Burkina Faso FOCUS - Solidar Suisse
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02 Éditorial
Depuis 45 ans, Solidar Suisse s’engage au Burkina Faso,
le quatrième pays le plus pauvre du monde. Depuis 45 ans,
nous nous mobilisons pour y améliorer l’éducation et la
formation des enfants et des jeunes, renforcer la société
civile, accroître la sécurité alimentaire et contribuer ainsi
à l’amélioration des conditions de vie de la population
pauvre du pays, essentiellement rurale. Nous le faisons
systématiquement en collaboration avec nos organisations
partenaires enracinées dans le terreau local.
Barbara Burri Le Burkina Faso est un bon exemple de l’évolution de la
Codirectrice de Solidar Suisse coopération au développement au fil du temps et de la
façon dont nous adaptons nos activités aux réalités chan-
geantes : ce pays a été longtemps caractérisé par un
vivre-ensemble harmonieux. La situation a radicalement
changé ces quatre dernières années. Des attentats terro-
ristes et une méfiance croissante entre les différents
CHÈRE LECTRICE,
groupes ethniques mettent la cohésion sociale en péril
dans le pays. C’est pourquoi nos projets explorent de
nouvelles pistes et conjuguent continuité et innovation.
Nous continuons donc à mettre l’accent sur la formation
CHER LECTEUR,
des jeunes afin de leur offrir des perspectives. Dans les
régions menacées du nord du pays, ils sont désormais
également sensibilisés aux dangers d’une escalade de la
violence. Comme le dit si bien notre coordinateur
Dieudonné Zaongo : « Une jeunesse instruite risque moins
d’être endoctrinée politiquement ou religieusement et peut
développer une tolérance culturelle et religieuse. »
Nous créons par ailleurs des espaces de rencontres pour
que les différents acteurs sociaux et religieux puissent
s’asseoir autour d’une même table et réfléchir ensemble à
des solutions pour un avenir pacifique au Burkina Faso.
Barbara BurriSommaire 03
SOMMAIRE
04
12
Focus – Burkina Faso
04 La richesse sociale du Burkina Faso est
de plus en plus menacée par des attentats
08 Lutter contre la propagation de la méfiance
à l’ombre d’arbres à palabres
09 Comprendre le travail des enfants pour
agir efficacement
16
10 De meilleurs services de base grâce à la
participation de la population locale
12 Un œil sur
Rating des communes Solidar 2019 : toujours
davantage de communes se montrent solidaires
Une enquête de Solidar le révèle : Nestlé
achète de l’huile de palme issue du travail des
enfants et du travail forcé
14 À chaud
Coup d’œil sur l’actualité
15 Racontez-nous
Comment choisir qui représentera mes intérêts
si je deviens incapable de discernement ?
16 Le défi
Par la danse, la chorégraphe Patricia Sejas
veut transformer le regard de la jeunesse 17 Chronique
bolivienne sur elle-même et sur le monde 18 Sudoku et Revue de presse
19 Impressum
19 Ensemble 20 Envoyez une carte cadeau
S’engager avec Solidar Suisse de SolidarBurkina Faso 05
Au cours de ses 45 années d’engagement au
Burkina Faso, Solidar Suisse a été témoin de
nombreux développements dans le pays – de divers
coups d’État à près de 30 ans de régime autoritaire
de Blaise Compaoré en passant par la révolution
de Thomas Sankara. Et nous avons apporté notre
contribution sur cette toile de fond : par exemple,
en initiant une éducation multilingue ou en renforçant
la société civile pour que la population puisse
profiter des possibilités de participation offertes
depuis la décentralisation en 2006.
COHABITATION
HARMONIEUSE
EN PÉRIL
Au Burkina Faso, la majorité de la population
cohabite en paix malgré la grande pauvreté
et les nombreuses disparités ethniques
et religieuses. Cette richesse sociale est de
plus en plus mise à mal par des attentats
perpétrés dans le nord du pays.
Texte : Dieudonné Zaongo, responsable du bureau
de coordination de Solidar Suisse au Burkina Faso.
Photos : Andreas Schwaiger et Jürg Gasser
À première vue, le Burkina Faso est confronté à
de nombreux problèmes. Le pays est gravement
touché par le changement climatique, 40 % de
sa population vit en dessous du seuil de pauvreté
et 65 % ne savent ni lire ni écrire. Bien que le taux
d’alphabétisation des 15 – 24 ans soit un peu supé-
rieur, les chances de trouver un emploi sont faibles
en raison d’un manque de qualifications et, dans
les zones rurales surtout, d’une pénurie d’emplois.
Au Burkina Faso, les élèves suivent mieux les leçons
depuis qu’elles sont également données dans Pour échapper à la pauvreté, les jeunes et souvent
leur langue maternelle et pas seulement en français, même les enfants cherchent à gagner leur vie dans
langue qu’ils peinent à comprendre au début. les mines d’or ou en ville. Ils y sont exposés aux ma-ladies, aux pesticides, aux drogues et à la violence, proche des gens de la campagne. Je connais les
ce qui leur coûte souvent la vie. Ou bien ils aident conditions difficiles dans lesquelles vivent et
leurs parents dans les champs de coton pour assu- travaillent les paysan-ne-s, et je sais par expérience
rer la survie de la famille (lire en page 9). qu’il suffit parfois de peu de choses – une moto-
pompe, deux chèvres, une formation – pour prendre
Coexistence pacifique son envol et devenir un acteur économique dans
Même si la prospérité financière est hors de son village. Je sais que le soutien des autorités
portée pour beaucoup, on peut dire que le pays
se caractérise par une grande richesse sociale.
