CAHIER FORMATION GENERALE - SEMESTRE 1 2021-2022 Cécile Gavoille et Gaëlle GUYOT-ROUGE - Over-blog-kiwi

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CAHIER

FORMATION GENERALE

    SEMESTRE 1

     2021-2022

       Cécile Gavoille et Gaëlle GUYOT-ROUGE

                                           1
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Quel programme pour le semestre 1 en FG ?

  Résumer des
      idées /
Enrichir sa culture                              Participer à un
     générale                                    débat en faisant
                                                 preuve d’écoute
                                                  et de respect

                           Prendre la parole
                              en public en
                           tenant compte de
                             son auditoire.

             Ecrire et s’exprimer dans
               une langue correcte

DES COMPETENCES PROFESSIONNELLES ESSENTIELLES

 Evaluations : un résumé- un éloge - débat/partiel sur le résumé.

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JE ME PRESENTE EN 2 à 3 MINUTES

Quel baccalauréat ? Pourquoi ?

                                                         Le DUT de chimie ? Pourquoi ?

   Et après le DUT ? Mes envies ? Mes projets professionnels ?

            Moi en quelques mots : ce qui m’intéresse, ce que j’aime, ce que je fais et comment je me sens.

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Planning des séances

Séance 1 : Présentations.
Présentations des étudiants et du programme
Découverte corpus 1/présentation d’un texte.

Séance 2 : Résumé
Méthodologie résumé.
Résumé 1 en cours du texte 2 Réussir contre toute attente.
Résumé relevé et commenté par le professeur (pas de note).

Séance 3 : Débat !
Restitution du résumé 1.
Réflexion collective sur la notion de débat.
Préparation débat 1 et déroulement débat 1.

Séance 4 : Eloges
Visite médiathèques : découverte du lieu et doc sur l’éloge (emprunt possible d’un
éloge).
Distribution du document CV et LM et présentation rapide de la structure et des
objectifs.
Consigne : faire une carte mentale /schéma avec les infos principales.

Séance 5 :
30 minutes : Tour de table sur les cartes mentales/ Présentation outil Canva pour le CV.
Consigne : Faire son CV pour la séance 6
1h30 : présentation corpus 2. Chaque étudiant choisit un texte et le présente.
30 minutes de travail personnel sur l’éloge en cours

Séance 6 :
30 minutes : projection de 2 CV et discussion sur ces CV.
1h30 résumé sur Foucault fait en cours avec tous les supports de cours. Relevé et noté.
30 minutes de travail personnel sur l’éloge en cours.

Séance 7 :
1h30 Présentation de tous les éloges.
1h : préparation et déroulement débat 2
15 minutes : bilan du semestre.
15 minutes : rappel des attentes du partiel.
Attention consigne : apporter un ordinateur par équipe pour la séance 8.

Séance 8 (après Noël) : Atelier CV et LM.
Produire les meilleurs docs par équipe.
Chaque équipe 2 coachs et un candidat.
45 minutes de préparation CV par les étudiants.
45 minutes de projection et discussion sur les CV.
45minutes de préparation LM par les étudiants.
45 minutes de projection des LM et discussion sur les LM

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Thème 1 : Espace et inégalités sociales en France

1) Dessine-moi la société !
En binôme, faites un schéma représentant la société française avec ses différentes
catégories sociales.

Chaque binôme présente son schéma, le commente et réponds aux questions et
remarques du groupe.

2) Découvrons et lisons les documents du corpus.
Constituez des binômes, lisez les textes du corpus et résumez-les à l’oral.

3) Résumez le texte 2 :
Relisez le texte 2 et complétez la fiche structure distribuée par votre professeur.

……………………………………………………………………………………
Document 1 : Pinçon Michel et Pinçon-Charlot Monique, Les ghettos du gotha, Au
cœur de la grande bourgeoisie, Editions du Seuil, 2007.

                                    Dans ce livre, les deux sociologues, anciens
directeurs de recherche au CNRS, décryptent les stratégies mises en œuvre par la
grande bourgeoisie pour construire leur territoire et cultiver l’entre-soi. Contrairement
à la plupart des médias qui insistent sur les ghettos populaires, les Pinçon-Charlot
mettent en lumière les ghettos des ultra-riches.

L’agrégation des semblables
        La ségrégation urbaine est toujours une agrégation. Cela est particulièrement
vrai pour les grands bourgeois qui paient les pris les plus élevés du marché et
peuvent donc habiter où bon leur semble. Pour mesurer ce phénomène nous avons
utilisé les annuaires des grands cercles parisiens. Le graphique montre la distribution
en 2007 des domiciles des membres du Cercle du bois de Boulogne qui résident en
Ile-de-France : 33% habitent dans le 16ème arrondissement. Les 17ème, 7ème, 8ème et
15ème en regroupent 27,3% et la ville de Neuilly 17,4%.
        Cinq arrondissements et Neuilly abritent donc 77% des membres de ce cercle.
En banlieue, les villes de l’ouest dominent : Boulogne, Courbevoie, Levallois,
Meudon, Puteaux, Rueil, Saint-Cloud, Suresnes, toutes communes situées dans les
Hauts-de-Seine. Il est remarquable que ce soit pour le groupe sur lequel les
contraintes économiques sont les moins contraignantes que l’on constate ce choix
aussi manifeste de vivre ensemble. S’il y a ghetto, c’est donc sur un mode volontaire
et maîtrisé. La spécificité résidentielle de la grande bourgeoisie apparaît clairement
lorsque l’on compare la localisation des domiciles des membres du Cercle du Bois
de Boulogne à celle des cadres supérieurs. Ceux-ci sont 60% à habiter en banlieue,
hors Neuilly. Les 40% restants se distribuent entre les différents arrondissements de

