" Ces enfants n'ont pas choisi de partir en Syrie, ils sont innocents " : l'appel de 175 parlementaires
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
« Ces enfants n’ont pas choisi de partir en Syrie, ils sont innocents » : l’appel de 175 parlementaires TRIBUNE Collectif Dans une tribune au « Monde », des élus français appellent au rapatriement « immédiat », au nom de « l’impératif humanitaire », des quelque 200 enfants français détenus dans les camps du nord-est de la Syrie, et à celui de leurs mères, pour des raisons sécuritaires. Publié le 04 octobre 2021 à 01h31 - Mis à jour le 04 octobre 2021 à 06h43 Temps de Lecture 5 min. Des détenus des proches de personnes soupçonnées d’appartenir à l’Etat islamique, au camp Roj, près de Derik (Syrie), le 28 mars 2021. DELIL SOULEIMAN / AFP Dans les camps de Roj et d’Al-Hol du nord-est de la Syrie survivent, depuis plus de deux ans, deux cents enfants français et leurs mères détenus arbitrairement. Les conditions sanitaires
indignes dans lesquelles ces enfants sont maintenus sont renseignées depuis longtemps par de nombreux observateurs et ONG. Le 8 février 2021, une vingtaine d’experts indépendants des droits de l’homme auprès des Nations unies ont appelé à une action immédiate pour « prévenir des dommages irréparables aux personnes en situation vulnérable qui y sont détenues » et relevaient qu’« un nombre indéterminé de personnes sont déjà mortes à cause de leurs conditions de détention ». Mme Fionnuala Ni Aolain, rapporteuse spéciale sur la promotion et la protection des droits de l’homme et des libertés fondamentales dans la lutte antiterroriste, a déclaré que « l’existence de ces camps entache la conscience de l’humanité ». Dans son rapport du 17 février 2021 intitulé « Europe’s Guantanamo », l’ONG Rights and Security International (RSI) décrit ainsi l’état de santé des enfants : « De jeunes enfants présentant des éruptions cutanées, aux membres squelettiques et au ventre ballonné, fouillant dans des tas d’immondices nauséabonds sous un soleil de plomb ou étant étendus sur le sol d’une tente, le corps recouvert de poussières et de mouches. Des enfants meurent de diarrhée aiguë et d’infections similaires à la grippe. » Ces enfants sont innocents : ils n’ont pas choisi de partir en Syrie, de naître en zone de guerre ou dans ces camps. Ils sont des victimes, que la France abandonne en leur faisant payer le choix de leurs parents : laisser périr ces enfants dans ces camps est indigne de notre Etat de droit et contraire à nos engagements internationaux. Terrorisme de demain Depuis plus deux ans, l’Administration autonome du nord et de l’est de la Syrie (Aanes), incapable de sécuriser ces camps, appelle les Etats étrangers – et particulièrement européens – à rapatrier l’ensemble de ces enfants et de leurs mères. Dans un communiqué du 18 mars 2021, les autorités du Rojava ont à nouveau affirmé qu’elles ne pouvaient pas juger les mères de ces enfants, qu’elles n’avaient aucune preuve contre elles et que celles-ci devaient être rapatriées avec leurs enfants, au plus vite, contrairement au vœu de certains Etats qui souhaiteraient les séparer. L’intérêt supérieur des enfants concernés n’est en effet pas d’être séparés de leurs mères en Syrie, dans des conditions qui aggravent encore leur traumatisme, et de rentrer en France en les sachant seules dans la tente où ils ont souffert avec elles. Rapatrier ces femmes est par ailleurs, et avant tout, un impératif sécuritaire. En les laissant sans perspective de jugement dans ces foyers de violences et de radicalisation, la France prend le risque que ces femmes s’évadent, se dispersent, rejoignent des groupuscules terroristes et viennent grossir les rangs de l’[organisation] Etat islamique [EI] en emportant, avec elles, leurs