BEETHOVEN Dominique MERLET - Sonates pour piano op. 27 no1 & no2 "Clair de Lune" Sonate pour piano op. 31 no2 "Tempête"
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BEETHOVEN Dominique MERLET Sonates pour piano op. 27 no1 & no2 "Clair de Lune" Sonate pour piano op. 31 no2 "Tempête" 1
Quelques remarques sur l’interprétation Notes on the interpretation Au sujet de la Sonate op. 27 n°2 Of op. 27 n°2 sonata Cette « Sonata quasi una fantasia » est, This « Sonata quasi una fantasia » hélas, souvent trahie par une lecture is, unfortunately, often deceived by a négligente du texte . Son Adagio sostenuto negligent reading of the text. Deservedly introductif, célèbre à juste titre, est trop famous, Its introductive Adagio sostenuto souvent joué à 4 temps, dans un tempo is too often performed démesurément alangui . Or, le manuscrit This «Sonata quasi una fantasia» is, alas, est très clairement alla breve, donc à 2 often betrayed by careless reading of the temps. Cela permet un tempo très calme text. His rightly famous introductory Adagio mais fluide . Et nous savons par Carl sostenuto is too often played as a 4-beats Czerny, l’élève de Beethoven, que celui-ci piece, in an inordinately languid tempo. n’hésitait pas à animer le passage central However, the manuscript is very clearly en arpèges, avant de ramener le calme et alla breve, therefore, a 2-beats piece. This la sérénité . allows for a very calm but fluid tempo. And we know from Carl Czerny, his pupil, that Au sujet de la Sonate op. 31 n°2 (final) Beethoven did not hesitate to animate the Ce 3e mouvement, en forme de chevauchée central passage with arpeggios, before haletante, pose un problème particulier bringing back calm and serenity. avec la pédale : c’est la main gauche qui Of the Sonata op. 31 n ° 2 (final) doit tenir les notes de l’accompagnement tandis que la main droite chante le thème This 3rd movement, in the form of a en diminuant . Pour bien marquer cette breathless ride, poses a particular problem particularité, Beethoven lui-même a inscrit with the pedal: it is the left hand that must un point sur chaque premier temps de la hold the notes of the accompaniment main droite . Ainsi, on évite le fâcheux while the right hand sings the theme accent si souvent entendu (et aggravé par while decreasing. To mark this peculiarity, une pédale abusive !) … Beethoven himself wrote a point on each first beat of the right hand. Thus, we avoid Dominique MERLET the annoying accent so often heard (and aggravated by an abusive pedal!) ... Dominique MERLET 2
« La musique donne l’idée de l’espace » avec d’autant plus de vigueur que Mon cœur mis à nu. Journal intime (1887) le pianoforte, qui règne alors sans Charles Baudelaire.1800-1801. concurrence, connaît une prodigieuse révolution de sa facture. La forme C’est l’époque de la composition du musicale se libère aussi grâce à ballet les Créatures de Prométhée l’étendue croissante du clavier et de (op.43), spectacle puisant dans la dynamique de l’instrument. Il n’est la mythologie, les éléments d’une pourtant qu’un outil au service d’une revendication implicite pour pensée musicale. l’avènement d’une Humanité libérée du despotisme… L’introduction lente La Sonate en mi bémol majeur et presque mystérieuse de l’ouverture op.27 n°1 appartient à cet univers du ballet, provoque d’étonnants en métamorphose continuelle. Plus frottements harmoniques entre les encore, la partition semble portée cordes et les bois. Curieuse partition par l’esprit de l’improvisation. Celui-ci d’une curieuse forme, en vérité, au nous paraît, aujourd’hui, inconcevable service d’un nouveau langage dont la dans le répertoire de la musique quête obsède Ludwig van Beethoven savante parce que nous en avons (1770-1927), au point qu’il transpose perdu l’usage, alors que sa pratique celle-ci dans tous ses ouvrages. Ils était l’un des fondements de l’art se nourrissent mutuellement. De fait, musical jusqu’à la première moitié du l’écriture au piano est impensable 19e siècle. Beethoven fut un pianiste sans les autres répertoires. Et et un improvisateur hors-norme et le réciproquement. sous-titre de sa Treizième Sonate le suggère implicitement : « Sonata quasi Cette expérimentation sonore una fantasia ». Fantasieren signifie déroute les oreilles du public improviser et le qualificatif quasi viennois. Transposée au clavier, modère l’enthousiasme de l’interprète, une telle « étrangeté » s’impose au point que l’on se demande si le 3
