Buts pour la santé en Suisse - La santé pour tous au 21ème siècle (OMS Europe) - npg-rsp

 
CONTINUER À LIRE
Schweizerische Gesellschaft für
Prävention und Gesundheitswesen
Société suisse de santé publique
Società svizzera di salute pubblica
Swiss Society for Public Health

Buts pour la santé
en Suisse

La santé pour tous
au 21ème siècle
(OMS Europe)

Avec le soutien de:

Office fédéral de la santé publique
Projet Politique nationale suisse de la santé
Conférence des directeurs cantonaux
des affaires sanitaires
Promotion santé suisse
Buts pour la santé
en Suisse

La santé pour tous
au 21ème siècle
(OMS Europe)

Edité par
la Société suisse de santé publique

Comité de rédaction
Ursula Ackermann-Liebrich, Fred Paccaud,
Felix Gutzwiller, Therese Stutz Steiger

Avec le soutien de:
Office fédéral de la santé publique
Projet Politique nationale suisse de la santé
Conférence des directeurs cantonaux
des affaires sanitaires
Promotion santé suisse
Impressum:

Editeur: Société suisse de santé publique (SSSP)
Case postale 8172
Tel. +41 (0)31 389 9286
Fax +41 (0)31 389 9288
www.sssp.ch

Graphique: Luca Bertolotti, Locarno
Impression: Tipografia Poncioni SA, Losone
© 2002, Société suisse de santé publique (SSSP)

Langues disponibles: français, allemand

ISBN: 3-9522564-1-2
Editorial
Editorial

La santé pour tous au 21ème siècle - OMS Europe
Notre système de santé souffre d'un profond malaise. Il a de la peine à nous
convaincre que la relation entre son coût et ses performances pour la santé de la
population est encore équilibrée et favorable.
L’impact de la technologie de l’information a globalisé notre planète et nous obli-
ge constamment à redéfinir les valeurs de notre vie quotidienne, pour retrouver
notre identité et la confiance dans le futur. Un futur qui doit encore être dessiné
et qui peine à trouver un équilibre entre les impératifs de la compétitivité écono-
mique et ceux d’un développement approprié pour l’être humain.
Sur ce chemin encore peu tracé, nous retrouvons aujourd’hui une santé publique
fragile et souvent négligée par le développement économique et par le change-
ment social. Les problèmes de vie des individus deviennent alors problème de san-
té et pèsent sur le bilan du système de santé. Le manque d’investissements pour
la santé, à tous les niveaux du monde productif, risque de générer une société
malade, dont le coût socialisé deviendra un jour insupportable. Promouvoir la
santé signifie donc agir sur tous ses déterminants socio-économiques!
Mais le clivage entre théorie et pratique est encore très profond et toute bonne
intention reste virtuelle si les instruments pour sa mise en pratique ne sont pas
connus. Pour combler cette lacune, l’Organisation mondiale de la santé (région
Europe) a élaboré un «Agenda 21» qui définit – pour le XXIème siècle – un cadre
conceptuel et des pistes concrètes pour placer la santé au centre du développe-
ment de notre société. Un développement dont le but ultime est de créer le bien-
être des individus et non de produire déséquilibres et souffrances.
La Société suisse de santé publique (SSSP) a pris l’initiative d’adapter l’ouvrage eu-
ropéen à la Suisse, en tenant compte des résultats déjà atteints et des progrès en-
core à réaliser. Soutenue par l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) et par le
projet Politique nationale suisse de la santé (PNS), elle a exploité le savoir de ses
membres pour formuler les buts pour la santé en Suisse, afin de traduire en pra-
tique le désir de chacun et de tous de vivre bien.
Ces buts pour la santé en Suisse constituent un cadre de référence, aussi bien
pour les autorités fédérales et cantonales en charge de la santé que pour les pro-
fessionnels et les institutions spécialisées dans le champ de la santé. Certes, en
raison de la décentralisation du système de santé liée au fédéralisme, ces buts et
les mesures qui visent à les atteindre ne peuvent pas être souscrits en bloc et de
manière contraignante par les autorités sanitaires. Leur rôle est plutôt de guider
les réflexions, de soutenir la fixation des priorités, de donner des repères com-
muns pour tous les acteurs du système de santé. Sur cette base, les objectifs et
les stratégies adoptés par les différentes institutions peuvent s’inscrire dans une
vision d’ensemble, dont on pourra mesurer les résultats par les progrès atteints
en termes de santé de la population en Suisse.
Il s’agit d’un défi pour le monde économique, pour le monde politique et pour la
société civile. De la capacité à le reconnaître et à en assumer la responsabilité dé-
pendra en définitive le futur de la santé des citoyens en Suisse et, donc, le futur
de la Suisse.

Président de la Société suisse                          Directeur de l’Office fédéral
de santé publique (SSSP)                                de la santé publique (OFSP)
Ignazio Cassis                                                      Thomas Zeltner

Présidente de la Conférence des                  Présidente du groupe de pilotage
Directeurs cantonaux des affaires               du projet Politique nationale suisse
Sanitaires (CDS)                                               de la santé (PNS-CH)
Alice Scherrer                                                       Patrizia Pesenti
SGPG
                                      Sommaire
                                      Sommaire

                                      Préface       ....................................................                                                   7
Schweizerische Gesellschaft für
Prävention und Gesundheitswesen       But 1        Solidarité en faveur de la santé dans la région européenne . . . . . .                                  9
Effingerstrasse 40
Postfach 8172                         But 2        Équité en matière de santé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
CH-3001 Bern
                                      But 3        Démarrer dans la vie en bonne santé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
Tel. +41 (0)31 389 9286
Fax +41 (0)31 389 9288                But 4        Santé des jeunes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
e-mail: sgpg@sgpg.ch
www.sgpg.ch                           But 5        Vieillir en bonne santé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18

SSSP                                  But 6        Améliorer la santé mentale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
Société suisse de santé publique
Effingerstrasse 40                    But 7        Faire reculer les maladies transmissibles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
Case postale 8172
CH-3001 Berne                         But 8        Faire reculer les maladies non transmissibles . . . . . . . . . . . . . . . . . 26

Tél. +41 (0)31 389 9286               But 9        Diminuer le nombre de blessures dues aux actes de violence
Fax +41 (0)31 389 9288                             et aux accidents . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
e-mail: sgpg@sgpg.ch
www.sssp.ch                           But 10       Un environnement physique sain et sûr . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32

