Biovision - Cultiver lʼégalité ! - Fondation pour un développement écologique - Biovision Foundation

 
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Biovision - Cultiver lʼégalité ! - Fondation pour un développement écologique - Biovision Foundation
Magazine n° 65, juin 2021

Biovision
Fondation pour un développement écologique

Cultiver
lʼégalité !
Renforcer le pouvoir d’action
des paysannes pour plus
de stabilité, d’écologie et une
meilleure nutrition.
Biovision - Cultiver lʼégalité ! - Fondation pour un développement écologique - Biovision Foundation
Chère lectrice, cher lecteur,                                                                                                                                                                                                                                dans la région du projet, Mvomero, afin
                                                                                                                                                                                                                                                             d’identifier la meilleure approche. Lors de la
Paysan ou paysanne ? En Suisse, les rôles                                                                                                                                                                                                                    mise en œuvre, elle et son équipe ont sans
sont trop souvent encore figés dès la forma-                                                                                                                                                                                                                 cesse écouté les retours des participant·e·s
tion : l’homme apprend à s’occuper du gros                                                                                                                                                                                                                   pour améliorer le processus et permettre à
bétail et à conduire le tracteur, la femme à                                                                                                                                                                                                                 chacun·e de contribuer de façon construc­
élever le petit bétail et à s’occuper du foyer.                                                                                                                                                                                                              tive. Par exemple, SAT a adopté comme nou­
Comme l’indique le site de l’Union suisse                                                                                                                                                                                                                    vel objectif global la transformation du lait,
des paysannes et des femmes rurales,                                                                                                                                                                                                                         qui est traditionnellement une affaire de
elles doivent « assumer la responsabilité                                                                                                                                                                                                                    femmes. Ainsi, l’argent gagné finit dans leur
des besoins et attentes des membres de la                                                                                                                                                                                                                    poche plutôt que dans celle de leur maris.
famille, des employé·e·s et des invité·e·s ».

Prisca Pfammatter, 25 ans, étudiante en
agriculture durable, est interloquée par
cette conception, comme elle nous l’a                                                                                                                                                                                                                         Renforcer les femmes
raconté lors de notre rencontre à Mont-­
Soleil dans le Jura bernois. Cette conver­
                                                                                                                                                                                                                                                              dans les projets Biovision
sation sur les rôles des genres dans l’agri-                                                                                                                                                                                                                  Les droits des femmes sont des droits
culture s’est déroulée chez une paysanne                                                                                                                                                                                                                      humains. Les femmes qui prennent des
bio très engagée de 60 ans, Ulrike Minkner                                                                                                                                                                                                                    responsabilités contribuent largement à
– à lire dès la page 8.                                                                                                                                                                                                                                       des communautés fortes. Ainsi, Biovision
                                                                                                                                                                                                                                                              demande et encourage délibérément
Dans les fermes du monde entier, les                                                                                                                                                                                                                          les initiatives et la participation de fem­
hommes ont encore souvent le dernier mot.                                                                                                                                                                                                                     mes dans ses actions de développement.
L’analyse de l’experte kenyane Jemimah                                                                                                                                                                                                                        Chaque projet vise une participation
Njuki montre que donner aux femmes                                                                                                                                                                                                Récolte fructueuse :
                                                                                                                                                                                                                              investir dans l’éducation
                                                                                                                                                                                                                                                              égale des deux sexes.
des responsabilités accrues génère des                                                                                                                                                                                       des femmes – comme ici à
potentiels énormes pour toutes et tous                                                                                                                                                                                           Towelo, en Tanzanie –        Impact
et entraîne une meilleure gestion globale                                                                                                                                                                                      est doublement payant.         Dans le projet « Abeilles pour les jeunes
des exploitations.                                                                                                                                                                                                                                            entreprises » à Dehana, en Éthiopie, une
                                                                                                                                                                                                                                                              soixantaine d’apicultrices gagnent main­
