STRATEGIE DU CAPITAL HUMAIN - Mai 2014 - African Development Bank
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BANQUE AFRICAINE DE DEVELOPPEMENT STRATEGIE DU CAPITAL HUMAIN 2 0 14 – 2 0Mai18 2014 UN MILLIARD D’INDIVIDUS UN MILLIARD D’OPPORTUNITES Développement du capital humain en Afrique
Remerciements La Stratégie du capital humain pour 2014–2018 est Yemesrach Workie, Mohamed Youssouf, Feng le fruit du travail d’un groupe d’experts issus d’hori- Zhao et Issiaka Zoungrana. zons divers, de la Banque africaine de développe- L’établissement du rapport a été supervisé par ment et d’ailleurs. Ce rapport a été préparé par le la haute direction, notamment le Vice-président, Département du développement humain (OSHD) du Aly Abou-Sabaa, et un comité directeur composé Groupe de la Banque africaine de développement. Il d’Akissa Bahri, Yero Baldeh, Abdirahman Beileh, reflète les contributions du personnel de nombreux Ebrima Faal, Sering Jallow, Kapil Kapoor, Steve départements de la Banque, notamment de l’agri- Kayizzi-Mugerwa, Jacob Kolster, Janvier Litse, culture et de l’agro-industrie (OSAN), de la recherche Simon Mizrahi, Ginette Muteta-Nzau, Gabriel (EDRE), du NEPAD et de l’intégration régionale et du Negatu, Serge M. N’Guessan, Sunita Pitamber, commerce (ONRI), des opérations du secteur privé Timothy Turner et Desiré Vencatachellum. (OPSM), des ressources opérationnelles et des Nos remerciements marqués à l’endroit de Julian politiques (ORPC), de l’eau et de l’assainissement Schweitzer (R4D) ainsi que le groupe d’experts tech- (OWAS), de la stratégie (STRG) et des résultats et niques chevronnés pour leurs contributions dans du contrôle de la qualité (ORQR), ainsi que de l’Unité cette stratégie. Le panel était constitué de l’Hono- des États fragiles (OSFU). Le rapport a bénéficié rable Mohamed Pate (ministre d’État pour la Santé des apports et des commentaires reçus lors d’une au Nigéria), de Frannie Leautier (secrétaire exécutive multitude de consultations avec des représentants de la Fondation africaine pour le renforcement des des gouvernements de pays membres régionaux, capacités), d’Alcyone Vasconcelos (ancienne secré- de partenaires au développement, du secteur privé, taire de l’Éducation pour l’État du Brésil et spécialiste de groupes de réflexion, de communautés écono- de programme à l’ISU) et de Kampeta Sayinzoga miques régionales, d’universités, de la jeunesse, (secrétaire permanente pour le Rwanda). Il y a lieu de la société civile, d’organisations non gouverne- de citer également Alfred J. Warkins, Jee-Peng Tan mentales et de la diaspora africaine. Les consulta- et Abdo Yazbeck (Banque mondiale), Anda Adams tions avec des ministres africains des Finances, de (Brookings Institution), Eric de Roodenbeke (Fédéra- la Santé et de l’Éducation, de la Science et de la tion internationale des hôpitaux), Jeffrey Avina et Zaki Technologie ont grandement enrichi cette stratégie Khoury (Microsoft), John Francis Biney et Joseph du capital humain. G.M. Massaquoi (UNESCO), Angela Baschieri et Cette stratégie a été conçue par une équipe Jerry Ash (DFID), Richard Scheffler (Berkeley, Uni- dirigée et guidée par Agnes Soucat. Nawsheen versité de Californie), Tavengwa Nhongo (Plate- Elaheebocus et Rosemond Offei-Awuku ont coor- forme africaine pour la protection sociale), Brehima donné, à l’échelle de la Banque, les activités de Tounkara (UEMOA), Denis Pain (cabinet de consul- l’équipe de consultations et de l’équipe de projet, tants ACTS), et Therrezinha Fernandes et Bakary avec l’appui d’Ezzeddine Larbi et Adel Ben Yous- Diallo (Université virtuelle africaine). sef. L’équipe du projet est composée de Cécile Ce rapport n’aurait pu voir le jour sans l’appui Ambert, Aissatou Ba, May Babiker, Oussama Ben de Shirley Chinien (OSVP) et de l’équipe chargée de Abdelkarim, Raymond Besong, Frank Boahene, sa production, constituée de Bruce Ross-Larson, Felix Bongjoh, Foko Tagne Borel Anicet, Issahaku rédacteur et son équipe de Communications Deve- Budali, Ruth Charo, Mulle Chikoko, Nikhil Desai, lopment Inc., et du personnel du Département de la Amadou Bassirou Diallo, Mouna Diawara, Mai- communication de la BAD, en particulier de Sondes mouna Diop-Ly, Paul Dougna, Yohana Dukhan, Ben Chagra (ERCU) et de Dieter Gijsbrechts Varatharajan Durairaj, Henrik Franklin, Michel (OSHD), qui ont prêté leur concours au niveau du Guedegbe, Mohammed Gueye, Cristina Hoyos, site internet. De plus, Christine Magnusen et Souad Caroline Jehu-Appiah, Dougou Keita, Nana Kgosi- Ben Yayha ont fourni un excellent appui administra- dintsi, Benedict Kunene, Ezzedine Larbi, Laurence tif lors des consultations. Nous saluons tout par- Lannes, Xin Long, Mateus Magala, Wilberforce ticulièrement le personnel des bureaux extérieurs Mariki, Corinne Massardier, Alain Mingat, Maria du Burkina Faso, du Maroc et du Mozambique et José Moreno, Justin Murara, Joseph Muvawala, du centre de ressources de l’Afrique du Sud pour Maimuna Nalubega, Francis Ndem, Rosemond leur aide dans la planification et la mise en œuvre Offei-Awuku, Anne Sophie Olsen, Judicaël Etienne des consultations régionales. Les auteurs tiennent Porgo, Boukary Savadogo, Mona Sharan, Mame à remercier également les nombreux fonctionnaires Soce Sene, Fabrice Sergent, Abebe Shimeles, Ravi et experts des différents pays qui ont pris part au Soopramanien, Philippe Trape, Alfred J Watkins, processus de consultation. Produit par Communications Development Incorporated, Washington, D.C. © 2014
