EVALUATION DE LA PERTE DE SERVICES ECOSYSTEMIQUES LIEE A L'ACTIVITE MINIERE

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EVALUATION DE LA PERTE DE SERVICES ECOSYSTEMIQUES LIEE A L'ACTIVITE MINIERE
EVALUATION DE LA PERTE DE SERVICES
ECOSYSTEMIQUES LIEE A L’ACTIVITE MINIERE
EVALUATION DE LA PERTE DE SERVICES ECOSYSTEMIQUES LIEE A L'ACTIVITE MINIERE
L’Opérateur RESCCUE en province Sud de Nouvelle-Calédonie consiste en un groupement
de 4 entreprises partenaires :
Asconit Consultants (leader)
Eric Baye, Directeur de Projet
eric.baye@asconit.com
Gaëlle Grattard
gaelle.grattard@asconit.com
Bioeko
Yannick Dominique, Coordinateur technique
ydominique@bioeko.nc
Vertigo Lab
Thomas Binet
thomasbinet@vertigolab.eu
ONFI
Quentin Delvienne
quentin.delvienne@onfinternational.org

 Version                                 Date d’envoi   Rédacteur Principal/Contributeur
 Version 1 envoyée à la PS et CPS        01/05/2016     Thomas Binet, Ambre Diazabakana, Marion
                                                        Bregnard, Yannick Dominique, Gaëlle
                                                        Grattard
 Version 1 commentée par la PS et CPS    04/05/2016     Jbm, Paul Sauboua
 Version 2 envoyée à la PS et CPS        01/06/2016     Thomas Binet, Ambre Diazabakana, Marion
                                                        Bregnard, Yannick Dominique, Gaëlle
                                                        Grattard
 Version 2 commentée par la PS et CPS    20/06/2016     Jbm, Paul Sauboua
 Version finale envoyée à la PS et CPS   29/06/2016     Thomas Binet, Ambre Diazabakana, Marion
                                                        Bregnard, Yannick Dominique, Gaëlle
                                                        Grattard
 Version finale commentée par la CPS     04/07/2016     Jbm
EVALUATION DE LA PERTE DE SERVICES ECOSYSTEMIQUES LIEE A L'ACTIVITE MINIERE
Projet RESCCUE. L2.3. Evaluation de la perte de services écosystémiques liée à l’activité minière – mai 2016 V2

Rappel des objectifs et composantes du projet
Le projet RESCCUE (Résilience des Ecosystèmes et des Sociétés face au Changement Climatique) vise à
contribuer à accroître la résilience des pays et territoires insulaires du Pacifique face aux changements
globaux par la mise en œuvre de la gestion intégrée des zones côtières (GIZC). Il prévoit notamment de
développer des mécanismes de financement innovants pour assurer la pérennité économique et financière
des activités entreprises. Ce projet régional opère sur un à deux sites pilotes dans chacun des pays et
territoires suivants : Fidji, Nouvelle-Calédonie, Polynésie française et Vanuatu.
RESCCUE est financé principalement par l’Agence française de développement (AFD) et le Fonds français
pour l’environnement mondial (FFEM), pour une durée de cinq ans (01/01/2014 - 31/12/2018). Le
montant global du projet est estimé à 13 millions d’Euros. La CPS bénéficie d’un financement total de 6,5
millions d’euros : une subvention de l’AFD octroyée en deux tranches (2013 et 2016 à hauteur de 2 et 2,5
millions d’Euros respectivement), et une subvention du FFEM de 2 millions d’Euros. Le projet RESCCUE fait
en complément l’objet de cofinancements. Sa maîtrise d’ouvrage est assurée par la CPS, assistée par les
gouvernements et administrations des pays et territoires concernés.
Le site du « Grand-Sud » est un des deux sites pilotes retenus pour ce projet en Nouvelle-Calédonie. Le
montant global du budget qui sera dédié à la déclinaison locale du projet sur ce site est de 630 k€ soit 75
millions de F CFP. La maîtrise d’ouvrage est assurée par la CPS, assistée de la province Sud. La maîtrise
d’œuvre est quant à elle assurée par le consortium Asconit Consultants, Bio eKo Consultants, Vertigo Lab et
ONF international.
RESCCUE est structuré en cinq composantes :
Composante 1 - Gestion intégrée des zones côtières : Il s’agit de soutenir la mise en œuvre de la GIZC «
de la crête au tombant » à travers l’élaboration de plans de GIZC, la mise en place de comités ad hoc, le
déploiement d’activités concrètes de terrain tant dans les domaines terrestres que marins, le renforcement
des capacités et le développement d’activités alternatives génératrices de revenus.
Composante 2 - Analyses économiques : Cette composante soutient l’utilisation d’une large variété
d’analyses économiques visant d’une part à quantifier les coûts et bénéfices économiques liés aux activités
de GIZC, d’autre part à appuyer diverses mesures de gestion, politiques publiques et mises en place de
mécanismes économiques et financiers.
Composante 3 - Mécanismes économiques et financiers : Il s’agit de soutenir la mise en place de
mécanismes économiques et financiers pérennes et additionnels pour la mise en œuvre de la GIZC :
identification des options possibles (paiements pour services écosystémiques, redevances, taxes, fonds
fiduciaires, marchés de quotas, compensation, certification…) ; études de faisabilité ; mise en place ; suivi.
Composante 4 - Communication, capitalisation et dissémination des résultats du projet dans le
Pacifique : Cette composante permet de dépasser le cadre des sites pilotes pour avoir des impacts aux
niveaux national et régional, en favorisant les échanges d’expérience entre sites du projet, les expertises
transversales, la dissémination des résultats en particulier au cours d'événements à destination des
décideurs régionaux, etc.
Composante 5 - Gestion du projet : Cette composante fournit les moyens d’assurer la maîtrise d’ouvrage
et la maîtrise d’œuvre du projet, l’organisation des réunions des comités de pilotage, des évaluations et
audits, etc.
Le présent rapport présente l’un des principaux résultats de la composante 2 de la mise en œuvre du projet
RESCCUE en province Sud. Son objectif est de fournir une étude des impacts associés à différents scénarios
d’exploitation du nickel dans le Grand Sud afin d’apporter des éléments de réponses aux enjeux d’arbitrage
entre développement économique et protection de l’environnement soulevés par l’activité minière en Nouvelle-
Calédonie. Ces résultats devraient également appuyer des travaux qui seraient engagés sur l’arbitrage entre
équité sociale et efficacité environnementale pour orienter la gestion des habitats naturels de Nouvelle-
Calédonie.

