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fenêtres
23 mars 2021
Numéro 473
6 AVRIL pour les
services publics
s/ cours
actu
Un an de crise
Le journal du SNUipp-FSU
Au
revoir les
REP?
PLAN PLAN
12
Au revoir les REP ? sommaire 3
POURQUOI L’ÉCOLE POURQUOI L’ÉCOLE
dossier
Mises en place en
A BESOIN D’UN A BESOIN D’UN
1981 pour combattre
les inégalités
D’URGENCE ? D’URGENCE ?
scolaires dans les
territoires les plus
pauvres, la politique
nationale de l’EP est éditorial
© Millerand / NAJA
aujourd’hui menacée
par l’expérimentation Arrête ton char,
des contrats locaux Jean-Michel
d’accompagnement.
Ce n’est pas une familiarité, c’est un ras-
5, le-bol. C’est le ras-le-bol de toutes celles
l enfant et tous ceux qui réinventent la quadra-
L’objet du désir 10 ture sanitaire tous les matins et à qui on
Une insécurité Une politique 6 Une insécurité
grand
angle
Une politique
demande un euro pour avoir craché dans
un tube, celles et ceux qui réalisent le
sanitaire dans éducative néfaste actu sanitaire dans éducative néfaste
miracle éducatif incognito ou presque…
Un criant besoin les écoles Depuis son bureau, le ministre UnUn criant
an de 8/ Carte scolaire,les écoles
crise besoin Quand la Celles et ceux qui sont mu·es par la de-
Depuis son bureau, le ministre
vise républicaine alors que le ministre
de moyens En septembre, le ministre a rendu
le protocole sanitaire moins strict,
Jean-Michel Blanquer bouleverse
l’école par ses prises de décisions de moyens
la pilule
nationale
est amère 9/ Éducation En septembre,
: toujours moins payées
violence
le ministre a rendu
le protocole sanitaire moins strict,
Jean-Michel
construit
l’école par une
Blanquer
sesécole
prises« de
bouleverse
le doigt sur la cou-
décisions
sans prendre en compte le terrain. sans
ture duprendre
pantalon en compte
». le terrain.
Certes des postes sont créés empêchant le respect des gestes Certes des postes sont créés ledes gangs
chaque année dans les écoles barrières notamment de
Dernière attaque avec l’école / 3 chaque
questions à Mélanie
année dans les écoles Heard empêchant respect des
barrières notamment de
gestes Dernière
Son école, attaque
ce n’estavec pas l’écolecelle de la
maternelle où un nouveau projet maternelle
LIBERTÉ pédagogique,projet
où un nouveau
et la promesse du dédoublement distanciation physique et de non prévoit un bouleversement complet auteur du rapport
et la promesse Terra Nova distanciation percute
du dédoublement physique et de non prévoit un bouleversement complet
ce n’est pas
des CP et CE1 en éducation des CP et CE1 en éducation celle de l’ÉGALITÉ de toutes
brassage, et nie toujours la réalité de cette première école avec « Pour une autre stratégie de lutte brassage, et nie toujours la réalité de cette première école avec et de tous
prioritaire quasiment réalisée mais
à quel prix ? La pénurie de
remplaçant·es s’aggrave,
de la situation épidémique dans
les écoles. Recruter des
notamment l’instauration de tests :
quelle prise en compte du bien-être
prioritaire quasiment réalisée mais
contre
à quelleprix
Covid à l’école
? La pénurie de »
remplaçant·es s’aggrave,
l’école
de la situation épidémique dans
les écoles. Recruter des
notamment l’instaurationn’est
quelle prise en compte
et ce
de la du
pas: l’école
de tests
FRATERNITÉ…
bien-être
enseignant·es permettrait de du jeune enfant découvrant l’école ? enseignant·es permettrait de du jeune enfant découvrant
la quasi-totalité des postes la quasi-totalité des postes Son écolel’école serait?vouée
réduire les effectifs de chaque réduire les effectifs de chaque
d’enseignants et enseignantes classe et de diminuer ainsi
Une méthode de lecture officielle est
d’enseignants et enseignantes
21 classe et de diminuer ainsi
Une méthode de lecture à une offi cielle est
transformation
© Millerand / NAJA
en projet, qui s’avère finalement un en projet, qui s’avère finalement un
surnuméraires a été supprimée, les risques de transmission surnuméraires a été supprimée, les risques de transmission cinglante : il attise la
recyclage de très vieilles méthodes métier&pratiques recyclage de très vieilles méthodes
les réseaux d’aides - Rased - du virus en milieu scolaire. les réseaux d’aides - Rased - du virus en milieu scolaire. guerre des
alors que l’enjeu de l’accès à la alors que l’enjeu de l’accès à laméthodes
nécessaires aux élèves en difficulté nécessaires aux élèves en difficulté
Apprendre à lire, une question de
© Millerand / NAJA
lecture pour l’ensemble des lecture pour l’ensembled e l e cdes t u r e, i l d é -
sont toujours aussi décimés et les sont toujours aussi décimés et les
élèves n’est pas une affaire de méthode ? 24
Prendre le large / L’EPS élèves n’est pas construit
une affaire de l’éducation
classes, hormis celles dédoublées classes, hormis celles dédoublées
manuel mais bien de moyens et UNmanuel
MINISTREmais bienprioritaire,
de moyens etcasse les
en éducation prioritaire, toujours
de formation des enseignants
en éducation prioritaire, toujours
c’est fondamental 26/
Tissage culturel de formation
AVEUGLÉ PARdes enseignants
aussi chargées. Le primaire aussi chargées. Le primaire collectifs de travail,
et enseignantes. Ces deux exemples 28 / La reconversion d’Isabelle SON DESSEIN Ces
et enseignantes. deux exemples
n’a pas les moyens de remplir
convenablement sa mission de La disparition parmi d’autres démontrent la
n’a pas les moyens de remplir
convenablement sa mission de La disparition veut réduire
parmi d’autres démontrent la le dia-
service public.
programmée déconnexion totale entre le ministère
et la réalité de l’école.
30
service public.
lire/sortir!
32
programmée
logue social àtotale
déconnexion
et lainsupportable…
catif
un monologue
entre le ministèrecommuni-
réalité de l’école. À chaque fois qu’il
de l’éducation Printemps
de l’éducation
société nous dit merci, on sent « la revalorisa-
Femmes des années 2020
prioritaire prioritaire
33/ Loi Climat : une
tion historique » qui s’éloigne.
