Appréciation et traitement du risque - Aléas géologiques et hydrométéorologiques dans le secteur de Rigaud-sur-le-Lac pour le chemin du ...

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Appréciation et traitement du risque – Aléas
géologiques et hydrométéorologiques dans le
 secteur de Rigaud-sur-le-Lac pour le chemin
 du Bas-de-la-Rivière à Rigaud
 Rapport principal

 CHAIRE DE RECHERCHE SUR LES RISQUES
 HYDROMÉTÉOROLOGIQUES LIÉS AUX CHANGEMENTS
 CLIMATIQUES

 Juin 2018
Appréciation et traitement du risque - Aléas géologiques et hydrométéorologiques dans le secteur de Rigaud-sur-le-Lac pour le chemin du ...
Appréciation et traitement du risque - Aléas géologiques et hydrométéorologiques dans le secteur de Rigaud-sur-le-Lac pour le chemin du ...
Rapport sur l’Appréciation et le traitement du risque –
Aléas géologiques et hydrométéorologiques dans le
secteur de Rigaud-sur-le-Lac pour le chemin du Bas-de-
la-Rivière à Rigaud
Rapport principal

AUTEURS
 Philippe Gachon, Guillaume Dueymes, Clémence Benoit,
 ESCER/UQAM ESCER/UQAM ESCER/UQAM
 Marie Raphoz, Ursule Boyer-Villemaire,
 ESCER/UQAM UQAM

REMERCIEMENTS
Nous remercions le Professeur Etienne Boucher, du département de géographie de
l’UQAM, pour son aide et ses commentaires lors de la préparation et de la rédaction du
présent rapport, ainsi que le centre ESCER, en particulier Katja Winger, pour l’accès aux
simulations des modèles climatiques régionaux du projet CORDEX. Les commentaires
d’Éric Martel et de Thierry Dietrich afin d’améliorer le présent document sont également
grandement appréciés. Un remerciement tout particulier est également adressé à l’équipe
du SEPSI (Service des Partenariats et du Soutien à l’Innovation) de l’UQAM pour leur
support. Ce travail et ce rapport ont été réalisés grâce à un support financier du conseil
municipal de la ville de Rigaud, et de la chaire de recherche stratégique de l’UQAM sur les
risques hydrométéorologiques liés aux changements climatiques.

COMMENT CITER CE RAPPORT
Gachon, P., Dueymes, G., Benoit, C., Raphoz, M. et Boyer-Villemaire, U. (2018).
Appréciation et traitement du risque – Aléas géologiques et hydrométéorologiques dans le
secteur de Rigaud-sur-le-Lac pour le chemin du Bas-de-la-Rivière à Rigaud. Rapport rédigé
pour le compte de la ville de Rigaud. Chaire sur les risques hydrométéorologiques dans le
contexte des changements climatiques, Université du Québec à Montréal, Montréal,
Québec, Canada, 85 p.

INFORMATIONS IMPORTANTES POUR LE LECTEUR
Conformément à la Loi sur l'accès aux documents des organismes publics et sur la
protection des renseignements personnels, (RLRQ c A-2.1), articles 14, 29, 39, 41.1, et
41.2), certaines informations ont été retranchées de ce rapport et intégrées dans un
document complémentaire. Cette situation n’affecte nullement la valeur, la méthodologie et
la rigueur de ce rapport. Pour obtenir ces informations il faut produire une demande d’accès
à l’information, et ce, conformément à la Loi sur l'accès aux documents des organismes
publics et sur la protection des renseignements personnels, (RLRQ c A-2.1), cela en
communiquant avec le Service du greffe de la ville de Rigaud; 450-451-0869, poste 241 ou
greffe@ville.rigaud.qc.ca.
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TABLE DES MATIÈRES

Résumé court - Multirisque............................................................................................................. 1
Résumé exécutif – Cas de l’inondation du printemps 2017 ............................................................. 3
1. Mise en contexte et approche méthodologique ........................................................................... 5
 1.1 Introduction et Nature du mandat ......................................................................................... 6
 1.2 Approche méthodologique.................................................................................................... 8
 1.3 Milieu physique .................................................................................................................... 8
 1.4 Milieu humain..................................................................................................................... 13
 1.5 Gestion de risques de sinistres ........................................................................................... 13
2. État des lieux sur les risques .................................................................................................... 21
 2.1 Le contexte climatologique de l’hiver 2016-2017 et du printemps 2017 ............................... 21
 2.2 Analyse des conditions et bilan hydrométéorologiques ....................................................... 22
 a) Les données utilisées ...................................................................................................... 22
 b) La région d’étude ............................................................................................................. 23
 c) Méthode d’analyse des données hydrométéorologiques................................................... 24
 d) Bilan hydrométéorologique de l’inondation de 2017 ......................................................... 25
 e) Évolution des zones inondées : Cartographie de la progression des niveaux d’eau .......... 34
 f) Identification des changements historiques et futurs : Aléas météorologiques et risques de
 forts débits........................................................................................................................... 37
3. Planification d’une démarche multirisque intégrée et durable .................................................... 41
 3.1 Recommandations pour le chemin du Bas-de-la-Rivière (Rigaud)....................................... 41
 a) Les solutions et leur priorisation ....................................................................................... 41
 b) Récapitulatif des différents types de risque (autre que l’inondation) .................................. 43
 3.2 Synthèse des analyses multirisques semi-quantitatives : .................................................... 45
Conclusion et recommandations .................................................................................................. 47
Références .................................................................................................................................. 51
ANNEXES .................................................................................................................................... VI
 Annexe A. ................................................................................................................................ VII
 Annexe B. .................................................................................................................................. X
 Annexe C.................................................................................................................................. XI
 Annexe D................................................................................................................................. XII
 Annexe E. ................................................................................................................................ XV
 Annexe F. .............................................................................................................................. XVII
 Annexe G. ............................................................................................................................ XVIII
 Annexe H................................................................................................................................ XXI
 Annexe I. ............................................................................................................................. XXIV
 Annexe J. ........................................................................................................................... XXVII
 Références des annexes ................................................................................................... XXXIII
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SIGLES ET ACRONYMES

