REVUE DE PRESSE ET DES RESEAUX SOCIAUX - Vendredi 24 mai 2019 Outre-mer - Mayotte

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REVUE DE PRESSE ET DES RESEAUX SOCIAUX - Vendredi 24 mai 2019 Outre-mer - Mayotte
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    REVUE DE PRESSE
ET DES RESEAUX SOCIAUX
     ˂˂ Outre-mer ˃˃
  Vendredi 24 mai 2019

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A LA UNE
 ORPAILLAGE;
Pages, 7 à 15, 38 à 41.
Guyane, Conseil de défense écologique: Le gouvernement
confirme l’incompatibilité du projet de la Montagne d’or « en
l’état actuel ».
 ELECTIONS PROVINCIALES CONGRES;
Pages, 16 à 17, 61 à 64.
Nouvelle-Calédonie, les indépendantistes prennent la tête du
Congrès.
 STATUT ESSAIS NUCLEAIRES;
Pages, 18 à 21, 70 à 72.

Polynésie, le Parlement adopte le projet de réforme du statut
d'autonomie du territoire qui reconnaît le rôle joué par ce
territoire du Pacifique dans le développement de la capacité de
dissuasion nucléaire française.

 IMMIGRATION ;
Pages, 22, 49 à 52.
Mayotte, un réseau international d'immigration congolaise à
destination de la métropole identifié.
 COMMEMORATIONS ESCLAVAGE;
Pages, 23 à 25, 86.
Outre-mer, Saint-Denis, un 23 mai national en grande pompe.
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L’OUTRE-MER
DANS LA PRESSE
MÉTROPOLITAINE

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23/05/2019

Conseil de défense écologique: Le gouvernement
confirme l’incompatibilité du projet de la Montagne
d’or « en l’état actuel » et annonce la création d’une
aire marine dans les TAAF
                                                        Le premier conseil de défense écologique, annoncé
                                                        par Emmanuel Macron en avril dernier, s’est tenu ce
                                                        jeudi 23 mai 2019 dans le palais de l’Elysée. A l’issue
                                                        de ce conseil, le Premier ministre Edouard Philippe
                                                        et le Ministre de la Transition écologique François de
                                                        Rugy se sont exprimés du projet minier de la
                                                        Montagne d’Or sans faire de nouvelles annonces.

                                                         Ce premier Conseil de défense écologique s’est déroulé
                                                         sous la présidence d’Emmanuel Macron,en présence de
                                                         13 ministres dont la Ministre des Outre-mer Annick
Giradin. « Au sujet de projet minier de la Montagne d’Or en Guyane, le gouvernement a décidé d’être le plus
précis possible. Sous la présidence du Président de la République, le Conseil de défense écologique a décidé de
constater l’incompatibilité en l’état actuel du projet minier de Montagne d’Or avec les exigences de la
protection de l’environnement », a indiqué François de Rugy lors du point de presse.

« Mais nous ne restons pas là, nous souhaitons intégrer les exigences environnementales de façon durable,
dans tous les processus miniers, et donc d’engager la réforme du code minier qui pourrait être présenté en
conseil des ministres en décembre prochain » a-t-il poursuivi.

Le 7 mai dernier, Emmanuel Macron avait déjà souligné cette incompatibilité du projet minier avec
l’environnement. « De manière très claire aujourd’hui, l’état du projet ne le rend pas compatible avec une
ambition écologique et en matière de biodiversité ». Le projet Montagne d’Or, le plus important projet de mine
d’or à ciel ouvert français, à l’étude en Guyane, prévoit l’exploitation d’une mine de 2,5 km de long, à partir de
2022, au sud de Saint-Laurent du Maroni, en forêt tropicale, via un procédé de récupération de l’or par
cyanuration en circuit fermé.

Une aire marine dans les Taaf

Le conseil de défense écologique a décidé de renforcer le réseau de nos espaces protégés, en créant dans les
terres australes et antarctiques françaises, une aire marine protégée dans la zone économique exclusive dans les
îles de Saint-Paul et Amsterdam, et en transformant le parc naturel marin des îles Glorieuses en réserve
naturelle national. « Par ailleurs d’ici 2022, nous créerons plus de 20 réserves naturelles en France
métropolitaine et Outre-mer. L’Objectif étant d’atteindre 30 % de notre territoire faisant l’objet d’une
protection, dont un tiers sous statut de protection forte ».

« Un second conseil de défense écologique se tiendrait à la mi-juillet », a précisé Edouard Philippe.

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Guyane: l'exécutif rejette le projet Montagne d'Or, les opposants doutent

Papier d'angle Paris, France | AFP | jeudi 23/05/2019 - 21:28 UTC+3 | 843 mots

par Cécile AZZARO, avec Marion BRISWALTER en Guyane

Le gouvernement a rejeté jeudi le très controversé projet industriel d'extraction aurifère en Guyane, Montagne
d'Or, point de crispation entre les partisans d'un développement économique du territoire et les associations
environnementales qui restent sceptiques.

A l'issue du premier "Conseil de défense écologique" et à trois jours des élections européennes, le Premier
ministre Edouard Philippe et son ministre de l'Environnement, François de Rugy, ont confirmé l'abandon du
projet actuel, le jugeant "incompatible avec les exigences de protection de l'environnement".

Emmanuel Macron l'avait déjà dit, mais jeudi le gouvernement a été plus catégorique: "Le projet ne se fera
pas". Il "n'est pas soutenu par le gouvernement", a assuré le ministre aux journalistes qui lui demandaient de
clarifier sa position. L'ancien ministre Nicolas Hulot avait fait état de ses réticences sur ce projet, tout comme la
ministre des Outre-mer Annick Girardin.