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Paris et cette ville. Hormis le poids de la banlieue, aucune prépondérance
significative ne se dégage.
         L’espace n’est pas seulement généreux, il est aussi contrôlé. Les familles
sont sélectionnées par l’argent selon la logique du marché. Pas de pauvres venant
gâcher le paysage. Mais parfois quelques nouveaux riches encore mal dégrossis.
Qu’à cela ne tienne : la ségrégation spatiale, qui est donc ici une agrégation de
semblables, est confortée par la création de lieux préservés au sein de ces espaces
déjà privilégiés. Les cercles figurent parmi ces endroits hyper sélectifs. Les villes
balnéaires comme Marbella en Espagne, ou les stations de sports d’hiver, telle
Gstaad en Suisse, sont aussi le produit de la richesse conjuguée avec la conscience
d’appartenir à une élite, soucieuse de gérer ses marges et son environnement. Les
beaux quartiers sont le résultat de cette recherche effrénée de l’entre-soi.
        Le contrôle de l’espace par la grande bourgeoisie va jusqu’à l’appropriation
privée d’espaces publics. Des conventions accordent la jouissance d’hectares du
bois de Boulogne à plusieurs clubs, dont un cercle qui en porte le nom et le Polo de
Paris, deux institutions qui comptent parmi les plus huppées.
        En voyage, les privilégiés de la fortune ne se mêlent au commun que lorsque
bon leur semble. La Mamounia, à Marrakech, est un palace de renommée
internationale qui permet au voyageur, dans ce pays où la misère est omniprésente,
de retrouver ses semblables dans un cadre luxueux. Les palaces, à travers le
monde, offrent un accueil sans surprise parce que très attentif à une clientèle qui
trouve, dans cette forme personnalisée d’hébergement, une réaffirmation de son
importance. Les personnels de ces établissements tiennent à jour le cardex des
clients, véritable fichier de leurs goûts. Monsieur trouvera sur la table de la chambre
son champagne préféré et Madame des fleurs assorties à la couleur de ses yeux.
        Il existe des cercles dans presque tous les pays. Ils entretiennent entre eux
des relations qui permettent aux membres du Jockey Club de la rue de Rabelais, à
deux pas de l’Elysée, d’être reçus au Knickerbockers, à l’angle de la 62 ème Rue et de
la Cinquième Avenue de New-York. Et donc de retrouver leurs pairs dans toute
grande où ils se rendent, les conventions entre ces cercles étant multiples : plus
d’une centaine pour le Cercle de l’Union Interalliée.
        Beaux quartiers, lieux de villégiature, vie de cercle, palaces, tout cela a un
prix. Sans fortune ces lieux sont inaccessibles. Mais la richesse elle-même ne suffit
pas. Il faut encore être coopté dans les clubs, reçu dans les soirées. Cet entre-soi
assure le plaisir d’être en compagnie de semblables, de partager le quotidien et
l’exceptionnel, à l’abri des remises en cause que peuvent générer les promiscuités
gênantes.

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Document 2 : Réussir contre toute attente : le pari de la diversité

   1.

Composer un équipage de jeunes et de seniors, d’hommes et de femmes, avec ou sans
handicap et participer à des courses de voile contre des équipes professionnelles, quelle
drôle d’idée ! Une équipe de David peut-elle affronter sans se ridiculiser des équipes de
Goliath ?

Le sport de haut niveau est synonyme de performance. Il est souvent pris dans les séminaires
de team building comme une source d’inspiration pour la cohésion d’une équipe. Mais on
oublie souvent que ces équipes, taillées pour la performance, sont le fruit d’un processus très
sélectif conduisant généralement à une grande homogénéité des profils. L’homogénéité des
équipes est la voie royale pour atteindre la performance, mais une équipe hétéroclite n’a-t-elle
vraiment aucune chance de faire bonne figure ?

Compétiteur de haut niveau en voile, Pierre Meisel s’est également intéressé, pendant ses
études d’anthropologie, à la façon dont les conflits aident à faire groupe. Il a eu l’idée de
participer à des compétitions de voile de haut niveau avec des équipages les plus divers
possible, pour voir si, et comment, diversité pouvait rimer avec efficacité.

Team Jolokia, l’équipage de la diversité

Avec deux amis, il crée une association, Team Jolokia (nom d’un piment très fort), pour
lancer un défi qui surprend le milieu :

« En général, la voile est pratiquée par des hommes blancs, âgés de 30 à 45 ans, et issus de
milieux aisés. Nous voulions un équipage associant des juniors et des seniors, des personnes
handicapées, des étrangers, des gens aisés et des gens modestes, et bien sûr des femmes. Tous
les navigateurs vous expliqueront qu’il n’y a pas de sexisme dans la voile, sauf que, jusqu’à
récemment, il était impossible de s’inscrire à certaines compétitions si on pesait moins de
80 kg… »

Il fallait d’abord acheter un bateau. Les fondateurs jettent leur dévolu sur un Volvo Ocean,
bateau de 60 pieds régulièrement utilisé pour faire le tour du monde. Pierre Meisel arrive à
trouver des personnalités séduites par le défi – le lancement des projets d’entreprenants tient
souvent à des rencontres heureuses.

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Gonzague de Blignières, président du fonds Raise, se montre enthousiaste : « Votre projet, j’y
crois, à condition que vous vous mettiez à plein temps dessus. » Il devient mécène dès le
premier rendez-vous. Reste à trouver un assureur. Celui contacté approuve le choix du Volvo
Ocean (« Joli bateau ! »), mais s’exclame, quand il apprend que l’équipage comprendra des
handicapés et des personnes âgées : « Comment voulez-vous que j’assure un projet pareil ? »
Une semaine plus tard il rappelle pourtant : « J’ai réfléchi : osons ensemble. »

Constituer un équipage avec une vraie diversité

Il fallait recruter 25 personnes, dont 12 à bord par rotation. Pour sortir du milieu relativement
fermé de la voile, des associations et la presse locale de Lorient sont mobilisées, et dès la
première année, 130 candidatures de présentent. Pour éviter de faire des discriminations
inconscientes, positives ou négatives, un processus complexe de sélection est inventé, en se
fondant sur quatre critères : aptitudes physiques, compétences nautiques (tous les postes ne
demandent pas une compétence maximale), motivation pour le travail collectif, motivation
pour la compétition. Un premier équipage suffisamment divers est constitué, avec,
notamment, un non-voyant, un paraplégique, ou encore une menuisière aux revenus très
modestes et un pilote d’Air France.