Sigles et abréviations BAD Banque africaine de développement CEA Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique CER Communauté économique régionale EDRE Département de la recherche ESDA Éducation pour le développement durable en Afrique ESST Enseignement supérieur, sciences et technologies EFTP Enseignement et formation techniques et professionnels FAD Fonds africain de développement GAP Plan d’action en matière de gouvernance HHA Harmonisation pour la santé en Afrique HSBM Mouvement holistique de Social Business KPI Indicateurs clés de performance NEPAD Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique NEMA Nouveau modèle d’éducation en Afrique OCDE Organisation de coopération et de développement économiques OIT Organisation internationale du travail OMD Objectifs du Millénaire pour le développement OPEV Département de l’évaluation des opérations OSHD Département du développement humain OWAS Département de l’eau et de l’assainissement PBS Programme de protection des services de base PIB Produit intérieur brut PMR Pays membre régional PNUD Programme des Nations Unies pour le développement SCH Stratégie du capital humain STI Science, technologie et innovation STIM Science, technologie, ingénierie et mathématiques TIC Technologies de l’information et de la communication UA Union africaine UE Union Européenne iii
Table des matières Remerciementsii Sigles et abréviations iii Résumé analytique 1 1 La métamorphose de l’Afrique 5 2 Un milliard d’Africains, dont 200 millions de jeunes : les éléments clés pour libérer le potentiel économique du continent 11 Tirer parti du dividende démographique 11 Productivité, compétitivité et création d’un système économique fondé sur le savoir 12 Chômage et sous-emploi des jeunes et des femmes, création d’emplois et fidélisation des travailleurs qualifiés 13 Qualité des services 14 Des investissements accrus, une responsabilisation renforcée et une utilisation plus optimale des ressources dans la prestation des services 14 Enrayer l’aggravation des disparités 15 3 Capital humain et Stratégie de la Banque pour 2013–2022 17 Domaine de concentration : compétences et technologie 18 Catalyseurs de la SCH 20 4 Mise en œuvre de la Stratégie du capital humain 2014–2018 23 L’expérience de la Banque et les enseignements tirés 23 Modalité de mise en œuvre 25 Instruments financiers 30 Activités de production du savoir 30 Établissement et renforcement de partenariats productifs 31 Suivi et évaluation 31 5 Conclusion et recommandation 33 iv
Table des matières Annexes 1 Portefeuille dans le domaine du capital humain 35 2 Calendrier des consultations, 2011–2013 37 3 Les approches différenciées dans les PMR 38 4 Plan d’action 2014–2018 39 5 Cadre logique axé sur les résultats 41 6 Stratégie du capital humain : projets potentiels ; exemples/liste indicative des projets44 7 Domaines d’intérêt particulier 46 8 Liste des annexes techniques 49 Notes50 Références bibliographiques 52 Encadrés 1 Définition du capital humain 11 2 Renforcer les compétences en Afrique – illustration de la situation de l’éducation dans quelques pays 15 3 Le Nouveau modèle d’éducation en Afrique (NEMA) 19 4 Zoom sur la dimension hommes-femmes : les Africaines peuvent doubler le dividende démographique22 5 Principes directeurs de la SCH 23 6 L’exemple du Programme de renforcement des compétences, de l’employabilité et de l’entrepreneuriat au Rwanda (SEEP) 25 7 Chômage et productivité de la main-d’œuvre : un bref aperçu des efforts soutenus de la Banque27 8 Souk At-Tanmia : une solution innovante pour créer des emplois pour les jeunes tunisiens 30 Graphiques 1 L’impressionnante explosion démographique des jeunes en Afrique 5 2 L’Afrique sera le continent doté de la main-d’œuvre la plus abondante en 2050 6 3 Carte des inégalités dans le monde : indice de Gini 7 4 Le recul de la mortalité infantile en Afrique est le plus important jamais enregistré, à la faveur croissance économique, mais aussi de programmes de santé solidaires 9 5 Les jeunes Africains sont plus susceptibles d’être au chômage que les adultes 13 A1.1 Portefeuille de développement humain 35 Tableau 1 Risques et mesures d’atténuation 32 v
Résumé analytique La vision qui sous-tend la présente Straté- secteur informel, le chômage et le sous-em- gie du capital humain (SCH) pour la période ploi, face à la croissance démographique des 2014–2018, est de mettre à profit le potentiel jeunes qui devraient atteindre plus du mil- d’un milliard d’Africains, par le perfectionne- liard d’ici à 2050, traduisent les risques aux- ment des compétences et la promotion de quels cette génération est exposée. L’Afrique technologies pour améliorer les perspectives détient le record mondial de la médiocrité du d’emploi, garantir l’égalité des chances pour système d’enseignement et de la faiblesse tous et assurer la compétitivité de la main- des taux de scolarisation, si bien que plus d’œuvre. Plusieurs perspectives s’ouvrent à de 90 millions d’adolescents se disputent l’Afrique en termes de croissance et de pros- des emplois mal rémunérés dans le secteur périté économique. Le dynamisme du conti- informel. Le chômage et le sous-emploi des nent est largement reconnu à cet égard alors jeunes et des femmes menacent la cohé- que la communauté internationale, en parti- sion sociale et le développement inclusif. culier les puissances émergentes du Sud, Ces problèmes ajoutés aux effets conjugués manifestent un intérêt croissant pour l’Afrique, de l’accès limité à une éducation de qua- dont le paysage économique connaît une lité, à la santé, la nutrition, la technologie et rapide évolution, gage d’un avenir radieux. l’innovation, sont autant de signaux d’alerte Cet optimisme est alimenté par la découverte pour nous inciter à soutenir la croissance de d’abondantes ressources minières, l’afflux l’Afrique et son entrée dans des domaines croissant de capitaux, le développement de de production et de concurrence à plus forte la classe moyenne qui consomme de plus en valeur ajoutée. Faute d’action résolue pour plus grâce à un marché de détail solidement surmonter ces énormes obstacles, toute une implanté. On constate une