Champix, champion du sevrage ?
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INFOS Lutte contre le tabagisme Champix, champion du sevrage ? Lancé il y a un an, le Champix a-t-il fait ses preuves ? Premier diagnostic. Remède miracle ? Commercialisé en France il y a près prise en charge globale, c’est-à-dire avec un suivi d’un an (février 2007), le Champix a suscité beaucoup médical, sur une durée de douze semaines. Qu’est-ce d’espoirs chez les fumeurs qui souhaitent en finir avec qui fait vraiment effet : le produit ou l’accompagne- la cigarette. Et a parfois tenu ses promesses. Ainsi, ment ? » Sylvie de Ryck, ne tarit pas d’éloges sur ce médica- ment. « Mon mari et moi avions tout essayé pour arrê- D’autres interrogations entourent l’usage du Champix. ter de fumer, explique-t-elle. Les patchs n’ont rien Dès son lancement, l’Agence française de sécurité des donné. Ce n’est qu’avec le Champix que nous avons produits sanitaires de santé signalait qu’il était néces- réussi à en finir avec notre paquet quotidien. » Cela saire de surveiller les risques d’insomnie et d’irritabili- fera bientôt un an. Et le couple dit n’avoir souffert té liés au sevrage et que 3% des patients souffraient d’aucune sensation de manque. En effet, le Champix de dépression à la fin du traitement. Plus récemment, est composé d’une molécule, la varenicline, qui se fixe les autorités sanitaires européennes ont alerté sur le sur les récepteurs nicotiniques et qui donne un effet risque d’idées suicidaires ou de tentatives de suicide de satisfaction et un dégoût du tabac. qui pouvait survenir durant la prise de ce médicament. Pour autant, ce traitement n’est pas la panacée. « Ce Comme le rappelle la revue Prescrire, «il n’y a pas de n’est pas une révolution, tempère François Maufoy, miracle pour arrêter de fumer. Motivation et soutien médecin généraliste à Chablis. Il s’agit seulement d’un psychologique sont essentiels pour atteindre l’objectif moyen supplémentaire pour lutter contre la dépen- principal, l’arrêt définitif du tabac. La place des médi- dance. Le Champix est prescrit dans le cadre d’une caments reste encore modeste». la régionalisation en marche Une réunion était organisée le 4 décembre au Centre d’examens de santé de la CPAM 89. L’occasion de faire le point sur le développement du réseau. TAB’AGIR à la conquête de encore inégale. Ainsi, les taba- la Bourgogne ! Signe de cologues sont encore peu cette sortie hors des fron- nombreux dans la Nièvre. De tières icaunaises, la pré- même, il faut trouver des diété- sence ce soir-là, au Centre ticien(ne)s et des psychologues d’Examens de Santé car l’originalité du réseau réside d’Auxerre, de deux méde- aussi dans sa dimension pluri- cins référents « extra- disciplinaire. A ce titre, départementaux » : Thierry Françoise Amelot, coordinatri- Lemoine venu de Nevers ce de TAB’AGIR, a rappelé les et Anne Humbert, de Dijon objectifs en terme d’effectifs. (le Dr Michel Quesada du Pour bien fonctionner à l’échelle régionale, il faudrait Creusot étant excusé). 58 médecins, chacun prenant en charge 10 patients, Autre symbole de cette à raison d’un minimum de cinq consultations par harmonisation régionale, un numéro unique permet- patient. L’idéal serait également de faire appel à 4 dié- tra d’avoir accès aux praticiens du réseau. Une belle téticien(ne)s par département ainsi qu’à 4 psycholo- avancée. gues. Un recrutement qui ne s’annonce pas si aisé. Mais l’heure est encore à la stratégie, première phase Comme l’a reconnu Françoise Amelot, « nous faisons incontournable de ce projet « d’expansion ». « Pour peu travailler ces soignants. » Il reste donc encore du que le réseau devienne régional, il faut d’abord faire chemin à parcourir. Mais la motivation est là. Et de la prospection, a rappelé Jean Loup Duros, le comme pour l’arrêt du tabac, c’est une clé de la réus- médecin coordonnateur de TAB’AGIR. Il nous faut site. repérer les réseaux déjà existants ainsi que les soixan- te dix autres médecins formés par le PRAM Tabac (Programme Régional de l’Assurance Maladie)». Et leur répartition sur le territoire bourguignon est 5
