BRICE PAUSET LUDWIG VAN BEETHOVEN ALBAN BERG - SALLE PLEYEL T OCTOBRE SQRQ

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BRICE PAUSET LUDWIG VAN BEETHOVEN ALBAN BERG - SALLE PLEYEL T OCTOBRE SQRQ
BRICE PAUSET
LUDWIG VAN BEETHOVEN
ALBAN BERG
SALLE PLEYEL
8 OCTOBRE 2010
BRICE PAUSET LUDWIG VAN BEETHOVEN ALBAN BERG - SALLE PLEYEL T OCTOBRE SQRQ
BRICE PAUSET                           Entretien avec Brice Pauset                  aussi par le biais de l’instrument adé-
                                                                                        quat (le pianoforte), dans Schlag-Kan-
    LUDWIG VAN                             Avec Schlag-Kantilene, vous revenez          tilene, en l’occurrence, la question de
    BEETHOVEN                              une nouvelle fois à l’écriture d’une         l’« anormalité » du Concerto pour vio-
    ALBAN BERG                             œuvre « en référence » à une autre,          lon de Beethoven est au centre du
                                           un exercice donc vous êtes coutumier         travail.
                                           – vous vous êtes déjà frotté à la Sonate
                                           enla mineurde Schubert ou aux Varia-         Quelles sont les difficultés intrin-
    Brice Pauset                           tions Goldberg… Qu’est-ce qui vous           sèques de pareil travail ? On n’y tra-
    Schlag-Kantilene
                                           attire dans cette écriture « extra-          vaille pas comme sur une œuvre
    Prélude au Concerto pour violon
    de Beethoven                           réflexive » ?                                autonome…
    Création, commande                     Brice Pauset : On trouve en réalité dans     B. P. : Plus l’objet pris en charge est
    de Radio France                        mon catalogue plus d’œuvres auto-            célèbre et révéré, plus la force d’at-
    Enchaîné à                             nomes qu’« extra-réflexives ». La ques-      traction, au moment de la composition,
    Ludwig van Beethoven                   tion est du reste plus complexe que          mais aussi celle exercée sur le public
    Concerto pour violon et orchestre,     cette simple opposition binaire et se        au moment de l’expérience d’écoute
    en ré majeur, opus 61                  pose plutôt sous la forme d’un arc des       individuelle, est importante. Les dan-
    (Cadences de Brice Pauset)             possibilités. A priori, une musique stric-   gers sont nombreux. Cette posture de
                                           tement autoréférencée n’existe pas.          révérence musicale peut verser dans
    entracte
                                           Et une musique rigoureusement « révé-        la facilité, dans le spectaculaire comme
    Alban Berg                             rencieuse » n’existe pas non plus. Ce        dans le susurré.
    Lulu Suite                             sont deux points extrêmes phantas-
                                           matiques, deux lignes de fuites. La          Dans les textes que vous consacrez à
    David Grimal, violon                   question est de savoir ce qu’on prend        ces œuvres-là, et dans les commen-
    Agneta Eichenholz, soprano
                                           comme référence, pourquoi et quelle          taires qui en sont fait également, on
    Orchestre Philharmonique               est la nature de ce qu’on en « extrait »     rencontre souvent les termes « aura »,
    de Radio France                        pour l’intégrer à la nouvelle composi-       « fantôme », « spectre », qui sont des
    Hélène Collerette, violon solo         tion : des micro-événements, issus           concepts philosophiques sur lesquels
    Peter Eötvös, direction                d’une observation fine ou, au contraire,     ont beaucoup travaillé certains phi-
                                           des éléments plus vastes, provenant          losophes du XXe siècle, et notamment
    Avec la participation de l’Académie
                                           d’une observation plus globale.              l’école de Francfort, depuis Benjamin
    Philharmonique
    en partenariat avec le Conservatoire   Les techniques que nous utilisons            et Adorno. Comment vous situez-vous
    national supérieur de musique          aujourd’hui ont toutes, peu ou prou,         par rapport à cette école de pensée ?
    de Paris                               déjà existé. On pourrait donc toujours       B. P. : L’École de Francfort (en particulier
                                           parler de citations, d’emprunts. Ce          Jürgen Habermas), et plus générale-
                                           serait intéressant d’analyser ainsi          ment une manière marxiste de penser
                                           l’histoire des techniques composi-           l’esthétique, a toujours joué un rôle
                                           tionnelles et de les réduire à ces           déterminant dans ma musique : les
                                           « monades » techniques relativement          conditions d’existence des moyens
    Coproduction Radio France ;
    Festival d’Automne à Paris             informelles et impersonnelles, et            expressifs ne sont jamais dissociables
                                           cette réflexion est bien évidemment          de leur histoire culturelle : l’aura syl-
    Avec le concours de la Sacem           à l’œuvre dans ma démarche.                  vestre du cor, l’injonction religieuse
                                           Naturellement, certaines procédures          de la cloche en sont des exemples
                                           visent à prendre en charge, ou à             connus. Cette problématique est appli-
                                           prendre en compte, des aspects plus          cable à des degrés très divers, et pas
    Concert diffusé en direct
                                           ciblés de l’esthétique – et on peut se       seulement en musique – j’évoque sou-
    sur France Musique
                                           poser alors la question de l’amplitude       vent avec mes étudiants, même s’ils
                                           de familiarité avec l’objet considéré.       ne sont pas français, l’évolution du
                                           Autant cette recherche d’une forme           sigle de la SNCF. C’est passionnant. Au
                                           intermédiaire d’exégèse composition-         début (1937), on a un macaron dans
    Durée du concert : 95’ plus entracte   nelle – entre composition et transcrip-      lequel toutes les lettres s’entrelacent
                                           tion – était très ténue dans ma              les unes aux autres – image palpable
    Couverture :                           Kontra-Sonate (sertissant la Sonate en       de la procédure d’unification des dif-
    © Brice Pauset, Schlag-Kantilene       la mineur de Schubert), et se réalisait      férentes compagnies de chemin de

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fer. À la sortie de la guerre (1947), c’est   mité du concerto de Beethoven, soit           pièce entre dans le cadre d’un travail
un sigle conquérant sur un fond figu-         au sein d’un programme composé,               collaboratif avec mon ami le violoniste
rant l’hexagone, qui symbolise la             auquel cas on joue une transition com-        David Grimal. Nous avons souhaité
reconstruction en marche du pays ini-         posée à cet effet – avec un attacca sur       travailler sur une œuvre concertante,
tiée par De Gaulle.                           le concerto. Schlag-Kantilene est aussi       et le choix commun s’est rapidement
À l’époque de la « modernité à tout           ma première pièce depuis longtemps            porté sur le Concerto de Beethoven.