Mais quand des femmes prennent le gou­                                                                                                                                                                                                                        tenant leur propre revenu, alors que dans
vernail, que se passe-t-il ? Et que faut-il
pour que cela arrive ? Loredana Sorg,
co-responsable des projets de développe-
                                                  Tout repose sur elles                                                                                     membres du ménage. Les conclusions pré­
                                                                                                                                                            liminaires montrent cependant que la réalité
                                                                                                                                                            est complexe. Même si Biovision accorde
                                                                                                                                                                                                            locale et de rechercher des solutions adé­
                                                                                                                                                                                                            quates en coopération avec les communau­
                                                                                                                                                                                                            tés. Biovision investit donc des ressources
                                                                                                                                                                                                                                                              l’avant-projet jusqu’en 2017, pratique­
                                                                                                                                                                                                                                                              ment aucune femme ne s’était inscrite à
                                                                                                                                                                                                                                                              la formation. À Vihiga, au Kenya, dans
ment chez Biovision, vous l’explique dans         Biovision encourage systématiquement l’inclusion et la participation                                      aux femmes et aux hommes un accès égal          financières, des réflexions et du temps pour      le cadre du projet de notre partenaire
notre article de couverture.                                                                                                                                                                                                                                  Bioversity International soutenu par
                                                  des femmes dans ses projets. Lorsque leur rôle se renforce, toute la                                      aux formations, ce n’est pas pour autant que    planifier, réaliser et évaluer ses interven­
                                                  communauté en profite.                                                                                    ces opportunités sont utilisées de manière      tions développées en lien avec les femmes.        Biovision, 14 000 femmes ont reçu des
Nous vous souhaitons une lecture éclairante.                                                                                                                égale. Les femmes travaillent souvent plus      Les expériences positives de nos projets          conseils pour une alimentation équili­
                                                  Par Loredana Sorg, Biovision (texte) et Peter Lüthi, Biovision (photos)                                   d’heures et gagnent moins. Elles ont moins      montrent que c’est payant.                        brée qui profitent à toute leur famille.
                                                                                                                                                            de choix, moins de ressources et font face à
                                                                                                                                                            diverses formes de discrimination.              Pendo enseigne désormais à son mari               Découvrez d’autres projets Biovision
                                                  Imaginez : vous êtes une agricultrice tan­              pour suivre un cours pour la première fois de                                                     Pendo Ndemo, une bergère masaï, osait à           renforçant le rôle des femmes :
                                                  zanienne avec 1,5 hectare de terrain, cinq              votre vie ? Et même si vous osez… qui veil­       Et pourtant, notre expérience des projets       peine dire un mot lors de la première réu­        www.biovision.ch/fr/femmesenfocus
                                                  enfants, quelques poulets, un homme qui                 lera sur vos trois bambins, cuisinera pour        complétée par des études scientifiques ne       nion de son mouvement Nameloki (« Bonne
                                                  travaille la semaine en ville, une belle-mère           tout le monde le soir, ira chercher l’eau et le   cessent de démontrer que le renforcement        chance »). Depuis lors, après avoir participé     Objectifs de développement
                                                  malade à la maison et aucune économie.                  bois, s’occupera de la belle-mère et du pota­     et l’autonomisation des femmes ont un effet     à nos projets et avec le soutien de notre         durable de l’ONU
                                                  Vous parvenez à lire les choses importantes,            ger pendant la journée ?                          favorable sur la santé des familles et des      partenaire Sustainable Agriculture Tanza­         En s’engageant pour l’égalité des droits
               Florian Blumer
                                                  mais vous avez du mal à écrire. Et main­                                                                  communautés – avant tout en matière de          nia (SAT), elle a fondé son propre groupe         et des chances pour tous les genres,
             Rédacteur, Biovision
                                                  tenant, vous entendez parler chez votre voi­            Elles travaillent plus longtemps                  ­nutrition et, au sens figuré, en matière de    dans lequel, entre autres, elle explique à son    Biovision contribue aux objectifs sui­
                                                  sine d’un cours gratuit sur l’apiculture mo­            et gagnent moins                                   stabilité et de résilience des familles. In­   mari la gestion durable des pâturages. Et         vants de l’Agenda 2030 des Nations
                                                  derne, qui aura lieu la semaine prochaine.              Biovision s’engage pour l’égalité des chances      vestir dans les femmes est le moyen le plus    dans le village voisin, elle donne des cours      Unies :
                                                  La vente de produits à base de miel et de               et l’amélioration des conditions de vie des        ­efficace d’améliorer la vie de chacun·e.      de ­maraîchage à un groupe masaï.
                                                  cire est clairement destinée à fournir un               familles paysannes. Dans nos projets, nous
                                                  ­revenu supplémentaire à chacun·e.                      nous efforçons d’obtenir la participation la      Ceci dit, il n’y a évidemment pas qu’un seul    Un tel succès ne tombe pas du ciel. Janet
                                                                                                          plus égalitaire possible des femmes et des        type de paysanne africaine, ni de recette       Maro, l’infatigable directrice de SAT, a passé
                                                  Vous y allez ? Auriez-vous le courage de re­            filles, ainsi qu’une alimentation plus saine      universelle pour parvenir à l’égalité. Il est   de longs moments à échanger des idées avec
                                                  joindre un groupe d’hommes mieux formés                 et des hausses de revenus pour tous les           indispensable de s’imprégner de la situation    tous les membres de la communauté masaï

