CH-FAUNEINFO - WILDTIER SCHWEIZ

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CH-FAUNEINFO - WILDTIER SCHWEIZ
Numéro 4 / août 2013

     CH-FAUNEiNFO
Pêche et cormorans : moins de pertes et
de dommages que supposé
Les cormorans causent moins de dommages aux filets des             analysé les méthodes d’identification des dommages dus
pêcheurs professionnels et de pertes de rendement que ce           aux cormorans et en a déterminé l’ampleur.
que l’on supposait jusqu’à présent. Une étude réalisée sur
mandat de l’Office fédéral de l’environnement (OFEV) a                                                     autres informations en page 2

Ours brun dans les Grisons –                                       Nos rossignols font bande à
Bilan de la situation                                              part en hiver
Le canton des Grisons a de l’expérience avec les ours sau-         Dans quelles chaudes et lointaines contrées le rossignol
vages depuis huit ans. Dans l’ensemble, il y avait huit ours       passe-t-il l’hiver ? Une technologie ultra-moderne a permis
en cette période dans le canton. Les autorités et les per-         aux scientifiques de la Station ornithologique suisse et de
sonnes responsables ont ainsi pu recueillir nombre                 l’Université de Bâle de lever le voile sur la destination hi-
d’expériences dans la gestion de ce grand prédateur.               vernale du chanteur virtuose. La Côte d’Ivoire et le Ghana
                                                                   sont les quartiers d’hiver attitrés de nos rossignols. Leurs
                                                                   congénères nord-italiens, pourtant très proches, hivernent
                                   autres informations en page 3   déjà plus à l’Est.                    autres informations en page 4

10 ans de conservation des                                         Apex – high-tech au Parc
oiseaux en Suisse                                                  national suisse
Il y a une bonne dizaine d’années, l’ASPO/Bird-                    Dans le Parc national suisse on recherche avec les
Life Suisse, la station ornithologique suisse à Sem-               der­n ières technologies. Outre des analyses conven-
pach et l’Office fédéral de l’environnement OFEV                   tionnelles de la végétation, on utilise également
s’associaient pour initier le programme «Conserva-                 un système de caméra à la pointe du progrès, le
tion des Oiseaux Suisse». Au cours de la dernière dé-              spectromètre imageur Apex.
cennie, d’importants travaux ont pu être accomplis,
avec à la clé des succès dépassant toute attente.
                                   autres informations en page 5                                          autres informations en page 5

Après un vol battant tous les records,
Bernd le gypaète barbu est de retour !
Bernd, le gypaète suisse, a effectué un voyage record              retour en Suisse. La fondation Pro gypaète a pu le relâcher
de plus de 3’000 kilomètres, faisant partout les gros ti­          non loin de Bad Ragaz. Fin août, la fondation Pro gypaète
tres. Son odyssée l’a mené de Nuremberg à Prague, puis             a mis en liberté pour la deuxième fois notre ami le gypaè-
jusqu’à la Baltique. Au terme de son périple, l’immense            te, qui pèse à présent près de six kilos.
oiseau épuisé a été capturé par des ornithologues, et remis
sur pattes dans des zoos tchèques. Bernd est à présent de                                                  autres informations en page 6
Pêche et cormorans : moins de pertes et
de dommages que supposé
Les cormorans causent moins de dommages aux filets des pêcheurs professionnels et de pertes de rendement que ce que
l’on supposait jusqu’à présent. Une étude réalisée sur mandat de l’Office fédéral de l’environnement (OFEV) a analysé
les méthodes d’identification des dommages dus aux cormorans et en a déterminé l’ampleur.