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Projet RESCCUE. L2.3. Evaluation de la perte de services écosystémiques liée à l’activité minière – mai 2016 V2

Table des matières
LISTE DES ABREVIATIONS ET ACRONYMES..................................................................................... 6
RESUME EXECUTIF ........................................................................................................................ 8
CHAPITRE 1 : CONTEXTE GENERAL DE L’ETUDE ............................................................................ 11
   1   RESTAURATION DES SERVICES ECOSYSTEMIQUES ET ADAPTATION AU CHANGEMENT
   CLIMATIQUE DANS LE PACIFIQUE : LE PROJET RESCCUE ........................................................... 11
   2      LE PROJET RESCCUE EN PROVINCE SUD ........................................................................... 12
   3      OBJECTIFS DE LA COMPOSANTE 2 ................................................................................... 12
   4    QUELLES UTILISATIONS DE L’EVALUATION DE LA PERTE DE SERVICES ECOSYSTEMIQUES LIEE
   A L’ACTIVITE MINIERE............................................................................................................. 13
       4.1    L’APPROCHE RESCCUE ....................................................................................................................... 13
       4.2    OBJECTIFS DE L’EVALUATION DE LA PERTE DE SERVICES ECOSYSTEMIQUES LIEE A L’ACTIVITE MINIERE
              15
       4.3    UN ARBITRAGE PARTIEL ENTRE EQUITE SOCIALE ET EFFICACITE ENVIRONNEMENTALE .................. 16
   5      STRUCTURE DU RAPPORT ............................................................................................... 16
CHAPITRE 2 : METHODOLOGIE D’EVALUATION DE LA PERTE DE SERVICES ECOSYSTEMIQUES LIEE A
L’ACTIVITE MINIERE .................................................................................................................... 17
   1      APPROCHE GENERALE .................................................................................................... 17
       1.1    L’ECONOMIE DE LA DEGRADATION ................................................................................................... 17
       1.2    EVALUATION DES IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX .......................................................................... 17
   2      IDENTIFICATION DES IMPACTS LIES A L’ACTIVITE MINIERE DANS LE GRAND SUD .............. 19
   3   VALORISATION DES RESULTATS DE L’EVALUATION ECONOMIQUE DES SERVICES
   ECOSYSTEMIQUES DU GRAND SUD ......................................................................................... 19
   4      DEVELOPPEMENT DES SCENARIOS D’EXPLOITATION MINIERE DANS LE GRAND SUD ........ 19
CHAPITRE 3 : CADRE DE L’EVALUATION ....................................................................................... 21
   1      PERIMETRE DE L’ETUDE .................................................................................................. 21
   2      L’EXPLOITATION MINIERE DANS LE GRAND SUD .............................................................. 22
       2.1    LE CADASTRE MINIER DU GRAND SUD .............................................................................................. 22
       2.2    SUPERFICIE DES ECOSYSTEMES DU CADASTRE MINIER DU GRAND SUD........................................... 22
CHAPITRE 4 : DESCRIPTION ET EVALUATION ECONOMIQUE DE LA PERTE DE SERVICES
ECOSYSTEMIQUES LIEE A L’ACTIVITE MINIERE DANS LE GRAND SUD ............................................ 25
   1  QUALIFICATION DES IMPACTS DE L’ACTIVITE MINIERE SUR LES MILIEUX NATURELS DE
   NOUVELLE-CALEDONIE ........................................................................................................... 25
       1.1    CYCLE MINIER ..................................................................................................................................... 25
       1.2    QUELS IMPACTS DE L’ACTIVITE MINIERE DANS LE GRAND SUD ? ..................................................... 26
       1.3    BENEFICIAIRES DES SERVICES ECOSYSTEMIQUES IMPACTES PAR LES ACTIVITES MINIERES ............. 41
   2   PERTES DE SERVICES ECOSYSTEMIQUES SELON DIFFERENTS SCENARIOS D’EXPLOITATION
   MINIERE DANS LE GRAND SUD................................................................................................ 42
       2.1    DEFINITION DES SCENARIOS D’EXPLOITATION MINIERE ................................................................... 42

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       2.2 EVALUATION DE LA PERTE EN SURFACE PRODUCTIVE EN SERVICE POUR CHACUN DES SCENARIOS
       D’EXPLOITATION MINIERE ........................................................................................................................... 44
   3   EVALUATION ECONOMIQUE DE LA PERTE DE SERVICES ECOSYSTEMIQUES LIEE A L’ACTIVITE
   MINIERE ................................................................................................................................. 46
       3.1 ÉVALUATION ECONOMIQUE DE LA PERTE NETTE EN SURFACES PRODUCTIVES EN SERVICES
       ECOSYSTEMIQUES LIEE A L’ACTIVITE MINIERE ............................................................................................ 46
       3.2 EVALUATION ECONOMIQUE DE LA PERTE ABSOLUE EN SERVICES ECOSYSTEMIQUES LIEE A L’ACTIVITE
       MINIERE ....................................................................................................................................................... 52
CHAPITRE 5 : DISCUSSION ........................................................................................................... 56
   1       ANALYSE DES IMPACTS SOCIO-ECONOMIQUES DE L’EXPLOITATION MINIERE ................... 56
   2       LIMITES DE L’OUTIL D’EVALUATION DES IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX ........................ 57
   3       RECOMMANDATIONS..................................................................................................... 58
CONCLUSION.............................................................................................................................. 59
BIBLIOGRAPHIE .......................................................................................................................... 60
ANNEXES.................................................................................................................................... 63

