Médecin d'Occitanie - URPS Médecins ...
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
Médecin d’Occitanie L E B U L L E T I N D E L’ U R P S D E S M É D E C I N S L I B É R A U X N°5 - AVRIL 2018 L’avenir des relations ville/hôpital A U S O M M A I R E LA PERMANENCE DES SOINS AMBULATOIRES GRANDS TÉMOINS : PHILIPPE SAUREL, MAIRE DE MONTPELLIER CAROLE DELGA, PRÉSIDENTE DE LA RÉGION OCCITANIE
Médecin d’Occitanie L E B U L L E T I N D E L’ U R P S D E S M É D E C I N S L I B É R A U X AU SOMMAIRE L’ÉDITORIAL DOCTEUR MAURICE BENSOUSSAN, PSYCHIATRE À COLOMIERS, PRÉSIDENT DE L’URPS ML OCCITANIE Page 3 EDITO du président A CT UAL ITÉ S rt Page 4 : PRS 2 : Les médecins attendent la prise en compte L 4) de leurs propositions par l’ARS Page 5 Les 7es rencontres de la Grande motte Page 6 Une structure régionale d’appui chasse l’autre Page 7 Les médecins ne sont pas emballés par le DMP Pour l’automobiliste entrant dans la ville rose un usager d’un système. C’est là le terrain d’une Page 8 Des protocoles de coopération passés à la loupe dans les années 70, impossible d’échapper à créativité voire d’une innovation possible, portée cet affichage municipal, vantant à côté de la par nos jeunes médecins. Basilique Saint Sernin et du Capitole, sa Oui, comme l’URPS persiste à le demander, le DOSSIER L’AVENIR DES RELATIONS VILLE/HÔPITAL Attirer un médecin sur un territoire en le lo- prouesse architecturale et urbaine. médecin doit retrouver sa place dans ce PRS 2* Pages 9 à 13 Libéraux et hospitaliers doivent apprendre à Aujourd’hui encore, vu d’avion ou autres rocades geant, même le plus confortablement du *soumis par la technocratie sanitaire à la travailler ensemble ! et autoroutes, le Mirail montre une certaine au- monde, dans des locaux totalement neufs ou concertation républicaine. Il ne s’agit ni seule- dace dans sa conception avec ses espaces verts, dans des monuments historiques remis aux ment de la perte sémantique de la médecine Page 14 et 15 Où commence le vrai débat sur la PDSA ? normes du jour relève d’un pari dont l’efficience ses étendues d’eau et ses larges coursives d’im- dans les discours officiels (remplacée par « des meubles. Mais vivre voire même seulement pé- touche d’ores et déjà à ses limites. Les jeunes professionnels de santé » voire même « des pro- nétrer dans ce territoire est une autre affaire, à médecins ont un parcours universitaire d’excel- fessionnels des territoires de santé »), ni de la D ÉCRYPTAG E lence, ils sont exigeants, tant mieux. C’est un l’instar de ce qui existe dans les périphéries des désertification médicale (villes et campagnes) Page 16 à 17 L’URPS, un incubateur performant des villes grandes, moyennes ou petites de notre Oc- espoir pour la santé de nos concitoyens, pour mais de répondre à la véritable demande de la solutions numériques de la santé citanie. nous tous. Alors de grâce ne les considérons pas population d’avoir un médecin pour être soigné GRAN D S TÉM O INS Attirer un médecin sur un territoire en le logeant, même le plus Page 18 Entretien avec Philippe Saurel, maire de Montpellier confortablement du monde, dans des locaux totalement neufs ou Page 19 L’avis de Carole Delga présidente de région dans des monuments historiques remis aux normes du jour relève d’un pari dont l’efficience touche d’ores et déjà à ses limites. comme de simples prestataires de soins normés, MÉDECIN D’OCCITANIE N° 5 - AVRIL 2018 C’est oublier que l’espace n’existe que par la vie relationnelle des personnes qui y séjournent ou codifiés, conformes aux données acquises de la ou de s’y référer dans son parcours de soin. L’URPS dénonce et dénoncera les risques pour Le bulletin de l’URPS des Médecins – Maison des Professions Libérales y transitent. Si l’intention a pu ne pas être de science. Des parlementaires frais émoulus de la santé d’une médecine sans médecin, c’est-à- 285, Rue Alfred Nobel. 34000 Montpellier - Tél. : 05 61 15 80 90 créer des lieux de stigmatisation sociale, de re- dernières élections pensent qu’il suffit de dire d’une médecine où les organisations sani- Fax : 05 61 15 80 99 - urps@urpslrmp.org - www.urpslrmp.org groupement de déshérités, d’immigrés ou autres contraindre, d’obliger et ainsi les problèmes se- taires sont structurées sans eux. Nous refusons ISSN 2556-9414 Directeur de la publication : Dr Maurice BENSOUSSAN personnes en situation ou instance de précarité, ront réglés. Faire ici appel à l’autorité de l’Etat ce rôle d’effecteur, de prestataire réservé au mé- Comité de rédaction et de lecture : Les docteurs Maurice BENSOUSSAN, Michel les fameuses politiques de la ville ricochent au lieu de promouvoir réflexions et incitations decin dans ces nouveaux paradigmes où le souci COMBIER, Jean-Claude LUCIEN, Jean-Baptiste THIBERT, Patrick CONTIS, Jean-Marc néanmoins d’échecs en échecs. est un paradoxe mettant le médecin à la place de contrôle, derrière le postulat de l’économie, LARUELLE, Philippe CUQ, Jean-Christophe CALMES, Olivier DARREYE, Pierre RADIER. Aborder aujourd’hui la question de l’accès aux du délinquant. fait courir un risque majeur de régression. Mesdames Camille RICART, Catherine MALGOUYRES-COFFIN. soins dans nos territoires sous le seul angle Non un médecin doit être traité autrement dans Rédaction : Luc JACOB-DUVERNET, Odile FRAYE, Pierre KERJEAN, Philippe notre société. Le politique doit renoncer à une d’une démographie quantitative ou de la * Le projer régional de santé n°2 MEURSAULT, Tirage : 12 500 exemplaires - Maquette et mise en pages : Agence construction de divers espaces ou maisons de totale maitrise de cet espace des soins. Il doit LSP. Crédit photo : Freepik, LSP - Impression : Imprimerie Ménard santé nous confronte au même risque d’une dé- laisser au médecin son lien de proximité avec gringolade de nos organisations sanitaires. son patient. Celui-ci ne peut être uniquement 2 3
