Médecin d'Occitanie - URPS Médecins ...

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Médecin d'Occitanie - URPS Médecins ...
Médecin d’Occitanie
L E B U L L E T I N D E L’ U R P S D E S M É D E C I N S L I B É R A U X
                          N°5 - AVRIL 2018

  L’avenir des relations
  ville/hôpital

                  A U       S O M M A I R E
              LA PERMANENCE DES SOINS AMBULATOIRES
  GRANDS TÉMOINS : PHILIPPE SAUREL, MAIRE DE MONTPELLIER
     CAROLE DELGA, PRÉSIDENTE DE LA RÉGION OCCITANIE
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Médecin d’Occitanie
                                                                                                                                                                                                                         L E B U L L E T I N D E L’ U R P S D E S M É D E C I N S L I B É R A U X

    AU SOMMAIRE                                                                       L’ÉDITORIAL
                                                                                      DOCTEUR MAURICE BENSOUSSAN, PSYCHIATRE À COLOMIERS, PRÉSIDENT DE L’URPS ML OCCITANIE
    Page 3
    EDITO du président

    A CT UAL ITÉ S
                                                                   rt
    Page 4 : PRS 2 : Les médecins attendent la prise en compte
                                                            L      4)

    de leurs propositions par l’ARS
    Page 5 Les 7es rencontres de la Grande motte
    Page 6 Une structure régionale d’appui chasse l’autre
    Page 7 Les médecins ne sont pas emballés par le DMP
                                                                                      Pour l’automobiliste entrant dans la ville rose                                                            un usager d’un système. C’est là le terrain d’une
    Page 8 Des protocoles de coopération passés à la loupe                            dans les années 70, impossible d’échapper à                                                                créativité voire d’une innovation possible, portée
                                                                                      cet affichage municipal, vantant à côté de la                                                              par nos jeunes médecins.
                                                                                      Basilique Saint Sernin et du Capitole, sa                                                                  Oui, comme l’URPS persiste à le demander, le
    DOSSIER L’AVENIR DES RELATIONS VILLE/HÔPITAL                                                                                           Attirer un médecin sur un territoire en le lo-
                                                                                      prouesse architecturale et urbaine.                                                                        médecin doit retrouver sa place dans ce PRS 2*
    Pages 9 à 13 Libéraux et hospitaliers doivent apprendre à                         Aujourd’hui encore, vu d’avion ou autres rocades     geant, même le plus confortablement du                *soumis par la technocratie sanitaire à la
    travailler ensemble !                                                             et autoroutes, le Mirail montre une certaine au-     monde, dans des locaux totalement neufs ou            concertation républicaine. Il ne s’agit ni seule-
                                                                                      dace dans sa conception avec ses espaces verts,      dans des monuments historiques remis aux              ment de la perte sémantique de la médecine
    Page 14 et 15 Où commence le vrai débat sur la PDSA ?                                                                                  normes du jour relève d’un pari dont l’efficience
                                                                                      ses étendues d’eau et ses larges coursives d’im-                                                           dans les discours officiels (remplacée par « des
                                                                                      meubles. Mais vivre voire même seulement pé-         touche d’ores et déjà à ses limites. Les jeunes       professionnels de santé » voire même « des pro-
                                                                                      nétrer dans ce territoire est une autre affaire, à   médecins ont un parcours universitaire d’excel-       fessionnels des territoires de santé »), ni de la
    D ÉCRYPTAG E                                                                                                                           lence, ils sont exigeants, tant mieux. C’est un
                                                                                      l’instar de ce qui existe dans les périphéries des                                                         désertification médicale (villes et campagnes)
    Page 16 à 17 L’URPS, un incubateur performant des                                 villes grandes, moyennes ou petites de notre Oc-     espoir pour la santé de nos concitoyens, pour         mais de répondre à la véritable demande de la
    solutions numériques de la santé                                                  citanie.                                             nous tous. Alors de grâce ne les considérons pas      population d’avoir un médecin pour être soigné

    GRAN D S TÉM O INS                                                                Attirer un médecin sur un territoire en le logeant, même le plus
    Page 18 Entretien avec Philippe Saurel, maire de Montpellier                      confortablement du monde, dans des locaux totalement neufs ou
    Page 19 L’avis de Carole Delga présidente de région                               dans des monuments historiques remis aux normes du jour relève
                                                                                      d’un pari dont l’efficience touche d’ores et déjà à ses limites.

                                                                                                                                           comme de simples prestataires de soins normés,
    MÉDECIN D’OCCITANIE N° 5 - AVRIL 2018                                             C’est oublier que l’espace n’existe que par la vie
                                                                                      relationnelle des personnes qui y séjournent ou      codifiés, conformes aux données acquises de la
                                                                                                                                                                                                 ou de s’y référer dans son parcours de soin.
                                                                                                                                                                                                 L’URPS dénonce et dénoncera les risques pour
    Le bulletin de l’URPS des Médecins – Maison des Professions Libérales             y transitent. Si l’intention a pu ne pas être de     science. Des parlementaires frais émoulus de          la santé d’une médecine sans médecin, c’est-à-
    285, Rue Alfred Nobel. 34000 Montpellier - Tél. : 05 61 15 80 90                  créer des lieux de stigmatisation sociale, de re-    dernières élections pensent qu’il suffit de           dire d’une médecine où les organisations sani-
    Fax : 05 61 15 80 99 - urps@urpslrmp.org - www.urpslrmp.org                       groupement de déshérités, d’immigrés ou autres       contraindre, d’obliger et ainsi les problèmes se-     taires sont structurées sans eux. Nous refusons
    ISSN 2556-9414             Directeur de la publication : Dr Maurice BENSOUSSAN    personnes en situation ou instance de précarité,     ront réglés. Faire ici appel à l’autorité de l’Etat   ce rôle d’effecteur, de prestataire réservé au mé-
    Comité de rédaction et de lecture : Les docteurs Maurice BENSOUSSAN, Michel       les fameuses politiques de la ville ricochent        au lieu de promouvoir réflexions et incitations       decin dans ces nouveaux paradigmes où le souci
    COMBIER, Jean-Claude LUCIEN, Jean-Baptiste THIBERT, Patrick CONTIS, Jean-Marc     néanmoins d’échecs en échecs.                        est un paradoxe mettant le médecin à la place         de contrôle, derrière le postulat de l’économie,
    LARUELLE, Philippe CUQ, Jean-Christophe CALMES, Olivier DARREYE, Pierre RADIER.   Aborder aujourd’hui la question de l’accès aux       du délinquant.                                        fait courir un risque majeur de régression.
    Mesdames Camille RICART, Catherine MALGOUYRES-COFFIN.                             soins dans nos territoires sous le seul angle        Non un médecin doit être traité autrement dans
    Rédaction : Luc JACOB-DUVERNET, Odile FRAYE, Pierre KERJEAN, Philippe                                                                  notre société. Le politique doit renoncer à une
                                                                                      d’une démographie quantitative ou de la                                                                    * Le projer régional de santé n°2
    MEURSAULT, Tirage : 12 500 exemplaires - Maquette et mise en pages : Agence
                                                                                      construction de divers espaces ou maisons de         totale maitrise de cet espace des soins. Il doit
    LSP. Crédit photo : Freepik, LSP - Impression : Imprimerie Ménard
                                                                                      santé nous confronte au même risque d’une dé-        laisser au médecin son lien de proximité avec
                                                                                      gringolade de nos organisations sanitaires.          son patient. Celui-ci ne peut être uniquement

2                                                                                                                                                                                                                                                                                           3
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ACTUALITÉS                                                                                                                                               ACTUALITÉS                                                                                Médecin d’Occitanie
                                                                                                                                                                                                                                                                        L E B U L L E T I N D E L’ U R P S D E S M É D E C I N S L I B É R A U X

LE PROJET RÉGIONAL DE SANTÉ NUMÉRO 2 BIENTÔT MIS EN ŒUVRE                                                                                                                                                     RENCONTRES DE LA GRANDE MOTTE DU SAMEDI 2 JUIN 2018