ouverture et un génération ne pourra saisir les opportunités apprentissage progressifs de la démocratie de développer son potentiel, d’échapper à dans les sociétés africaines. Les nouvelles la pauvreté et d’accompagner le continent technologies offrent des perspectives de pro- sur la voie de la croissance inclusive et de la grès fulgurant et, fait encore plus prometteur, transformation économique. le continent possède un dividende démogra- Pour pérenniser la croissance et la rendre phique majeur. à la fois inclusive et verte (deux objectifs de Ces profondes mutations sont porteuses la Stratégie de la Banque pour 2013–2022), il d’importantes répercussions sur le dévelop- faut trouver des solutions innovantes et inves- pement du capital humain, dans un contexte tir avec efficience dans le capital humain. La marqué par le risque d’exacerbation de la plupart des pays africains s’en remettent à pauvreté persistante et d’aggravation des iné- leurs dotations factorielles, constituées pour galités. L’Afrique vit une situation paradoxale, l’essentiel d’une main-d’œuvre peu qualifiée caractérisée par une croissance économique et de ressources naturelles, pour rivaliser sur rapide dans une société pauvre et inégalitaire les marchés. Pour monter dans la chaîne dont souffrent au premier chef les jeunes et de valeur et atteindre le niveau d’économies les femmes. La désorganisation du marché tirées par l’efficience et l’innovation, facteurs du travail, marquée par l’inadéquation accrue essentiels pour promouvoir et pérenniser des compétences, la faible productivité du la croissance, il faut des investissements à 1
Stratégie du Capital Humain 2014–2018 grand impact dans l’éducation, la science et la en cours. Il se dégage précisément comme technologie. Le dynamisme du secteur privé enseignement que la Banque doit renforcer est un atout majeur pour créer des emplois, l’appui qu’elle apporte à la science, la tech- produire et commercialiser des biens et des nologie et l’innovation en Afrique tout en s’at- services élaborés, et bien se positionner sur taquant à l’exclusion ainsi qu’aux inégalités les chaînes de valeur mondiales. Et pour socioéconomiques et sexospécifiques. Le améliorer la qualité de la croissance et rendre secteur privé a un rôle primordial à jouer dans celle-ci plus inclusive, il faut renforcer la par- la prestation de services éducatifs, la créa- ticipation citoyenne et la responsabilité dans tion d’emplois, l’accès aux biens essentiels la prestation de services publics de qualité et et le développement rapide d’infrastructures accessibles, en plus de mettre en place des sociales inclusives, en vue de promouvoir des dispositifs de protection sociale pour aider prestations de service inclusives et l’entrepre- les individus et les communautés démunis à nariat et de permettre que les connaissances supporter les chocs économiques et sociaux et les compétences produites contribuent à et à sortir définitivement de la pauvreté. développer la compétitivité des économies Cette Stratégie du capital humain, la pre- nationales. On constate de plus en plus, et mière de la Banque, est le cadre opération- avec les leçons tirées du Printemps arabe à nel de ses interventions dans ce domaine en l’esprit, que l’expression populaire, la respon- Afrique. La mise en œuvre de cette straté- sabilité et les filets de sécurité sont inscrits au gie prendra appui sur d’autres stratégies de programme de la Banque comme des élé- la Banque – y compris celles en matière de ments essentiels pour briser le cycle intergé- genre, de développement du secteur privé, le nérationnel de la pauvreté et permettre l’au- Plan d’action pour la gouvernance – Phase II tonomisation des pauvres en Afrique, surtout (PAG II) et la future Stratégie de lutte contre celle des femmes. La Stratégie souligne donc la fragilité et de renforcement de la résilience la nécessité de prendre en compte les dimen- en Afrique pour renforcer le capital humain sions de la fragilité se rapportant au capital en Afrique. Elle souligne la dimension capital humain en Afrique, grâce à la prévention et humain dans tous les domaines opération- à l’atténuation des effets de ce phénomène. nels essentiels de la stratégie 2013–2022, La stratégie accorde la priorité aux com- en mettant l’accent sur les compétences et pétences et à la technologie. Elle souligne la la technologie comme pivots d’une main- nécessité d’apporter des solutions à court d’œuvre productive et d’économies com- et à long termes, adaptables et durables au pétitives, dans le cadre d’un programme de chômage des jeunes et à la productivité éco- croissance inclusive et verte. Éclairée par nomique. La Banque appuiera des investis- les principes de sélectivité, d’alignement, sements dans le développement des com- d’harmonisation, appuyée sur des partena- pétences et de la technologie dans tous les riats, des réseaux mondiaux et l’obligation pays membres régionaux (PMR), à travers de résultat, la stratégie sera mise en œuvre des produits du savoir, le dialogue sur les en veillant à une collaboration intersectorielle politiques et les opérations de prêt. Les inter- au sein de la Banque et avec d’autres parte- ventions visent à résoudre l’épineux problème naires externes, pour concevoir des initiatives du chômage et du sous-emploi des jeunes et qui tiennent compte du contexte de ces inter- des femmes en s’attaquant à l’inadéquation ventions, à savoir, des États fragiles, et des des compétences sur le marché du travail pays à revenu faible et intermédiaire. et à la faible productivité qui prévaut dans le La stratégie s’inspire des leçons tirées secteur informel, gros pourvoyeur d’emplois de l’expérience de la Banque dans les inter- pour les jeunes et les femmes. La Stratégie ventions dans le domaine du capital humain, encourage l’entreprenariat social ainsi qu’une de la demande des pays et des pratiques politique économique qui favorise la création optimales mondiales. Les domaines d’appui d’emplois. Le nouveau modèle d’éducation retenus consolident et renforcent les efforts en Afrique (NEMA) s’adaptera à la diversité 2