ACTUALITÉS ACTUALITÉS Médecin d’Occitanie L E B U L L E T I N D E L’ U R P S D E S M É D E C I N S L I B É R A U X LE PROJET RÉGIONAL DE SANTÉ NUMÉRO 2 BIENTÔT MIS EN ŒUVRE RENCONTRES DE LA GRANDE MOTTE DU SAMEDI 2 JUIN 2018 PRS 2 : LES MÉDECINS ATTENDENT L’AVENIR DES RELATIONS LA PRISE EN COMPTE DE LEURS VILLE-HÔPITAL : LE GRAND DÉBAT PROPOSITIONS PAR L’ARS Pour la septième année consécutive, l’Union régionale des profes- sionnels de santé des médecins libéraux d’Occitanie organise, le Les médecins libéraux ont été très présents lors des innombrables réunions samedi 2 juin prochain, à la Grande Motte, ses rencontres an- préparatoires. Le Projet Régional de Santé dans sa version 2018 est arrivé sur nuelles. À l’ordre du jour de cette septième édition : l’avenir des les bureaux des élus de l’URPS en février. Ils ont déposé début avril leurs com- relations ville/hôpital. mentaires structurés auprès de l’ARS. Même s’ils estiment nécessaire l’élabo- ration d’un tel plan, les médecins s’interrogent sur la place qui leur est réservée dans le projet actuel. Ils attendent maintenant les réponses de l’Agence Ré- occuper dans le futur du système de soins motion de toutes les nouvelles formes d’orga- gionale de Santé à leurs propositions, attentes et interrogations. Fin de par- dans la région, expliquent les médecins »), nisation territoriales des soins, sans mettre un cours des préparatifs et début de la mise œuvre du PRS 2 dans quelques les forces vives de l’URPS ont préféré aban- accent trop prononcé sur les MSP, telles semaines après cette période de consultation républicaine ! donner le champ de la critique et des in- qu’elles apparaissent aux yeux de l’ARS quiétudes légitimes, et faire montre d’une comme une réponse quasi-unique à la méde- Les rencontres annuelles de l’Union régionale des professionnels de santé des mé- Il avait quelques semaines de retard, mais il a leur avis sur cette somme de près de 600 pages forte implication dans une logique construc- cine de premier recours ; estime incompré- decins libéraux qui se tiennent aux marches de l’été à la Grande Motte constituent fini par émerger. Car l’affaire n’est pas simple ! réunies en trois chapitres (voir encadré). tive et pour la promotion d’une juste place hensible l’absence des maladies chroniques pour l’URPS un moment important de sa vie interne tant pour marquer un point L’ARS Occitanie a en effet publié, le 20 février Les élus de l’URPS se sont aussitôt mis au tra- de l’offre de soins libérale dans la version fi- dans les parcours prioritaires ; souhaite éga- d’étape annuel de l’organisation qui passe par un travail de réflexion que pour dernier, un avis de consultation pour le Projet vail sur ce plan d’action en santé de la Région nale du PRS d’Occitanie. « Malgré le fait lement le développement incontournable de envoyer des signaux forts à ses partenaires institutionnels et à tous les profes- régional de santé Occitanie. Le PRS de pour une mise en œuvre de 2018 à 2022. Aidés qu’elle s’est sentie oubliée soit formellement, la e-santé dans lequel l’URPS sera garant du sionnels de santé d’Occitanie et d’ailleurs. deuxième génération s’inscrit dans une vision en cela par le cabinet KAISSA, ils se sont for- soit sur le fond, dit Franck Droin, la médecine maintien d’une relation patient - médecin de En 2017, l’URPS d’Occitanie avait choisi de placer la journée des sixièmes ren- stratégique à dix ans de l’évolution du système tement mobilisés, ont analysé les documents, libérale veut être partie prenante dans la qualité. Et pour le PRAPS, le PRS devrait, es- contres sous le signe des organisations innovantes qui participent de la formidable de santé pour 6 millions de personnes en Oc- et “ont émis des remarques denses et judi- construction de la future organisation des timent les élus de l’URPS, renforcer le soutien mutation du système de soin français, cette année, ces septièmes rencontres, tou- citanie. Il définit également, pour les 5 pro- cieuses qui se veulent des forces de proposi- soins. Elle a des remarques, mais elle a aussi indispensable à l’engagement sans faille des jours dans une dynamique prospective, seront consacrées à l’avenir des relations chaines années, la politique régionale de santé tion”, explique Franck Droin, directeur de la des idées, comme par exemple la création médecins libéraux. Pour conclure sur le sujet entre la ville et l’hôpital. La problématique qui sera développée et débattue est qui sera menée en matière de prévention, d’or- société conseil. d’un centre autonome indépendant de chi- précis de l’évaluation du PRS, l’URPS Occita- de connaître ainsi les postures de chaque secteur (secteur libéral, secteur hospi- ganisation de l’offre de soins et médico-sociale Car au-delà d’une première constatation qui rurgie ambulatoire, une sorte d'hôtel hospi- nie doit pouvoir être considéré comme un par- talier, secteur libéral en établissement) par rapport à l’évolution que constitue le et fixe le programme d’actions pour les plus aurait pu rendre bougons les élus (« la méde- talier médicalisé. » tenaire actif. virage ambulatoire, « un virage qu’on n’a d’ailleurs pas pris » selon le Dr Michel démunis. Ce PRS N°2, dont l’objet est d’être cine libérale ne trouve pas, dans cette version Plusieurs axes de propositions structurent sa Reste enfin que l’ARS devra prendre garde Combier, secrétaire général de l’URPS. Autre sujet, la suppression des spécialistes une photographie très précise du système de du PRS la place qu’elle mérite et qu’elle doit réponse à l’ARS. Elle milite ainsi pour la pro- dans sa rédaction à substituer à quelques en ville pour les remettre à l’hôpital, « ouvrons le débat, est-on pour ou contre ? » santé régional avec ses qualités et ses défauts, termes trop généraux pour ne pas dire trop demande le Dr Maurice Bensoussan. Ces relations (voir notre dossier en page 9) définit ainsi le cadre d’orientation stratégique LES TROIS PILIERS DU PRS vagues comme « professionnel de santé », ouvrent un champ de réflexions sur de nouvelles pratiques, un nouvel exercice avec un schéma régional de santé et un pro- Un nouveau cadre réglementaire définit depuis janvier 2016 les trois composantes du PRS. d’autres plus précis comme « médecin libé- autour du soin, et en quelque sorte place le monde médical face à de nouveaux gramme régional d'accès à la prévention et Vient en premier lieu le cadre d’orientation stratégique (COS) qui détermine les objectifs ral », dans la mesure où ils sont déjà concer- paradigmes. « Depuis la création du territoire régional Occitanie, explique le pré- aux soins des personnes les plus démunies. stratégiques de l’ARS et les résultats attendus à 10 ans, en lien avec la stratégie nationale nés au premier chef pour de nombreux sident de l’URPS, nous avons décidé d’inscrire les rencontres de La Grande Motte Une démarche prospective accompagne le de santé, pour améliorer l’état de santé de la population et lutter contre les inégalités projets. Ces dispositifs seraient dénaturés si la dans une vision prospective