PRS 2 : LES MÉDECINS ATTENDENT                                                                                                                                                                                L’AVENIR DES RELATIONS
LA PRISE EN COMPTE DE LEURS                                                                                                                                                                                   VILLE-HÔPITAL : LE GRAND DÉBAT
PROPOSITIONS PAR L’ARS                                                                                                                                                                                        Pour la septième année consécutive, l’Union régionale des profes-
                                                                                                                                                                                                              sionnels de santé des médecins libéraux d’Occitanie organise, le
Les médecins libéraux ont été très présents lors des innombrables réunions                                                                                                                                    samedi 2 juin prochain, à la Grande Motte, ses rencontres an-
préparatoires. Le Projet Régional de Santé dans sa version 2018 est arrivé sur                                                                                                                                nuelles. À l’ordre du jour de cette septième édition : l’avenir des
les bureaux des élus de l’URPS en février. Ils ont déposé début avril leurs com-                                                                                                                              relations ville/hôpital.
mentaires structurés auprès de l’ARS. Même s’ils estiment nécessaire l’élabo-
ration d’un tel plan, les médecins s’interrogent sur la place qui leur est réservée
dans le projet actuel. Ils attendent maintenant les réponses de l’Agence Ré-                           occuper dans le futur du système de soins          motion de toutes les nouvelles formes d’orga-
gionale de Santé à leurs propositions, attentes et interrogations. Fin de par-                         dans la région, expliquent les médecins »),        nisation territoriales des soins, sans mettre un
cours des préparatifs et début de la mise œuvre du PRS 2 dans quelques                                 les forces vives de l’URPS ont préféré aban-       accent trop prononcé sur les MSP, telles
semaines après cette période de consultation républicaine !                                            donner le champ de la critique et des in-          qu’elles apparaissent aux yeux de l’ARS
                                                                                                       quiétudes légitimes, et faire montre d’une         comme une réponse quasi-unique à la méde-           Les rencontres annuelles de l’Union régionale des professionnels de santé des mé-
Il avait quelques semaines de retard, mais il a      leur avis sur cette somme de près de 600 pages    forte implication dans une logique construc-       cine de premier recours ; estime incompré-          decins libéraux qui se tiennent aux marches de l’été à la Grande Motte constituent
fini par émerger. Car l’affaire n’est pas simple !   réunies en trois chapitres (voir encadré).        tive et pour la promotion d’une juste place        hensible l’absence des maladies chroniques          pour l’URPS un moment important de sa vie interne tant pour marquer un point
L’ARS Occitanie a en effet publié, le 20 février     Les élus de l’URPS se sont aussitôt mis au tra-   de l’offre de soins libérale dans la version fi-   dans les parcours prioritaires ; souhaite éga-      d’étape annuel de l’organisation qui passe par un travail de réflexion que pour
dernier, un avis de consultation pour le Projet      vail sur ce plan d’action en santé de la Région   nale du PRS d’Occitanie. « Malgré le fait          lement le développement incontournable de           envoyer des signaux forts à ses partenaires institutionnels et à tous les profes-
régional de santé Occitanie. Le PRS de               pour une mise en œuvre de 2018 à 2022. Aidés      qu’elle s’est sentie oubliée soit formellement,    la e-santé dans lequel l’URPS sera garant du        sionnels de santé d’Occitanie et d’ailleurs.
deuxième génération s’inscrit dans une vision        en cela par le cabinet KAISSA, ils se sont for-   soit sur le fond, dit Franck Droin, la médecine    maintien d’une relation patient - médecin de        En 2017, l’URPS d’Occitanie avait choisi de placer la journée des sixièmes ren-
stratégique à dix ans de l’évolution du système      tement mobilisés, ont analysé les documents,      libérale veut être partie prenante dans la         qualité. Et pour le PRAPS, le PRS devrait, es-      contres sous le signe des organisations innovantes qui participent de la formidable
de santé pour 6 millions de personnes en Oc-         et “ont émis des remarques denses et judi-        construction de la future organisation des         timent les élus de l’URPS, renforcer le soutien     mutation du système de soin français, cette année, ces septièmes rencontres, tou-
citanie. Il définit également, pour les 5 pro-       cieuses qui se veulent des forces de proposi-     soins. Elle a des remarques, mais elle a aussi     indispensable à l’engagement sans faille des        jours dans une dynamique prospective, seront consacrées à l’avenir des relations
chaines années, la politique régionale de santé      tion”, explique Franck Droin, directeur de la     des idées, comme par exemple la création           médecins libéraux. Pour conclure sur le sujet       entre la ville et l’hôpital. La problématique qui sera développée et débattue est
qui sera menée en matière de prévention, d’or-       société conseil.                                  d’un centre autonome indépendant de chi-           précis de l’évaluation du PRS, l’URPS Occita-       de connaître ainsi les postures de chaque secteur (secteur libéral, secteur hospi-
ganisation de l’offre de soins et médico-sociale     Car au-delà d’une première constatation qui       rurgie ambulatoire, une sorte d'hôtel hospi-       nie doit pouvoir être considéré comme un par-       talier, secteur libéral en établissement) par rapport à l’évolution que constitue le
et fixe le programme d’actions pour les plus         aurait pu rendre bougons les élus (« la méde-     talier médicalisé. »                               tenaire actif.                                      virage ambulatoire, « un virage qu’on n’a d’ailleurs pas pris » selon le Dr Michel
démunis. Ce PRS N°2, dont l’objet est d’être         cine libérale ne trouve pas, dans cette version   Plusieurs axes de propositions structurent sa      Reste enfin que l’ARS devra prendre garde           Combier, secrétaire général de l’URPS. Autre sujet, la suppression des spécialistes
une photographie très précise du système de          du PRS la place qu’elle mérite et qu’elle doit    réponse à l’ARS. Elle milite ainsi pour la pro-    dans sa rédaction à substituer à quelques           en ville pour les remettre à l’hôpital, « ouvrons le débat, est-on pour ou contre ? »
santé régional avec ses qualités et ses défauts,                                                                                                          termes trop généraux pour ne pas dire trop          demande le Dr Maurice Bensoussan. Ces relations (voir notre dossier en page 9)
définit ainsi le cadre d’orientation stratégique       LES TROIS PILIERS DU PRS                                                                           vagues comme « professionnel de santé »,            ouvrent un champ de réflexions sur de nouvelles pratiques, un nouvel exercice
avec un schéma régional de santé et un pro-            Un nouveau cadre réglementaire définit depuis janvier 2016 les trois composantes du PRS.           d’autres plus précis comme « médecin libé-          autour du soin, et en quelque sorte place le monde médical face à de nouveaux
gramme régional d'accès à la prévention et             Vient en premier lieu le cadre d’orientation stratégique (COS) qui détermine les objectifs         ral », dans la mesure où ils sont déjà concer-      paradigmes. « Depuis la création du territoire régional Occitanie, explique le pré-
aux soins des personnes les plus démunies.             stratégiques de l’ARS et les résultats attendus à 10 ans, en lien avec la stratégie nationale      nés au premier chef pour de nombreux                sident de l’URPS, nous avons décidé d’inscrire les rencontres de La Grande Motte
Une démarche prospective accompagne le                 de santé, pour améliorer l’état de santé de la population et lutter contre les inégalités          projets. Ces dispositifs seraient dénaturés si la   dans une vision prospective de notre système de santé. Aujourd’hui, il n’y a plus
dessein du PRS et trace les objectifs retenus          sociales et territoriales de santé dans la région.                                                 place des médecins n’était pas clairement af-       d’avenir, comme la ministre de la Santé l’a signalé, pour des fonctionnements en
par l’Agence Régionale de Santé.                       Le schéma régional de santé (SRS), second axe de ce PRS, est établi pour 5 ans, sur la base        firmée. Le vocabulaire a toujours le sens qu’on     silos. Nous avons anticipé ce mouvement avec déjà une forte action de partenariat
                                                       d'une évaluation des besoins et de l’offre de santé. Il détermine des prévisions d'évolution       veut bien lui donner.                               ville – hôpital, en initiant dès 2012 le dispositif de soins partagés en psychiatrie.
Comme le demande la loi, et selon les règles           et des objectifs opérationnels.                                                                                                  Luc JACOB-DUVERNET
                                                                                                                                                                                                              Nos propositions d’extension à d’autres territoires régionaux que la seule agglo-
de ce que l’on appelle joliment « la démocratie        Le Programme régional d'accès à la prévention et aux soins des personnes les plus                                                                      mération toulousaine soulève encore quelques réticences. Nous devons étendre ce
sanitaire à l’échelle régionale », les acteurs de      démunies (PRAPS) est la troisième composante du Projet. Son objet est d’améliorer le                                                                   type de partenariat à d’autres champs et à d’autres spécialités. La filière pédiatrique
santé d’Occitanie ont été sollicités pour donner       parcours de santé des personnes les plus démunies.                                                                                                     est ainsi en train de s’organiser. »                                                 OF