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Liste des abréviations et acronymes
ACV              Analyse du cycle de vie
CAP              Consentement à payer
CPS              Communauté du Pacifique
DIMENC           Direction de l’Industrie, des Mines et de l’Energie de Nouvelle-Calédonie
DTSI             Direction des Technologies et des Services de l'Information
EIE              Etude d’impact environnemental
ERC              Séquence « Eviter, réduire, compenser »
FEPS             Fondation de l’Eau Potable Sûre
F CFP            Franc Pacifique
GIZC             Gestion Intégrée des Zones Côtières
ISEE             Institut de la Statistique et des Etudes Economiques
IRD              Institut de Recherche pour le Développement
RESCCUE          Restauration des Services Ecosystémiques et d’Adaptation au Changement Climatique
SE               Services Ecosystémiques
SPC              Secrétariat de la Communauté Pacifique
USD              Dollar
VAN              Valeur actualisée nette
VET              Valeur Economique Totale

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LISTE DES FIGURES
Figure 1: Projection de l'activité minière du Grand Sud sur 30 ans ........................................................ 8
Figure 2 : Le site pilote RESCCUE du Grand Sud calédonien ................................................................. 12
Figure 3 : Des objectifs de gestion à l'analyse économique - l'approche RESCCUE (Billé and Marre,
2015)...................................................................................................................................................... 14
Figure 4: Méthode d'évaluation des pertes de SE liées à l'activité minière du Grand Sud................... 18
Figure 5 : Périmètre du site pilote du Grand Sud .................................................................................. 21
Figure 6: Carte des habitats au sein du cadastre minier du Grand Sud ................................................ 23
Figure 7: Dynamique du cycle minier .................................................................................................... 25
Figure 8: Projection de l'activité minière du Grand Sud sur 30 ans ...................................................... 43

LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1: Résultats de l'évaluation des impacts environnementaux de l'activité minière ................... 9
Tableau 2 : Détails des superficies par habitat et couvert végétal du cadastre minier du Grand Sud . 24
Tableau 3: Ecosystèmes impactés par le décapage du couvert végétal induit par l’activité minière... 27
Tableau 4 : Ecosystèmes impactés par la perturbation du régime hydraulique induite par l’activité
minière .................................................................................................................................................. 29
Tableau 5 : Ecosystèmes impactés par la détérioration de la qualité de l’eau induite par l’activité
minière .................................................................................................................................................. 31
Tableau 6 : Ecosystèmes impactés par les émissions de CO2 et d’autres Gaz à Effet de Serre induites
par l’activité minière ............................................................................................................................. 33
Tableau 7 : Ecosystèmes impactés par la multiplication des départs de feux induite par l’activité
minière .................................................................................................................................................. 36
Tableau 8 : Ecosystèmes impactés par la prolifération d’espèces envahissantes induite par l’activité
minière .................................................................................................................................................. 38
Tableau 9 : Ecosystèmes impactés par la pollution des sols induite par l’activité minière .................. 40
Tableau 10: Détails des superficies par habitat et couvert végétal des scénarios d’exploitation minière
envisagés dans le Grand Sud ................................................................................................................. 44
Tableau 11: Services écosystémiques considérés (en blanc) et non-considérés (en gris) dans
l'évaluation en perte de surfaces productives ...................................................................................... 46
Tableau 12: Evaluation des pertes pour les différents scénarios d’exploitation minière du Grand Sud
............................................................................................................................................................... 48
Tableau 13: Bénéficiaires des services écosystémiques calculés impactés par l’activité minière du
Grand Sud .............................................................................................................................................. 51
Tableau 14: Hypothèses des pertes qualitatives en services écosystémiques selon les scénarios ...... 54

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Résumé exécutif
Ce travail présente les résultats d’une évaluation économique des impacts environnementaux liés à
l’activité minière dans le Grand Sud, conduite par le projet RESCCUE pour appuyer la province Sud dans
la définition d’une stratégie cohérente de gestion de ses espaces naturels.
Les impacts environnementaux liés à l’activité minière sont entendus ici comme des pertes en services
écosystémiques dont les valeurs économiques ont été calculées pour trois scénarios d’exploitation
minière envisagés sur 30 ans dans le Grand Sud: 1) un scénario de non-exploitation, 2) un scénario
d’exploitation faible (zone jaune de la Figure 1) et 3) un scénario d’exploitation moyenne (zones jaune
et rose, Figure 1).