Le nombre croissant de cormo-                        morans représente actuellement
rans qui traversent la Suisse et y                   1,2 à 3,9 % de la valeur totale
passent l’hiver suscite toujours                     des prises. Cependant, les au-
plus de conflits avec les pêcheurs                   teurs partent de l’hypothèse que
professionnels, qui se plaignent                     les dommages pourraient devenir
d’une diminution du rendement                        plus importants vu que le nom­b re
et de dommages aux filets et aux                     de colonies nicheuses augmente.
nasses.                                              Des mesures préventives telles
                                                     que la modification du déroule-
Sur mandat de l’Office fédéral de                    ment de la pêche et une amélio-                      Literature
l’environnement (OFEV), la Hau-                      ration de l’élimination des restes
te école des sciences appliquées                     de poissons pourraient empêcher                      Etude: Kormoranschäden an
de Zurich a réalisé une étude sur                    une telle évolution.                                 Netzen und Reusen – Ausmass
l’ampleur et la prévention des                                                                            und Prävention am Neuenbur-
dégâts dus aux cormorans sur le                      Les conclusions de l’étude vont                      gersee (en allemand)
lac de Neuchâtel (« Kormoran-                        dans le sens de l’application                        Klaus Robin, Michael Vogel, Roland F.
schäden an Fischernetzen und                         d’une motion de la Commis-                           Graf und Muriel Perron, mars 2012
Reusen - Ausmass und Prävention                      sion de l’environnement, de                          © OFEV & ZHAW; 42 pages & notes
am Neuenburgersee »).                                l’aménagement du territoire et
                                                                                                          www.news.admin.ch/NSBSubscriber/
                                                     de l’énergie du Conseil national                     message/attachments/31369.pdf
Les auteurs ont développé des mé-                    transmise en 2010 (CEATE-CN,
thodes permettant de mettre en                       09.3723) qui prévoit une révision
évidence les dégâts causés par les                   de l’ordonnance sur les réserves
cormorans. Ils ont pour ce faire                     d’oiseaux d’eau et de migrateurs                     Méthode de relevé des
examiné, avec des pêcheurs pro-                      d’importance internationale et                       dommages causés par le
fessionnels du lac de Neuchâtel,                     nationale (voir encadré).                            Grand Cormoran à la pêche
les trous que ces oiseaux ont cau-                                                                        professionnelle
sés dans les filets de pêche et les                  De plus, cette étude constitue la                    Vogel M., Graf R.F. & Robin K. 2012.
nasses, ainsi que les blessures in­                  base scientifique pour élaborer                      © OFEV & ZHAW; 8 pages
fligées aux poissons capturés.                       une aide à l’exécution fédérale
                                                                                                          www.news.admin.ch/NSBSubscriber/
                                                     sur le cormoran.
                                                                                                          message/attachments/31373.pdf
Ils ont constaté que l’ensemble
des dommages causés par les cor-

    Révision de l’ordonnance sur les réserves d’oiseaux d’eau et de migrateurs

    En 2010, le Parlement fédéral, en transmet-      avec les cantons, une aide à l’exécution sur      possibilité d’agrandir certaines réserves orni-
    tant la motion de la CEATE-CN, a chargé le       le cormoran. Il s’agit d’établir des principes    thologiques et d’en créer de nouvelles.
    Conseil fédéral de réviser l’ordonnance sur      concernant la régulation des colonies nicheu-
    les réserves d’oiseaux d’eau et de migrateurs    ses au sein des réserves ornithologiques, la      Par ailleurs, en raison des dommages crois-
    (OROEM) après la révision de l’ordonnance        prévention des dommages sur les filets des        sants dus aux sangliers dans les cultures près
    sur la chasse, afin d’empêcher les dommages      pêcheurs professionnels et la coordination        des réserves ornithologiques, les possibilités
    causés à la pêche professionnelle par les cor-   des planifications cantonales de la chasse        de régulation des sangliers se réfugiant dans
    morans.                                          aux cormorans.                                    les zones protégées doivent également être
                                                                                                       examinées. L’audition publique sur la version
    L’OROEM doit être complétée par un article       Dans le cadre de cette révision, l’OFEV, en ac-   révisée de l’OROEM est prévue pour début
    chargeant l’OFEV d’élaborer, en collaboration    cord avec les cantons, va en outre examiner la    2014.

2         CH-FAUNEiNFO Numéro 4 / août 2013
Ours brun dans les Grisons –
Bilan de la situation
Ces huit dernières années, huit        coûts engendrés par la présence          ours). Les communes doivent faire
ours en migration ont séjourné         des grands prédateurs. La deman-         de même à l’intérieur des locali-
dans le canton des Grisons. Les        de vaut également pour les coûts         tés. Mais il incombe à chacun de
autorités et les personnes respon-     supplémentaires incombant aux            prendre des mesures appropriées
sables ont ainsi pu recueillir nom-    services cantonaux compétents            afin que les ours n’aient accès ni
bre d’expériences dans la gestion      dans la gestion des grands préda-        à de la nourriture ni à des déchets
de ce grand prédateur.                 teurs.                                   organiques.