La majorité des équipiers restent deux ans, le renouvellement se faisant de manière continue.
Ils s’engagent à consacrer 45 à 60 jours par an à l’entraînement et aux courses. Pour ceux qui
ne peuvent pas choisir leur emploi du temps, les organisateurs négocient avec leurs
employeurs la libération de temps contre une prestation de communication ou de formation
dans leur entreprise.

Gérer les conflits et travailler les points forts

Les méthodes de gestion de cette diversité s’affinent progressivement et j’en citerai ici deux.

Une grande diversité augmente le risque de conflits. Si on ne s’en occupe pas, ils minent
l’ambiance et la performance, mais si on arrive à les gérer, le groupe devient très performant.
Beaucoup de temps est ainsi consacré à des réunions pour exprimer ces diversités et donner
un cadre de fonctionnement au groupe. Cela prend du temps sur l’entraînement proprement
dit, mais permet de débusquer les effets de divers stéréotypes : ceux qu’on peut avoir sur les
autres (« Une femme n’aura jamais la force ») ; sur soi-même (« Quand il y aura plus de vent,
je n’y arriverai pas ») ; sur la façon dont on est vu par les autres (« Moi, junior, je ne serai pas
écouté »). Chacun peut alors ajuster progressivement sa perception des autres et son apport au
collectif.

Un enjeu majeur est de travailler sur les points forts. Si l’équipage passe son temps à
répertorier ses points faibles, qui ne manquent pas, il court à la catastrophe. Il faut donc
donner la priorité aux points forts et en tirer parti. Par exemple, un non-voyant compense son
handicap en développant les autres sens, notamment celui du toucher, essentiel pour un
barreur. L’équipier non-voyant s’est ainsi révélé un excellent barreur. De plus, il a obligé les
autres à expliciter davantage chaque manœuvre, ce qui a contribué à améliorer la
communication et les procédures. C’est un rôle difficile, mais essentiel, du chef d’équipe que
de dégager les points forts de chacun et de convaincre le groupe de les valoriser.

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On lira prochainement dans The Conversation France un article d’Anne Rysléne Zaoual et
Vanessa Warnier présentant les résultats d’une recherche sur les facteurs d’efficacité de Team
Jolokia.

Des résultats qui étonnent

À sa création, l’objectif de l’équipage Team Jolokia était de se classer dans la première moitié
du tableau des courses de haut niveau auxquelles il participait… mais il fait beaucoup mieux,
puisqu’il est régulièrement sur les podiums.

« Je garde un souvenir précis de la Middle Sea Race. Les conditions étaient particulièrement
difficiles, avec des vents à 50 nœuds et des vagues de 6 à 9 mètres. Sur 130 concurrents,
67 ont abandonné. Une fois au port, nous avons attendu les suivants pour prendre leurs
amarres et les aider à faire les manœuvres. Pour nos concurrents, dont plusieurs
professionnels, constater que non seulement nous n’avions pas abandonné, mais que nous
étions arrivés avant eux et qu’une petite jeune femme ou un homme en fauteuil roulant se
tenaient prêts à saisir leurs amarres a provoqué un changement complet de regard sur notre
équipage. »

L’aventure de Team Jolokia continue depuis six ans avec succès dans la compétition. Après
une émission de TF1 vue par 5 millions de téléspectateurs et une bande dessinée, Marins
d’audace, l’association investit dans la communication et se pose en porte-parole de la
diversité. Les premières entreprises qui ont soutenu cette aventure ont été intriguées par ses
résultats et ont organisé des débriefings, avec leurs équipes et l’association, sur la manière de
gérer la diversité. Cette activité de sensibilisation et de formation est désormais en plein essor.

Pierre Meisel poursuit ainsi le rêve qu’il avait formé en tant qu’étudiant, puis marin :
convaincre que la diversité peut être une richesse à condition de se donner les moyens de la
gérer. Vu le nombre d’organisations confrontées à cet enjeu, c’est un champ immense qui
s’offre au partage de ces expériences et de leurs enseignements.

   1. Michel Berry, Fondateur de l'école de Paris du Management, Mines ParisTech, site
      The Conversation.

Document 3 : JABLONKA Ivan, Laëtitia ou la fin des hommes, éditions du
Seuil, 2016 (Prix Médicis 2016)

Dans la nuit du 18 au 19 janvier 2011, Laëtitia Perrais a été enlevée à 50 mètres de
chez elle, avant d’être poignardée et étranglée. Il a fallu des semaines pour retrouver
son corps. Elle avait 18 ans.

Ivan Jablonka a rencontré les proches de la jeune fille et les acteurs de l’enquête,
avant d’assister au procès du meurtrier en 2015. Il a étudié le fait divers comme un
objet d’histoire, et la vie de Laëtitia comme un fait social. Car, dès sa plus jeune
enfance, Laëtitia a été maltraitée, accoutumée à vivre dans la peur, et ce parcours
de violences éclaire à la fois sa fin tragique et notre société tout entière : un monde
où les femmes se font harceler, frapper, violer, tuer.