ANUSPLIN : Australian National University Multi-dimentional thin-plate SPLINes
ASCQ : Association de sécurité civile du Québec
AS/NZS 4360 : Norme australienne et néo-zélandaise
BAC : Bureau d’Assurances du Canada
BRI : Bureau du rétablissement - inondations
CAPA : Projet canadien d'analyse de précipitations
CC : Changement climatique
CCMU : Centre de Coordination des mesures d’urgence
CISSSMO : Centre intégré de santé et de services sociaux de la Montérégie-Ouest
CISSS : Centre intégré de santé et de services sociaux de la Montérégie-Ouest
COUS : Centre des Opérations d’Urgence sur le Site
CPRRO : Commission de planification et de régulation de la rivière des Outaouais
ECCC : Environnement et Changement climatique Canada
HQ : Hydro-Québec
IPCC : Intergovernmental Panel on Climate Change
MDDELCC : Ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les
changements climatiques
MRC : Municipalité régionale de comté
MSP : Ministère de la sécurité publique
NLDAS: North American Land Data Assimilation System
PRCP: Précipitation totale
PrecTOT : Précipitation totale cumulée
Prcp1 : Nombres ou pourcentages de jours humides (P ≥ 1 mm/jour)
PPI-AH : Plan particulier d’intervention – aléas hydrométéorologiques
PPRLPI: Politique de protection des rives, du littoral et des plaines inondables
SDII : Simple Daily Intensity Index (intensité moyenne par jours humides)
SQ : Sécurité publique
SRPD : Système régional de prévision déterministe
STARDEX : Statistical and Regional dynamical Downscaling of Extremes for European regions
Tmax : Température maximale quotidienne
Tmin : Température minimale quotidienne
Tmoy : Température moyenne quotidienne
UQÀM : Université du Québec à Montréal
ZIS : Zone d’intervention spéciale

 II
Appréciation et traitement du risque - Aléas géologiques et hydrométéorologiques dans le secteur de Rigaud-sur-le-Lac pour le chemin du ...
TABLEAUX

Tableau 1. Ligne du temps des actions/décisions de la Ville, depuis l’inondation historique, et ce,
considérant sa démarche de sécurité civile, désormais multimunicipalité. ..................................... 19

Tableau 2. Stations météorologiques d’Environnement et Changement climatique Canada utilisées
pour l’analyse météorologique. ..................................................................................................... 22

Tableau 3. Ensemble d’indices d’extrême basés sur des valeurs quotidiennes de températures et
de précipitation............................................................................................................................. 24

Tableau 4. Risque de débit potentiellement élevé ou bas (forte ou faible probabilité) établi à partir
des tendances dans les indices de Tmin, Tmax, PrecTOT, Prcp1, et SDII, en utilisant les variables
simulées (moyenne d’ensemble des modèles pour les trois périodes futures de 30 ans, 2011-2040,
2041-2070 et 2071-2100 pour le scénario RCP8.5). ..................................................................... 40

Tableau 5. Les différents critères retenus afin de considérer les impacts directs et indirects......... 42

Tableau 6. Grille de scores et leur description selon les impacts directs et indirects, le niveau de
protection multialéa et le degré de contraintes institutionnelles. .................................................... 42

Tableau 7. Mesures prioritaires recommandées (voir note de bas de page 7) .............................. 43

Tableau 8. Tableau des recommandations et leurs scores (définis au Tableau 5) pour le secteur de
Rigaud-sur-le-Lac de la ville de Rigaud (voir note de bas de page 6). ........................................... 43

Tableau 9. Synthèse multirisque pour le secteur de Rigaud-sur-le-Lac à Rigaud pour différents aléas
naturels en tenant compte de leurs conséquences potentielles vs leur probabilité d’occurrence. ... 46

Tableau 10. Liste des recommandations en trois phases avec suggestion des priorités (de 1 à 14 du
plus au moins prioritaire, respectivement) selon les besoins en termes de connaissances (milieu,
risques et enjeux), d’augmentation de la capacité d’intervention, de la réduction de l’aléa « rupture »,
de solutions structurelles à planifier, de partenariats, et de planification durable du territoire (voir note
de bas de page 12). ..................................................................................................................... 45

 III
Appréciation et traitement du risque - Aléas géologiques et hydrométéorologiques dans le secteur de Rigaud-sur-le-Lac pour le chemin du ...
FIGURES

Figure 1. Emplacement de la ville de Rigaud le long de la rivière des Outaouais et localisation des
épicentres de séismes répertoriés par Séisme Canada depuis 1985 dans un rayon de 15 kilomètres
autour de Rigaud. .......................................................................................................................... 9

Figure 2. Carte des dépôts meubles et argileux sensibles à l’érosion et aux glissements de terrain
sur le territoire de la ville de Rigaud. ............................................................................................. 10

Figure 3. Températures et précipitations totales moyennes mensuelles observées à la station de
Rigaud. Ces valeurs ont été calculées à partir des normales climatologiques de 1981 à 2010 ...... 11

Figure 4. Limites du bassin versant de la rivière des Outaouais ainsi que de ses sous-bassins et
emplacement de la ville de Rigaud et des villes importantes. ........................................................ 12

Figure 5. Chemin du Bas-de-la-Rivière, ville de Rigaud. .............................................................. 12

Figure 6. Modèle de gestion des risques utilisé par le Ministère de la Sécurité Publique du Québec.
.................................................................................................................................................... 14