INFOS Lutte contre le tabagisme Analyse de l’utilisation des substituts nicotiniques Depuis le 1er février 2007, l’Assurance Maladie prend en charge certains substituts nicotiniques sur pres- cription médicale et délivrés en pharmacie. Le but de ce dispositif est d’accompagner les personnes souhai- tant arrêter le tabac. Les assurés ont été nombreux à vouloir arrêter dès la mise en place du décret interdi- sant de fumer dans les lieux publics puisque 1350 personnes ont profité de cette aide. Parmi eux, 18% sont en ALD et 7% sont bénéficiaires de la CMU. Les personnes entre 35 et 39 ans sont les plus concernées. Elles représentent à elles seules presque la moitié des assurés remboursés (45%). On n’observe pas de disparité concernant le sexe des patients : 650 femmes sont concernées contre 700 hommes. Les prescriptions sont établies à 98% par des méde- cins généralistes. 89 465 € ont été dépensés pour l’a- chat des substituts nicotiniques, soit 66,30 € en moyenne par assuré. La CPAM a remboursé 65 717 €, c'est-à-dire une moyenne de 48,70 € par assuré. On remarque que le montant moyen payé par assuré est supérieur à 50 €, ce qui tend à prouver que les assu- rés acceptent de se faire prescrire des substituts nico- tiniques en sachant qu’ils ne seront pas remboursés ou seulement en partie. Cependant, le nombre d’assurés ayant une prescrip- tion sans aucun remboursement est assez faible, envi- ron 7% en moyenne sur l’année. Dès le mois de mars, 318 assurés ont pu bénéficier du remboursement des substituts nicotiniques. Mais ce chiffre chute dès le mois suivant puisqu’il tombe à 104 bénéficiaires. Ce chiffre se stabilise par la suite avec une petite hausse en juin, juillet, août. On note cependant une nouvelle hausse brutale en octobre avec 319 assurés ; la plupart d’entre eux n’avaient pas encore eu de délivrance de substituts nicotiniques depuis le mois de février. Il s’agissait donc de nouvel- les demandes. Les consultations d'aide au sevrage dans l'Yonne STUDIO YVONNEAU - AUXERRE - 03 86 18 06 06 - I400108 • Réseau TAB’AGIR : 25, rue du Clos - 89000 Auxerre - ☎ 03 86 52 33 12 - 0 810 007 016 • Centre Hospitalier de Sens : 1, av Pierre de Coubertin - 89100 Sens - ☎ 03 86 86 15 15 • Centre Hospitalier de Joigny : 3, quai de l’Hôpital - 89300 Joigny - ☎ 03 86 86 14 28 • Centre Hospitalier d’Avallon : rue de l’hôpital - 89200 Avallon - ☎ 03 86 34 67 59 • Centre d'Examens de Santé : 25, rue du Clos – 89000 Auxerre - ☎ 03 86 72 14 80 • Association Nationale de Prévention de l'Alcoologie et de l'Addictologie 89 (ANPAA 89) : 2, rue de Preuilly - 89000 Auxerre - ☎ 03 86 51 46 99 • Antenne de l'ANPAA 89 : 72, rue Alix - 89100 Sens - ☎ 03 86 95 10 71 • CCAS de Sens : 1, place E. Dolet - 89100 Sens - ☎ 03 86 65 80 40 6
INFOS N°15 - Janvier 2008 Lutte contre le tabagisme ÉDITO Depuis le 1er janvier 2008 (en pratique le 2 janvier) les Français sont protégés plus efficacement de la fumée de tabac. C’est l’aboutissement enfin d’une lon- gue lutte contre le tabagisme de nombreuses associations nationales et locales. Dès 1976 (il y a 30 ans) la loi Veil limite la publicité et établit des avertissements sanitaires. Grâce à l’action du groupe des « cinq sages » : Gérard Dubois, Claude Got, François Grèmy, Albert Hirsh, Maurice Tubiana, la loi Evin est promulguée en 1991. Elle établit le principe de la protection des non-fumeurs. Il faut rappeler le pré- ambule de cette loi qui dit : « Nul ne doit être exposé contre son gré à la fumée de tabac des autres ». Le décret du 15 novembre 2006 fixe les conditions d’application de l’interdiction de fumer dans les lieux affectés à un usage collectif. Le 1er volet du décret prend effet le 1er février 2007, il concerne : 1- les lieux fermés et couverts qui accueillent du public ou les lieux de travail. 2- Les moyens de transport collectif. 3- Les espaces non couverts des écoles, collèges, lycées et établissements qui accueillent, for- ment, hébergent des mineurs. Le 2 volet à partir du 2 janvier 2008 est applicable dans les cafés, bars-tabac, casinos, discothèques, ème hôtels et restaurants bénéficiaires d’une dérogation jusqu’à cette date. La lutte contre le tabagisme passif responsable de 5000 décès par an justifie l’interdiction du tabac dans tous les lieux publics, elle conduit aussi les fumeurs à se sevrer. La mesure rencontre l’approbation du public : 83% des non fumeurs et 72% des fumeurs. Le rapport « d’Alliance contre le tabac » recommande avec l’augmentation des consultations de taba- cologie : 1- La prise en charge d’une consultation longue pour l’aide à l’arrêt. 