Ce ministre est aveuglé par le dessein
Une formation Depuis le premier confinement,
les inégalités sociales se sont Le métier d’AESH Une formation Depuis le premier
ambition confi
vert nement,
pâle
les inégalités sociales se sont
/ Les qu’il s’est tracé, guidé par la revanche, lui
Le métier d’AESH
qui a quitté la Dgesco en 2012 alors qu’il
indigente accrues. Dans le même temps,
le ministère prévoit la fin pure et non reconnu indigente mineurs à la peine
accrues. Dans le même temps,
le ministère prévoit la fin pure et non reconnu
n’avait pas achevé « son œuvre ».
Enseigner, c’est un métier comme simple de tout un pan de la Enseigner, c’est un métier comme simple de tout un pan de la
Face à ce projet, s’imposera la force des
l’a montré très largement la période Pour réussir l’inclusion scolaire l’a montré très largement la période Pour réussir
actrices l’inclusion
et acteurs descolaire
l’école, qui n’ont
politique nationale d’éducation politique nationale d’éducation
et accompagner des enfants en et accompagner des enfants
idéal en
du confinement au printemps
dernier. Et pour bien faire un métier,
prioritaire, marquant ainsi un
désengagement supplémentaire
situation de handicap, il faut des
du confinement au printemps
dernier. Et pour bien faire un métier, 34 prioritaire, marquant ainsi un
désengagement supplémentaire
jamais abandonné cet
situation de handicap, il faut des
qui
d’une École
il faut une formation exigeante AESH formé·es, titularisé·es et il faut une formation exigeante interview AESH formé·es, titularisé·es et plus dému-
est d’abord au service des
de la lutte contre les inégalités de la lutte contre les inégalités nis et des
et ambitieuse au début et tout au sorti·es de la précarité. Ils et elles et ambitieuse au début et tout au sorti·es deplus en difficulté.
la précarité. Parce que
Ils et elles
long de sa carrière. La formation
scolaires... Il faut au contraire
sont actuellement rémunéré·es long de sa carrière. La formation
Docteure Muriel Salmona
scolaires... Il faut au contraire
donner rémunéré·es
de l’espoir c’est
sont actuellement déjà reprendre la
conforter et renforcer l’éducation conforter et renforcer l’éducation
continue est toujours réduite à peau prioritaire dans les quartiers
740€ net pour 24 heures de travail continue est toujours réduite à peau « Recueillir la parole »
prioritaire dans les quartiers
740€sur
main netlepour 24 heures
courant de travail
des choses.
de chagrin tandis que la réforme exigeant par semaine et sans de chagrin tandis que la réforme exigeant par semaine et sans
prioritaires tout en répondant prioritaires tout en répondant RÉGIS METZGER
à venir de la formation initiale bénéficier de la formation à venir de la formation initiale bénéfi cier de la formation
aux besoins des autres territoires, aux besoins des autres territoires,
préparerait encore moins bien nécessaire. Faute de candidats et FENÊTRES
prépareraitSUR
encoreCOURS
moins bienN°473 du 23 marsnotamment 2021 / Hebdomadaire du syndicat nécessaire. Faute de candidats et
notamment dans le rural, pour dans le rural, pour
les jeunes enseignant·es aux de candidates, de nombreux enfants national unitaire
les jeunes des instituteurs,
enseignant·es aux professeurs des écoles et PEGC contre l’échec de candidates, de nombreux enfants
lutter efficacement contre l’échec lutter efficacement
exigences et aux réalités du métier. se retrouvent sans accompagnant·e. exigences et aux réalités dutél.métier. se retrouvent sans accompagnant·e.
scolaire. 128 boulevard Blanqui 75013 Paris, scolaire. DIRECTEUR DE LA PUBLICATION :
: 01 40 79 50 00, fsc@snuipp.fr
Régis Metzger RÉDACTION : Lilia Ben Hamouda, Laurent Bernardi, Mathilde Blanchard, Laaldja Mahamdi,
Arnaud Malaisé, Jacques Mucchielli, Emmanuelle Quémard, Guislaine David, Nelly Rizzo, Virginie Solunto
Joint à ce numéro,
CONCEPTION-RÉALISATION : NAJApresse / direction éditoriale : Julie Matas, graphique : Susanna Shannon
#unplandurgencepourlecole #unplandurgencepourlecole
un supplément pour
IMPRESSION : SIEP Bois-le-Roi RÉGIE PUBLICITÉ : Mistral Media, 22 rue Lafayette 75009 Paris, les syndiqué·es
tél. : 01 40 02 99 00 PRIX DU NUMÉRO : 1 euro ABONNEMENT : 23 euros retraité·es.
ISSN 1241 0497 / CPPAP 0420 S 07284. Adhérent du syndicat de la presse sociale
l,enfant 5
L’objet du désir d’ailleurs souligné leur
place dans l’amplification
de certains conflits.
9,9 ans, c’est aujourd’hui mais qui montrent aussi “48 % DES PARENTS
l’âge moyen auquel un que le temps d’utilisation PASSENT PLUS DE À CHACUN SES
enfant accède à son des écrans reste DEUX HEURES USAGES
premier smartphone, beaucoup plus important CHAQUE JOUR SUR Tout cela ne fait que
souvent à l’occasion de du côté des parents que renforcer l’inquiétude des
LEUR PORTABLE.”
l’anniversaire de l’année de leur progéniture. Alors parents qui restent
de CM1 ou CM2. Ils et que 48 % des parents partagés entre les risques
elles rejoignent ainsi les passent plus de deux Médiamétrie démontre et les bénéfices des
95,7 % de la population heures chaque jour sur que le smartphone est usages des téléphones
française qui possède un leur portable, ce n’est le l’objet privilégié par les mobiles. Pleinement
smartphone en 2021 cas que de 23 % des plus jeunes dès lors conscientes de leur rôle,
selon les chiffres publiés enfants. Un constat qu’ils en possèdent un. les familles se sentent
par We Are Social et valable pour l’ensemble Il est surtout utilisé parfois démunies pour
Hootsuite et mis à jour des écrans présents au comme moyen de accompagner la nouvelle
annuellement. Des domicile familial et ce communication par génération et ont bien du
chiffres qui concordent aussi bien en semaine l’intermédiaire des mal comme tout un
avec ceux présentés que pendant les messageries instantanées chacun à montrer le bon
dans une enquête week-ends… Bien sûr, ou des réseaux sociaux. exemple pour limiter leur
Médiamétrie commandée les utilisations croissent L’actualité récente et temps d’écran. Les
notamment par l’UNAF* avec l’âge et l’enquête parfois dramatique a parents et grands-parents
nés au siècle dernier ont
largement rejoint les
2,74 milliards d’abonnés
à Facebook, pour ne pas
être en reste, mais ils n’y
côtoient pas forcément
les 10-13 ans qui le
considèrent comme « pas
très fun » précisément à
cause de leur présence.