Figure 7. Évaluation des bâtiments suite aux inondations du printemps 2017 dans le sud du Québec.
.................................................................................................................................................... 15

Figure 8. Organigramme de la sécurité civile lors de la phase d'intervention - Inondation historique à
Rigaud 2017-04-20 au 2017-05-10. .............................................................................................. 17

Figure 9. Localisation des stations météorologiques d'Environnement et Changement climatique
Canada, à proximité de Rigaud, utilisées dans cette étude. .......................................................... 24

Figure 10. Météogramme et hydrogramme quotidien couvrant la période de novembre 2016 à mai
2017 établis avec a) les variables météorologiques observées à la station de Rigaud, et b) avec les
données hydrologiques prises au barrage de Carillon................................................................... 26

Figure 11. Box plots et distribution des valeurs de températures maximale et minimale quotidiennes
et des indices de gel/dégel et de précipitation pour l’année 2016-2017, pour l’ensemble des 5 stations
présentées au Tableau 2, et pour tous les mois de novembre 2016 à mai 2017, par rapport à la
période normale de 1981-2010..................................................................................................... 28

Figure 12. Précipitation cumulée totale (pluie et neige) de novembre à mai issue de a) l’année 2016-
2017 et b) la climatologie de 1981-2010. Le panneau c) montre l’anomalie de la précipitation cumulée
2016-2017 totale par rapport à la climatologie 1981-2010 de novembre à mai. ............................. 29

Figure 13. Box plots des niveaux d’eau en amont et en aval du barrage de Carillon et débit mesuré
au barrage de Carillon pour a) le mois d’avril et b) le mois de mai................................................. 32

Figure 14. Anomalies standardisées (par l’écart type, par rapport à la période normale 1981-2010)
pour les 5 années avec les débits maximums les plus élevés au cours de la période de 1963 à 2017
sur l’ensemble du bassin versant de la rivière des Outaouais, pour a) le mois d’avril et b) le mois de
mai. ............................................................................................................................................. 33

Figure 15. Portrait de la zone d’étude avec la répartition et la délimitation des milieux humides ainsi
que des zones inondables 0-2 ans (zone inondée à chaque année), 2-20 ans (zone de grand courant)
et 20-100 ans (zone de faible courant) dans le secteur de Rigaud-sur-le-Lac. .............................. 35

 IV
Appréciation et traitement du risque - Aléas géologiques et hydrométéorologiques dans le secteur de Rigaud-sur-le-Lac pour le chemin du ...
Figure 16. Zones touchées par l’inondation du 23 avril au 21 mai 2017........................................ 36

Figure 17. Anomalies futures (3 périodes : 2011-2040, 2041-2070 et 2071-2100), par rapport à la
période de référence (1971-2000) au mois d’avril (a et b) et de mai (c et d), de la précipitation totale
(en %) versus les températures (en °C), et l’intensité de précipitation par jours humides (en %) versus
le nombre de jours humides (en %). ............................................................................................. 39

 V
Appréciation et traitement du risque - Aléas géologiques et hydrométéorologiques dans le secteur de Rigaud-sur-le-Lac pour le chemin du ...
Résumé court - Multirisque
Plusieurs risques naturels affectent le secteur de Rigaud-sur-le-Lac à Rigaud, qui a été
affecté lors de l’inondation de 2017. Celui-ci est en effet exposé à d’autres aléas, notamment
les séismes, les glissements de terrain, les embâcles de glace, la rupture de barrage et les
micro-rafales. Cette étude a pour objectif d’identifier et d’analyser les risques naturels
touchant ce secteur, afin d’identifier les mesures à adopter pour réduire les conséquences
lors d’événements futurs. La démarche s’appuie sur une approche de réduction multirisque.
Celle-ci consiste à identifier les risques, les analyser individuellement et à combiner
plusieurs critères ponctuels (liés aux événements météorologiques ou aux degrés
d’exposition) ou saisonniers (cumuls de facteurs dans le temps et dans l’espace), afin d’en
dégager le niveau de risque, en terme de probabilité et de conséquences anticipées. Les
données probantes utilisées proviennent des données de partenaires, tels que Hydro-
Québec, les gouvernements fédéral et provincial, et le centre ESCER de l’UQÀM.
 Pour chacun des risques analysés, les évaluations ont révélé que :
  Risque sismique : Modéré à élevé, selon la Commission géologique du Canada;
  Risque de glissement de terrain : Tout le secteur se situe dans une zone d’argile
 sensible aux glissements de terrain, les connaissances limitées n’ont cependant pas
 permis de quantifier le risque en détails;
  Risque d’inondation : Historiquement élevé, ce risque augmentera potentiellement
 dans le futur, selon les simulations disponibles au centre ESCER (UQÀM).
 L’inondation printanière de 2017 fut exceptionnelle, en raison de trois facteurs:
 L’étendue (au-delà de la zone inondable de 20-100 ans) et la durée (environ 56
 jours de débit au-dessus de 5 000 m3/s au barrage Carillon), et d’intensité de la
 crue des eaux (un débit record atteignant 8 900 m³/s). La cause provient d’une
 succession de journées avec de fortes intensités de précipitations (au-dessus des
 normales de saison, surtout au printemps), se combinant avec un dégel rapide et
 durable en avril sur tout le bassin versant des Outaouais. Dans le futur, la
 probabilité de débit élevé pourrait augmenter pour la plupart des mois dans le
 secteur: Les jours d’hiver ou de printemps avec des précipitations ainsi que les
 quantités associées seront plus importantes que dans le régime actuel, dans un
 contexte de réchauffement qui pourrait accélérer la fonte de la neige;
  Risque d’embâcle de glace : Il existe un historique sur la rivière Rigaud, mais
 l’analyse comporte une grande incertitude; on estime le risque élevé;
  Risque de rupture de barrage : La connaissance sur l’état de l’infrastructure est
 limitée, ce risque qui est de faible probabilité et de fortes conséquences mériterait
 une mesure de gestion spécifique;
  Autres risques : D’autres aléas naturels ont été identifiés mais pas analysés,
 comme les micro-rafales.