2                                                                                                                                                                                                                                                                                                             3
Biovision - Cultiver lʼégalité ! - Fondation pour un développement écologique - Biovision Foundation
Chercher – et trouver – des solutions            Désormais, nombre de paysannes ont leur
                                                                         non conventionnelles                             propre budget ménage, alors qu’auparavant,
                                                                         À Dehana, en Éthiopie, Biovision et l’équipe     elles étaient complètement dépendantes de
                                                                         de projet de notre partenaire icipe pour­        l’argent de leur mari.
                                                                         suivent depuis le début un objectif : former
                                                                         au moins la moitié des jeunes femmes parmi       Directrices et chercheuses : des modèles
                                                                         les jeunes entrepreneur·euses en apiculture.     Des hommes émancipés et des femmes in­
                                                                         Mais au début les défis étaient de taille.       trépides apportent beaucoup aux commu­
                                                                         Les femmes ne reçoivent pratiquement au­         nautés villageoises, mais aussi au niveau
                                                                         cun microcrédit et ne sont pas autorisées        de la gestion des projets. La directrice de
                                                                         à garder les ruches la nuit à l’extérieur des    SAT, Janet Maro, inspire nombre de jeunes
                                                                         habitations. Parfois, lorsqu’elles se marient,   femmes occupant toutes sortes de posi­          « Grâce à une coopéra­
                                                                         elles quittent du jour au lendemain leur vil­    tions à prendre leur destin en main et à        tion quotidienne,
                                                                         lage et donc le groupe apicole.                  se développer professionnellement. Des
                                                                                                                          universitaires comme la chercheuse nutri­       les femmes ont développé
                                                                         Mais cela peut fonctionner, comme le prouve      tionniste belge Céline Termote, qui a contri­   leur confiance en elles-
                                                                         l’histoire de Birhanie Asmamaw. Mère d’un        bué à mettre en place à Vihiga le projet de     mêmes – aujourd’hui,
                                                                         garçon et d’une petite fille, elle est tréso­    Bio­versity International Kenya, sont aussi
                                                                         rière de la start-up « Azmeraw Debesaw &         des modèles et des pionnières inspirantes       elles travaillent comme
                                                                         Friends » fondée en 2017. Les jeunes femmes      de l’égalité des chances entre hommes et        formatrices et sont
                                             Le plus de l’aloe vera :
                                                                         de son village ne peuvent pas passer la nuit
                                                                         loin de chez elles, notamment à cause de
                                                                                                                          femmes.
                                                                                                                                                                          des modèles pour leur
                                            la culture de cette plante
                                                médicinale augmente      risques pour leur sécurité. Elle a donc dû       Autre exemple, la Kenyane Lilian Aluso,         communauté. »
                                         le revenu des femmes dans       trouver avec ses collègues et l’équipe du        collaboratrice de Bioversity International,     Lilian Aluso
                                               les collines de Shimba    projet une solution créative pour installer      qui a mené des efforts inlassables durant       Collaboratrice de projet chez Bioversity
                                                             au Kenya.   ses ruches. Généralement, celles-ci sont         l’épreuve de la pandémie pour créer une         International Kenya
                                                                         situées loin du village à proximité d’une        banque publique de semences. Dans ce pro­
                                                                         source. L’apicultrice de 31 ans a placé, elle,   jet, femmes et hommes travaillent ensemble
                                                                         ses abeilles juste derrière sa hutte de pisé –   pour reproduire et stocker des graines à
                                                                         mais elle doit prendre un soin particulier       haut rendement, adaptées localement, afin
                                                                         des colonies pour ne pas déranger les fa­        de réduire la dépendance aux entreprises
                                                                         milles voisines.                                 agro-industrielles.