                          Figure 1: Projection de l'activité minière du Grand Sud sur 30 ans

Les pertes liées à l’activité minière ont d’abord été calculées à partir des pertes nettes en couvert
végétal, traduites en variation de surfaces productives en services écosystémiques (en hectares). Dans
un second temps, des hypothèses, à dires d’expert, ont été faites afin de considérer les impacts qui
toucheraient, cette fois-ci, à une variation de l’état de santé des écosystèmes et donc la fourniture des
services offerts par ces écosystèmes. Ce second niveau d’analyse aura notamment permis d’intégrer
les notions de continuité écologique et hydrologique en considérant la dégradation par l’activité
minière d’habitats situés en dehors du cadastre minier.
L’analyse des valeurs économiques des services écosystémiques calculées pour les différents scénarios
met en évidence une augmentation de la perte en services écosystémiques entre les différents niveaux
d’exploitation minière (Tableau 1): sans hypothèse de variation qualitative des services
écosystémiques, le développement d’une exploitation minière faible engendrerait une perte en valeur
économique de plus de 424 millions de F CFP sur 30 ans ; avec des hypothèses basses de variation
qualitative de l’état de santé des écosystèmes connectés au cadastre minier exploité, cette même

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Projet RESCCUE. L2.3. Evaluation de la perte de services écosystémiques liée à l’activité minière – mai 2016 V2

variation de la surface du cadastre minier exploité engendrerait une perte de valeur économique de
893 millions de F CFP soit 110% de pertes en plus en considérant l’existence de connectivités
écologiques. Dans le scénario d’exploitation moyenne, la perte en valeur économique est estimée à
près de 1,2 milliards de F CFP en l’absence d’hypothèses sur la variation qualitative des SE, et à plus de
2,1 milliards de F CFP avec des hypothèses relative à la variation qualitative des SE, soit une
augmentation de 80% des pertes de SE en considérant l’existence de connectivités écologiques.
                 Tableau 1: Résultats de l'évaluation des impacts environnementaux de l'activité minière

                            Différence de la valeur actualisée   Différence de la valeur actualisée   Différence de la valeur actualisée
                               totale nette du scénario de          totale nette du scénario de            totale nette du scénario
                                 référence et du scénario             référence et du scénario            d’exploitation faible et du
                                d’exploitation faible sur la      d’exploitation moyenne sur la       scénario d’exploitation moyenne
                                    période 2016-2046                    période 2016-2046                 sur la période 2016-2046
 Sans hypothèses de
                                      424 millions                         1,2 milliards                        746 millions
 variation qualitative
 Avec hypothèses faibles
 de variation qualitative             893 millions                         2,1 milliards                        1,2 milliards

Les populations locales sont les principaux acteurs impactés par cette perte de services
écosystémiques. En effet, dans le scénario d’exploitation faible, elles supporteraient plus de 72% des
pertes et 66% dans le scénario d’exploitation moyenne.
La présente étude aura permis de mettre en évidence plusieurs limites au recours à l‘évaluation
économique des services écosystémiques pour l’analyse des impacts liés à l’activité minière. Ces
limites découlent principalement du manque de données disponibles sur :
         certaines fonctionnalités (aspects quantitatifs de la régulation des flux hydriques joués par les
          différentes formations végétales,…) des écosystèmes du Grand Sud, rendant impossible
          l’évaluation économique de certains services ;
         certaines valeurs économiques associées aux services écosystémiques « culturels » du Grand
          Sud, notamment les valeurs de non usage ;
         la quantification exhaustive des impacts de l‘activité minière sur ces écosystèmes
          (modification des flux hydriques notamment).

Ces dernières lacunes auront fait perdre en précision la modélisation des impacts. Cette étude aura
cependant permis de démontrer l’intérêt d’une approche basée sur les services écosystémiques pour
l’identification de l’ensemble des impacts d’un projet de développement sur la société. Il s’agit donc,
dans de futurs travaux, de savoir si, pousser cet exercice jusqu’à la monétarisation peut réellement
servir à l’information des acteurs, à la décision ou dans le cas de l’activité minière au développement
de mesures de compensation.
Les premiers résultats de la présente étude pourront servir plusieurs fins :
         Ils offrent aux gestionnaires du Grand Sud des arguments, basés sur les hypothèses
          qualitatives émises sur les impacts environnementaux indirects de l’activité minière, en faveur
          d’un meilleur arbitrage entre enjeux de développement économique et enjeux écologiques
          (continuité écologique, continuité hydrologique, etc.) pour la gestion des écosystèmes du
          cadastre minier ;
         Ils ouvrent la voie d’une plus grande considération des services écosystémiques dans la mise
          en œuvre des projets de compensation sur le territoire.
         Ils permettent d’aborder sous un nouvel angle la question des impacts socio-économiques des
          projets miniers sur les communautés locales telle que cela est demandé règlementairement
          dans les évaluations environnementales complétant l’offre indicateurs d’état de santé du
          milieu déjà existants mais incomplets.

                                                                   9
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En revanche, l’évaluation économique conduite ici ne semble pas vraiment avoir d’utilisation possible
en termes de plaidoyer pour une plus grande protection de la biodiversité ou contre le développement
de l’activité minière dans le Grand Sud, à la vue des résultats obtenus. A cette fin, il pourrait être plus
utile de réaliser une analyse distributive de la rentabilité de l’activité minière et des impacts socio-
économiques qu’elle engendre.