de notre système de santé. Aujourd’hui, il n’y a plus dessein du PRS et trace les objectifs retenus sociales et territoriales de santé dans la région. place des médecins n’était pas clairement af- d’avenir, comme la ministre de la Santé l’a signalé, pour des fonctionnements en par l’Agence Régionale de Santé. Le schéma régional de santé (SRS), second axe de ce PRS, est établi pour 5 ans, sur la base firmée. Le vocabulaire a toujours le sens qu’on silos. Nous avons anticipé ce mouvement avec déjà une forte action de partenariat d'une évaluation des besoins et de l’offre de santé. Il détermine des prévisions d'évolution veut bien lui donner. ville – hôpital, en initiant dès 2012 le dispositif de soins partagés en psychiatrie. Comme le demande la loi, et selon les règles et des objectifs opérationnels. Luc JACOB-DUVERNET Nos propositions d’extension à d’autres territoires régionaux que la seule agglo- de ce que l’on appelle joliment « la démocratie Le Programme régional d'accès à la prévention et aux soins des personnes les plus mération toulousaine soulève encore quelques réticences. Nous devons étendre ce sanitaire à l’échelle régionale », les acteurs de démunies (PRAPS) est la troisième composante du Projet. Son objet est d’améliorer le type de partenariat à d’autres champs et à d’autres spécialités. La filière pédiatrique santé d’Occitanie ont été sollicités pour donner parcours de santé des personnes les plus démunies. est ainsi en train de s’organiser. » OF 4 5
Médecin d’Occitanie ACTUALITÉS DÉCRYPTAGE L E B U L L E T I N D E L’ U R P S D E S M É D E C I N S L I B É R A U X UN UKASE FRAPPE APPERQUAL DOSSIER MEDICAL PARTAGÉ UNE STRUCTURE RÉGIONALE D’APPUI LE DMP OU LE CHOIX CHASSE L’AUTRE APPERQUAL, STRUCTURE RÉGIONALE D’APPUI DÉDIÉE À LA SÉCURITÉ DES SOINS, et née D’UNE DÉMARCHE CITOYENNE d’une initiative publique-privée avec un fort engagement des médecins libéraux, a de fortes La direction de la CPAM de Haute-Garonne qui mène une expérimentation du DMP depuis plus chances de disparaître. Ainsi en a décidé l’Agence Régionale de Santé, qui dans son d’un an est satisfaite. La première étape de mise en service du dossier médical partagé serait, interprétation des instructions réglementaires nationales, ne tient pas compte des envies et des selon elle, une réussite, avec l’ouverture de près de 100 000 DMP à l’issue de la période d’essai. besoins des professionnels de santé et crée ainsi de toute pièce une nouvelle structure d’appui Un avis que ne partagent pas des libéraux qui, bien que s’étant prêtés à l’expérimentation, se régionale. L’URPS est montée au créneau pour afficher son désaccord. disent sceptiques sur l’intérêt de cet outil pour l’exercice médical. « L’ARS n’aime pas l’indépendance. Ap- Salué il y a un an par Raymond Le nouvelle SRA. Claire Chabloz, médecin « Le Dossier Médical Partagé est un serpent de mer France. » Aujourd’hui la cadence d’ouverture des perqual était une expérience pilote Moign, directeur général du CHU de de santé publique et présidente de la qu’on nous ressort aujourd’hui, après avoir englouti dossiers est de 1000 par semaine, ce qui devrait conduite par des médecins libéraux et Toulouse, aujourd’hui directeur de cabi- FORAP (fédération des SRA), qui avait plusieurs centaines de millions pour pas grand- conduire effectivement la CPAM à espérer tutoyer publics avec une logistique confiée à net d’Agnès Buzyn, et par Thomas Le été à l’origine du CEPPRAAL (un orga- chose ! Je crains que le projet actuel de la CNAM ne les 100 000 dossiers ouverts au cours des derniers l’URPS. L’agence régionale a fait table Ludec, le directeur général du Centre nisme qui offre par ailleurs des services rencontre pas le succès escompté, dit Jean-Louis mois de 2018. rase du passé. » L’avis du Dr Jean-Luc Hospitalier Universitaire de Montpellier, aux Etablissements de Santé pour les ac- Bensoussan, vice-président de l’URPS. » Pourtant le Reste que l’accueil réservé par les médecins a été Baron, qui était un des principaux initia- ils affirmaient en effet qu’Apperqual compagner dans leurs démarches de cer- DMP nouvelle formule est sur les rails sur l’un des plutôt frais. Ce que ne conteste pas Isabelle Tarta- Isabelle Tartarin : “les médecins qui utlisent le DMP teurs de la structure régionale d’appui pouvait « avoir un impact très fort sur la tification) et qui a piloté la naissance territoires de l’Occitanie. En janvier 2017, la CNAM rin, directrice de la santé à la CPAM de Toulouse : plébiscitent ce service” Apperqual, est sans appel. Il décrit une qualité des soins. Il faut savoir tirer profit d’une structure identique dans le Grand- a lancé des expérimentations grandeur nature dans « Les médecins ne se sont pas occupés de l’ouverture 9 départements dont la Haute-Garonne (*). Ce dos- sera performante : « Nous avons ajouté, dit la di- reprise en main par l’ARS avec une des enseignements de structure de ce Est, a pris les choses en main. La manière des dossiers, mais de leur alimentation. Seuls 100 sier personnel stocke toutes les informations rectrice de la santé de l’Assurance Maladie de pointe d’amertume. Même s’il sait que la type ». de faire de l’ARS n’a pas été du goût de médecins traitants sur les 1 300 généralistes que concernant les consommations de soins du patient, Haute-Garonne, un onglet spécifique dans le DMP messe est dite, il estime encore que « la Pourtant l’ARS en a décidé autrement. tout le monde. Fin janvier, lors la réu- comptent le département l’alimentent régulière- qui sont déposées sur un lieu virtuel de stockage : qui conduit aux données de remboursement de structure n’est pas fermée, Apperqual est Motif affiché : une asymétrie entre deux nion du premier comité de configuration ment. C’est malgré tout un bon démarrage, compte médicaments remboursés, médecins consultés, re- soins. Ces données précises qui concernent d’ailleurs encore vivante ! » organismes installés sur les deux an- de la SRA organisée par l’Agence régio- tenu du fait de la mise à jour des logiciels qui doit cours aux autres professions de soins, examens toutes les informations de consommation de soins Créée il y a trois ans par quelques mé- ciennes régions, Apperqual en Langue- nale de santé, les membres de l’URPS ont se faire aujourd’hui manuellement. » Ces logiciels réalisés. L’assuré peut créer lui-même son DMP et effectués par le patient viennent alimenter le dos- decins du Languedoc-Roussillon, et no- doc-Roussillon, et