prix » (époque pompidolienne), ce sont        sollicitant un orchestre de dimen-            Encore une fois, l’« anormalité » du
des lettres un peu penchées, méca-            sions raisonnables, plus normatif             Concerto de Beethoven m’a toujours
niques et métalliques, parfaitement           (une soixantaine de musiciens), après         attiré. Ce n’est pas la dernière œuvre
impersonnelles. Aujourd’hui, nous             trois pièces destinées à d’énormes            que nous ferons ensemble. Nous avons
sommes face à ce que je nommerai              effectifs.                                    un autre projet avec chœur et violon
volontiers une esthétique de la mol-                                                        solo.
lesse et de l’indistinction : tout est        Comment choisissez-vous les œuvres
rond, lisse, avec des petits reflets,         sur lesquelles vous allez travailler ?        Dans ces deux cas que vous évoquez,
insaisissable et sans aspérité. C’est         Vous prenez plutôt des chefs-d’œuvre          Kontra-Sonate (avec Andreas Staier)
l’école du relativisme, du glissement         majeurs, mais pourquoi ceux-ci plus           et Vier Variationen, le jeu de l’inter-
perpétuel.                                    que d’autres ?                                prète, le geste musical autour de l’ins-
Dans cette forme de pensée, on consi-         B. P. : C’est souvent circonstanciel. Pour    trument, est un élément fort de votre
dère un discours structuré autour des         la Kontra-Sonate, la commande de la           réflexion, autour duquel vous orga-
objets – conceptuels ou factuels – de         WDR supposait un cahier des charges           nisez également l’écriture. En a-t-il
l’analyse desquels on extrait des posi-       conséquent : ce devait être avec Schu-        été de même avec Schlag-Kantilene
tions qui sont, d’une part, très inter-       bert, du pianoforte et Andreas Staier.        et le jeu de David Grimal ?
prétables, et, d’autre part, ancrées dans     La première idée du commanditaire             B. P. : Son jeu m’inspire toujours. Il y a
le temps historique qui se montre en          était de travailler sur la Sonate Reliquie,   entre nous une influence mutuelle très
tant que tel, et durant lequel le texte       avec la terrible tâche d’achever une          forte, une fraternité féconde, tant en
désignant ce temps sera lu. Il y a dans       œuvre inachevée – exercice dangereux          tant qu’interprètes que dans notre
cette démarche un aspect auto-réflexif        et somme toute un peu vain et stérile         relation interprète/compositeur.
qui m’intéresse beaucoup.                     – au lieu de quoi j’ai rapidement ima-
                                              giné une architecture d’encerclement          Vous n’êtes pas seulement composi-
Comment se situe Schlag-Kantilene,            du modèle, qui serait jouée en tant           teur, vous vous produisez aussi au
dans votre catalogue dans son                 que telle. L’idéal pour ce travail m’a        clavecin et au pianoforte. Que vous
ensemble, d’une part, et par rapport          alors semblé de choisir, comme objet          apporte votre métier d’interprète dans
à vos précédentes expériences du              à sertir, une œuvre à l’architecture nor-     l’écriture ?
même type, d’autre part ?                     mative, ce qui est le cas de la Sonate        B. P. : Plus encore que compositeur
B. P. : Schlag-Kantilene peut être saisie     en la mineur D. 845 – même si la forme        interprète, je « viens » de l’instrument.
dans le prolongement d’une autre              y est naturellement mise en danger.           Cela ne tombe pas sous le sens. De plus
pièce, chambriste celle-là, mais avec         Pour les Vier Variationen(2007), concer-      en plus de compositeurs ne sont que
violon principal, intitulée Vita Nova.        nant les Variations Goldberg de Bach,         compositeurs – compositeurs univer-
Je m’y concentrais sur une écriture qui       j’ai longuement hésité car j’avais déjà       sitaires pourrait-on dire. Mon parcours
parlait d’elle-même, mais au travers          travaillé auparavant sur les Goldberg,        d’instrumentiste a surtout été marqué
d’une stimulation extérieure non lisible      avec mes Huit Canons (Goldberg-Aus-           par la prise de conscience de la notion
dans la musique même. En l’occur-             breitungen) (1993) – plus d’un point de       de contexte.
rence, c’était le texte éponyme de            vue technique, sur les implications           Étant petit, j’ai appris le piano moderne,
Roland Barthes, un texte composé de           sérielles des huit notes du thème, qui        comme tout le monde. Très rapide-
petites ébauches, voire de griffon-           dégagent à juste titre cette aura de          ment, je n’ai plus vu l’intérêt de jouer
nages. Schlag-Kantilene entretient un         talisman magique. J’ai alors préféré          sur cet instrument, somme toute assez
rapport similaire avec le Concerto pour       l’approche d’une rhétorique associa-          médiocre, tout et n’importe quoi, et
violon de Beethoven, son élément              tive. Qu’associe-t-on à telle ou telle        principalement des œuvres qui ne sont
déclencheur qui n’est peut-être pas           variation, par rapport à ce qu’elle pro-      pas conçues pour lui. D’où le passage
lisible en tant que tel dans la partition     pose, musicalement et en termes de            au clavicorde, pour me « nettoyer les
achevée. Dans le cas de Schlag-Kanti-         jeu instrumental ? À quelle chorégra-         mains », puis aux différents types de
lene, il y a une forme double. On peut        phie les mains doivent-elles se plier         clavecins et de pianoforte.
soit la jouer seule, comme pièce indé-        pour réaliser la chose ?                      Ce qui m’a séduit n’est pas seulement
pendante, sans l’adjonction ou la proxi-      Dans le cas de Schlag-Kantilene, la           le simple émerveillement devant des

                                                                                                                                         3
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sonorités oubliées, mais bien plutôt           1980-1990 (ce n’est en tout cas pas son     Ensuite, ce concerto repose sur une
    l’impression de saisir, dans une vaste         engagement qu’on retient de lui, même       forme de réception qui ne s’est jamais
    sphère d’interactions, l’objet ou le (la)      s’il aimait beaucoup parler politique) :    penchée sur les fondamentaux stylis-
    compositeur(trice) et ce qui fait qu’on        Franco Donatoni. C’est sans doute l’une     tiques de l’œuvre : on est encore en
    l’a retenu(e), à tort ou à raison, et de       des figures qui m’a le plus, non pas        plein dans ce qu’il est convenu d’ap-
    replacer cette sphère dans un contexte         marqué – il est très difficile de trouver   peler le « style héroïque » chez Bee-
    historique, social, politique, religieux,      dans mon travail des traces de sa           thoven – même s’il se manifeste
    organologique. Resituer la musique             musique –, mais impressionné. En tant       principalement dans le premier mou-
    dans son contexte sonore et culturel.          que pédagogue de la composition, il         vement (le deuxième mouvement
    C’est ce qu’on appelle en histoire l’« his-    avait l’art et la manière de poser les      cherche une autre atmosphère et le
    toire globale ». Considérer l’histoire,        questions de biais, pour forcer l’étu-      troisième est, à mon sens, raté). Pour
    non au travers de noms de généraux             diant que j’étais alors à trouver des       bien comprendre cette musique, il faut
    ou hommes de pouvoir, mais en se pen-          réponses qui ne soient pas des              jeter une oreille sur les Symphonies
    chant sur l’histoire des citoyens ou           réponses toute faites, mais des             de François-Joseph Gossec (1734-1829),
    des objets qui ont contribué à façonner        réponses qui englobent la totalité du       qui ont revêtu une certaine importance
    un lieu, une nation, un pays, une              problème tout en le modifiant.              pour Beethoven, et sur tout ce réper-
    société.