                                                                         Dans un autre contexte, les villageoises         Bien entendu, le fait que l’accent soit mis
                                                                         d’Itumbu ont pour leur part été rapidement       sur les femmes ne signifie pas que les
                                                                         impliquées dans notre projet semencier du        hommes sont laissés pour compte. Ils béné­
                                                                         comté de Vihiga, au Kenya. La collaboration      ficient également du renforcement des rôles
                                                                         entre notre partenaire « Alliance of Biover­     des femmes, car les sociétés fonctionnent
                                                                         sity International and CIAT » et les com­        mieux avec des femmes capables de partici­
                                                                         munautés locales s’est constituée autour         per pleinement aux activités économiques.
                                                                         de conseils nutritionnels pour les jeunes        La clé d’une agriculture plus durable, d’une
                                                                         mères. Les femmes ont ainsi constitué dès        sécurité alimentaire accrue et de meilleures
                                                                         le départ la majorité des participant·es aux     conditions de vie passe par l’inclusion de      « Le fait que je puisse
                                                                         cours reproduire comment cultiver de ma­         toutes les personnes de tous les âges et        acheter des chèvres avec
                                                                         nière rentable une plus grande diversité de      de tous les sexes. Biovision s’engage ainsi
                                                                         légumes traditionnels. Elles ont ainsi acquis    à faire en sorte qu’à l’avenir, une paysanne    mes économies a motivé
                                                                         une meilleure position dans la communauté,       tanzanienne mère célibataire puisse égale­      mes voisines à faire
                                                                         ce qui leur donne aussi une voix plus forte      ment participer aux cours d’apiculture.         de même. Elles m’ont
                                                                         sur d’autres questions, comme le budget du
                                                                         ménage.                                          Découvrez d’autres projets Biovision renfor­    demandé de partager
                                                                                                                          çant le rôle des femmes :                       les connaissances
                                                                         Un grand nombre de femmes impliquées ont
                                                                         raconté après la première phase projet de
                                                                                                                          www.biovision.ch/fr/femmesenfocus
                                                                                                                                                                          acquises en formation.
                                              Le lait rend plus fort :
                                                                         trois ans qu’elles ont non seulement obtenu                                                      J’ai donc fondé mon
      Son propre argent !                 la promotion de l’élevage      de meilleurs rendements avec leurs pota­                                                         propre groupe masaï. »
      Mary Kameun avec son premier         laitier à Lubungo-Mingo,      gers, mais qu’elles sont surtout aussi mieux
      revenu de la production de miel.       Tanzanie, bénéficie aux     respectées par leurs maris, frères et pères.                                                     Pendo Ndemo
      Lomut, Kenya.                                         femmes.                                                                                                       Masaï de Tanzanie
                                                                         Cela s’est traduit souvent par une réparti­
                                                                         tion plus égalitaire des rôles à la maison.

4                                                                                                                                                                                                                    5
Biovision - Cultiver lʼégalité ! - Fondation pour un développement écologique - Biovision Foundation
Les femmes sont la clé d’un
    système alimentaire durable
    Les travaux de recherche confirment cette évidence : pour réellement vaincre la faim et la pauvreté,
    la division rigide des rôles entre hommes et femmes doit être abattue. De la ferme à la salle à manger,
    en passant par la chaîne de transformation.
    Par Jemimah Njuki, IFPRI (texte) et Peter Lüthi, Biovision (photo)