4                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                          5
Médecin d'Occitanie - URPS Médecins ...
Médecin d’Occitanie
                   ACTUALITÉS                                                                                                                                  DÉCRYPTAGE                                                                                                                        L E B U L L E T I N D E L’ U R P S D E S M É D E C I N S L I B É R A U X

UN UKASE FRAPPE APPERQUAL                                                                                                                         DOSSIER MEDICAL PARTAGÉ
UNE STRUCTURE RÉGIONALE D’APPUI                                                                                                                   LE DMP OU LE CHOIX
CHASSE L’AUTRE
APPERQUAL, STRUCTURE RÉGIONALE D’APPUI DÉDIÉE À LA SÉCURITÉ DES SOINS, et née
                                                                                                                                                  D’UNE DÉMARCHE CITOYENNE
d’une initiative publique-privée avec un fort engagement des médecins libéraux, a de fortes
                                                                                                                                                  La direction de la CPAM de Haute-Garonne qui mène une expérimentation du DMP depuis plus
chances de disparaître. Ainsi en a décidé l’Agence Régionale de Santé, qui dans son
                                                                                                                                                  d’un an est satisfaite. La première étape de mise en service du dossier médical partagé serait,
interprétation des instructions réglementaires nationales, ne tient pas compte des envies et des                                                  selon elle, une réussite, avec l’ouverture de près de 100 000 DMP à l’issue de la période d’essai.
besoins des professionnels de santé et crée ainsi de toute pièce une nouvelle structure d’appui                                                   Un avis que ne partagent pas des libéraux qui, bien que s’étant prêtés à l’expérimentation, se
régionale. L’URPS est montée au créneau pour afficher son désaccord.                                                                              disent sceptiques sur l’intérêt de cet outil pour l’exercice médical.