SSSP                                  But 11       Adopter des modes de vie plus sains . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
Società svizzera di salute pubblica
Effingerstrasse 40                    But 12       Réduire les dommages causés par l’alcoolisme, la toxicomanie
casella postale 8172                               et le tabagisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
CH-3001 Berna
                                      But 13       Cadres favorables à la santé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
Tel. +41 (0)31 389 9286
Fax +41 (0)31 389 9288                But 14       Responsabilité multisectorielle pour la santé . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
e-mail: sgpg@sgpg.ch
www.sssp.ch                           But 15       Secteur de santé intégré . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46

                                      But 16       Gestion axée sur la qualité des soins . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48

                                      But 17       Financement des services de santé et allocation des ressources . . . 51

                                      But 18       Amélioration des ressources humaines pour la santé . . . . . . . . . . . 54

                                      But 19       Recherche et utilisation des connaissances pour la santé . . . . . . . . 57

                                      But 20       Recruter des partenaires pour la santé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59

                                      But 21       Politiques et stratégies de la santé pour tous . . . . . . . . . . . . . . . . . 62

                                      Références . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65

                                      Auteurs       . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
Préface
Préface

Le présent document constitue une tentative indépendante d’élaborer
les bases d’une stratégie globale de promotion de la santé en Suisse et
de mettre en évidence les domaines où il faut agir. La définition des
buts et les stratégies à développer sont le résultat d’un processus : des
professionnels de toute la Suisse ont participé à un travail de fond, au-
quel les responsables de la Société suisse de santé publique (SSSP) ont
donné forme. Vous trouvez en annexe la liste des auteurs de ces diffé-
rentes contributions de même qu’une liste des ouvrages de référence
utilisés.

Avec ce document, la SSSP entend stimuler la réflexion et indiquer des
pistes d’action possibles à toutes les personnes actives dans le domaine
de la santé. Nous espérons que ce document saura intéresser de nom-
breux lecteurs et qu’une partie au moins des mesures mentionnées se-
ront prises dans les délais fixés. Nous avons à cœur d’améliorer encore
la santé des Suissesses et des Suisses. La Suisse occupe déjà maintenant
une position enviable en Europe pour la plupart des indicateurs de san-
té. Une politique de la santé qui s’appuie sur les buts de la ”santé pour
tous” doit parvenir à combler les lacunes là où elles existent; cette po-
litique doit faire en sorte que les différences existantes ne s’accroissent
pas mais diminuent et que la Suisse se sente solidaire, en Europe et
dans le monde, avec ceux qui connaissent des conditions défavorables.

Nous espérons que ce document et ses 21 buts visant la ”santé pour
tous”, trouvent une large diffusion. Et nous espérons surtout qu’il dé-
ploie les effets que les auteurs appellent de leurs vœux. Nous souhai-
tons remercier ici l’Office fédéral de la santé publique de son soutien fi-
nancier, ainsi que le projet Politique nationale suisse de la santé et Pro-
motion Santé Suisse de leur aide et suggestions précieuses.

                            Le Comité de rédaction:

                            Prof. Dr méd. Ursula Ackermann-Liebrich
                            Prof. Dr méd. Fred Paccaud
                            Prof. Dr méd. Felix Gutzwiller
                            Dr méd. Therese Stutz Steiger

                                                                         7
But 1
                                              But 1

                                              SOLIDARITÉ EN FAVEUR DE LA SANTÉ
                                              DANS LA RÉGION EUROPÉENNE

                                              D’ici 2020, l'écart actuel de santé entre les Etats membres de la région
                                              européenne devrait être réduit d'au moins un tiers.

                                              En particulier:
                                              1.1. il faudrait réduire d’au moins 30% l’écart en matière d’espérance
                                                   de vie entre le tiers des Etats membres ayant l'espérance de vie la
                                                   plus élevée et le tiers des Etats membres ayant l'espérance de vie
                                                   la plus faible;
                                              1.2. il faudrait réduire la fourchette des valeurs des principaux indic-
                                                   teurs de morbidité, d’invalidité et de mortalité entre les différents
                                                   groupes de pays en améliorant plus rapidement la situation des
                                                   personnes défavorisées.

Exposé du problème

La Suisse occupe une position de poin-          bles de la santé publique, une colla-        nationaux visant à réduire la
te en ce qui concerne de nombreux in-           boration européenne (et mondiale)            consommation de tabac. Elle multi-
dicateurs de ”Santé pour tous.“ A-t-el-         s’impose dans la lutte contre le taba-       plie par dix les moyens investis à cet
le pour cette raison plus de responsabi-        gisme.                                       effet dans les 5 prochaines années.
lités quant aux conditions sanitaires                                                      • La Suisse soutient activement les au-
prévalant dans d’autres pays? Si la Suis-     • La Suisse a développé un programme           tres pays d’Europe, et plus particuliè-
se veut prendre au sérieux le but 1 ”So-        de lutte contre les abus de drogue           rement les pays pauvres, dans leur
lidarité en faveur de la santé dans la ré-      d’importance internationale ; dans           lutte contre les drogues dures.
gion européenne”, il faut répondre à            ce domaine aussi, elle peut apporter
cette question par l’affirmative. Il serait     son soutien à d’autres pays.
urgent de soutenir aussi la cause de la                                                    Mesures
santé. La Suisse a créé de bons contacts
avec différents pays de la région euro-       Objectifs nationaux                          Les scientifiques suisses continuent de
péenne, surtout avec les petits Etats de                                                   recevoir une aide ciblée leur permet-
l’ancien bloc des pays de l’Est. Elle a par   • La Suisse s’engage à améliorer l’état      tant de collaborer avec les pays les plus
exemple fortement soutenu l’assainis-           de santé de la population dans le          pauvres d’Europe, en particulier lors-
sement de l’environnement en Albanie            tiers des pays européens qui ont           qu’il s’agit de créer des structures vi-
et des projets analogues en Lituanie, en        l’espérance de vie la plus faible. En      sant à améliorer la santé des groupes
Bosnie et en Russie blanche. En matiè-          particulier, elle soutient activement la   de population défavorisés.
re d’environnement et de santé, il exis-        formation continue des responsables
te d’autres exemples semblables. Les            de santé publique de ces pays et les       La Suisse apporte un soutien actif à la
moyens mis à disposition pour ce type           projets qui ont pour objectif l’amélio-    promotion de la santé et à des pro-
d’interventions sont-ils suffisants ? Il        ration de la santé des personnes dé-       grammes de prévention en collabora-
faut répondre à cette question par la           favorisées. La Suisse apporte son          tion avec les pays pauvres d’Europe ; en
négative au vu des disparités extrême-          soutien technique et financier en          particulier, elle accorde son aide aux
ment élevées des indicateurs de santé           matière de santé publique dans les         autres pays dans la prévention de l’in-
entre la Suisse et, par exemple, les pays       pays les plus pauvres d’Europe.            fection VIH et la lutte contre les dro-
de l’ancien bloc de l’Est.                                                                 gues. Elle soutient et développe avec
                                              • Dans le cadre de la politique de la        d’autres pays pauvres des programmes
• Dans le domaine de la prévention de           santé dans la région européenne, la        visant à réduire la consommation de ta-
  l’infection VIH, la Suisse a donné un         Suisse s’engage à améliorer la situa-      bac.
  exemple au niveau international. En           tion des pays pauvres d’Europe.
  la matière, elle peut conseiller les        • Prévention de l’infection VIH: la Suis-    Les programmes en vigueur dans ces
  pays pauvres d’Europe de manière              se fournit une aide active visant à        domaines de collaboration avec les
  compétente.                                   mettre sur pied des programmes de          pays pauvres d’Europe sont reconduits
                                                prévention VIH dans les pays pauvres       pour une durée de 15 ans et leurs ré-
• La Suisse exporte des cigarettes en           d’Europe.                                  sultats sont évalués.
  grandes quantités. Pour les responsa-       • La Suisse participe aux efforts inter-