Ce printemps, le canton des Gri-                                                Dans ce bilan de la situation de
sons a procédé à une évaluation
                                       L’ours sur internet                      l’ours dans les Grisons, le Dépar-
de la situation et a établi, dans      L’expérience montre que le thème         tement des constructions, des
un rapport interne, les prochaines     de l’ours suscite l’intérêt avant        transports et de la forêt a défi-
étapes de la mise en œuvre du con-     tout lorsqu’un individu est signa-       ni de nombreuses mesures des-
cept « Ours brun en Suisse ». Les      lé dans une région. Lorsque l’ours       tinées à améliorer la prévention,
champs d’action ont été définis        n’est pas directement présent,           l’information et le conseil au pu-
aussi bien aux échelons cantonal       l’intérêt baisse aussi bien dans         blic ainsi que la surveillance des
et communal que national et in-        les cercles concernés que dans un        ours en déplacement. Ces mesures
ternational.                           plus large public.                       seront systématiquement mises en
                                                                                œuvre.
                                       En plus des informations régu-
Demandes à la Confédération            lières de base, des mesures pré-
Dans une demande écrite, le Gou-       ventives sont à prendre dans la
vernement grison a prié le Départe-    perspective d’une apparition sou-
ment fédéral de l’environnement,       daine de l’ours. Quand un ours ar-
des transports, de l’énergie et de     rive pour la première fois dans une
la communication (DETEC) de            région, le besoin d’information et
convenir le plus rapidement pos-       d’assistance est important. Les in-
sible d’une gestion pragmatique        formations souhaitées devraient
des ours à problèmes avec les au-      être immédiatement disponibles.
torités italiennes. Ces ours consti-
tuent un obstacle à l’acceptation      Pour garantir cette disponibili-
des grands prédateurs auprès de la     té de l’information, de nouveaux
population locale. L’élimination       sites internet ont été mis en lig-
des ours à problèmes devrait in-       ne. Depuis peu, on peut accéder
tervenir précocement, avant même       à des informations spécifiques sur
qu’ils quittent leur territoire        l’ours brun sur les liens suivants :
d’origine. La population d’ours        www.baer.gr.ch, www.orso.gr.ch
qui prospère actuellement dans         et www.urs.gr.ch.
le Trentin rend de telles mesures
envisageables.
                                       Prévention et information
Le Gouvernement a également en-        Les mesures de prévention sont
joint le DETEC à éclaircir les ques-   importantes afin de tenir les ours
tions d’exécution relatives aux        à distance des localités et d’éviter
autorisations de tirs des grands       des dommages. Ces mesures doi-
prédateurs (ours, loup, lynx).         vent être mises en œuvre conjoin-
L’application des concepts sur les     tement à divers niveaux. D’une
grands prédateurs de la Confédé-       part, des mesures spécifiques com-
ration ne doit pas, à l’avenir, être   me la protection des troupeaux
entravée par le recours arbitrai-      ou des ruches sont nécessaires
re à des moyens de droit. Enfin,       dans l’agriculture. D’autre part,
le Gouvernement a demandé à la         le canton doit assurer une ges­t ion
Confédération une meilleure in-        adaptée des déchets le long des
demnisation à l’agriculture des        routes cantonales (poubelles anti-                       www.jagd-fischerei.gr.ch

                                                                              CH-FAUNE iNFO Numéro 4 / août 2013    3
Nos rossignols font bande à part en hiver
Dans quelles chaudes et lointaines contrées le rossignol passe-t-il l’hiver ? Une technologie ultra-moderne
a permis aux scientifiques de la Station ornithologique suisse et de l’Université de Bâle de lever le voile sur
la destination hivernale du chanteur virtuose. La Côte d’Ivoire et le Ghana sont les quartiers d’hiver attitrés
de nos rossignols. Leurs congénères nord-italiens, pourtant très proches, hivernent déjà plus à l’Est.

Dans les bosquets de campagne, le
chant du rossignol philomèle ne re-
tentit plus. Le talentueux chanteur
s’est envolé en direction de ses quar-
tiers d’hiver. Mais dans quelle direc-
tion exactement ? La réponse à cette
question n’était jusqu’il y a peu que
suppositions. Les seuls indices à dis-
position provenaient d’une poignée
d’oiseaux bagués en Europe et retrou-
vés en Afrique tropicale.

