychopharmacologic Treatment algorithm for moderate to severe generalized, anxiety disorder in adults (A) and in children and adolescents (B). • Cooler colors represent higher levels of evidence and reflect greater evidence of tolerability and safety. Trials of SSRI and SNRIs should be ≥8 weeks, although if there is no response by week 8, there is a low likelihood of additional improvement. In the pediatric population, clinicians should note that for buspirone, guanfacine, antihistamines, and maintenance administration of benzodiazepines, the evidence base is very weak or conflicting. SSRI, selective serotonin reuptake inhibitor; SNRI, selective serotonin norepinephrine reuptake inhibitor; TCA, tricyclic antidepressant. • Strawn et al. Page 28 Expert 61
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Quelques références 63
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