    Les deux personnes qui m’ont le plus
    impressionné – deux personnes que
    j’ai pourtant très peu vues, mais qui
    ont été absolument déterminantes –
    sont Gustav Leonhardt et Paul Badura-
    Skoda. On retrouve dans leur démarche
    cette notion de contexte et cette atten-
    tion portée à la valeur des choses
    comme processus. Pour comprendre
    pourquoi Couperin, par exemple, est
    si important, il faut connaître les petits
    maîtres qui l’entouraient, saisir les
    interactions fécondes et complexes
    entre le style français en pleine muta-
                                                                                                        © Brice Pauset, Schlag-Kantilene
    tion et les musiques venues d’Italie –
    avoir un regard tangentiel sur les pro-        Vous dites être fasciné par « l’anor-       toire révolutionnaire et post-révolu-
    cessus en marche. C’est aussi, en partie       malité » du Concerto pour violon de         tionnaire. La Révolution française,
    ce à quoi je m’intéresse dans la philo-        Beethoven. Qu’entendez-vous par là          dans sa longue histoire, a fait l’objet
    sophie. La composition est venue paral-        et comment le traitez-vous dans             de réceptions, politiques et esthé-
    lèlement à cette prise de conscience           Schlag-Kantilene ?                          tiques, très variées et la réception vien-
    – de là à dire qu’il y a une relation arti-    B. P. : Quand on le considère objecti-      noise, très singulière au demeurant,
    culée entre la composition et ce travail       vement, le Concerto pour violon de          ne s’est vraiment affirmée que dans
    d’interprète qui me touche toujours,           Beethoven est un énorme oxymore. À          les années 1800-1801. Elle s’affirme
    je ne saurais dire. Mais c’est ce qui me       au moins deux égards. D’abord du point      notamment dans ce Concerto, où l’on
    pousse à ne jamais me plier à une forme        de vue de Beethoven lui-même : on a         retrouve, retraités bien sûr par Bee-
    ou une autre d’orthodoxie.                     le sentiment qu’il se venge d’une           thoven, des aspects typiques de la
    J’entends parfois dire que je suis un          offense personnelle que lui aurait fait     musique « révolutionnaire » – comme
    compositeur qui s’intéresse au passé.          le violon. Toutes les figures musicales     cette « fanfare » d’ouverture.
    C’est évidemment totalement faux. Le           au cœur du concerto, les briques élé-       Dans mon traitement, je joue plutôt
    passé en soi ne m’intéresse pas, c’est         mentaires, sont en effet des figures        la simplicité. Je m’interroge par
    là encore l’histoire qui m’intéresse, la       typiquement claviéristiques, comme          exemple sur le fait que le Concerto
    leçon de l’histoire, comme processus           les sauts d’octave du premier solo. On      pour violon de Beethoven – essentiel-
    de réalisation – à la fois culturelle, poli-   ne retrouve nulle part ailleurs ces         lement une œuvre destinée à chanter
    tique, et artistique. En ce sens, curieu-      figures dans sa production pour le vio-     –, commence en réalité par des coups
    sement, le compositeur qui m’a le plus         lon, ni dans les sonates, ni dans les       (les quatre coups de timbales qui
    apporté, c’est l’un des compositeurs           quatuors, nulle part dans la musique        ouvrent le premier mouvement).
    les moins « politiques » des années            de chambre.                                 Encore un oxymore – un chant qui naît

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de coups – que reflète d’ailleurs le titre    du matériau sans qu’on puisse y accro-       Brice Pauset
de ma pièce. Un concerto « normal »           cher une identité particulière, malgré
ne débute certes pas par l’instrument         une forme extrême de virtuosité – la         Schlag-Kantilene
soliste, mais il ne débute pas non plus       « mélodie », le « cantus firmus », n’y est   Prélude au Concerto pour violon
par un autre instrument soliste – une         jouée que par des fouets, ou par des         de Beethoven
règle à laquelle Beethoven, en grand          instruments qui ne produisent que            Création. Commande de Radio France.
amateur des cas particuliers, a tordu         des coups secs, a priori sans hauteur        Dédié à David Grimal
le cou à d’autres reprises (dans le Qua-      définie. Je mets en place des situations     Editions Henry Lemoine
trième Concerto pour piano égale-             concertantes, même si la confrontation       Durée : 15’
ment). Quel type de discours peut-on          entre un soliste sur scène et l’orchestre
redéployer ensuite ? Que reste-t-il en        n’en est pas la seule modalité.              Je dois ici confier quelques remarques
suspens, si quelque chose est resté en                                                     qui auront tous les traits d’une confes-
suspens, et, si oui, que puis-je en faire ?   Pour compléter l’ensemble Schlag-            sion paradoxale. Ma situation au sein
                                              Kantilene / Concerto pour violon, vous       de la division du travail, situation tri-
Comment s’exprime ce travail sur              réécrivez également les cadences :           plement marquée par la pratique ins-
l’oxymore, tant en termes de matériau         comment écrire aujourd’hui ces               trumentale, la composition et la
musical qu’en termes de forme ?               cadences ? Et, d’un point de vue formel,     réflexion théorique, me conduit à
B. P. : Dans la forme, le traitement est      comment ces deux partitions sont-            côtoyer régulièrement les figures de
complexe, varié et polymorphe. J’ob-          elles liées ?                                Beethoven et de Schubert, depuis tou-
serve le concerto de Beethoven – une          B. P. : Je ne veux en aucun cas imposer      jours, à tort ou à raison, renvoyées dos
observation dioptrique, avec change-          ma « manière » strictement personnelle       à dos. À l’occasion de ma Schlag-Kan-
ment de focale, changement de point           dans le cadre de ces cadences, mais          tilene, je dois probablement à mon
de vue, changement d’orientation par          plutôt évoquer des procédés similaires       tour participer au débat.
rapport à l’objet considéré. Non pas à        aux présupposés de Schlag-Kantilene,
travers un matériau beethovenien,             notamment du point de vue des « dis-         Du point de vue esthétique, Beethoven
mais à travers les prémisses fournies         sidences organologiques » (un violon         me semble plutôt constituer la termi-
par le concerto.                              qui s’exprime à travers un vocabulaire       naison d’un processus, d’ailleurs assez
Certains passages se concentrent              qui ne lui appartient pas en propre,         court, qui a débuté avec l’Empfind-
exclusivement sur un phénomène par-           par exemple). La première cadence,           samkeitstilprussien pour se poursuivre
ticulier – avec par exemple un conduit        sans doute la plus spectaculaire, fait       avec le premier classicisme viennois.