    Que ce soit dans le domaine de la santé, de             que les hommes. On a démontré que la ré­        Les systèmes alimentaires équitables entre
    la formation, de la participation ou sur le             duction de cet écart conduisait à l’inverse     les sexes requièrent une combinaison de
    marché du travail, les filles et les femmes             à une hausse du produit intérieur brut, à       mesures : diffusion des connaissances, cadre
    restent victimes de discrimination au niveau            de meilleures récoltes et à une baisse de la    politique approprié et investissement dans
    mondial. L’inégalité des sexes est à la fois            ­pauvreté.                                      l’autonomisation des femmes de la produc­
    une cause et une conséquence de systèmes                                                                tion à la consommation. Tout est à repenser.
    alimentaires non durables avec un accès                 Rôles multiples, pouvoirs réduits               Nous ne devrions pas nous demander quelle
    ­inégal à la nourriture et aux ressources.              Il existe aujourd’hui un consensus scien­       est la contribution des femmes dans l’agri­
     Lutter contre les disparités et renforcer les          tifique sur le fait que les systèmes alimen­    culture, mais plutôt : comment les systèmes
     femmes est donc une condition pour trans­              taires doivent être transformés. Ils ne sont    alimentaires doivent-ils changer pour qu’ils
     former le système alimentaire. L’égalité doit          pas durables et ne parviennent pas à nour­      contribuent à renforcer les femmes ?
     être l’un des objectifs de ce changement.              rir l’humanité. La dernière estimation pour
                                                            2019 indique qu’avant la crise du Covid-19,
    La discrimination fondée sur le sexe et le              près de 690 millions d’êtres humains (8,9 %     Sources
    non-respect des droits des femmes font                  de la population mondiale) souffraient de
                                                                                                            CARE, 2020, Gender Equality and Women’s
    ­partie des causes principales de pauvreté              sous-alimentation chronique, auxquels se        ­Empowerment in Food Security and
     et d’insécurité alimentaire dans le monde.             sont rajoutées entre 83 et 132 millions de       Nutrition – Scoping Paper for the Committee
     ­Selon les derniers chiffres de 2019, l’insécu­        personnes durant la pandémie.                    on Food Security
      rité alimentaire était en moyenne plus forte
                                                                                                            ONU Femmes, Banque mondiale, PNUE et PNUD,
      chez les femmes que chez les hommes, et               Les femmes sont des actrices clés du sys­
                                                                                                            2015, The Cost of the Gender Gap in Agricultural
      ceci sur tous les continents.                         tème alimentaire, tout au long du cycle : en
                                                                                                            Productivity in Malawi, Tanzania, and Uganda
                                                            travaillant à la transformation, en vendant
    Les femmes s’occupent de la nourriture…                 sur les marchés, en préparant la nourriture     FAO, FIDA, PAM, OMS, UNICEF, 2020. L’état de
    et ont faim                                             des foyers. Mais elles ont aussi des fonc­      la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le
                                                                                                            monde, 2020
    Conséquence directe des systèmes patriar­               tions essentielles comme productrices, en­
    caux, les femmes et les filles sont souvent             trepreneuses, gestionnaires et consomma­
    servies en dernier lorsque la nourriture est            trices. Pourtant, leur rôle est généralement
    rare. Selon la répartition traditionnelle des           sous-évalué et restreint par l’accès limité
    tâches au sein du ménage, c’est pourtant                aux ressources – pâturages, eau, semences,
    souvent elles qui doivent cultiver, acheter             engrais, ainsi qu’aux financements et ser­
    et préparer les aliments. Cette division du             vices.
    travail fait peser un lourd fardeau sur elles,
    ce qui à son tour affecte leur santé et leur            Changer les normes, ensemble
    participation aux activités économiques.                avec les hommes                                                   Jemimah Njuki
    Les modèles traditionnels empêchent les                 Si nous voulons renforcer efficacement les                 Directrice Afrique à l’Institut
    hommes de participer aux tâches ménagères               femmes, nous devons les soutenir dans leur              international de recherche sur les
    non rémunérées – il a été démontré qu’un                rôle de décideuses et leur donner plus de                politiques alimentaires (IFPRI),
    assouplissement de ces normes conduit à                 ressources. Les normes sexistes discrimi­              experte africaine de premier plan en
                                                                                                                    matière d’égalité et d’agriculture.
    une meilleure nutrition pour toute la famille.          natoires doivent être abordées, en concer­
                                                            tation avec les hommes et les garçons, à
    L’inégalité entre les sexes limite et inhibe la         tous les niveaux du système alimentaire.
    productivité et l’efficacité des exploitations,         Il s’agit d’examiner le problème de l’inter­
    ce qui entrave le développement. En règle               sectionnalité, c’est-à-dire que les femmes                                                             Une affaire de femmes ?
    générale, les femmes consacrent une plus                peuvent d ­ iscriminées sur plusieurs plans,                                                         Si les tâches étaient mieux
    grande partie de leurs moyens à l’alimenta­             par exemple en raison de leur sexe et de leur                                                          réparties dans les foyers,
    tion des enfants, à la santé et à l’éducation           identité autochtone.                                                                                 plus équitablement, tout le
                                                                                                                                                                     monde en bénéficierait.
6
Biovision - Cultiver lʼégalité ! - Fondation pour un développement écologique - Biovision Foundation
Réunion intergénérationnelle :
                                                                                                                                    Prisca Pfammatter (à gauche)
                                                                                                                                rencontre Ulrike Minkner (à droite)
                                                                                                                                   dans sa ferme sur le Mont-Soleil
                                                                                                                                              dans le Jura bernois.
                                                                                                                                                                      UM : Depuis la mort de mon mari il y a quatre      Par où faut-il commencer pour aller                   Commentaire
                                                                                                                                                                      ans, j’ai tout fait. À l’intérieur comme à         vers plus d’égalité et plus d’écologie
                                                                                                                                                                      ­l’extérieur. Cela m’a valu beaucoup d’estime      dans l’agriculture ?                                  Patriarcat tenace
                                                                                                                                                                       de la part de mes voisin·es. En revanche,                                                               Biovision renforce consciemment le rôle
                                                                                                                                                                       lorsqu’un homme travaille non seulement           PP : Manger a toujours joué un rôle central           des femmes dans ses projets en Afrique –
                                                                                                                                                                       dehors mais aussi dans la maison, il ne           dans la société. Le monde et nous-mêmes               car bien souvent, elles sont la clé d’une
                                                                                                                                                                       sent pas tellement valorisé, car ce travail       sommes façonnés par la nourriture. Mais               alimentation plus sûre et plus saine pour
                                                                                                                                                                       est moins visible et ne rapporte rien finan­      ­aujourd’hui, ça ne nous appartient plus.             toute la communauté. Cela vaut égale-
                                                                                                                                                                       cièrement.                                         C’est l’affaire des grandes firmes. Il faut          ment en Suisse. Dans ce pays également,
                                                                                                                                                                                                                          donc avoir plus de terres appartenant à des          une plus grande participation féminine
                                                                                                                                                                      PP : Ça commence déjà à la forma­tion.              associations ou communautés – et cogérées            mènerait à des entreprises plus stables
                                                                                                                                                                      ­Encore aujourd’hui, dans l’apprentissage           par des femmes aussi.                                économiquement, à plus d’innovation,
                                                                                                                                                                       du paysan, on enseigne les activités dans les                                                           à plus de proximité avec les client·e·s.
                                                                                                                                                                       champs et dans l’étable, et dans l’appren­        UM : Pour moi, il n’y a pas UNE solution.             Elle mènerait aussi, comme le montre
                                                                                                                                                                       tissage de paysanne, on met ­l’accent sur la      Il devrait y avoir des coopératives et des            l’inspiration féminine de l’agriculture
                                                                                                                                                                       conduite du ménage agricole.                      ­collectifs qui cultivent la terre, mais aussi        biologique, à plus d’écologie.
                                                                                                                                                                                                                          des petites et des grandes exploitations de
                                                                                                                                                                      UM : Pour moi, ça a toujours été clair. Seul        paysannes et de paysans.                             Heureusement, de plus en plus de jeunes
                                                                                                                                                                      un partenaire qui sait cuisiner et participer                                                            femmes prennent des responsabilités
                                                                                                                                                                      au ménage peut entrer en ligne de compte.          PP : Et aussi des fermes traditionnelles,             et exigent leur propre salaire ou un statut
                                                                                                                                                                      En fait, nous sommes arrivés ici très naïve­       des entreprises familiales…                           de co-directrice. C’est urgent : 94 % des
                                                                                                                                                                      ment depuis la ville. Mais je dois dire qu’à la                                                          exploitations suisses sont toujours
                                                                                                                                                                      fin, j’ai fait plus de travaux ménagers et que     UM : … oui, on est toujours dans le classique.        détenues par des hommes ; les deux tiers
                                                                                                                                                                      Kurt a plus conduit le tracteur ! (rires)          Et c’est un beau mode de vie. Pour moi, la            des agricultrices ne reçoivent aucun