La Station ornithologique suisse et
l’Université de Bâle ont voulu en sa-
voir plus et mirent à profit une tech-
nique aussi moyenâgeuse qu’ultra-
moderne : la détermination de la
position géographique au moyen
de la longueur du jour. En 2009, les
chercheurs équipèrent des rossignols                                                                 Le rossignol ne séjourne que quelques
nicheurs dans trois régions distinctes           attendent la fin de notre saison froi­          mois par année en Europe. Il passe le res-
d’une petite merveille technologique             de en Côte d’Ivoire et au Ghana,                 te du temps en Afrique ou en migration.
d’environ un gramme, le « géoloca-               ceux d’Italie du Nord au Ghana et                             (Foto: © Marcel Burkhardt)
lisateur ». Ces oiseaux furent délestés          au Nigeria, tandis qu’on trouvera les
de leur bagage au printemps suivant,             rossignols bulgares entre le Tchad,
à leur retour en Petite Camargue Al-             l’Ouganda et la République Démo-
sacienne à la frontière suisse, dans la          cratique du Congo.
plaine du Pô italienne et en Bulgarie.                                                             Literatur
                                                 « Pour pouvoir protéger le rossignol
« Nous avons pu localiser les quar-              efficacement, il faut connaître ses               Hahn, S., V. Amrhein, P. Zehtin­
tiers d’hiver de 28 rossignols », s’en­          quartiers d’hiver et ses itinéraires de           dijev & F. Liechti (2013): Strong
thou­ siasme Valentin Amrhein de                 migration. » commente Steffen Hahn                migratory connectivity and seaso-
l’Université de Bâle. « Nous consta-             de la Station ornithologique suisse de            nally shifting isotopic niches in geo-
tons que les rossignols provenant de             Sempach au sujet de la signification              graphically separated populations
différentes zones de nidification euro-          de ces résultats. « C’est le seul ­moyen          of a long-distance migrating song-
                                                                                                   bird. Oecologia.
péennes ne partagent pas les mêmes               de protéger de la destruction son ha-
                                                                                                   DOI 10.1007/s00442-013-2726-4
quartiers d’hiver en Afrique, mais hi-           bitat et les différentes régions qu’il            www.vogelwarte.ch/publikationen.
vernent dans des régions distinctes. »           visite. »                                         html?pubId=1022
Ainsi, les oiseaux de la région bâloise

    Méthode moyenâgeuse – technologie ultra-moderne

    Un géolocalisateur est composé d’un photodétecteur, d’une            temps, la végétation et le comportement des oiseaux influen­
    horloge temps réel, d’un enregistreur de données et d’une bat-       cent bien sûr l’intensité du rayonnement solaire. De plus, la
    terie. Il enregistre l’intensité du rayonnement solaire, l’heure     latitude ne peut pas être déterminée aux équinoxes.
    exacte et la date toutes les 2 minutes. Au retour des oiseaux,
    les scientifiques déterminent pour chaque jour l’heure du lever      L’imprécision de cette méthode est donc bien plus grande que
    et du coucher du soleil avec les données sur l’intensité de la lu-   celle de la télémétrie par satellite. Toutefois, un géolocalisa-
    mière du jour. Les milieux de la nuit et de la journée ainsi que     teur permet d’identifier les itinéraires de migrations, les aires
    la durée du jour peuvent ensuite être calculés. La durée du jour     de repos et les quartiers d’hiver des oiseaux avec une précision
    donne des indications sur la latitude de l’endroit. La longitude     allant jusqu›à 100–200 km.
    est calculée à partir des milieux de la nuit et de la journée. Le

4        CH-FAUNEiNFO Numéro 4 / août 2013
10 ans de conservation des oiseaux en
Suisse
Il y a une bonne dizaine d’années, l’ASPO/BirdLife Suisse, la station ornithologique suisse à Sempach et l’Office fédéral
de l’environnement OFEV s’associaient pour initier le programme «Conservation des Oiseaux Suisse». Au cours de la
dernière décennie, d’importants travaux ont pu être accomplis, avec à la clé des succès dépassant toute attente.