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http://www.seuil.com/ouvrage/laetitia-ou-la-fin-des-hommes-ivan-
jablonka/9782021291209

         Pornic, la Bernerie : de petites stations balnéaires sur l’Atlantique, grouillantes
de touristes l’été, assoupies l’hiver. Machecoul : une bourgade au milieu des marais.
         Laëtitia et Jessica ont grandi entre mer et campagne, plage et bocage. Elles
ont tout connu de la jeunesse périurbaine – le car de ramassage scolaire qu’il faut
attraper à 7h30 du matin et où l’on retrouve ses copains dans l’odeur chaude du
gasoil et l’éclairage trop vif du plafonnier ; le collège où tout le monde va, où l’on sait
qui est sorti avec qui, comment et pourquoi ça a cassé ; les coins tranquilles pour
aller fumer ou se bécoter ; les enfilades pavillonnaires comme la route de la Rogère,
ni rue de ville, ni route de campagne, plutôt axe reliant des ronds-points ; la maison à
un étage avec chambres, véranda et jardin, que les parents ont achetée, ou « fait
construire » ; l’éloignement de tous les lieux , collège, ville, hypermarché, activités
sportives, amis, qui exige qu’on soit accompagné en voiture par les parents et qui
justifie, l’adolescence venue, l’achat d’un scooter, instrument d’une liberté inouïe (les
jumelles ont eu le leur pour Noël 2009, un Peugeot V-Clic rouge pour Laëtitia, noir
pour Jessica) ; l’ennui des petites vacances où l’on traîne ensemble, entre le centre-
ville, la chambre des uns ou des autres, la plage ou la forêt, sans oublier le McDo,
incontournable lieu de rendez-vous et foyer de sociabilité ; les boîtes de nuit au
retour desquelles les jeunes se tuent dans un virage mal négocié.
         Ces campagnes sont des espaces anonymes, mal connus, peu représentés,
dont on ne parle jamais –d’où le choc, quand un fait divers provoque le
débarquement d’une centaine de journalistes en vingt-quatre-heures et qu’on a les
honneurs de la télé pendant des semaines. Les sœurs Perrais n’appartiennent pas à
la jeunesse riche des centres-villes, qui grandit entre cafés et lycée ultra-sélectifs, ni
à la jeunesse populaire des banlieues, symbolisée par le streetwear, la tchatche et le
béton.
         La jeunesse péri-urbaine, celle des cars de ramassage et des CAP n’a pas
d’emblème. C’est une jeunesse silencieuse qui ne fait pas parler d’elle, qui bosse tôt
et dur, alimentant les secteurs de l’artisanat et des services à la personne dans les
campagnes et petites villes où elle est née. Si ces classes populaires rurales-
maritimes forment ce que Christophe Guilluy appelle la « France périphérique » alors
l’affaire Laëtitia est un meurtre chez les « petits Blancs » ou, plus exactement, entre
« petits Blancs », un homme du quart-monde en situation d’échec s’étant attaqué par
frustration machiste ou par vengeance sociale, à une fille du quart-monde
courageuse et bien intégrée. « des cas sociaux se sont entre-tués », soupire-t-on
dans la bonne société nantaise, deux mois avant que l’affaire Dupont de Ligonnès ne
vienne rappeler que le milieu des notables catholiques abrite aussi son lot de
perversions sanglantes.
         Ce tableau sociologique explique le sentiment d’étrangeté que je ressens au
contact de Jessica. Issu de la bourgeoisie parisienne à diplômes, je n’ai pas grandi
dans la misère alcoolisée, je n’ai pas été retiré par un juge des enfants, je n’ai pas
fréquenté un lycée professionnel, je me déplace en métro plutôt qu’à scooter. Pour
moi que caractérisent des mots-clés comme judéité, livres et cosmopolitisme, Laëtitia
incarne l’altérité, celle des Français de culture chrétienne, avec un nom facile à
écrire, enracinés dans une région, produits d’une lignée, fût-elle celle des Atrides. Je
ne sais qui, d’elle ou de moi est le plus normal.

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Document 4 : Caricature de Kristian.

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La méthodologie du résumé
                          Fiche structure et rédaction
   I) Tel Sherlock Holmes, ne négligez aucun indice, pour établir votre fiche
structure !

   1) Observez le paratexte (auteur, titre, date et lieu de publication). Il peut vous
      fournir des indications précieuses sur l’horizon sur lequel s’inscrit le texte
      (arrière-plan historique, idéologique…).
   2) Faites une première lecture, afin de dégager le thème du texte et d’identifier
      sa nature (informatif, explicatif, argumentatif…)
   3) Repérez le système d’énonciation : la présence plus ou moins marquée de
      l’auteur, les jugements de valeur, l’implication de l’auteur (verbes mélioratifs,
      péjoratifs, emploi du conditionnel pour mettre à distance, les connotations des
      différents champs lexicaux…)
   4) Recherchez les idées essentielles. Soulignez les expressions-clés. Quand
      une idée se développe sur plusieurs phrases, essayez de la résumer par une
      expression que vous trouvez adaptée. Mettez entre crochets les exemples à
      valeur illustrative, les répétitions : ils disparaîtront dans votre résumé. A la fin
      de ce travail de repérage, pour y voir plus clair, formulez les grandes
      coupures (sur les plans logique et des idées) qui distinguent et séparent les
      différentes grandes parties du texte.
   5) Entourez les connecteurs logiques (donc, par conséquent…). Si le lien
      logique n’est pas explicitement formulé, écrivez-le. Par une barre, vous
      marquez ainsi le passage d’une idée à une autre.
   6) Faites le plan du texte dans la marge ou au brouillon : reformulez les
      expressions-clés, si c’est possible, ainsi que les liens logiques. Vérifiez que ce
      schéma reproduit bien les étapes importantes du texte.