 1
Appréciation et traitement du risque - Aléas géologiques et hydrométéorologiques dans le secteur de Rigaud-sur-le-Lac pour le chemin du ...
Synthèse et mesures de réduction des risques : L’analyse multirisque suggère de
réduire prioritairement les conséquences du risque d’inondation majeure et de rupture du
barrage du Vieux-Moulin (cf. Tableau ci-dessous)1, et d’améliorer les connaissances sur
d’autres aléas (ex. embâcle de glace et micro-rafales).
Les enjeux reliés aux différents facteurs de risques (aléas, vulnérabilité et exposition) sont
suffisamment préoccupants pour entreprendre des actions basées sur les connaissances
scientifiques et les outils les plus à jour. La recommandation consiste en une
planification en trois phases qui mènera à un plan de gestion par unités de voisinage et
un aménagement durable du secteur2.

1
 Pour obtenir ces informations il faut produire une demande d’accès à l’information, et ce,
conformément à la Loi sur l'accès aux documents des organismes publics et sur la protection des
renseignements personnels, (RLRQ c A-2.1), cela en communiquant avec le Service du greffe de la
ville de Rigaud; 450-451-0869, poste 241 ou greffe@ville.rigaud.qc.ca
2
 IDEM

 2
Résumé exécutif – Cas de l’inondation du printemps 2017
Cette étude a pour objectif d’identifier et d’analyser les risques géologiques, tels que les
glissements de terrain et les séismes, et hydrométéorologiques, tels que les inondations, en
particulier afin de tirer les leçons de l’inondation survenue au printemps 2017 dans le bassin
de la rivière des Outaouais. Elle vise dans le même temps à réaliser une estimation des
besoins pour compléter l’évaluation des risques, et aider à une planification stratégique de
la prise de décision pour un aménagement durable du secteur de Rigaud-sur-le-Lac à
Rigaud. Une approche de réduction multirisque qui combine plusieurs critères ou indicateurs
ponctuels (liés aux événements météorologiques) ou saisonniers (cumuls de facteurs dans
le temps et dans l’espace), est utilisée ou proposée dans cette étude, et elle pourrait servir
de base à la prise en compte de plusieurs types d’aléas.
 Les données probantes, sur le milieu physique et les enjeux ou infrastructures
exposés, qui ont servi aux analyses proviennent des données de partenaires ou
d’organismes publics (recueillies auprès d’Hydro-Québec, d’Environnement et Changement
climatique Canada, du MDDELCC, du MAMOT et des simulations de modèles climatiques
régionaux disponibles au centre ESCER de l’UQAM).
 À Rigaud, le risque sismique est modéré voire élevé, selon la Commission
géologique du Canada, alors que le risque d’inondation est historiquement (naturellement)
élevé dans ce secteur, et augmentera potentiellement dans le futur, d’après les analyses
hydrométéorologiques réalisées au centre ESCER (UQAM). L’inondation printanière de
2017 fut exceptionnelle, en termes d’étendue, dépassant les limites de la zone inondable
20-100 ans sur presque tout le secteur à l’étude, mais aussi en termes de durée, avec
environ 56 jours de débit au-dessus de 5 000 m3/s (médiane des débits maximums en avril-
mai mesurés au barrage Carillon), et d’intensité avec un débit record de 8861.79 m3/s. Elle
se distingue des autres années ayant enregistré les plus forts débits (analysés sur toute la
période 1963-2017), en raison du cumul des facteurs suivants :
  Des intensités exceptionnelles de précipitation par jours humides et des
 occurrences de jours de pluie plus élevées que la normale au printemps,
 engendrant donc des cumuls mensuels et saisonniers (de novembre 2016 à mai
 2017) de précipitations totales au-dessus des valeurs normales;
  Un dégel rapide et le maintien des températures au-dessus du point de
 congélation en avril (plus chaud que la normale) favorisant la fonte rapide de la
 neige et un apport important d’eau en lien avec les fortes et intenses pluies (en avril-
 mai), sur tout le bassin versant de la rivière des Outaouais.
 Dans le futur, les risques de débit élevé de ce type pourraient être en
augmentation par rapport à la période actuelle, et ce pour la plupart des mois, alors que le
réchauffement climatique s’accentuera. Les projections issues d’un ensemble de modèles
climatiques régionaux sur le bassin de la rivière des Outaouais suggèrent en effet une
augmentation quasi généralisée de l’occurrence de débits élevés en raison de
l’augmentation de l’occurrence de jours de précipitation et surtout de l’intensité moyenne
lors des événements de pluie et/ou neige (sans distinction), et donc des quantités de
précipitations accumulées par mois et sur toute la saison hiver-printemps. Avec
l’accroissement des températures, ceci devrait avoir potentiellement pour effet d’accélérer
la fonte du manteau neigeux, et/ou l’apport d’eau via le ruissellement (surtout dans des
conditions de sols gelés et/ou saturés d’eau). Ceci est donc un motif de préoccupation