C’est TikTok qui depuis
deux ans a bénéficié
d’une popularité inédite
chez les plus jeunes avec
une marge de progression
impressionnante puisqu’il
atteint 800 millions
d’adeptes sur une
tranche d’âge assez
réduite. Mais c’est
YouTube qui est
l’application la plus
utilisée par quasiment
60 % du jeune public, loin
devant Snapchat (42,3 %),
WhatsApp (39,8 %) et
TikTok (39,2 %).
Instagram se retrouve
étonnement loin derrière
avec seulement 22,7 %.
© Shutterstock
LAURENT BERNARDI
*UNAF : Union nationale des
associations familiales
à la veille des opérations
21,03% de mouvement
6 actu DE SATISFACTION LORS
DES PERMUTATIONS.
Un chiffre encore en baisse
intradépartemental
minées par un manque de
transparence et d’équité.
actu 7
Il y a tout juste un an, la France se confi- cial autre que l’école, en réalité il y a plus de est pourtant nécessaire pour les proté- creusant les inégalités scolaires, aucune
6 AVRIL POUR LES
nait. Le 12 mars 2020, le ministre de contamination qu’à l’école. » De ce fait, ger et maintenir les écoles ouvertes. dotation supplémentaire n’est envisa-
SERVICES PUBLICS
l’Éducation affirmait que la fermeture dans les écoles, les mesures sanitaires gée ni pour répondre aux besoins de
Si la crise a démontré le rôle
des écoles n’avait jamais été envisagée, prennent une forme dérogatoire dans la BLANQUER, COMME SI renforcement des apprentissages, ni
incontournable des services
le 16 mars, elles fermaient. Le 14 mars, définition des cas contacts, et ce malgré DE RIEN N’ÉTAIT pour anticiper une rentrée potentielle-
publics, le gouvernement garde le
le ministre rassurait toute la commu- la progression du variant anglais plus Alors que la pandémie progresse, les dif- ment sous Covid.
cap d’une politique libérale et met
nauté éducative prétendant que l’ensei- contagieux. Après avoir suggéré aux PE ficultés de remplacement déjà existantes Depuis un an, la situation a démontré
en œuvre la loi de Transformation
gnement à distance était prêt, puis, de faire passer les tests salivaires – mo- sont exacerbées. Les élèves sont alors que ce sont bien les enseignant·es qui
de la fonction publique. La remise
dans l’incapicité d’assurer la sécurité dalité annulée suite à l’intervention du répartis dans les classes, rendant impos- ont tenu l’école face à l’incurie du mi-
Loin d’un plan sanitaire, rendait l’école non obligatoire SNUipp-FSU –, le déploiement s’orga- sible le non brassage et augmentant ainsi nistre. Pendant ce temps, la réforme de
en cause du statut qu’elle entraîne
vient s’ajouter à une énième année
d’urgence pour à sa reprise en mai. Un an
d’ordres et contre-ordres, de
nise sous la responsabilité des équipes.
Cela constitue une charge supplémen-
les risques de contamination. Le SNUipp-
FSU appelle les enseignant·es à informer
la formation initiale prévue à la rentrée
prochaine autant que les conclusions
du gel du point d’indice. Plusieurs
un service public
d’éducation
nécessaire après
un an de crise
Un an de crise protocoles divers reçus la veille,
parfois « renforcés » et à appli-
quer « quand c’est possible ».
LA VACCINATION,
UNE PRIORITÉ
taire pour les directrices et directeurs.
Sans cadrage national et sans rigueur
scientifique, le dispositif participe peu
d’une prévention et d’une surveillance
épidémiologique.
Depuis, alors que les personnels des
les parents et à les solliciter pour garder
les élèves chez eux dès le premier jour de
non remplacement. Il lance l’application
« non-remplacement.snuipp.fr » pour
rendre public l’état des non-remplace-
ments ainsi que les créations de postes
des ateliers du Grenelle de l’éducation
dessinent une attaque d’ampleur
contre la professionnalité enseignante
et tournent le dos à une école ambi-
tieuse pour toutes et tous. D’autant que
dans le sillon de la crise sanitaire,
organisations syndicales dont la
FSU appellent ainsi les personnels
à se mobiliser le 6 avril pour
promouvoir « un autre avenir pour
la fonction publique ».
sanitaire, le Jean-Michel Blanquer procla-
mait sur France inter le 2 no-
écoles sont quotidiennement exposés au
virus, une priorité de vaccination, pour-
nécessaires pour assurer la continuité du
service public d’éducation.
d’autres crises économique, écologique
et sociale courent et renforcent le be- focus
ministre trace vembre 2020 « on sait très bien tant promise par Jean-Michel Blanquer Alors que les apprentissages restent soin d’école.
qu’en milieu familial et milieu so- en janvier, n’est plus à l’ordre du jour. Elle perturbés par une école sous pandémie MATHILDE BLANCHARD DIRECTION D’ÉCOLE :
la route d’une LA TENTATION
profession sous HIÉRARCHIQUE
La loi « Rilhac » continue son
contrôle et d’une chemin parlementaire et à la
sortie du Sénat, la version votée*
école inégalitaire. remettrait en avant les contours
d’un statut pour le directeur ou
la directrice en leur conférant
une « autorité fonctionnelle ». Elle
précise ainsi dans l’article 1 que
le directeur « bénéficie d’une
délégation de compétences de
l’autorité académique pour le
bon fonctionnement de l’école
qu’il dirige », pouvant déboucher
à la création d’établissement
dont les personnels des écoles,
interrogés par le ministère
comme par le SNUipp-FSU, ne
veulent pas. Si l’autorité
hiérarchique n’est pas écrite elle
est sous-entendue et risque
d’entraîner un bouleversement
dans le fonctionnement collectif
des écoles. Si cette nouvelle
version entérine aussi la
possibilité d’une aide
administrative assurée par l’État,
elle n’en est pas pour autant
obligatoire et ne précise pas les
recrutements pour l’assumer. Le
SNUipp-FSU sollicitera les
parlementaires et mobilisera la
communication éducative pour
© Millerand/NAJA
s’oppposer à cette loi.