Résumé analytique des PMR, il exploitera les nouvelles opportu- les filets de sécurité, les emplois et l’entre- nités offertes par le secteur privé et les tech- prenariat. La Banque entreprendra, avec nologies de l’information et de la communica- certains pays, la mise en place de systèmes tion (TIC) pour concevoir un enseignement en financiers et sociaux –des filets de sécurité ligne et un apprentissage adapté, permettant et un entreprenariat social- à la demande de de doter la jeunesse africaine des compé- ses membres, et dans le cadre d’interven- tences qui répondent aux exigences du mar- tions ciblées pour leur caractère innovant ché du travail de l’avenir. et leur effet catalytique. La Banque conti- La Banque renforcera son appui à la nuera d’apporter son appui à l’entreprenariat science, à la technologie et à l’innovation. social en faveur des jeunes et des femmes Elle axera ses efforts sur la mise en place dans quelques pays, en tirant parti des nom- des compétences cruciales dans divers sec- breuses initiatives à l’échelle du continent qui teurs économiques, notamment l’infrastruc- visent à accélérer la réponse des jeunes au ture et la gestion des ressources naturelles chômage, notamment Souk At-Tanmia, l’en- en vue d’une compétitivité accrue. Elle déve- treprenariat social, l’Initiative pour l’emploi loppera les compétences en science, tech- des jeunes africains et la Facilité mondiale nologie, ingénierie et mathématiques (STIM). pour l’emploi dans les États fragiles. Elle créera, en outre, des réseaux régionaux Les opérations de la Banque axées sur de connaissances et d’excellence pour offrir le capital humain seront de plus en plus des possibilités de développement et de par- sous-tendues par des études économiques tage transfrontière du savoir. Par ailleurs, la et sectorielles, et tiendront compte de l’éva- Banque renforcera son appui à la promotion luation de leur impact. Dans le cadre de tra- de la transformation dans l’enseignement vaux effectués conjointement avec d’autres technique et professionnel pour encourager partenaires au développement, la Banque l’entreprenariat innovant et la productivité, entend promouvoir les travaux d’analyse lors et se positionner sur les chaînes de valeur, de la préparation des opérations. En outre, surtout dans le secteur agricole. L’appui de elle adoptera une approche systémique de la Banque touchera aussi la facilitation de l’évaluation des projets, y compris l’évaluation l’établissement de cadres réglementaires de l’impact. Plus précisément, le Groupe de régionaux pour assurer la mobilité de la main- référence de la Banque pour l’évaluation de d’œuvre entre les pays africains dans des l’impact doit faciliter l’amplification des efforts domaines d’activité spécifiques. de la Banque dans les PMR, sur la base des Pour renforcer davantage sa contribu- évaluations d’impact existantes. tion au programme de croissance inclusive, Forte de son avantage comparatif, la la présente Stratégie appuiera de manière Banque continuera de nouer des partena- sélective deux catalyseurs du dévelop- riats productifs et innovants afin d’accroître pement du capital humain : l’efficience et la capacité à trouver des réponses concrètes l’inclusion dans la prestation de services. en vue de promouvoir le développement du Ces catalyseurs prendront appui sur les capital humain en Afrique. Les efforts vise- domaines pertinents des stratégies exis- ront à dynamiser les partenariats existants, tantes et en cours d’élaboration pour pro- notamment la collaboration de la Banque mouvoir un accès équitable à des services avec l’Université des Nations Unies et le pro- sociaux essentiels de qualité. La Banque gramme de l’Université panafricaine pour va soutenir le développement accéléré des promouvoir la science et la technologie dans infrastructures sociales, en grande partie à l’enseignement ainsi que l’Initiative conjointe travers des partenariats avec le secteur privé pour l’emploi des jeunes en Afrique, en vue et des innovations visant à faciliter l’accès de créer des emplois. Les opérations de au « dernier kilomètre ». La mise en place la Banque à l’appui du développement du de systèmes financiers et sociaux concou- capital humain continueront d’être menées rant à l’inclusion va consolider les liens entre en étroite collaboration avec les autres 3
Stratégie du Capital Humain 2014–2018 partenaires au développement dans l’esprit d’opérations dans d’autres secteurs de la de la Déclaration de Paris sur l’Harmonisa- Banque. Des mesures seront prises pour tion, l’alignement et la coordination de l’aide favoriser la collaboration interdépartemen- et du Partenariat de Deauville. tale. La coordination de la gestion du savoir Le Département du développement et des approches plurisectorielles se fera par humain continuera d’apporter l’expertise le biais des groupes thématiques créés pour nécessaire à la conception des opérations qui chaque priorité opérationnelle de la Stratégie requièrent des interventions relatives au capi- de la Banque pour 2013–2022. La Stratégie tal humain. Les opérations seront préparées sera mise en œuvre dans le cadre budgétaire conjointement avec d’autres équipes secto- actuel, au moyen de transferts des priorités et rielles, si nécessaire. Le capital humain sera de gains d’efficience, en particulier un chan- pris en compte dans le cadre d’opérations gement dans l’éventail des compétences du autonomes et à travers des composantes personnel. 4