La Compagnie Montagne d'Or a pris "acte" sans abandonner la bataille, réaffirmant "sa volonté de mener un
dialogue ouvert et constructif avec l'ensemble des parties prenantes en vue de rendre ce projet compatible
avec les exigences de protection environnementale".

Montagne d'Or, porté par un consortium russo-canadien, Nordgold-Columbus Gold, est le plus grand projet
d'extraction d'or primaire jamais proposé en France. D'une superficie de 8 km2, il prévoit notamment une fosse
de 100 hectares, pour une exploitation sur 12 ans de 6,7 tonnes d'or par an, au sud de Saint-Laurent-du-Maroni,
en forêt équatoriale, via un procédé de récupération de l'or par cyanuration en circuit fermé.

Les déclarations gouvernementales ont provoqué le scepticisme des opposants au projet: "Ces annonces
répétées semblent indiquer que le projet ne se fera pas mais le WWF France regrette que (...) le gouvernement
n'ait toujours pas formellement et définitivement acté son abandon", a dit dans un tweet l'association
environnementale.

Pour "Or de Question", qui regroupe les associations opposées au projet, "l'enfumage continue". Le collectif
craint que "ces déclarations ne laissent la possibilité à la compagnie minière, voyant la porte fermée, de rentrer
par la fenêtre en modifiant son projet".

- "Grand flou"-

Pascal Canfin, ancien directeur du WWF France, aujourd'hui sur la liste LREM aux Européennes, a assuré sur
Twitter que le projet était "définitivement jugé incompatible avec les engagements de la France".

"Je n'ai pas entendu +définitivement+", a rétorqué sur Twitter le porte-parole de la Jeunesse autochtone de
Guyane, Christophe Yanuwana Pierre. Interrogé par l'AFP, il a estimé "fragile" le rejet du projet.

Selon lui, "tout va se jouer" lors de la révision du code minier, annoncée par le gouvernement : "Il faudra faire
passer l'interdiction de la cyanuration", ce procédé chimique qui permet d'augmenter les rendements aurifères.

Le député guyanais (GDR) Gabriel Serville a salué sur Twitter l'"excellente nouvelle que d'entendre le premier
Conseil de défense écologique se prononcer contre Montagne d'Or. N'est-il pas temps de l’enterrer
définitivement ?".

"Montagne d'or, le grand flou. C'est oui ou c'est non ?", a aussi commenté dans un tweet Manon Aubry, tête de
liste LFI aux Européennes.

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Pour Carol Ostorero, présidente de la Fédération des opérateurs miniers de Guyane, les propos sont
"décevants" mais si la volonté du gouvernement est de "poser un cadre clair et sécurisé pour les investissements
futurs, c'est une bonne chose".

Le projet, qui n'a pas été officiellement déposé -La compagnie Montagne d'or a une concession, mais n'a pas
encore demandé de permis d'exploitation-, a fait l'objet d'un débat public d'avril à juillet 2018. Il a révélé "la
profondeur de la fracture que le projet provoque au sein de la société guyanaise", selon la Commission
nationale du débat public.

Il est notamment soutenu par le Medef, la quasi-totalité des élus du littoral et le président de la Collectivité
territoriale, Rodolphe Alexandre (DVG), qui mettent en avant la promesse de création de 750 emplois directs,
dont au moins 90% d'emploi local, et 3.000 emplois indirects, selon ses promoteurs.

Pour la première vice-présidente de la collectivité territoriale Hélène Sirder, "il n'y a pas eu de condamnation de
la filière minière, ni condamnation des grands projets miniers", a-t-elle souligné sur Guyane la 1ere.

Les opposants dénoncent eux la déforestation, la proximité du site avec deux réserves biologiques et
s'inquiètent des millions de tonnes de déchets générés, des boues issues du processus pour détacher l'or de la
roche avec du cyanure.

La compagnie Montagne d'Or affirme de son côté que son projet "minimise les impacts", avec un site sur une
zone en partie déjà exploitée, et "des choix techniques" pour "produire moins de résidus".

En novembre, elle avait déjà annoncé des "modifications d'ampleur" pour "réduire au maximum les impacts sur
l'environnement". Mais les organisations amérindiennes avaient aussitôt promis "l'affrontement" si le projet se
poursuivait.

caz-mb/bat/eb

© Agence France-Presse

Guyane: le projet actuel Montagne d'or "incompatible" avec les exigences environnementales
(Philippe)

Paris, France | AFP | jeudi 23/05/2019 - 13:29 UTC+3 | 85 mots

Le Conseil de défense écologique (CDE) a jugé jeudi "le projet actuel Montagne d'Or incompatible avec les
exigences de protection de l'environnement", ont annoncé jeudi le Premier ministre Edouard Philippe et le
ministre de la Transition écologique François de Rugy.

Le CDE, qui se réunissait pour la première fois jeudi, a aussi décidé de réformer le Code minier pour y intégrer
les exigences environnementales à tous les processus miniers, réforme qui sera présentée en conseil des
ministres en décembre, a précisé François de Rugy.

leb-jri/ib/spe

© Agence France-Presse

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Projet de mine rejeté en Guyane: La Montage d'Or "prend acte" mais n'abandonne pas

Paris, France | AFP | jeudi 23/05/2019 - 17:18 UTC+3 | 179 mots

La compagnie Montagne d'or qui porte le projet de mine industrielle du même nom en Guyane, "prend acte"
des déclarations du gouvernement sur l'abandon de son projet, et "réaffirme sa volonté" d'un "dialogue
constructif" afin de le "rendre compatible avec les exigences de protection environnementale".

A l'issue du premier "Conseil de défense écologique", instance annoncée le 25 avril dans le cadre des mesures
post-Grand débat, le Premier ministre Edouard Philippe et son ministre de l'Environnement, François de Rugy,
ont confirmé jeudi l'abandon du projet, le jugeant "incompatible avec les exigences de protection de
l'environnement".