de deux à trois minutes mettant aux           intervenir un piano, les timbales et les     En revanche, Schubert, de par son in-
prises les seuls violon et timbales. Les      bois de l’orchestre. On sait que Bee-        dépendance tant musicale que sociale,
timbales deviennent d’ailleurs presque        thoven lui-même avait esquissé la com-       a constitué le point de départ d’un pro-
un second soliste dans Schlag-Kanti-          position d’une cadence reprenant un          cessus qui conduit assez directement,
lene. L’orchestre comprend trois per-         tel dispositif. Paradoxalement, la struc-    par Wagner et Bruckner, à Schoenberg
cussionnistes, mais le timbalier ne joue      ture harmonique de cette cadence se          et Webern ; son indépendance musi-
que les timbales – dans l’absolu, les         réfère assez directement aux prescrip-       cale est manifeste à la lecture de sa
timbales sont un instrument fantas-           tions de Carl-Philipp-Emanuel Bach           variation sur la célèbre valse de Dia-
tique, et un timbalier a pour moi la          concernant l’art de l’improvisation          belli, se détachant spectaculairement
même fonction et la même importance           libre (science qui s’était délitée déjà      de toutes les autres productions
que le Konzertmeister. On assiste dans        au temps de Beethoven ; lui-même pou-        contemporaines ; indépendance so-
ce conduit à une tentative de résorp-         vant apparaître comme l’un des der-          ciale certes teintée de déveine, mais
tion dialectique de tout ce qui est consi-    niers musiciens de premier ordre             sans commune mesure avec l’appétit
déré comme étant substantiellement,           encore capable d’improviser) et pourra       de reconnaissance institutionnelle de
intrinsèquement inhérent à chaque             susciter sans doute quelques réti-           Beethoven : il suffit pour cela de com-
instrument, de chaque côté. La timbale        cences de la part du public : tensions       parer les noms et les situations
cesse d’être une timbale (le timbalier        abruptes, souffle court et cascades de       hiérarchiques des dédicataires de l’un
ne se contente d’ailleurs pas de jouer        fausses relations ne se conforment           et de l’autre. Schubert me paraît par
sur les peaux), le violon cesse d’être        pas au canon beethovenien forgé par          conséquent, du point de vue de l’es-
un violon. Ils essaient tous deux de          les critères de l’écoute industrialisée.     thétique, définitivement plus fécond
trouver un langage commun, qui se                                                          que Beethoven.
détacherait également des habitudes             Propos recueillis par Jérémie Szpirglas    À travers la perspective historique et
d’écoute.                                                                     Juin 2010    analytique en revanche, on constate
Un autre passage voit le violon dérouler                                                   chez Beethoven une manière tout à

                                                                                                                                       5
fait particulière d’être « de son temps ».    Ludwig van Beethoven                          mencé à faire évoluer considérable-
    Par provocation, j’ai l’habitude de dire      (1770 – 1827)                                 ment les genres musicaux. Dans le
    que Beethoven n’est en somme rien             Concerto pour violon en ré majeur,            domaine concertant, les Troisième et
    d’autre que le clacissime viennois mul-       opus 61                                       Quatrième Concertos pour piano
    tiplié par la Révolution française, du        1. Allegro ma non troppo                      avaient marqué une avancée telle du
    double point de vue de la contraite for-      2. Larghetto                                  genre, qu’il paraissait difficile d’en
    melle et de l’émancipation du sujet.          3. Rondo. Allegro                             étendre à nouveau les frontières. C’est
    On y retrouve également les traces,           Composition : 1806.                           pourtant ce que Beethoven réalisa avec
    par l’intérêt constant porté à la litté-      Création : 23 décembre 1806. Theater An       son nouvel opus.
    rature antique (Plutarque notamment),         der Wien ; Franz Clement, violon              Le premier mouvement, avec ses cinq
    d’une certaine « foi en la vertu », typique   Dédié à Stéphane von Breuning                 cent trente-cinq mesures, est le plus
    des révolutionnaires de 1789, ainsi que       Durée : 45’                                   ample jamais écrit par le musicien dans
    d’une recherche complexe, dans sa                                                           le domaine concertant. L’exposition
    phase pré-romantique, de l’identité           Le Concerto pour violon est entrepris         d’orchestre, très longue, diffère autant
    germanique, une identité alors en             au retour d’un voyage en Silésie au           que possible l’entrée du soliste qu’elle
    construction.                                 cours de l’automne 1806 en compagnie          contribue ainsi à mettre en valeur. Tout
                                                  du prince Lichnowitz. Il est écrit en         n’est ici que surprise et théâtre. Le
    Beethoven m’importe donc plutôt               quelques semaines et créé au mois de          début, insolite, fait entendre les tim-
    comme figure de réorientation presque         décembre suivant par le violoniste            bales à découvert ; les cordes entrent
    polémique de la question révolution-          Franz Clement, le premier violon du           sur une dissonance – une note étran-
    naire au sein de la sphère artistique,        Theater An der Wien. Beethoven                gère à la tonalité qui libère le champ
    une question constamment soumise              connaît ce virtuose depuis le milieu          des modulations et donne naissance
    à de nouvelles et nécessaires reformu-        des années 1790. Il a tissé avec lui de       à un voyage dans les tons mineurs ; le
    lations. En ce sens, force est de consta-     solides liens d’amitié ainsi qu’en atteste    soliste entre de manière inattendue,
    ter à quel point Beethoven pourrait           le jeu de mot inscrit sur la partition        au détour d’une phrase et dans un style
    constituer, une fois libéré des réifica-      autographe (Concerto par Clemenza             improvisé ; une cadence est insérée à
    tions proposées par l’industrie cultu-        pour Clément), preuve d’une complicité        l’intérieur même du développement
    relle, une figure complexe, inactuelle        musicale et d’un sens de l’humour com-        avant que le violoniste ne soit réduit
    et critique propre à soutenir l’hypo-         muns. Quels que soient les rapports           au silence au début de la réexposition.
    thèse de la transformation radicale,          entre les deux hommes, la célérité avec       Les éléments thématiques, par ailleurs,
    plus que jamais d’actualité.                  laquelle l’œuvre fut achevée demeure          sont mis en relation dialectique. Le
                                                  surprenante. Beethoven avait, il est          motif mystérieux des timbales, confié
                                                  vrai, une bonne connaissance de l’ins-        par la suite aux cordes, contrepointe
                                                  trument. Il jouait lui-même de l’alto et      de façon discrète le second thème, une
                                                  avait rencontré les solistes français         mélodie sereine des vents : l’élément,
                                                  Rodolphe Kreutzer ou Pierre Rode, pour        ainsi obscurci, est repris dans les tons
                                                  lesquels il avait composé différentes         mineurs comme chargé d’une tension
                                                  sonates ; il fréquentait également            dont il cherche progressivement à se
                                                  Ignace Schuppanzigh, à qui il avait           libérer. Aux épisodes traditionnels de
                                                  adressé des quatuors à cordes, et s’était     virtuosité, effectués sur un matériau
                                                  produit en 1803 avec le violoniste polo-      neutre et secondaire, Beethoven sub-
                                                  nais émigré à Londres, George Bridge-         stitue, enfin, un travail savant d’orne-
                                                  tower. La composition des deux                mentation. Chaque idée est embellie
                                                  Romances opus 40 et 50, quelques              par le soliste et dotée ainsi d’une signi-
                                                  années plus tôt, lui avait enfin permis       fication et d’un poids nouveaux.