Partage Santé formulé leur désaccord structurel sur ce constituent un véritable casse-tête pour les méde- garde la main sur les éléments le concernant. Il dé- sier, et cela est fait automatiquement par nos soins. tamment le Professeur Bertrand Millat, (ex-Requamip) en Midi-Pyrénées qui projet. « La SRA ne peut être pilotée que cins au cours de cette expérimentation : « L’affaire cide qui a accès à ses données, rajoute des élé- Ainsi pour les médicamentations, on trouve la liste coordonnateur de la Gestion des risques pouvait être source de conflits. « La di- par des Professionnels de Santé, en ma- n’est pas tout à fait au point, souligne le Dr Jean- ments personnels s’il le souhaite. Ainsi, il autorise des médicaments prescrits par le médecin, par le du CHU de Montpellier, la Structure ré- rection de l’ARS a fait une mauvaise ana- jorité des médecins, en raison de son Louis Bensoussan. Un technicien compétent de la les professionnels de santé de son choix à y avoir confrère, ceux qui sont achetés en pharmacie ; il gionale d’Appui à la Qualité et à la Per- lyse, dit le Dr Jean-Luc Baron. Chacun objet et devrait être à parité entre les CPAM est venu à quatre reprises dans mon cabinet accès en quelques clics. Les généralistes, spécia- reste une dernière étape qui est celle de vérifier que tinence se voulait l’organisme régional avait sa vie, une vie différente. Apperqual secteurs publics et privés, a expliqué le pour connecter mon logiciel métier et celui du DMP. listes, kinés, infirmiers, services d’urgence peuvent le médicament a été bien pris. Ce qui peut se faire dédié à l’accompagnement au dévelop- était unanimement reconnu en Langue- Dr Maurice Bensoussan. Et d’ajouter : Il semble que les logiciels ne soient pas totalement connaître les dernières informations médicales le lors de la consultation avec le médecin. Les méde- pement de la qualité des soins et de la doc-Roussillon. Ces deux structures pou- « Son indépendance et son caractère non compatibles. J’ai fini par renoncer à me rendre sur concernant et par exemple éviter les interactions cins qui utilisent le DMP plébiscitent ce service, car les DMP via mon logiciel métier, après avoir essayé sécurité des patients : la mise en place vaient croiser leurs expériences par sanctionnant sont une ligne rouge. Ces médicamenteuses. En cas d’accident, les services ils y voient une grande utilité ! » à plusieurs reprises. » de démarches formatrices d’amélioration ailleurs complémentaires. L’agence a missions doivent se suffire à elles-mêmes d’urgence pourront très vite découvrir les allergies Il n’empêche que les médecins libéraux semblent de la qualité et de la sécurité des soins, préféré créer une structure unique en Oc- sans aller chercher d’autres sources de Et d’ajouter : « Au-delà de ce problème technique ou traitements en cours des patients. majoritairement très réservés sur l’avenir du DMP. et l’instauration d’une culture de sécu- citanie et faire rentrer tout le monde financement en particulier dans les qui finira par se régler, je ne suis pas certain que cet Sur le million d'assurés de la CPAM Haute-Ga- La CNAM devra faire preuve d’une forte ingéniosité rité des soins. Apperqual était fondée sur dans le moule. Qui plus est, Apperqual champs de la formation, de l’évaluation outil qui peut satisfaire le patient sera intéressant ronne, 75 000 DMP ont été ouverts à ce jour : « Sa- pour convaincre les plus réticents. Le Dr Maurice une démarche de gestion des risques qui était gérée par la médecine libérale, il en ou d’autres missions de nature privées ou pour le médecin dans sa pratique. Celui-ci a déjà son chant que nous n’avions pas la possibilité de faire Bensoussan redoute « un nouveau rendez-vous vise à réduire les risques d’évènement sera autrement pour la nouvelle struc- commerciales. » dossier médical, renforcé par Médimail : il reçoit en cette campagne sur l’ensemble des ayants-droit, manqué et le risque de dupliquer sous forme numé- indésirable à un niveau acceptable, en ture. » temps réel les courriers de l’hôpital, les résultats mé- nous visions un socle de 5 %, ce qui a été le lot des rique un simple carnet de santé, une sorte de carnet cherchant notamment à diminuer la fré- L’ARS a ainsi fait appel à la Structure dicaux, les analyses, les courriers des confrères. Philippe MEURSAULT 8 autres départements, explique Nathalie Lagrâce- de vaccination. » Notre seul intérêt serait d’accéder à des dossiers de quence et la gravité des évènements in- d’appui d’une autre région, CEPPRAAL Giraud, attaché de direction de la CPAM de Haute- Pierre KERJEAN patients que l’on ne connaît pas (première visite, va- désirables qui pourraient survenir. Dès (Coordination pour l’Évaluation des Pra- Garonne. Nous avons atteint cet objectif en cances). » (*) En plus de la Haute-Garonne, on compte le Bas-Rhin, Bayonne dans lors, la sécurité des patients est l’état tiques Professionnelles en Auvergne- décembre 2017, et nous serons près de 10 % à la fin Pyrénées-Atlantiques, Côtes-d’Armor, Doubs, Indre-et-Loire, Puy-de- dans lequel le risque d’évènement indé- Rhône-Alpes) dont l’objet est similaire à Pourtant, Isabelle Tartarin défend son projet bec et de l’expérimentation à l’automne prochain, avant Dôme, Somme et Val-de-Marne. sirable est réduit au minimum. celui d’Apperqual pour chapeauter la ongles, persuadée que les médecins y adhéreront la version 2 qui sera proposée à tous et sur toute la une fois que l’interopérabilité entre les logiciels 6 7