titre de « Fantasia quasi una Sonata » qui ne se reconnaissent pas comme n’aurait pas été plus approprié… telles. Un jeu d’équilibriste entre À l’interprète, par conséquent, de mouvement et immobilité, affirmation trouver son propre chemin et renouer et interrogation se met en place : avec cette Phantasie – l’imaginaire - Andante, Allegro, tempo primo dont on sait ce qu’il adviendra sous (Andante). Inlassablement, le son du la plume de Schumann quelques clavier se porte vers le registre aigu années plus tard. Ici, les piliers de de l’instrument. l’héritage beethovénien se situe non loin de la Fantaisie en sol mineur Le mi grave pointé d’un « Attaca » de Bach et de la Fantaisie en ré provoque l’enchaînement au bref mineur de Mozart. L’exploitation Allegro molto e vivace en ut mineur. prodigieuse des contrastes, des Le thème se désagrège dans l’élan de changements de tempi, la mise en ce scherzo, jouant tantôt d’arpèges, scène d’une instabilité harmonique, tantôt d’une écriture en syncopes aux tout cela participe à la décomposition deux mains. thématique de la sonate selon le Toujours sur le même principe, le Viennois. Le thème n’est plus nourri troisième mouvement débute « Attaca par une mélodie mais par un tempo subito l’Adagio ». En troisième et une tonalité. Le silence même, si position, ce qui est pour le moins essentiel chez Beethoven, contribue audacieux, le mouvement lent s’élance au théâtre d’un monde sonore con espressione. Il est presque aussi nouveau. bref que le scherzo. Voilà une sorte Au sein de la Sonate en mi bémol d’élégie dans une respiration continue majeur, l’enchaînement des et comme suspendue par le battement mouvements ajoute à cette perte rythmique de la main gauche. Le de repères. L’Andante introductif chant s’interrompt pianissimo… En combine, en effet, thème et variations suspens. 4
Le finale, « Attaca subito Allegro Ludwig Rellstab (1799-1860). Bien vivace », le plus imposant des quatre que Beethoven ait appelé la pièce, mouvements se déploie avec une à nouveau, « Sonata quasi una liberté réjouissante comme si les trois Fantasia », les écrivains du 19e siècle parties précédentes n’avaient été que s’emparèrent d’un titre si romantique. l’effort préparatoire à sa révélation. Le Il s’imposa d’autant plus aisément que caractère fugué de la structure renvoie la sonate précédente se nommait à nouveau à l’esprit de la fantaisie déjà « Sonata quasi una Fantasia ». baroque. Les motifs s’imbriquent et ornementent la structure épurée de Composée en 1801, la Sonate en l’édifice. C’est un battement répétitif ut dièse mineur s’inspire en partie de doubles croches, obsessionnel, de la passion du compositeur pour qui fait vibrer la cathédrale sonore la comtesse Giulietta Guicciardi, lorsque l’Adagio con espressionne l’une de ses élèves, liée à la famille fait une étonnante réapparition. Il des Brunsvik. Agé de 31 ans, surgit d’un matériau sobre et se clôt Beethoven était moins conscient de par deux accords ff. la différence d’âge – la jeune fille était de quinze ans sa cadette - que « On parle toujours de la Sonate en ut de la différence de milieu. La mère dièse mineur [n°14] ! En vérité, j’ai écrit de la jeune femme envoya, bien des choses bien meilleures comme imprudemment, un cadeau au maître la Sonate en fa dièse majeur [n°24]. – une bourse remplie d’argent – ce C’est autre chose ! » aurait déclaré le qui le mit en rage. S’estimant humilié compositeur à Carl Czerny. La Sonate [« il me semble que vous cherchez pour piano en ut dièse mineur op.27 à m’humilier en voulant me montrer n°2 dite “Clair de lune” ne prit son que vous préférez me voir votre surnom (“Mondschein-Sonate”) qu’en débiteur » écrivit-il à la mère de la 1852 ! Un essai littéraire de Wilhelm jeune fille], Beethoven rompit aussitôt von Lenz en attribua l’idée au poète et dédia toutefois la sonate à la jeune 5