 3
majeure qui nécessiterait d’autres investigations afin d’évaluer plus précisément les
changements dans les niveaux de risques d’inondation.
 Des recommandations qui s’inscrivent dans une démarche de rétablissement, afin
de reconstruire mieux et d’y arriver dans un temps raisonnable, ont été suggérées. Une
vingtaine de solutions ont été préconisées, pour un “portefeuille” total de 48 solutions dont
13 mesures de faible effort, forte réduction des conséquences, ainsi qu’une mesure
d’effort important qui réduirait sur le long terme les risques. Parmi les mesures structurelles
qui semblent prioritaires, il est recommandé de réaliser les actions suivantes :
  Procéder à l’immunisation temporaire de tout le tronçon exposé aux fortes
 récurrences d’inondation du chemin du Bas-de-la-Rivière (zone 0-20 et 20-100 ans);
  Procéder au surdimensionnement du ponceau/pont du chemin du Bas-de-la-Rivière;
  Identifier un chemin d’accès alternatif en cas d’urgence.
 Il est également recommandé, à la lumière de cette première évaluation « semi-
quantitative » des risques potentiels d’inondation dans le futur, que d’autres études
plus précises et plus élaborées soient réalisées afin d’effectuer les analyses suivantes :
  Évaluer explicitement la distribution spatio-temporelle des anomalies conjointes de
 températures et du régime de précipitation incluant : Les quantités de neige tombées
 et celles restantes au sol durant l’hiver, l’occurrence et l’intensité de pluie (vs neige),
 les cycles de gel/dégel, la durée de la saison de gel et les dates de dégel;
  Évaluer les incertitudes associées au régime de précipitation simulé par les modèles
 climatiques régionaux, et leurs effets sur la probabilité de débits élevés (avec
 évaluation des intervalles de confiance);
  Quantifier la probabilité de risques de débits élevés, voire extrêmes dans le futur, à
 l’aide des modèles hydrologiques et/ou de modèles couplés atmosphérique-cycle
 hydrologique terrestre à la fine pointe (à l’échelle du bassin versant de la rivière des
 Outaouais incluant le lac des Deux-Montagnes).
 Compte tenu des risques potentiellement accrus de forts débits dans le futur,
l’élaboration d’un système multialéa (et multirisque) basé sur une prévision détaillée
des impacts devrait être envisagée, en collaboration avec plusieurs partenaires (ex. MRC,
MDDELCC, ECCC et universités). Ce système inclurait en plus de la prévision
hydrométéorologique, la quantification dynamique ou évolutive 1) des facteurs de
vulnérabilité et d’exposition sur le territoire (informations régulièrement mises à jour), 2) des
impacts socio-économiques et environnementaux, et 3) des risques, ainsi que des mesures
de réduction des risques de catastrophes. Il servirait à mettre à jour sur une base régulière
la probabilité des risques (ex. mettre à jour les cartes de risques d’inondation), selon les
changements des différents facteurs mentionnés, et à informer les décideurs et les
résidents.
 En outre, il devient primordial de mettre en place un système de surveillance et
de vigilance adéquat et adapté aux conditions locales. Cette plateforme intégrée de
surveillance, orientée vers les autorités et la population, devrait permettre l’accès et la
diffusion des informations sur les aléas à l’aide des données hydrométéorologiques
disponibles en tout temps. Les enjeux reliés aux différents facteurs de risques (aléas,
vulnérabilité et exposition) sont suffisamment préoccupants pour que des actions soient
prises, celles-ci devant reposer sur les connaissances scientifiques et les outils les plus à
jour.

 4
1. Mise en contexte et approche méthodologique
Les risques de catastrophes d’origine météorologique ou climatique, comme les inondations
majeures, proviennent de la combinaison de 3 types de facteurs (IPCC, 2012): 1) Les aléas
et extrêmes hydrométéorologiques, 2) Les conditions de vulnérabilité des systèmes naturels
et humains (ex. conditions sanitaires, socio-économiques, environnementales, etc.), et 3)
L’exposition (ex. personnes physiques ou biens affectés par un aléa, etc.). Parmi les risques
naturels, les aléas hydrométéorologiques et les événements météorologiques extrêmes
constituent les risques les plus fréquents, et engendrent les coûts économiques et humains
les plus importants, que ce soit au Québec ou ailleurs dans le monde (WMO, 2014). À elles
seules, les tempêtes et les inondations représentaient 79 % du nombre total de catastrophes
naturelles, et ont causé 54 % des décès et 84 % des pertes économiques totales à travers
le monde (de 1970 à 2012; WMO, 2014). Au Canada, les inondations représentent quant à
elles 40% de toutes les catastrophes naturelles enregistrées, et l’incidence économique la
plus élevée, en moyenne annuelle (BAC, 2017). Au Québec, on recense plus d’une
inondation majeure en moyenne par année depuis 25 ans (INSPQ, 2018 ; Sécurité publique
Canada, 2018).
 Les inondations printanières majeures font intervenir plusieurs facteurs de causalité,
reliés entre autres aux aménagements anthropiques volontaires ou involontaires qui
peuvent modifier par exemple le ruissellement, l’infiltration de l’eau dans le sol et
l’écoulement des cours d’eau, en plus d’affecter les conditions de vulnérabilité et
d’exposition précédemment citées. Elles sont également le résultat bien entendu des aléas
climatiques ou des conditions hydrométéorologiques avant et durant l’événement, faisant
intervenir une occurrence conjointe ou cumulative de mécanismes rapides ou ponctuels
(intensité et type de précipitation durant un événement ou une série d’événements
météorologiques, i.e. échelle de quelques heures à quelques jours) et de phénomènes plus
lents (saisonnalité des températures et des précipitations solides/liquides, i.e. échelle
mensuelle à inter-saisonnière). Le contexte dans lequel se produit une inondation
printanière est donc essentiel à considérer, à la fois pour évaluer les combinaisons de
facteurs hydrométéorologiques apparaissant à des échelles temporelles variées (heures,
jours, mois et saison), mais également selon l’échelle spatiale et les principales
caractéristiques du bassin versant considéré. Tous ces facteurs, en plus des conditions
initiales ou qui prévalaient au début de la saison hivernale (ex. niveau de saturation des sols
et hauteur de la nappe phréatique), sont de nature à modifier les niveaux et les débits des
cours d’eau, une fois la période de fonte ou la période de crue printanière amorcée.
 C’est pourquoi, l’identification des facteurs de risques d’inondation est complexe et
nécessite des analyses multicritères ou faisant intervenir à la fois la prise en compte des
conditions météorologiques au sein du bassin versant concerné, mais également les
caractéristiques physiographiques naturels et les types d’aménagement humain sur le
territoire et leur évolution dans le temps.