                                                                                                                                  9
But 2
                                          But 2

                                          ÉQUITÉ EN MATIÈRE DE SANTÉ

                                          D’ici 2020, l’écart de santé entre groupes socioéconomiques dans les
                                          pays devrait être réduit d’au moins un quart dans tous les états mem-
                                          bres en améliorant nettement le niveau de santé des groupes défavo-
                                          risés.

                                          En particulier :
                                          2.1 il faudrait réduire d’au moins 25% l’écart d’espérance de vie entre
                                              groupes socioéconomiques;
                                          2.2 les valeurs des principaux indicateurs de morbidité, d’invalidité et
                                              de mortalité devraient être plus équitablement réparties entre les
                                              différents groupes socioéconomiques;
                                          2.3 il faudrait sensiblement améliorer les conditions socioécono-
                                              miques qui influent sur la santé, notamment les disparités en ma-
                                              tière de revenus, de niveau d’instruction et d’ accès au marché du
                                              travail;
                                          2.4 il faudrait fortement réduire la proportion de personnes vivant
Exposé du problème                            dans la pauvreté;
                                          2.5 il faudrait protéger de l’exclusion les individus ayant des besoins
L’article 2 de la Constitution fédérale       particuliers en raison de leur état de santé ou de leur situation
précise, dans l’alinéa 3, que la              économique ou sociale et leur permettre d’accéder facilement à
Confédération „veille à garantir une          des soins appropriés.
égalité des chances aussi grande que
possible.” L’article 8 stipule que „nul
ne doit subir de discrimination du
fait notamment de son origine, de sa      Pauvreté                                     profit des femmes), les femmes se sen-
race, de son sexe, de son âge, de sa                                                   tent en plus mauvaise santé, déclarant
langue, de sa situation sociale, de       La définition et les indicateurs de pau-     souffrir de maladies et de symptômes
son mode de vie, de ses convictions       vreté varient beaucoup. On peut esti-        plus fréquemment que les hommes
religieuses, philosophiques ou poli-      mer qu’en Suisse, 5 à 10 % de la po-         (Zemp et al., 1996). En revanche, les
tiques, ni du fait d’une déficience       pulation vie dans la pauvreté (Leu et        hommes présentent davantage de
corporelle, mentale ou psychique.”        al., 1997, p.163). La pauvreté dépend        comportements à risque et de tendan-
Et pourtant, les inéquités en matière     de plusieurs facteurs. C’est un proces-      ces auto-agressives.
de santé existent en Suisse: il suffit    sus dynamique, dont un élément cen-
de se rapporter aux indicateurs men-      tral est le chômage de longue durée,         Groupes d’âge
tionnés dans les buts. Toutefois, il      mais aussi la maladie (toxicomanie),
n’existe pas toujours des preuves         les handicaps et les problèmes de vie        Sept à douze pour-cent des jeunes
chiffrées.                                (divorce, décès de proche). Les per-         grandissent dans la pauvreté (Com-
                                          sonnes vivant dans la pauvreté voient        mission fédérale de coordination pour
L’espérance de vie selon les groupes      généralement leurs chances de vie en         les questions de famille (CFCQF),
socioéconomiques n’est pas démon-         bonne santé réduites, à cause du st-         1998). La CFCQF conclut que la pau-
trée. Toutefois, la mortalité entre       ress et de comportements inappro-            vreté conduit à " un sentiment d’esti-
groupes socioéconomiques en Suisse        priés en matière de santé.                   me de soi diminué, des craintes et des
est comparable à celle d’autres pays.                                                  dépressions". L’évolution sociale ac-
La Suisse connaît aussi de grandes        Sexe                                         tuelle induit des problèmes particuliè-
disparités de revenus. La part de la                                                   rement lourds chez les adolescents et
population qui vit dans la pauvreté a     Le sexe est - avec le rang social - un dé-   les jeunes adultes.
augmenté ces trente dernières an-         terminant majeur de l’inégalité en ma-
nées. 710'000 personnes sont tou-         tière de santé. Les femmes ont un sta-       Ces dernières années, l'analyse de la
chées par la pauvreté en Suisse, dont     tut social et un salaire moins impor-        mortalité a permis de constater que le
60% sont des familles avec enfants.       tants que les hommes. Dans la derniè-        niveau de la santé a progressé dans
Les familles monoparentales, les jeu-     re décennie, les femmes étaient plus         tous les groupes d’âge, sauf chez les
nes familles et les grandes familles      fortement touchées par la pauvreté           15-20 ans, pour qui la mortalité n’a
sont plus fréquemment touchées            que les hommes (Suter Hrsg., 2000).          que peu diminué, et l’état de santé
que les autres types de famille.          Malgré une plus grande espérance de          dans son ensemble empiré (Michaud,
                                          vie (la différence d’espérance de vie à      1993).
                                          la naissance est d’environ 7 ans au