Il y a dix ans encore, l’avenir de la       ment que les mesures permettant de           de fenêtre, ont dû être inscrits au pro-
chevêche et de la huppe s’annonçait         résoudre les facteurs limitants sont         gramme de conservation des oiseaux
mal. La population de chevêches ne          connues, que la volonté politique est        en Suisse. La stratégie de protection
dépassait pas 50 couples, et celle          bien là, et que les moyens nécessaires       de la biodiversité suisse adoptée en
de huppes sans doute moins de 100           sont mis à disposition.                      avril 2012 par le conseil fédéral se
couples. Sur la liste rouge de 2001, la                                                  fixe pour but d’améliorer l’état des
chevêche passait dans la triste catégo-                                                  espèces prioritaires au niveau natio-
rie des animaux les plus menacés, soit
                                            Perspectives 2020                            nal jusqu’en 2020, et autant que pos-
« menacée de disparition », alors que       Dans le domaine de la protection des         sible d’améliorer les conditions des
la huppe était pour sa part « forte-        espèces, le succès n’est pas immédiat.       espèces menacés et d’en empêcher la
ment menacée ». Des projets concrets        Les programmes existants doivent             disparition. Seules quelques années
visant à protéger ces deux espèces ont      donc fonctionner sur le long terme.          nous séparent encore de 2020.
permis d’en stopper la régression. Au       Par ailleurs, il faut mettre sur pied de
cours des dernières années, leur po-        nouveaux projets pour les 50 espèces         Il est essentiel que tous les secteurs
pulation est même en nette augmen-          jugées prioritaires, et pour lesquelles      prennent conscience de leur co-res­
tation.                                     on n’a pas encore pu prendre de me­          ponsabilité dans le domaine de la
                                            sures concrètes.                             protection et de la conservation de
Dans la foulée, les deux espèces ont                                                     la biodiversité, et que des mesures
reculé chacune d’une catégorie de           Les problèmes rencontrés par                 concrètes soient rapidement mises en
danger sur la liste rouge de 2010.          l’avifaune n’ont pas diminué depuis          place. Ce n’est qu’ainsi qu’une évolu-
Certes, leur population demeure en-         le démarrage du programme, com-              tion positive de la nature, et avec elle
core limitée et fragile, mais cet exem­     me le montre la Liste rouge révisée          de l’avifaune menacée, pourra être
ple et d’autres encore démontrent           de 2010. Bien au contraire : des oi-         concrétisée.
que des espèces menacées peuvent            seaux autrefois très répandus, comme           Raffael Ayé, Reto Spaar, Ueli Rehsteiner
être protégées efficacement, du mo-         l’alouette des champs ou l’hirondelle                    www.conservation-oiseaux.ch

Apex – high-tech au Parc national
suisse
Dans le Val Trupchun, on rencontre          du progrès, le spectromètre imageur          à deux heures seulement. Malgré une
de nombreux cerfs élaphes, chamois          Apex. Ce dernier mesure la réflexion         altitude de vol de près de 6’000 m,
et bouquetins, qu’il est aisément pos-      de la lumière, de l’ultraviolet jusqu’à      la résolution de l’appareil est de 2 x
sible d’observer depuis les sentiers pé-    l’infrarouge à faible longueur d’onde.       2 m au sol. Parallèlement, on récolte
destres. On pense que les animaux ap-       Pour la végétation, divers facteurs          au sol des échantillons de végétation
précient la tranquillité de cette vallée,   influencent la réflexion, entre autres       permettant la comparaison avec les
et plus particulièrement l’abondance        l’épaisseur des feuilles, leur structure     images prises au spectromètre.
de la nourriture.                           superficielle, les différentes couches
                                            qui les composent et leur teneur en          Les données récoltées permettent de
                                            eau et en pigments. De cette manière,        créer une carte des éléments nutritifs
Spectromètre imageur APEX                   il est possible de différencier divers       et de la biomasse qui sera corrélée à la
Le projet de recherche « ongulés et vé-     types de végétation, ainsi que leur te-      présence des ongulés. On espère ainsi
gétation » se propose de vérifier cette     neur en éléments nutritifs et en bio-        découvrir ce qui fait l’attrait de cette
supposition. Outre des analyses con-        masse.                                       vallée.
ventionnelles de la végétation (relevés
botaniques, déterminations des élé-         Apex est géré depuis un avion à hé-
ments nutritifs), on utilise également      lice. Ce système permet d’effectuer le           Des plus amples informations :
un système de caméra à la pointe            relevé de tout le Val Trupchun en une             www.nationalpark.ch/go/fr/

                                                                                       CH-FAUNE iNFO Numéro 4 / août 2013      5
Après un vol battant tous les records,
Bernd le gypaète barbu est de retour !
Bernd, le gypaète suisse, a effectué un voyage record de plus de 3’000 kilomètres, faisant partout les gros
titres. Son odyssée l’a mené de Nuremberg à Prague, puis jusqu’à la Baltique. Au terme de son périple,
l’immense oiseau épuisé a été capturé par des ornithologues, et remis sur pattes dans des zoos tchèques.
Bernd est à présent de retour en Suisse. La fondation Pro gypaète a pu le relâcher non loin de Bad Ragaz.
Fin août, la fondation Pro gypaète a mis en liberté pour la deuxième fois notre ami le gypaète, qui pèse à
présent près de six kilos.