CHAPITRE La métamorphose de l’Afrique 1 L’Afrique connaît de profonds changements, à condition d’investir judicieusement dans qui ont tous une incidence sur la construc- le capital humain et d’exploiter pleinement tion de son capital humain. La démographie les compétences (graphique 1). Sur le plan de l’Afrique, qui se caractérise par une popu- économique, les pays africains affichent une lation jeune et en croissance rapide, offre croissance annuelle de 5 % en moyenne des perspectives de croissance dynamique, pour les dix dernières années et continuent Graphique 1 L’impressionnante explosion démographique des jeunes en Afrique Afrique, 1950 Afrique, 2010 Âge Âge 80+ 80+ 75–79 Homme Femme 75–79 Homme Femme 70–74 70–74 65–69 65–69 60–64 60–64 55–59 55–59 50–54 50–54 45–49 45–49 40–44 40–44 35–39 35–39 30–34 30–34 25–29 25–29 20–24 20–24 15–19 15–19 10–14 10–14 5–9 5–9 0–4 0–4 150 100 50 0 50 100 150 150 100 50 0 50 100 150 Population (millions) Population (millions) Afrique, 2050 Afrique, 2100 Âge Âge 80+ 80+ 75–79 Homme Femme 75–79 Homme Femme 70–74 70–74 65–69 65–69 60–64 60–64 55–59 55–59 50–54 50–54 45–49 45–49 40–44 40–44 35–39 35–39 30–34 30–34 25–29 25–29 20–24 20–24 15–19 15–19 10–14 10–14 5–9 5–9 0–4 0–4 150 100 50 0 50 100 150 150 100 50 0 50 100 150 Population (millions) Population (millions) Source: Département des affaires économiques et sociales de l’ONU, 2011. 5
Stratégie du Capital Humain 2014–2018 de résister aux crises mondiales. Le sec- et l’Inde (graphique 2). L’Afrique abrite égale- teur privé est plus que jamais présent. Sur ment la population la plus jeune au monde le plan technologique, le continent bénéficie et, au milieu de l’année 2011, les dix pays de l’évolution de la courbe technologique, ayant la population la plus jeune étaient des avec des avancées spectaculaires dans le pays africains2. À l›intérieur du continent, les domaine des technologies de l’information et régions les plus jeunes seront l›Afrique de de la communication (TIC). À l’horizon 2025, l›Est et l›Afrique de l›Ouest. Cette explosion la couverture du réseau de téléphonie mobile démographique de jeunes peut être l’occa- sera quasi universelle, ouvrant de nouvelles sion d’opérer des changements, de réaliser possibilités de services financiers à la por- des progrès et de promouvoir le dynamisme tée des populations pauvres, même dans social, tout comme elle peut présenter un les États fragiles. Sur le plan politique, la risque pour le continent3. Elle ouvre de vastes démocratie gagne du terrain en Afrique, et perspectives de développement économique les normes de gouvernance ne cessent de et social, à condition que les capacités de s’améliorer, grâce à la demande accrue de cette cohorte de jeunes soient orientées vers participation citoyenne et de responsabilité, des secteurs économiques porteurs. qui a favorisé des réformes démocratiques et Les enfants qui naîtront sur le continent réduit les conflits et les guerres civiles. dans les 15 prochaines années seront les La population actuelle de l’Afrique est de forces vives africaines de demain. La crois- 1 milliard d’habitants et devrait atteindre 2,3 sance démographique et son incidence sur milliards d’habitants – principalement des le développement humain seront considé- jeunes – en 2050, selon les projections. Pour rables. D’ici une quinzaine d’années, environ le continent, le plus grand atout ou alors le 600 millions d’enfants nés sur le continent au grand risque au cours de la décennie à venir début du 21e siècle constitueront la principale sera sa capacité à tirer parti ou non de ce main-d’œuvre du continent. Pour tirer parti réservoir de capital humain en croissance du dividende démographique et constituer rapide1. Après l’Asie, l’Afrique est le continent une main-d’œuvre hautement qualifiée, il est le plus vaste et le plus peuplé du monde, nécessaire d’augmenter substantiellement avec environ 15 % de la population mondiale. le nombre de diplômés de l’enseignement D’ici à 2040, l’Afrique aura la main-d’œuvre la secondaire et de l’enseignement et de la for- plus abondante au monde, devant la Chine mation techniques et professionnels (EFTP). Graphique 2 L’Afrique sera le continent doté de la main-d’œuvre la plus abondante en 2050 Population en âge de travailler (15–64 ans, des millions) 1,500 Afrique Indie 1,000 Chine Europe Asie du Sud-Est 500 Amérique latine et Caraïbes Amérique du Nord Amérique du Sud 0 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2020 2030 2040 2050 Source : Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies. 6
La métamorphose de l’Afrique Il ressort des données de 2010 qu’environ rural, la pauvreté a baissé de 5,1 % entre 1998 5,3 millions d’élèves (23 % seulement des et 2008 en Afrique subsaharienne, ce qui est enfants inscrits dans le primaire) obtiennent bien inférieur aux 68,8 % enregistrés en Amé- des diplômes de l’enseignement secondaire rique latine et dans les Caraïbes, 51,4 %, en en Afrique. Selon le bureau des Nations Asie du Sud-Est, et 45,5 %, au Moyen-Orient Unies pour la population, 34,4 millions d’en- et en Afrique du Nord5. L’investissement mas- fants entreraient dans le primaire en 2013. sif de l’Asie du Sud-Est dans l’éducation à Les chiffres actuels seraient alors multipliés tous les niveaux a eu des retombées subs- par cinq si 75 % de ces élèves obtiennent tantielles sur le capital humain et impulsé la des diplômes de l’enseignement secondaire transformation industrielle de la région, témoi- (25,8 millions d’élèves, dont la moitié de filles). gnant ainsi des avantages potentiels à tirer du La croissance économique de l’Afrique, dividende démographique. malgré la conjoncture mondiale incertaine, a L’Afrique est la deuxième région la plus été remarquable. Sur les 54 États du conti- inégalitaire au monde (graphique 3). Avec un nent, 24 ont plus que doublé leur revenu par coefficient de Gini proche