ACTUALITÉS Médecin d’Occitanie L E B U L L E T I N D E L’ U R P S D E S M É D E C I N S L I B É R A U X DOSSIER DÉLÉGATION DE TÂCHES MÉDICALES DES PROTOCOLES DE COOPÉRATION PASSÉS À LA LOUPE tocoles étudiés, dit-elle, sont parfois des La délégation de tâches médicales qui a été mise en place, avec difficulté, avec la loi Bachelot actes non réglementaires pratiqués dans les continue à rendre méfiants les médecins libéraux à l’égard de cette innovation que d’aucuns hôpitaux. Les hospitaliers ont sauté sur cette jugent risquée pour la qualité des soins. Chaque délégation fait l’objet d’un protocole de coopé- opportunité d’un accord d’actes dérogatoires ration qui est passé au crible d’une commission de l’URPS qui transmet un avis à la HAS. Peu de pour faire valider ce qu’ils font déjà. Quelques protocoles trouvent grâce auprès des membres de la commission des médecins d’Occitanie. fois, cela se justifie parce que certaines consultations, chronophages, ne requièrent En 2011, le Dr Marie-Josée Renaudie s’était inquiétée auprès de ses collègues de l’URPS de certains effets de la loi HPST pas la formation hyper pointue d’un médecin. Mais très souvent c’est grave, on accepte des pratiques inacceptables. Je ne fais pas de L’AVENIR DES RELATIONS (Hôpital, Patient, Santé et Territoires) de juillet 2009 qui avait pour objet principal de toucher à la modernisation des établissements de procès en incompétence auprès des paramé- dicaux, je constate simplement qu’à vouloir trop déléguer à des infirmiers, on dénature VILLE/HÔPITAL Un contexte compliqué : dans notre système de soins, les Français plébiscitent très largement le re- santé, et notamment des conséquences de l’acte médical. Le corpus de la clinique s’en- cours à l'hôpital, les médecins de leur côté estiment que cela doit se faire dans le cadre de coopérations l’article 51. Que dit l’article ? Selon la loi Ba- richit de la pratique du médecin par son professionnelles, y compris pour les pathologies chroniques. Et les hôpitaux français sont fortement chelot, les professionnels de santé peuvent écoute et sa somme d’expériences. La for- incités par les pouvoirs publics depuis plusieurs années à opérer un virage ambulatoire et disent opérer, à leur initiative, des transferts d'actes mation initiale d’un médecin n’est pas celle vouloir s’ouvrir sur la ville. L’époque a changé. Les médecins libéraux, favorables à une amélioration de soins et réorganiser leurs modes d'inter- d’un infirmier. Aujourd’hui, l’hyper spécialité de leurs relations avec les équipes hospitalières, souhaitent que les changements qui vont s’opérer à vention auprès du patient. Certes, ils sont médicale est croissante et comme on affirme l’avenir soient réfléchis ensemble et non pas imposés par l’une des deux parties : ils appellent de sensés intervenir dans les limites de leurs depuis trente ans manquer de médecins, on leurs vœux une co-construction de coopérations et de collaborations. En sortant des rivalités, il s’agit connaissances et de leur expérience, néan- pense faire faire le travail du médecin par de repérer la place de chacun dans le respect des complémentarités. Seuls le dialogue et le travail en moins si des protocoles de coopération sont des personnes non formées. » commun permettront de relever les nombreux défis auxquels tous ces professionnels doivent faire établis sous le contrôle de la HAS, certains face : maladies chroniques, une population vieillissante, des inégalités sociales et territoriales, et des transferts d’activités médicales (examens, En sept ans, la commission de délégation patients qui souhaitent une prise en charge globale et personnalisée. suivi des malades) assurées par des médecins Le docteur Marie-Josée Renaudie surveille de près de tâches de l’URPS étudie sous la prési- vers des personnels paramédicaux (infirmiers, les projets de protocole de coopération dence de Marie-Josée Renaudie de 2 à 7 COMMENT AMÉLIORER LES RELATIONS ENTRE LA VILLE ET L’HÔPITAL ? orthoptistes) peuvent surprendre. Le législa- protocoles de coopération par an. En mars Ce genre d’exemple a constitué un déclic On a retrouvé l’œuf de Colomb : libéraux et hospitaliers doivent apprendre à travailler teur considére que la délégation de tâches dernier, elle a donné son avis sur trois pro- pour le Dr Renaudie qui a créé il y a sept ensemble ! page 10 vers les professionnels paramédicaux, plus tocoles, le premier en urologie (Protocole ans, au sein de l’URPS Midi-Pyrénées, une 090), le deuxième en cancérologie (Protocole nombreux, est un outil stratégique pour pal- commission consacrée à la délégation de UNE LEÇON DU PR. LAURENT SCHMITT OU LES RÉFLEXIONS lier le manque de praticiens ; la gynécologue 105), et le dernier en gastro-entérologie D’UN HOSPITALIER tâches et plus précisément à l’analyse des (Protocole 112). Pour chacun des protocoles, de Toulouse, qui estimait que l’idée était sé- Quelques règles pour faciliter le lien avec la médecine de ville page 11 protocoles de coopération. Ces protocoles la commission s’est attachée à étudier la duisante sur le papier, a très vite vu les limites sont principalement élaborés par des équipes réalité du besoin, la justification de la délé- LE VIRAGE AMBULATOIRE SELON LE PRÉSIDENT DU GROUPE de la loi. Le risque d’une baisse de la qualité hospitalières, qui les transmettent à la HAS, gation et sa solidité clinique, le gain de DE CLINIQUES OC SANTÉ des soins était à ses yeux patent. L’histoire celle-ci en examine la validité et demande temps médical, et également le modèle éco- Un virage ambulatoire à plusieurs facettes page 12 lui a donné raison dans de nombreux cas. pour avis un retour des médecins libéraux. nomique (quelle rémunération pour le dé- Marie-Josée Renaudie se souvient d’un pro- Ensuite l’HAS tranche dans un sens ou dans légataire ?). Trois avis rendus, trois avis dé- LA PERMANENCE DES SOINS AMBULATOIRES tocole de cancérologie mis au point par une Où commence le vrai débat sur la PDSA page 14 un autre et le communique aux ARS. Cet favorables. La HAS tranchera. équipe hospitalière qui permettait par déro- avis donné par les libéraux, le médecin gy- gation à l’infirmière de décider de la poursuite nécologue y tient beaucoup : « Tous les pro- Pierre Kerjean d’une chimiothérapie... 8 9
DOSSIER LES RELATIONS VILLE/HÔPITAL Médecin d’Occitanie L E B U L L E T I N D E L’ U R P S D E S M É D E C I N S L I B É R A U X COMMENT AMÉLIORER LES RELATIONS ENTRE LA VILLE ET L’HÔPITAL ? UNE LEÇON DU PR. LAURENT SCHMITT OU LES RÉFLEXIONS D’UN HOSPITALIER QUELQUES RÈGLES POUR FACILITER LE LIEN AVEC LA MÉDECINE DE VILLE patients. Sur le terrain, de nombreux De nombreux hospitaliers s’investissent dans une réflexion partagée sur les relations entre eux et ON A RETROUVÉ L’ŒUF DE COLOMB : hospitaliers en sont conscients et ap- pellent de leurs vœux à un change- les médecins de ville. Parmi ceux-ci, Pr. Laurent Schmitt, responsable du pôle psychiatrie du CHU de Toulouse, s’intéresse de près au parcours de soin, à la dimension de contexte d’une pathologie, à LIBÉRAUX ET HOSPITALIERS DOIVENT ment profond dans cette relation en- tre médecins libéraux et hospitaliers : « L’hôpital a été pendant longtemps un celle de l’éducation thérapeutique de façon à faciliter le lien avec la médecine de ville. considéré comme un malade à épisodes diffé- APPRENDRE À TRAVAILLER ENSEMBLE château-fort, dit le Pr. Laurent Schmitt, médecin psychiatre, en