*Retrouver l’ensemble des points votés
sur snuipp.fr
PARTOUT SUR LE
8 actu TERRITOIRE, parents, élus
et équipes enseignantes se actu 9
mobilisent pour défendre une
école de qualité. Focus 3
questions
LES AESH EN GRÈVE est inégalitaire. Que faire ?
Les accompagnantes et SOUTENIR Les élèves, les
Carte scolaire, accompagnants des élèves en
situation de handicap (AESH)
Éducation nationale : LES PE
Mélanie
enseignants, et la société
dans son ensemble,
la pilule est seront en grève le 8 avril pour
dénoncer leurs conditions de
toujours moins payées Heard,
autrice du rapport
doivent pouvoir accéder
aux raisons qui guident la
amère travail et leurs rémunérations.
Depuis 2019, les Pôles inclusifs
La proportion de femmes
varie fortement selon les
PE, l’équivalent de plus d’un
mois de salaire (2 517 € nets
Terra Nova « Pour
une autre stratégie
décision et comprendre
comment les différents
d’accompagnement localisés arguments sont pondérés.
Alors que la pandémie de corps : plus c’est prestigieux mensuels en moyenne contre
Covid-19 agit comme
(PIAL) n’ont pas amélioré le
et mieux rémunéré, moins 2 276 €). En cause
de lutte contre le Sans cela, on ne peut pas
révélateur du manque de
quotidien des AESH. Affectés
elles sont présentes. De 84 % notamment le travail à temps Covid à l’école ». attendre de l’école qu’elle
sur plusieurs écoles ou joue le rôle qui lui revient
moyens pour l’école et met parmi les professeurs des partiel auquel elles ont
1.
établissements sur une zone dans la lutte contre
en exergue son rôle écoles, elles ne sont plus que davantage recours et qui ne
d’intervention plus importante, L’ÉCOLE, l’épidémie.
primordial dans la société, 65 % chez les certifiés, 53 % leur permet pas d’accéder à
3.
de la maternelle au lycée, il est UN LIEU
la dotation de 2 489 sont agrégées… Mais ces des fonctions mieux
demandé à ces personnels DE QUELLES
postes pour le premier inégalités existent également rémunérées et accélérant le
d’accompagner plusieurs CONTAMINATION ? PRÉCONISA-
degré reste insuffisante au sein des corps. Chez les passage à la HC ou à la
élèves en mutualisant le plus Les enfants et les TIONS ?
pour répondre aux besoins PE, au bout de 25 ans classe exceptionnelle. On
possible. Temps de travail adolescents présentent Il me semble indispensable
des écoles et financer les d’ancienneté, 44% des note également une différence
incomplet, demandes multiples généralement des formes que la communauté
priorités ministérielles. hommes sont à la hors-classe de 37 % sur l’indemnitaire :
complexifiant l’articulation vie légères de Covid, cela ne éducative soit soutenue.
Incompréhension, injustice, si les modalités sont permettant de donner les (HC), contre 33 % des 41,7 % des directions
privée/vie professionnelle, signifie pourtant pas qu’ils D’abord dans sa gestion
lassitude, colère… C’est diverses, l’objectif est le moyens nécessaires au femmes. Même inégalité pour totalement déchargées sont
emploi peu rémunéré sans ne sont pas concernés. du risque au quotidien,
ce que provoquent les même : une école de bon fonctionnement des la classe exceptionnelle occupées par des hommes…
perspective de carrière On sait maintenant que avec des moyens
opérations de carte qualité avec des conditions écoles pour faire face aux puisque 9 % des hommes y Un écart qui risque encore de
caractérisent le métier d’AESH. les plus jeunes peuvent pédagogiques pour que
scolaire dans l’ensemble d’apprentissage favorables difficultés de sont contre seulement 3 % se creuser si les conclusions
La crise sanitaire a complexifié être infectés et peuvent chacun comprenne le
des départements. De aux élèves. La baisse du remplacement, de des femmes. Par conséquent, des ateliers du Grenelle,
davantage les interventions transmettre la maladie. risque et se donne les
nombreuses mobilisations nombre d’élèves invoquée prolonger les contrats des le salaire moyen des hommes privilégiant les heures
auprès des élèves et amplifié le La question centrale est moyens de se protéger. Il
ont lieu sur l’ensemble du par le ministère ne suffit personnels contractuels et est supérieur d’environ 10 % à supplémentaires et les primes,
sentiment de mal-être et donc celle de leur s’agit aussi de renforcer la
territoire où parents pas à faire passer la pilule d’avoir des réseaux d’aide celui des femmes chez les étaient mises en œuvre.
d’abandon de cette profession. exposition, plus leur surveillance et la stratégie
d’élèves, élus et équipes en ces temps de crise complets et en nombre
Elle a aussi montré le rôle exposition est forte, plus de dépistage. Quand un
enseignantes manifestent sanitaire où la distanciation suffisant sur l’ensemble du PART DES HOMMES/FEMMES
indispensable de ces le nombre de cas parmi enfant est malade dans
leur mécontentement face et le non brassage des territoire. Le SNUipp-FSU, CHEZ LES PE
personnels auprès des élèves eux sera élevé. Dans une une classe, toute la classe
aux mesures de fermeture élèves sont à l’ordre du avec d’autres
et au bon fonctionnement des société où la prévalence doit être immédiatement
ou de non ouverture des
classes. Blocages,
jour. Les instances sont
souvent vécues comme
organisations, demande la
création immédiate de
écoles. Malgré tout, la rue de 16,2% du virus est importante, dépistée. Du côté des
Grenelle continue d’ignorer les ce qui est le cas de la tests, il faut parler des
rassemblements, des parodies de dialogue postes supplémentaires
demandes de réouvertures des France aujourd’hui, la raisons, des objectifs et
occupations des locaux, social. Pourtant, l’école a pour la rentrée 2021 afin PE
discussions salariale et pour contagion ne s’arrête pas des enjeux pour l’intérêt
courriers aux inspections plus que jamais besoin d’assurer effectivement la GLOBAL
l’accès à un statut assurant aux portes de l’école. général. Même chose
académiques, pétitions, d’un plan d’urgence, d’un continuité du service public 83,8%
2.
une garantie d’emploi, de pour les règles d’éviction,
boycotts des instances… recrutement pluriannuel d’éducation.
carrière et de formation. FAUT-IL les raisons ne sont plus
DONC LES apparentes, le caractère
FERMER ? dérogatoire des 3 cas par
Les trois ans à la loupe Dans le 1er degré, alors que les femmes
représentent 83,8 % du corps, elles ne
sont plus que 78,6 % à la HC et 66,8 %
Cette épidémie nous place
face à des dilemmes. Le
classe avant d’identifier
des contacts est
La DEPP relance à la
rentrée prochaine un suivi
à des dilemmes éthiques.