Pendant des générations, des personnes de reli-
gions diverses et de 60 ethnies et langues diffé- « Les jeunes ont besoin de
rentes ont cohabité en paix, même si le pays a été
marqué par des régimes autoritaires. Durant ses
perspectives pour continuer de
quatre années de présidence, Thomas Sankara croire qu’il est possible
– bien qu’arrivé au pouvoir suite à un coup d’État – de s’extraire de la pauvreté. »
a profondément enraciné l’engagement de la po-
pulation civile dans les années 1980. Même après
le coup d’État de Blaise Compaoré et pendant
ses 27 ans au pouvoir, un climat de paix et de locales et des organisations de la société civile
sécurité sociale a été préservé et la destitution favorise l’accès de la population à de meilleurs
de Compaoré en 2014 a été déclenchée par des services sociaux de base. Et je sais qu’une école
manifestations populaires largement pacifiques. où les enfants reçoivent un enseignement dans
Depuis 45 ans, Solidar Suisse contribue au dé- les langues nationales peut les aider à acquérir
veloppement du pays : sécurité alimentaire, travail une bonne formation et à s’intégrer dans le monde
décent, participation de la société civile (à décou- du travail. C’est précisément pour cela que Soli-
vrir en page 10) et amélioration des conditions de dar Suisse se mobilise. C’est particulièrement le
vie de la population pauvre. cas dans la région du Plateau central, au cœur du
Je suis responsable du bureau de coordination pays, où nous avons obtenu de bons résultats : par
de Solidar, mais avant tout Burkinabé. Ayant gran- exemple, la mise en place d’une éducation mul-
di dans une famille d’agriculteurs, j’ai toujours aidé tilingue, dont les principes sont désormais inté-
mes parents aux champs pendant mes vacances. grés dans la formation des enseignants ; la sécu-
Aujourd’hui encore, je me sens particulièrement rité alimentaire des paysans grâce à de meilleuresBurkina Faso 07
Opportunités de formation pour les
jeunes ou techniques culturales pour
lutter contre le changement climatique :
Solidar soutient la population burkinabé
dans sa lutte pour de meilleures
conditions de vie.
techniques et la création de greniers collectifs ou Éducation plurilingue et perspectives
encore la réintégration scolaire des enfants qui tra- Dès le début, Solidar Suisse s’est engagée en fa-
vaillaient dans des mines d’or. veur du développement de l’éducation multilingue,
laquelle contribue de manière significative à la
Des milliers de personnes déplacées diversité culturelle. Un jeune instruit est moins sus-
à l’intérieur du pays ceptible d’être endoctriné politiquement ou religieu-
Malheureusement, la situation au Burkina Faso a sement et peut développer une tolérance culturelle
changé à un rythme inquiétant ces quatre dernières et religieuse. L’éducation multilingue doit s’impo-
années. Paix sociale et sécurité disparaissent au ser dans tout le pays, car si la diversité culturelle
profit de conflits tous azimuts qui engendrent une et linguistique est une force indéniable, elle peut
insécurité grandissante. Ceux qui sont censés pro- entraîner des divisions et des conflits ethniques en
téger la population sont devenus la cible privilégiée l’absence de coordination et de reconnaissance.
des groupes islamistes qui n’épargnent personne, Si les jeunes se laissent endoctriner, c’est
que ce soit les communautés religieuses, l’armée aussi parce qu’ils ont perdu confiance dans l’État
ou les forces de sécurité. Plus de 480 000 Burki- et qu’ils ne voient aucune perspective pour eux-
nabés ont été déplacés à l’intérieur du pays et des mêmes. Il est donc crucial de renforcer la capacité
décennies de coexistence pacifique et de compré- d’action et les moyens de subsistance de la popu-
hension entre les différentes religions et groupes lation. Pour que les gens continuent de croire qu’il
ethniques sont de plus en plus entravées par la est possible de sortir de la spirale de la pauvreté.
méfiance et les accusations de complicité dans la Afin de promouvoir la cohésion sociale dans les
situation actuelle. régions septentrionales menacées, Solidar soutient
Le budget de l’Etat est largement entamé pour depuis février l’ONG locale « Union Fraternelle des
l’urgence sécuritaire. Les autres secteurs prio- Croyants » (UFC). Cette organisation a une grande
ritaires en sont négativement impactés. Dans le expérience de la promotion de la cohabitation cultu-
même temps, les organisations de la société civile relle et du dialogue inclusif dans la région du Sahel
et les syndicats n’ont jamais été aussi forts. Nous (voir page 8). Goutte d’eau ? Certainement. Mais
assistons à une véritable vague de grèves, de dans le désert, une goutte a une portée très diffé-
revendications et de manifestations. Le pays est rente de celle qui tombe dans la mer.
plus instable que jamais. Et pourtant, je crois qu’il www.solidar.ch/burkina-faso
existe une solution à laquelle chacun doit contri-
buer.Solidar renforce les
échanges entre
les communautés du
nord du pays afin
de préserver la
confiance mutuelle.
DIALOGUES DE PAIX À L’OMBRE
D’ARBRES À PALABRES
L’an dernier, diverses attaques terroristes ont eu lieu dans le nord du Burkina Faso.
Cette réalité impacte la stabilité sociale.
Texte : Meret Balmer, assistante au sein du programme international de Solidar Suisse.
Photo : Guillaume Colin/Pauline Penot
Dans la région frontalière entre le Burkina Faso et Elles offrent à la population l’occasion d’échanges
le Mali, toute vie publique risque de disparaître. de vues.
Les gens ont toujours plus peur de quitter leur do-
micile car ils craignent d’être victimes d’un attentat. Créer des perspectives pour les jeunes
Un autre aspect concerne l’intégration des jeunes.
Dialogue pour la paix Bon nombre d’entre eux ne vont pas à l’école et
Les gens n’ont pratiquement plus de lieux pu- n’ont pas d’emploi, raison pour laquelle ils sont
blics pour parler de leurs problèmes ; la méfiance vulnérables aux tentatives de recrutement par des
gagne. Un nouveau projet de Solidar Suisse vise groupes terroristes. Solidar Suisse veut aider la
à contrer cette évolution : il crée des lieux de jeunesse à trouver un emploi ou une formation. Une
rencontre et ouvre des perspectives aux jeunes. étude doit sonder les possibilités qui se présentent
Divers acteurs sociaux et religieux se réunissent dans la région. Les résultats serviront à élargir
autour d’une même table pour discuter de la façon les programmes de formation pour les professions
de remédier à la situation tendue. Notre organisa- offrant les meilleures perspectives.