« L’ARS n’aime pas l’indépendance. Ap-           Salué il y a un an par Raymond Le                 nouvelle SRA. Claire Chabloz, médecin          « Le Dossier Médical Partagé est un serpent de mer      France. » Aujourd’hui la cadence d’ouverture des
perqual était une expérience pilote              Moign, directeur général du CHU de                de santé publique et présidente de la          qu’on nous ressort aujourd’hui, après avoir englouti    dossiers est de 1000 par semaine, ce qui devrait
conduite par des médecins libéraux et            Toulouse, aujourd’hui directeur de cabi-          FORAP (fédération des SRA), qui avait          plusieurs centaines de millions pour pas grand-         conduire effectivement la CPAM à espérer tutoyer
publics avec une logistique confiée à            net d’Agnès Buzyn, et par Thomas Le               été à l’origine du CEPPRAAL (un orga-          chose ! Je crains que le projet actuel de la CNAM ne    les 100 000 dossiers ouverts au cours des derniers
l’URPS. L’agence régionale a fait table          Ludec, le directeur général du Centre             nisme qui offre par ailleurs des services      rencontre pas le succès escompté, dit Jean-Louis        mois de 2018.
rase du passé. » L’avis du Dr Jean-Luc           Hospitalier Universitaire de Montpellier,         aux Etablissements de Santé pour les ac-       Bensoussan, vice-président de l’URPS. » Pourtant le     Reste que l’accueil réservé par les médecins a été
Baron, qui était un des principaux initia-       ils affirmaient en effet qu’Apperqual             compagner dans leurs démarches de cer-         DMP nouvelle formule est sur les rails sur l’un des     plutôt frais. Ce que ne conteste pas Isabelle Tarta-         Isabelle Tartarin : “les médecins qui utlisent le DMP
teurs de la structure régionale d’appui          pouvait « avoir un impact très fort sur la        tification) et qui a piloté la naissance       territoires de l’Occitanie. En janvier 2017, la CNAM    rin, directrice de la santé à la CPAM de Toulouse :                         plébiscitent ce service”
Apperqual, est sans appel. Il décrit une         qualité des soins. Il faut savoir tirer profit    d’une structure identique dans le Grand-       a lancé des expérimentations grandeur nature dans       « Les médecins ne se sont pas occupés de l’ouverture
                                                                                                                                                  9 départements dont la Haute-Garonne (*). Ce dos-                                                                  sera performante : « Nous avons ajouté, dit la di-
reprise en main par l’ARS avec une               des enseignements de structure de ce              Est, a pris les choses en main. La manière                                                             des dossiers, mais de leur alimentation. Seuls 100
                                                                                                                                                  sier personnel stocke toutes les informations                                                                      rectrice de la santé de l’Assurance Maladie de
pointe d’amertume. Même s’il sait que la         type ».                                           de faire de l’ARS n’a pas été du goût de                                                               médecins traitants sur les 1 300 généralistes que
                                                                                                                                                  concernant les consommations de soins du patient,                                                                  Haute-Garonne, un onglet spécifique dans le DMP
messe est dite, il estime encore que « la        Pourtant l’ARS en a décidé autrement.             tout le monde. Fin janvier, lors la réu-                                                               comptent le département l’alimentent régulière-
                                                                                                                                                  qui sont déposées sur un lieu virtuel de stockage :                                                                qui conduit aux données de remboursement de
structure n’est pas fermée, Apperqual est        Motif affiché : une asymétrie entre deux          nion du premier comité de configuration                                                                ment. C’est malgré tout un bon démarrage, compte
                                                                                                                                                  médicaments remboursés, médecins consultés, re-                                                                    soins. Ces données précises qui concernent d’ailleurs
encore vivante ! »                               organismes installés sur les deux an-             de la SRA organisée par l’Agence régio-                                                                tenu du fait de la mise à jour des logiciels qui doit
                                                                                                                                                  cours aux autres professions de soins, examens                                                                     toutes les informations de consommation de soins
Créée il y a trois ans par quelques mé-          ciennes régions, Apperqual en Langue-             nale de santé, les membres de l’URPS ont                                                               se faire aujourd’hui manuellement. » Ces logiciels
                                                                                                                                                  réalisés. L’assuré peut créer lui-même son DMP et                                                                  effectués par le patient viennent alimenter le dos-
decins du Languedoc-Roussillon, et no-           doc-Roussillon, et Partage Santé                  formulé leur désaccord structurel sur ce                                                               constituent un véritable casse-tête pour les méde-
                                                                                                                                                  garde la main sur les éléments le concernant. Il dé-                                                               sier, et cela est fait automatiquement par nos soins.
tamment le Professeur Bertrand Millat,           (ex-Requamip) en Midi-Pyrénées qui                projet. « La SRA ne peut être pilotée que                                                              cins au cours de cette expérimentation : « L’affaire
                                                                                                                                                  cide qui a accès à ses données, rajoute des élé-                                                                   Ainsi pour les médicamentations, on trouve la liste
coordonnateur de la Gestion des risques          pouvait être source de conflits. « La di-         par des Professionnels de Santé, en ma-                                                                n’est pas tout à fait au point, souligne le Dr Jean-
                                                                                                                                                  ments personnels s’il le souhaite. Ainsi, il autorise                                                              des médicaments prescrits par le médecin, par le
du CHU de Montpellier, la Structure ré-          rection de l’ARS a fait une mauvaise ana-         jorité des médecins, en raison de son                                                                  Louis Bensoussan. Un technicien compétent de la
                                                                                                                                                  les professionnels de santé de son choix à y avoir                                                                 confrère, ceux qui sont achetés en pharmacie ; il
gionale d’Appui à la Qualité et à la Per-        lyse, dit le Dr Jean-Luc Baron. Chacun            objet et devrait être à parité entre les                                                               CPAM est venu à quatre reprises dans mon cabinet
                                                                                                                                                  accès en quelques clics. Les généralistes, spécia-                                                                 reste une dernière étape qui est celle de vérifier que
tinence se voulait l’organisme régional          avait sa vie, une vie différente. Apperqual       secteurs publics et privés, a expliqué le                                                              pour connecter mon logiciel métier et celui du DMP.
                                                                                                                                                  listes, kinés, infirmiers, services d’urgence peuvent                                                              le médicament a été bien pris. Ce qui peut se faire
dédié à l’accompagnement au dévelop-             était unanimement reconnu en Langue-              Dr Maurice Bensoussan. Et d’ajouter :                                                                  Il semble que les logiciels ne soient pas totalement
                                                                                                                                                  connaître les dernières informations médicales le                                                                  lors de la consultation avec le médecin. Les méde-
pement de la qualité des soins et de la          doc-Roussillon. Ces deux structures pou-          « Son indépendance et son caractère non                                                                compatibles. J’ai fini par renoncer à me rendre sur
                                                                                                                                                  concernant et par exemple éviter les interactions                                                                  cins qui utilisent le DMP plébiscitent ce service, car
                                                                                                                                                                                                          les DMP via mon logiciel métier, après avoir essayé
sécurité des patients : la mise en place         vaient croiser leurs expériences par              sanctionnant sont une ligne rouge. Ces         médicamenteuses. En cas d’accident, les services                                                                   ils y voient une grande utilité ! »
                                                                                                                                                                                                          à plusieurs reprises. »
de démarches formatrices d’amélioration          ailleurs complémentaires. L’agence a              missions doivent se suffire à elles-mêmes      d’urgence pourront très vite découvrir les allergies                                                               Il n’empêche que les médecins libéraux semblent
de la qualité et de la sécurité des soins,       préféré créer une structure unique en Oc-         sans aller chercher d’autres sources de                                                                Et d’ajouter : « Au-delà de ce problème technique
                                                                                                                                                  ou traitements en cours des patients.                                                                              majoritairement très réservés sur l’avenir du DMP.
et l’instauration d’une culture de sécu-         citanie et faire rentrer tout le monde            financement en particulier dans les                                                                    qui finira par se régler, je ne suis pas certain que cet
                                                                                                                                                  Sur le million d'assurés de la CPAM Haute-Ga-                                                                      La CNAM devra faire preuve d’une forte ingéniosité
rité des soins. Apperqual était fondée sur       dans le moule. Qui plus est, Apperqual            champs de la formation, de l’évaluation                                                                outil qui peut satisfaire le patient sera intéressant
                                                                                                                                                  ronne, 75 000 DMP ont été ouverts à ce jour : « Sa-                                                                pour convaincre les plus réticents. Le Dr Maurice
une démarche de gestion des risques qui          était gérée par la médecine libérale, il en       ou d’autres missions de nature privées ou                                                              pour le médecin dans sa pratique. Celui-ci a déjà son
                                                                                                                                                  chant que nous n’avions pas la possibilité de faire                                                                Bensoussan redoute « un nouveau rendez-vous
vise à réduire les risques d’évènement           sera autrement pour la nouvelle struc-            commerciales. »                                                                                        dossier médical, renforcé par Médimail : il reçoit en
                                                                                                                                                  cette campagne sur l’ensemble des ayants-droit,                                                                    manqué et le risque de dupliquer sous forme numé-
indésirable à un niveau acceptable, en           ture. »                                                                                                                                                  temps réel les courriers de l’hôpital, les résultats mé-
                                                                                                                                                  nous visions un socle de 5 %, ce qui a été le lot des                                                              rique un simple carnet de santé, une sorte de carnet
cherchant notamment à diminuer la fré-           L’ARS a ainsi fait appel à la Structure                                                                                                                  dicaux, les analyses, les courriers des confrères.
                                                                                                                             Philippe MEURSAULT   8 autres départements, explique Nathalie Lagrâce-                                                                  de vaccination. »
                                                                                                                                                                                                          Notre seul intérêt serait d’accéder à des dossiers de
quence et la gravité des évènements in-          d’appui d’une autre région, CEPPRAAL                                                             Giraud, attaché de direction de la CPAM de Haute-                                                                                                                                  Pierre KERJEAN
                                                                                                                                                                                                          patients que l’on ne connaît pas (première visite, va-
désirables qui pourraient survenir. Dès          (Coordination pour l’Évaluation des Pra-                                                         Garonne. Nous avons atteint cet objectif en             cances). »                                                 (*) En plus de la Haute-Garonne, on compte le Bas-Rhin, Bayonne dans
lors, la sécurité des patients est l’état        tiques Professionnelles en Auvergne-                                                             décembre 2017, et nous serons près de 10 % à la fin                                                                Pyrénées-Atlantiques, Côtes-d’Armor, Doubs, Indre-et-Loire, Puy-de-
dans lequel le risque d’évènement indé-          Rhône-Alpes) dont l’objet est similaire à                                                                                                                Pourtant, Isabelle Tartarin défend son projet bec et
                                                                                                                                                  de l’expérimentation à l’automne prochain, avant                                                                   Dôme, Somme et Val-de-Marne.
sirable est réduit au minimum.                   celui d’Apperqual pour chapeauter la                                                                                                                     ongles, persuadée que les médecins y adhéreront
                                                                                                                                                  la version 2 qui sera proposée à tous et sur toute la
                                                                                                                                                                                                          une fois que l’interopérabilité entre les logiciels

6                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                   7
Médecin d'Occitanie - URPS Médecins ...
ACTUALITÉS                                                                                                                                                                                                                                  Médecin d’Occitanie
                                                                                                                                                                                                                                                                  L E B U L L E T I N D E L’ U R P S D E S M É D E C I N S L I B É R A U X