 Dans la suite, un bref portrait avec les faits saillants de l’inondation de 2017 est
présenté, suivi du contexte climatique de l’hiver 2016-2017 et du printemps 2017, d’une
synthèse de la phase de rétablissement entreprise par la ville de Rigaud, avant de terminer
sur la nature du mandat et des objectifs de cette étude. Les sections suivantes permettront
de déterminer les principales caractéristiques des milieux physiques et humains dans
lesquels l’inondation s’est produite, et de résumer les principes de gestion des risques qui

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guident les interventions de la ville de Rigaud en cas de sinistres majeurs.

1.1 Introduction et Nature du mandat
Les faits et les inondations de 2017 en chiffres
De la fin février au 2 juin 2017, les inondations du printemps 2017 ont affecté 15 régions
administratives du Québec, touchant un total de 291 municipalités, du jamais vu auparavant
par leur ampleur (durée, débit et niveau d’eau parfois record) et leur extension géographique
(Québec. Ministère de la Sécurité publique (MSP), 2017). Celles-ci ont eu des
conséquences économiques et humaines majeures (Québec. MSP, 2017): Plus de 5 300
résidences principales ont été inondées, plus de 4 000 personnes ont été évacuées, 22
municipalités et 1 agglomération ont déclaré l’état d’urgence, et près de 400 routes ont été
endommagées. À la fin mai 2017, plus de 180 glissements de terrain - les sols saturés d’eau
favorisant l’instabilité des dépôts meubles ou argileux - avaient été signalés au ministère de
la Sécurité publique du Québec, menaçant des résidences, des entreprises et des
infrastructures municipales. Ce sinistre majeur constitue un des plus importants événements
ayant affecté le Québec au cours des dernières décennies.
 À Rigaud, 542 habitations ont été affectées, et 243 résidents ont décidé de rester
malgré l’état d’urgence (Radio Canada, 2017) et plus de 250 personnes sinistrées ont
demandé une aide pour un hébergement d’urgence. Au mois d’août 2017, 292 résidences
étaient encore inaccessibles à leurs occupants. À Rigaud, 380 terrains ou bâtiments ont été
endommagés, donnant lieu à 300 demandes d’aide financière. Depuis la dernière inondation
majeure survenue en 2008, la ville de Rigaud a instauré une démarche de sécurité civile
avec un plan de mesure d’urgence, d’aménagement et d’adaptation. Ceci a entre autres
permis de déployer dès le 9 avril 2017 le début de la phase « Intervention » et les mesures
d’urgence ont été activées le 20 avril (i.e. première déclaration de l’état d’urgence local)
avec un ordre volontaire d’évacuation donné par le maire de la ville.
Le contexte climatique global et l’évolution des désastres naturels
Dans le contexte du changement climatique (CC) d’origine anthropique, la fréquence des
catastrophes naturelles d’origine hydrométéorologique ne cesse d’augmenter, engendrant
des pertes de vie et l’accroissement du nombre de populations et d’infrastructures affectées,
de même qu’une hausse incontestable et considérable des impacts économiques associés,
au niveau global (IPCC, 2012; WMO, 2014; CRED, 2015; Munich RE, 2016). Les risques
de désastres comme les inondations majeures pourraient s’accroitre dans le futur, compte
tenu, d’une part, de l’augmentation anticipée des aléas hydrométéorologiques et des
événements extrêmes en lien avec le CC, et d’autre part, de la modification des facteurs
d’exposition reliés à la croissance démographique et économique (ex. construction en zones
à risque d’inondation) et des facteurs de vulnérabilité environnementale ou sociale (ex.
vieillissement de la population et inégalités socio-économiques et sanitaires).
 Le cycle hydrologique est – et sera – significativement modifié par les CC, en
particulier dans l’est du Canada, incluant le Québec, où la variabilité naturelle est
intrinsèquement élevée (par exemple les écarts de températures), avec des quantités
annuelles de neige parmi les plus élevées au pays, mais qui varient fortement à l’échelle
intra-saisonnière et interannuelle. Toutes modifications, conjointes ou cumulatives, des
régimes de précipitation (solide et liquide) et de températures (maximum et minimum
quotidien, fluctuations autour du point de congélation) affectent l’occurrence, la durée et
l’ampleur du gel/dégel des sols et des masses d’eau, ainsi que les quantités de neige au sol