10
Parties de pays et régions                      ple renforcer les activités de pro-      De même l'environnement écologique
linguistiques en Suisse                         motion de la santé dans les quar-        représente un facteur de santé de pre-
                                                tiers défavorisés, améliorer la pro-     mière priorité. Il s’agit de faire en sorte
Il existe des différences substantielles        motion de la santé chez les chô-         que l’environnement soit amélioré
entre les régions suisses. Elles sont en        meurs. La Fondation „Promotion           pour tous, que l’exposition de certains
partie conditionnées par des situa-             Santé Suisse” devrait, dans ses ob-      groupes soit évitée (par exemple, ex-
tions économiques différentes, et cer-          jectifs, accorder une importance         position à des facteurs écologiques né-
tainement aussi par des facteurs cul-           particulière à l’inégalité des chan-     gatifs tels que la pollution sonore ou la
turels (Office fédéral de la statistique,       ces en matière de santé.                 pollution de l’air). Le développement
1998).                                                                                   social et économique devrait se réaliser
                                             Objectifs nationaux                         avec le plus de ménagement possible
Migration et intégration                                                                 pour les ressources naturelles et les
                                             • D’ici 2020, des données doivent êt-       conditions de l’environnement. Les gé-
Les étrangers forment un groupe spé-           re disponibles, pour mettre en evi-       nérations à venir devraient pouvoir
cialement touché par le chômage (Su-           dence d’eventuelles différences de        profiter d’un environnement intact et
ter (Hrsg.) 2000). Dans les dernières          mortalité entre les groupes socioé-       d’un accès équitable à la santé.
années, l’intégration sociale a été plus       conomiques.
précaire et plus controversée qu’au-         • D’ici 2020, les écarts des indica-        Le système de santé fait partie des
paravant. La capacité d’accueil et             teurs d’invalidité et de mortalité en-    conditions sociales et joue un rôle
d’intégration de l’Etat et de la société       tre les groupes sociaux en Suisse se-     crucial pour la santé et le bien-être
a en outre été sollicitée par de nou-          ront réduits de 25%.                      (but 17). Il doit être conçu pour être
veaux courants migratoires, en rela-         • D’ici 2020, la part de la population      accessible à tous, il ne doit pas aug-
tion avec les guerres en Europe. Plu-          qui vit au-dessous du seuil de pauv-      menter les inégalités en matière de
sieurs autres raisons limitent les chan-       reté sera réduite de 10 à 5%.             santé, mais au contraire contribuer à
ces des émigrés en matière de santé,         • D’ici 2020, la population migrante        les réduire.
par exemple l’exposition profession-           dispose de réseaux de soins particu-
nelle, la formation, la langue, des            liers et des projets d’intégration se-    Obtenir l'égalité des chances concer-
événements biographiques, des pro-             ront sur pied dans tous les cantons.      ne fortement le système politique, qui
blèmes d’intégration, de revenu et de                                                    doit garantir les conditions - cadres de
recours aux soins. En revanche, les          Mesures                                     cette égalité.
immigrés possédant une bonne for-
mation sont bien intégrés.                   L’égalité des chances entre les grou-       L’égalité des chances en matière de
                                             pes sociaux est un objectif ambitieux.      santé s’obtient par un grand nombre
L’inégalité des chances en matière de        Elle doit être abordée sur différents       de petites et grandes décisions, par la
santé est liée à la répartition des res-     niveaux. Sur le plan social, il faut éla-   réalisation de conditions sociales à
sources et du pouvoir dans une socié-        borer un cadre d’intégration, de liber-     tous les niveaux (micro, moyen,
té. Celle-ci est en principe difficilement   té et de paix, à l’intérieur duquel des     macro) et grâce à la mise en place de
modifiable. Une politique qui voudrait       cultures différentes et des groupes so-     structures. Pour être réalisé, un tel but
promouvoir des changements de ré-            ciaux (rangs, classes, positions socia-     nécessite avant tout un processus dé-
partition doit bénéficier de l’appui de      les, milieux) cohabitent dans un cli-       mocratique et un soutien de la base,
toute la société. Dans ce domaine, les       mat de tolérance et de solidarité et        de l’opinion publique, du système po-
objectifs sont les suivants:                 luttent contre la marginalisation et la     litique à tous les niveaux et de la so-
                                             dévalorisation. Des programmes cor-         ciété. L’égalité des chances en matiè-
1. Dans le domaine de la recherche, la       respondants de la Confédération sont        re de santé doit donc devenir pour
   recherche en matière de santé et le       mis en œuvre avec succès.                   tous un objectif prioritaire, au sein et
   développement d’interventions de-                                                     en dehors de la santé publique.
   vraient être renforcés. En particu-       Sur le plan socio-économique, il faut
   lier, la recherche sur les indicateurs    procurer à tous un travail productif, et
   d’inégalités des chances en matière       des conditions de vie décentes même
   de santé entre groupes socio-éco-         pour ceux qui, quelles qu’en soient
   nomiques doit faire l’objet d’études      les raisons, en sont exclus. Les buts de
   plus poussées et un programme             l’OMS de lutte contre la pauvreté,
   national de recherche devrait être        proposant la réduction des différen-
   mis sur pied.                             ces salariales, du niveau d’éducation
2. Des activités et programmes de            et de l’accès au marché du travail
   promotion de la santé devraient           sont les principaux éléments qui
   en particulier tenir compte des           contribuent à atteindre le but de l’é-
   conditions des groupes défavorisés        galité des chances.
   de la population. Il faut par exem-

                                                                                                                                 11
But 3
                                           But 3

                                           DÉMARRER DANS LA VIE EN BONNE SANTÉ

                                           D’ici 2020, tous les nouveau-nés, nourrissons et enfants d’âge présco-
                                           laire de la région devraient être en meilleure santé et démarrer ainsi
                                           dans la vie dans de bonnes conditions.