                                                                                                                                                                                                    DOSSIER
DÉLÉGATION DE TÂCHES MÉDICALES

DES PROTOCOLES DE COOPÉRATION
PASSÉS À LA LOUPE
                                                                                                            tocoles étudiés, dit-elle, sont parfois des
La délégation de tâches médicales qui a été mise en place, avec difficulté, avec la loi Bachelot
                                                                                                            actes non réglementaires pratiqués dans les
continue à rendre méfiants les médecins libéraux à l’égard de cette innovation que d’aucuns                 hôpitaux. Les hospitaliers ont sauté sur cette
jugent risquée pour la qualité des soins. Chaque délégation fait l’objet d’un protocole de coopé-           opportunité d’un accord d’actes dérogatoires
ration qui est passé au crible d’une commission de l’URPS qui transmet un avis à la HAS. Peu de             pour faire valider ce qu’ils font déjà. Quelques
protocoles trouvent grâce auprès des membres de la commission des médecins d’Occitanie.                     fois, cela se justifie parce que certaines
                                                                                                            consultations, chronophages, ne requièrent
En 2011, le Dr Marie-Josée Renaudie
s’était inquiétée auprès de ses collègues
de l’URPS de certains effets de la loi HPST
                                                                                                            pas la formation hyper pointue d’un médecin.
                                                                                                            Mais très souvent c’est grave, on accepte des
                                                                                                            pratiques inacceptables. Je ne fais pas de
                                                                                                                                                                        L’AVENIR DES RELATIONS
(Hôpital, Patient, Santé et Territoires) de juillet
2009 qui avait pour objet principal de toucher
à la modernisation des établissements de
                                                                                                            procès en incompétence auprès des paramé-
                                                                                                            dicaux, je constate simplement qu’à vouloir
                                                                                                            trop déléguer à des infirmiers, on dénature
                                                                                                                                                                             VILLE/HÔPITAL
                                                                                                                                                               Un contexte compliqué : dans notre système de soins, les Français plébiscitent très largement le re-
santé, et notamment des conséquences de                                                                     l’acte médical. Le corpus de la clinique s’en-
                                                                                                                                                               cours à l'hôpital, les médecins de leur côté estiment que cela doit se faire dans le cadre de coopérations
l’article 51. Que dit l’article ? Selon la loi Ba-                                                          richit de la pratique du médecin par son
                                                                                                                                                               professionnelles, y compris pour les pathologies chroniques. Et les hôpitaux français sont fortement
chelot, les professionnels de santé peuvent                                                                 écoute et sa somme d’expériences. La for-
                                                                                                                                                               incités par les pouvoirs publics depuis plusieurs années à opérer un virage ambulatoire et disent
opérer, à leur initiative, des transferts d'actes                                                           mation initiale d’un médecin n’est pas celle
                                                                                                                                                               vouloir s’ouvrir sur la ville. L’époque a changé. Les médecins libéraux, favorables à une amélioration
de soins et réorganiser leurs modes d'inter-                                                                d’un infirmier. Aujourd’hui, l’hyper spécialité
                                                                                                                                                               de leurs relations avec les équipes hospitalières, souhaitent que les changements qui vont s’opérer à
vention auprès du patient. Certes, ils sont                                                                 médicale est croissante et comme on affirme
                                                                                                                                                               l’avenir soient réfléchis ensemble et non pas imposés par l’une des deux parties : ils appellent de
sensés intervenir dans les limites de leurs                                                                 depuis trente ans manquer de médecins, on
                                                                                                                                                               leurs vœux une co-construction de coopérations et de collaborations. En sortant des rivalités, il s’agit
connaissances et de leur expérience, néan-                                                                  pense faire faire le travail du médecin par
                                                                                                                                                               de repérer la place de chacun dans le respect des complémentarités. Seuls le dialogue et le travail en
moins si des protocoles de coopération sont                                                                 des personnes non formées. »
                                                                                                                                                               commun permettront de relever les nombreux défis auxquels tous ces professionnels doivent faire
établis sous le contrôle de la HAS, certains                                                                                                                   face : maladies chroniques, une population vieillissante, des inégalités sociales et territoriales, et des
transferts d’activités médicales (examens,                                                                  En sept ans, la commission de délégation
                                                                                                                                                               patients qui souhaitent une prise en charge globale et personnalisée.
suivi des malades) assurées par des médecins            Le docteur Marie-Josée Renaudie surveille de près   de tâches de l’URPS étudie sous la prési-
vers des personnels paramédicaux (infirmiers,                les projets de protocole de coopération        dence de Marie-Josée Renaudie de 2 à 7
                                                                                                                                                               COMMENT AMÉLIORER LES RELATIONS ENTRE LA VILLE ET L’HÔPITAL ?
orthoptistes) peuvent surprendre. Le législa-                                                               protocoles de coopération par an. En mars
                                                      Ce genre d’exemple a constitué un déclic                                                                 On a retrouvé l’œuf de Colomb : libéraux et hospitaliers doivent apprendre à travailler
teur considére que la délégation de tâches                                                                  dernier, elle a donné son avis sur trois pro-
                                                      pour le Dr Renaudie qui a créé il y a sept                                                               ensemble !                                                                      page 10
vers les professionnels paramédicaux, plus                                                                  tocoles, le premier en urologie (Protocole
                                                      ans, au sein de l’URPS Midi-Pyrénées, une             090), le deuxième en cancérologie (Protocole
nombreux, est un outil stratégique pour pal-
                                                      commission consacrée à la délégation de                                                                  UNE LEÇON DU PR. LAURENT SCHMITT OU LES RÉFLEXIONS
lier le manque de praticiens ; la gynécologue                                                               105), et le dernier en gastro-entérologie          D’UN HOSPITALIER
                                                      tâches et plus précisément à l’analyse des            (Protocole 112). Pour chacun des protocoles,
de Toulouse, qui estimait que l’idée était sé-                                                                                                                 Quelques règles pour faciliter le lien avec la médecine de ville                                page 11
                                                      protocoles de coopération. Ces protocoles             la commission s’est attachée à étudier la
duisante sur le papier, a très vite vu les limites
                                                      sont principalement élaborés par des équipes          réalité du besoin, la justification de la délé-    LE VIRAGE AMBULATOIRE SELON LE PRÉSIDENT DU GROUPE
de la loi. Le risque d’une baisse de la qualité
                                                      hospitalières, qui les transmettent à la HAS,         gation et sa solidité clinique, le gain de         DE CLINIQUES OC SANTÉ
des soins était à ses yeux patent. L’histoire
                                                      celle-ci en examine la validité et demande            temps médical, et également le modèle éco-         Un virage ambulatoire à plusieurs facettes                                                      page 12
lui a donné raison dans de nombreux cas.
                                                      pour avis un retour des médecins libéraux.            nomique (quelle rémunération pour le dé-
Marie-Josée Renaudie se souvient d’un pro-
                                                      Ensuite l’HAS tranche dans un sens ou dans            légataire ?). Trois avis rendus, trois avis dé-    LA PERMANENCE DES SOINS AMBULATOIRES
tocole de cancérologie mis au point par une                                                                                                                    Où commence le vrai débat sur la PDSA                                                           page 14
                                                      un autre et le communique aux ARS. Cet                favorables. La HAS tranchera.
équipe hospitalière qui permettait par déro-
                                                      avis donné par les libéraux, le médecin gy-
gation à l’infirmière de décider de la poursuite
                                                      nécologue y tient beaucoup : « Tous les pro-                                            Pierre Kerjean
d’une chimiothérapie...

8                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                    9
Médecin d'Occitanie - URPS Médecins ...
DOSSIER LES RELATIONS VILLE/HÔPITAL                                                                                                                                                                                                                                    Médecin d’Occitanie
                                                                                                                                                                                                                                                                                   L E B U L L E T I N D E L’ U R P S D E S M É D E C I N S L I B É R A U X

COMMENT AMÉLIORER LES RELATIONS ENTRE LA VILLE ET L’HÔPITAL ?
                                                                                                                                                                                                       UNE LEÇON DU PR. LAURENT SCHMITT OU LES RÉFLEXIONS D’UN HOSPITALIER

                                                                                                                                                                                                       QUELQUES RÈGLES POUR FACILITER
                                                                                                                                                                                                       LE LIEN AVEC LA MÉDECINE DE VILLE
                                                                                                                                                           patients. Sur le terrain, de nombreux       De nombreux hospitaliers s’investissent dans une réflexion partagée sur les relations entre eux et
ON A RETROUVÉ L’ŒUF DE COLOMB :                                                                                                                            hospitaliers en sont conscients et ap-
                                                                                                                                                           pellent de leurs vœux à un change-
                                                                                                                                                                                                       les médecins de ville. Parmi ceux-ci, Pr. Laurent Schmitt, responsable du pôle psychiatrie du CHU de
                                                                                                                                                                                                       Toulouse, s’intéresse de près au parcours de soin, à la dimension de contexte d’une pathologie, à

LIBÉRAUX ET HOSPITALIERS DOIVENT                                                                                                                           ment profond dans cette relation en-
                                                                                                                                                           tre médecins libéraux et hospitaliers :
                                                                                                                                                           « L’hôpital a été pendant longtemps un
                                                                                                                                                                                                       celle de l’éducation thérapeutique de façon à faciliter le lien avec la médecine de ville.