tion partenaire interconfessionnelle « Union Frater- Solidar organise également des ateliers pour
nelle des Croyants » (UFC) organise par ailleurs informer les jeunes sur le danger que représentent
des rencontres à l’ombre « d’arbres à palabres ». les groupes terroristes. « Il est important pour nous
de contribuer à la prévention de la violence et à la
promotion du dialogue interreligieux », lance Diaba-
té Souleymane du Conseil des jeunes du Sahel,
Votre don compte qui a participé à un tel atelier. « Nous nous félici-
tons que Solidar Suisse implique les jeunes. » Ils
Avec 50 francs, vous soutenez un jeune au propagent leurs propres messages de tolérance et
Burkina Faso en lui offrant un stage pratique d’acceptation. Fin juin, à Gorom Gorom, à 70 kilo-
incluant le gîte et le couvert. Avec 90 francs, mètres de la frontière malienne, une quarantaine de
une émission de radio peut être diffusée à jeunes chrétiens et musulmans ont débattu de la
large échelle pour promouvoir la tolérance manière dont ils pouvaient œuvrer à « une meilleure
culturelle et religieuse et le respect mutuel. coexistence dans la paix et la sécurité ».Burkina Faso 09
AVEC LES PARENTS CONTRE LE TRAVAIL
DES ENFANTS
Le travail des enfants est une triste réalité dans les champs de coton
du Burkina Faso. Afin de s’attaquer efficacement à ce problème, Solidar sonde
les facteurs qui poussent les parents à envoyer leurs enfants au travail.
Texte : Meret Balmer, assistante au sein du programme international de Solidar Suisse. Photo : Christof Hotz
la chercheuse Elisa Mosler s’est penchée sur les
raisons de ce phénomène à l’appui d’une approche
psychosociale. Elle a cherché à savoir pourquoi les
parents emmenaient leurs enfants aux champs plutôt
qu’à l’école. Les résultats montrent que les parents
considèrent le travail aux champs comme faisant par-
tie de l’éducation et « craignent que leurs enfants ne
réussissent pas leur vie professionnelle s’ils ne font
qu’aller à l’école », révèle Elisa Mosler. Beaucoup de
parents inscrivent leurs enfants à l’école, mais il ar-
rive fréquemment que ces derniers n’y aillent pas du-
rant la période des récoltes. L’exemple montre toute
l’importance de connaître la motivation des parents
pour provoquer un changement de comportement.
Stratégie d’intervention en prise sur la réalité
L’enquête a également montré que les parents pré-
féreraient que leurs enfants n’entrent pas en contact
avec des substances toxiques, mais qu’ils n’ont pas
Des enfants triment aux champs au lieu les moyens d’acheter des vêtements de protection.
d’aller à l’école : les commerçants suisses Les mesures mises en œuvre par Solidar tiennent
de coton ne doivent plus en tirer parti.
compte de ces résultats : nous informons les parents
sur la façon dont ils peuvent mieux se protéger, eux-
Dans l’ouest du Burkina Faso, la production de mêmes et leurs enfants, en cas de manipulation
coton est la principale source de revenus de la de produits chimiques. Vu le succès du projet pilote,
population. Pauvres pour la plupart, les parents 1000 producteurs de coton supplémentaires sont
emmènent souvent leurs enfants dans les champs sensibilisés, avec le soutien de l’Agence allemande
de coton car ils sont tributaires de ces revenus pour la coopération internationale.
supplémentaires. « C’est la seule façon de nous
nourrir, de nous vêtir et de parvenir à nous acquitter
des frais de scolarité », constate Monique, 14 ans.
Comme elle, 250 000 enfants aident à cultiver et à Premiers succès de notre campagne
récolter l’or blanc au Burkina Faso.
La campagne que nous avons lancée en début
Pourquoi les parents envoient-ils leurs d’année – et à l’appui de laquelle nous avons
enfants travailler ? appelé les négociants suisses Reinhart et Dreyfus
L’Organisation internationale du travail (OIT) lutte à prendre des mesures contre le travail des enfants
contre le travail des enfants. Cette forme de travail dans leur chaîne d’approvisionnement – a provoqué
a des répercussions négatives sur leur développe- une réaction très positive de leur part et des
ment. Le Burkina Faso en a interdit le principe et a sociétés de production au Burkina Faso. Les
réitéré cette interdiction à maintes reprises depuis. discussions ont montré que nous avions pu
Néanmoins, de nombreux enfants triment encore sensibiliser l’ensemble de la branche et que la
pendant des heures dans les champs, ne vont pas à volonté de s’impliquer dans la réduction du travail
l’école régulièrement et sont exposés à des produits des enfants était bien réelle.
chimiques dangereux. Mandatée par Solidar Suisse, www.solidar.ch/stop-travail-enfants10 Burkina Faso
« JE PENSAIS QU’ILS N’EN VOULAIENT
QU’À MON ARGENT »
Grâce à la participation politique, les Burkinabés parviennent à améliorer sensiblement
les conditions de vie dans les villages.
Texte : Katja Schurter, rédactrice responsable de Solidarité. Photos : arrêts sur image
« Je ne savais pas que les impôts servaient à plaints des accidents provoqués par les nombreux
payer l’infrastructure de notre ville, sourit Ludwine animaux en liberté. « La commune a décidé que
Oueadraogo. Je pensais qu’ils voulaient simple- les animaux devaient rester sur des parcelles clô-
ment me prendre mon argent. Je n’avais aucune turées », se réjouit Séverin Kabore de Radio Bassy.
idée de ce qu’il devenait. » Il en va autrement
aujourd’hui, car Ludwine écoute depuis quelque Place au dialogue
temps Radio Bassy. « Maintenant je sais : mes dix Solidar Suisse encourage par ailleurs le dialogue :
francs contribuent à la vie en communauté. » entre les communautés religieuses, les organisa-
Beaucoup de Burkinabés connaissent en- tions de femmes et de jeunesse, d’une part, et les
core mal leurs devoirs citoyens et les possibilités autorités, d’autre part. Lors de ces échanges,
de participer à la vie politique. Solidar Suisse les personnes concernées évoquent par exemple
soutient donc Radio Bassy, dont les émissions des problèmes au niveau des services publics «
de sensibilisation atteignent les villages les plus et les responsables comprennent ce qu’ils doivent
reculés. Solidar Suisse œuvre aussi pour que la changer », estime Maryam Neya, une villageoise.
population exprime ses préoccupations et prenne
pleinement part à la vie publique.