"Le projet Montagne d'Or ne se fera pas", a affirmé M. de Rugy.

Dans un communiqué, la Compagnie Montagne d'Or "réaffirme sa volonté de mener un dialogue ouvert et
constructif avec l’ensemble des parties prenantes à ce dossier en vue de rendre ce projet en Guyane compatible
avec les exigences de protection environnementale".

Elle dit aussi soutenir "la volonté du gouvernement d’accélérer la réforme du code minier. Cette modernisation
permettra d’intégrer les exigences environnementales et de clarifier le cadre de l’exploitation minière en
France, condition indispensable pour attirer les investissements".

caz/ib/ide

© Agence France-Presse

A J-3 des Européennes, l'exécutif à l'offensive sur l'écologie

par Jérôme RIVET / Laurence BENHAMOU

Emmanuel Macron et son gouvernement ont affiché jeudi leur détermination à obtenir "des résultats concrets et
rapides" sur le climat à l'issue du premier Conseil de défense écologique (CDE), dénoncé par une partie de
l'opposition comme une tentative d'attirer les électeurs à trois jours des européennes.

Seule mesure emblématique annoncée jeudi, l'arrêt définitif du projet Montagne d'Or en Guyane, qui prévoyait
une immense mine d'or à ciel ouvert, devenu un point de fixation des défenseurs de l'environnement. "Le projet
Montagne d'Or ne se fera pas", a tranché le ministre de la Transition écologique François de Rugy.

Outre l'arrêt du projet "Montagne d'Or", François de Rugy a expliqué qu'une réforme du Code minier imposant
des contraintes environnementales aux projets miniers devrait être présentée en décembre.

leb-cho-jri/ib/sp

© Agence France-Presse

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Jadot: LREM ne veut pas "sauver le climat" mais "récupérer le vote écolo"

Paris, France | AFP | jeudi 23/05/2019 - 13:10 UTC+3 | 234 mots

La tête de liste EELV pour les européennes, Yannick Jadot, a accusé jeudi La République en Marche de vouloir
non pas "sauver le climat" mais "récupérer le vote écolo", alors qu'Emmanuel Macron a réuni pour la première
fois le Conseil de défense écologique.

"Moi, s'il y a une décision pour l'environnement, la biodiversité qui sort de ce Conseil, évidemment je serai le
premier à l'applaudir", a déclaré M. Jadot, interviewé sur RMC et BFMTV.

"Après je ne vous cache pas que trois jours avant le scrutin européen, la ficelle est un peu grosse", a-t-il
poursuivi.

Les responsables de La République en marche "ne veulent pas sauver le climat, ils ne veulent pas sauver la
biodiversité, ils veulent récupérer le vote écolo", a-t-il taclé.

Et de conclure: "ça démontre à quel point le vote Europe Ecologie est le vote qui fait bouger Emmanuel
Macron", a-t-il dit, en appelant les électeurs à voter pour EELV dimanche.

"Sur le fond", M. Jadot a souhaité que ce Conseil soit l'occasion d'annoncer "l'annulation de tous les projets de
mine à ciel ouvert d'or en Guyane".

"Je demande solennellement au président de la République, au nom de la biodiversité, au nom du climat, au
nom de cette Amazonie dont nous avons la responsabilité, au nom des peuples autochtones (...) au nom des
Guyanais, je lui je lui demande d'annuler tous les projets de mine à ciel ouvert", a-t-il lancé.

sl/ib/spe

© Agence France-Presse
                                          Le Bulletin Quotidien
                                                    24/05/2019

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Le Figaro
24/05/2019

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Le Parisien
 24/05/2019

 La Croix
 24/05/2019

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24/05/2019

« Montagne d’Or » : « Ni le gouvernement ni ses opposants ne
pourront échapper au débat sur l’exploitation des mines »
Chronique Philippe Escande éditorialiste économique au « Monde »
Le projet minier en Guyane ne se fera finalement pas. Mais, alors que l’or est un matériau rare particulièrement
convoité, la France ne pourra pas éternellement mettre le sujet minier sous le tapis, juge notre éditorialiste
économique, Philippe Escande.

                                        Le camp de base de la compagnie minière Nordgold, à proximité de la «
                                        Montagne d’Or », photographié en octobre 2017. JODY AMIET / AFP

                                    Pertes & profits. C’est bien connu, l’or des Amériques rend fou. Hernan Cortés et
                                    tous les conquistadors à sa suite ont cherché l’eldorado aux confins des bassins de
                                    l’Orénoque et de l’Amazone. On rêvait de lac d’or, on ne récoltait que des tonnes
                                    de cailloux renfermant parfois quelques grammes de métal jaune. Qu’importe,
                                    pour quelques grammes de plus, les orpailleurs brésiliens franchissent la frontière
                                    guyanaise pour racler le fond des rivières et des vallées. La Guyane, avec sa
mosaïque ethnique, son chômage à 20 % et son économie en berne, est un bien pauvre eldorado.

Mais un eldorado qui fait encore rêver. Depuis presque vingt ans, des investisseurs aventureux tentent d’établir une
véritable industrie d’extraction dans ce territoire. Le projet le plus ambitieux est celui de la « Montagne d’or », situé en
forêt à 125 km de Saint-Laurent-du-Maroni, financé par des investisseurs russes et canadiens. Ses promoteurs tentent de
l’imposer en avançant l’argument du développement d’un territoire déshérité : 750 emplois directs et 3 000 indirects.
Soutenu par les milieux économiques et les élus, rejeté par les Amérindiens et les défenseurs de l’environnement, le projet
piétine. Peinant à se décider, le gouvernement a retardé la décision en lançant un débat public, qui n’a fait que souligner la
profondeur des divisions. A trois jours des élections européennes, le tout nouveau Conseil de défense écologique a décidé
que la « Montagne d’or » ne se ferait pas

Finalement, c’est la politique métropolitaine qui a tranché. A trois jours des élections européennes, le tout nouveau
Conseil de défense écologique, réunissant les principaux ministres concernés, a décidé que la « Montagne d’or » ne se
ferait pas. Le contraire aurait été étonnant. Dans un contexte où les voix écologiques sont indispensables à la liste
macronienne et dont le numéro deux Pascal Canfin, ancien directeur du WWF, est un opposant déterminé, il était
impensable qu’un tel projet, impliquant déboisement et construction de route, voit le jour.