charge du pôle psychiatrie du CHU de rents, il est placé dans un parcours pour des pathologies durables, chroniques. « Cela sup- pose de mener une réflexion sur tout ce qui est Toulouse (voir l’encadré ci-contre). en amont et en aval de l’hospitalisation. Les La relation entre la ville et l’hôpital est complexe. Ces deux secteurs essentiels du système de soins ne baignent pas dans l’harmonie. Très souvent, Ce qui se passait pour le patient avant relations ville/hôpital vont devoir se structurer ou après son passage à l’hôpital ne re- autour de cette notion de parcours de soin. Elles les rapports entre médecins libéraux et hospitaliers ne relèvent pas de l’entente cordiale, mais plutôt de l’indifférence, voire du conflit larvé. se doivent de concevoir une vision longitudinale levait pas de son pôle d’intérêt. Avec Le Docteur Jean- le parcours de soins, l’hôpital souhai- Depuis plusieurs années, les hôpitaux français pour toute une série de pathologies (diabète, Comment dépasser cette situation qui s’apparente plus à une méconnaissance réciproque entre professionnels de santé qu’à une ignorance volon- terait, avec d’autres, participer à une sont fortement incités, pour ne pas dire obligés insuffisance cardiaque, bronchopneumopathie, taire ? Peut-on améliorer la coopération entre la ville et l’hôpital et comment ? Comment tenir compte des difficultés liées à la diversité des si- sorte de pilotage et d’architecture de de faire ce qu’on appelle le virage ambulatoire. etc.) qui autorisent la ville et l’hôpital à parvenir la vie pathologique du patient. Cette En raccourcissant les durées de séjour en éta- à mieux articuler leurs interventions, en ayant tuations selon les territoires ? L’URPS d’Occitanie et la FHF ont décidé de s’atteler à ce chantier pour essayer d’en sortir par le haut. réforme autour du relationnel entre blissement, ils déplacent le centre de gravité une idée plus précise de la durée de la patho- professionnels de santé constitue un du soin vers l’ambulatoire qui concerne qua- logie et des épisodes qui peuvent survenir. » siment toutes les disciplines Cela nécessite donc qu’une ar- enjeu fondamental pour l’hôpital. Un “ Les relations chirurgicales. « Pour certains chitecture du soin se déve- « Ce sont deux mondes paral- son avenir, encore faut-il le me- plus, ni moins. » Et sur la base L’hôpital s’en défend. Pour la Fé- travail de formation sera nécessaire, ville/hôpital vont segments, le virage ambulatoire loppe : comment l’amont peut- lèles au mieux, et deux mondes ner avec adresse et en en défi- d’objectifs communs : mieux sui- dération hospitalière de France et nous devrons apprendre, en perma- devoir se structurer il prendre contact avec la concurrentiels au pire. » Le Dr. nissant les bons objectifs ! « vre les patients, les orienter vers (FHF), il faut aller de l’avant en nence, à faciliter le lien avec la méde- est plus facile que pour d’autres. autour de cette notion structure hospitalière ou la cli- Michel Combier ne mâche pas Quand on parle de virage ambu- la meilleure prise en charge et créant des relations véritables cine de ville. Il transfère auprès de la méde- de parcours de soin ” nique, et comment les échanges ses mots. Le président de l’URPS latoire, explique le Dr. Jean-Louis assurer les délais d’accès aux avec les partenaires de la ville Quoiqu’il en soit, chacun doit quitter cine de ville des patients aux pa- thologies plus lourdes. Puisque s’opèrent à la sortie de l’éta- d’Occitanie, Maurice Bensous- Bensoussan, c’est l’hôpital qui soins. Et d’une certaine façon, il et « donner vie au parcours de sa chapelle. » blissement ? « On touche ici la dimension es- san, évoque comme son secré- s’ouvre sur la ville. Selon l’expres- s’agit de définir le rôle précis et soins autour de la notion de gra- les durées de séjour hospitaliers sont plus courtes, ces patients sortent dans des états pa- sentielle du lien », constate le Pr. Laurent taire général des pistes d’amé- sion consacrée des hospitaliers, les responsabilités de chacun duation des soins ». Ainsi, l’hô- L’ORIGINALITÉ D’UNE thologiques de consolidation ou de convales- Schmitt. lioration : « On a voulu faire jouer il sort de ses murs. Quand ils en- dans une organisation structurée pital affirme vouloir prendre DÉMARCHE cence plus sévères qu’auparavant. » Fort de ce Autre domaine autour de l’éducation théra- à l’hôpital un rôle de premier re- tendent cela, les médecins libé- des soins. toute sa part dans la structura- C’est une des raisons qui ont conduit constat, le Pr. Laurent Schmitt travaille au- peutique que la médecine de ville et l’hôpital cours alors qu’il a du mal à assu- raux allument des clignotants. tion des bonnes relations entre l’URPS ML et la FHF à se retrouver jourd’hui avec quelques confrères hospitaliers ont intérêt à investiguer, c’est celui des ap- mer, dans certaines spécialités le L’hôpital peut sortir de ses murs L’HOPITAL, la ville et l’hôpital. autour d’une table pour plancher sur sur la mise en place d’un partenariat structuré proches de contexte : « Nous soignons les pa- deuxième recours, voire le troi- et pallier un déficit de telle ou UN CHATEAU-FORT avec des médecins de ville pour effectuer au tients du mieux possible. Mais très souvent il y sième ». Et, prenant un exemple, telle spécialité en ville, mais à Il y a effectivement urgence que l’évolution de l’organisation des re- Aujourd’hui, les doléances des lations ville-hôpital en Occitanie. En mieux ce transfert. « Cela signifie, explique le a des aspects liés au travail, à l’environnement, il ajoute, incisif : « L’État estime condition de consulter les pro- médecins à l’égard de l’hôpital les choses changent en profon- début d’année, ils ont donné le feu médecin psychiatre du CHU de Toulouse, de à un handicap, à des addictions qui nous échap- que les spécialistes n’exerçant fessionnels de santé libéraux restent encore trop nombreuses deur, dit la FHF, car elle estime réfléchir sur la façon dont on fournit l’infor- pent ou que nous mesurons qu’imparfaitement, vert à une vaste étude régionale me- pas sur des plateaux techniques pour savoir si cette sortie est vrai- (transmission des informations que ce cloisonnement entre la mation au médecin de ville qui est le pivot du alors qu’il s’agit d’enjeux essentiels dans la tra- née par le cabinet spécialisé Acsantis. n’ont pas de raison d’être présent ment nécessaire et indispensable tardives fragmentaires et ina- ville et