Le SNUipp-FSU s’est
L’école et la crise sanitaire à la classe exceptionnelle. gain de protection que
nous pourrions obtenir
incohérent. Le sujet crucial
du soutien aux
longitudinal d’élèves du adressé au ministre de Le dernier numéro avec quelques rares 78,6% 66,8% avec la fermeture des enseignants pour favoriser
début à la fin de leur l’Éducation nationale afin d’Administration & cadres, ont été les seuls à écoles est certain. Pour la continuité pédagogique
scolarité. 35 000 élèves de dénoncer le recours à Éducation de l’AFAE tenter de faire vivre autant, dans la balance de quand la classe ferme est
scolarisés en petite section une description dresse un bilan de la l’École… » L’étude montre la décision, cet intérêt complètement esquivé. Il
sur 1 700 classes seront comportementaliste période de confinement aussi la capacité des 33,2% sanitaire entre en conflit manque donc une vision
Source : bilan social du Ministère de
ainsi suivis en 2021/2022. comme outil de prédiction pour l’école. Les entretiens personnels à avoir su avec des sacrifices que du bien commun de
l’Éducation nationale 2019/2020.
Mais certaines questions du devenir scolaire et détaillés qui y sont « faire évoluer leur métier nous pourrions devoir faire l’école par temps de
portant sur la souhaite obtenir des rapportés donnent à voir en fonction des sur d’autres dimensions, Covid, une occasion pour
« personnalité » des garanties sur le traitement, « la crise du pilotage qui circonstances » alors 21,4% pédagogique, chaque acteur de l’école
enfants avec des la conservation des s’est installée au début du même que l’impréparation psychologique, ou encore d’y trouver sa place, en
marqueurs de données et confinement quand les de la rue de Grenelle était CLASSE sociale par exemple. étant outillé pour jouer son
comportement risquent de l’indépendance du travail managers ont perdu pied flagrante. Un an après, la EXCEPTIONNELLE Aujourd’hui, on sait que rôle. PROPOS RECUEILLIS
confronter les personnels de la recherche. et que les professeurs, donne a-t-elle changé ? HORS CLASSE l’enseignement à distance PAR LILIA BEN HAMOUDA
grand grand
angle
11
angle
Focus
RÉNOVATION, LA SOLUTION
Quand la violence des
MIRACLE ? UN TERRITOIRE OUBLIÉ
Les bâtiments du quartier ont été Le Chemin Bas d’Avignon,
construits en urgence dans les 7 000 habitant·es, est un
années 60 pour accueillir la première quartier défavorisé de
gangs percute l’école vague d’immigration maghrébine et
faire face à l’exode rural. Mais ils
n’étaient pas édifiés pour durer et se
sont beaucoup dégradés. D’où
l’agglomération nîmoise, 6e
ville la plus pauvre de France.
60 % des personnes vivent
sous le seuil de pauvreté avec
Le quartier Chemin bas l’espoir que suscite le nouveau plan
de rénovation, conçu avec l’Agence
un niveau de vie médian
inférieur à 11 000 euros
d’Avignon à Nîmes (Gard) nationale pour la rénovation urbaine annuels (21 250 euros en
(ANRU). « Trois quartiers de Nîmes 2018 en France). Le taux
est miné par la pauvreté, sont au cœur du projet. La convention d’emploi des 15-64 ans du
le chômage et le trafic de NPNRU** représente 470 millions
d’euros. C’est une approche globale
quartier est particulièrement
bas (30 %) et les emplois bien
drogue qui menace la sé- urbanistique, urbaine et démocratique souvent précaires. Les
qui vise aussi à mettre en cohérence logements sociaux
curité de la population. les projets éducatifs et sociaux », représentent 95 % de l’habitat.
Enseignant·es, parents, explique François Courdil, adjoint en
charge de la politique de la ville.
associations et pouvoirs Aménagement urbain, végétalisation,
offres commerciales et de service,
publics veulent croire au mobilité, accès aux soins,
ET EN ATTENDANT ?
Sur le terrain, les habitants sont actifs et
renouveau. équipements structurants… pour «
impliqués pour leur quartier. Les nom-
casser l’effet de ghetto » et créer de la
breuses associations (CS Malraux, Feu
mixité sociale. État, collectivités,
« Monsieur le Président de la République… Vert, Association Samuel Vincent, Asso-
bailleurs sociaux, tout le monde met la
les conditions de sécurité élémentaires que ciation de Prévoyance Santé, Aux quatre
main à la poche. Un projet qui
l’on peut attendre d’un état de droit ne sont À L’ARRIÈRE DE coins des mots…) et leurs personnels,
L’ÉCOLE BRUGUIER, comprend aussi des clauses
plus assurées ». Le quartier Chemin Bas parfois bénévoles - médiateurs, accom-
des grillages ont été d’insertion. Mais quand les difficultés
d’Avignon à Nîmes (Gard), l’un des plus ajoutés pour renforcer pagnants, psychologues, éducateurs,
économiques et sociales des
pauvres de France, zone sinistrée éco- la sécurité. adultes relais - sont présentes dans tous
habitants sont anciennes et
nomiquement et socialement, s’il n’a ja- les domaines. Apprentissage de la
récurrentes, une rénovation urbaine
mais été un coin tranquille subit depuis langue française, intégration et citoyen-
sera-t-elle suffisante ?