Principe de responsabilité

Les arguments de part et d’autre sont clairs et recevables. Le WWF a fait de la protection de la forêt amazonienne l’un de
ses axes stratégiques majeurs. Il ambitionne de lutter contre la déforestation du « plateau des Guyanes » (Guyane et
Brésil), un ensemble de 7,3 millions d’hectares encore largement préservé, plus grande forêt tropicale protégée du monde
et d’une biodiversité unique. De l’autre, les industriels défendent une initiative relativement modeste (8 kilomètres carrés
de mine) hors de la réserve naturelle et qui vise à fournir rapidement une activité économique à une population qui en
cherche. Une manière d’offrir une alternative plus propre au trafic des orpailleurs clandestins.

Le gouvernement a tout à fait raison de mettre en avant la protection d’un territoire aussi exceptionnel que celui de la
forêt guyanaise. Mais ni lui, ni les opposants au projet, ni les citoyens français ne pourront longtemps échapper au débat
de fond sur l’opportunité d’exploiter des mines, que ce soit en Guyane ou en France métropolitaine, comme le souligne la
commission du débat public. L’or, comme tous les métaux rares, est largement utilisé dans les objets électroniques, du
smartphone au satellite en passant par les panneaux solaires et les éoliennes. On ne peut éternellement mettre le sujet
minier sous le tapis, et fermer les yeux sur les zones d’où sont extraites les matières premières indispensables non
seulement à l’activité économique actuelle mais aussi à la réussite de la transition énergétique. Le premier principe de
responsabilité serait de se poser la question.

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Conseil de défense écologique: Macron "a appelé à voter Europe Ecologie" (Jadot)

Paris, France | AFP | vendredi 24/05/2019 - 12:20 UTC+3 | 462 mots

Emmanuel Macron "a appelé à voter Europe Ecologie" en organisant un Conseil de défense écologique à trois
jours des élections européennes, a estimé vendredi Yannick Jadot, tête de liste EELV, critiquant de nouveau son
"opportunisme".

"Emmanuel Macron, en faisant ce Conseil de défense, a appelé à voter Europe Ecologie", car cela revient à dire
"quand j'ai Nicolas Hulot au gouvernement, je n'agis pas, quand il y a le risque du vote écologiste, je commence
à agir", a argumenté M. Jadot sur Public Sénat.

Critiquant une nouvelle fois l'"opportunisme" du chef de l'Etat, il a toutefois noté que "les écologistes sont
toujours très pragmatiques", et lorsque des annonces en faveur de l'environnement sont faites "par cynisme,
opportunisme, ou par sincérité, on prend".

Mais si le ministre de la Transition écologique François de Rugy a assuré à l'issue de ce Conseil jeudi que le
projet de mine Montagne d'Or en Guyane "ne se fera pas", M. Jadot a fait part de ses doutes et a regretté
l'absence d'annonce que plus aucun projet de mine d'or à ciel ouvert ne pourrait exister.

Pour preuve selon lui, la parution au Journal officiel daté du 18 mai d'un arrêté du ministre de l'Economie
prolongeant l'autorisation d'exploitation de telles mines en Guyane.

Selon cet arrêté du 13 mai, "la durée de validité du permis d'exploitation" donné à la Compagnie minière de
Boulanger sur la commune guyanaise de Saint-Laurent-du-Maroni est prolongée "jusqu'au 16 janvier 2023, sur
une surface inchangée de 35,4 km2".

La compagnie Montagne d'or qui porte le projet de mine industrielle éponyme en Guyane a, elle, dit jeudi
"prendre acte" des déclarations du gouvernement sur l'abandon de son projet, tout en réaffirmant "sa
volonté" d'un "dialogue constructif" afin de le "rendre compatible avec les exigences de protection
environnementale.

Evoquant par ailleurs les enjeux du scrutin européen, David Cormand, secrétaire national d'EELV, a de son côté
estimé sur RFI qu'il constituait "le vote du siècle", car ""si, en France comme en Allemagne, c'est le vote vert
qui crée la surprise, c'est tout le centre de gravité du parlement européen qui peut bouger".

Mais pour Pascal Canfin, numéro deux sur la liste LREM emmenée par Nathalie Loiseau, donner "une voix
pour Europe Ecologie Les Verts n'aura aucun impact".

"Nous, nous allons peser au parlement européen, nous ne sommes pas dans l'incantation, on n'est pas dans la
minorité sympathique, dans la niche sympathique qui ne pèse pas", a-t-il lancé sur Europe 1 à l'adresse d'EELV.

Pour La France insoumise, la tête de liste Manon Aubry a dit sur franceinfo "comprendre à ce stade" qu'il y a
"suspension du projet Montagne d'Or", et pas arrêt, et s'est montrée très prudente face à l'annonce de la
présentation en décembre d'une réforme du code minier imposant des contraintes environnementales aux projets
de ce type.

ggy/npk/asm

© Agence France-Presse

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Un indépendantiste élu à la tête du Congrès de Nouvelle-Calédonie

Nouméa, France | AFP | vendredi 24/05/2019 - 04:24 UTC+3 | 317 mots

par Claudine WERY

L'indépendantiste Roch Wamytan (UC-FLNKS) a été élu vendredi président du Congrés de la Nouvelle-
Calédonie, grâce à l'appui des trois voix d'un nouveau parti wallisien et futunien, jusqu'alors plutôt considéré
proche des loyalistes, a constaté l'AFP.