                                           En particulier:
                                           3.1 tous les États membres devraient améliorer l’accès à des services
                                               de santé reproductive, à des services anténatals et périnatals et à
                                               des services de santé infantile appropriés;
                                           3.2 dans aucun pays le taux de mortalité infantile ne devrait dépasser
                                               20 pour 1000 naissances vivantes; les pays où ce taux est actuelle-
                                               ment inférieur à 20 pour 1000 devraient s’efforcer de le ramener à
                                               10, voire en dessous;
                                           3.3 les pays où ce taux est actuellement inférieur à 10 pour 1000 de-
                                               vraient accroître la proportion de nouveau-nés ne souffrant pas
                                               de maladies congénitales ou d’invalidité;
                                           3.4 il faudrait réduire d’au moins 50% la mortalité et la morbidité par
Exposé du problème                             accidents et actes de violence chez les enfants de moins de 5 ans;
                                           3.5 il faudrait réduire d’au moins 20% la proportion d’ enfants pesant
En Suisse, les problèmes liés au démar-        moins de 2500 g à la naissance et réduire sensiblement les écarts
rage dans la vie concernent essentielle-       entre pays.
ment la procréation, la grossesse, les
rôles multiples auprès de la famille que
doivent remplir les femmes et parallè-
lement – cela a changé durant ces 20
dernières années – la nécessité ou le      tant pas enceintes et ayant déjà eu des      En Suisse alémanique, il n’existe guè-
désir d’une activité professionnelle ré-   rapports sexuels avaient utilisé un          re d’offres correspondantes qui soient
munérée qui les placent devant un          moyen de contraception. Pour ces der-        à disposition de toutes les femmes.
difficile conflit de rôles. L’apport ma-   nières, la pilule est de loin la méthode     Ce sont souvent les gynécologues qui
ternel lié au développement de l’en-       la plus utilisée (65%), suivie par le pré-   assument cette activité. Les risques
fant est considérable: il ne réside pas    servatif (22,5%).                            liés à la pilule ne sont pas suffisam-
seulement dans le patrimoine géné-                                                      ment pris en compte, notamment
tique, mais aussi dans les soins post-     Planning familial                            chez les femmes plus âgées. Il fau-
natals, et dans l’environnement social                                                  drait faire mieux connaître le fait que
et physique durant les premières an-       Il vise à rendre possibles, par une action   prendre la pilule et simultanément fu-
nées de l’existence. Une assurance         psychosociale et médicale, la compré-        mer augmente le risque chez les fem-
maternité a cependant jusqu’ici été        hension, la discussion et le choix face à    mes. (Dans l’enquête sur la santé de
refusée en Suisse. Néanmoins, le           la procréation. L’International Paren-       1997, 5,2 pour cent des femmes ent-
Conseil national a récemment ap-           thood Planification Federation (IPPF) a      re 35 et 45 ans prenaient la pilule et
prouvé un nouveau modèle.                  identifié huit catégories de préoccupa-      fumaient; parmi toutes les femmes
                                           tions majeures dans ce domaine:              qui prenaient la pilule, 1/3 étaient fu-
Définitions                                1) la grossesse non désirée et l’avorte-     meuses).
                                               ment à risque
Période prénatale: période avant la        2) la mortalité maternelle                   Avortement
naissance                                  3) les maladies sexuellement transmis-
Période néonatale et infantile: période        sibles                                   Ce sont actuellement les articles 118-
de la naissance à 12 mois                  4) la grossesse à risque                     121 du Code pénal suisse datant de
Petite enfance: enfants de 0-5 ans non     5) la stérilité                              1942 qui garantissent l’impunité de
encore soumis à l’obligation scolaire.     6) la violence à l’encontre des femmes       l’interruption volontaire de grossesse
                                           7) les mutilations génitales féminines       (IVG) si la vie de la mère est en dan-
Période prénatale                          8) les déviances sexuelles                   ger. L’IVG est considérée comme illé-
                                                                                        gale si cette condition n’est pas
Contraception                              En Suisse romande, les centres de            respectée. Elle est alors punissable et
                                           planning familial sont en principe à la      passible d’emprisonnement ou de ré-
La contraception est largement diffu-      fois informateurs et prescripteurs de        clusion. Malgré cette loi restrictive,
sée en Suisse. En 1998, près de 90%        contraceptifs sûrs, dans un environne-       l’indication est traitée de manière rela-
des femmes âgées de 20 à 24 ans n’é-       ment agréable pour les femmes.               tivement généreuse. Aujourd’hui,

12
presque toute femme qui souhaite              bagisme de la mère et le poids de            (98,6%) ont encore et toujours lieu
interrompre une grossesse non dési-           naissance de l'enfant. En Suisse, la         dans les hôpitaux. Les autres lieux de
rée peut en principe faire pratiquer          part des nouveau-nés pesant moins            naissance restent l’exception.
l’intervention en toute légalité dans         de 2500g est de 5% environ. L’im-
un centre spécialisé. Toutefois, le           portance du poids à la naissance pour        Allaitement maternel
nombre des avortements est en dimi-           les chances de survie et de qualité de
nution constante et en 1998 on en a           vie d’un nouveau-né est connue de-           En Suisse un groupe de travail s’em-
enregistré 13’000. La Suisse fait partie      puis longtemps. Un faible poids à la         ploie activement depuis 1992 à mett-
des pays où le taux d’avortement est          naissance représente un risque ma-           re en œuvre l’initiative „baby friendly
le plus bas. La plupart d’entre eux           jeur de mauvaise santé physique et de        hospital” de l’UNICEF et de l’OMS. Les
concernent des femmes moins de 25             troubles psychologiques à l’âge adul-        10 points préconisés par l’OMS sont
ans, dont la moitié sont des femmes           te. Les effets du tabagisme de la mè-        remplis par 34 hôpitaux concernant la
migrantes.                                    re sur le poids à la naissance et les        fréquence de l’allaitement à la sortie
                                              maladies chroniques ultérieures sont         de la maternité : 88 % des nouveau-
Accès aux soins prénataux                     bien connus.                                 nés quittent l’hôpital en étant complè-
                                                                                           tement allaités, ce qui est un très bon
Un manque d’équité persiste en ce qui         Alimentation                                 résultat. Les autres points sont moins
concerne la qualité et l’accès aux servi-                                                  bien respectés. Trop de nourrissons re-
ces prénatals, périnatals et postnatals.      Une alimentation saine et équilibrée         çoivent encore des compléments, sous
Des études locales montrent de gros-          reste le privilège de ceux qui sont assez    la forme de solution à base de malto-
ses inégalités quant à l’accès des fem-       aisés pour investir une grande partie        se/dextrose et de thé; les compléments
mes de différentes origines à la prise en     de leur salaire et de leur temps dans        diminuent les chances du nourrisson
charge médicale prénatale et périnata-        une bonne nutrition. Pendant la gros-        d’être allaité longtemps.
le en fonction de caractéristiques so-        sesse et le temps de l’allaitement, l’im-
cio-économiques, en particulier en ce         portance d’une alimentation équilibrée       Prévention de la mort subite
qui concerne les prestations de préven-       est encore accrue. Les conseils diété-       du nourrisson
tion.                                         tiques font partie intégrante de la pré-
                                              paration à la naissance. Dans certains       57 enfants suisses sont décédés de la
Préparation à la naissance                    cas particuliers, l’assuré(e) peut bénéfi-   mort subite en 1995, 39 enfants en
                                              cier d’un conseil nutritionnel dispensé      1996. Le recul observé au cours des
En Suisse, la préparation à la naissance      par un diététicien, pris en charge par       dernières années est généralement at-
repose sur l’initiative personnelle du        l’assurance-maladie sociale.                 tribué au message relatif au position-
couple. L’assurance-maladie sociale                                                        nement des nourrissons durant le som-
participe aux frais de cette préparation      Mortalité infantile                          meil.
par une contribution de CHF 100 pour
un cours collectif de préparation à l’ac-     Le but de ramener la mortalité infan-        Petite enfance
couchement dispensé par une sage-             tile (1re année de la vie) en dessous
femme. Cette contribution ne couvre           de 10 pour 1000 naissances vivantes          Congé maternité, travail maternel
pas les frais de cours et ils sont utilisés   est largement atteint en Suisse avec         et crèches
de manière très variable selon le niveau      un taux de 4,8 pour 1000 en 1997. La
social et de compréhension des fem-           mortalité périnatale enregistrée en          La protection de la maternité comp-
mes.                                          1999 s'établit à 6,9 pour 1000 nais-         rend aussi la couverture de presta-
                                              sances. La mortalité a pu être freinée       tions de prévention, la garantie du re-
Tabagisme et facteurs                         avant tout dans les catégories de            venu durant le congé de maternité et
psychosociaux                                 poids inférieurs à 2500g. Elle reste         la protection contre les licenciements
                                              néanmoins bien plus élevée chez les          ainsi qu’un soutien financier aux mè-
En 1999, 33% de la population suisse          garçons, toutes catégories de poids          res sans activité lucrative. Pour toute
fumaient, 27% des femmes et 38%               confondues. Les très jeunes mères et         la population (y compris les femmes
des hommes. La consommation est en            les mères célibataires forment un            enceintes), la Loi fédérale sur l’assu-
hausse depuis 1992, surtout chez les          groupe à risques particulier chez qui        rance-maladie prévoit la couverture
personnes de 15 à 24 ans (femmes: de          la mortalité infantile est considérable-     des soins de santé à titre obligatoire.
26% à 40%; hommes: de 36% à                   ment plus élevée, notamment pour             La prévention, pendant la grossesse
46%). Des données vaudoises indi-             les mères de moins de 20 ans. Elle est       et la maternité fait également partie
quent qu’un cinquième environ des             presque deux fois plus élevée, que la        des prestations obligatoirement à
femmes enceintes ont fumé au cours            mère soit célibataire ou mariée.             charge des assureurs-maladie. Sur le
des trois derniers mois de leur grosses-                                                   plan social, la Confédération a reçu
se. Le lien entre le tabagisme et le mi-      Lieu de naissance                            en 1945 le mandat impératif d’intro-
lieu socio-économique est bien                                                             duire une assurance-maternité. Elle
connu. Un autre lien existe entre le ta-      En Suisse presque toutes les naissances      ne l’a cependant pas concrétisé à ce