      « À la ferme, j’ai cultivé une
                                                                                                                                                                                                                         diversité est importante. Mais surtout en             salaire et donc aucune sécurité sociale.
                                                                                                                                                                      Pourquoi ?                                         temps de crise comme maintenant, on voit
                                                                                                                                                                                                                         clairement qu’il vaut mieux construire un             De telles conditions seraient un scandale

      identité masculine »
                                                                                                                                                                      UM : J’ai remarqué que conduire un tracteur        réseau et ne pas rester seul dans une petite          dans n’importe quelle autre branche.
                                                                                                                                                                      n’est pas si génial. Alors que j’ai adoré          unité père-mère-enfants.                              Mais dans la politique agricole suisse, les
                                                                                                                                                                      m’occuper des vaches. J’ai aussi fait du                                                                 structures patriarcales ne sont évoquées
                                                                                                                                                                      fromage un certain temps. Couper du bois                                                                 qu’avec hésitation. La politique agricole
      Deux femmes, deux générations, deux mondes. Ulrike Minkner est agricultrice bio à Mont-Soleil dans                                                              n’était pas mon truc non plus. Mais en réali­      Prisca Pfammatter (25 ans)                            22+, qui aurait renforcé la position des
      le Jura bernois depuis 20 ans. Prisca Pfammatter rédige actuellement son mémoire de master en                                                                   té, c’est plutôt un luxe de pouvoir parler de      Originaire de Lugano et de Bâle, elle a étudié        paysannes, vient d’être mise en veilleuse
      agriculture durable. Leur discussion animée chez Ulrike Minkner aboutit à une conclusion commune :                                                              ce que vous aimez faire et de ce que vous          l’agriculture durable à l’Université de Wageningen,   par le Parlement.
      l’agriculture suisse doit devenir plus féminine.                                                                                                                aimez moins. De nombreux couples paysans           aux Pays-Bas. Elle a rédigé son mémoire de master
                                                                                                                                                                      marchent sur un tapis roulant dont ils ne          sur la répartition des rôles dans les exploitations
      Interview : Florian Blumer, Biovision (texte et photo)                                                                                                                                                                                                                   Il est urgent que le thème de l’égalité soit
                                                                                                                                                                      peuvent pas sortir : ils ont des dettes jusqu’au   qui ne sont pas codirigées par un couple.
                                                                                                                                                                                                                                                                               inclus dans la formation et que le profil
                                                                                                                                                                      plafond, mais ils continuent comme avant           Elle a suivi un stage pratique chez Pro Natura
                                                                                                                                                                                                                         dans le domaine de la politique agricole et
                                                                                                                                                                                                                                                                               professionnel des agricultrices soit revu
                                                                                                                                                                      parce qu’ils arrivent encore tout juste à s’en                                                           de fond en comble. La voie vers une
                                                                                                                                                                                                                         participe au projet de Parlement de l’alimentation,
      Ulrike Minkner, est-ce que « paysan » va                 surtout, on garde l’image de l’homme fort        UM : J’ai constaté que la production d­ evient        sortir au quotidien.                                                                                     agri­culture écologique, sociale et donc
                                                                                                                                                                                                                         dans lequel Biovision est également impliquée.
      rester un travail d’homme en 2021 ?                      qui domine la nature avec son gros tracteur.     plus écologique quand il y a plus de gens qui                                                                                                                  durable passe par l’émancipation des
                                                               Dans le mouvement du développement du­           ont leur mot à dire : dans des fermes coopé­                                                                                                                   femmes. En Suisse comme en Afrique.
      Ulrike Minkner (UM) : Oui. L’accès à une                 rable, je vois plus de féminité, même au         ratives ou des fermes multigénérationnelles.
                                                                                                                                                                                                                         Ulrike Minkner (60 ans)
      exploitation est encore difficile pour une               sein du modèle typique : en tant que femme,      Ça rend les choses plus compliquées, mais
                                                                                                                                                                                                                         est agricultrice biologique depuis 2000 sur
      femme. La plupart du temps, elle se « marie              je prends soin de la nature, je travaille avec   on discute davantage sur la manière de pro­
                                                                                                                                                                                                                         une ferme de 11 hectares avec élevage de bétail
      à la ferme » d’un homme. Mais aujourd’hui,               elle, pas contre elle.                           céder : comment produire meilleur marché,
      ces femmes se posent des questions : quelles                                                              plus ­efficacement, plus écologiquement.                Pour l’égalité des chances :                     à Mont-Soleil (Jura bernois). Elle a conduit
                                                                                                                                                                                                                         l’exploitation avec son mari pendant 17 ans –
      tâches est-ce que j’assume, quelle est ma                Avec la nature plutôt que contre la                                                                      passez à l’action !                              tous deux sont originaires de Bâle. Depuis la mort
      responsabilité, est-ce que je serai coproprié­           ­nature, c’est aussi un principe de base         Quelles sont vos expériences                                                                             de son mari, elle la dirige seule. À côté de ses
      taire ? Pour ma génération, c’était encore un             chez Biovision. Diriez-vous que si              personnelles de femmes à la ferme ?                     Vous souhaitez vous engager pour plus            activités agricoles, cette enseignante de formation
      tabou.                                                    ­davantage de fermes étaient dirigées                                                                   d’égalité entre les sexes ? Notre spécia­        a été plusieurs années vice-présidente et membre
                                                                 par des femmes, nous aurions une agri-         PP : Quand je travaillais dans une ferme,               liste des questions de genre Loredana            de la direction du syndicat paysan Uniterre,                             Maya Graf
      Prisca Pfammatter, « paysan » est-ce                       culture plus durable ?                         j’ai développé assez rapidement une sorte               Sorg, co-responsable des projets de dé­          pour lequel elle travaille maintenant comme                       Conseillère aux États BL,
                                                                                                                                                                        veloppement, a rassemblé des conseils            secrétaire.                                                     active en politique agricole,
      un travail d’homme ?                                                                                      d’identité masculine, je m’habillais plu­
                                                                                                                                                                                                                                                                                            membre du Conseil de
                                                               PP : Je pense que ce sont les attributs men­     tôt comme un homme pour moins attirer                   et des suggestions applicables dans la
                                                                                                                                                                                                                                                                                           fondation de Biovision.
      Prisca Pfammatter (PP) : Oui et non. Les                 tionnés, qualifiés de féminins, qui mènent à     l’attention sur moi. Si j’étais arrivée avec un         vie quotidienne, ainsi que d’autres liens.
      femmes ont toujours travaillé dans l’agri­               une agriculture plus durable. Il serait sou­     pantalon rose, je n’aurais pas trop été prise                                                            Consultez cette interview en format plus
      culture, à l’intérieur comme à l’extérieur.              haitable que cette image change pour que         au sérieux.                                             www.biovision.ch/egalite                         long et avec plus de photographies :
      Mais dans l’agriculture conventionnelle                  les hommes les adoptent de plus en plus.                                                                                                                  www.biovision.ch/mont-soleil-fr

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Biovision - Cultiver lʼégalité ! - Fondation pour un développement écologique - Biovision Foundation
Actualités Biovision                                                                               Sommet sur les systèmes
                                                                                                        alimentaires de l’ONU
     Dernières nouvelles de nos projets de sensibilisation,
     de développement et de plaidoyer, en Suisse et à l’international.                                  Les systèmes alimentaires doivent de
                                                                                                        toute urgence devenir plus sains, plus
                                                                                                        durables et plus équitables pour ac­
                                                                                                        croître la résilience au changement
                                                                                                        climatique, protéger la biodiversité et
                                                                                                        maintenir notre santé. Au Sommet sur
                                                                                                        les systèmes alimentaires de l’ONU,                                                                                                                                                   Julia Sackers
                                                                                                        en septembre prochain, de nouvelles                                                                                                                                  Développeuse de produits chez
                                                                                                                                                                                                                                                                                    « The Green Mountain »
                                                                                                        ­mesures courageuses pour atteindre ces
                                                                                                         objectifs seront discutées. Malgré les
                                                                                                         controverses autour de ce Sommet, Bio­                                                                                                           « Dans la mesure du
                                                                                                         vision envisage sa participation comme                                                                                                           possible, nous utilisons des
                                                                                                         une excellente occasion d’influencer
                                                                                                         les schémas de pensée, les stratégies,
                                                                                                                                                                                                                                                          produits bio régionaux »
                                                                                                         les investissements et les pratiques de
                                                                                                         production alimentaire. Dans son rôle
                                                                                                         de conseiller, Frank Eyhorn, directeur
                                                                                                                                                             Jus de betterave plutôt                                                                      « The Green Mountain » produit ses
                                                                                                                                                                                                                                                          burgers végétaux à Landquart (GR). Elle