"C'est un moment historique. Le temps est venu d'imprimer le sceau historique océanien sur la construction d'un
destin commun", a déclaré M.Wamytan, 68 ans, figure du mouvement indépendantiste kanak.

Il a été élu au deuxième tour avec 29 voix contre 25 pour Magalie Manuohalalo, présentée par les deux groupes
de la droite loyaliste. L'Eveil océanien, parti communautaire qui a fait une entrée remarquée sur l'échiquier
calédonien en obtenant 3 sièges lors des élections provinciales du 12 mai, a joint ses voix à celle des partis
indépendantistes (26 sièges sur 54).

Le choix de cette formation a créé la surprise alors qu'au cours des derniers jours, les deux frères ennemis de la
droite, L'Avenir en confiance (proche LR) et Calédonie ensemble (centre droit), avaient laissé comprendre
qu'ils s'étaient entendu avec elle pour une majorité loyaliste au Congrès.

"J'assume d'avoir voté avec les indépendantistes. Travailler avec eux, ce n'est pas travailler pour l'indépendance.
Arrêtons ce clivage pour ou contre l'indépendance et travaillons à améliorer la vie des Calédoniens", a déclaré
à la presse Milakulo Tukumuli, chef de file de l'Eveil Océanien.

Abasourdis, les élus de L'Avenir en confiance, qui avaient largement gagné les élections provinciales dans le
camp loyaliste, ont dénoncé une "trahison" du parti océanien et un "déni de démocratie".

Dans les prochaines semaines, un gouvernement collégial sera élu par le Congrés. Si les mêmes équilibres sont
conservés, les indépendantistes pourraient emporter la direction de l'exécutif calédonien.

Un poste crucial alors que s'ouvre le dernier mandat de l'accord de Nouméa (1998) qui organise la
décolonisation de l'île. Après le référendum sur l'indépendance du 6 novembre 2018 remporté par les pro-
français (56,7%), deux autres référendums peuvent être organisés en 2020 et 2022.

cw/sma

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Les indépendantistes prennent la tête du Congrès de Nouvelle-Calédonie
Papier Général Nouméa, France | AFP | vendredi 24/05/2019 - 10:48 UTC+3 | 692 mots par Claudine WERY

Après les élections provinciales du 12 mai, les indépendantistes kanak de Nouvelle-Calédonie ont remporté
vendredi la présidence du Congrès, grâce à l'appoint des voix d'un parti océanien, jusqu'alors plutôt classé dans
le camp loyaliste. D'ici deux à trois semaines, le renouvellement des institutions de cet archipel en cours de
décolonisation se poursuivra avec l'élection du gouvernement collégial et de son président.
Si les mêmes équilibres sont conservés, le FLNKS (Front de Libération Nationale Kanak Socialiste) devrait,
pour la première fois depuis le début de l'accord de Nouméa (1998) et pour son dernier mandat, prendre le
contrôle de l'exécutif.

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Ces bouleversements interviennent un peu plus de six mois après le référendum sur l'indépendance du 4
novembre, que les indépendantistes avaient perdu, mais avec un score nettement supérieur aux pronostics des
sondages et de la droite.
Ils s'étaient promis de "surfer sur cette dynamique" alors que deux autres référendums peuvent être organisés en
2020 et 2022.
Figure historique de la lutte indépendantiste, Roch Wamytan, 68 ans, a été élu à la majorité des 54 élus du
Congrès avec 29 suffrages.
Il a rassemblé les 24 voix des partis du FLNKS, celles de deux élus de formations indépendantistes minoritaires
et surtout celles des trois élus de l'Eveil Océanien, parti communautaire wallisien et futunien, qui a fait la
bascule.
Jusqu'alors cette formation était plutôt considérée comme non indépendantiste, mais l'échec de ses tractations
avec les deux partis de la droite - L'Avenir en Confiance et Calédonie Ensemble - a pesé sur son choix.
"C'est une majorité océanienne et c'est historique. Il est temps que les Océaniens qui entretiennent des échanges
millénaires mais qui ont été séparés par les frontières de la colonisation et artificiellement opposés se retrouvent
aujourd'hui...)", a déclaré M. Wamytan, signataire de l'accord de Nouméa, à l'issue de son élection.

- Loyalistes médusés -
Face à des élus loyalistes médusés par un résultat qu'ils n'attendaient pas, il s'est engagé "à présider cette
institution avec les valeurs kanak océaniennes mais aussi républicaines et chrétiennes dont nous sommes tous
imprégnés".
De son côté, Milakulo Tukumuli, chef de file de l'Eveil Océanien, a dit avoir "choisi ce qui est le mieux pour
l'avenir des calédoniens", mettant en avant les problématiques économiques et sociales du territoire.
"La France ou l'indépendance, ce n'est pas la question. Notre ligne s'inscrit dans une certaine majorité
océanienne mais nous sommes des hommes libres", a poursuivi ce docteur en mathématiques, qui se réclame
plus "faiseur de démocratie que faiseur de roi".
Le vote de l'Eveil Océanien intervient après d'âpres discussions avec l'Avenir en confiance (18 élus sur 54),
proche de LR, et Calédonie ensemble, parti de centre droit défait par le scrutin du 12 mai. Il était la locomotive
des loyalistes dans la précédente mandature. Philippe Michel, chef du groupe CE au Congrès, a accusé son rival
non indépendantiste "de ne pas être à la hauteur de sa victoire car il n'a pas su trouver les équilibres".
"En trustant tous les postes de vice-présidence de la province sud (vendredi dernier) et en nous promettant une
présidence du Congrès qu'ils ne maitrisaient pas, l'Avenir en Confiance a commis une faute politique dont on
mesure aujourd'hui toutes les conséquences", a-t-il déclaré.
Encore plus sévère, le député Philippe Gomes (UDI) leader de CE, a affirmé que "Kanaky est au pouvoir au
Congrès et le sera demain au gouvernement".
"Ceux qui ont gagné ont oublié une règle politique de base: rassembler", a-t-il fustigé, dénonçant le
"comportement immature et irresponsable" de l'Avenir en confiance. Ancré à droite et partisan d'une ligne
"ferme avec les indépendantistes", ce parti a pour sa part accusé l'Eveil Océanien de "trahison", estimant "avoir
fait des propositions généreuses et en adéquation avec le choix des électeurs".
"Il serait inenvisageable pour nous que cela conduise à un président du gouvernement indépendantiste. Ce serait
un déni de démocratie", a protesté Virginie Ruffenach, présidente du groupe AEC au Congrès.
cw/ib/spe
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Le Parlement adopte le projet de réforme de la Polynésie