                                                  de tester le mariage avec les différents      Le deuxième mouvement est tout aussi
                                                  timbres de l’orchestre, comme d’éva-          étonnant, ne comptant aucune modu-
                                                  luer les difficultés inhérentes à la partie   lation franche et restant tout du long
                                                  de soliste.                                   dans la même tonalité. La forme, rare,
                                                  Si ces questions avaient été aisément         consiste en deux strophes variées par
                                                  résolues, la perspective était autre à        les décorations toujours plus délicates
                                                  présent. Au cours de la décennie              du soliste. La pesanteur harmonique,
                                                  « héroïque » initiée avec la Troisième        les nombreuses répétitions, le jeu dans
                                                  Symphonie, Beethoven avait com-               le registre supérieur et la luxuriance

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ornementale permettent d’édifier un          de la seconde de ces tragédies, au           Texte chanté
moment de grâce où le temps paraît           Trianon-Theater de Vienne. L’écrivain,       D’après Frank Wedekind
suspendu.                                    en prologue au spectacle, y avait donné
Le Larghetto enfin, est enchaîné sans        une conférence sur « l’abîme tragique        3 – Lied der Lulu
césure au Finale, un rondo plein d’en-       qui s’ouvre entre des lèvres éclatantes      Wenn sich die Menschen um meinet-
train, introduit par le violon sur la qua-   et toute condition bourgeoise ».             willen umgebracht haben, so setzt das
trième corde et agrémenté d’un couplet       La composition de l’opéra, dont l’or-        meinen Wert nicht herab. Du hast so
central en mineur où le soliste échange      chestration du troisième acte restera        gut gewusst, weswegen Du mich zur
avec le basson une mélodie teintée de        inachevée, dura encore, de 1927 à 1935.      Frau nahmst, wie ich gewusst habe,
couleurs modales.                            De sorte que, par impatience et calcul,      weswegen ich Dich zum Mann nahm.
La coda est le lieu de nouvelles sur-        Berg choisit d’en extraire des frag-         Du hattest Deine besten Freunde mit
prises : après la cadence, un virage har-    ments, des extraits symphoniques, qui        mir betrogen. Du konntest nicht gut
monique imprévu mène vers une                ne suivent guère la succession des           auch noch Dich selber mit mir betrü-
tonalité lointaine ; un long détour est      scènes et évoquent Lulu, la comtesse         gen. Wenn Du mir Deinen Lebensa-
alors nécessaire afin de retourner dans      Geschwitz et Alwa, dont la partie est        bend zum Opfer bringst, so hast Du
le ton de départ, comme s’il fallait tra-    confiée aux seuls instruments. Ces           meine ganze Jugend dafür gehabt. –
verser de nouvelles épreuves avant           extraits devinrent les cinq mouvements       Ich habe nie in der Welt etwas anderes
d’accéder de nouveau à la lumière.           d’une suite, inspirée de la Septième         scheinen wollen, als wofür man mich
                                             Symphonie de Mahler, où un long pre-         genommen hat. Und man hat mich nie
Jean-François Boukobza                       mier mouvement se double d’un finale         in der Welt für etwas anderes genom-
                                             développé, tandis que les trois épisodes     men, als was ich bin.
                                             centraux sont autant de pièces de            Nein, Nein, Nein !
Alban Berg                                   caractère : rondo, ostinato, Lied de         Si les hommes se sont tués à cause de
(1885 – 1935)                                Lulu, dédié à Webern pour son cin-           moi, cela ne diminue en rien ma valeur.
Lulu-Suite                                   quième anniversaire, quatre variations       Tu savais si bien pourquoi tu me prenais
1 – Rondo. Andante (Introduzione)            et un choral, puis l’essentiel de la scène   pour femme. Tout comme je savais
Hymne. Sostenuto                             ultime. Tout y désigne l’art de Berg : le    pourquoi je t’épousais. Tu as trompé
2 – Ostinato.Allegro                         lyrisme de la voix, l’invention ryth-        tes meilleurs amis avec moi, tu ne pour-
3 – Lied der Lulu. Comodo                    mique, les couleurs du jazz, de la bito-     rais pas te tromper toi-même avec moi.
4 – Variationen. Moderato                    nalité et d’une chanson des rues             Si tu me sacrifies les dernières années
5 – Adagio. Sostenuto – Lento –              berlinoises, empruntée à Wedekind            de ta vie, tu as eu toute ma jeunesse
Grave                                        qui la recueillit, la mélodie des timbres    en échange. Je n’ai jamais au monde
Composition : 1929–1934                      comme l’imitation d’un orgue de bar-         prétendu vouloir être ce que je ne suis
Création : 30 novembre 1934                  barie, les formes héritées du choral et      pas. Et l’on ne m’a jamais au monde
Durée : 33’                                  de la variation, comme la rétrograda-        considérée autrement que comme je
                                             tion, au centre de l’œuvre, et le terrible   suis. Non, non, non !
« Un miracle de clarté », écrit Adorno       cri d’agonie, Todesschrei, sur les douze
à son maître Alban Berg, après avoir         sons chromatiques…                           5 – Worte der Gräfin Geschwitz
écouté la Lulu-Suite, en mars 1935.          La création de cette suite, le 30            Lulu ! Mein Engel ! Lass dich noch
Le chemin, pourtant, avait été long.         novembre 1934, à Berlin, sous la direc-      einmal sehn ! Ich bin Dir nah ! Bleibe
Pour le livret de son second opéra, Berg     tion d’Erich Kleiber, fut, on s’en doute,    Dir nah ! In ewigkeit !
avait hésité entre le pacifisme de Paul      la dernière de l’école de Vienne dans        Lulu ! Mon ange ! Je veux te revoir !
Raynal, la culture yiddish de Salomon        l’Allemagne hitlérienne.                     Je suis proche de toi ! Pour l’éter-
Ansky et le naturalisme du Gerhart                                                        nité !