enfants. Faut-il rappeler que, depuis plus de deux ans, l’EI appelle publiquement ses partisans à libérer ces femmes pour mieux les enrôler à nouveau ? Faut-il rappeler qu’Hayat Boumeddiene, veuve du terroriste Amedy Coulibaly, qui a frappé la France en janvier 2015, s’est évadée du camp d’Al-Hol, en 2019, pour rejoindre Al-Qaida ? En France, David De Pas, le coordonnateur des juges antiterroristes, particulièrement conscient du danger que nous encourons en laissant perdurer cette situation, a publiquement appelé la France à « une volonté politique de rapatriement », rappelant le « risque des
migrations incontrôlées du fait des évasions » et de la « reconstitution de groupes terroristes combattants particulièrement aguerris et déterminés dans la région ». Dans une lettre rendue publique le 11 septembre 2019, les plus grands spécialistes du contre-terrorisme et de la sécurité intérieure aux Etats-Unis et au Royaume-Uni refusaient, « en ce triste anniversaire », que « l’histoire se répète » et assuraient que le choix de laisser ces femmes et ces enfants dans les camps de Roj et d’Al-Hol créerait irrémédiablement le terrorisme de demain : « Ne répétez surtout pas les erreurs du passé et brisez le cycle de la violence », assénaient-ils aux Etats concernés, et à la France en particulier. En octobre 2019, Mohammed Ali Al-Hakim, chef de la diplomatie irakienne, a fait savoir à la France que l’Irak n’était pas un « dépotoir » à djihadistes européens. Aucune juridiction internationale ad hoc ne peut par ailleurs être créée en Syrie. Jugées par contumace Ces femmes doivent donc être jugées ; elles ne sont actuellement judiciarisées que dans un seul pays : la France. Elles font, en effet, déjà toutes l’objet d’une procédure judiciaire antiterroriste en France et d’un mandat d’arrêt international délivré par un juge français. Celles qui ont été jugées par contumace ont été condamnées à des peines extrêmement lourdes, allant de vingt à trente ans de réclusion criminelle. L’administration pénitentiaire s’est par ailleurs dite prête à la prise en charge de ces femmes en détention dès le mois de janvier 2020 et a finalisé, en mars 2021, la création de deux structures de détention dévolues aux femmes mises en examen ou condamnées pour des actes de terrorisme. Ces prises en charge sont certes perfectibles, mais la France a le devoir de choisir l’incarcération et le contrôle plutôt que le maintien arbitraire de ces femmes à l’endroit même où les attentats de 2015 ont été fomentés. « Est-ce qu’on préfère qu’ils soient dispersés, qu’ils rejoignent les rangs de Daech ou qu’ils partent dans un autre pays pour continuer à fomenter de tels actes ? », interrogeait notre ancien premier ministre, Edouard Philippe, en janvier 2019, pour mieux expliquer l’impérieuse nécessité de rapatrier nos ressortissants. La Cour européenne des droits de l’homme, saisie du cas de trois enfants français et de leurs mères détenus arbitrairement dans les camps du Nord-Est syrien, a siégé, le 29 septembre, en Grande Chambre. Le Parlement européen a, lui, déjà voté une résolution en février appelant au rapatriement de tous les enfants européens dans leur « intérêt supérieur ». La Belgique, la Finlande et le Danemark ont rendu publique leur décision de rapatrier l’ensemble de leurs ressortissants, et l’Allemagne et l’Italie ont d’ores et déjà commencé à rapatrier les enfants et leurs mères. Les Etats-Unis, la Russie, le Kosovo, l’Ukraine, la Bosnie, l’Albanie, l’Ouzbékistan et le Kazakhstan ont rapatrié ou rapatrient actuellement l’ensemble de leurs ressortissants. Au nom de l’impératif humanitaire, nous appelons la France à rapatrier immédiatement les enfants français victimes de traitements inhumains et dégradants, qui périssent dans les camps syriens.