                                                       10
Projet RESCCUE. L2.3. Evaluation de la perte de services écosystémiques liée à l’activité minière – mai 2016 V2

Chapitre 1 : Contexte général de l’étude
1 RESTAURATION DES SERVICES ECOSYSTEMIQUES ET ADAPTATION AU
  CHANGEMENT CLIMATIQUE DANS LE PACIFIQUE : LE PROJET RESCCUE
Les états et territoires insulaires du Pacifique, et plus largement les états archipélagiques, sont souvent
présentés comme les plus vulnérables aux effets du changement climatique, tout d’abord en raison de
leur faible élévation par rapport au niveau de la mer (Cournil et Gemenne 2011) mais également du
fait de leur forte dépendance aux écosystèmes terrestres et marins (AFD 2015; Longépée 2015)
directement affectés par ces variations des conditions du milieu. Dans ce contexte, le changement
climatique est identifié comme la principale menace des territoires et des populations insulaires sur
les cinquante prochaines années (David 2011).
Un des principaux enjeux des états et territoires insulaires du Pacifique est donc aujourd’hui de mettre
en place des mesures efficaces de lutte et/ou d’adaptation aux effets du changement climatique.
Afin d’accompagner ces territoires dans la définition des leviers de lutte et d’adaptation aux effets du
changement climatique, la Communauté du Pacifique (CPS) met en œuvre janvier 2014 le projet
régional de Restauration des Services Ecosystémiques 1 et d’Adaptation au Changement Climatique
(RESCCUE).
Le projet s’organise autour de cinq grands volets, dont l’un porte sur l’utilisation des évaluations
économiques dans la prise de décision (évaluation économique des services écosystémiques, analyse
coûts-bénéfices, analyse coûts-efficacité, etc.). Ce volet spécifique vise à appuyer très concrètement
la planification et la mise en œuvre de la GIZC, ainsi que le développement de mécanismes de
financements innovants pour en garantir le caractère pérenne.
Des études pilotes sont déployées à Fidji, en Nouvelle-Calédonie, en Polynésie Française et au Vanuatu
avec pour objectif de renforcer l’utilisation des outils d’analyses économiques au service de la gestion
intégrée des zones côtières. En Nouvelle-Calédonie, le choix a été fait de mobiliser les outils d’analyse
économique pour évaluer dans un premier temps les services écosystémiques de deux sites pilotes :
le site du bassin versant de la Thiem en province Nord et celui du Grand Sud en province Sud.

1
  Les services écosystémiques sont définis comme les biens et les services que fournissent les écosystèmes aux
individus et à la société.

                                                       11
Projet RESCCUE. L2.3. Evaluation de la perte de services écosystémiques liée à l’activité minière – mai 2016 V2

2 LE PROJET RESCCUE EN PROVINCE SUD
                                                            Le site pilote du Grand Sud calédonien (Figure
                                                            2) abrite des ressources écologiques d’une
                                                            grande richesse qui ont justifié la mise en place
                                                            de nombreuses politiques et initiatives
                                                            environnementales : site du Grand Lagon Sud
                                                            inscrit au patrimoine mondial de l’humanité,
                                                            zones humides des Lacs du Grand Sud classées
                                                            par la Convention Ramsar, réseau d'aires
                                                            protégées terrestres, restauration des sites
                                                            dégradés        par     l'érosion,       mesures
                                                            compensatoires,          observatoire          de
                                                            l'environnement, etc.
                                                            Face aux pressions pesant toujours sur les
                                                            écosystèmes terrestres et marins du Grand Sud
                                                            et le risque de voir émerger de nouvelles
                                                            menaces sous l’effet du changement
                                                            climatique, la province Sud a reconnu le besoin
                                                            de gagner en cohérence et d’acquérir une
                                                            vision stratégique dans la mise en œuvre des
                                                            politiques et actions environnementales déjà
                                                            en place sur le territoire. Les analyses
                                                            économiques développées dans le cadre du
                                                            projet RESCCUE devraient fournir des
     Figure 2 : Le site pilote RESCCUE du Grand Sud
                          calédonien                        arguments pour mettre en débat et orienter la
                                                            définition d’une stratégie de gestion et de
                                                            conservation des écosystèmes du Grand Sud.

3 OBJECTIFS DE LA COMPOSANTE 2
La composante 2 du projet RESCCUE prévoit le développement d’arguments économiques pour les
décisionnaires par rapport aux actions à développer dans le cadre d’une stratégie de gestion et de
conservation des écosystèmes du Grand Sud. Elle doit notamment mettre en balance les stratégies
envisagées par la province, entre protection de l’environnement et développement économique. Elle
constitue ainsi la « charnière informative » de la mise en œuvre du projet par les informations qu’elle
fournira en appui à la décision et pour orienter les choix qui seront opérés.
Dans un premier livrable, des évaluations économiques des services écosystémiques (SE) ont été
menées afin de disposer des informations nécessaires à l’analyse coût–bénéfice de différents scénarios
de gestion du territoire.
Dans ce second livrable, les résultats de l’évaluation des services écosystémiques sont utilisés pour
étudier les impacts de l’activité minière sur les écosystèmes du Grand Sud. Cette évaluation doit
apporter des éléments de réponses aux enjeux d’arbitrage entre développement économique et
protection de l’environnement soulevés par l’activité minière en Nouvelle-Calédonie. En effet,
l’exploitation du nickel, bien que constituant un atout majeur pour le développement économique en
Nouvelle Calédonie a un fort impact sur la qualité des écosystèmes du Grand Sud. La stratégie de
gestion des écosystèmes du Grand Sud se devait donc de considérer cette menace dans son processus
de développement.