   II) A présent, la rédaction d’une partie du texte
   1) Respectez le système énonciatif. Utilisez les mêmes indices personnels
       que l’auteur (je, nous…). Respectez le système temporel du texte (temps
       employés). Ne jugez jamais les idées de l’auteur : vous devez les retranscrire
       fidèlement, même si vous n’êtes pas d’accord. Essayez également d’adopter
       le même ton que l’auteur. Attention à la qualité de la langue (registre,
       orthographe, syntaxe).
   2) Reformulez la pensée de l’auteur, en recourant à des synonymes, si c’est
       possible. Si une expression ne peut être modifiée, notez-la entre guillemets.
       N’allégez pas les phrases de l’auteur, faites un réel travail de reformulation.
   3) Ayez pour priorité d’être concis. Remplacez une expression par un mot (ceux
       qui ne sont pas d’accord = les détracteurs), un groupe prépositionnel par un
       adverbe (avec une grande assiduité= assidûment). Au niveau de la phrase,
       supprimez les complétives (il veut que les pays membres de l’Union
       Européenne harmonisent leur législation concernant le travail= il veut une
       harmonisation européenne du droit du travail), les relatives par des adjectifs
       ou des GN (ceux qui travaillent en n’ayant pas de papiers en règles= les
       clandestins).
   4) A la fin, vérifiez que vous avez respecté la longueur fixée par la consigne
       (résumé au quart, résumé de 250 mots, de 300 mots…). Si votre résumé est
       trop long, vous avez peut-être conservé des exemples inutiles. Ou vous avez
       utilisé des formules qui manquent de concision.

                                                                                       12
Fiche structure 1
         Espace et inégalités sociales en France / document 2

Nom                      Evaluation et remarques

Prénom                   Questions 1 à 4 : 5 points

                         Question 5 : 10 points

Groupe                   Question 6 : 5 points

                         Question 7 : bonification

   1. Recopiez ci-dessous le titre de l’ouvrage dont est extrait le texte et le nom de
      l’auteur.
      (0,5 pt)

   2. Présentez en une phrase le thème général abordé par le texte (1 pt)

                                                                                   13
3. Présentez sous forme interrogative la question soulevée par le texte à propos de ce
   thème. (1,5 pt)

4. Présentez de façon synthétique, en une phrase rédigée, la thèse de l’auteur (= la
   réponse qu’il apporte à la question qu’il soulève ; = ce qu’il veut démontrer ou nous
   faire admettre) (2 pts)

5. Après une lecture analytique qui s’appuiera sur toutes les observations proposées
   par votre document de méthode, identifiez la ou les coupures principales dans le
   texte.
    Trouvez un titre pour chacune des parties repérées. Ce titre résumera
   brièvement la partie considérée. Reportez ce titre et les indications de coupure
   en haut de chacun des blocs sur le schéma ci-dessous.
   Dans les flèches, précisez le lien logique (addition, opposition, cause,
   conséquence) unissant ces parties.
   Pour chacune de ces parties, présentez sous forme de phrases distinctes (sous le
   titre et les indications de coupure) les idées principales développées par l’auteur,
   dans leur ordre d’apparition. (10 points)

                                                                                     14
Fiche-structure

                  15
6. Rédaction d’une partie du résumé (5 points)

   Tous les étudiants rédigeront dans l’encadré suivant un résumé d’une des trois parties
   du résumé présentées dans la fiche structure (100 mots)
   Le résumé de la partie répondra aux exigences de l’exercice du résumé : résumé au
   quart de la longueur du texte initial, respect de l’énonciation, de la structure du texte et
   de l’ordre des idées, reformulation, correction orthographique et élégance du style.

                                                                                            16
7 . Rédaction de la totalité du résumé pour les étudiants volontaires

 Les étudiants volontaires pourront résumer la totalité du texte étudié en 300 mots. Ce
résumé facultatif complétera (et donc inclura) le texte précédemment rédigé et sera
l’objet d’une bonification variable en fonction de sa qualité.

                                                                                    17
Débat

1) Que signifie « Débattre » ?

2) Quelles sont selon vous les règles à respecter pour garantir le bon
déroulement du débat ?.

3) Comment intervenir dans un débat ? Quels sont les modes d‘intervention
possibles.

                                                                            18
DEBAT 1

Pensez-vous, comme Pierre Meisel (document 2) que le conflit comprend une
part de positivité ? Peut-il être constructif ?

Je note ci-dessous 2 à 3 arguments, avec un exemple pour chacun d’entre eux :

Mes arguments                            Mes exemples

                                                                                19
J’écris ci-dessous les sources précises (auteur, titre, année de parution) pour mes
exemples :

Exemples                                  Sources précises

Je résume en quelques lignes le débat qui a eu lieu, en retenant les idées
importantes :

                                                                                20
Exercez vos dons d’orateur : l’éloge !

Etape 1 : Choisissez un extrait de 8-10 lignes, tiré de l’un des textes
et proposez-en une lecture expressive.

DOCUMENT 1

                                     Un couteau dans la poche
    Pas un couteau de cuisine, évidemment, ni un couteau de voyou à cran d'arrêt. Mais pas
non plus un canif. Disons, un opinel n° 6, ou un laguiole. Un couteau qui aurait pu être celui
d'un hypothétique et parfait grand-père. Un couteau qu'il aurait glissé dans un pantalon de
velours chocolat à larges côtes. Un couteau qu'il aurait tiré de sa poche à l'heure du déjeuner,
piquant les tranches de saucisson avec la pointe, pelant sa pomme lentement, le poing replié à
même la lame. Un couteau qu'il aurait refermé d'un geste ample et cérémonieux, après le café
bu dans un verre – et cela aurait signifié pour chacun qu'il fallait reprendre le travail.
    Un couteau que l'on aurait trouvé merveilleux si l'on était enfant : un couteau pour l'arc et
les flèches, pour façonner l'épée de bois, la garde sculptée dans l'écorce – le couteau que vos
parents trouvaient trop dangereux quand vous étiez enfant.
    Mais un couteau pour quoi ? Car l'on n'est plus au temps de ce grand-père, et l'on n'est
plus enfant. Un couteau virtuel, alors, et cet alibi dérisoire :
    – Mais si, ça peut servir à plein de choses, en promenade, en pique-nique, même pour
bricoler quand on n'a pas d'outil...