                                                                                                                               13
jour. C’est encore et toujours l’em-       ans. On estime que durant les jours        friendly hospitals.”
ployeur qui détermine combien de           de semaine, les parents arrivent, en     • D’ici 2010, tous les cantons et les
temps il garantit le salaire. Le Code      moyenne, à assumer eux-mêmes 50            communes offrent aux jeunes pa-
des Obligations ne prévoit que 8 se-       à 60% de la garde de leur enfant.          rents des conseils d’un niveau qua-
maines, beaucoup de cantons aug-           Cela signifie que pour chaque enfant       litatif élevé.
mentent cette durée à 16 semaines.         qui naît en Suisse romande, le besoin
Les femmes ont certes l’interdiction       est évalué, au minimum, à deux jour-     Mesures
de travailler, mais le salaire ne leur     nées de garde par semaine. Il est dif-
est pas forcément garanti durant           ficile de donner des chiffres précis,    Compte tenu de la bonne couvertu-
cette période. Un grand nombre de          mais on admet qu’ensemble les gar-       re médicale proprement dite, les
femmes sont donc dépourvues de             deries et les réseaux de mamans de       points faibles se situent en Suisse
toute prestation sociale après l’ac-       jour ne couvrent que la moitié de ce     dans la garde des enfants en bas âge
couchement.                                besoin. En outre, l’aspect financier     et surtout dans le secteur de la pré-
Il est assez fréquent que les em-          n’est pas à négliger: les crèches sont   vention et de la protection sociale.
ployeurs incitent les femmes à don-        plus avantageuses pour les petits re-    1. Le planning familial reste un or-
ner leur congé pour la date de la          venus; si le revenu mensuel net est          gane essentiel de prévention. Des
naissance. Les femmes au foyer ne          inférieur à 4000 francs, la garderie         programmes d’information sur la
bénéficient d’aucune prestation en         coûtera moins cher que le recours au         contraception devraient viser
espèces fondée sur le droit fédéral.       réseau de mamans de jour. Para-              avant tout les adolescents et les
De ce fait, un certain nombre de           doxalement, le coût de la garde en           jeunes femmes d’autres cultures.
cantons ont adopté des législations        crèche augmentant avec le revenu,            Par ailleurs, l’évolution de l’IVG
garantissant le droit à une allocation     les crèches constituent une solution         doit être surveillée de près, afin
de maternité. La proportion des fem-       chère précisément pour les femmes            de prévenir le risque de retour en
mes ayant une activité lucrative en        professionnellement actives qui, par         arrière vers des anciennes et
Suisse a augmenté durant les derniè-       leur travail, augmentent le revenu du        mauvaises méthodes.
res années et le taux d’activité des       ménage.                                  2. Un autre lieu important de pré-
femmes en 1999 était de 74,5%. La                                                       vention est la préparation à la
Loi fédérale sur le travail protège les    Détection de situations à risque             naissance. Des conseils d’hygiène
femmes enceintes et les mères qui          psychosocial                                 de vie, en particulier dans le do-
allaitent dans la mesure où cela est                                                    maine du tabagisme et de l’hy-
compatible avec leur travail et            La politique familiale doit prendre en       giène alimentaire peuvent avoir
convenu avec l’employeur. La loi pré-      considération la multiplicité des ty-        un grand impact sur la santé de
voit aussi que les mères qui allaitent     pes de familles modernes qui sont            toute la famille. L’influence néfas-
doivent disposer du temps nécessai-        devenues plus petites. Il existe aussi       te du tabac sur le poids de l’en-
re à l’allaitement mais cette disposi-     plus de familles monoparentales, re-         fant à naître, sur la fréquence de
tion n’est en général pas respectée.       composées, consensuelles, ou des             la mort subite ainsi que sur la
                                           groupes familiaux composés d’en-             santé en général de l’enfant de-
Les parents qui exercent une activité      fants adultes ou s’occupant de pa-           vraient être des arguments assez
professionnelle devraient théorique-       rents âgés. En comparaison euro-             frappants pour que les mères (et
ment pouvoir compter sur les servi-        péenne, la politique familiale que           les pères) cessent de fumer. Il se-
ces d’une crèche ou d’une garderie.        mène la Suisse est plutôt modeste.           rait nécessaire d’améliorer la prise
Même s’il existe une Ordonnance fé-                                                     en charge des fumeuses et fu-
dérale de 1977 sur le placement ex-        Objectifs nationaux                          meurs tout comme d’autoriser le
tra-familial des jeunes enfants, une                                                    remboursement par l’assurance-
politique sociale cohérente fait dé-       • D’ici 2020, il existe en Suisse une        maladie des produits remplaçant
faut, ce qui se traduit par une orga-        structure d’accueil à bas seuil cou-       la nicotine.
nisation et un financement très di-          vrant tout le territoire suisse        3. La politique de l’emploi devrait
versifiés de ces institutions: certaines     concernant la médecine reproduc-           favoriser les jeunes familles en
sont publiques, d’autres subvention-         tive, qui soit particulièrement at-        matière de travail: la mise en pla-
nées, d’autres encore totalement pri-        tractive pour les jeunes femmes et         ce de possibilités de congé paren-
vées. De surcroît, de fortes disparités      les étrangères également.                  tal, l’assurance-maternité, des
régionales existent quant au taux          • D’ici 2020, moins de 5 % des fem-          structures de garde d’enfants ac-
d’équipement en la matière. Crèches          mes fument durant leur grossesse           cessibles à tous. Le travail à
et garderies ont à faire face à une          en Suisse et toutes les femmes             temps partiel et le partage des tâ-
augmentation de la demande au vu             connaissent les effets néfastes du         ches devraient être facilités dans
de l’évolution de la situation profes-       tabagisme durant la grossesse sur          notre société.
sionnelle des jeunes couples. En             la santé des enfants.                  4. A l’avenir, la politique familiale
1996, les cantons romands comp-            • D’ici 2010, 95 % des enfants vien-         devra mieux tenir compte des
taient 108'000 enfants âgés de 0 à 4         nent au monde dans des „baby               grand défis de notre société: évo-