comtesse… Afin de lui prouver son de la pédale. L’indication précise indéfectible attachement ! sur le manuscrit est révélatrice : « Si deve Suonare tutto questo Si l’on en croit le compositeur, les pezzo delicatissimamente e senza expressions de la Sonate s’analysent, sordino ». L’ostinato fluide, la nuance selon Beethoven, de la manière que double piano, l’emploi du registre l’on veut et « l’on y trouvera le contenu grave du clavier, tout cela évoque le que l’on y attend ». Sa préoccupation souvenir de quelque prélude de Bach. était avant tout liée au langage musical et non pas à la traduction sonore d’une Après cette sorte de marche rêveuse passion outragée. Cet idéal artistique que notre connaissance indiscrète se traduit par un premier mouvement de la liaison du compositeur pourrait lent, ce qui est relativement inhabituel qualifier de « funèbre », l’Allegretto dans une sonate. suivi d’un Trio parait d’autant plus surprenant, qu’il prend la place d’un En découvrant les premières mouvement lent. Il est “Attaca subito mesures du manuscrit, le lecteur est il seguente” et rompt avec l’idée bouleversé. Non pas tant par l’énergie de solitude amère affirmée dans de l’écriture si intensément raturée, l’adagio. Cette danse légère qui tient mais par la puissance du doute à la fois du scherzo et du menuet qui anime les premières mesures. joue sur de brèves accélérations. Elle Comment concevoir le principe d’une n’est en rien anodine car le rythme si longue mélodie ainsi exposée sans essentiellement syncopé dissimule rupture aucune, sans forme musicale à peine les dissonances d’un pas précise ? L’Adagio sostenuto en ut claudicant. Elle prépare au finale. dièse mineur demeure, à juste titre, l’une des pages les plus célèbres Celui-ci, Presto agitato (sur le de Beethoven. Son interprétation fait manuscrit, Beethoven souligne le appel à un dosage des plus délicats terme) est en ut dièse mineur. La 6
plume encrée semble percuter le l’acte. papier avec une rage jubilatoire tant les notes sont à peine reconnaissables ! Les trois sonates pour piano qui La durée du mouvement est égale composent l’opus 31 appartiennent à aux deux parties précédentes. la période de la Deuxième Symphonie L’emploi rigoureux de la pédale et du Troisième Concerto pour piano. assure une ampleur considérable L’éditeur Suisse Nägeli fut à l’origine aux traits ascendants ponctués de cette série de partitions destinées d’accords sforzando. Pour autant, à valoriser son catalogue intitulé “Le le flot du premier des trois thèmes Répertoire des clavecinistes”. Les est contenu par l’agitation d’une pièces que l’éditeur présente sont seconde idée musicale d’une veine dédiées à la pédagogie. Il prend lyrique. Le troisième thème possède d’ailleurs des libertés avec les auteurs un caractère d’urgence encore plus au point qu’il réalise des modifications marqué. Il s’exprime par les motifs dans les sonates que Beethoven lui répétés à l’envi et un chant concentré envoie, ce qui provoque une réaction dans les parties hautes du clavier. violente du compositeur. Au cours de l’année 1802, Beethoven Les trois opus sont liés entre évoque dans plusieurs lettres, une eux par une volonté d’explorer le surdité - due à une forme de syphilis matériau de la sonate, mais aussi les doublée d’une otosclérose - qui se capacités dynamiques et expressives développe de façon rapide. Les de l’instrument, le pianoforte. La premiers symptômes sont apparus en virtuosité de la Première Sonate et 1796. Au cours de l’été 1802, il rédige sa puissance lyrique font penser à à Heiligenstadt, non loin de Vienne, l’univers de l’opéra ou de l’orchestre. un testament. L’idée du suicide le La Seconde Sonate en ré mineur hante et seule sa production musicale est parfois dénommée « Recitativ- incessante l’empêche de passer à 7
Sonate » en raison de son accord Le mouvement lent, Adagio s’ouvre arpégé qui est une sorte de clin d’œil sur le même principe de l’accord à l’accompagnement d’un récitatif arpégé. Là encore, ce sont les phrases d’opéra. Plus souvent encore, elle antagonistes qui s’attirent. De brèves est appelée « La Tempête », surnom formules rythmiques s’opposent à la qui lui fut donné par Anton Schindler, délicatesse d’une mélodie qui s’étire. chroniqueur du compositeur. Le La sérénité et l’angoisse se combinent premier mouvement Largo puis de la manière la plus originale qui soit. Allegro s’ouvre dans un climat étrange. Le développement est si Le final, un Allegretto au tempo habilement construit qu’il provoque un contenu se construit sur un petit motif sentiment d’inquiétude entre la basse modulé et travaillé en tous sens. Carl qui ne cesse de “questionner” et la Czerny évoqua l’image d’un cheval violence expressive et “affirmatoire” au galop passant sous la fenêtre de de la main droite. Toute la tension de la maison de Beethoven. L’impression l’œuvre repose sur ce conflit “question d’un perpetuum mobile domine de / réponse” - une « question demeurée bout en bout, comme pressentant le sans réponse » pour reprendre le titre fameux lied Gretchen am Spinnrade de l’œuvre de l’Américain Charles (Marguerite au rouet) que Schubert Ives, The Unanswered Question – et composa en 1814. L’humour n’est pas sur le principe de l’opposition et de absent de cette page qui révèle une la complémentarité, entre explosions volonté irréductible, l’un des traits de “orchestrales” et silences. Le caractère du compositeur. mouvement mérite d’autant plus une Stéphane Friédérich interprétation d’une parfaite clarté - pour ne pas dire « diction » - jusque dans l’accord conclusif pianissimo, en ré mineur. 8