Ça ne servira pas, on le sent bien. Le plaisir n'est pas là. Plaisir absolu d'égoïsme : une belle
chose inutile de bois chaud ou bien de nacre lisse, avec le signe cabalistique sur la lame qui
fait les vrais initiés : une main couronnée, un parapluie, un rossignol, l'abeille sur le manche.
Ah oui, le snobisme est savoureux quand il s'attache à ce symbole de vie simple. À l'époque
du fax, c'est le luxe rustique. Un objet tout à fait à soi, qui gonfle inutilement la poche, et que
l'on sort de temps en temps, jamais pour s'en servir, mais pour le toucher, le regarder, pour la
satisfaction benoîte de l'ouvrir et de le refermer. Dans ce présent gratuit le passé dort.
Quelques secondes on se sent à la fois le grand-père bucolique à moustache blanche et l'enfant
près de l'eau dans l'odeur du sureau. Le temps d'ouvrir et refermer la lame, on n'est plus entre
deux âges, mais à la fois deux âges – c'est ça, le secret du couteau.

            DELERM Philippe, La Première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules, éd.
                                                                          Gallimard, 1997.

                                                                                                21
DOCUMENT 2

L'auteur défend une esthétique de la pénombre comme par réaction à l'esthétique
occidentale où tout est éclairé, s'employant à comparer divers usages de la lumière
et de l'éclairage (des lieux d'aisance, par exemple) chez les Japonais et les
Occidentaux. De plus, fidèle à l'esthétique du « sabi », il revendique la patine des
objets par opposition à la manie de la propreté occidentale.

 Voilà de bonnes raisons pour expliquer pourquoi l'on sert aujourd'hui encore le
bouillon dans un bol de laque, car un récipient de céramique est loin de donner des
satisfactions du même ordre. Et d'abord parce que, dès que l'on enlève le couvercle,
un liquide contenu dans une céramique révèle sur-le-champ son corps et sa couleur.

Le bol de laque au contraire, lorsque vous le découvrez, vous donne, jusqu'à ce que
vous le portiez à votre bouche, le plaisir de contempler dans ses profondeurs
obscures un liquide dont la couleur se distingue à peine de celle du contenant et qui
stagne silencieux dans le fond. Impossible de discerner la nature de ce qui se trouve
dans les ténèbres du bol, mais votre main perçoit une lente oscillation fluide, une
légère exsudation qui recouvre les bords du bol vous apprend qu'une vapeur s'en
dégage, et le parfum que véhicule cette vapeur vous offre un subtil avant-goût de la
saveur du liquide avant même que vous en emplissiez votre bouche. Quelle
jouissance dans cet instant, combien différente de ce que l'on éprouve devant une
soupe présentée dans une assiette plate et blanchâtre de style occidental ! Il est à
peine exagéré d'affirmer qu'elle est de nature mystique, avec même un petit goût
zennique.

                                             TANISAKI Junichiro, Eloge de l’ombre (2011)

DOCUMENT 3 :

        Il est temps désormais de définir nos termes. Dans ce livre, vitesse et lenteur
vont plus que désigner un changement de rythme. Ce sont des termes incarnant des
styles ou des philosophies de vie. La vitesse est occupée, autoritaire, agressive,
agitée, analytique, stressée, superficielle, impatiente, active et privilégie la quantité à
la qualité. La lenteur est son opposé : calme, attentive, réceptive, immobile, intuitive,
tranquille, patiente, réflexive et préfère la qualité à la quantité. Avec elle, il est
question de contacts vrais et profonds – avec les gens, avec une culture, avec le
travail, avec la nourriture, avec tout. Le paradoxe est que lent ne veut pas toujours
dire au ralenti. Comme nous le verrons, accomplir une tâche à la manière lente
donne souvent de bien meilleurs résultats, et il est également possible de faire les
choses rapidement tout en maintenant un état d’esprit calme. Un siècle après ce vers
de Rudyard Kipling nous intimant de garder la tête sur les épaules quand tous les
autres l’auront perdue, les gens apprennent à conserver leur calme. Ils apprennent
comment rester lents à l’intérieur, même lorsqu’ils tentent de tenir un délai au travail
ou de déposer les enfants à l’heure à l’école. L’un des buts de ce livre est de montrer
comment ils y parviennent.

       En dépit du discours de certains critiques, ce mouvement pour la lenteur ne
milite pas pour agir à la vitesse de l’escargot. Il ne s’agit pas non plus d’une

                                                                                        22
mouvance réactionnaire visant à faire régresser toute la planète vers on ne sait
quelle utopie préindustrielle. Au contraire, ce mouvement est constitué de gens
comme vous et moi, qui veulent vivre mieux dans ce monde rapide qu’est le monde
moderne. C’est pourquoi cette philosophie peut être résumée en un seul mot :
équilibre. Allez vite lorsqu’il est logique de le faire. Et allez lentement lorsque la
lenteur s’impose. Cherchez à vivre à ce rythme que les musiciens appellent le tempo
giusto – la « bonne cadence ».

        L’un des grands partisans de la décélération est l’Italien Carlo Petrini, le
fondateur de Slow Food, un mouvement international dédié à cette notion très
civilisée selon laquelle ce que nous mangeons devrait être cultivé, cuisiné et
consommé tranquillement. Bien que la table soit son cheval de bataille, Slow Food
représente bien plus qu’un prétexte à de longs repas. Le manifeste du groupe est un
appel aux armes contre le culte de la vitesse sous toutes ses formes : « Notre Siècle,
qui a débuté et s’est développé sous le signe de la révolution industrielle, a
commencé par inventer la machine, puis en en a fait un modèle de vie. Nous
sommes les esclaves de la vitesse et avons tous succombé au même virus
insidieux. »

                                           HONORE Carl, Eloge de la lenteur (2004)

Etape 2 :

                Identifiez et nommez les outils de l’éloge à l’écrit, à partir
                des textes lus :
                …………………………………………………………………………………………………………
                …………………………………………………………………………………………………………
                …………………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………………………………

                                                                                   23
Etape 3: Dialogue sur la société actuelle et ses valeurs.

1) Dans quelle type de société vivons-nous ? Quelles sont les valeurs
associées à ce type de société ?