                                                                                                                                                                                                                                                          considéré comme un malade à épisodes diffé-

APPRENDRE À TRAVAILLER ENSEMBLE                                                                                                                            château-fort, dit le Pr. Laurent
                                                                                                                                                           Schmitt, médecin psychiatre, en
                                                                                                                                                           charge du pôle psychiatrie du CHU de
                                                                                                                                                                                                                                                          rents, il est placé dans un parcours pour des
                                                                                                                                                                                                                                                          pathologies durables, chroniques. « Cela sup-
                                                                                                                                                                                                                                                          pose de mener une réflexion sur tout ce qui est
                                                                                                                                                           Toulouse (voir l’encadré ci-contre).                                                           en amont et en aval de l’hospitalisation. Les
La relation entre la ville et l’hôpital est complexe. Ces deux secteurs essentiels du système de soins ne baignent pas dans l’harmonie. Très souvent,      Ce qui se passait pour le patient avant                                                        relations ville/hôpital vont devoir se structurer
                                                                                                                                                           ou après son passage à l’hôpital ne re-                                                        autour de cette notion de parcours de soin. Elles
les rapports entre médecins libéraux et hospitaliers ne relèvent pas de l’entente cordiale, mais plutôt de l’indifférence, voire du conflit larvé.                                                                                                        se doivent de concevoir une vision longitudinale
                                                                                                                                                           levait pas de son pôle d’intérêt. Avec
                                                                                                                                                                                                                                                        Le Docteur Jean-
                                                                                                                                                           le parcours de soins, l’hôpital souhai-     Depuis plusieurs années, les hôpitaux français     pour   toute une série de pathologies (diabète,
Comment dépasser cette situation qui s’apparente plus à une méconnaissance réciproque entre professionnels de santé qu’à une ignorance volon-
                                                                                                                                                           terait, avec d’autres, participer à une     sont fortement incités, pour ne pas dire obligés   insuffisance   cardiaque, bronchopneumopathie,
taire ? Peut-on améliorer la coopération entre la ville et l’hôpital et comment ? Comment tenir compte des difficultés liées à la diversité des si-        sorte de pilotage et d’architecture de      de faire ce qu’on appelle le virage ambulatoire.   etc.) qui  autorisent   la ville et l’hôpital à parvenir
                                                                                                                                                           la vie pathologique du patient. Cette       En raccourcissant les durées de séjour en éta-     à mieux    articuler  leurs   interventions, en ayant
tuations selon les territoires ? L’URPS d’Occitanie et la FHF ont décidé de s’atteler à ce chantier pour essayer d’en sortir par le haut.                  réforme autour du relationnel entre         blissement, ils déplacent le centre de gravité     une   idée  plus  précise   de  la durée de la patho-
                                                                                                                                                           professionnels de santé constitue un        du soin vers l’ambulatoire qui concerne qua-       logie   et des  épisodes     qui  peuvent survenir. »
                                                                                                                                                                                                       siment toutes les disciplines                                         Cela  nécessite     donc qu’une ar-
                                                                                                                                                           enjeu fondamental pour l’hôpital. Un                                                 “ Les relations
                                                                                                                                                                                                       chirurgicales. « Pour certains                                        chitecture du soin se déve-
« Ce sont deux mondes paral-            son avenir, encore faut-il le me-       plus, ni moins. » Et sur la base      L’hôpital s’en défend. Pour la Fé-   travail de formation sera nécessaire,                                              ville/hôpital vont
                                                                                                                                                                                                       segments, le virage ambulatoire                                       loppe  : comment l’amont peut-
lèles au mieux, et deux mondes          ner avec adresse et en en défi-         d’objectifs communs : mieux sui-      dération hospitalière de France      et nous devrons apprendre, en perma-                                              devoir se structurer il prendre contact avec la
concurrentiels au pire. » Le Dr.        nissant les bons objectifs ! «          vre les patients, les orienter vers   (FHF), il faut aller de l’avant en   nence, à faciliter le lien avec la méde-    est plus facile que pour d’autres.
                                                                                                                                                                                                                                            autour de cette notion structure hospitalière ou la cli-
Michel Combier ne mâche pas             Quand on parle de virage ambu-          la meilleure prise en charge et       créant des relations véritables      cine de ville.                              Il transfère auprès de la méde-
                                                                                                                                                                                                                                            de parcours de soin ” nique, et comment les échanges
ses mots. Le président de l’URPS        latoire, explique le Dr. Jean-Louis     assurer les délais d’accès aux        avec les partenaires de la ville     Quoiqu’il en soit, chacun doit quitter      cine de ville des patients aux pa-
                                                                                                                                                                                                       thologies plus lourdes. Puisque                                       s’opèrent à la sortie de l’éta-
d’Occitanie, Maurice Bensous-           Bensoussan, c’est l’hôpital qui         soins. Et d’une certaine façon, il    et « donner vie au parcours de       sa chapelle. »                                                                                 blissement    ?  «  On touche ici la dimension es-
san, évoque comme son secré-            s’ouvre sur la ville. Selon l’expres-   s’agit de définir le rôle précis et   soins autour de la notion de gra-                                                les durées de séjour hospitaliers sont plus
                                                                                                                                                                                                       courtes, ces patients sortent dans des états pa-   sentielle   du   lien  », constate le Pr. Laurent
taire général des pistes d’amé-         sion consacrée des hospitaliers,        les responsabilités de chacun         duation des soins ». Ainsi, l’hô-    L’ORIGINALITÉ D’UNE                         thologiques de consolidation ou de convales- Schmitt.
lioration : « On a voulu faire jouer    il sort de ses murs. Quand ils en-      dans une organisation structurée      pital affirme vouloir prendre
                                                                                                                                                           DÉMARCHE                                    cence plus sévères qu’auparavant. » Fort de ce Autre domaine autour de l’éducation théra-
à l’hôpital un rôle de premier re-      tendent cela, les médecins libé-        des soins.                            toute sa part dans la structura-
                                                                                                                                                           C’est une des raisons qui ont conduit       constat, le Pr. Laurent Schmitt travaille au- peutique que la médecine de ville et l’hôpital
cours alors qu’il a du mal à assu-      raux allument des clignotants.                                                tion des bonnes relations entre
                                                                                                                                                           l’URPS ML et la FHF à se retrouver          jourd’hui avec quelques confrères hospitaliers ont intérêt à investiguer, c’est celui des ap-
mer, dans certaines spécialités le      L’hôpital peut sortir de ses murs       L’HOPITAL,                            la ville et l’hôpital.
                                                                                                                                                           autour d’une table pour plancher sur        sur la mise en place d’un partenariat structuré proches de contexte : « Nous soignons les pa-
deuxième recours, voire le troi-        et pallier un déficit de telle ou       UN CHATEAU-FORT                                                                                                        avec des médecins de ville pour effectuer au tients du mieux possible. Mais très souvent il y
sième ». Et, prenant un exemple,        telle spécialité en ville, mais à                                             Il y a effectivement urgence que     l’évolution de l’organisation des re-
                                                                                Aujourd’hui, les doléances des                                             lations ville-hôpital en Occitanie. En      mieux ce transfert. « Cela signifie, explique le a des aspects liés au travail, à l’environnement,
il ajoute, incisif : « L’État estime    condition de consulter les pro-         médecins à l’égard de l’hôpital
                                                                                                                      les choses changent en profon-
                                                                                                                                                           début d’année, ils ont donné le feu         médecin psychiatre du CHU de Toulouse, de à un handicap, à des addictions qui nous échap-
que les spécialistes n’exerçant         fessionnels de santé libéraux           restent encore trop nombreuses
                                                                                                                      deur, dit la FHF, car elle estime                                                réfléchir sur la façon dont on fournit l’infor- pent ou que nous mesurons qu’imparfaitement,
                                                                                                                                                           vert à une vaste étude régionale me-
pas sur des plateaux techniques         pour savoir si cette sortie est vrai-   (transmission des informations
                                                                                                                      que ce cloisonnement entre la                                                    mation au médecin de ville qui est le pivot du alors qu’il s’agit d’enjeux essentiels dans la tra-
                                                                                                                                                           née par le cabinet spécialisé Acsantis.
n’ont pas de raison d’être présent      ment nécessaire et indispensable        tardives fragmentaires et ina-
                                                                                                                      ville et l’hôpital a été identifié                                               soin sur la conduite à tenir, de suivre de près jectoire sanitaire du patient. » C’est la raison
                                                                                                                                                           « L’originalité de cette démarche, ex-
sur le terrain de la ville. Dès lors,   pour la santé publique. » Et pour       daptées, mauvaise perception du
                                                                                                                      comme l’une des causes ma-                                                       l’organisation des différents métiers du soin pour laquelle le Pr Laurent Schmitt monte ac-
                                                                                                                                                           plique le Dr. Dominique Dépinoy, pré-
en supprimant les spécialistes de       bien se faire comprendre, le vice-      rôle du médecin traitant dans la
                                                                                                                      jeures de plusieurs maux chro-                                                   ambulatoire (infirmiers, kinésithérapeutes), et tuellement avec le Pr. Stéphane Oustric et le
                                                                                                                                                           sident du cabinet conseil, est d’abou-
ce terrain, il veut remettre l’hô-      président de l’URPS insiste fer-        prise en charge des patients, et
                                                                                                                      niques du système de santé                                                       bien sûr d’élaborer la mise en place d’une ar- Dr. Marie-Éve Rougé-Bugat une unité d’éva-
pital en ville, est-ce un choix         mement : « En aucun cas, cela                                                 français : il est au minimum res-    tir à une vision générale de la relation    chitecture de la poursuite du soin en collabo- luation à l’hôpital en lien avec le médecin trai-
                                                                                persistance d’un univers fermé),                                           ville-hôpital-ville en Occitanie pour                                                          tant. Objectif : fournir au médecin de ville une
sensé ? » Les relations entre ville     doit être une décision unilatérale                                            ponsable à la fois de très nom-                                                  ration avec la médecine de ville. »
                                                                                et indiquent les freins à un                                               ensuite proposer directement des so-
et hôpital constituent aux yeux         de l’hôpital ! L’ouverture se fera                                            breux actes redondants et de                                                     À l’heure de l’installation du parcours du soin, contextualisation de la situation du patient,
                                                                                changement attendu. La confu-
des médecins libéraux un vrai           sur la base d’une concertation                                                beaucoup trop nombreuses rup-        lutions concrètes sur le terrain. » Do-     « une des questions cruciales de l’évolution de ce qui constitue, pour lui, un soutien très ap-
                                                                                sion est parfois savamment en-
débat sur le système de santé et        entre tous les acteurs du soin. Ni                                            tures dans la prise en charge des    minique Dépinoy semble optimiste            notre système de santé », le patient n’est plus préciable.                                             LJD
                                                                                tretenue.                                                                  sur l’issue de ces travaux : « Ces deux