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à la fin de l’hiver. Si ces dernières sont très importantes au moment de l’arrivée des
températures excédant le point de congélation et que la fonte se combine avec des pluies
abondantes, des risques d’inondation printanière majeure surviennent (ex. inondation du
Richelieu au printemps 2011, cf. Saad et al., 2016, via ces effets « en cascade ou domino
»).
 Par ailleurs, le développement humain (facteur d’exposition au risque d’inondation)
dans les plaines alluviales a déjà fait grimper très largement les coûts économiques – et les
indemnités devant être versées par les gouvernements fédéral et provincial liés aux
inondations au cours du 20 e siècle – période pendant laquelle ces phénomènes d’inondation
ont connu une nette augmentation au Canada (Etkin et al., 2010). Dans le futur, avec
l’intensification du cycle hydrologique dans le contexte du réchauffement climatique (IPCC,
2012 et 2013), on anticipe également une augmentation potentielle des extrêmes ou de
certains aléas hydrométéorologiques, en lien par exemple avec des précipitations plus
intenses en hiver et au printemps dans le sud du Québec (Eum et al., 2014). Ceci est de
nature à modifier voire à amplifier la sévérité de certaines inondations printanières au
Québec.
La phase de rétablissement dans la ville de Rigaud
Après la fin de l’inondation, la ville de Rigaud est entrée dans la phase de rétablissement.
Le Bureau du rétablissement - inondations (BRI) de Rigaud a été mis en place afin
d’accélérer les traitements des dossiers pour les résidents sinistrés et les accompagner
dans leurs démarches d’évaluation des dommages. Le BRI est sous la responsabilité du
coordonnateur municipal de la sécurité civile, et travaille en collaboration avec plusieurs
partenaires (ex. Croix Rouge canadienne, le Ministère de la Sécurité publique (MSP),
l’Armée du Salut, et le CISSS3 de la Montérégie-Ouest).
 Le récent décret (Québec. Ministère des Affaires municipales et de l’Occupation du
territoire (MAMOT), 2010 et 2017) relatif à la mise en place d’une zone d’intervention
spéciale (ZIS) pour les 291 municipalités affectées par les inondations de 2017, vise à
permettre l’application de la Politique de protection des rives, du littoral et des plaines
inondables (PPRLPI) sur le territoire des municipalités touchées. Ceci inclut des dispositions
concernant l’évaluation des bâtiments inondés et un mécanisme de suivi et de reddition de
comptes auprès des municipalités :
 « Il prévoit que les municipalités pourront demander une dérogation au ministre des
 Affaires municipales et de l’Occupation du territoire dans le but de permettre, dans
 certaines circonstances exceptionnelles et à certaines conditions, la reconstruction
 de certains bâtiments détruits ou sévèrement endommagés lors de ces
 inondations. » (Québec. MAMOT, 2017).
 Cette exposition aux inondations qui perdure dans certains secteurs de la ville de
Rigaud constitue un risque à la sécurité des personnes. En particulier, les quelques 200
résidents qui dépendent d’un réseau routier unique via le Chemin du Bas-de-la-Rivière à
Rigaud, ont été régulièrement affectés par la montée des eaux au cours des dernières
années, ce qui a entrainé des évacuations préventives de sécurité publique, même lorsque
les propriétés privées n’étaient pas à risque d’inondation.

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 CISSS : Centre intégré de santé et de services sociaux.

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Dans ce contexte, le présent rapport vise à tirer les leçons des évènements du
printemps 2017 afin d’identifier et d’évaluer les risques hydrométéorologiques, et autres
risques naturels présents, sur le territoire de la ville de Rigaud. Dans un premier temps,
l’approche méthodologique sera précisée, ainsi qu’une description du milieu physique,
humain et de la gestion de risques de sinistres. Dans un deuxième temps, il sera question
d’établir un état des lieux sur les risques. Enfin, une planification d’une démarche multirisque
intégrée et durable permettra d’orienter les décideurs quant au devenir du secteur de
Rigaud-sur-le-Lac. Ceci sera réalisé dans l’objectif d’établir une démarche de réduction
multirisque de catastrophes et d’adaptation au changement climatique.

1.2 Approche méthodologique
L’approche générale vise à identifier les risques et les principaux facteurs de vulnérabilité
et d’exposition des populations et des infrastructures selon les données probantes
disponibles, afin de planifier ou de recommander des actions subséquentes selon les
priorités et les ressources disponibles. La collecte de données sur le milieu physique et les
populations et infrastructures exposées repose sur l’inventaire des données existantes à
l’échelle régionale ou locale, et sur les données fournies par les institutions publiques et
parapubliques (Hydro Québec, Environnement et Changement climatique Canada, etc.).
Des analyses géomatiques complèteront certains éléments cartographiques sur le territoire.
 Les données les plus à jour disponibles, y compris celles couvrant l’inondation du
printemps 2017 (avant et durant l’événement), seront utilisées ainsi que les études
hydrologiques ou autres réalisées au préalable dans le même secteur.

1.3 Milieu physique
Contexte géologique
La ville de Rigaud, d’une superficie d’environ 114 km2 dont 99,13 km2 de terre (Québec.
MAMOT, 2018), est située le long de la rive sud de la rivière des Outaouais et au bord sud-
ouest du lac des Deux-Montagnes, en Montérégie dans le sud du Québec (Figure 1). Elle
se trouve dans la province géologique de la plate-forme du Saint-Laurent et est composée
de l’ensemble géologique de la plate-forme des basses-terres du Saint-Laurent (Québec.
Ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles (MERN), 2013).
 La région est principalement composée de roches sédimentaires cambriennes et
ordoviciennes (Larocque et Meyzonnat, 2015 ; MERN, 1982). Le socle rocheux longeant la
rivière des Outaouais et l’est de la ville est composé des roches du Cambrien Supérieur. On
y retrouve du grès quartzitique, du grès feldspathique et du conglomérat. À l’ouest, les
roches proviennent de l’Ordovicien inférieur. Le mont Rigaud, culminant à une altitude
d’environ 230 m, est quant à lui composé de roches appartenant à la province de Grenville
(Québec. MERN, 2013).