Des succès notables « Si l’on veut améliorer
Au Burkina Faso, cela ne fait que 13 ans que la
capitale ne décide plus de tout et que les com-
les services de base,
munes s’administrent elles-mêmes. « La société ci- la société civile doit avoir
vile n’est cependant pas encore assez organisée
pour exercer une influence sur les autorités, ex-
son mot à dire. »
plique Dieudonné Zaongo, responsable du bureau
de Solidar dans le pays. Nous encourageons dès
lors la création de réseaux capables d’intervenir « Nous voudrions que les autorités prennent
auprès des administrations. Par exemple, pour l’habitude d’utiliser ces espaces de dialogue pour
améliorer les services publics de base. » mener des consultations avant de prendre des
Et le succès est au rendez-vous : à Zorgho, décisions importantes, complète Dieudonnée
à plus de 100 kilomètres à l’ouest de la capitale Zaongo. Cela évitera que certaines communes
Ouagadougou, une initiative s’est attaquée aux reçoivent trop d’argent ou soient négligées. »
problèmes d’hygiène et d’assainissement. Aupa- Car la population peut désormais donner son
ravant, les latrines du marché étaient dans un tel avis sur le budget communal.
état, que clients et marchands préféraient aller Les stations de radio jouent un rôle clé dans la
se soulager dans la nature. « Après notre inter- circulation de l’information. L’émission Interpella-
vention, la situation s’est nettement améliorée, tion citoyenne, diffusée chaque jour pendant une
raconte Gérard Oueadraogo, du réseau local des demi-heure atteint par exemple 55 000 personnes.
organisations de la société civile (OSC). À pré- « Même celles qui habitent loin de la maison
sent, les gens qui viennent au marché utilisent les communale savent ainsi où parler de leurs sou-
toilettes. » Les habitantes et les habitants d’une cis », indique l’animateur Séverin Kabore. Albert
banlieue de Ouagadougou se sont pour leur part Tarpage, de Radio Laafi à Zorgho, ajoute quant àBurkina Faso 11
lui : « Avant, la commune placardait ses décisions
en français. Nul ne les lisait. La radio reprend ces
résolutions en moré, la langue locale, et explique
ce qui les a motivées. Depuis, les gens prennent
part beaucoup plus activement à la vie publique. »
La radio diffuse aussi les informations dans des
communes qui ne participent pas au projet. « Elles
peuvent s’inspirer de nos expériences pour animer
leur développement local », assure Cyrille Birba,
de Ziniaré.
Lutte contre le travail des enfants
À Méguet, un village voisin de Zorgho, les enfants
sont nombreux à interrompre leur scolarité pour
s’engager dans la mine d’or toute proche. « Tous
savent que les enfants travaillent sur les sites
d’orpaillage, mais nul ne fait rien », se révolte Ma-
thieu Soudre, du réseau des OSC. Celui-ci a en-
trepris de lutter contre la déscolarisation : « Nous
collaborons avec les écoles et avec les parents
pour les sensibiliser. Nous allons aussi à la ren-
contre des enfants dans les mines pour les inciter
à retourner à l’école », explique-t-il. Il est d’ailleurs
persuadé qu’il faut faire intervenir différentes
instances pour obtenir des résultats. Le but est
d’éviter aux enfants de subir le même sort qu’Ab-
doulaye : « Sur les sites d’orpaillage, les enfants
souffrent. J’ai compris que l’école est la meilleure
solution. » Grâce à l’appui du réseau d’OSC,
ce jeune de 11 ans fréquente à nouveau l’école.
Les protagonistes du film « Citoyens-Acteurs du
changement » Ludwine Oueadraogo, Séverin
Kabore, Abdoulaye et Mathieu Soudre (de haut
en bas) nous disent ce que signifie pour eux la
participation politique.12 Un œil sur
DES COMMUNES TOUJOURS PLUS SOLIDAIRES
Les résultats du rating Solidar des communes 2019 sont très réjouissants :
de plus en plus de communes suisses achètent de manière socialement responsable
et s’engagent dans la coopération au développement.
Texte : Katja Schurter, rédactrice responsable de Solidarité. Photo : Iwan Schauwecker
Pour la quatrième fois déjà, Solidar Suisse a évalué
dans quelle mesure les communes suisses assu-
ment leur responsabilité sociale. À chaque fois
les résultats s’améliorent : le 20 août dernier, nous
avons décerné seize distinctions, alors qu’il n’y en
avait que trois en 2011. La satisfaction régnait par-
mi les communes récompensées. Lors de la remise
des prix, le maire de Küsnacht, Markus Ernst, a
ainsi déclaré : « Cette distinction confirme que nous
utilisons nos ressources à bon escient. Voilà pour-
quoi nous tenons à axer mieux encore nos achats
sur les critères de durabilité sociale. »
La Suisse romande en tête Felix Gnehm, codirecteur de Solidar, récompense le
Sur les seize communes en tête du classement, maire de la commune de Küsnacht, Markus Ernst.
onze sont romandes. Carouge, dans la banlieue ge-
nevoise, atteint un nouveau record : 97,5 points sur cipe des achats durables. Dès que sa révision sera
100. Par ailleurs, plus aucune commune ne termine sous toit, nous inciterons les communes à exploiter
avec 0 point. En d’autres termes, les communes les moyens offerts par la LMP pour intégrer
sont toujours plus nombreuses à soutenir des la durabilité dans leurs directives sur les achats et
projets de lutte contre la pauvreté dans le monde à appliquer ensuite ces directives avec rigueur.
et veillent à ce que les uniformes, les ordinateurs Les progrès potentiels sont particulièrement impor-
et les pavés qu’elles achètent soient produits dans tants en Suisse alémanique, car un tiers des com-
des conditions de travail décentes. Sachant que munes étudiées ne font rien ou presque.