3 ans un déferlement de violence dû à c’est que le droit commun, celui du logement Le SNUipp-FSU30 a interpellé le DA- nées, ils semblent impuissants à empê- neté, accompagnement éducatif, lieux
*NPNRU : Nouveau Programme National de
l’intensification du trafic de drogue. Fu- et de l’emploi, n’y est pas assuré », constate SEN sur le manque de suivi psycholo- cher une aggravation de la situation. Renouvellement Urbain. de prévention et de prévention spéciali-
sillades, morts, intrusion dans les écoles Amal Couvreur, vice-présidente du gique et l’absence de médecin de pré- « En juin, suite à la mort d’un jeune dans le sée, prise en charge de la santé mentale,
mettent à mal la sécurité des Conseil départemental du Gard. vention depuis deux ans. Un sentiment quartier, nous avons délocalisé temporaire- lieu de parole, d’écoute et d’orientation…
habitant·es. Les neuf directrices et di- d’insécurité qui impacte aussi l’ensei- ment l’école Bruguier », explique Véro- Si les femmes, les mères et les enfants
recteurs d’école du quartier se sont UNE ÉCOLE DANS LA gnement. « On ne va plus au gymnase, il nique Gardeur-Bancel, adjointe à l’ensei- police judiciaire a démantelé deux orga- fréquentent assidument ces lieux, les
adressés début janvier au chef de l’État. TOURMENTE n’y a plus aucune sortie », regrette Jéré- gnement. « Nous avons relevé le grillage nisations dont les leaders ont été mis en associations soulignent l’absence des
Ils alertent sur la violence qui enflamme « Depuis près de 3 ans, le trafic de stupé- mie Bonnin, un enseignant de l’école. d’un mètre supplémentaire autour de examen. Mais les trafics continuent et pères, souvent désarmés, et les conflits
le quartier car au-delà du danger, « les fiants s’est densifié autour de l’école avec Plus de café des parents, moins d’espace l’école et la police municipale est présente les parents d’élèves, reçus en préfec- intergénérationnels. Le mal qui ronge le
conditions de scolarité dans nos établisse- « le drive » des garages du Portal, l’im- d’échanges… la crise sanitaire n’a rien aux entrées et sorties des élèves. » Julien ture, s’en inquiètent. « Nous mettons en quartier est profond et enraciné, sans
ments ne sont pas les mêmes que pour les meuble des guetteurs, les rues barrées », arrangé. « Le “quoi de neuf” du matin Plantier, premier adjoint au maire de place des conseils citoyens » poursuit Lulia modèle d’intégration valorisé. « Les 16-25
autres écoles de France. Ceci pénalise en- explique Christophe Boissier, directeur tourne autour de la peur des enfants et on Nîmes, demande à l’État de mettre plus Suc. La question de la cohérence et la ans ne profitent pas de la solidarité natio-
core un peu plus les élèves dont nous avons de l’élémentaire Bruguier. Mais les tirs a multiplié les équipes éducatives », sou- de moyens à long terme : « On nous pro- coopération entre les pouvoirs publics nale », regrette Amal Couvreur. « Il faut
la charge ». et les intrusions des dealers dans l’école ligne Christophe. « L’inspection nous met 13 policiers supplémentaires alors qu’il se pose pour rendre leurs actions plus donner une chance à nos enfants. Ici on
Ici, le couvre-feu est imposé dès 17h par ces derniers mois ont fait monter la ten- laisse trouver les solutions mais nous n’al- en faudrait 50 ». Pour lui, la réponse doit efficaces. nous entasse les uns avec les autres dans la
les parents qui craignent les règlements sion d’un cran. Les drogues dures ont lons pas résoudre les problèmes du quar- être aussi judiciaire. Mais c’est avant tout à la racine et au plus misère. Hors du quartier, c’est un autre
de compte et les balles perdues. « On se remplacé les douces et l’afflux d’argent a tier », rapporte Magalie Lavinaud, une À la préfecture du Gard, on estime que près du terrain qu’il faut agir. « Face aux monde où ils ne se sentent pas à leur
demande toujours qui sera le prochain », se déclenché des guerres de territoires. autre enseignante. la police est très présente tout au long faits de violences entre jeunes, privilégions place », se désole une mère de famille.
désole une mère qui voit dans cet état de Les personnels ont exercé leur droit de de l’année « mais les renforts de CRS ne l’action sociale, l’éducation et la média- Le nouveau plan de rénovation urbaine
fait l’échec de toute une société « dont les retrait suite à des violences en dé- RÉPONSES SÉCURITAIRES sont pas une solution à long terme », pré- tion ! » titrait dernièrement une tribune (voir ci-contre) sera-t-il la solution à
victimes sont nos enfants ». cembre dernier. Et même si l’équipe est D’URGENCE cise Lulia Suc, directrice de cabinet du de professionnels de l’éducation et du so- long terme ? Chacun veut y croire dans
« Une des premières problématiques de ces très motivée, « certains songent à deman- Si les pouvoirs publics ne sont pas res- préfet. « C’est une lutte de territoires où cial, acteurs de la justice des mineurs, ce quartier où le seul modèle de réussite
quartiers où il n’y a aucune mixité sociale, der leur mutation », poursuit le directeur. tés sans rien faire depuis plusieurs an- beaucoup de mineurs sont impliqués ». La représentants du monde associatif. est l’argent de la drogue. VIRGINIE SOLUNTO
12
s i e r 13
dos Dossier réalisé
par Lilia Ben Hamouda,
Mathilde Blanchard,
Emmanuelle Quémard
et Nelly Rizzo
Au revoir
les REP ?
©Millerand/NAJA
Mise en place en 1981 pour combattre
les inégalités scolaires dans les terri-
toires les plus pauvres, la politique na-
tionale de l’EP est aujourd’hui menacée
par l’expérimentation des contrats lo-
caux d’accompagnement.
14 dossier dossier 15
Au revoir
les REP ? “En plaçant les écoles
Quarante ans après sa création, la poli-
tique de l’éducation prioritaire (EP) va-
et les territoires
elle passer à la trappe ? Soumis à un
effet yoyo lié à une succession de ré- en situation de
concurrence et en
formes, ce dispositif national pourtant
refondé en 2014 avec l’élaboration d’un
référentiel, est aujourd’hui de nouveau
menacé. L’expérimentation des contrats
locaux d’accompagnement (CLA) lan- redistribuant les
cée à la rentrée 2021 dans trois acadé-
mies - et probablement généralisée par
la suite à l’ensemble du territoire - pour-
moyens qui leur sont
rait, en effet, sonner le glas d’une stra-
tégie éducative imaginée en 1981. Les
zones d’éducation prioritaire (ZEP)
affectés, les CLA, signés
avaient alors été créées pour corriger
l’impact des inégalités sociales sur la
entre les rectorats,
scolarité des enfants vivant au sein de
poches de pauvreté territorialisées. En
plaçant les écoles et les territoires en
les établissements
situation de concurrence et en redistri-
buant les moyens qui leur sont affectés,
et les écoles, reposent
les CLA, signés entre les rectorats, les
établissements et les écoles, reposent
sur une logique de contrats par objec-
sur une logique de
tifs dont la finalité est de se substituer à
une politique d’envergure nationale. Le
LA CONCURRENCE
EST OUVERTE !
contrats par objectifs
risque de sortir des critères nationaux,
en particulier socio-économiques, est
bien réel.