Hauptmann de Et Pippa danse, où une          Laurent Feneyrou
femme, autour de laquelle rôde le désir                                                   Traduction française :
de cinq hommes, tombe sous les coups                                                      Bernadette Martial
                                                                                          In Livret CD Sony. Œuvres d’Alban Berg,
d’un vieux souffleur de verre. Berg, fina-                                                New York Philharmonic/Pierre Boulez
lement, se décida pour L’Esprit de la
terre et sa suite La Boîte de Pandore
de Frank Wedekind. Jadis, le 29 mai
1905 – il n’avait alors que vingt ans –,
il avait assisté à la fameuse représen-
tation privée patronnée par Karl Kraus

                                                                                                                                     7
Biographies                                  Agneta Eichenholz                           Orchestre Philharmonique de Radio
                                                 La soprano Agneta Eichenholz a fait         France, Ensemble intercontemporain,
    Brice Pauset                                 ses études musicales à l’Académie de        BBC Symphony, London Sinfonietta,
    Brice Pauset a étudié la composition         musique de Malmö et à l’Université de       Radio Filharmonisch Orkest, Orchestre
    à Paris et à Sienne. Boursier 1994 de la     Stockholm, dans le collège d’opéra.         Royal du Concertgebouw et Orchestre
    Fondation Marcel Bleustein-Blanchet          Elle s’est rapidement fait connaître en     de la Suisse Romande, entre autres. Il
    pour la Vocation puis stagiaire à l’Ircam    Europe parmi les sopranos lyriques.         est premier chef d’orchestre invité
    de 1994 à 1996, il s’est depuis entière-     En 2007, Agneta Eichenholz a chanté         pour le répertoire d’aujourd’hui auprès
    ment consacré à sa carrière de com-          Carmina Buranaau Festival de Verbier,       de l’Orchestre Symphonique de Göte-
    positeur. Également claveciniste et          et a ensuite chanté le rôle d’Armide        borg.
    pianofortiste, il se produit souvent en      dans l’opéra de Haydn au Festival de        Pour Peter Eötvös, les activités d’en-
    concert. Il collabore avec les grandes       Salzbourg, sous la direction d’Ivor Bol-    seignement sont d’une grande impor-
    institutions musicales européennes.          ton. Au printemps 2008, c’est le rôle de    tance, il enseigne par exemple à la
    Ses œuvres sont jouées par des solistes      Fiordiligi dans Cosi fan tutte qui la       Musikhochschule de Karlsruhe et dans
    comme Teodoro Anzelotti, Irvine Arditti,     mène à l’Opéra de Francfort (nouvelle       le cadre de la Fondation de musique
    David Grimal, Nicolas Hodges, Salome         production de Christoph Loy). Elle          contemporaine pour les jeunes chefs
    Kammer ou Andreas Staier, ainsi que          enchaîne ensuite avec le Requiem de         d’orchestre et compositeurs, qu’il a
    par des formations comme le Quatuor          Mozart, mis en scène au Komische Oper       créée à Budapest. Parmi les nom-
    Arditti, l’Ensemble Recherche, le Hilliard   de Berlin.                                  breuses distinctions dont il a été
    Ensemble, le Klangforum Wien, le Frei-       Récemment et dans les mois qui vien-        honoré, citons le Prix Kossuth qu’il a
    burger Barockorchester et la plupart         nent, on retrouve Agneta Eichenholz         reçu en 2002 des mains du président
    des orchestres radiophoniques alle-          dans le rôle de Violetta à Malmö, dans      de la République hongroise, ainsi que,
    mands et autrichiens.                        les Liederde Sibelius à Salzbourg, dans     en France, son élévation au rang de
    Il a été compositeur en résidence pour       le rôle de Lulu à Londres (Covent Gar-      Commandeur dans l’Ordre des Arts et
    la saison 2004-2005 à l’Opéra de Mann-       den) et à Madrid dans les Chants d’Au-      des Lettres en 2003.
    heim pour la production de Das Mäd-          vergne de Canteloube. Les concerts et       www.eotvospeter.com
    chen aus der Fremdeco-composé avec           les représentations d’opéras l’ont
    Isabel Mundry et mis en scène par la         menée de Philadelphie à Oslo, au Chili,     David Grimal
    chorégraphe Reinhild Hoffmann.               en Roumanie et dans bien d’autres           David Grimal commence à jouer du
    Parmi ses projets figurent Dornröschen       villes.                                     violon dès l’âge de cinq ans. Après le
    II pour quatuor à cordes solo, double                                                    Conservatoire National Supérieur de
    chœur et orchestre (WDR), Autopsie           Peter Eötvös                                Musique de Paris où il travaille avec
    des Glaubens pour deux ensembles             Compositeur, chef d’orchestre et péda-      Régis Pasquier, il bénéficie des conseils
    (Deutschlandradio), ainsi qu’un Kon-         gogue : la carrière de Peter Eötvös com-    d’artistes tels que Schlomo Mintz et
    tra-Konzert pour orchestre classique         bine les trois fonctions. Ses œuvres        Isaac Stern, étudie un an à l’Institut
    et pianoforte principal (Philharmonie        sont programmées dans le monde              des Sciences politiques de Paris, puis
    de Cologne). En résidence à l’Opéra de       entier par des orchestres, des              fait la rencontre, déterminante, du vio-
    Dijon de 2010 à 2015, on y entendra          ensembles et des festivals. En tant que     loniste Philippe Hirshhorn (1946-1996).
    l’opéra Galathée à l’usine en 2012.          compositeur et chef d’orchestre, Peter      David Grimal est aujourd’hui sollicité
    Brice Pauset a été en 2008 nommé pro-        Eötvös a dirigé des projets consacrés       par les salles, festivals et orchestres
    fesseur de composition et directeur          à son œuvre à Paris, Londres, Amster-       du monde entier. De nombreux com-
    de l’Institut für neue Musik à la Musik-     dam, Berlin, Vienne, Lucerne. Tout          positeurs ont dédié des œuvres à David
    hochschule de Freiburg-im-Breisgau,          comme son premier opéra Three Sis-          Grimal : Marc-André Dalbavie, Brice
    où il habite depuis 2002. Il est également   ters, ses opéras plus récents, Le Balcon,   Pauset, Thierry Escaich, Jean-François
    professeur invité dans les universités       Angels in America et Sarashina génè-        Zygel, Alexander Gasparov, Victor Kis-
    de Buffalo (État de New-York, USA), Yale     rent de multiples productions.              sine, Fuminori Tanada, Ivan Fedele,
    (Connecticut, USA), Graz (Autriche), ainsi   En février 2010 a eu lieu la première       Philippe Hersant, Anders Hillborg, Oscar
    qu’au Conservatoire Tchaikovsky de           mondiale à Munich de Die Tragödie           Bianchi, Guillaume Connesson et Fré-
    Moscou.                                      des Teufels (La Tragédie du diable) sur     déric Verrières.