l’hôpital a été identifié soin sur la conduite à tenir, de suivre de près jectoire sanitaire du patient. » C’est la raison « L’originalité de cette démarche, ex- sur le terrain de la ville. Dès lors, pour la santé publique. » Et pour daptées, mauvaise perception du comme l’une des causes ma- l’organisation des différents métiers du soin pour laquelle le Pr Laurent Schmitt monte ac- plique le Dr. Dominique Dépinoy, pré- en supprimant les spécialistes de bien se faire comprendre, le vice- rôle du médecin traitant dans la jeures de plusieurs maux chro- ambulatoire (infirmiers, kinésithérapeutes), et tuellement avec le Pr. Stéphane Oustric et le sident du cabinet conseil, est d’abou- ce terrain, il veut remettre l’hô- président de l’URPS insiste fer- prise en charge des patients, et niques du système de santé bien sûr d’élaborer la mise en place d’une ar- Dr. Marie-Éve Rougé-Bugat une unité d’éva- pital en ville, est-ce un choix mement : « En aucun cas, cela français : il est au minimum res- tir à une vision générale de la relation chitecture de la poursuite du soin en collabo- luation à l’hôpital en lien avec le médecin trai- persistance d’un univers fermé), ville-hôpital-ville en Occitanie pour tant. Objectif : fournir au médecin de ville une sensé ? » Les relations entre ville doit être une décision unilatérale ponsable à la fois de très nom- ration avec la médecine de ville. » et indiquent les freins à un ensuite proposer directement des so- et hôpital constituent aux yeux de l’hôpital ! L’ouverture se fera breux actes redondants et de À l’heure de l’installation du parcours du soin, contextualisation de la situation du patient, changement attendu. La confu- des médecins libéraux un vrai sur la base d’une concertation beaucoup trop nombreuses rup- lutions concrètes sur le terrain. » Do- « une des questions cruciales de l’évolution de ce qui constitue, pour lui, un soutien très ap- sion est parfois savamment en- débat sur le système de santé et entre tous les acteurs du soin. Ni tures dans la prise en charge des minique Dépinoy semble optimiste notre système de santé », le patient n’est plus préciable. LJD tretenue. sur l’issue de ces travaux : « Ces deux 10 SUITE PAGE SUIVANTE > 11
DOSSIER LES RELATIONS VILLE/HÔPITAL Médecin d’Occitanie L E B U L L E T I N D E L’ U R P S D E S M É D E C I N S L I B É R A U X COMMENT AMÉLIORER LES RELATIONS ENTRE LA VILLE ET L’HÔPITAL ? QUESTIONS AU PRÉSIDENT DE L’URPS « SORTIR DU DÉBAT ENTRE EXERCICE LIBERAL ET EXERCICE SALARIÉ DE LA > SUITE DE LA PAGE PRÉCÉDENTE MÉDECINE ! » mondes que l’on dit parallèles gentes pour le faire correcte- constituera la partie diagnos- ainsi la qualité historique des d’un GHT et avec les libéraux. Il s’agit ont leur propre logique. La ville ment, et certains établisse- tic. Le choix des GHT n’est pas relations ville/hôpital, la qualité d’une phase d’expérimentation et de L’URPS a choisi de placer l’avenir des relations ville/hôpital au centre des 7es rencontres de et l’hôpital ne s’ignorent pas, ils ments y parviennent. » innocent. Ils sont considérés de l’organisation du secteur prospective. » La Grande Motte. Le Dr. Maurice Bensoussan nous dit pourquoi. ne se connaissent pas. Il y a La mission se fera en deux par la FHF comme des facteurs hospitalier d’un côté, celle du bien sûr des postures. Un libéral temps. Un questionnaire sur d’amélioration. Structurés au- secteur libéral de l’autre, la UNE IDÉE SIMPLE ET Vous semblez sévère sur les relations ville/hô- Comment analysez-vous les objectifs de cha- face à un établissement public l’état et les perspectives des tour de leur territoire, ils n’ont pression démographique médi- pital actuelles. Pourquoi dressez-vous un cun des protagonistes dans cette volonté n’a pas toujours la même atti- relations entre ville et hôpital pas d’autre alternative que de cale, et les usages des outils et INGÉNIEUSE constat négatif ? d'améliorer les relations entre les libéraux et tude que face à un établisse- à l’échelle de la région a renforcer leur collaboration voies de communication entre MB - La sévérité générale n’est pas de mise. les hospitaliers ? ment privé. Mais de son côté, Cette phase devrait durer trois à qua- Elle ne concerne que les domaines où les liens MB - Le sens de la convention signée entre la d’abord été adressé aux pro- avec les professionnels de ville les deux secteurs. » l’hôpital ne doit surtout pas tre mois, à l’issue de laquelle les deux n’ont pas pu s’établir entre l’ambulatoire et le FHF et l’URPS des médecins en Occitanie montre fessionnels de santé. 66 ré- pour mettre en œuvre leur pro- La seconde partie de cette considérer la ville comme une initiateurs de l’opération devront monde hospitalier. une claire volonté des acteurs signataires ponses ont été retournées par jet médical. La majorité des étude consistera en l’accom- variable d’ajustement pour ses donner leur accord ou non à une gé- Par exemple dans une spécialité que je connais d’aboutir vers une amélioration de ces relations les hospitaliers, 80 par les mé- Groupements hospitaliers de pagnement de certains terri- propres problèmes, notamment néralisation de l’accompagnement bien pour la pratiquer, l’évolution des pratiques qui seront déclinées en actions territoriales. decins libéraux. L’étude de ces territoire ont ainsi inscrit le toires volontaires dans l’orga- qui devrait conduire à la construction asilaires vers une médecine moderne ne s’est C’est à partir de telles initiatives, encore trop dans le cadre du virage ambu- résultats, accompagnés par une renforcement des liens avec la nisation et la formalisation des de relations formalisées, pouvant pas faite sans poser des problèmes. Le besoin rares, que les lignes bougeront. L’hospitalisation latoire qu’il a parfois du mal à trentaine d’entretiens qualita- ville comme une priorité stra- relations ville/hôpital, « qui, prendre, dans certains cas, la forme éprouvé par la HAS de s’intéresser aux soins privée a toute sa place dans ce dialogue, comme prendre. Quand un hôpital parle tifs auprès d’hospitaliers et de tégique. précise Dominique Dépinoy, somatiques en santé mentale illustre tout à l’ARS invitée à se joindre à nous dès le début. d’ouverture à la ville, il a des de protocoles. Cette opération d’ex- libéraux issus des territoires « Il y a des spécificités d’un ter- existe déjà, pour partie, dans fait les risques pour le patient, du clivage en contraintes internes qui le périmentation est