2- Des formations des professionnels de santé : médecins, pharmaciens, sages-femmes, den- tistes, psychologues, diététiciens et tous les professionnels de santé. 3- Le remboursement de l’aide à l’arrêt. Ce sont bien les objectifs de TAB’AGIR, en voie de régionalisation, grâce au FIQCS (Fonds d’Intervention pour la Qualité et la Coordination des soins) (URCAM) avec l’action « prévention tabac » dans l’Yonne. On sait déjà par les études étrangères que cette nouvelle législative va conduire à une amélioration de la santé publique : diminution du nombre d’infarctus (y compris par la baisse du tabagisme passif), du nombre de cancers du poumon etc... Après 15 ans d’arrêt l’espérance de vie redevient identique à celle du non-fumeur. TAB’AGIR INFO se réjouit de vous annoncer que l’association TAB’AGIR met en place à partir du 7 janvier 2008 un nouveau numéro de téléphone : 0.810.007.016 (Coût d’un appel local) Ce numéro fait partie du dispositif renforcé de l’association pour développer son action d’aide à l’arrêt du tabac au niveau régional. Merci à tous ceux qui travaillent avec TAB’AGIR à l’amélioration de la santé de leurs concitoyens, il faut gagner la guerre contre le tabac. Toute l’équipe de TAB’AGIR se joint à moi pour vous présenter nos vœux sincères pour 2008. Le Président, Serge TCHÉRAKIAN
INFOS Lutte contre le tabagisme Conférence thématique du 26 novembre 2007 CPAM de l’Yonne Alcool et tabac : association de malfaiteurs Ces deux ennemis de la santé publique font souvent cause commune. Face à cette double dépen- dance, comment aborder la question du sevrage ? tion à la Défense : près d’un jeune de 17 ans sur cinq consomme régulièrement alcool et tabac (régulière- Service Médical ment signifiant au moins trois fois par semaine). Et plus l’alcoolisation est régulière, plus la consommation de cigarettes le devient. En outre, à ces deux produits s’a- joute le cannabis. 5% de cette même population consomme régulièrement – plus de dix fois par mois - C R A M cette drogue. La jeune génération serait-elle poly- bourgogne - Franche-comté dépendante ? Une autre étude épidémiologique révé- lait récemment que 5% des jeunes de 17 à 25 ans font COMITÉ DÉPARTEMENTAL DE LA LIGUE NATIONALE FRANÇAISE CONTRE LE CANCER une consommation régulière des trois produits. « Nous avons toutes les raisons de penser que 50% d’entre eux seront les dépendants de demain », a ainsi mis en garde le Dr Rigaud, insistant pour valoriser une éduca- tion primaire à la santé. Boire ou fumer, faut-il choisir ? La question sonne Mieux vaut prévenir que guérir. L’adage n’est pas nou- comme une provocation. Pourtant, elle résume bien veau mais concernant cette double problématique, il l’intervention du docteur Alain Rigaud : « Tabagisme et prend une résonance particulière tant « guérir » du mésusage d’alcool ». Centrée sur les liens étroits et tabac et de l’alcool n’est pas chose aisée. Car avec ces Comité départemental contre les complexes entre alcool et tabac, cette conférence a en deux substances, c’est l’insoluble problème de la poule Maladies Respiratoires effet soulevé la question délicate du sevrage tabagique et de l’œuf qui se pose aux soignants. « Tabac et alcool chez les alcoolo-dépendants. Alors que 80% des per- répondent à des conditionnements partagés et croi- MISSION INTERMINISTERIELLE DE LUTTE CONTRE LA DROGUE ET LA TOXICOMANIE sonnes en mésusage d’alcool sont de gros fumeurs sés », analyse le Dr Rigaud. Laquelle de ces deux addic- (plus de 30 cigarettes par jour) et que l’association tions se révèlent en premier ? Laquelle traiter en prio- tabac/alcool cause 100000 morts par an, la dépen- rité? La réponse est loin d’être évidente tant tabac et dance à la nicotine a longtemps été reléguée au alcool semblent indissolublement liés. « Il s’agit de second plan dans le traitement des malades alcoo- deux produits licites et accessibles, rappelle le Dr liques. Une posture médicale remise en cause avec Rigaud. Ils sont associés aux mêmes images de déten- URCAM Bourgogne UNION REGIONALE véhémence par le Dr Rigaud : « Soyons médecins jus- te et de