                                                       12
Projet RESCCUE. L2.3. Evaluation de la perte de services écosystémiques liée à l’activité minière – mai 2016 V2

4 QUELLES UTILISATIONS DE L’EVALUATION DE LA PERTE DE SERVICES
  ECOSYSTEMIQUES LIEE A L’ACTIVITE MINIERE
4.1       L’APPROCHE RESCCUE
Le projet RESCCUE mobilise des outils d’analyse économique au service d’une gestion intégrée de la
zone côtière et de l’adaptation au changement climatique (Billé et Marre 2015). Avec ces outils,
l’objectif est de compléter les outils « traditionnels » de gestion de l’environnement avec une approche
économique. Il s’agit notamment d’inclure les bénéfices liés à la préservation des écosystèmes et de
la biodiversité, ou les coûts liés à leur dégradation, dans le champ de l’économie publique
(optimisation possible du choix des agents économiques) et de la politique (efficience des allocations
budgétaires).
En particulier, l’évaluation économique des services écosystémiques vise à quantifier ces coûts et
bénéfices, et leurs variations dans le temps, dans une optique d’aide à la décision. Pourtant, il apparaît
qu’une grande partie des exercices d’évaluations se retrouvent déconnectés de la question centrale
de leur utilisation dans les processus de décision. Par exemple, selon Laurans et al. (2013), seulement
3% des évaluations économiques des services ont répondu à une demande de politique publique.
Cela tient, selon nous, à plusieurs facteurs :
         Le manque de prise en compte des besoins des décideurs, les travaux d’évaluation étant la
          plupart du temps définis par l’offre (ce que les économistes ont à offrir) plutôt que par la
          demande des décideurs ;
         La limite conceptuelle et opérationnelle de l’approche par les services écosystémiques;
          pendant les années 2000, les chercheurs ont testé l’application de l’approche par les SE dans
          maintes situations et contextes, mais sans chercher à opérationnaliser son utilisation;
         Le manque de développement d’outils composites, qui ne se cantonnent pas à l’évaluation des
          services écosystémiques; l’approche par les services est le sujet de débats importants qui
          « crispent » bien souvent les acteurs et cristallisent les avis sur l’utilisation de ces outils ; cette
          approche pourrait gagner à être envisagée dans des approches plus opérationnelles et pour la
          décision (analyse coûts-bénéfices, arbitrage de scénarios prospectifs, etc.).

Le projet RESCCUE vise à remettre l’analyse économique au cœur de la décision, en mettant en œuvre
des outils et méthodes pertinents pour l’utilisation des décideurs. Pour cela, la définition des analyses
économiques doit nécessairement être fondée sur la demande (demand-driven en anglais) et émaner
des questions et objectifs précis pour la prise de décision (Billé et Marre, 2015), comme détaillé dans
la figure suivante.

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Projet RESCCUE. L2.3. Evaluation de la perte de services écosystémiques liée à l’activité minière – mai 2016 V2

                                             Politique / objectif               Analyse
                                                                                                              Méthodologie?                   F CFP
                                                de gestion ?                 économique ?

                                             Développer un plaidoyer
 MISE EN ŒUVRE DU PROJET RESCCUE DANS LE

                                                                            Evaluation des services
                                             pour appuyer la gestion           écosystémiques

                                                                           Evaluation de la perte de
                                              Orienter les choix de
                                                                              services associée à
                                             gestion à l’horizon 2025                                  Livrable 2.3.
                                                                             différentes pressions
               GRAND SUD

                                             Déterminer la faisabilité      Analyse coûts-bénéfices
                                             du financement du plan              de la gestion
                                                     de GIZC

                                               Mettre en œuvre les
                                                                            Estimation des besoins
                                              instruments identifiés
                                                                                en financement
                                                comme pertinents

                                              Suivi des impacts des
                                                 instruments de             Faisabilité économique
                                             financement identifiés

                                           Figure 3 : Des objectifs de gestion à l'analyse économique - l'approche RESCCUE (Billé and Marre, 2015)

Dans ce cadre, l’évaluation de la perte de services écosystémiques liée à l’activité minière fait figure
d’exemple d’application des outils économiques pour appuyer la décision en matière d’arbitrage entre
développement économique et protection de l’environnement.

                                                                                               14
Projet RESCCUE. L2.3. Evaluation de la perte de services écosystémiques liée à l’activité minière – mai 2016 V2

4.2     OBJECTIFS DE L’EVALUATION DE LA PERTE DE SERVICES ECOSYSTEMIQUES LIEE A L’ACTIVITE MINIERE
Plusieurs utilisations pourront être faites des résultats de l’évaluation de la perte de SE liée à l’activité
minière dans le Grand Sud. Tout d’abord, cette étude permet d’identifier les zones du Grand Sud les
plus menacées par l’activité minière. La méthode proposée, ici, pourra être ensuite réutilisée par les
gestionnaires du Grand Sud pour mieux prendre en compte la gestion des écosystèmes du cadastre
minier. Cette gestion pourra inclure l’identification des concessions qui, présentant de plus forts
enjeux de conservation (continuité écologique, continuité hydrologique, etc.), devront faire l’objet
d’une gestion plus adaptée. Connecter les stratégies d’exploitation minière avec la notion de services
écosystémiques devrait aussi permettre aux gestionnaires de repenser l’arbitrage entre
développement économique du Grand Sud et conservation. Ceci devrait ainsi encourager la
concertation entre les ONG, les décideurs publics et les exploitants miniers afin de réajuster cette
stratégie vers une plus grande prise en compte de la biodiversité.
Cette première étude, loin de chercher à apporter des éléments précis pour la gestion fine du Grand
Sud au regard de l’activité minière, vise à illustrer comment les gestionnaires pourraient mobiliser
l’évaluation économique des services écosystémiques dans leur recherche de compromis entre les
objectifs de développement portés par les acteurs économiques du territoire et les objectifs de
conservation portés par les décideurs publics.
Ces résultats pourront également être utilisés pour accompagner les opérateurs miniers et les pouvoirs
publics vers une meilleure prise en compte des qualités fonctionnelles des habitats et espèces lors de
la mise en œuvre des projets de compensation. En effet, la mise en œuvre de mesures compensatoires
en Nouvelle-Calédonie, et plus généralement à l’international, reste encore aujourd’hui peu
systémique et fonctionnelle ; ces dernières s’appuyant quasi-exclusivement sur des obligations
réglementaires vis-à-vis de la destruction d’espèces ou d’habitats protégés. Or, ces mesures
gagneraient à mieux considérer des équivalences fonctionnelles ou des dépendances et connectivités
écologiques 2 traduites en pertes de services écosystémiques : cela amplifierait les bénéfices
écologiques tirés de la compensation. Egalement, la prise en compte des évaluations économiques de
SE dans les outils de compensation devrait faciliter l’acceptation des mesures compensatoires par
certains acteurs pour qui le caractère figé et conservateur des zones compensées peut apparaître
comme un frein au développement local (Auroi 2014) : les zones compensées pourraient assurer à leur
tour les fonctions écologiques qui supportent les activités économiques du territoire. L’évaluation
économique des SE permettrait aussi de mettre en balance les coûts monétaires de la compensation
avec les coûts liés à une perte de capital naturel (p. ex. coûts d’opportunité) démontrant cette fois ci
des bénéfices économiques des mesures compensatoires.
Finalement, l’évaluation économique de la perte en services écosystémiques liée à l’activité minière
pourrait s’inscrire dans la continuité des quelques démarches visant une meilleure reconnaissance du
principe de « préjudice écologique ». En effet, sur le modèle de l’affaire du naufrage de l’Erika3, cette
étude pourrait constituer une base d’information des préjudices de l’activité minière à la suite
d’accidents ayant des impacts sur l’environnement néocalédonien (p. ex. fuite d’acide sulfurique) à
travers l’évaluation des dommages subis par le milieu et les écosystèmes naturels et les pertes en
services écosystémiques.