Paris, France | AFP | jeudi 23/05/2019 - 12:54 UTC+3 | 387 mots

Le Parlement a adopté, par un ultime vote jeudi matin à l'Assemblée nationale, le projet de réforme du statut
d'autonomie de la Polynésie française, qui reconnaît le rôle joué par ce territoire du Pacifique dans le
développement de la capacité de dissuasion nucléaire française.

Mais les deux textes - organique et ordinaire - n'ont pas été votés à l'unanimité à l'Assemblée, le député de
Polynésie Moetai Brotherson, rattaché au groupe communiste à l'Assemblée et par ailleurs représentant du
Tavini Huiraatira, parti indépendantiste polynésien, ayant fait le choix de voter contre la loi organique et de
s'abstenir sur la loi ordinaire, estimant notamment que ce statut toiletté n'améliorerait pas le sort des victimes
des essais nucléaires.

Mercredi, le Sénat avait adopté ces deux textes à l'unanimité.

Députés et sénateurs s'étaient mis d'accord début mai en commission mixte paritaire (CMP) pour faire évoluer
ce projet de réforme, et notamment la rédaction de l'article 1er de la loi organique, en reconnaissant que la
collectivité ultramarine a été "mise à contribution" par la France dans "la construction de la capacité de
dissuasion nucléaire et à la défense nationale", et que cette contribution n'était pas volontaire.

Cette mesure phare a été saluée par tous les groupes politiques.

De 1966 à 1996, les atolls de Mururoa et Fangataufa ont été le théâtre de 193 essais nucléaires, qui ont eu des
effets sur la santé et l'environnement des populations.

Pour la députée polynésienne Maina Sage (UDI-Agir), qui a porté cette modification sémantique, l'article 1er
"consacre la reconnaissance de la République" au rôle de la Polynésie dans "l'histoire du nucléaire français",
mais aussi "la reconnaissance des actes clairs de réparation".

"Nous avons rajouté au sein de cet article 1er ( ...) le fait que cela devait se traduire par un accompagnement sur
le plan sanitaire, mais aussi sur le plan écologique et l'économique", a-t-elle insisté.

"En reconnaissant le fait nucléaire et ses conséquences, la Nation toute entière consacre son devoir de mémoire
et de reconnaissance à la Polynésie française", a estimé le ministre chargé des relations avec le Parlement Marc
Fesneau, au nom du gouvernement. Outre la reconnaissance du fait nucléaire et de ses conséquences, les textes
modernisent le statut de la Polynésie adopté en 2004 et déjà réformé à deux reprises en 2007 et 2011, et la
législation applicable sur le territoire.

caz/ggy/sp

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                                          Le Bulletin Quotidien
                                                    24/05/2019