                                                                                                                                                             que sang de bœuf
                                                                                                                                                                                                                                                          déclare transformer autant que possible
                                                                                                         de Biovision, montrera avec nos alliés                                                                                                           des matières premières suisses issues de
                                                                                                         que le changement est possible si on                                                                                                             l’agriculture biologique. Cependant, leurs
                                                                                                         tient compte des intérêts de la société                                                                                                          hamburgers n’ont pas le label bio, car le
                                                                                                         civile, des consommateurs·trices, de la             Le boom des hamburgers génère aussi un grand choix de versions                               processus de fabrication des protéines
                                                                                                         science et des entreprises durables. Le             végétales. C’est clairement une alternative plus durable.                                    végétales texturées n’est pas certifié par
                                                                                                         sommet sera-t-il une étape historique                                                                                                            Bio Suisse.
                                                                                                         vers le changement de cap tant atten­               Par Maggie Haab, Biovision
                                                                                                         du ? Suivez-nous en ligne pour en savoir
      Partenaire de Biovision,                          accompagnés dès le départ. Aujourd’hui,          plus. (tca)
      SAT reçoit le One World
                                                        leur organisation, Sustainable Agricul­ture
                                                                                                                                                             Aujourd’hui, 6 % de la population suisse
                                                                                                                                                             ne consomme plus du tout de viande.
                                                                                                                                                                                                              Faits et chiffres                                                  Climat
                                                        Tanzania (SAT), dirige l’un des principaux
      Award.                                            centres de formation en agroécologie et
                                                                                                                                                             Et une personne sur cinq veut y renon-
                                                                                                                                                                                                           En Suisse, 43 % des terres arables                 Conditions
                                                                                                                                                             cer progressivement. Ces flexitarien·nes                                                        de vie satis-
                                                        en commercialisation de produits bio                                                                                                                  servent à cultiver du fourrage,                  faisantes                       Pollution
      Nos félicitations !                               d’Afrique de l’Est. « Leur passion et leur    Impressum                                              sont le groupe ciblé par les fabricants de
                                                                                                                                                                                                            contre 33 % au niveau mondial.
                                                                                                      Magazine Biovision nº 65, juin 2021, 22 e année
                                                                                                                                                             produits à base de végétaux. En 2019,
                                                        travail politique ont marqué la façon dont
      Janet Maro (au centre, en robe colorée) et
                                                        l’agriculture biologique est perçue par le    Le magazine est publié 5 fois par an. Dès 5 CHF
                                                                                                                                                             le lancement sur le marché du « Beyond         Plus de 50 % du fourrage concentré
      Alex Wostry (au centre à gauche, veste gris                                                                                                            Burger » a déclenché un boom, que les             utilisé en Suisse est importé de
                                                        gouvernement et la population en Tanza­       de don, il est inclus sous forme d'abonnement.
      foncé) se réjouissent de la reconnaissance
                                                        nie ». (fer)                                  Tirage 31 500 exemplaires (français et allemand)
                                                                                                                                                             grossistes ont suivi. On trouve maintenant   l’étranger (env. 300 000 tonnes
      de leur travail. Leur chemin vers cette                                                                                                                en Suisse plus d’une douzaine de burgers      de soja par an), et la tendance est à la
      belle réussite sans précédent a débuté                                                          © Fondation Biovision, Ch. de Balexert 7,              végétaux différents. « The Green Mountain                      hausse.
                                                                                                      1219 Châtelaine (GE)                                                                                                                                  Impact social                     Consommation
      il y a 13 ans. Biovision les a soutenus et                                                                                                             Burger », produit en Suisse, peut à notre                                                       et bien-être                     des ressources
                                                                                                      Rédaction (résponsable) Florian Blumer                 avis rivaliser avec le bœuf en matière de    En Suisse, la consommation de viande                  animal