2
 La DENV a développé en 2015 un outil de calcul des équivalences écologiques pour la compensation. Cet outil
n’intègre aujourd’hui, que dans une faible part, la notion de services écosystémiques.
3
 En sombrant le 12 décembre 1999, l'Erika avait été à l’origine d’une marée noire de 400 kilomètres le long des
côtes françaises. La Cour de de cassation avait alors reconnu l’existence d’une atteinte à l’environnement naturel
et condamné le pétrolier (Total) à près de 200 millions d’euros de dommages et intérêts dont 13 millions au titre
du préjudice écologique.

                                                       15
Projet RESCCUE. L2.3. Evaluation de la perte de services écosystémiques liée à l’activité minière – mai 2016 V2

4.3     UN ARBITRAGE PARTIEL ENTRE EQUITE SOCIALE ET EFFICACITE ENVIRONNEMENTALE
L’analyse de la perte en services écosystémiques liée à l’activité minière pourra alimenter les
évaluations coûts-bénéfices associées à différents scénarios de gestion des espaces naturels du Grand
Sud. En effet, les pertes de services présentées dans ce rapport pourront être confrontées aux
bénéfices tirés de l’exploitation du cadastre minier ou encore être comparées aux bénéfices (ou
pertes) socio-économiques liées à l’activité minière qui seraient étudiés dans de futurs projets. Ces
bénéfices (création d’emplois, retombées économiques pour le territoire, par exemples) et pertes
(problèmes de santé, par exemple) socio-économiques seront mentionnés en discussion mais non
évalués ici. La présente étude n’offre ainsi qu’un éclairage partiel sur les pertes et bénéfices associés
à l’exploitation minière dans le Grand Sud.

5 STRUCTURE DU RAPPORT
Le rapport débute par une présentation de la méthodologie développée pour évaluer la perte de
services écosystémiques liée à l’activité minière. Ce travail d’évaluation de la perte de SE liée à l’activité
minière mobilise une partie des résultats d’un précédent livrable sur l’évaluation des SE dans le Grand
Sud (Livrable 2.2. du projet RESCCUE). La méthodologie de ce précédent livrable sera donc à considérer
comme un préalable à la mise en œuvre de la méthodologie présentée dans le chapitre suivant. Une
deuxième partie fera un état des lieux du cadastre minier du Grand Sud et des écosystèmes présents.
Les résultats de l’évaluation de la perte des services écosystémiques liée à l’activité minière sont
présentés dans une troisième partie et discutés dans une dernière partie.

                                                       16
Projet RESCCUE. L2.3. Evaluation de la perte de services écosystémiques liée à l’activité minière – mai 2016 V2

Chapitre 2 : Méthodologie d’évaluation de la perte de services
 écosystémiques liée à l’activité minière
Ce chapitre expose la méthodologie développée afin d’évaluer la perte de services écosystémiques
liée à l’activité minière dans le Grand Sud et valoriser les résultats de l’évaluation économique des
services écosystémiques pour différents scénarios d’exploitation minière dans le Grand Sud.