10                                                                                                                                                                             SUITE PAGE SUIVANTE >
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Médecin d'Occitanie - URPS Médecins ...
DOSSIER LES RELATIONS VILLE/HÔPITAL                                                                                                                                                                                                                                                 Médecin d’Occitanie
                                                                                                                                                                                                                                                                                                  L E B U L L E T I N D E L’ U R P S D E S M É D E C I N S L I B É R A U X

 COMMENT AMÉLIORER LES RELATIONS ENTRE LA VILLE ET L’HÔPITAL ?
                                                                                                                                                                                                                         QUESTIONS AU PRÉSIDENT DE L’URPS
                                                                                                                                                                                                                         « SORTIR DU DÉBAT ENTRE EXERCICE
                                                                                                                                                                                                                         LIBERAL ET EXERCICE SALARIÉ DE LA
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                                                                                                                                                                                                                         MÉDECINE ! »
 mondes que l’on dit parallèles           gentes pour le faire correcte-          constituera la partie diagnos-              ainsi la qualité historique des                d’un GHT et avec les libéraux. Il s’agit
 ont leur propre logique. La ville        ment, et certains établisse-            tic. Le choix des GHT n’est pas             relations ville/hôpital, la qualité            d’une phase d’expérimentation et de         L’URPS a choisi de placer l’avenir des relations ville/hôpital au centre des 7es rencontres de
 et l’hôpital ne s’ignorent pas, ils      ments y parviennent. »                  innocent. Ils sont considérés               de l’organisation du secteur                   prospective. »                              La Grande Motte. Le Dr. Maurice Bensoussan nous dit pourquoi.
 ne se connaissent pas. Il y a            La mission se fera en deux              par la FHF comme des facteurs               hospitalier d’un côté, celle du
 bien sûr des postures. Un libéral        temps. Un questionnaire sur             d’amélioration. Structurés au-              secteur libéral de l’autre, la                 UNE IDÉE SIMPLE ET                          Vous semblez sévère sur les relations ville/hô-     Comment analysez-vous les objectifs de cha-
 face à un établissement public           l’état et les perspectives des          tour de leur territoire, ils n’ont          pression démographique médi-                                                               pital actuelles. Pourquoi dressez-vous un           cun des protagonistes dans cette volonté
 n’a pas toujours la même atti-           relations entre ville et hôpital        pas d’autre alternative que de              cale, et les usages des outils et
                                                                                                                                                                             INGÉNIEUSE                                  constat négatif ?                                   d'améliorer les relations entre les libéraux et
 tude que face à un établisse-            à l’échelle de la région a              renforcer leur collaboration                voies de communication entre                                                               MB - La sévérité générale n’est pas de mise.        les hospitaliers ?
 ment privé. Mais de son côté,                                                                                                                                               Cette phase devrait durer trois à qua-      Elle ne concerne que les domaines où les liens      MB - Le sens de la convention signée entre la
                                          d’abord été adressé aux pro-            avec les professionnels de ville            les deux secteurs. »
 l’hôpital ne doit surtout pas                                                                                                                                               tre mois, à l’issue de laquelle les deux    n’ont pas pu s’établir entre l’ambulatoire et le    FHF et l’URPS des médecins en Occitanie montre
                                          fessionnels de santé. 66 ré-            pour mettre en œuvre leur pro-              La seconde partie de cette
 considérer la ville comme une                                                                                                                                               initiateurs de l’opération devront          monde hospitalier.                                  une claire volonté des acteurs signataires
                                          ponses ont été retournées par           jet médical. La majorité des                étude consistera en l’accom-
 variable d’ajustement pour ses                                                                                                                                              donner leur accord ou non à une gé-         Par exemple dans une spécialité que je connais      d’aboutir vers une amélioration de ces relations
                                          les hospitaliers, 80 par les mé-        Groupements hospitaliers de                 pagnement de certains terri-
 propres problèmes, notamment                                                                                                                                                néralisation de l’accompagnement            bien pour la pratiquer, l’évolution des pratiques   qui seront déclinées en actions territoriales.
                                          decins libéraux. L’étude de ces         territoire ont ainsi inscrit le             toires volontaires dans l’orga-
                                                                                                                                                                             qui devrait conduire à la construction      asilaires vers une médecine moderne ne s’est        C’est à partir de telles initiatives, encore trop
 dans le cadre du virage ambu-            résultats, accompagnés par une          renforcement des liens avec la              nisation et la formalisation des
                                                                                                                                                                             de relations formalisées, pouvant           pas faite sans poser des problèmes. Le besoin       rares, que les lignes bougeront. L’hospitalisation
 latoire qu’il a parfois du mal à         trentaine d’entretiens qualita-         ville comme une priorité stra-              relations ville/hôpital, « qui,
                                                                                                                                                                             prendre, dans certains cas, la forme        éprouvé par la HAS de s’intéresser aux soins        privée a toute sa place dans ce dialogue, comme
 prendre. Quand un hôpital parle          tifs auprès d’hospitaliers et de        tégique.                                    précise Dominique Dépinoy,                                                                 somatiques en santé mentale illustre tout à         l’ARS invitée à se joindre à nous dès le début.
 d’ouverture à la ville, il a des                                                                                                                                            de protocoles. Cette opération d’ex-
                                          libéraux issus des territoires          « Il y a des spécificités d’un ter-         existe déjà, pour partie, dans                                                             fait les risques pour le patient, du clivage en
 contraintes internes qui le                                                                                                                                                 périmentation est la plus sensible,
                                          des 14 Groupements hospita-             ritoire à l’autre qui tiennent à            certains cas. Nous allons ac-                                                              général. Ailleurs, il peut s’agir des limites de    Quelles seraient demain les relations idéales
 conduisent à cette ouverture.                                                                                                                                               car il faut passer d’un constat à la
                                          liers de territoire qui permet-         de multiples raisons, dit le pré-           compagner trois territoires-pi-                                                            l’hyperspécialisation ou de l’hyper-technicité      entre la ville et l'hôpital ?
 Or, il y a des manières intelli-                                                                                                                                            mise en application de solutions
                                          tront d’affiner l’analyse macro,        sident d’Acsantis. On compte                lotes, à chaque fois à l’échelle                                                           du soin, pris comme seul modèle de l’exercice       MB - Il est toujours difficile de répondre en
                                                                                                                                                                             concrètes : « Les acteurs du soin ont       médical.                                            termes d’idéal. Plusieurs cas de figures doivent
                                                                                                                                                                             l’habitude de travailler chacun de leur                                                         pouvoir coexister pour le bien des patients avec