L’excursion spectaculaire entre-          grâce à l’abondante po-
prise par le gypaète barbu pré-           pulation de bouquetins,
nommé Bernd au début de l’été             de chamois et de cerfs
a tenu en haleine les experts de          élaphes. Par contre, de
la fondation Pro gypaète. Le jeu-         longues escapades dans
ne oiseau avait été relâché dans          des ré­g ions au relief peu
le Calfeisental, une vallée st-           marqué peuvent s’avérer
galloise, mais Bernd avait quitté         dangereuses. Les vétéri-
son territoire alpin à fin mai. En        naires qui ont examiné
passant par Nuremberg et Prague,          Bernd ont noté qu’il était
le jeune avait volé jusqu’à la Bal-       affamé.
tique.
                                          Les ornithologues de la fondation      Bernd avait quitté son territoire alpin à
Durant son périple de sept se-            Pro gypaète ignorent pour quel-         fin mai. En passant par Nuremberg et
maines, qui a pu être suivi par           le raison Bernd a quitté sa patrie                  Prague, le jeune avait volé
satellite grâce à un émetteur, le         d’origine. Peu importe, tous sont                          jusqu’à la Baltique.
gypaète a survolé la T chéquie, la        heureux que l’aventure du pré­                         © Fondation Pro gypaète
Pologne et l’Allemagne. Bernd a           cieux volatil se soit bien terminée.
enfin été découvert par des orni-         Bien soigné au zoo de Prague, le
thologues dans une carrière, non          gypaète a repris du poids.
loin de la frontière tchèque. Une
équipe expérimentée du zoo de             Après avoir rapatrié le fugueur en
Lieberc, en T chéquie, est parve-         Suisse, la fondation Pro gypaè-
nue à capturer le jeune affaibli.         te l’a relâché il y a peu dans les
                                          cieux helvétiques. Les experts
Dans les Alpes, les gypaètes pro-         s’attendent à ce que Bernd reste
fitent de bonnes conditions ther-         à présent dans les Alpes et que,
miques et découvrent des cha-             dans quelques années, il s’y re-       Des plus amples informa­t ions :
rognes en quantités suffisantes,          produise.                                  www.bartgeier.ch/news

Prix Elisabeth et Oscar Beugger 2014
Qui sera le lauréat du Prix Elisabeth et Oscar Beug-         le dépôt de projets dignes d’être primés en 2014 par
ger pour la protection de la nature et du paysage            la Fondation Emanuel et Oscar Beugger. Le thème
2014 ? Des projets exemplaires pour la promotion             2014 : Projets pour la promotion des amphibiens.
des amphibiens peuvent maintenant être déposés.
                                                             Des projets exemplaires, au stade de la planification
Le Prix Elisabeth et Oscar Beugger pour la protec-           ou de la réalisation, ayant un impact positif sur la
tion de la nature et du paysage, doté de Fr. 50’000.-,       protection de la nature et du paysage, sont distin-
récompense des institutions privées ou de droit pu-          gués. Le délai d’envoi des dossiers de candidature
blic pour un projet remarquable en faveur de la na-          est fixé au 4 novembre 2013. Pour de plus amples
ture et du paysage. Pro Natura lance un appel pour           informations : www.pronatura.ch/prix-beugger