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Anne Le Bozec (Directrice Artistique) et Dominique Merlet 10
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"Music gives the idea of space" the fortepiano, which reigned without My Heart Laid Bare. Intimate Journals (1887) competition at that time, undergoes Charles Baudelaire. a prodigious revolution. The musical form is also freed by increasing 1800-1801. It is the time that saw the scope of the keyboard and the the composition of the ballet The dynamics of the instrument. Yet it is Creatures of Prometheus (op.43), only a tool at the service of musical a spectacle drawing on mythology, thought. with elements implicitly demanding the advent of a Humanity freed from Sonata in E flat major op.27 no. 1 despotism. The slow and almost belongs to this universe in continual mysterious introduction of the ballet’s metamorphosis. Moreover, the overture provokes astonishing score seems carried by the spirit harmonic friction between the strings of improvisation. Today, it seems and the woodwinds. A curious score inconceivable within the repertoire in a curious form, in truth it serves of learned music because we have Ludwig van Beethoven’s (1770-1927) lost the use of it, yet it was one of the obsessive quest for a new language, foundations of musical art until the to the point that he transposes it in first half of the nineteenth century. all his works. They feed into each Beethoven was an extraordinary one another. In fact, writing on the pianist and improviser, as implicitly piano is unthinkable without other the suggested by the subtitle of his repertoires. And vice versa. Thirteenth Sonata: «Sonata quasi una fantasia». Fantasieren means This sound experiment confuses to improvise and the qualifier quasi the ears of the Viennese public. (almost) moderates the enthusiasm Transposed to the piano keys, this of the performer, to the point that one «strangeness» asserts itself with all wonders whether the title «Fantasia the more vigour as the construction of quasi una Sonata» would not have 13
been more appropriate. It is up to the primo (Andante). Tirelessly, the sound performer, therefore, to find their own of the keys moves towards the higher path and reconnect with this Phantasie register of the instrument. - the imaginary - and indeed we all know what went on to happen to it with The low E signalled by an “Attaca” Schumann’s quill a few years later. triggers the sequence linking to the Here, the pillars of the Beethovenian brief Allegro molto e vivace in C heritage are found not far from Bach’s minor. The theme disintegrates in the Fantasia in G minor and Mozart’s momentum of this scherzo, sometimes Fantasia in D minor . The prodigious playing arpeggios, sometimes with exploitation of contrasts, changes writing in syncopation for both hands. of tempi, the staging of harmonic Continuing the same principle, the instability: all of this contributes to the third movement begins “Attaca subito thematic decomposition of the sonata l’Adagio”. In third position, which according to the Viennese. The theme is daring to say the least, the slow is no longer nourished by a melody but movement sets off con espressione. by a tempo and a key. Silence itself, It is almost as short as the scherzo. so essential in Beethoven, contributes There is a kind of elegy in a to the theatre of a new world of sound. continuous breath, as if suspended by Within the Sonata in E flat major, the rhythmic beating of the left hand. the sequence of movements adds to The singing breaks off pianissimo... It this loss of reference points. Indeed, is up in the air. the introductoryAndante combines The finale, “Attaca subito Allegro a theme and variations that are not vivace”, the most imposing of the recognised as such. A balancing four movements, unfolds with joyful act takes place between movement freedom, as if the three preceding and immobility, affirmation and parts had only been the preparatory questioning: Andante , Allegro, tempo 14