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La France reconnaît le rôle de la Polynésie dans sa capacité de dissuasion nucléaire
Papier Général Paris, France | AFP | jeudi 23/05/2019 - 15:37 UTC+3 | 652 mots par Cécile AZZARO
Le Parlement a adopté jeudi une réforme du statut d'autonomie de la Polynésie qui reconnaît le rôle joué par ce
territoire dans le développement de la capacité de dissuasion nucléaire française, et ses conséquences
notamment sanitaires. Mesure phare de cette réforme, la France reconnaît que la collectivité ultramarine a été
"mise à contribution" par la France dans "la construction de la capacité de dissuasion nucléaire et à la défense
nationale", reconnaissant que cette contribution n'était pas volontaire.
Cette reconnaissance était très attendue dans les cinq archipels et 118 îles de Polynésie, où de 1966 à 1996, les
atolls de Mururoa et Fangataufa ont été le théâtre de 193 essais nucléaires, qui ont eu des effets sur la santé et
l'environnement des populations. Le texte précise notamment que l'État "assure l’entretien et la surveillance des
sites concernés" par les essais, et "accompagne la reconversion économique et structurelle de la Polynésie
française consécutivement à la cessation des essais nucléaires".
La réforme, issue d'un accord début mai entre députés et sénateurs en commission mixte paritaire (CMP), a été
adoptée à l'unanimité par le Sénat mercredi. Mais à l'Assemblée nationale jeudi, le député de Polynésie Moetai
Brotherson, rattaché au groupe communiste à l'Assemblée et par ailleurs représentant du Tavini Huiraatira, parti
indépendantiste polynésien, a voté contre la loi organique et s'est abstenu sur la loi ordinaire, estimant
notamment que ce statut toiletté n'améliorerait pas le sort des victimes des essais nucléaires et n'avait aucune
"portée normative ou juridique".
Il a souligné que dix dossiers de demandes d'indemnisation sur 12 venaient d'être rejetés par le tribunal
administratif de Papeete, en raison d'un amendement en loi de finances, qui a selon lui "réintroduit" la notion de
"risque négligeable", terme qui avait été supprimé en 2017 parce qu'il empêchait quantité de malades d'être
indemnisés.Pour la députée polynésienne Maina Sage (UDI-Agir), l'article 1er "consacre la reconnaissance de
la République" au rôle de la Polynésie dans "l'histoire du nucléaire français", mais aussi "la reconnaissance des
actes clairs de réparation", et "le fait que cela devait se traduire par un accompagnement sur le plan sanitaire,
écologique et économique".
- "Tripes" -
Ce texte "n'a de sens" que s'il "implique une série de mesures réparatoires effectives", a insisté Danielle Obono
(LFI), soulignant que "le nombre de malformations à la naissance a été multiplié par cinq en 25 ans". "Si toutes
les conséquences juridiques ne sont pas totalement tirées (...) il n'empêche que la représentation nationale
exprime cette reconnaissance et qu'évidemment il en découle des droits et des devoirs. L'État seraient bien mal
inspiré de ne pas en tirer toutes les conséquences", a insisté Philippe Gosselin (LR), évoquant un sujet qui
"prend les Polynésiens aux tripes".
"C'est une déclaration de principe attendue depuis longtemps" qui "va permettre de reconnaître non seulement
les douleurs engendrées aux familles et aux victimes, mais aussi permettre de mieux les indemniser", a insisté la
députée socialiste George Pau-Langevin. Pour Jean-Felix Acquaviva (Liberté et territoire) cela "laisse entrevoir
la possibilité d'une relation apaisée entre la France et la Polynésie".Outre cette reconnaissance, le texte prévoit
de moderniser le statut de la Polynésie adopté en 2004 et déjà réformé à plusieurs reprises, et la législation
applicable sur le territoire.
La réforme vise aussi à encourager la coopération entre les communes et la collectivité de la Polynésie
française, notamment pour le recouvrement des impôts locaux, et instaure des adaptations spécifiques du code
civil pour lutter contre l'indivision successorale. Pour Catherine Kamosky (LREM), la réforme reconnaît "des
pouvoirs et des capacités nouvelles d'organisation aux collectivités de Polynésie, afin qu'elles répondent plus
librement et plus souplement aux compétences qui sont les leurs".
Au Sénat, le centriste Jean-François Longeot, a souligné mercredi que le texte "stabilisera les institutions après
plus de neuf ans d'instabilité politique entre 2004 et 2013", tout comme le Polynésien Robert Laufoaulu
(Indépendants), qui a salué la "pérennisation" de la dotation globale d'autonomie, versée depuis la fin des essais
nucléaires.
caz/ib/tes

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Polynésie: la France reconnaît timidement sa dette nucléaire
Par Julien Sartre

Le parlement français a adopté ce jeudi 23 mai la réforme de la loi organique qui précise les conditions
d’autonomie de la collectivité d’Outre-mer du Pacifique. On y trouve pour la première fois une référence
explicite au fait nucléaire, c’est-à-dire aux 193 tirs qui ont eu lieu dans l’archipel entre 1966 et 1996, mais aussi
aux « maladies radio-induites » subies par la population polynésienne.

 « La République reconnaît la mise à contribution de la Polynésie française pour la construction de la
capacité de dissuasion nucléaire et la défense de la Nation. » Cinquante-trois ans après le premier essai tiré sur
l'atoll de Mururoa, vingt-trois ans après que la dernière bombe nucléaire française a explosé dans le Pacifique
sud, c'est la première fois que la France emploie le champ lexical de la reconnaissance au sujet du fait nucléaire.

                                                          Explosion nucléaire à Mururoa, en 1966. © Mémorial de
                                                                         Mururoa - murururoa.org

                                                   Sénateurs et députés ont adopté ce jeudi 23 mai la réforme
                                                   de la loi organique des statuts d'autonomie de la Polynésie
                                                   française et on y trouve également une référence aux
                                                   « conditions d’indemnisation des personnes souffrant de
                                                   maladies radio-induites ». Pour compléter ce tableau, qui
                                                   tient tout entier dans l'article 1 de la loi organique, la France
s'engage à accompagner « la reconversion économique et structurelle de la Polynésie française
consécutivement à la cessation des essais nucléaires ».

Ce texte est le fruit de compromis sémantiques obtenus de haute lutte par les parlementaires polynésiens. Le
gouvernement et les élus de la majorité ont bataillé jusqu'au dernier moment avec les représentants de la
Polynésie française pour amoindrir la portée du texte. Il a longtemps été question par exemple d'évoquer
simplement « la contribution » de la Polynésie française à la capacité de dissuasion nucléaire.

 « Nous avons obtenu que la “mise à contribution” soit inscrite parce qu'il fallait à tout prix éviter de donner
l'impression d'une démarche volontaire de notre pays », rapporte Moetaï Brotherson, député (Tavini Huiraatira
No Te Ao Maohi – indépendantiste) de Polynésie. Il a participé aux débats sur ce sujet dans le Pacifique au sein
de l'Assemblée de Polynésie mais aussi à Paris, où une commission mixte paritaire conclusive a mis un terme
au « toilettage » du statut de la collectivité ultramarine. Ce « pays d'Outre-mer » qui compte 118 îles et des
archipels aussi vastes et éloignés les uns des autres que les Marquises, les îles Sous-le-Vent ou encore les
Australes, dispose de son propre gouvernement et de compétences qui lui conférent une large autonomie.

La mention de la dette nucléaire dans un texte qui régit les relations entre la France et la Polynésie est une
facette de la prise de conscience progressive de la réalité dramatique des 193 tirs dans l'archipel, « 700 fois
Hiroshima », comme le précisait encore Maïna Sage dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale, en juillet 2016.
Cette réforme de la loi organique est censée rendre compte, au moins en partie, de l'ampleur des essais réalisés
durant trente ans par l'armée française, sur mer, sous terre, dans l'air. Ces objectifs ont-ils été atteints ? La
quasi-totalité des parlementaires français, accompagnés dans leur démarche par le gouvernement de Polynésie,
répondent « oui ». Ils ont voté le texte à la quasi-unanimité.