6     CH-FAUNEiNFO Numéro 4 / août 2013
Record d’altitude
Intense animation au Zugerberg
                                                                                     pour l’Hérisson
Les fourmis des bois remplissent            s’informer sur les particularités        Le 8 septembre 2012 Ueli Schaff-
des fonctions importantes dans la           du monde des fourmis. Le site in-        ner a pu observer un Hérisson
forêt, au Zugerberg également. La           ternet fournit également des liens       (Erinaceus europaeus) près de
ville de Zoug sensibilise le pu­b lic       sur les activités de protection des      la station de baguage du Col de
à ces infatigables auxiliaires et           fourmis en Suisse. En collabora­         Bretolet dans le Val d’Illiez (VS) à
veut protéger leurs populations.            tion avec la corporation de Zoug,        1926 m. Les altitudes les plus éle-
                                            les fourmilières sont recensées et       vées annoncées pour cette espèce
La brochure richement illustrée             signalées sur les cartes de travaux      à ce jour en Suisse se situent vers
«Die Waldameisen» consacrée                 forestiers. On peut ainsi amélio-        1500 m (région Davos) et 1600 m
aux fourmis des bois, le sentier-           rer la protection des fourmilières       (région Zermatt). La présence de
passerelle et ses panneaux didac-           existantes.                              cette espèce est régulière jusqu’à
tiques, ainsi que le site internet                                                   1000 m d’altitude dans les mi­l ieux
waldameisen.ch permettent de                                  www.waldameisen.ch     favorables. L’Hérisson est beau-
                                                                                     coup plus rare à partir de cette al-
                                                                                     titude jusqu’à 1500 m. Les obser-
                                                                                     vations à des altitudes encore plus
Système de mise en réseau de la faune                                                élevées correspondent vraisem-
                                                                                     blablement à des déplacements
La carte des corridors à faune est disponible sur internet. Les données ont été      exploratoires temporaires. Toutes
actualisées ce printemps. Pour y accéder, rendez-vous sur l’adresse internet :       les observations d’Hérisson sont
http://map.geo.admin.ch/?layers=ch.bafu.fauna-vernetzungsachsen_                     donc les bien­v enues, surtout cel-
national&lang=fr                                                                     les d’altitude à plus de 1000 m.
                                                                                     Les annonces peuvent être faites
                                                                                     par le biais de www.webfauna.ch.

Droit de l’environnement en bref
                                                                                                                www.cscf.ch

L’OFEV a édité une brochure présentant le droit de l’environnement en Suisse
de manière complète et compréhensible. Elle peut être commandée, en version               Meute du
imprimée, auprès de l’OFCL (publications fédérales) ou téléchargée en PDF à
l’adresse : www.bafu.admin.ch/ud-1072-f                                               Calanda – quatre
                                                                                         louveteaux
                                                                                           attestés
Faune – savez vous ?                                                                 Le garde-faune a pu établir, grâce
                                                                                     à des pièges photographiques, la
                 Vous pouvez tester ici vos connaissances sur notre faune            présence de quatre louveteaux.
                 indigène. Les réponses sont à la page 8.                            Il est toutefois possible que les
          faux
   vrai

                                                                                     petits soient plus nombreux. Les
1. m      m Le poids vif d’un putois (Mustela putorius) en Suisse est de 3–4         loups ont un mode de vie très dis-
            kg.                                                                      cret et ne sont souvent observés
2. m      m La mésange huppée (Parus cristatus) est répandue partout en              ou photographiés que par hasard.
            Suis­se, jusqu’à la limite des arbres.                                   On dispose malgré tout d’autres
                                                                                     moyens de preuve pour se fai-
3. m      m La rainette verte (Hyla arborea) est communément appelée
                                                                                     re une image de la présence ou
            « Glögglifrosch » en Suisse alémanique, soit « grenouille clochet-
                                                                                     de l’évolution d’une population.
            te ».
                                                                                     L’emplacement des pièges photo-
4. m      m Les mâles du lièvre d’Europe (Lepus europaeus) sont sensible-            graphiques n’est pas rendu pu­b lic.
            ment plus gros que les femelles.
5. m      m La gorge du renard roux (Vulpes vulpes) est généralement blan-           Le Service de la chasse et de la
            che, mais parfois teintée de gris ou de jaune.                           pêche appelle la population à
6. m      m La chouette de Tengmalm (Aegolius funereus) a une plus grosse            communiquer ses observations au
            tête que la chevêche d’Athéna (Athena noctua).                           Service ou au garde-faune.
                                                                                                     www.jagd-fischerei.gr.ch