convivialité, consommés dans les mêmes DES CAISSES D’ASSURANCE MALADIE qu’au bout, a-t-il lancé. N’ayons plus des morts gué- lieux… D’où un phénomène de potentialisation ris ». Guéris de l’alcool mais morts du tabac. mutuelle. ». Autres points communs, les causes qui Fort heureusement, les choses commencent à chan- peuvent pousser à la consommation : facteurs géné- ger. Depuis quelques années, le tabac n’est plus bana- tiques, neurobiologiques ou psychologiques et leurs Direction départementale des Affaires sanitaires lisé mais stigmatisé. Reste que cette prise de cons- conséquences : la dépendance psychique et la dépen- et sociales cience ne suffit pas à elle seule à résoudre cette diffici- dance physique. Le Dr Rigaud rappelle ainsi qu’une le équation tabac/alcool. Ces deux addictions sont consultation de tabacologie peut être l’occasion de imbriquées et se nourrissent mutuellement. La rencon- déceler un mésusage d’alcool. C’est même tout l’inté- MINISTERE DE L’EMPLOI ET DE LA SOLIDARITE tre explosive de ces deux substances psycho-actives a rêt de la stratégie RP-IB (repérage précoce-interven- souvent lieu à l’adolescence, l’âge de toutes les prises tion brève). Ainsi, face à un gros fumeur, il est impor- de risques. Pour illustrer ce constat, le Dr Rigaud rap- tant de s’intéresser à sa consommation d’alcool et de pelle les chiffres édifiants de l’enquête Escapade, l’encourager dans un premier temps à essayer de la menée à l’occasion des journées d’appel à la prépara- réduire. CENTRE HOSPITALIER D’AUXERRE CENTRE HOSPITALIER DE SENS 2
Mais si le patient se révèle dépendant au tabac et à l’alcool, par déjà une expérience du sevrage et davantage confiance en ses quel sevrage commencer ? Concernant cette question, trois ressources pour y arriver. De la même manière, arrêter de fumer mythes ont longtemps prévalu : les alcooliques ne désirent pas pourrait aider à limiter les envies de boire, du fait d’une sup- arrêter de fumer, ils sont incapables de le faire, le sevrage du pression des stimuli croisés. Prudence toutefois : « le démêlage tabac risque de les faire rechuter dans leur dépendance à l’al- de ce problème est très compliqué, reconnaît le Dr Rigaud. Nous cool. Autant de préjugés battus en brèche par de nouvelles n’avons ni recettes, ni certitudes. » Aussi, face à ses deux enne- recherches. Un alcoolo-dépendant abstinent depuis plus d’un an mis de la santé publique, la synergie des soignants doit plus que aurait même plus de chances d’en finir avec la nicotine car il a jamais prévaloir. Alain Rigaud, un alcoologue chevronné Le Dr Alain Rigaud, prési- cours en addictologie dans trois universités (Reims, Nancy et dent de l’Association Paris). Ne serait-il pas lui-même accro à l’alcoologie ? « Quand nationale de prévention j’étais interne en psychiatrie, mon patron m’a chargé de m’oc- en alcoologie et addicto- cuper des alcooliques, confie-t-il. Il n’y avait pas encore d’outils. logie (ANPAA), ce méde- Il a fallu bricoler, inventer des pratiques. » Un travail passionnant cin psychiatre exerce au mais parfois laborieux : « Ces patients étaient considérés sein de l’Etablissement comme rebutants, se souvient le Dr Rigaud. C’était parfois public de santé départe- décourageant de travailler avec eux. Quand un arrêt échouait, mental de la Marne on pouvait se sentir dévalorisé. Mais en parlant avec eux, on fait (EPSDM). Chef de servi- ce de l’intersecteur d’al- connaissance avec leur problématique et on découvre le sem- coologie de Reims, il est blable caché derrière la bouteille. » Reste aujourd’hui à savoir également membre de la qui se dissimule derrière les volutes des cigarettes ? Et l’expé- Société française d’al- rience de l’alcoologue peut aider les tabacologues. « Les méca- coologie et de la nismes de dépendance sont assez proches. On peut s’apporter Fédération française d’al- beaucoup de choses les uns aux autres. » Alors, addictologues coologie et dispense des de tous les horizons, unissez-vous ! Quand parle-t-on de mésusage ? « Un verre, ça va. Trois verres, bonjour les dégâts ». Le slogan • Au-delà de ce seuil, il s’agit de mésusage d’alcool. Là aussi, est connu. Les différents stades de l’usage d’alcool le sont il faut distinguer trois niveaux : peut-être moins. Rappel : - Un usage à risque ponctuel • Pour une personne qui ne consomme pas d’alcool, on parle - Une surconsommation régulière de non-usage - Un usage nocif. Cette complication dramatique touche • Une consommation est considérée comme faible quand elle 3,4% des consommateurs d’alcool. Ce sont les alcoolo- est inférieure aux doses de risque définies par l’OMS (2 verres dépendants. d’alcool par jour pour les femmes, 3 verres pour les hommes) 3