la plus sensible, des 14 Groupements hospita- ritoire à l’autre qui tiennent à certains cas. Nous allons ac- général. Ailleurs, il peut s’agir des limites de Quelles seraient demain les relations idéales conduisent à cette ouverture. car il faut passer d’un constat à la liers de territoire qui permet- de multiples raisons, dit le pré- compagner trois territoires-pi- l’hyperspécialisation ou de l’hyper-technicité entre la ville et l'hôpital ? Or, il y a des manières intelli- mise en application de solutions tront d’affiner l’analyse macro, sident d’Acsantis. On compte lotes, à chaque fois à l’échelle du soin, pris comme seul modèle de l’exercice MB - Il est toujours difficile de répondre en concrètes : « Les acteurs du soin ont médical. termes d’idéal. Plusieurs cas de figures doivent l’habitude de travailler chacun de leur pouvoir coexister pour le bien des patients avec côté, précise le Dr Dominique Dépi- Quelle est la problématique de la suppression une amélioration des collaborations entre pro- LE VIRAGE AMBULATOIRE SELON LE PRÉSIDENT noy. Ce n’est pas de la mauvaise vo- des spécialistes en ville ? fessionnels. Les partenariats doivent être pro- lonté, en fait ils ne se connaissent MB - C’est une crainte liée au manque de mus, sans oublier que l’exercice de la médecine DU GROUPE DE CLINIQUES OC SANTÉ pas. Ils ont des contraintes d’organi- données publiées sur l’évaluation de la per- reste fondé sur la relation médecin – patient. sation, des contraintes de temps qu’il tinence de l’exercice en ville des spécialités Ceci nous ramène aux Rencontres de la Grande UN VIRAGE AMBULATOIRE leur est difficile de réduire. D’où le médicales autres que la médecine générale. Si les tutelles ont souhaité maintenir la ter- Motte de 2016. Il faut se méfier des modèles et toujours être en situation de promouvoir et À PLUSIEURS FACETTES manque de fluidité. Le problème de base est assez simple : ils ne travail- minologie du « virage ambulatoire », il ne soutenir des innovations. peut s’agir d’une simple confusion séman- Le terme virage ambulatoire est souvent uti- gement entamé. Si des efforts doivent être en- vant les lent pas ensemble. tique due au hasard. Il y a une volonté de Quels sont les freins aujourd’hui ? lisé de manière inappropriée. Selon le Dr trepris, c’est dans le public. L’hôpital s’y est en- possibili- permettre à l’hôpital, à ses médecins, à ses MB - La question des tarifications est essentielle. Le docteur Max Ponseillé gagé tard, et a des difficultés structurelles pour tés, sui- La réponse paraît tout aussi simple : équipes d’exercer en ville, sous une forme Nous parlons beaucoup de la démographie mé- Max Ponseillé, il recouvre plusieurs domaines progresser : les médecins ne sont pas toujours vant les besoins. Il y a bien sûr le virage ambu- ils doivent apprendre à travailler en- moderne, alors que jusque-là les médecins dicale alors qu’il conviendrait d’aborder l’at- de soins qui correspondent pas forcément à motivés et les organisations de soins et de bloc latoire en médecine, il me paraît plus difficile. semble. C’est en les faisant se ren- libéraux occupaient cette place dans une tractivité de l’exercice médical. Nous devons la même réalité. ne sont pas adaptées. » Le virage ambulatoire, Aujourd'hui on hospitalise pour plusieurs jours contrer sur des sujets communs étroite collaboration avec l’hospitalisation sortir du débat entre exercice libéral et exercice selon le Dr. Max Ponseillé, ne concerne pas dans les établissements et dans les cliniques concrets, avec une approche pragma- privée. salarié de la médecine. Les deux doivent être Le virage ambulatoire est une expression que strictement la chirurgie : « Je pense aux soins pour des pathologies lourdes. Ce virage ambu- tique, que l’on trouvera des solutions Ce modèle est attaqué au moment où l’ac- attractifs car nous exerçons le même métier. le Dr. Max Ponseillé, Président du groupe de de suite (rééducation polyvalente, neurologique, latoire en médecine, je le perçois moins. C’est qui rendront service aux patients. » tionnariat des cliniques privées se modifie L’indépendance des médecins est essentielle. cliniques Oc santé (*), dit ne pas comprendre : cardiaque), où on peut faire mieux. Je pense la raison pour laquelle je trouve déconcertant La réponse au problème complexe et où les moyens ne sont pas donnés aux Elle est mise à mal aujourd’hui. Ce sont les mé- « le terme ambulatoire a, selon moi, plusieurs également à la psychiatrie. On en parle moins, d’utiliser le même mot pour toutes ces spécia- médecins libéraux pour évoluer dans leurs decins qui doivent porter les organisations des significations. Quand on parle de virage am- des relations entre la ville et l’hôpital j'en suis surpris parce que c’est sans doute l’un lités. » LJD pratiques. Pour ce faire il est indispensable soins car la fluidité et l’harmonie passent es- bulatoire et de l’hôpital, on fait passer de prises serait donc in fine une idée d’une des exemples les plus intéressants. Nous avons _____________ de prendre en compte la qualité, la perti- sentiellement par les liens qui ont toujours été en charge sur plusieurs jours à des prises en (*) Oc Santé est le premier groupe de santé indépendant grande simplicité mais réellement in- dans le groupe deux établissements qui propo- nence et le coût de leurs actes comme les et seront toujours ceux d’individus préoccupés charges à la journée. Dans nos établissements, d’Occitanie. Il réunit et gère 16 établissements (principale- génieuse. Elle prendrait alors la sent des soins psychiatriques en ambulatoire. ment dans la région montpelliéraine) regroupant toutes les nécessités de les accompagner dans des in- par le même objectif : soigner le mieux possible nous faisons 75 % de chirurgie ambulatoire, forme d’un bel œuf de Colomb qui Les patients sont autonomes, ils se rendent à spécialités : chirurgie, maternité, médecine, soins de suite novations organisationnelles sans leur im- pour soulager la souffrance d’autrui, voire guérir. parce que nos activités s’y prêtent. Ce virage et de réadaptation, psychiatrie, hospitalisation à domicile tient en deux mots : travailler en- l’établissement tous les jours ou tous les deux poser de modèle unique. peut être amélioré dans le privé mais il est lar- et hébergement de personnes âgées. Près de 2000 lits pour semble ! jours et retournent chez eux tous les soirs, sui- 650 médecins. Luc Jacob-Duvernet 12
Vous pouvez aussi lire