2) Comment ces valeurs sont-elles mises en avant ? Dans quels lieux ?

3) En quoi ces valeurs peuvent-elles être problématiques ?

                                                                        24
Etape 4 : choix d’un sujet d’éloge seul ou en binôme.

         Choisissez un sujet qui ne correspond pas aux valeurs de nos sociétés
         actuelles. Voici des sujets possibles : un plaisir minuscule, l’oisiveté,
        l’indépendance d’esprit, le secret, la vie intérieure, l’inconnu, la sobriété, la
faiblesse, la sensibilité, la vieillesse, la dissymétrie, le caillou, l’armoire, le vent,
l’écume…

        Vous devez effectuer des recherches sur votre thème afin de produire un
         éloge riche et intéressant qui intègrera ces sources. De ce fait, vous aurez à
        joindre une bibliographie comprenant 3 sources au moins :
            1 article ou un essai
      1 poème ou une chanson.
      1 film/série/tableau.

Revenez au texte de Carl Honoré, repérez les sources présentes et dites comment
elles sont intégrées au texte. :

CONSEILS POUR REUSSIR VOTRE ELOGE !

      Structurez votre éloge en paragraphes. Ménagez une progression tout en
       utilisant les outils de l’éloge.
      Vous pouvez faire preuve de créativité si vous le souhaitez en choisissant
       différentes formes pour votre éloge : saynète, poème……
      Enfin, vérifiez la langue (orthographe, syntaxe, vocabulaire…).
      Pensez à répéter car vous ferez votre éloge à l’oral. Soignez la diction, les
       regards, les gestes, les déplacements.

Le jour de votre passage, vous remettrez un exemplaire écrit de votre éloge ainsi
que votre bibliographie.

          Bon travail et bon courage à toutes et tous !

                                                                                      25
Thème 2 : Vivons-nous dans des sociétés de surveillance ?

Supports :
  - Extrait de 1984, roman de Georges Orwell
  - Le Panopticon, extrait de Michel Foucault, Surveiller et Punir
  - Extrait d’un article de Julie Zaugg sur la vidéosurveillance en Chine
  - Œuvres urbaines de Banksy

Consignes :

1) Lisez les documents écrits et observez attentivement les installations de
Banksy.
a) Choisissez un des 4 documents. Présentez rapidement son thème, précisez
le genre auquel il appartient.
b) Résumez au brouillon les idées importantes dont il est porteur.
c) Puis, justifiez votre choix, en faisant le lien avec l’actualité, des livres
récemment parus, des films…

2) Défi vocabulaire : pour la prochaine fois, renseignez-vous sur le sens des
mots encadrés dans les documents (panopticon, houleuse, latéral, divulguer,
corrélation, être légion)

Quelques suggestions pour aller plus loin :

1) Consultez à la médiathèque Guerre et Spray, un ouvrage qui vous présente le
travail de Banksy.

2) Lisez 1984, le célèbre roman de Georges Orwell ou visionnez son adaptation
cinématographique réalisée en ... 1984 par le britannique Michael Radford.

3) Visionnez sur BFMTV une video consacrée à d’autres usages de la
surveillance numérique en Chine :
 https://www.bfmtv.com/mediaplayer/video/chine-big-brother-debarque-dans-les-
salles-de-classe-1078753.html
………………………………………………………………………………………………..

                                   Document 1
                    Georges Orwell, 1984 – extrait du chapitre 1

George Orwell (1903 – 1950) est un chroniqueur et écrivain britannique dont les
engagements ont été multiples et dont l’œuvre romanesque a connu un succès
planétaire. Il a lutté contre l’impérialisme britannique après en avoir constaté les
abus, pour la justice sociale et contre les totalitarismes nazi et soviétique, après avoir
participé à la guerre d’Espagne. 1984, roman d’anticipation, publié en 1949, décrit un

                                                                                       26
régime totalitaire et liberticide, où les individus vivent sous la surveillance de Big
Brother.

C’était une journée d’avril froide et claire. Les horloges sonnaient treize heures.
Winston Smith, le menton rentré dans le cou, s’efforçait d’éviter le vent mauvais. Il
passa rapidement la porte vitrée du bloc des « Maisons de la Victoire », pas assez
rapidement cependant pour empêcher que s’engouffre en même temps que lui un
tourbillon de poussière et de sable.

Le hall sentait le chou cuit et le vieux tapis. À l’une de ses extrémités, une affiche de
couleur, trop vaste pour ce déploiement intérieur, était clouée au mur. Elle
représentait simplement un énorme visage, large de plus d’un mètre : le visage d’un
homme d’environ quarante-cinq ans, à l’épaisse moustache noire, aux traits
accentués et beaux.

Winston se dirigea vers l’escalier. Il était inutile d’essayer de prendre l’ascenseur.
Même aux meilleures époques, il fonctionnait rarement. Actuellement, d’ailleurs, le
courant électrique était coupé dans la journée. C’était une des mesures d’économie
prises en vue de la Semaine de la Haine.

Son appartement était au septième. Winston, qui avait trente-neuf ans et souffrait
d’un ulcère variqueux au-dessus de la cheville droite, montait lentement. Il s’arrêta
plusieurs fois en chemin pour se reposer. À chaque palier, sur une affiche collée au
mur, face à la cage de l’ascenseur, l’énorme visage vous fixait du regard. C’était un
de ces portraits arrangés de telle sorte que les yeux semblent suivre celui qui passe.
Une légende, sous le portrait, disait : BIG BROTHER VOUS REGARDE.