    www.henry-lemoine.com                        un livret d’Albert Ostermaier.              David Grimal poursuit une collabora-
                                                 Peter Eötvös est un chef d’orchestre        tion avec Georges Pludermacher en
                                                 invité par les orchestres et                récital. Ensemble, ils ont enregistré
                                                 ensembles suivant : Berliner Philhar-       des œuvres de Ravel, Debussy, Bartók,
                                                 moniker, Münchner Philharmoniker,           Ravel, Franck, Enesco, Szymanowski,

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Janáček et ont obtenu de nombreuses           l’orchestre, sont invités sur les deux       Effectif de l’Orchestre Philharmonique
récompenses. David Grimal a égale-             continents américains, en Chine (avec        de Radio France
                                                                                            Directeur musical, Myung-Whun Chung
ment enregistré les Sonatines de               une semaine en résidence à Shanghaï
Schubert avec Valery Afanassiev. Il a          dans le cadre de l’Exposition Univer-        Violons
enregistré à l’Auditorium de l’Opéra           selle), à Taïwan et en Russie. Ils se pro-   Elisabeth Balmas, Hélène Collerette,
de Dijon l’intégrale des Sonates et Par-       duiront en 2011 en Allemagne et aux          Svetlin Roussev, Premiers violons solo
titas de Bach ainsi que Kontrapartita          BBC Proms de Londres. Les chefs les          Virginie Buscail, Ayako Tanaka,
de Brice Pauset, commande de l’Opéra           plus exceptionnels ont dirigé l’or-          Marie- Laurence Camilleri, Mihaï Ritter,
de Dijon, qui lui est dédiée.                  chestre, de Pierre Boulez ou Valery Ger-     Cécile Agator, NN, Juan-Firmin Ciriaco,
Il a également créé et enregistré le           giev à Esa-Pekka Salonen ou Gustavo          Guy Comentale, Emmanuel André,
                                                                                            Cyril Baleton,
Concerto de Thierry Escaich avec l’Or-         Dudamel.
                                                                                            Emmanuelle Blanche-Lormand,
chestre National de Lyon.                      La Salle Pleyel accueille l’Orchestre        Martin Blondeau, Floriane Bonanni,
David Grimal a créé un quatuor en com-         Philharmonique de Radio France en            Florence Bouanchaud, Florent Brannens,
pagnie de Ayako Tanaka, Lise Berthaud          résidence. En attendant la création          Amandine Charroing-Ley, Aurélie Che-
et François Salque, qui se consacre            d’un nouvel auditorium à Radio France        nille, Thérèse Desbeaux,
                                                                                            Aurore Doise, Béatrice Gaugué-Natorp,
notamment à l’ intégrale des Quatuors          à l’horizon 2013, l’orchestre participe
                                                                                            David Haroutunian, Anne Villette, NN,
de Beethoven.                                  aussi à la programmation de la Cité de       NN, Edmond Israelievitch,
En 2004, il crée le collectif d’artistes       la musique, du Châtelet et de l’Opéra        Mireille Jardon, Jean-Philippe Kuzma,
« Dissonances », orchestre sans chef,          Comique. Ses concerts, diffusés sur          Jean-Christophe Lamacque,
aujourd’hui en résidence à l’Opéra de          France Musique, peuvent être réécou-         François Laprévote, Catherine Lorrain,
                                                                                            Arno Madoni, Virginie Michel,
Dijon et qui se produit depuis réguliè-        tés sur le site internet de Radio France.
                                                                                            Simona Moïse, Pascal Oddon,
rement en France et en Europe.                 Certains sont offerts en video strea-        Françoise Perrin, Cécile Peyrol-Leleu
David Grimal est professeur de violon          ming sur les sites d’ArteLiveWeb et de       Céline Planes, Sophie Pradel
à la Musikhochschule de Sarrebruck.            Radio France. L’orchestre est aussi pré-     Marie-Josée Romain-Ritchot
Il est Chevalier dans l’Ordre des Arts et      sent sur les antennes de France Télé-        Mihaëla Smolean, Isabelle Souvigne
                                                                                            Thomas Tercieu,
Lettres (2008). Il joue sur un Stradivarius,   visions. Son activité discographique
                                                                                            Véronique Tercieux-Engelhard
le « ex Roederer » de 1710, et également       reste très soutenue, et plus de 300 réfé-    Altos
sur un violon fait pour lui par le luthier     rences sont disponibles en téléchar-         Jean-Baptiste Brunier, Marc Desmons*,
français Jacques Fustier, le « Don Qui-        gement sur iTunes.                           Christophe Gaugué, Fanny Coupé,
chotte ».                                      Chaque saison, l’Orchestre Philharmo-        NN, Daniel Vagner,
www.davidgrimal.com                                                                         Marie-Emeline Charpentier,
                                               nique propose quinze à vingt créations,
                                                                                            Sophie Groseil, Elodie Guillot,
                                               et participe aux festivals de musique        Anne-Michèle Liénard, Jacques Maillard,
                                               contemporaine (Présences, Musica,            Frédéric Maindive, Benoît Marin,
Orchestre Philharmonique                       Agora). Les musiciens auront la joie de      Jérémie Pasquier *, Martine Schouman,
de Radio France                                retrouver Esa-Pekka Salonen, en février      Aurélia Souvignet-Kowalski,
Myung-Whun Chung, directeur musical                                                         Marie-France Vigneron, NN
                                               2011 au Châtelet, à l’occasion du fes-
                                                                                            Violoncelles
                                               tival Présences.                             Eric Levionnois, Nadine Pierre,
Héritier du premier orchestre philhar-         Les musiciens de l’orchestre intervien-      Daniel Raclot, Pauline Bartissol,
monique créé dans les années 1930              nent en milieu scolaire ainsi que dans       Jérôme Pinget,
par la radio française, l’Orchestre Phil-      les hôpitaux auprès des enfants              Anita Barbereau-Pudleitner,
                                                                                            Jean-Claude Auclin, Yves Bellec,
harmonique de Radio France a été               malades. Avec Myung-Whun Chung,
                                                                                            Catherine de Vençay, Marion Gailland,
refondé au milieu des années 1970 à            ils sont Ambassadeurs de l’Unicef            Renaud Guieu, Karine Jean-Baptiste,
l’instigation de Pierre Boulez, qui fus-       depuis 2007. Ils ont imaginé une Aca-        Jérémie Maillard, Clémentine Meyer,
tigeait la rigidité des formations             démie Philharmonique pour les jeunes         Nicolas Saint Yves
symphoniques traditionnelles. Au               musiciens en collaboration avec le           Contrebasses
                                                                                            Christophe Dinaut, NN,
contraire, l’orchestre peut se partager        Conservatoire de Paris.