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Figure 1. Emplacement de la ville de Rigaud (délimitée par le cadre rouge) le long de la rivière des
Outaouais et localisation des épicentres de séismes répertoriés par Séisme Canada depuis 1985
dans un rayon de 15 kilomètres autour de Rigaud (points orange) (source des données :
Gouvernement du Canada. Ressources naturelles (RN), 2016).
 La ville est également traversée par deux failles, dont la faille de Rigaud, qui suit un
axe sud-ouest nord-est, dont le mouvement est indéterminé (Québec. MERN 1982 et 2013).
D’ailleurs, Séismes Canada (2018) a rapporté 32 séismes de faible magnitude dans un
rayon de 15 kilomètres autour de Rigaud depuis 1985 (la localisation des épicentres de ces
séismes est présentée à la Figure 1). Un séisme d’une magnitude de 3,8 sur l’échelle de
Richter s’est également produit le 15 juillet 2015, à 6 kilomètres de Rigaud, soit le plus
important du secteur depuis 1985 (Gouvernement du Canada, 2016). Historiquement, dans
le secteur de Rigaud, il y a eu quelques événements dépassant la magnitude 4. Dans
l'ensemble, la Commission géologique du Canada estime que le risque d’aléa sismique
dans ce secteur est modéré à élevé (RNCan, 2017).
 En ce qui a trait aux formations superficielles de la région, elles auraient été mises
en place lors de la dernière glaciation, au cours du Wisconsinien supérieur (Larocque et
Meyzonnat, 2015). Plusieurs sablières et gravières, toujours en exploitation, composent le
paysage (Québec. MERN, 1982), et occupent environ 59,04 km2 du territoire (cf. Figure 2),
soit plus de la moitié de la superficie totale de la ville.

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Figure 2. Carte des dépôts meubles et argileux sensibles à l’érosion et aux glissements de terrain
sur le territoire de la ville de Rigaud (source des données : Gouvernement du Canada, RN, 2016 ;
Québec. Ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles (MERN), 2015).
Contexte climatique
Le climat de la région est de type continental à été doux et humide (de type DfB d’après la
classification climatique de Köppen-Geiger, cf. Peel et al., 2007; Québec. Ministère du
Développement durable, de l’Environnement et du Changement climatique (MDDELCC),
2018a). À Rigaud, le mois le plus froid (janvier) possède une température moyenne
mensuelle de l’ordre de -10,9°C, et le mois le plus chaud (juillet), de l’ordre de 20,4°C (cf.
Figure 3). La température moyenne annuelle est de l’ordre de 6°C. Le mois d’avril est
généralement le mois où les températures moyennes quotidiennes redeviennent positives
(Figure 3), et correspond à la période de dégel prolongé et au début de la crue des eaux
des rivières dans le sud du Québec (Gouvernement du Canada, 2017). La ville reçoit en
moyenne, par année, environ 1 000 mm de précipitation totale, dont environ 850 mm de
pluie et 150 cm de neige durant l’année (Environnement et Changement climatique Canada
(ECCC), 2018).
 Comme suggéré en introduction, la combinaison de la fonte de neige et de grandes
quantités de précipitation liquide ou de précipitation intense de pluie au printemps entraine
la crue des eaux, et occasionne parfois des inondations. Rappelons que Rigaud a été touché
par d’importantes inondations en 1974, 1976, 1994, 1998, 2008 et tout récemment, au
printemps 2017.

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Figure 3. Températures et précipitations totales moyennes mensuelles observées à la station de
Rigaud. Ces valeurs ont été calculées à partir des normales climatologiques de 1981 à 2010 (source :
Environnement et Changement climatique Canada (ECCC), 2018).
Environnement hydro-géomorphologique de l’embouchure de la rivière Rigaud
 La rivière Rigaud (cf. sous-bassin versant québécois situé sur la rive sud du lac des
Deux-Montagnes) draine ses eaux dans le bassin versant de la rivière des Outaouais, un
bassin transfrontalier d’une superficie de 146 334 km2 (Québec. MDDELCC, 2018d) ; cf.
Figure 4) partagé entre le Québec (65%) et l’Ontario (35%). La rivière des Outaouais est le
principal tributaire du fleuve St-Laurent. Elle prend sa source dans le lac Capimitchigama
au nord de la région de l’Outaouais et s’écoule sur environ 1 130 km jusqu’à son
embouchure à la centrale hydroélectrique Carillon (exploitée par HQ), en amont de Rigaud,
pour finalement se jeter dans le lac des Deux-Montagnes (Québec, 2015). La rivière des
Outaouais – dont le débit annuel moyen est d’environ 1 956 m3/s au barrage Carillon
(Commission de planification de la régularisation de la rivière des Outaouais, 2017) - longe
la ville de Rigaud au nord avant d’aboutir dans le lac des Deux-Montagnes qui constitue
l’essentiel de la bordure et frontière nord et nord-est de la ville de Rigaud. Les principaux
cours d’eau qui parcourent le territoire sont les rivières Rigaud et à la Raquette qui se jettent
dans le lac des Deux-Montagnes. Elles ont toutes deux un lit profond qui permet un excellent
drainage de la région (Lajoie et Stobbe, 1951). La rivière Rigaud a édifié son cours
principalement dans des sédiments glaciomarins fins d’eau profonde et est bordée, par
endroits, de dépôts de glissements de terrain et par du till en couverture continue. Toutefois,
en amont de Rigaud son lit est très peu profond et l’eau sort très rarement de son lit. Le lac
des Deux-Montagnes creuse également son lit dans des sédiments glaciomarins fins d’eau
profonde (Québec. MERN, 2013).
 Deux grandes unités morphologiques composent le territoire de Rigaud. Il s’agit du
mont Rigaud et de la plaine du Saint-Laurent. Le mont Rigaud atteint une altitude d’environ
230 mètres. La seconde unité, celle d’intérêt, est composée à majorité de dépôts argileux
(Larocque et Meyzonnat, 2015 ; cf. Figure 2), comme suggéré précédemment. Plus
spécifiquement, elle est formée de trois sous-unités morphologiques, soit les basses terres
en plus des zones humides situées le long de la rivière des Outaouais, les échancrures de

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