leur pouvoir d’achat avoisine 16 milliards de francs Nous pourrons ainsi prendre en compte le
par an, il est évident qu’elles ont de l’influence et nouveau cadre légal fourni par la LMP dans notre
doivent servir d’exemple. prochaine évaluation des communes. « Le rating
Il est d’ailleurs réjouissant de constater que des communes nous pousse à utiliser au mieux les
même de petites communes tiennent de plus en possibilités de concrétiser notre engagement so-
plus compte de la durabilité dans leurs acquisi- cial »: Markus Ernst a bien résumé la philosophie de
tions. Lyss et Rheinfelden ont par exemple nette- notre démarche.
ment amélioré leur score dans ce domaine. Cette
UN ŒIL SUR
année, c’est Uster qui enregistre la plus forte
progression : en relevant le montant consacré à la
coopération au développement et en réorientant À vous de jouer !
sa politique d’achat, cette ville a gagné pas moins
de 50 points. Elle totalise désormais 73,6 points Participez à notre effort en incitant votre
et était à deux doigts de remporter cinq globes. commune à acheter durable. Vous trouverez
une lettre type à cette fin de même que les
Nouvelle loi en vue résultats de toutes les communes évaluées sur
L’avenir s’annonce d’ailleurs prometteur : la nouvelle www.solidar.ch/rating. Nous serions très
loi sur les marchés publics (LMP) devrait entrer heureux de prendre connaissance d’une éventu-
en vigueur en janvier 2021. Solidar a lutté pendant elle réponse de votre commune et en rendrons
des années pour que la Suisse adopte cette base volontiers compte dans un prochain numéro de
légale qui attribue une valeur contraignante au prin- Solidarité.Un œil sur 13
Le travail dans
les plantations est
dangereux.
Les accidents y
sont fréquents.
NESTLÉ TIRE PROFIT DU TRAVAIL FORCÉ
Une enquête de Solidar Suisse révèle que le travail des enfants et le travail forcé sont
courants dans les plantations malaisiennes de palmiers à huile. Nestlé est impliquée.
Texte : Katja Schurter, rédactrice responsable de Solidarité. Photo : Solidar
En Suisse, les magasins regorgent de produits Privés d’école, les enfants travaillent
contenant de l’huile de palme qui provient en Entre 50 000 et 200 000 enfants vivent dans les
grande partie de Malaisie et entre notamment dans plantations. Ati, 18 ans, était l’un d’entre eux : « De-
la composition des produits Nestlé. En achetant puis tout petit, j’aide ma mère à rassembler les
cette huile, la multinationale suisse de l’alimentaire fruits. » Ati n’a pas pu aller à l’école. Les enfants nés
profite du travail des enfants et du travail forcé. sur place sont souvent apatrides, car la Malaisie
Preuve en sont les résultats d’une enquête de So- n’établit pas d’acte de naissance pour les enfants
lidar Suisse dans deux plantations de la province des migrants. Privés de papiers, ils n’ont pas accès
malaisienne de Sabah où Nestlé se fournit. à l’école publique ni aux soins médicaux. Ils n’ont
ensuite pratiquement aucune chance de vivre ail-
Livrés au bon vouloir des propriétaires leurs que dans une plantation.
Dans les plantations de palmiers à huile, le travail Depuis 2018, Solidar Suisse soutient donc les
est rude et dangereux. La majorité des travail- écoles mises sur pied par les employés des planta-
leurs-euses, principalement des migrants venus tions. « Ces centres offrent l’occasion aux enfants
d’Indonésie, sont dans l’illégalité. Bien que ce sec- d’aller à l’école », souligne Ismaïl B.*, qui travaille
teur de l’économie malaisienne soit tributaire de la comme enseignant sur place. C’est leur seul moyen
main-d’œuvre étrangère, la migration est régie de d’échapper à ce cercle vicieux.
manière très stricte : la police opère de fréquentes
razzias et expulse les sans-papiers. Vivant la peur Les belles promesses ne suffisent pas …
au ventre, les ouvriers-ères sont sans défense face Solidar exige que Nestlé fasse montre de transpa-
aux propriétaires. Les employeurs refusent de leur rence absolue sur ses filières d’approvisionnement
accorder des postes réguliers, confisquent leur et prenne des mesures pour mettre fin à l’exploita-
passeport et leur versent des salaires de misère. tion. La multinationale entend examiner les reproches
« Mon revenu, raconte le cueilleur Abduh M.*, dé- qu’on lui adresse et a proposé un dialogue. Simone
pend de la récolte. Il arrive que nous n’ayons pas de Wasmann, responsable de la campagne, estime
quoi manger. » Le travail est pénible : les sacs d’en- que « si Nestlé prend vraiment sa responsabilité
grais transportés à dos d’homme pèsent jusqu’à sociale au sérieux, elle doit faire pression sur ses
50 kilos et l’épandage de pesticides provoque de partenaires commerciaux de Sabah afin de garan-
fréquents problèmes. Saiful K.*, qui travaille dans tir que les travailleurs et travailleuses bénéficient
une plantation, est clair : « Même lorsque nous por- d’emplois fixes et de mettre fin à l’exploitation des
tons de longues manches, nous entrons en contact enfants. »
avec les produits chimiques. » www.solidar.ch/huiledepalme
*Noms modifiés14 À chaud
Photo : Solidar
NICARAGUA : DU CHOCOLAT
POUR RITTER SPORT
Un projet de Solidar lancé en 2017 dans la com-
mune de Waslala (nord du Nicaragua) aide les petits
producteurs et productrices de cacao à améliorer la
qualité de leurs produits et à s’ouvrir des débouchés.
Et ça marche : 225 familles, réunies pour commercia-
liser leur production ont déjà fourni cette année
30 tonnes de cacao à Ritter Sport, fabricant alle-
mand de chocolat. Le prix de vente permet d’assurer
des conditions de travail décentes. Elba Soza en
bénéficie, alors qu’une commercialisation ne lui avait
guère été profitable jusqu’alors. « C’est la première
fois que nous pouvons vendre notre cacao à un prix
sûr, qui nous garantit un revenu », se réjouit-elle.
En 2019, les premiers producteurs et productrices
ont obtenu le label UTZ.