« Nous sommes les garants de la volonté de la République d'inscrire dans le marbre des actes de réparations »,
estime ainsi Maïna Sage, députée (UDI) de Polynésie, très impliquée dans la rédaction du texte final. « Il s'agit
d'une avancée importante, le signe que les mentalités évoluent au plus haut sommet de l'État », argumentait-elle
lors d'un entretien réalisé par Mediapart en avril dernier. « Le rythme des indemnisations a grandement accéléré
depuis un an et nous progressons aussi sur le sujet mémoriel puisque l'État vient de nous transférer pour un
franc symbolique un hôtel de la Marine afin d'y établir un centre de mémoire. »

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Des sénateurs et des députés, toutes tendances politiques confondues, se sont succédé à la tribune du parlement
français pour saluer la réforme. Seul l'élu indépendantiste Moetaï Brotherson s'est inscrit en faux et a expliqué
pourquoi il voterait contre le texte en ajoutant d'autres questions : « Est-ce que cette réforme va améliorer la vie
des victimes des essais nucléaires ? Non. Est-ce que ce texte a une portée normative ? Même le Conseil d'État
dans l'avis qu'il a rendu sur le sujet répond non. Au contraire, pour moi il s'agit d'un moyen pour la France de
s'en tirer à bon compte et pour pas cher. À ma connaissance, l'État français n'a jamais demandé pardon et ne
le fera jamais. Cette réforme ne prend également pas en compte le fait que la Polynésie française, comme la
Nouvelle-Calédonie, a été inscrite sur la liste des pays à décoloniser de l'ONU. »

Cet avis tranché n'est néanmoins pas tout à fait isolé dans le monde restreint des spécialistes de cette question.
« J'éprouve un sentiment ambigu par rapport à cette reconnaissance tardive et symbolique, confie Patrice
Bouveret, directeur de l'Observatoire des armements, un institut indépendant qui a produit nombre de rapports
sur les conséquences des essais nucléaires français dans le Pacifique. Qu'est-ce que l'État met en place
concrètement pour réparer ? Comme pour la loi Égalité réelle, la loi reconnaît pour minimiser en réalité et ne
pas aborder les conséquences sur le fond, les impacts sanitaires mais aussi environnementaux et culturels. Il ne
s'agit pas que d'une question financière, loin de là. » Où en sont les indemnisations des milliers de personnes
malades de cancers ou d'autres pathologies après avoir été irradiées ? Entre 2010 et 2018, seulement 11 % des
dossiers déposés devant le Comité d'indemnisation des victimes des essais nucléaires (Civen) ont reçu une
réponse favorable. Depuis la modification de la loi Morin (de 2010) et la suppression du « risque négligeable »,
un verrou juridique qui ulcérait les victimes, leurs familles et leurs représentants, 80 dossiers ont été traités et
une moitié environ ont été acceptés par le Civen. Le rythme de traitement s'est amélioré mais « s'il n'y a pas de
changement dans la méthode, il faudra encore quinze ans avant que les dossiers soient traités dans leur
intégralité », soulignait ce mercredi 22 mai le sénateur (SOCR) Jean-Pierre Sueur. « Ce ne peut pas être
satisfaisant. »

Au moment même où cette reconnaissance symbolique était adoptée à Paris, le tribunal administratif de Papeete
concluait au rejet de dix demandes d'indemnisation lors de l'examen d'un dossier qui en comptait douze. En
cause, ce que le site d'informations Tahiti Infos désigne sous le nom « d'amendement Tetuanui », du nom de la
sénatrice (UDI-UC) qui a modifié encore une fois les règles d'indemnisation des victimes des essais, au sein de
la loi de finances 2019. La loi rend désormais obligatoire pour le demandeur de prouver qu'il a été exposé à un
seuil minimal de radiations. De quoi donner un sérieux coup de frein aux indemnisations déjà engagées.
« Beaucoup sont partis et il y a maintenant un changement intergénérationnel dans la population de victimes,
constate tristement Patrice Bouveret, de l'Observatoire des armements. Les témoins et les lanceurs d'alerte ont
disparu et, malgré la bonne volonté du Civen, il y a encore beaucoup de questions qui ne sont pas abordées,
comme la transmission des maladies entre générations. Aucune étude sérieuse n'a eu lieu sur ce sujet. »

L'élaboration du centre de mémoire, à Papeete, constitue la prochaine étape de la lutte sourde qui oppose les
familles de victimes aux partisans de la « capacité de dissuasion nucléaire » de la France. Sur place, rapport
parlementaire après rapport parlementaire, les mentalités ont évolué et une véritable prise de conscience des
                                   dégâts qu'ont causés ces dizaines d'explosion a eu lieu, en particulier depuis
                                   2006 et le rapport d'enquête obtenu par les élus à l'Assemblée nationale. Le
                                   sujet est néanmoins ultrasensible dans l'archipel. Et une partie des
                                   informations – sur les conséquences environnementales notamment – restent
                                   couvertes par le secret-défense.

                                    L'atoll de Fangataufa, lieu d'expérimentation atomique dont l'administration par la
                                       France est désormais consacrée dans la loi organique. © Creative commons -
                                                                         Wikipedia

                                    La nouvelle version de l'article 1er de la loi organique est explicite : « L’État
                                    assure l’entretien et la surveillance des sites concernés des atolls de
                                    Mururoa et Fangataufa. » Voilà des années que la Polynésie française et de
nombreux experts indépendants demandent à avoir un accès à ces lieux marqués du feu nucléaire et verrouillés
à double tour par l'armée française
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