                                                                                                      Rédaction/Photos Peter Lüthi                           goût et de texture.                            par personne s’élève à 51,25 kg                                   Biodiversité
                                                                                                      Traduction Daniel Wermus                                                                              par an, soit trois fois la quantité
                                                                                                      Corrections Text Control AG                            Aucun animal ne souffre pour produire ce     recommandée par l’Office Fédéral de la                Burger végétal « The Green Mountain »
      CLEVER à votre rencontre                                                                        Crédit photos Couverture – Semi-nomade à               hamburger. Mais globalement, est-il plus             Santé Publique (OFSP).                        Hamburger de bœuf « Bonvalle »
                                                                                                                                                             durable aussi ? La réponse est oui, et de
      Un stand CLEVER consommer durable sera                                                          Bulsea, Kenya. Toutes les photos : Peter Lüthi /                                                    Chaque année, environ 6 millions                  Plus la surface couverte par la forme est
                                                                                                      Biovision sauf page 5, en haut à droite : Bioversity   loin (voir la comparaison avec un burger
      au Port à Fribourg le samedi 28 août de                                                                                                                                                                de francs de nos impôts servent                grande, plus le résultat est durable.
                                                                                                      International, Kenya ; en bas : Hannes Müller,         de viande dans le diagramme en toile
      11h à 17h et, dans le contexte du Festival                                                                                                                                                             à promouvoir la viande suisse.
                                                                                                      SAT ; page 8 : Florian Blumer / Biovision ; page 9 :   d’araignée). Une étude de l’Université du
      Alternatiba Léman, à Genève le samedi                                                           D. Thommen ; page 10 en haut : SAT ; page 11 :         Michigan est également arrivée à cette
      4 septembre. Le mini supermarché fictif                                                         Hilcona                                                conclusion : en moyenne, un hamburger
      et interactif en containers est dans le parc
                                                                                                      Mise en page Binkert Partnerinnen, Zurich              végétal émet 90 % de gaz à effet de serre    Comparaison entre burger de pois et burger de viande
      de la ville d’Uster jusqu’au 8 juillet (lundi-­
                                                                                                      Impression Koprint AG, Alpnach                         en moins, tout en consommant 93 % de
      vendredi 12h–18h, samedi 10h–17h). Nos                                                                                                                                                              Sur tous les critères de durabilité, le Green   beaucoup moins d’eau, de terres et d’éner­
                                                                                                      Papier Nautilus Classic (100 % recyclé)                terres et 99 % d’eau en moins par rapport
      expert·es vous montrent comment faire                                                                                                                                                               Mountain Burger (Coop) surpasse le ham­         gie. Pour le burger de bœuf, le concentré
                                                                                                                                                             à son équivalent à base de bœuf.
      des achats plus durables. L’installation                                                                                                                                                            burger de bœuf Bonvalle (Lidl), de produc­      importé (soja) pour nourrir les animaux
      CLEVER se déplacera ensuite à Glaris (du                                                        Biovision est un partenaire officiel de la Direction                                                tion conventionnelle. Notamment parce           est gourmand en énergie et en eau. Les
                                                                                                      du développement et de la coopération (DDC),           Informations complémentaires :
      25 août au 20 septembre). (aro/asc)                                                                                                                                                                 qu’il contient des protéines de pois et de      émissions de méthane des animaux ont
                                                                                                      Département fédéral des affaires étrangères (DFAE).    www.clever-consommerdurable.ch
                                                                                                                                                                                                          blé européens, ingrédients qui nécessitent      également un impact négatif sur le climat.
                                                                                                      Les projets internationaux de Biovision sont
                                                                                                      ­soutenus financièrement par la DDC.

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Biovision - Cultiver lʼégalité ! - Fondation pour un développement écologique - Biovision Foundation
« Ce que je change à                                                                                  laissés pour compte à l’école, décrochent,
                                                                                                      dissimulent leur vrai « moi » ou se révoltent.

petite échelle, Biovision                                                                             Le jardinage comme deuxième passion
                                                                                                      Sara Rohner a une deuxième passion après

le fait à grande échelle »
                                                                                                      l’art : « Je dois cultiver un brin de terre par­
                                                                                                      tout où je vis. » Derrière sa maison pousse
                                                                                                      une merveilleuse variété de fleurs et de lé­
                                                                                                      gumes, dont elle prend soin avec beaucoup
Par Peter Lüthi, Biovision (texte et photo)
                                                                                                      d’amour selon des principes écologiques.
                                                                                                      Dans la commune, elle est le moteur du
Une œuvre de Sara Rohner, c’est comme si            Sara Rohner a trouvé sa vocation artistique       « Jardin communautaire 2520 », un potager
on découvrait des formes au télescope… ou           en Chine. Après avoir terminé des études          associatif en permaculture.
bien au microscope. Pour l’artiste, l’inspi­        théologiques, elle a fait une pause pour se
ration vient du petit : « Je voulais présenter      réorienter. Elle en a profité pour partir à       Suite à une conférence de Hans Rudolf
l’esthétique du microcosme – aujourd’hui            l’aventure dans l’Empire du Milieu. Là-bas,       Herren sur l’agroécologie, elle s’est rappro­
connotée négativement – de manière posi­            elle se retrouvait parfois avec un groupe         chée de Biovision. Aujourd’hui, Sara fait
tive ». Maintenant que sa série est terminée,       d’étudiant·e·s en art. En l’absence de lan­       ­partie des fidèles mécènes de la fondation.
les images accrochées dans son atelier de La        gage commun, ils communiquaient par des            « Je suis convaincue par cette approche où
Neuveville près du lac de Bienne évoquent à         dessins. Un déclic décisif pour elle : « Tout à    on transmet des connaissances aux gens
la fois l’infiniment petit et l’infiniment grand.   coup, j’ai su comment les choses pouvaient         pour qu’ils puissent améliorer leur vie »,
                                                    continuer pour moi ! »                             ­affirme-t-elle. L’engagement de la fondation
Expérience déterminante en Chine                                                                        au niveau mondial et au niveau politique
À l’origine de ses créations, il y a souvent        De retour en Suisse, elle devient enseignante       est très important pour elle. De même que
des rêves nocturnes ou diurnes, que son             et trouve un poste au collège de Brugg, où          les conseils sur la consommation durable
pinceau explore à fond. C’est en approchant         elle donne un cours intitulé « Œuvres », et         en Suisse. « Ce que je peux changer à petite
l’essence de ces révélations que les images         enseigne plus tard le design artistique. « Le       échelle, Biovision le fait bouger à grande
et les ­séries émergent. « Mon travail est un       plus important pour moi, c’est d’aider les          échelle. Cela me donne un sentiment fort
processus de découverte éclairant, dit-elle.        jeunes à se rendre compte qu’ils sont eux-          d’être comme une petite particule connec­
Je crée une connexion entre mon monde in­           mêmes précieux », affirme cette pédagogue           tée à quelque chose de grand. »
térieur et le monde extérieur. »                    engagée. Trop souvent, les élèves se sentent

                                                                                       Stiftung für ökologische Entwicklung
www.biovision.ch, www.facebook.com/biovision.francais                          Fondation pour un développement écologique
Pour vos dons : compte postal PC 87-193093-4                                         Foundation for ecological development
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