effort for its revelation. The fugitive took hold all the more easily as the character of the structure returns previous sonata had already been once again to the spirit of baroque called “Sonata quasi una Fantasia”. fantasy. The motifs overlap and adorn the refined structure of the building. Composed in 1801, the Sonata in C It is a repetitive, obsessive beating sharp minor was inspired in part by of sixteenth notes, causing the the composer’s passion for Countess sonorous cathedral vibrate when the Giulietta Guicciardi, one of his pupils, Adagio con espressionne makes an connected to the Brunsvik family. astonishing reappearance. It emerges Aged 31, Beethoven was less aware from a sober material and concludes of the difference in age - the young with two ffchords. girl was fifteen years his junior - than of their differences in background. “We are still talking about the Sonata The mother of the young woman very in C sharp minor [no. 14]! In truth, I recklessly sent a gift to the maestro wrote much better things, such as the - a purse full of money - which Sonata in F sharp major [no. 24]. It is infuriated him. Considering himself something else! “ the composer would humiliated [“it seems to me that you have declared to Carl Czerny. The are trying to humiliate me by wanting Piano Sonata in C sharp minor, Op.27 to show me that you prefer to see me no. 2 known as “Clair de lune” only as your debtor” he wrote to the young acquired its nickname (“Mondschein- girl’s mother], Beethoven immediately Sonate”) in 1852! A literary essay by broke it off but nonetheless dedicated Wilhelm von Lenz attributed the idea the sonata to the young countess... as to the poet Ludwig Rellstab (1799- proof of his unwavering attachment to 1860). Although Beethoven also her! called this piece “Sonata quasi una Fantasia”, nineteenth century writers If we are to believe the composer, seized upon the romantic title. It according to Beethoven the 15
expressions of the Sonata can be senza sordino”. The fluid ostinato, the analysed however anyone wants, double piano nuance, the use of the and “one will find the content that one low register of the keyboard: all this expects there”. His preoccupation evokes the memory of a prelude by was above all linked to musical Bach. language and not to the translation of an outraged passion into sound. After this sort of dreamy walk This artistic ideal results in a slow first that our indiscreet knowledge of movement, which is relatively unusual the composer’s connection could in a sonata. qualify as “funereal”, theAllegretto followed by a Trio seems all the Upon discovering the first bars more surprising, as it takes the place of the manuscript, the reader is of a slow movement. It is “Attaca overwhelmed, not so much by the subito il seguente” and breaks with energy of the writing, which is so the idea of bitter solitude affirmed in intensely crossed out, but by the the adagio. This light dance, which power of the doubt that animates is both scherzo and minuet, plays the first bars. How can we conceive on brief accelerations. It is by no of the principle of such a long means insignificant as the essentially melody laid out in this way without syncopated rhythm barely conceals any break, without precise musical the dissonances with a limping step. It form? Adagio sostenuto in C sharp sets the stage for the finale. minor remains one of Beethoven’s most famous sheets, and rightly This one, Presto agitato (Beethoven so. Its interpretation calls for a underlines the term on the very delicate use of the pedal. The manuscript), is in C sharp minor. precise indication in the manuscript The inked nib seems to strike the is revealing : “Si deve Suonare tutto paper with jubilant rage, the notes questo pezzo delicatissimamente e are barely recognisable! The duration 16