Photo : Vulcan/Seahorse
GHOST FLEET
Au Festival du film pour les droits humains, Solidar
projettera le documentaire Ghost Fleet sur la traite
d’êtres humains dans le secteur thaïlandais de la
pêche. Le golfe de Thaïlande ayant été vidé de ses
poissons, les bateaux doivent franchir des milliers
de miles pour en trouver. La corvée incombe à de
jeunes hommes migrants. Attirés à coups de belles
promesses, ils sont vendus aux entreprises de
pêche. Ils passent souvent plus de dix années en
mer, certains mourant d’épuisement, d’autres optant
pour le suicide. La militante Parima Tungpuchayakul
s’est donné pour mission de libérer ces pêcheurs
réduits à l’esclavage. Le film témoigne de son
engagement et nous oblige à revoir nos modes de
consommation. Projection le 6 décembre au Kosmos
à Zurich. www.solidar.ch/agenda
Photo : Christian Aid
BANGLADESH : DES POTAGERS
VERTICAUX POUR LES RÉFUGIÉS
Depuis 2017, Solidar Suisse apporte une aide
humanitaire aux Rohingyas qui ont fui le Myanmar.
En mars, nous avons lancé un nouveau projet qui
améliore les conditions de vie de quelque 13 500
bénéficiaires. Faute de place, nous avons créé des
potagers verticaux : les réfugiés cultivent désormais
À CHAUD
des légumes sur les parois et les toits des habita-
tions. Nous encourageons en outre la création de
petites entreprises, afin de diversifier les sources
de revenus et d’ouvrir de nouvelles perspectives
professionnelles. La construction de 400 abris et
des mesures destinées à réduire les risques de
catastrophe contribuent à améliorer les conditions
de vie de plus de 5000 réfugiés et habitants locaux
extrêmement pauvres.Racontez-nous 15
Et où dois-je conserver
ces documents ?
Conservez les originaux à un en-
droit sûr, auquel seuls vous et les
personnes autorisées avez accès.
Comment dois-je m’y prendre
pour adapter mon testament ou
l’un des deux autres documents ?
Vous pouvez apporter à la main
L’ESSENTIEL ? S’Y PRENDRE des compléments, dûment datés
et signés, à un testament ou à un
À TEMPS ! mandat pour cause d’inaptitude
Un décès, cela se prépare, même si vous n’avez pas de qui ont été rédigés à la main. Les
documents établis par un notaire
volonté particulière à faire respecter. René Bätschmann,
doivent être refaits à neuf. Quant
spécialiste de la protection des adultes, nous l’explique. aux directives anticipées, vous
Interview : Christof Hotz, chargé de la collecte de fonds chez Solidar Suisse. avez intérêt à remplir un nouveau
Photo : VoBox AG formulaire et à détruire l’ancien.
Je serai bientôt à la retraite. Com- mandat pour cause d’inaptitude. Que faut-il encore prévoir ?
ment m’y prendre pour que ma Il doit soit être rédigé à la main, Il vaut la peine de consulter un
volonté soit respectée s’il devait daté et signé, soit établi par un spécialiste pour éviter que les
m’arriver quelque chose ? notaire. Pour qu’il soit valable, documents établis ne soient atta-
Je vous recommande de ne pas vous devez veiller à respecter les qués légalement ou déclarés non
attendre l’approche de la retraite parts réservataires de vos héri- valides le moment venu.
pour penser à votre avenir. Vous tiers légaux.
devriez le faire au moment où Pouvez-vous donner un
vous fondez une famille ou ache- Quand faut-il établir un mandat exemple illustrant la nécessité
tez un logement : consultez pour cause d’inaptitude ? d’agir à l’avance ?
un ou une spécialiste pour éta- Nul ne pouvant prévoir à quel mo- Oui, bien sûr. C’est le cas d’un
RACONTEZ-NOUS
blir des directives anticipées du ment surviendra une incapacité couple, mari et femme étant
patient, un mandat pour cause de discernement, toute personne propriétaires à parts égales de
d’inaptitude et un testament. majeure devrait établir un tel man- leur logement. À la suite d’un
dat. Il vous permet de désigner accident, l’épouse a perdu sa
Quelle est la différence entre une personne qui représentera capacité de discernement. Si rien
ces trois documents ? vos intérêts en cas de besoin. En n’avait été prévu, c’est l’autorité
Un testament règle le partage l’absence de mandat, c’est l’auto- de la protection de l’adulte qui
de votre succession après votre rité compétente qui s’en charge. aurait défendu ses intérêts. Sans
mort ; les directives anticipées et l’accord de cette autorité, le mari
le mandat pour cause d’inaptitude Pour le testament, je peux de- n’aurait pas pu rénover leur loge-
consignent vos souhaits et vos mander conseil à un-e notaire ; ment, ni le louer et encore moins
besoins avant votre décès, par pour les directives anticipées, le vendre. Or, dans son mandat
exemple en cas de maladie ou à mon médecin de famille. pour cause d’inaptitude, l’épouse
pour le cas où vous perdriez votre Et pour un mandat pour cause avait désigné son mari pour la
capacité de discernement. d’inaptitude ? représenter. Ce dernier peut donc
Vous trouverez des spécialistes décider de leur bien commun.
Comment rédiger mon testament dans une étude de notaires, au-
pour faire preuve de solidarité ? près d’un service de consultation René Bätschmann est fondateur et
Le testament doit respecter les juridique ou dans une entreprise associé de VoBox AG, entreprise spé-
mêmes règles de forme que le spécialisée. cialisée dans la prévoyance.16 Le défi
DANSER POUR TRANSFORMER
LA BOLIVIE DE DEMAIN
La chorégraphe Patricia Sejas transforme, grâce à la danse, le regard des jeunes
Boliviens sur eux-mêmes et sur le monde. Elle est prochainement en tournée dans
une cocréation entre la Bolivie et la Suisse.