Au nom de l’impératif sécuritaire, nous appelons la France à prendre ses responsabilités et à organiser le rapatriement des femmes françaises détenues dans les camps de Roj et d’Al-Hol et déjà judiciarisées en France. LISTE DES CO-SIGANTAIRES TRIBUNE RAPATRIEMENT – 1 er octobre 2021 François Alfonsi, Damien Carême, Jennifer De Temmermann, eurodéputé (V-ALE) ; eurodéputé (V-ALE) ; députée (LT) ; Éric Andrieu, eurodéputé Emilie Cariou, députée (NI) ; Jean-François Debat, maire (S&D) ; Marie-Arlette Carlotti, (PS) ; Maurice Antiste, sénateur sénatrice (SER) ; Gwendoline Delbos- (SER) ; Leïla Chaibi, eurodéputée Corfield, eurodéputée (V- Clémentine Autain, députée (GUE) ; ALE) ; (LFI) ; Philippe Chalumeau, député Karima Delli, eurodéputée Joël Aviragnet, député (LREM) ; (V-ALE) ; (SOC) ; Annie Chapelier, députée Gilbert-Luc Devinaz, Delphine Bagarry, députée (AE) ; sénateur (SER) ; (NI) ; Sylvie Charrière, députée Loïc Dombreval, député Didier Baichère , député (LREM) ; (LREM) ; (LREM) ; André Chassaigne, député Nicole Dubré-Chirat, Jeanne Barseghian, maire (GDR) ; députée (LREM) ; (EELV) ; Philippe Chassaing, député Frédérique Dumas, députée Marie-Noëlle Battistel , (LREM) ; (LT) ; députée (SOC) ; Guillaume Chiche, député Laurence Dumont, députée Guy Benarroche, sénateur (NI) ; (SOC) ; (EST) ; Mireille Clapot, députée Stella Dupont, députée Esther Benbassa, sénatrice (LREM) ; (LREM) ; (NI) ; Jean-Michel Clément, Jérôme Durain, sénateur Thierry Benoit, député député (LT) ; (SER) ; (UDI) ; Laurence Cohen, sénatrice Vincent Éblé, sénateur Olivier Bianchi, maire (PS) ; (CRCE) ; (SER) ; Gisèle Biémouret, députée Fabienne Colboc, députée M'Jid El Guerrab, député (SOC) ; (LREM) ; (AE) ; Joël Bigot, sénateur (SER) ; Catherine Conconne, Elsa Faucillon, députée Benoît Biteau, eurodéputé sénatrice (SER) ; (GDR) ; (V-ALE) ; Hélène Conway-Mouret, Olivier Faure, député (SOC) ; sénatrice (SER) ; Corinne Féret, sénatrice Anne Blanc, députée Eric Coquerel, député (LFI) ; (SER) ; (LREM) ; David Cormand, eurodéputé Jacques Fernique, sénateur Eric Bocquet, sénateur (V-ALE) ; (EST) ; (CRCE) ; Bérangère Couillard, Jean-Luc Fichet, sénateur Nicole Bonnefoy, sénatrice députée (LREM) ; (SER) ; (SER) ; Thierry Cozic, sénateur Martine Filleul, sénatrice Denis Bouad, sénateur (SER) ; (SER) ; (SER) ; Yves Daniel, député Paula Forteza, députée Claire Bouchet, députée (LREM) ; (NI) ; (LREM) ; Ronan Dantec, sénateur Albane Gaillot, députée Isabelle Briquet, sénatrice (EST) ; (NI) ; (SER) ; Marie-Pierre de La Gontrie, Guillaume Garot, député Stéphane Buchou, député sénatrice (SER) ; (SOC) ; (LREM) ; Monique de Marco, Laurence Gayte, députée Pierre Cabaré, député sénatrice (EST) ; (LREM) ; (LREM) ;
Raphaël Gérard, député Pierre Larrouturou, Bertrand Pancher, député (LREM) ; eurodéputé (S&D) ; (LT) ; Hervé Gillé, sénateur (SER) ; Pierre Laurent, sénateur Mathilde Panot, députée Raphaël Glucksmann, (CRCE) ; (LFI) ; eurodéputé (S&D) ; Didier Le Gac, député Germinal Peiro, président Guillaume Gontard, (LREM) ; du conseil départemental sénateur (EST) ; Annie Le Houerou, sénatrice (PS) ; Philippe Gosselin, député (SER) ; Anne-Sophie Pelletier, (LR) ; Charlotte Lecocq, députée eurodéputée (GUE) ; Guillaume Gouffier-Cha, (LREM) ; Hervé Pellois, député député (LREM) ; Jean-Yves Leconte, sénateur (LREM) ; Fabien Gouttefarde, député (SER) ; Stéphane Peu, député (LREM) ; Jean-Paul Lecoq, député (GDR) ; Florence Granjus, députée (GDR) ; Michèle Peyron, députée (LREM) ; Marion Lenne, députée (LREM) ; Marc Gricourt, maire (PS) ; (LREM) ; Claire Pitollat, députée Gruffat, eurodéputé (V-AL ; Claudine Lepage, sénatrice (LREM) ; Sylvie Guillaume, (SER) ; Sébastien Pla, sénateur eurodéputée (S&D) ; Richard Lioger, député (SER) ; Véronique Hammerer, (LREM) ; Raymonde Poncet Monge, députée (LREM) ; Jean-Jacques Lozach, sénatrice (EST) ; Laurence Harribey, sénateur (SER) ; Jean-Pierre Pont, député sénatrice (SER) ; Monique Lubin, sénatrice (LREM) ; Olivier Jacquin, sénateur (SER) ; Dominique Potier, député (SER) ; Jacques-Bernard Magner, (SOC) ; Yannick Jadot, eurodéputé sénateur (SER) ; Emilienne Poumirol, (V-ALE) ; Didier Marie, sénateur sénatrice (SER) ; Caroline Janvier, députée (SER) ; Angèle Préville, sénatrice (LREM) ; Nora Mebarek, (SER) ; Eric Jeansannetas, sénateur eurodéputée (S&D) ; Loïc Prudhomme, député (SER) ; Ludovic Mendes, député (LFI) ; Patrice Joly, sénateur (SER) ; (LREM) ; Bruno Questel, député Chantal Jourdan, députée Michelle Meunier, sénatrice (LREM) ; (SOC) ; (SER) ; Cathy Racon-Bouzon, Hubert Julien-Laferrière, Marjolaine Meynier- députée (LREM) ; député (NI) ; Millefert, députée (LREM) ; Richard Ramos, député Patrick Kanner, sénateur( Franck Montaugé, sénateur (MDDA) ; SER) ; (SER) ; Christian Redon-Sarrazy, Eric Kerrouche, sénateur Sandrine Mörch, députée sénateur (SER) ; (SER) ; (LREM) ; Cécile Rilhac, députée Mathieu Klein, maire (PS) ; Pierre Morel-A-L'Hussier, (LREM) ; Mustapha Laabid, député député (UDI) ; Michèle Rivasi, eurodéputée (LREM) ; Naïma Moutchou, députée (V-ALE) ; Joël Labbé, sénateur (EST) ; (LREM) ; Sylvie Robert, sénatrice Bastien Lachaud, député Sébastien Nadot, député (SER) ; (LFI) ; (LT) ; Caroline Roose, Aurore Lalucq, eurodéputée Philippe Naillet, député eurodéputée (V-ALE) ; (S&D) ; (SOC) ; Daniel Salmon, sénateur François-Michel Lambert, Younous Omarjee, (EST) ; député (LT) ; eurodéputé (GUE) ; Isabelle Santiago, députée Jérôme Lambert, député Matthieu Orphelin, député (SOC) ; (SOC) ; (NI) ;
Nathalie Sarles, députée (LREM) ; Mounir Satouri, eurodéputé (V-ALE) ; Hervé Saulignac, député (SOC) ; Bertrand Sorre, député (LREM) ; Lucien Stanzione, sénateur (SER) ; Jean-Pierre Sueur, sénateur (SER) ; Sira Sylla, députée (LREM) ; Aurélien Taché, député (NI) ; Sophie Taillé-Polian, sénatrice (EST) ; Valérie Thomas, députée (LREM) ; Jean-Claude Tissot, sénateur (SER) ; Sylvie Tolmont, députée (SOC) ; Jean-Louis Touraine, député (LREM) ; Marie Toussaint, eurodéputée (V-ALE) ; Stéphane Travert, député (LREM) ; Frédérique Tuffnell, députée (MDDA) ; Cécile Untermaier, députée (SOC) ; Boris Vallaud, député (SOC) ; Yannick Vaugrenard, sénateur (SER) ; Marie-Christine Verdier- Jouclas, députée (LREM) ; Michèle Victory, députée (SOC) ; Annie Vidal, députée (LREM) ; Cédric Villani, député (NI) ; Martine Wonner, députée (NI) ; Salima Yenbou, eurodéputée (V-ALE) ; Jean-Marc Zulesi, député (LREM).
Vous pouvez aussi lire