                                                                                                                                                                             côté, précise le Dr Dominique Dépi-         Quelle est la problématique de la suppression       une amélioration des collaborations entre pro-
LE VIRAGE AMBULATOIRE SELON LE PRÉSIDENT                                                                                                                                     noy. Ce n’est pas de la mauvaise vo-        des spécialistes en ville ?                         fessionnels. Les partenariats doivent être pro-
                                                                                                                                                                             lonté, en fait ils ne se connaissent        MB - C’est une crainte liée au manque de            mus, sans oublier que l’exercice de la médecine
DU GROUPE DE CLINIQUES OC SANTÉ                                                                                                                                              pas. Ils ont des contraintes d’organi-      données publiées sur l’évaluation de la per-        reste fondé sur la relation médecin – patient.
                                                                                                                                                                             sation, des contraintes de temps qu’il      tinence de l’exercice en ville des spécialités      Ceci nous ramène aux Rencontres de la Grande
UN VIRAGE AMBULATOIRE                                                                                                                                                        leur est difficile de réduire. D’où le      médicales autres que la médecine générale.
                                                                                                                                                                                                                         Si les tutelles ont souhaité maintenir la ter-
                                                                                                                                                                                                                                                                             Motte de 2016. Il faut se méfier des modèles
                                                                                                                                                                                                                                                                             et toujours être en situation de promouvoir et
À PLUSIEURS FACETTES                                                                                                                                                         manque de fluidité. Le problème de
                                                                                                                                                                             base est assez simple : ils ne travail-     minologie du « virage ambulatoire », il ne          soutenir des innovations.
                                                                                                                                                                                                                         peut s’agir d’une simple confusion séman-
Le terme virage ambulatoire est souvent uti-          gement entamé. Si des efforts doivent être en-         vant les                                                        lent pas ensemble.
                                                                                                                                                                                                                         tique due au hasard. Il y a une volonté de          Quels sont les freins aujourd’hui ?
lisé de manière inappropriée. Selon le Dr             trepris, c’est dans le public. L’hôpital s’y est en-   possibili-                                                                                                  permettre à l’hôpital, à ses médecins, à ses        MB - La question des tarifications est essentielle.
                                                                                                                                  Le docteur Max Ponseillé
                                                      gagé tard, et a des difficultés structurelles pour     tés, sui-                                                       La réponse paraît tout aussi simple :       équipes d’exercer en ville, sous une forme          Nous parlons beaucoup de la démographie mé-
Max Ponseillé, il recouvre plusieurs domaines         progresser : les médecins ne sont pas toujours         vant les besoins. Il y a bien sûr le virage ambu-               ils doivent apprendre à travailler en-      moderne, alors que jusque-là les médecins           dicale alors qu’il conviendrait d’aborder l’at-
de soins qui correspondent pas forcément à            motivés et les organisations de soins et de bloc       latoire en médecine, il me paraît plus difficile.               semble. C’est en les faisant se ren-        libéraux occupaient cette place dans une            tractivité de l’exercice médical. Nous devons
la même réalité.                                      ne sont pas adaptées. » Le virage ambulatoire,         Aujourd'hui on hospitalise pour plusieurs jours                 contrer sur des sujets communs              étroite collaboration avec l’hospitalisation        sortir du débat entre exercice libéral et exercice
                                                      selon le Dr. Max Ponseillé, ne concerne pas            dans les établissements et dans les cliniques                   concrets, avec une approche pragma-         privée.                                             salarié de la médecine. Les deux doivent être
Le virage ambulatoire est une expression que          strictement la chirurgie : « Je pense aux soins        pour des pathologies lourdes. Ce virage ambu-                   tique, que l’on trouvera des solutions      Ce modèle est attaqué au moment où l’ac-            attractifs car nous exerçons le même métier.
le Dr. Max Ponseillé, Président du groupe de          de suite (rééducation polyvalente, neurologique,       latoire en médecine, je le perçois moins. C’est                 qui rendront service aux patients. »        tionnariat des cliniques privées se modifie         L’indépendance des médecins est essentielle.
cliniques Oc santé (*), dit ne pas comprendre :       cardiaque), où on peut faire mieux. Je pense           la raison pour laquelle je trouve déconcertant                  La réponse au problème complexe             et où les moyens ne sont pas donnés aux             Elle est mise à mal aujourd’hui. Ce sont les mé-
« le terme ambulatoire a, selon moi, plusieurs        également à la psychiatrie. On en parle moins,         d’utiliser le même mot pour toutes ces spécia-                                                              médecins libéraux pour évoluer dans leurs           decins qui doivent porter les organisations des
significations. Quand on parle de virage am-                                                                                                                                 des relations entre la ville et l’hôpital
                                                      j'en suis surpris parce que c’est sans doute l’un      lités. »                                      LJD                                                           pratiques. Pour ce faire il est indispensable       soins car la fluidité et l’harmonie passent es-
bulatoire et de l’hôpital, on fait passer de prises                                                                                                                          serait donc in fine une idée d’une
                                                      des exemples les plus intéressants. Nous avons         _____________                                                                                               de prendre en compte la qualité, la perti-          sentiellement par les liens qui ont toujours été
en charge sur plusieurs jours à des prises en                                                                (*) Oc Santé est le premier groupe de santé indépendant         grande simplicité mais réellement in-
                                                      dans le groupe deux établissements qui propo-                                                                                                                      nence et le coût de leurs actes comme les           et seront toujours ceux d’individus préoccupés
charges à la journée. Dans nos établissements,                                                               d’Occitanie. Il réunit et gère 16 établissements (principale-   génieuse. Elle prendrait alors la
                                                      sent des soins psychiatriques en ambulatoire.          ment dans la région montpelliéraine) regroupant toutes les                                                  nécessités de les accompagner dans des in-          par le même objectif : soigner le mieux possible
nous faisons 75 % de chirurgie ambulatoire,                                                                                                                                  forme d’un bel œuf de Colomb qui
                                                      Les patients sont autonomes, ils se rendent à          spécialités : chirurgie, maternité, médecine, soins de suite                                                novations organisationnelles sans leur im-          pour soulager la souffrance d’autrui, voire guérir.
parce que nos activités s’y prêtent. Ce virage                                                               et de réadaptation, psychiatrie, hospitalisation à domicile     tient en deux mots : travailler en-
                                                      l’établissement tous les jours ou tous les deux                                                                                                                    poser de modèle unique.
peut être amélioré dans le privé mais il est lar-                                                            et hébergement de personnes âgées. Près de 2000 lits pour
                                                                                                                                                                             semble !
                                                      jours et retournent chez eux tous les soirs, sui-      650 médecins.                                                                       Luc Jacob-Duvernet

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Médecin d'Occitanie - URPS Médecins ... Médecin d'Occitanie - URPS Médecins ... Médecin d'Occitanie - URPS Médecins ...
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