de 0,45 %, la forte habitant entre 1990 et 2010, sans compter inégalité en Afrique subsaharienne jette de que les dix dernières années de forte crois- sérieux doutes sur la possibilité de réduire la sance ont permis de faire reculer la pauvreté. pauvreté grâce à la croissance en Afrique. En Sur les dix économies qui connaissent le 2010, six des 10 pays les plus touchés par plus fort taux de croissance au monde,4 sept l’inégalité étaient des pays d’Afrique subsaha- devraient se trouver en Afrique, entre 2011 et rienne, étant donné que cette forte inégalité 2015. Le taux de croissance du continent a atténue les effets de la croissance écono- atteint 4,8 % en 2013, contre 4,2 % en 2012 mique sur la pauvreté6. Entre 2008 et 2011, et cette croissance devrait s’accélérer pour l’inégalité était de 42 %, dans les pays riches atteindre 5,1 % en 2014. en ressources, contre 44 % dans les pays Le taux de pauvreté demeure élevé et pauvres d’Afrique7. Dans la promotion de la l’élasticité de la pauvreté par rapport à la croissance économique, il peut être risqué croissance en Afrique est bien plus faible que d’ignorer les inégalités, dans la mesure où dans d’autres régions. La pauvreté a reculé de celles-ci limitent l’utilisation efficiente des res- 0,5 % par an en Afrique (Afrique du Nord non sources humaines et matérielles, font baisser comprise) entre 1990 et 2008, contre 2,3 % en la qualité des institutions et des politiques, Asie de l’Est et 1 % en Asie du Sud. La pau- érodent la cohésion sociale et font dérailler le vreté touche de manière disproportionnée les processus de croissance, en particulier dans femmes et les populations rurales. En milieu les États fragiles. Graphique 3 Carte des inégalités dans le monde : indice de Gini Indice de Gini 22–29 29–36 36–43 44–51 51–58 58–65 Pas de données Source: https://www.cia.gov/library/publications/the-world-factbook/rankorder/2172rank.html. 7
Stratégie du Capital Humain 2014–2018 L’empreinte écologique du continent a et notamment en Éthiopie, au Kenya, au Mali, considérablement augmenté ; elle est en au Nigéria et en Tanzanie. Le Sénégal, mal- passe d’atteindre sa bio-capacité, avec des gré une croissance économique relativement conséquences disproportionnées pour les faible, figure parmi les pays qui obtiennent les populations pauvres. Pour favoriser une crois- meilleurs résultats, alors que dans d’autres sance respectueuse de l’environnement en pays à croissance stable, comme le Libé- Afrique, il faut relever les défis actuels et futurs ria, les taux de mortalité ont augmenté. Ces en matière de développement sans toutefois améliorations s’expliquent par des politiques réduire le capital naturel du continent. Le générales judicieuses, des mesures en faveur développement humain ne peut être inclusif de l’éducation des filles, l’adoption de nou- et la qualité de vie ne peut s’améliorer que si veaux procédés (par exemple, l’utilisation de l’on préserve le patrimoine écologique, c’est- moustiquaires imprégnées d’insecticide au à-dire les écosystèmes terrestres, marins et Kenya) et par des investissements dans les d’eau douce, ainsi que la biodiversité8. Ce programmes de santé en veillant à utiliser les patrimoine est essentiel pour assurer la sécu- ressources de façon optimale et à atteindre rité alimentaire, l’approvisionnement en eau et les populations pauvres des zones rurales. en énergie, mais aussi les moyens de subsis- Au Rwanda, la mortalité infantile a diminué de tance des plus pauvres, qui sont les plus tou- deux tiers entre 2005 et 2010, tandis que le chés par les impacts néfastes sur l’environ- pourcentage d’accouchements assistés par nement. Les sécheresses dans la Corne de des personnels de santé qualifiés est passé l’Afrique et les graves crises alimentaires au de 39 % à 70 %. La planification familiale a Sahel témoignent des effets catastrophiques quadruplé (une première dans le monde). du changement climatique sur la sécurité ali- Toutefois, le rapport 2011 sur les OMD en mentaire et la nutrition. Aujourd’hui, un Afri- Afrique fait état de disparités criantes dans les cain sur quatre souffre de malnutrition, et un progrès réalisés sur tous les indicateurs, les enfant sur trois, d’un retard de croissance9. améliorations concernant surtout les groupes Si rien n’est fait, les rendements des cultures aisés et les populations urbaines13. Les iné- céréalières en Afrique connaîtront une forte galités dans l’accès aux services publics, et baisse d’ici à 2050, ce qui exposerait à la notamment aux services d’éducation, de malnutrition dix millions d’enfants supplé- santé, d’eau et d’assainissement, ne font que mentaires et réduirait l’apport calorique des marginaliser davantage les groupes exclus. Africains de 21 % en moyenne10. Les progrès sont moins rapides en Afrique Les progrès vers la réalisation des objec- subsaharienne que dans d’autres régions, ce tifs du Millénaire pour le développement qui ne fait que creuser les inégalités dans la (OMD) relatifs au développement humain réalisation des OMD. en Afrique sont encourageants, malgré de La Banque a joué un rôle central dans grandes disparités entre les pays et en leur l’élaboration du programme de développe- sein11. Les taux nets de scolarisation dans le ment durable de l’après-2015 et dans la prise primaire (OMD 2) sont passés de 58 % à 76 % en compte des besoins des Africains dans la sur la période 1999–2009, ce qui représente formulation des priorités globales en matière l’amélioration annuelle la plus rapide jamais de développement. À mesure que l’Afrique observée pour ce taux. L’Afrique a également se développe, s’urbanise et se démocratise, doublé la réduction moyenne de la mortalité ses objectifs cadrent de plus en plus avec infantile (OMD 4), qui est passée de 1,2 % par les enjeux prioritaires à l’échelle mondiale. an entre 1990 et 2000, à 2,4 % entre 2000 et Mais alors que le continent puise dans ses 2010 (graphique 4)12. L’incidence du sida et la réserves de ressources naturelles, il devra mortalité liée à cette maladie sont en baisse investir dans les infrastructures et dans le dans de nombreux pays d’Afrique subsaha- capital humain, en utilisant le genre, la gou- rienne. La croissance économique a été un vernance et le secteur privé comme vecteurs facteur majeur de ce recul dans plusieurs pays du développement. 8