« Nous souhaitons sortir de cette
logique de zonage pour donner des dont la finalité est de
moyens aux établissements en
PAS D’ÉVALUATIONS SÉRIEUSES
fonction de leur projet », déclarait
Nathalie Elimas, secrétaire d’État à
se substituer à une
politique d’envergure
Cette dérive, qui bat en brèche les ap-
l’éducation prioritaire. Et en effet,
© Millerand/NAJA
ports de la refondation de l’EP en 2014,
l’expérimentation de contrats locaux
a fait naître un profond sentiment d’in-
d’accompagnement (CLA) en cours
quiétude et de colère chez les ensei-
gnantes et les enseignants, dont l’expé-
sur les académies de Lille, Marseille
et Nantes, vise à attribuer des
nationale’’
rience de terrain a été négligée. Les
moyens en fonction de critères
personnels craignent la disparition pure
variables définis par chaque rectorat
et simple des Réseaux d’éducation prio- la volonté politique d’une démocratisation tissage très courants dans nos écoles », té- faciliter la transition des élèves entre ment en direction des parents les plus
et dans une logique d’attribution par
ritaire (REP). Une éventualité d’autant des savoirs et de la culture commune ». moigne la directrice, Catherine Da Silva. l’école primaire et le collège. éloignés de la culture scolaire. Cet objec-
objectifs. La question des écoles
moins acceptable que les forces et les À Lille (Nord), les enseignantes et ensei- tif de coopération avec les parents a
orphelines et de la nécessité de
faiblesses des REP n’ont jamais fait l’ob- TRAVAILLER ENSEMBLE gnants de l’école Victor Duruy, située en DÉMOCRATISATION DE L’ÉCOLE d’ailleurs été formalisé sur le plan insti-
prendre en compte les inégalités
jet d’évaluations sérieuses. Pourtant, Sur le terrain, la mise en œuvre de la REP +, misent avant tout sur le travail La formation des PE au travail collectif tutionnel en 1989.
scolaires en milieu rural ne peuvent
cette politique publique de lutte contre politique d’éducation prioritaire est un collectif, autre thème priorisé dans le est une clé centrale en partie reconnue Au-delà des outils développés pour
servir d’argument pour détruire une
les inégalités s’avère être la seule à ne engagement quotidien et multiforme. référentiel. Ils et elles considèrent que par un temps libéré en REP +. Pour conduire une politique efficace d’EP, la
politique éducative de territoires.
pas avoir abouti à une aggravation des Dans l’école Taos Amrouche de Saint- réfléchir à plusieurs est un atout essen- Marie Toullec-Théry, maîtresse de question de la démocratisation de l’école
Alors que l’éducation prioritaire cible
écarts - qui restent cependant impor- Denis (Seine-Saint-Denis), l’équipe pé- tiel pour dépasser les difficultés que conférence en sciences de l’éducation, se pose avec toujours plus de force. Ber-
des quartiers cumulant
tants - entre les élèves des territoires dagogique insiste sur la nécessité d’en- peuvent rencontrer l’école, les PE, les « travailler en équipe s’apprend ». « Une nard Charlot, professeur émérite en
paupérisation et processus
défavorisés et les autres. C’est ce que seigner de façon explicite. Cet enjeu, élèves ou les familles. « Travailler en- formation au niveau local de l’établisse- sciences de l’éducation à Paris 8, sou-
ségrégatifs, en lien avec les
soulignait un rapport de la Cour des première priorité du référentiel EP, semble est une évidence et un besoin en édu- ment engagerait, dans un cadre rassurant, ligne que « les politiques scolaires consti-
politiques de la ville, les CLA placent
comptes en octobre 2018. De son côté, la s’avère primordial pour permettre aux cation prioritaire », indique une ensei- les enseignants à un développement profes- tuent seulement un volet d’une politique
les établissements et écoles dans
FSU dénonçait le 28 janvier dernier, lors élèves souvent éloignés des codes de gnante de CM2. Cette approche permet sionnel », souligne-t-elle. La mobilisation sociale, économique et culturelle. Elles ne
une situation de concurrence et
des États généraux de l’éducation, la l’école de vraiment comprendre le sens de muscler les projets pédagogiques, des enseignants et enseignantes d’EP peuvent fonctionner que si elles s’intègrent
risquent de mettre celles
tentative ministérielle de s’attaquer aux des savoirs enseignés. « Lever l’implicite mais elle est également efficace pour prend également la forme d’un travail de dans un projet global où la question de
actuellement en REP de côté.
REP, en stigmatisant « un renoncement à permet d’éviter les malentendus d’appren- désamorcer les situations de violence ou fond mené auprès des familles, notam- l’emploi, par exemple, est fondamentale ».
16 dossier dossier 17
3 QUESTIONS À....
« RÉFLÉCHIR ET
Bâtir une relation
AGIR ENSEMBLE » références communes, trouver des
Marie Toullec-Théry, accords sur les compétences
maîtresse de prioritaires à travailler. On apprend
conférences en ainsi des autres. Un travail d’équipe
de confiance sciences de l’Éducation. donne à voir les pratiques, leurs
effets, leur plus ou moins grande
Travailler
Coopérer avec les parents, particu-
efficacité. Les enseignants sont
alors en mesure de proposer des
modifications de la forme scolaire
ordinaire qui reste souvent « un
de concert, une
lièrement ceux éloignés de la culture
1.
maître = une classe ». C’est aussi
scolaire, est un enjeu de réussite pour un moyen de ne pas les laisser
seuls face à leurs difficultés avec
les élèves d’éducation prioritaire.
nécessité
QUEL BILAN FAITES-VOUS certains élèves. Pour que cette
en y associant les élèves. « Nous avons DES DISPOSITIFS PLUS DE dynamique collective fonctionne,
La demande de coopération avec les Différentes recherches, menées par les trouvé la solution ensemble pour annuler MAÎTRES ET DES chacun doit pouvoir y contribuer,
parents, tout particulièrement ceux des sociologues Pierre Bourdieu et Bernard cette prise de possession par quelques-uns, DÉDOUBLEMENTS DE s’exprimer, proposer. Il s’agit
milieux populaires, n’est pas récente. Lahire ou encore le pédagogue Bernard précise Hélène, enseignante au CE2-CM1. CLASSE ? également de faire en sorte que les
C’est en 1989, lors de la mise en place Charlot, ont établi le lien entre condi- Travail en binôme, par cycle, Maintenant, globalement les problèmes sont Les enseignants n’ont pas organisations ne soient pas trop
des premières zones d’éducation prio- tion sociale et échec scolaire. Elles dé- intercycle ou avec les parents rares et il y a peu de violence. Tout le monde considéré le dispositif Plus de chronophages et de bénéficier de
ritaire qu’elle apparaît sur le plan insti- montrent que les pratiques éducatives y gagne ». Le lien école-collège fait aussi maîtres (PDM) comme « encore un temps de concertation inclus dans
tutionnel. Lionel Jospin, alors ministre des familles, bien souvent liées à leur ca- d’élèves, un fonctionnement l’objet d’attentions particulières afin de dispositif de plus », ils l’ont les horaires de travail. La stabilité
de l’Éducation nationale, écrivait dans pital culturel mais aussi à leur expérience indispensable pour l’école préparer au mieux les élèves à l’entrée plébiscité. C’est assez rare pour des équipes est aussi cruciale.
une lettre aux parents : « Les parents scolaire, varient socialement. Impliquer en 6e. L’an dernier, des enseignants de être souligné. Le partage
Victor Duruy à Lille (Nord).