                                                                                   CH-FAUNE iNFO Numéro 4 / août 2013    7
La migration des poissons facilitée                                                        Congrès
par les rampes en enrochement?                                                             27–29 août 2013
                                                                                           31st Congress of the International
Les cours d’eau suisses sont fragmentés par une multitude de chutes et seuils              Union of Game Biologists (IUGB)
artificiels qui s’opposent à la libre circulation des poissons. Pour pallier cet ef-       Bruxelles, Belgique
fet, ces ouvrages sont de plus en plus souvent remplacés par des rampes en en-             www.iugb2013.be
rochement. Pour faciliter la migration des poissons, les chutes et seuils doivent
alors être remplacés par des rampes en enrochement, c’est-à-dire des tronçons              8–12 septembre 2013
à forte pente parsemés de blocs de pierre dans lesquels le dénivelé est réparti            87th Annual Meeting of the German
sur une distance assez longue au lieu de se matérialiser sous la forme d’un                Society of Mammalogy
décrochement.                                                                              Prague, République tchèque
                                                                                           www.dgs2013.cz
Les rampes en enrochement sont plus ou moins franchissables selon leur con-
ception technique et selon l’espèce et la taille des poissons. Les rampes cons-            15–20 septembre 2013
tituées de blocs disjoints sont plus favorables à la migration que les systèmes            22nd International Conference on
classiques plus compacts. Les enrochements disjoints ont en effet l’avantage               Bear Research and Management
d’une plus grande variété structurelle caractérisée par la formation de cuvettes           Utah, USA
à faible courant à l’arrière des blocs rocheux. Les poissons y trouvent des refu-          http://ce.byu.edu/cw/bear/
ges bienvenus qui leur permettent de se reposer lors de la remontée du courant
et donc de traverser le tronçon difficile au prix d’une moindre fatigue. A basses          18–21 septembre 2013
eaux, cependant, ces unités structurelles constituent autant de seuils que les             9th International Conference on
animaux ne peuvent franchir qu’en sautant. Pour les mauvais sauteurs comme                 Behaviour, Physiology and Genetics
le chabot, une hauteur de 15 centimètres s’avère déjà infranchissable.                     of Wildlife
                                       www.eawag.ch/medien/publ/news/2013_na_02            Berlin, Allemagne
                                                                                           www.izw-berlin.de/welcome-234.
                                                                                           html

                                                                                           4–10 octobre 2013
                                                                                           Wild10 – The World Wilderness
Solution de Faune savez-vous                                                               Congress
                                                                                           Salamanca, Espagne
1. Faux       Les mâles pèsent en moyenne à peine plus d’un kg (de 400 g à 2               www.wild.org/main/world-
              kg). Les femelles sont un peu plus légères: 670 g en moyenne (de             wilderness-congress
              200 g à 1.1 kg).
2. Vrai       Mais elle colonise principalement les altitudes plus élevées, entre          26 novembre 2013
              900 et 1’900 m.                                                              International Workshop on Alpine
3. Faux       C’est le crapaud accoucheur (Alytes obstetricans) qui a hérité du            chamois – Large herbivores in
              surnom familier de « Glögglifrosch », son chant flûté rappelant le           changing Alpine ecosystems GREAT
              son d’une clochette.                                                         Valsavarenche, Italie
4. Faux       Chez le lièvre d’Europe, les deux genres sont à peu près de même             www.pngp.it/natura-e-ricerca/con-
              taille. Il n’y a pas non plus de différence de couleur.                      servazione-e-ricerca/interreg-great/
5. Vrai       Le pelage est généralement brun roux à cuivré. La gorge, le thorax           international-workshop-chamois
              et le ventre sont le plus souvent blancs, parfois teintés de gris ou
              de jaune.                                                                    13–16 février 2014
6. Vrai       La chouette de Tengmalm se distingue de la chevêche d’Athéna                 Pêche Chasse Tir
              qui lui est très semblable par sa grosse tête, beaucoup plus ronde,          Berne
              sa couleur brune plus soutenue et sa queue plus longue.                      www.fischen-jagen-schiessen.ch

Impressum
Rédaction et administration     WILDTIER SCHWEIZ, Th. Pachlatko, B. Falk
                                Winterthurerstr. 92, 8006 Zurich, tél: 044 635 61 31, wild@wildtier.ch, www.wildtier.ch
                                21ème année, paraît 6 fois par an
Contribution financière         Zürcher Tierschutz, Conférence des services de la faune, de la chasse et de la pêche, ChasseSuisse,
                                Académie suisse des sciences naturelles, Société suisse de Biologie de la Faune, WILDTIER SCHWEIZ
© Tous droits réservés          Reproduction autorisée avec mention des références. Organe officiel de la SSBF.
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