INFOS Lutte contre le tabagisme Récit du Docteur Bourdon Récit du Dr Bourdon ancien responsable d'un service au CHSP de l’Yonne. Ce service est devenu sans tabac "sans tambour, ni trompette" et sans obligation légale. Le texte suivant en dit plus long sur le vécu et la mise en place que bien des statistiques. Il revient sur l'exception accordée par le législateur aux hôpitaux psychiatriques en nous interpellant sur ces malades qui aux yeux de la plus part d'entres nous ne sont pas comme les autres ... Mutualité Sociale Le début de cette brève histoire se déroule dans un Agricole de ces antiques établissements de la fin du 19ème siè- cle, à la généreuse et volumineuse architecture que deux « humanisations » et plusieurs aménagements (salle « fumoir », extracteur de fumée, ventilation ménagère dès l’aube) n’avaient pu débarrasser de cette étrange et pénétrante odeur, faite d’attente, de tabac et de douleur, qui imprégnait les murs. Un puissant, inquiétant, mouvement institutionnel, la construction d’un nouvel établissement attendu depuis 20 ans, fut mis à profit pour mettre en œuvre un projet insensé : l’arrêt de toute consommation de tabac dans des locaux hospitaliers. La durée moyenne de séjour y était de 3 semaines, incluant à la fois de brefs séjours de « crise » mais aussi des accueils et des soins de 2 à 3 mois. Fumer n’y est pas devenu brutalement interdit au gré des lubies d’un chef de service non fumeur, même si aucun des médecins n’était fumeur. Mais le souci d’a- paiser l’inconfort et l’inquiétude d’une hospitalisation souvent peu désirée et facteur de promiscuité, avait peu à peu suscité une réflexion chez chaque soignant même fumeur. Groupement Régional Dans ce vieil hôpital, le premier hiver, qui fut suivi d’un Quelques semaines après l’installation dans de nou- de Santé Publique de Bourgogne second, fut rude, lors de la mise en place des moments veaux, lumineux et confortables locaux hospitaliers, un de « grillage » de clopes, notamment pour les soignants, jour différent d’un autre, une partie de l’équipe de fumeurs, qui partageaient ce moment de convivialité soins, qui avait présidé pour quelque temps aux desti- avec les patients qui le désiraient,…dans la cour de l’u- nées de ce service, le quitta pour d’autres cieux. nité d’hospitalisation, qu’elle fut libre ou sous contrainte. Aucun cendrier n’avait survécu dans ce nouveau service. Maisons Familiales Rurales de l’Yonne et de la Nièvre Puis peu à peu, dans de toujours antiques locaux, pro- C’était en 2004, dans une province de France, avec pices au non respect de l’intimité, l’idée se développa, quelques uns qui « rêvaient » déjà, un peu en marge des sans bruit, avec quelques réunions institutionnelles. certitudes affichées quant à la « maladie psychotique », Soutenue au quotidien par la forte implication des que fumer dans un hôpital psychiatrique n’est pas une cadres de santé, et en marge de toute accréditation fatalité indissociable de la souffrance mentale. ou démarche de qualité officiellement valorisée ou Conseil de l’Ordre des Chirurgiens-Dentistes fortement recommandée - et pour certains dans le La curieuse exemption que la loi indique quant à la tolé- cadre de démarche d’arrêt plus personnelle - l’habitude rance qui pourrait prévaloir dans les hôpitaux psychia- s’institua, sans violence, dans le même esprit qui pré- triques ne fait que rappeler insidieusement un rejet et vaut ordinairement au respect laïc et bien compris des un mépris de malades, pas comme les autres, et de us et coutumes de chacun. maladies qui « marquèrent » l’asile des siècles passés. Mission Locale Rurale de Migennes UFSBD Mission Locale Rurale Mission Locale Rurale Comité 89 Pour les jeunes de l’Auxerrois Du Tonnerrois et de l’Avallonnais du Sennonais 4
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