1 APPROCHE GENERALE
Cette étude mesure les impacts environnementaux liés à différents scénarios d’exploitation des mines
dans le Grand Sud. Les impacts environnementaux sont ici entendus comme des pertes en services
fournis par les écosystèmes à la suite de l’augmentation des pressions associées à l’activité minière.
Les pertes nettes sont calculées pour différents scénarios d’activités minières, spécifiés par la suite.
1.1       L’ECONOMIE DE LA DEGRADATION
L’évaluation économique des écosystèmes sert à repenser la relation de l’Homme avec la nature, à
améliorer sa connaissance des conséquences de ses choix de consommateurs et de ses
comportements sur son environnement. L’évaluation économique des écosystèmes peut ainsi servir
plusieurs intérêts. L’un d’entre eux est celui de l’économie de la dégradation, concentrée sur
l’évaluation des impacts des activités des Hommes sur la Nature. Cette forme d’économie apparue à
la fin des années 1980 compare les bénéfices privés avec les coûts sociétaux pour diverses activités
économiques (Hodgson et Dixon, 1988 ; Mc Allistair, 1988 ; Hundloe et al., 1987). Les résultats de telles
évaluations doivent assurer la prise en compte des conséquences négatives d’un projet dans la mise
en œuvre de ce dernier (par exemple : les impacts environnementaux de l’activité minière).
Notre étude diffère toutefois légèrement du cadre habituellement adopté en économie de la
dégradation du fait qu’elle ne cherche pas à argumenter en faveur d’un arrêt ou d’une restriction des
pratiques jugées destructrices pour les écosystèmes. Elle cherche bien à promouvoir une prise en
compte plus complète de la biodiversité et de sa dégradation dans des stratégies de développement
du territoire.
1.2       EVALUATION DES IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX
Les impacts environnementaux peuvent être définis comme l’ « ensemble des atteintes causées aux
écosystèmes dans leur composition, leurs structures et/ou leur fonctionnement. Ces préjudices se
manifestent par une atteinte aux éléments ou aux fonctions des écosystèmes au-delà et
indépendamment de leurs répercussions sur les intérêts humains » (Neyret et Martin, 2012).
Les analyses d’impacts suivent généralement une démarche en trois temps : la caractérisation des
impacts environnementaux, la détermination de l’état futur du milieu et l’évaluation de la grandeur
des impacts au regard de l’état futur du milieu (André, Delisle, et Revéret 2010). Ces phases sont
détaillées ci-dessous (Leduc et Raymond, nd, Secrétariat du traité sur l’Antarctique, 2011) :
     Caractérisation des impacts environnementaux
Cette étape consiste à lister les différents impacts générés par un projet. Les composantes de
l’environnement impactées sont alors précisées ainsi que les activités du projet responsables de la
dégradation (André, Delisle, et Revéret 2010).
      Détermination de l’état futur du milieu
Cette étape consiste à estimer l’ampleur des modifications que subiront les écosystèmes à la suite de
la réalisation du projet ou du scénario envisagé. Les impacts identifiés lors de l’étape précédente sont
alors réexaminés de manière à prévoir leur évolution tout au long de la durée de vie du projet.
         Evaluation de la grandeur des impacts
L’étape d’évaluation attribue une valeur économique aux impacts du projet d’exploitation minière.

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Projet RESCCUE. L2.3. Evaluation de la perte de services écosystémiques liée à l’activité minière – mai 2016 V2

Afin d’accompagner l’aide à la décision, une dernière étape pourra être envisagée qui consistera à
comparer les impacts calculés pour différents scénarios afin de sélectionner le projet le plus à même
de minimiser les impacts sur l’environnement (Ministère de l’Écologie, de l’Énergie, du Développement
durable et de la Mer, 2010).
La définition donnée précédemment aux impacts environnementaux rappelle que les intérêts
humains, entendus au sens économique du terme, ne sont pas l’objet (direct) des évaluations
d’impacts environnementaux. Dans le cadre du développement d’arguments d’arbitrage entre
développement économique et protection de l’environnement, il apparaissait cependant essentiel de
rattacher une dimension économique, recentrée sur l’Homme, à l’évaluation d’impact
environnemental. C’est ainsi que sur la base de la méthode classique d’évaluation des impacts
environnementaux, nous proposons d’adopter une méthode originale qui aborde l’évaluation des
impacts environnementaux via l’analyse de la perte en services écosystémiques, représentation
anthropocentrée de l’environnement. Cette approche devra permettre d’intégrer les intérêts humains
dans l’étude des préjudices faits aux fonctions écologiques des écosystèmes. Cette approche se base
sur les étapes classiques de l’évaluation des impacts présentées précédemment que nous avons
enrichies d’une étape d’évaluation des services écosystémiques qui devrait permettre la traduction
des impacts environnementaux de l’exploitation minière en pertes de services écosystémiques. Cette
approche générale est présentée dans la figure suivante.
                   Phase 1 : Conversion des impacts
                environnementaux en pertes de services

                                                       Etude des impacts        Définition des          Evaluation
                               Spatialisation des SE
  Evaluation économique des                            environnementaux            scénarios         évonomique de la
                                 dans le cadastre
   services écosystémiques                               liés à l'activité     d'exploitation du    perte de SE selon les
                               minier du Grand Sud
                                                             minière           cadastre minier           scénarios

                                                                                    Phase 2 : Scénarisation

                   Figure 4: Méthode d'évaluation des pertes de SE liées à l'activité minière du Grand Sud

La première phase de notre méthodologie est découpée en trois étapes qui doivent aboutir à la
conversion des impacts environnementaux associés à l’activité minière en perte de services
écosystémiques. Cette conversion permet de prendre en compte, au sein de notre évaluation, les
intérêts humains associés à la fourniture des services écosystémiques. Cette conversion débute par
l’évaluation économique des services écosystémiques qui a fait l’objet d’un précédent livrable (cf. L.2.2
Évaluation des services écosystémiques du Grand Sud) et ne sera pas développée dans le présent
rapport. Les résultats obtenus lors de cette évaluation constitueront la base de notre évaluation des
pertes de services écosystémiques liées à l’activité minière du Grand Sud. Elle se poursuit ensuite par
l’identification des services écosystémiques présents dans le cadastre minier du Grand Sud à l’aide
d’un travail cartographique présenté dans la suite du rapport. Cette seconde étape devrait permettre
la superposition des espaces supports de services et des pressions (André, Delisle, et Revéret 2010)
afin d’identifier les zones naturelles menacées par l’activité minière. La troisième étape consiste enfin
à qualifier puis quantifier les impacts environnementaux liés à l’activité minière grâce à un travail de
revue bibliographique et des entretiens menés auprès des acteurs concernés (cf. Annexe 1).

La deuxième phase de notre méthodologie est une phase de scénarisation découpée en deux étapes.
Elle permet d’identifier les pertes de SE selon différents scénarios d’exploitation minière à 30 ans. Deux
scénarios de développement futur de l’exploitation minière sont proposés et comparés à un troisième

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