14
lution démographique caractéri-
   sée par une baisse de la fécondi-
   té, une diminution de la nuptiali-
   té, une augmentation du nombre
   des divorces. Des unions libres et
   des familles recomposées peuvent
   conduire à une nouvelle pauvreté
   et à l'exclusion qui en résulte.
5. Il est important de prendre garde
   aux modes de vie et au bien-être
   psychosocial des parents: un foyer
   sûr, offrant des relations sociales
   stables est un bon fondement pour
   le développement psychique et
   physique harmonieux de l’enfant.
6. D’ici 2008, il existe en Suisse une
   assurance-maternité qui permet un
   développement sain et sans stress
   de la mère et de l’enfant.
7. D’ici 2010, il existe des structures
   de garde d’enfants en suffisance
   qui permettent aux parents de res-
   ter intégrés au monde du travail.

                                          15
But 4
                                             But 4

                                             SANTÉ DES JEUNES                  (6)

                                             D’ici 2020, les jeunes de la région devraient être en meilleure santé et
                                             mieux en mesure
                                             d’assumer leur rôle dans la société.

                                             En particulier:
                                             4.1 les enfants et les adolescents devraient mieux maîtriser les apti-
                                                 tudes utiles pour la vie et être en mesure d’opérer des choix
                                                 sains;
                                             4.2 il faudrait réduire d’au moins 50% la mortalité et l’invalidité dues
                                                 aux actes de violence et aux accidents (7) chez les jeunes;
                                             4.3 il faudrait fortement réduire la proportion de jeunes qui adop-
                                                 tent des comportements dangereux (8) tels que la consommation
                                                 de drogue et de tabac et la consommation d’alcool;
                                             4.4 il faudrait réduire d’au moins un tiers l’incidence des grossesses
                                                 chez les adolescentes.

Exposé du problème
                                                 6   Jusqu’à l’âge de 18 ans
                                                 7   Voir aussi but 9 : „Diminuer le nombre de blessures dues aux actes de violence et aux
Bien que présentant en termes de                     accidents”
mortalité un groupe de population                8   Voir aussi but 12 : „Réduire les dommages causés par l’alcoolisme, la toxicomanie et
                                                     le tabagisme”
particulièrement sain, les jeunes sont
touchés par de nombreux problèmes
de santé. Ce ne sont plus les maladies
infectieuses aiguës mais les maladies
chroniques et les troubles de compor-
tement qui influencent négativement          les affections chroniques les plus cou-           semaine de douleurs au ventre. Un/e
leur état de santé. Il convient de met-      rantes à l’âge de l’enfance et de l’ado-          jeune sur cinq a des douleurs dorsales
tre en évidence cinq types de problè-        lescence. On estime qu’environ 5 à                et un/e sur quatre souffre de maux de
mes:                                         10% de tous les enfants et adoles-                tête. Les recherches épidémiologiques
                                             cents des pays industriels occidentaux            attestent que les filles se plaignent
Accidents et morts violentes                 souffrent d’asthme et jusqu’à 10%                 plus que les garçons d’avoir des dou-
                                             d’eczéma atopique. De plus, 10 à                  leurs. Les causes de ces taux de pré-
En 1998, 5'597 accidents de la circu-        15% souffrent d’une allergie et/ou du             valence assez élevés sont à rechercher
lation ont touché des enfants et des         rhume des foins (rhinite allergique).             dans un déséquilibre entre les fac-
adolescents, dont 71 ont abouti à un         Les causes en sont nombreuses et doi-             teurs de risques et les antécédents
décès. Les accidents de la circulation,      vent être recherchées aussi bien au ni-           ainsi que dans les ressources person-
ceux qui ont lieu durant les loisirs ou      veau biologique, psychologique et so-             nelles et sociales. Les douleurs sont
au domicile représentent les causes          cial que dans l’environnement naturel.            souvent interprétées comme la „ran-
les plus fréquentes de décès. A l’ado-                                                         çon d’un mode de vie moderne”, qui
lescence, les garçons sont beaucoup          Maladies infectieuses                             reflète les risques et les chances d’une
plus souvent victimes d’accidents que                                                          société industrielle moderne.
les filles, ce qui s’explique entre autres   L’infection VIH et le sida représentent
par leur mode de vie plus dangereux,         toujours un problème de santé impor-              Comportement à risque en matiè-
même dans les jeunes années, et par          tant en Suisse même si le taux d’in-              re de santé
un degré de mobilité plus élevé. A           fection a diminué grâce à des campa-
partir de la 14ème année, le suicide et      gnes de prévention efficaces.                     C’est à l’adolescence que l’on conso-
les tentatives de suicide deviennent                                                           lide les comportements importants en
une des causes principales de décès :        Troubles de la santé                              matière de santé. Malgré tous les ef-
la Suisse connaît, avec environ 50 dé-                                                         forts de prévention, on a enregistré
cès annuels, l’un des taux de suicide        Des rapports sur les atteintes à la san-          durant ces dernières années une aug-
les plus élevés d’Europe dans le grou-       té se fondent sur des enquêtes, par               mentation de la consommation d’al-
pe d’âge des 15 à 19 ans.                    ex. l’étude comparative internationale            cool et de tabac. 17% des jeunes de
                                             „Health Behavior in School-aged Chil-             15 ans disent fumer tous les jours,
Maladies chroniques                          dren” (HBSC). Il ressort des rapports             25% fument au moins une fois par
                                             sur l’enquête de 1997/98 qu’environ               semaine (aucune différence entre les
L’asthme et les allergies représentent       un/e jeune sur six souffre une fois par           sexes); 9% des jeunes filles de 15 ans