of the movement is equal to the two Nägeli was at the origin of this series previous parts. The rigorous use of the of scores intended to enhance his pedal ensures considerable breadth, catalogue entitled «Le Répertoire with ascending lines punctuated des clavecinistes» (The Repertoire of by sforzando chords.However, the Harpsichordists). The pieces that the flow of the first of the three themes publisher presented were dedicated is contained by the agitation of a to pedagogy. He also took liberties second musical idea with a lyrical with the authors to the point that he vein. The third theme has an even made changes to the sonatas that more marked urgency. It is expressed Beethoven sent him, provoking a by the repeated patterns and a song violent reaction from the composer. concentrated in the upper parts of the keyboard. The three opuses are linked by a desire to explore the material of the sonata, During the year 1802, in several letters but also the dynamic and expressive Beethoven mentioned his deafness - capacities of the instrument, the due to a form of syphilis coupled with fortepiano. The virtuosity of the First otosclerosis - which developed rapidly. Sonata and its lyrical power evoke the The first symptoms appeared in 1796. world of opera or orchestras. In the summer of 1802, he wrote a will in Heiligenstadt, not far from Vienna. The Second Sonata in D minor The idea of suicide haunted him and is sometimes called «Recitativ- only his incessant musical production Sonate» because of its arpeggiated prevented him from acting on it. chord, which is a kind of nod to the accompaniment of an operatic The three piano sonatas that comprise recitative. More often still, it is called Opus 31 belong to the period of the «The Tempest», a nickname given to Second Symphony and the Third it by Anton Schindler, the composer’s Piano Concerto. The Swiss publisher chronicler. The first Largo then Allegro 17
movement opens up into a strange contained tempo, is built on a small atmosphere. The development is so modulated motif and worked in all skilfully constructed that it causes directions. Carl Czerny conjured up a feeling of uneasiness between the image of a galloping horse passing the bass, which never ceases to under the window of Beethoven’s «question», and the expressive and house. The impression of a perpetuum «affirmative» violence of the right mobile dominates from start to finish, hand. All the tension of the work rests as if foreshadowing the famous lied on this «question/answer» conflict - Gretchen am Spinnrade (Marguerite The Unanswered Question, to use au rouet) that Schubert composed in the title of the work by the American 1814. Humour is not absent from this Charles Ives, - and on the principle of page, which reveals an indomitable the opposition and complementarity, will, one of the composer’s between «orchestral» explosions and characteristic traits. silences. The movement deserves a performance of perfect clarity - not to Stéphane Friédérich say «diction» - up to the concluding pianissimochord in D minor. The slow Adagio movement opens on the same principle of the arpeggiated chord. Here again, antagonistic phrases attract one another. Short rhythmic formulas oppose the delicacy of a melody that stretches. Serenity and anxiety are combined in the most original way possible. The finale, an Allegretto with a 18
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BEETHOVEN Dominique MERLET Sonate en mi bémol majeur op. 27 n°1, quasi una fantasia 1. 1 - Andante – Allegro – Tempo I . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 05:23 2. 2 - Allegro molto e vivace . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 02:17 3. 3 - Adagio con espressione . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 03:02 4. 4 - Allegro vivace – Tempo I – Presto . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 06:06 Sonate en ut dièse mineur op. 27 n°2, quasi una fantasia (“Clair de lune”) 5. 1 - Adagio sostenuto . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 04:55 6. 2 - Allegretto . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 02:13 7. 3 - Presto agitato . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 08:12 Sonate en ré mineur op. 31 n°2 (“Tempête”) 8. 1 - Largo – Allegro – Largo – Allegro – Largo – Allegro – Largo – Allegro . . . . . . 08:53 9. 2 - Adagio . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 07:56 10. 3 - Allegretto . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 06:32 Durée totale 53:29 Enregistré les 10 et 11 octobre 2016 à Ivry sur Seine, au Studio 4’33’’ Direction Artistique : Anne Le Bozec Prise de son : Alain Gandolfi Préparation du piano : Pierre Malbos Texte du livret : Stéphane Friédérich Tableau de couverture, «L’Épure» : Korin - www.korin.ovipart.fr Production : Eric Rouyer / Le Palais des Dégustateurs 20
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