La métamorphose de l’Afrique Graphique 4 Le recul de la mortalité infantile en Afrique est le plus important jamais enregistré, à la faveur croissance économique, mais aussi de programmes de santé solidaires Taux de mortalité infantile, moins de 5 ans (pour 1 000) 150–210 100–150 75–100 50–75 15–50 Pas de données Source: Sharan and Ahmed, 2011. 9
Un milliard d’Africains, dont 200 millions de jeunes : les éléments CHAPITRE clés pour libérer le potentiel économique du continent 2 Le développement du capital humain est au politique et institutionnel pour une création cœur du programme de croissance inclu- d’emplois à forte productivité. sive et verte de la Banque, tout autant que La grande majorité des jeunes d’Afrique de l’action qu’elle mène contre la pauvreté, sont sous-employés dans des entreprises l’inégalité entre les sexes et l’exclusion sociale familiales à faible productivité. Les femmes en Afrique14. Ce programme porte essentiel- souffrent de façon disproportionnée du lement sur le renforcement des compétences chômage ou de l’accès aux emplois et elles nécessaires pour stimuler la productivité et la restent, de ce fait, en dessous du seuil de compétitivité, pour tirer parti des innovations pauvreté. Selon l’OIT, les jeunes de la tranche technologiques, et pour créer des emplois. Il d’âge de 15–24 ans représentent 60 % de est question également de favoriser la par- l’ensemble des chômeurs en Afrique sub- ticipation citoyenne en vue d’améliorer la saharienne, et, en moyenne, 72 % des jeunes qualité des services publics et l’efficience vivent avec moins de 2 dollars par jour, et des dépenses publiques ; et d’instaurer 46 % avec moins de 1 dollar par jour. Envi- des filets de protection sociale destinés à ron 90 % des emplois en Afrique relèvent protéger les plus pauvres contre les chocs socioéconomiques (encadré 1)15. La Banque Encadré 1 Définition du capital humain devrait jouer un rôle central en s’assurant que l’Afrique dispose du capital humain à même Le capital humain est un facteur (une condition d’accélérer sa croissance inclusive et verte. nécessaire) de réalisation d’une croissance inclu- sive et verte. C’est aussi un terme économique. Tirer parti du dividende Le développement humain est un résultat du dé- démographique veloppement et une mesure à la fois de la crois- sance inclusive et du progrès en matière de droits De nombreux pays africains sont aujourd’hui humains. à même de tirer parti du dividende démogra- La présente stratégie indique comment la phique qui a été l’atout des économies d’Asie Banque contribuera à la constitution d’un capital de l’Est entre 1965 et 1990. Dans ces éco- humain dans le cadre global de son action visant nomies, les taux de fécondité et les ratios de la promotion d’une croissance inclusive et verte. La stratégie emprunte au Forum économique mondial dépendance ont connu des baisses specta- sa définition du capital humain, à savoir « l’acqui- culaires, ce qui s’est traduit par une augmen- sition et le déploiement de compétences, de ta- tation du nombre et de la proportion des per- lents, de savoirs et d’expériences par des individus sonnes en âge de travailler, avec à la clé des et des populations, leur valeur pour des organisa- taux élevés de croissance économique. La tions, des économies et la société ». capacité de l’Afrique à tirer parti du dividende Les quatre aspects fondamentaux du capi- tal humain sont l’éducation, la main-d’œuvre et démographique et à le transformer en crois- l’emploi, le bien-être, notamment les services de sance et en création d’emplois dépendra de santé, et un environnement favorable, y compris, sa capacité à développer les compétences des filets de protection ; tous ces facteurs ayant nécessaires et à assurer la prestation de ser- des retombées sur le capital humain et les résul- vices cruciaux tels que les services d’éduca- tats en matière de développement. tion et de planification familiale, ainsi que de Source : Forum économique mondial. sa capacité à améliorer son environnement 11
Stratégie du Capital Humain 2014–2018 de l’économie informelle où la productivité Il est nécessaire de faire passer ce pourcen- est faible et où les emplois sont précaires tage à 1 % pour stimuler la croissance. Seule et mal rémunérés. Le manque d’emploi la Tunisie a atteint cet objectif. Alors qu’elle « décent », auquel s’ajoutent des taux élevés représente 13,4 % de la population mondiale, de chômage ainsi que les inégalités socio- l’Afrique ne produit que 1,1 % du savoir scien- économiques et entre les sexes, a contribué tifique mondial17. Trois universités africaines à l’élévation des niveaux de pauvreté chez les seulement figurent parmi les 500 universités jeunes et les femmes d’Afrique. Le manque les mieux cotées au monde. L’Afrique compte de compétences techniques, l’employabi- seulement 35 chercheurs et ingénieurs par lité limitée, l’insuffisance d’informations sur million d’habitants, contre 168 pour le Bré- l’emploi et d’accès aux capitaux ont limité sil, 2 457 pour l’Europe et 4 103 pour les les capacités des jeunes à utiliser pleinement États-Unis. leurs compétences et à contribuer à la dyna- La pénurie de compétences a sérieuse- misation du secteur privé. Il demeure donc ment entravé les progrès de l’Afrique dans crucial d’encourager plus avant l’esprit