3.
font partie de ce que nous appelons la com- les familles de milieux populaires, dans mathématiques du collège sont venus nécessaire entre enseignants a
munauté éducative… Être parent, c’est les écoles d’éducation prioritaire, est observer les classes de CM2 et les PE permis de parler à nouveau de
vouloir être écouté, informé et dialoguer donc un enjeu de réussite scolaire. « Travailler ensemble est une évidence sont allés au collège faire de même. pédagogie, ce qui reste encore peu
avec les enseignants. C’est participer ». La « Mettre en place une école qui coopère utile- et un besoin en éducation prioritaire », courant. Observateur des
nécessité d’impliquer les parents dans ment avec les parents et les partenaires pour affirme Christelle, enseignante de CM2 BESOIN DE TEMPS pratiques, entrant dans beaucoup
la scolarité de leurs enfants naît la réussite scolaire » est d’ailleurs la troi- à l’école Victor Duruy, située en REP+ « À l’école, on travaille beaucoup les affi- de classes, le PDM est devenu une
en même temps que la politique sième priorité affichée par le référentiel dans le quartier Moulin à Lille (Nord). chages sur lesquels les enfants peuvent ressource. Il a impulsé une QUELLE PLACE CELA DOIT
d’éducation prioritaire, ce qui de l’éducation prioritaire. L’école a donc Pour l’équipe enseignante de cette école, s’appuyer, indique Chloé, enseignante au meilleure cohérence des outils, des PRENDRE DANS LA
n’est pas anodin. pour mission de bâtir patiemment avec réfléchir à plusieurs est un atout essentiel CM2. Au collège, les élèves sont en roue libre. manuels, des pratiques… Toutefois, FORMATION ENSEIGNANTE ?
les parents, qui pour pour dépasser les difficultés que peuvent Nous avons mis en place un outil pour les tous souhaitaient en bénéficier, ce Travailler en équipe s’apprend.
certains se sentent rencontrer l’école, les PE, les élèves ou aider à faire du lien entre l’école et le col- qui a créé une dilution et une L’IEN a un rôle à jouer pour
illégitimes, une rela- les familles mais aussi un moteur pour lège : un porte-vue qui regroupe les leçons dispersion des actions. Sa impulser cette dynamique
tion qui assure une mettre en place et réaliser de multiples de français et maths les suit ». Aux yeux recentration sur le cycle 2 a été d’équipe. Une formation au niveau
meilleure connais- projets. Il suffit de se rendre dans les de l’équipe, travailler en commun a plus bénéfique. La mise en place des des écoles, engagerait, dans un
sance mutuelle. locaux du cycle 2 sur le temps du repas d’avantages que d’inconvénients. « Tout dédoublements a refermé cadre rassurant, les enseignants à
« L’enfant doit pouvoir pour s’en rendre compte, les échanges ce travail sur nos outils et nos pratiques beaucoup de portes de classes et un développement professionnel.
compter sur cette rela- professionnels sont au rendez-vous. « Je permet d’avoir une attention particulière souvent les pratiques individuelles Des moyens pour aller observer
tion de confiance entre trouve le dernier Narramus compliqué pour aux élèves les plus fragiles, affirme Cécile, historiques ont repris. Or, la seule dans d’autres classes seraient
sa famille et l’école qui des grandes sections, nous pourrions l’utili- enseignante au CP. Cela permet aussi de diminution des effectifs ne suffit pas pertinents. Des séances
participent toutes deux ser au CP », rapporte une enseignante. Il bosser une fois pour tout le monde et c’est à répondre aux difficultés des envisagées ensemble, mises en
à son éducation, pour n’en faut pas plus pour que les remarques moins de travail au quotidien ». « Cela al- élèves. La clé réside en la place puis retravaillées sous
devenir un être singu- et propositions fusent, sans jugement lège la charge mentale », complète Fanny. modification des manières de faire. certains aspects, donneraient la
lier, protégé de conflits et en toute confiance. Les projets sont Quant à Nathalie, elle confie que sans ce possibilité à la fois de consolider et
de loyauté doulou- multiples : ateliers-rencontres avec travail collectif, elle s’ennuierait. Mais d’ouvrir l’éventail de ses pratiques.
2.
reux », indique le site familles, semaine des maths, « Erasmus tout ce travail en commun demande du Les formateurs mériteraient aussi
de l’éducation prio- Days », formation sur la résolution de temps et les heures de concertation en d’être formés à ce travail collectif :
ritaire. Les PE, eux, problèmes, lien avec le cycle 3, réflexion REP+ ne suffisent pas, même si elles sont il est, en effet, moins chronophage
peuvent-ils compter sur les outils et pratiques… Au cycle 3, très appréciées et considérées comme et plus efficace de travailler avec
sur leur ministre ce sont les temps de récréation qui ont une avancée dans la reconnaissance du QUELS SONT LES ATOUTS plusieurs enseignants qu’avec un
pour ne pas mettre à été l’objet d’un travail commun. Après travail réalisé. « On continue de beaucoup ET LES OBSTACLES DU seul. De plus, travailler avec une
défaut cette relation ? avoir fait le constat de violences et d’ab- travailler sur notre temps personnel. Inclure TRAVAIL COLLECTIF ? équipe permet de toucher tous les
sence de mixité concernant l’occupation un temps de travail collectif hebdomadaire Réfléchir aux actions destinées à enseignants et pas seulement les
©Millerand/NAJA
des terrains, un plan d’occupation des dans notre emploi du temps serait une bonne tous les élèves et agir ensemble, novices ou les personnels avec des
espaces et un règlement ont vu le jour idée », conclut Fanny. fait produire aux enseignants des difficultés.
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