Texte : Lionel Frei, chargé de communication à Solidar Suisse. Photos : Tony Suarez
« Un voyage infini de surprises, d’émotions et de
mouvements. » C’est en ces termes que Patricia
Sejas décrit la danse contemporaine. Un art pour Le spectacle Travesía
lequel la chorégraphe, professeure et danseuse en tournée à Genève
consacre sa vie. A 61 ans, cette femme dynamique,
au discours fleuri, accompagnera une troupe À l’occasion de ses 5 ans, Solidar Suisse
de jeunes Boliviens pour le spectacle de danse Genève a initié un projet de cocréation entre
Travesía qu’elle a cocréé et qui sera présenté à Ge- Patricia Sejas et la chorégraphe genevoise
nève (voir encadré). « L’art a la capacité d’atteindre Noelia Tajes. Travesía, le spectacle de danse qui
l’âme. Notre proposition est de faire sentir ce que en résulte, est programmé au Théâtre de la
vivent les jeunes Boliviens dans une proposition Parfumerie le lundi 18 novembre, ainsi que le
sensible et humaine », détaille Patricia Sejas. mercredi 20 dans le cadre des festivités des
Après une formation à la danse folklorique et 30 ans de la Convention des droits de l’enfant.
classique elle devient, au début des années 1980, Composé d’une troupe de cinq jeunes Boliviens
LE DÉFI
membre d’un groupe pionnier de danse contempo- et d’autant de Genevois, le spectacle mêlant
raine bolivienne, le « Melo Tomsich Contemporary hip-hop et danse contemporaine abordera la
Dance Studio ». « Ce qui était génial à l’époque thématique de la migration, vue à travers le
c’est qu’il n’y avait ni chorégraphes ni danseurs regard de la jeunesse. Un workshop pour
formés pour donner des ateliers. Nous avions seu- professionnels et plusieurs représentations
lement envie d’explorer le mouvement et l’espace scolaires sont également prévus. Informations et
et de retrouver notre corps individuel, mais aussi inscription sur www.solidar.ch/geneveLe défi 17
Président de Solidar Suisse
La danseuse et chorégraphe Patricia
Sommaruga
Sejas en action.
Carlo
collectif » rigole-t-elle. Une expérience qui ne la
quittera plus. Depuis, elle multiplie les ateliers Sensibilisation indispensable
de danse contemporaine, les formations, notam- En début d’année, nous avons lancé la
ment à l’Universidad Católica Boliviana (UCB), campagne sur le travail des enfants dans le
les collaborations artistiques et les directions de coton au Burkina Faso. Une campagne met-
compagnie. tant en exergue deux choses. D’une part,
le fossé entre les engagements des États
LanzArte : danser pour avancer sur les droits de l’enfant et la réalité effec-
Son parcours croise celui de Solidar Suisse en tive dans laquelle vivent les enfants.
2006, quand elle est sollicitée pour accompagner D’autre part, le rôle scandaleux des socié-
les jeunes de la ville de Cochabamba (4e plus tés de trading avec siège en Suisse.
grande ville de Bolivie) dans le cadre de LanzArte. Pour améliorer les conditions de vie de
Objectif du projet : offrir, grâce à l’art et notamment ces enfants et pour pousser les entreprises
à la danse, la possibilité à des jeunes marginali- à se responsabiliser sur les conditions
sés de réfléchir sur eux-mêmes, d’exprimer leurs sociales et environnementales au lieu de
aspirations et de faire ainsi émerger ce que vit la production, le rôle de la société civile est
jeunesse du pays sur la scène publique. Le pro- essentiel. Ici en Suisse, tout d’abord par le
jet, d’abord local, a suscité un immense intérêt et soutien apporté à des organisations comme
essaimé depuis dans les principales villes du pays. Solidar Suisse qui s’engagent pour le travail
Appuyée par de nombreux partenaires institution- décent et ensuite par la pression sur les au-
nels importants, l’expérience se poursuit jusqu’à torités politiques afin de fixer un cadre
aujourd’hui, après avoir déjà touché 20 000 per- légal contraignant pour des multinationales
sonnes. L’expertise et l’enthousiasme de Patricia responsables.
Sejas n’y sont évidemment pas pour rien dans ce Au niveau politique il y a beaucoup à
succès. Mais la relève est déjà prête : les jeunes faire. Tout particulièrement lorsque l’on
ayant vécu l’expérience LanzArte servent à leur tour entend des élus affirmer que le travail des
d’animateurs afin de transmettre leur expérience à enfants dans les champs de coton du Bur-
la nouvelle génération. La boucle est bouclée. kina Faso est comparable à la participation
volontaire des enfants à la cueillette des
Un regard tendre sur la jeunesse pommes de terre pendant les vacances
La chorégraphe témoigne avec bienveillance de scolaires d’automne. On se croirait sorti de
la situation de la jeunesse bolivienne : « Entre la Tintin au Congo.
course effrénée du quotidien et une certaine passi- En effet, il n’y a aucune comparaison
vité face à la société et leur avenir, je sens que les possible. Chez nous les enfants sont
jeunes Boliviens ont aujourd’hui besoin de « s’ar- nourris et, pour la grande majorité, ne vivent
rêter » et de regarder avec d’autres yeux ce qui se pas dans la pauvreté. Chose importante,
passe autour d’eux. » Pour la chorégraphe, « avec ils sont tous scolarisés. Or, au Burkina
la danse, les jeunes se réapproprient leur vécu Faso les enfants sont envoyés dans les
et peuvent développer des attitudes créatives et champs contre leur volonté, en les sortant
socialement positives. » Un engagement citoyen, de la scolarité. Cela pour aider leur famille
mais non partisan pour une femme qui se tient à pauvre à survivre.
distance de la politique institutionnelle : « Je m’inté- Le travail de sensibilisation de Solidar
resse à mettre en lumière ce qui nuit à notre socié- Suisse reste vraiment indispensable !
té. C’est au final par mon art que je m’engage. »18 Sudoku et Revue de presse
7 9 5 LE SUDOKU DE SOLIDAR
Compléter les cases vides avec les chiffres 1 à 9. Chaque chiffre ne peut
figurer qu’une seule fois sur chaque ligne, dans chaque colonne et dans
1 4 3 2 chacun des carrés de 3 × 3 cases.
La solution se trouve dans les cases grises lues horizontalement,
3 7 selon la clé suivante :
1 = I, 2 = A, 3 = T, 4 = C, 5 = R, 6 = O, 7 = B, 8 = E, 9 = H
8 9 3 Envoyez la solution à Solidar Suisse sur une carte postale ou par courrier à
contact@solidar.ch, objet « sudoku ».