d’en- les sciences, la technologie et l’innovation treprise et d’offrir aux jeunes du continent des (STI). Les premiers pays d’Afrique pour ce qui possibilités accrues pour favoriser la création concerne le nombre de documents de réfé- d’emplois de qualité, booster la croissance rence sont l’Afrique du Sud (35e, avec 107 976 économique, la productivité, l’innovation et documents), la Tunisie (51e, avec 32 250 l’emploi. documents) et le Nigéria (52e, avec 35 223 L’urbanisation rapide en Afrique offre éga- documents), en comparaison avec les États- lement des opportunités pour la transforma- Unis (1ers, avec 6,1 millions de documents), le tion des économies du continent. À l’hori- Japon (4e, avec 1,6 million de documents) et zon 2025, plus de la moitié de la population la France (6e, avec 1,1 million de documents). africaine vivra en milieu urbain ; au cours des Aucun pays africain ne compte parmi les vingt 25 prochaines années, la population urbaine premiers pays dépositaires de demandes de croîtra presque deux fois plus rapidement brevets en 2011 (contre 238 323 demandes que l’ensemble de la population et augmen- du Japon et 4 710 demandes de la Nou- tera de plus d’un demi-milliard d’habitants, velle-Zélande). Le faible développement de la par rapport à celle de 199016. Les services de STI a retardé la percée des pays africains en base et les offres d’emplois dans les secteurs tant qu’économies du savoir. porteurs ne suivent pas le rythme soutenu de Compte tenu du faible niveau d’investis- l’urbanisation. Il faut donc agir pour remédier sement dans la recherche-développement, à cette situation, notamment en remettant en les pays africains sont à la traîne sur le plan état l’infrastructure qui se détériore, en ren- de la compétitivité et de la productivité à forçant les capacités de prestation de ser- l’échelle mondiale. Selon le rapport 2011 de vices, et en faisant face au surpeuplement, la Banque mondiale sur la compétitivité de à la dégradation de l’environnement et aux l’Afrique, le continent a beaucoup à gagner graves pénuries de logements et d’emplois en diversifiant les exportations et en appro- productifs. fondissant les échanges commerciaux au niveau régional, étant donné que sa part Productivité, compétitivité et dans le commerce mondial reste faible et création d’un système économique concentrée sur les ressources naturelles. Le fondé sur le savoir faible niveau de formation des travailleurs est L’Afrique a été lente à développer le sec- un obstacle majeur au commerce, à la pro- teur des sciences et des technologies et à duction et à la compétitivité. Les étudiants commercialiser ses innovations. Avec envi- africains se tournent en grande majorité vers ron 0,42 % du PIB, le continent est loin des les filières comme l’économie, le commerce, objectifs internationaux pour la part des le droit et les sciences sociales, au détri- dépenses dans la recherche-développement. ment de la science, de l’ingénierie et de la 12
Un milliard d’Africains, dont 200 millions de jeunes technologie. Les compétences produites ne dans certains secteurs, et notamment dans correspondent donc pas à celles deman- les secteurs de l’éducation et de la santé. Les dées sur le marché du travail si bien que les Africains font partie des travailleurs les plus diplômés de l’enseignement supérieur se mobiles au monde, et la migration (principa- retrouvent au chômage, alors que les pays lement des jeunes18) est au centre des stra- africains continuent d’être confrontés à des tégies de la plupart des familles africaines. pénuries de travailleurs qualifiés. La grande majorité des Africains migrent à l’intérieur du continent, essentiellement de Chômage et sous-emploi des façon irrégulière et en marge de la règlemen- jeunes et des femmes, création tation. Cela étant, la lenteur de l’intégration d’emplois et fidélisation des régionale continue de peser sur la mobilité travailleurs qualifiés des travailleurs, affectant la compétitivité et la La plupart des pays africains sont aux prises productivité. avec le double problème de création d’em- L’Afrique affiche l’un des taux de chômage plois et de fidélisation des travailleurs qua- les plus élevés au monde, après celui de lifiés, au moment même où ils doivent faire l’Europe. Le taux de chômage est de 12 % venir de l’étranger des travailleurs qualifiés en Afrique, contre 9,1 % en moyenne dans pour des industries spécifiques. Dans de le monde. Les jeunes de la tranche 15–24 nombreux pays africains, les employeurs esti- ans représentent 60 % des sans-emploi du ment que le niveau inapproprié de formation continent. En Égypte, à Maurice, au Maroc, de la main-d’œuvre est un obstacle entravant en Afrique du Sud et en Tunisie, les jeunes la pratique des affaires et que les pénuries sont deux à six fois plus exposés au risque de compétences sur le marché du travail de chômage que les adultes (graphique 5); préoccupent tout particulièrement les inves- les jeunes femmes sont encore plus expo- tisseurs. Le secteur privé n’est pas capable sées à ce risque. Le secteur informel, poten- d’acquérir rapidement et de fidéliser les com- tiellement dynamique et prospère, n’a pas pétences en Afrique. L’exode des travailleurs été à même d’absorber le grand nombre de hautement qualifiés constitue un énorme défi demandeurs d’emploi. Graphique 5 Les jeunes Africains sont plus susceptibles d’être au chômage que les adultes % Jeunes Adultes 60 40 20 0 06 10 06 6 09 10 6 07 06 8 10 Am ie ue ue pe 00 00 00 As 20 20 20 20 20 20 20 20 iq riq ro l, 2 ,2 ,2 ér Eu Af o, ia, ie, , e, , ie, d, ho rie te oc ga ric as Su ér an op yp ar gé t né aF so au Lib nz M du hi Ég Al Sé Le M in Et Ta ue rk Bu riq Af Source : calculs des experts de la BAD, utilisant les données de l’OIT pour 2011. 13
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