                                                                                            Jean Thévenet, Jean-Marc Loisel,
simultanément en plusieurs forma-                                                           Daniel Bonne, Jean-Pierre Constant,
tions du petit ensemble au grand               L’Orchestre Philharmonique de Radio          Michel Ratazzi, Dominique Serri,
orchestre, pour s’adapter à toutes les         France a créé un site Internet dévolu        Henri Wojtkowiak, NN, NN
configurations du répertoire du XVIIIe         au jeune public (www.zikphil.fr). Il béné-   Flûtes
                                                                                            Magali Mosnier, Thomas Prévost,
siècle à nos jours.                            ficie du soutien d’un mécène principal,
                                                                                            Michel Rousseau , Emmanuel Burlet,
En 2010, l’Orchestre Philharmonique            Amundi, et de partenaires réunis au          Nels Lindeblad
de Radio France et Myung-Whun                  sein de l’association ProPhil.               Hautbois
Chung, qui fête ses dix ans à la tête de                                                    Hélène Devilleneuve, Olivier Doise,

                                                                                                                                       9
Stéphane Part, Stéphane Suchanek, NN       L’Académie philharmonique
     Clarinettes                                Composée d’élèves du Conservatoire
     Jérôme Voisin, NN, Jean-Pascal Post,       national supérieur de Paris,
     Manuel Metzger, Didier Pernoit,            partenaire de l’Orchestre
     Christelle Pochet                          Philharmonique de Radio France.
     Bassons
     Jean-François Duquesnoy, Julien Hardy,     Violons
     Stéphane Coutaz, Denis Schricke, NN        Emeline Concé, Elise De Bendelac,         Président : Laurent Bayle
     Cors                                       Angélique Debay, Estelle Diep,          Directeur : Thibaud de Camas
     Antoine Dreyfuss, Jean-Jacques Justafré,   Hildegarde Fesneau, Romain Gerbi,
                                                                                             www.sallepleyel.fr
     Matthieu Romand, Sylvain Delcroix,         Agathe Girard, Raphaël Jacob-Franck,
     Hugues Viallon, Xavier Agogué,             Adrien Jurkovic, Simon Kluth,
     Stéphane Bridoux, Isabelle Bigaré,         Anne-Sophie Le Rol, Rika Masato,
     Bruno Fayolle                              Haruka Matsuoka, Ji-Weon Moon,
     Trompettes                                 Mathilde Potier
     Alexandre Baty, Bruno Nouvion,             Altos
     Gérard Boulanger, Jean-Pierre Odasso,      Leonore Castillo, Claire Chipot,
     Gilles Mercier, Jean-Luc Ramecourt         Anne-Sandrine Hollebeke-Duchêne,
     Trombones                                  Chieh-Yu Lin, Thien-Bao Pham-Vu,
     Patrice Buecher, Antoine Ganaye,           Cédric Robin
     Alain Manfrin, David Maquet,               Violoncelles                             Président : Pierre Richard
     Raphaël Lemaire, Franz Masson              Natacha Colmez, Léonard Frey-Maibach,
     Tuba
                                                                                          Directrices générales :
                                                Alexis Girard, Amandine Robilliard,            Marie Collin
     Victor Letter                              Honorine Schaeffer
     Timbales                                                                              Joséphine Markovits
                                                Contrebasses
     Jean-Claude Gengembre,                                                             www.festival-automne.com
                                                Tarik Bahous, Alexandre Baile,
     Adrien Perruchon
                                                Renaud Bary, Pierre-Raphaël Halter
     Percussions
                                                Flûtes
     Renaud Muzzolini, Francis Petit,
                                                Seiya Ueno, Cécile Vargas
     Gabriel Benlolo, Benoît Gaudelette, NN
                                                Hautbois / Cor anglais
     Harpes
                                                Olivier Stankiewicz
     Nicolas Tulliez, Emilie Gastaud*
                                                Clarinette
     Claviers
     Catherine Cournot                          Raphaël Severe
                                                Clarinette basse
     * musiciens non titulaires                 Ghislain Roffat
                                                Bassons
     Administration de l’Orchestre              Audran Bournel-Bosson, Thomas Rio
     Directeur artistique, Eric Montalbetti     Cors
     assisté de Stella Lale-Gérard              Stéphane Grosset, Jennifer Sabini
     Administrateur délégué, Benoît Braescu     Trompettes
     assisté de Evelyne Delattre                Adrien Crabeil, Ludovic Grillon
     Régisseur principal, Patrice Jean-Noël     Trombone
     Adjointe, Valérie Robert                   Maxime Delattre
     Assistante, Mady Senga-Remoué              Trombone basse
     Attachée de presse et communication,       Sébastien Gonthier
     Laurence Lesne-Paillot                     Tuba
     Relations publiques et projets             Julian Cousteil
     audiovisuels, Annick Nogues                Saxophone
     Responsable du programme                   Christophe Grezes
     pédagogique, Cécile Kauffmann-Nègre        Percussions
     Régie d’orchestre, Olivier Lardé,          Emmanuel Hollebeke,
     Philippe Le Bour                           François-Xavier Plancqueel
     Moyens logistiques et de production
     musicale, Alain Auvieux, Patrice Thomas
     Vincent Lecocq
     Responsable de la bibliothèque
     des formations, Catherine Nicolle
     Bibliothécaires, Noémie Larrieu,
     Maud Rolland

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unicef

Ambassadeurs de l’Unicef depuis 2008, Myung-Whun Chung et les musiciens de l’Orchestre
Philharmonique de Radio France sont devenus de véritables partenaires et un réel soutien
pour l’Unicef.
A travers les missions, notamment au Bénin, ils ont partagé le souci de l’Unicef d’améliorer
la santé, l’éducation et la protection des enfants.
Au cours de plusieurs concerts ils ont associé étroitement des enfants, en leur faisant une large
place au cœur même de la musique.
Un véritable dialogue s’est engagé entre les musiciens, le maestro et les enfants.
Ensemble, avec beaucoup d’exigence et un investissement total, ils ont cherché les notes
justes, ils ont quêté l’excellence.
Cette excellence, le Maestro et les musiciens la voudraient pour tous les enfants. Les conditions
de vie de beaucoup d’entre eux leur sont intolérables.
Ils ont choisi d’aider l’Unicef avec ce qu’ils possèdent de plus précieux : l’art qu’ils maîtrisent,
la musique qu’ils portent à un haut degré d’excellence.
3RXUVRXWHQLUODFDXVHGHVHQIDQWVLOVUÆVHUYHQWOHXUWHPSVLOVRIIUHQWOHVEÆQÆĺFHVGHSOXVLHXUV
concerts, ils ont plus d’une fois renoncé à leurs cachets.
7RXWHXQHUÆJLRQGX%ÆQLQYDJU¿FH½FHVGRQVSRXYRLUEÆQÆĺFLHUGpDGGXFWLRQGpHDX
GHVHQIDQWVGRQWEHDXFRXSGHSHWLWHVĺOOHVYRQWÇWUHGÆOLYUÆVGHODFRUYÆHGpHDXHWYRQWSRXYRLU
consacrer ce temps à l’école.
Avec eux, avec l’Unicef, contribuons à construire un monde plus juste, un monde plus digne
de l’attente des enfants.
Jacques Hintzy
Président Unicef France

                                                                                                       11
©Chritophe Abramowitz/RadioFrance

                                         Musique Matin
                                         Lundi / vendredi 7h - 9h
                                         francemusique.com

                                         france musique
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