À l’intérieur de l’appartement de Winston, une voix sucrée faisait entendre une série
de nombres qui avaient trait à la production de la fonte. La voix provenait d’une
plaque de métal oblongue, miroir terne encastré dans le mur de droite. Winston
tourna un bouton et la voix diminua de volume, mais les mots étaient encore
distincts. Le son de l’appareil (du télécran, comme on disait) pouvait être assourdi,
mais il n’y avait aucun moyen de l’éteindre complètement. Winston se dirigea vers la
fenêtre. Il était de stature frêle, plutôt petite, et sa maigreur était soulignée par la
combinaison bleue, uniforme du Parti. Il avait les cheveux très blonds, le visage

                                                                                      27
naturellement sanguin, la peau durcie par le savon grossier, les lames de rasoir
émoussées et le froid de l’hiver qui venait de prendre fin.

Au-dehors, même à travers le carreau de la fenêtre fermée, le monde paraissait
froid. Dans la rue, de petits remous de vent faisaient tourner en spirale la poussière
et le papier déchiré. Bien que le soleil brillât et que le ciel fût d’un bleu dur, tout
semblait décoloré, hormis les affiches collées partout. De tous les carrefours
importants, le visage à la moustache noire vous fixait du regard. Il y en avait un sur le
mur d’en face. BIG BROTHER VOUS REGARDE, répétait la légende, tandis que le
regard des yeux noirs pénétrait les yeux de Winston. Au niveau de la rue, une autre
affiche, dont un angle était déchiré, battait par à-coups dans le vent, couvrant et
découvrant alternativement un seul mot : ANGSOC. Au loin, un hélicoptère glissa
entre les toits, plana un moment, telle une mouche bleue, puis repartit comme une
flèche, dans un vol courbe. C’était une patrouille qui venait mettre le nez aux fenêtres
des gens. Mais les patrouilles n’avaient pas d’importance. Seule comptait la Police
de la Pensée.

                                  Document 2
                        Michel Foucault, Surveiller et punir

                                               Michel Foucault (1926-1984) a marqué
                                               durablement le XXème siècle, par son
                                               désir de développer, dans le champ
                                               philosophique, une pensée critique
                                               capable de mettre à nu les mécanismes
                                               du pouvoir. Dans Surveiller et Punir, il
                                               montre comment le pouvoir s’est caché
                                               derrière les murs des prisons, après
                                               s’être exhibé sur les places publiques
                                               lors des exécutions capitales, pour
                                               exercer son emprise sur le corps social.

      Le Panopticon de Bentham est la figure architecturale de cette composition.
On en connaît le principe : à la périphérie un bâtiment en anneau ; au centre, une
tour ; celle-ci est percée de larges fenêtres qui ouvrent sur la face intérieure de
l’anneau ; le bâtiment périphérique est divisé en cellules, dont chacune traverse toute
l’épaisseur du bâtiment ; elles ont deux fenêtres, l’une vers l’intérieur, correspondant
aux fenêtres de la tour ; l’autre, donnant sur l’extérieur, permet à la lumière de

                                                                                      28
traverser la cellule de part en part. Il suffit alors de placer un surveillant dans la tour
centrale1, et dans chaque cellule d’enfermer un fou, un malade, un condamné, un
ouvrier ou un écolier. Par l’effet du contre-jour, on peut saisir de la tour, se
découpant exactement sur la lumière, les petites silhouettes captives dans les
cellules de la périphérie. Autant de cages, autant de petits théâtres, où chaque
acteur est seul, parfaitement individualisé et constamment visible. Le dispositif
panoptique aménage des unités spatiales qui permettent de voir sans arrêt et de
reconnaître aussitôt. En somme, on inverse le principe du cachot ; ou plutôt de ses
trois fonctions – enfermer, priver de lumière et cacher – on ne garde que la première
et on supprime les deux autres. La pleine lumière et le regard d’un surveillant captent
mieux que l’ombre, qui finalement protégeait. La visibilité est un piège.
         Ce qui permet d’abord, – comme effet négatif – d’éviter ces masses,
compactes, grouillantes, houleuses, qu’on trouvait dans les lieux d’enfermement,
ceux que peignait Goya 2 ou que décrivait Howard. Chacun, à sa place, est bien
enfermé dans une cellule d’où il est vu de face par un surveillant ; mais les murs
latéraux l’empêchent d’entrer en contact avec ses compagnons. Il est vu, mais il ne
voit pas ; objet d’une information, jamais sujet dans une communication. La
disposition de sa chambre, en face de la tour centrale, lui impose une visibilité
axiale ; mais les divisions de l’anneau, ces cellules bien séparées impliquent une
invisibilité latérale. Et celle-ci est la garantie de l’ordre. Si les détenus sont
condamnés, pas de danger qu’il y ait complot, tentative d’évasion collective, projet de
nouveaux crimes pour l’avenir, mauvaises influences réciproques ; si ce sont des
malades, pas de danger de contagion ; des fous, pas de risque de violences
réciproques ; des enfants, pas de copiage, pas de bruit, pas de bavardage, pas de
dissipation. Si ce sont des ouvriers, pas de ces distractions qui retardent le travail, le
rendent moins parfait ou provoquent des accidents. La foule, masse compacte, lieu
d’échanges multiples, individualités qui se fondent, effet collectif, est abolie au profit
d’une collection d’individualités séparées.
         De là, l’effet majeur du Panoptique : induire chez le détenu un état conscient
et permanent de visibilité qui assure le fonctionnement automatique du pouvoir. Faire
que la surveillance soit permanente dans ses effets, même si elle est discontinue

1
  En écho à cette description, voir ci-dessous la photographie de la prison cubaine construite selon le plan du
Panopticon.
2
  Voir ci-dessous le tableau de Goya, évocateur des lieux d’enfermement « classiques ».

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