16
et 19% des garçons du même âge in-          Prévention des accidents                       bles à la santé (par ex. en incitant
diquent qu’ils boivent de l’alcool au                                                      les écoles à être actives dans le ré-
moins une fois par semaine. Les cau-        • Amélioration du matériel sécuritaire         seau des „écoles en santé”)
ses de cette consommation nuisible          • Adaptation des conditions de circu-      •   Soutien des familles
se recoupent souvent avec celles à l’o-       lation dans les localités (aménage-      •   Participation et empowerment (par
rigine des troubles de la santé. En ce        ment de pistes cyclables)                    ex. en instituant des parlements de
qui concerne l’alimentation, les com-       • Abaissement des vitesses de circu-           jeunes et d’enfants)
portements à risques représentent de          lation dans les localités et création    •   Amélioration de la formation et
plus en plus souvent un problème de           de zones à vitesse limitée                   donc de la situation des individus
santé, d’autant plus que des diètes         • Abaissement du taux d’alcoolémie             sur le marché du travail, en particu-
fréquentes peuvent constituer un fac-         à 0,0 pour mille                             lier dans la perspective d’aider les
teur de risque pour la boulimie.            • Port du casque obligatoire pour les          groupes défavorisés
                                              cyclistes                                •   Soutien de plans d’avenir réalistes
Objectifs nationaux                         • Entraînement obligatoire à la sécu-          pour les jeunes
                                              rité du trafic pour les nouveaux         •   Soutien de la création de réseaux
• D’ici 2010, le nombre des enfants           conducteurs                                  de jeunes (par ex. ouverture de lo-
  et adolescents victimes d’accidents       • Introduction d’un „permis de                 caux sociaux)
  de la route est réduit à moins de           conduire à l’essai”                      •   Mesures structurelles concernant la
  2000                                      • Education à la circulation dans le           prévention du tabac et de l’alcool :
• D’ici 2020, le nombre de suicides et        cadre de l’école                             augmentation des prix, barrières à
  de tentatives de suicide chez les         • Prévention des accidents domes-              l’accessibilité (des alcopops égale-
  jeunes est réduit de moitié                 tiques par une information aux pa-           ment), interdiction d’automates
• D’ici 2010, la proportion d’enfants         rents                                        délivrant des cigarettes
  et de jeunes souffrant d’asthme et                                                   •   Etablissement de programmes de
  d’allergies se stabilise et d’ici 2020,   Allergies et asthme                            désaccoutumance au tabac spéci-
  elle s’établit à 60% du niveau ac-                                                       fiques au jeunes
  tuel                                      • Promotion de l’allaitement (voir         •   Amélioration de l’accès à une aide
• Moins de 1% des adolescents font            aussi but 3)                                 psychosociale
  des expériences avec des drogues          • Explication du lien entre style de vie
  illégales                                   et santé                                 Mesures interdisciplinaires
• D’ici à 2010, toutes les écoles ont       • Programmes de sevrage du tabac           spécifiques aux troubles de la
  introduit des programmes de pro-            pour les (futures) mères et pères        santé à concevoir:
  motion de la santé                          (problème du tabagisme passif)           • Amélioration de rapports sur la
• D’ici 2010, la consommation d’al-         • Programmes de formation des en-            santé concernant les enfants et les
  cool par les jeunes tombe sous le           fants et de leurs parents concer-          jeunes
  niveau de 1990                              nant l’asthme et l’eczéma atopique       • Etudes des effets sur la santé à tous
• D’ici 2010, l’âge auquel les jeunes                                                    les niveaux du système politique
  commencent à fumer remonte à 18           Troubles de la santé et                    • Création d’un réseau/lobby chargé
  ans et le taux des nouveaux fu-           comportement à risque en matiè-              de défendre les intérêts des enfants
  meurs tombe au-dessous du niveau          re de santé                                  et des jeunes en matière de santé
  de 1990
• Les jeunes reconnaissent la nécessi-      • Mobilisation systématique des res-
  té de se protéger dans leur vie             sources personnelles (par ex. esti-
  sexuelle et utilisent à 95% des pré-        me de soi, confiance en soi, senti-
  servatifs en cas de rapports sexuels        ment de cohérence, compétences
                                              sociales) par des programmes de
                                              promotion de la santé orientés sur
Mesures                                       les aptitudes utiles pour la vie dans
                                              les écoles, sur le lieu de travail/de
Les mesures doivent concerner aussi           formation, au cours des activités de
bien celles qui réduisent les risques que     loisirs. Les programmes doivent êt-
celles qui augmentent les ressources,         re spécifiques par rapport au sexe,
tout comme les interventions axées sur        à l’âge, à l’appartenance ethnique
le comportement. Elles doivent être           et au rand social
complétées par des interventions agis-      • Etablissement de programmes de
sant sur les conditions extérieures. Se-      prévention modernes (toxicomanie,
lon la nature du problème, il faut fixer      maladies sexuellement transmissi-
des priorités différentes.                    bles, violence) à l’école
                                            • Création de cadres de vie favora-

                                                                                                                             17
Vous pouvez aussi lire