5 6 1er prix Un tissu du Burkina Faso
2e prix Des mangues du Burkina Faso
6 9 3 3 e prix Du thé de moringa du Burkina Faso
La date limite d’envoi est le 13 décembre 2019. Le nom des gagnant-
1 4 e-s sera publié dans le Solidarité 1/2020. Aucune correspondance ne
sera échangée concernant ce concours. Tout recours juridique est exclu.
Les collaborateurs et collaboratrices de Solidar Suisse ne peuvent pas
2 7 4 6 participer au concours.
La solution du concours paru dans Solidarité 3/2019 était « stop violation ».
1 9 8 Françoise Taboada de Ste-Croix gagne un tissu du Burkina Faso,
Rosmarie Beutler de Untersiggental un T-shirt du projet LanzArte en Bolivie
et Jacques-Ali Monnin de Tavannes un sac shopper de Changemaker.
Nous remercions toutes celles et tous ceux qui ont participé au concours.
Solution :
Carouge est la commune la plus Les mains sales de l’huile Une ONG dénonce le travail
solidaire de Suisse selon Solidar de palme forcé dans des plantations d’huile
REVUE DE PRESSE
RTS, 12.8.2019 Le Temps, 17.09.2019 de palme fournissant Nestlé
Le Parisien, 18.9.2019
Carouge (GE) est la plus commune À Sabah, une province malaise sur
la plus solidaire de Suisse. Cette ville l’île de Bornéo, 85 % des surfaces L’enquête donne un goût amer aux
arrive en première place de la liste éta- agricoles sont consacrées à l’huile produits chocolatés… Dans un rapport
blie pour la quatrième fois par Solidar de palme. Environ 9 % de l’huile de publié mardi, l’organisation Solidar
Suisse. Au total, seize collectivités, palme consommée sur le plan mondial Suisse détaille les violations des droits
dont onze romandes, obtiennent l’éva- provient de ce petit territoire. Et une de l’homme qu’elle a constatées dans
luation la plus élevée. bonne partie finit dans les confiseries, des plantations d’huile de palme four-
En 2016, seules 12 communes cosmétiques et produits de nettoyage nissant Nestlé en Malaisie. « Travail des
figuraient à ce rang. Parmi les 87 com- vendus en Suisse, notamment dans les enfants, accès limité à la santé
munes décortiquées, dont 23 ro- biens fabriqués par Nestlé, a démontré et à la scolarisation, salaire insuffisant,
mandes et 13 qui participaient pour la une enquête de l’ONG Solidar Suisse. exclusion : les violations des droits
première fois, aucune ne repart sans Celle-ci s’est penchée sur le sort humains recensées sont nombreuses
aucun point dans cette évaluation, se des travailleurs œuvrant pour deux et graves », affirme l’organisation, qui
félicite Solidar. plantations. « L’immense majorité pro- dit s’appuyer notamment sur des entre-
Ces données étaient à nouveau viennent d’Indonésie et sont dans le tiens avec des dizaines de travailleurs.
établies en se basant sur l’engagement pays illégalement, relate Rizal Assalam, « Nestlé communique sur une série
financier pour la coopération au dé- un chercheur indonésien qui s’est ren- de mesures, mais ils ne disent jamais
veloppement (50 points) et les achats du sur place pour l’ONG helvétique. » quelle est l’étendue de ces mesures
équitables (50 points). Les villes Sabah compte 1,2 million de résidents et quel est leur impact. Il y a toujours
suisses dépensent environ 16 milliards étrangers, soit près d’un tiers de sa po- le doute qu’on soit dans du social
de francs par an en biens et presta- pulation. Et 840 000 d’entre eux sont washing », affirme Lionel Frei, chargé de
tions. Leur poids sur le marché est « si- des migrants clandestins, selon le Dé- communication de Solidar Suisse.
gnificatif », ajoute l’œuvre d’entraide. partement de l’immigration de Sabah.Ensemble 19
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Échanger des jouets au lieu Combien donneriez-vous pour
d’en acheter un T-shirt équitable ?
ENSEMBLE
La majeure partie des jouets vendus en Nous ne voulons pas que des travailleurs et
Suisse sont produits en Chine, le plus des travailleuses soient exploités pour pro-
souvent dans des conditions de travail duire nos vêtements ou que cette production
inhumaines. Solidar s’engage depuis cinq oblige des enfants à travailler. Combien
ans à améliorer la situation sur place. sommes-nous toutefois prêts à payer pour un
Un moyen d’agir consiste aussi à échanger T-shirt produit dans des conditions décentes ?
des jouets au lieu d’en acheter des neufs. Pour le savoir, nous organisons un sondage !
Par exemple à l’une des bourses aux jouets Les résultats seront publiés dans le prochain
organisées près de chez vous. numéro de Solidarité.
Plus d’infos : Sondage :
www.solidar.ch/agenda www.solidar.ch/t-shirt-equitable
IMPRESSUM
Éditeur Solidar Suisse, Quellenstrasse 31, case Traduction Milena Hrdina, Katja Schurter, minimum, organisations 250.– minimum).
postale 2228, 8031 Zurich, tél. 021 601 21 61 Jean-François Zurbriggen Imprimé sur papier recyclé et respectueux de
email : contact@solidar.ch, www.solidar.ch Correction Barbara Heuberger, Catherine Vallat l’environnement.
CP 10-14739-9 Lausanne Impression et expédition Photo de couverture La formation de
Membre du réseau européen Solidar Unionsdruckerei/subito AG, Walther-Bringolf- plombier ouvre des perspectives pour ces jeunes
Rédaction Katja Schurter (rédactrice Platz 8, 8201 Schaffhouse Burkinabèes. Photo : Jürg Gasser.
responsable), Marco Eichenberger, Lionel Frei, Paraît quatre fois par an. Tirage : 37 000 ex. Dernière page Faites plaisir à vos proches et
Eva Geel, Cyrill Rogger Le prix de l’abonnement est compris dans la soutenez nos projets dans le monde avec l’achat
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