Vaccination contre la grippe : guide pratique pour le pharmacien
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Vaccination contre la grippe : guide pratique pour le pharmacien Chaque hiver, la grippe refait son apparition. Pour certains, la grippe est plus dangereuse que pour d'autres. Les personnes âgées, les femmes enceintes et les personnes qui ont des problèmes de santé comme le diabète ou une maladie qui affecte les poumons, le cœur, le foie ou les reins ont un risque plus élevé de développer des complications en cas de grippe et doivent, en priorité, se faire vacciner. Le pharmacien occupe une position clé pour augmenter la couverture vaccinale de ces patients à risque. Il est, en effet, idéalement placé pour identifier les personnes à risque et les informer lors de la délivrance de leurs médicaments. Dans ce guide, vous trouverez l’information de base nécessaire et les réponses à quelques questions fréquemment posées. Pour vous aider, l’APB vous propose d’attirer l’attention des patients à risque en apposant un autocollant sur les boîtes des médicaments typiquement utilisés pour soigner ces groupes à risque. Etant donné que le public cible est très vaste, il est recommandé de se concentrer plus spécifiquement sur un groupe pendant quelques semaines. Ces autocollants peuvent être obtenus auprès de Mme Lutgart De Winter via lutgart.de.winter@apb.be. Version 08/2014
Table des matières Information de base............................................................................................................................ 3 Epidémiologie et tableau clinique ...................................................................................................... 4 Quelle est l’efficacité du vaccin antigrippal ? ..................................................................................... 6 À qui le vaccin antigrippal est-il conseillé ? ........................................................................................ 7 Quels médicaments sont à l’origine de troubles immunitaires « induits » ? ..................................... 8 Chez qui le vaccin antigrippal est-il à déconseiller ?........................................................................... 9 Et pour les patients qui prennent des anticoagulants ou qui présentent des troubles de la coagulation ? ..................................................................................................................................... 10 Quel est le bon moment pour faire le vaccin ? ................................................................................. 10 Quelle dose pour les enfants ? ......................................................................................................... 10 Quelle est la composition des vaccins antigrippaux belges pour la saison 2014-2015 ? ................. 11 A quels patients faut-il aussi recommander la vaccination contre le pneumocoque ?.................... 12 Quels conseils pharmaceutiques faut-il donner lors de la délivrance d’un vaccin contre la grippe ? .......................................................................................................................................................... 13 Références ........................................................................................................................................ 14 2
Information de base Les virus Influenza se divisent en trois genres : Influenza A, B et C. Seuls les virus Influenza A et B sont capables de déclencher une épidémie chez l’homme. À l’origine, les virus Influenza A sont des pathogènes des oiseaux (notamment les canards). Ces derniers constituent également le réservoir à partir duquel ces virus infectent régulièrement certains mammifères (homme, cheval, porc). Les virus Influenza A se maintiennent chez ces mammifères pendant une période plus ou moins longue au terme de laquelle ils sont remplacés par un autre « sous-type » issu du monde aviaire (voir plus loin). La transmission directe du porc à l’homme est aussi possible. C’est probablement au départ d’un virus Influenza A circulant ainsi temporairement que le virus Influenza B s’est développé, au cours de l’évolution, chez l’homme, qu’il colonise depuis de façon permanente. À quelques exceptions près, le virus Influenza B n’est présent que chez l’homme. Le virus Influenza C, connu jusqu’à présent pour n’être présent que chez l’homme, a peu d’importance sur le plan médical. L’enveloppe du virus de la grippe comporte deux types de glycoprotéines à sa surface : les hémagglutinines (HA) et les neuraminidases (NA). La virulence du virus dépend principalement des hémagglutinines. Elles permettent la fixation du virus aux récepteurs membranaires de la cellule- hôte (voir Figure 1). En outre, les hémagglutinines sont les principales pro- téines contre lesquelles sont dirigés nos anticorps pour nous défendre contre Figure 1 : Infection des cellules épithéliales bronchiques par le une infection. Elles sont virus Influenza (Source : Farmamozaïek) donc le constituant principal des vaccins antigrippaux. Les neuraminidases sont responsables de la libération des nouveaux virions après la multiplication intracellulaire du matériel génétique viral. Le mécanisme d’action des inhibiteurs des neuraminidases (oseltamivir et zanamivir) repose sur l’inhibition de cette libération (voir Figure 1). 3
Une caractéristique bien connue des virus Influenza est leur variation antigénique incessante, qui leur permet d’échapper à notre système de défense. Ils utilisent pour ce faire deux mécanismes : le « saut antigénique » (antigenic shift) et le « glissement antigénique » (antigenic drift), qui ne diffèrent que par l’importance du changement dans la structure des hémagglutinines et des neuraminidases (changement dans la séquence des acides aminés constituant la protéine). Le saut antigénique est à l’origine d’un nouveau sous-type de virus (H1N1 par exemple). On ne l’observe que chez les virus Influenza A après leur introduction à partir du monde aviaire. Ces virus sont, par définition, responsables de pandémies étant donné qu’ils ne peuvent être rapidement reconnus par notre système immunitaire. Au cours des cent dernières années, le monde a connu quatre pandémies : en 1918 (la grippe espagnole, qui a fait 20 à 50 millions de morts [1]), en 1957 (la grippe asiatique, 1 à 2 millions de morts), en 1968 (la grippe de Hongkong, 1 million de morts) et en 2009, la pandémie due à un virus Influenza d’origine porcine (300.000 morts [2]). Il n’existe pas de sous-types du virus Influenza B. On ne lui connaît que de petites mutations des glycoprotéines (glissement antigénique). Bien entendu, ce phénomène se produit également pour les virus Influenza A. Ainsi, après quelques années, de nouveaux variants du virus apparaissent. En raison de ces erreurs de l’ARN polymérase au cours de la réplication des virions, la composition du vaccin saisonnier doit être revue d’année en année. Epidémiologie et tableau clinique La grippe est un problème mondial qui, d’après les estimations, touche chaque année 5 à 10% des adultes et 20 à 30% des enfants [3]. Cela signifie qu’en Belgique, l’épidémie touche 500.000 à 1 million de personnes. Au cours de la saison 2009-2010, notre pays a enregistré un peu plus de 200.000 cas d’infections par le virus pandémique A(H1N1), ce qui est relativement peu. Une épidémie grave peut cependant toucher un tiers de la population. Chez l’homme, la transmission du virus de la grippe se fait par voie respiratoire et, dans une moindre mesure, par les mains ou des objets contaminés. La période de contagiosité correspond à la durée de la réplication du virus (depuis un jour avant jusqu’à six jours après le début des symptômes). Les personnes infectées sont donc déjà contagieuses avant l’apparition des symptômes. La dose infectieuse minimale est très faible, probablement de l’ordre de quelques particules virales, voire une seule. Le nombre de particules virales excrétées par patient et par jour est le plus élevé chez les enfants et les adolescents et il augmente avec la gravité de la maladie. Les gouttelettes qui contiennent des virus restent plus longtemps infectieuses lorsque l’air est sec et froid (de quelques heures à quelques jours), alors qu’elles sont rapidement inactivées si l’air est chaud et humide (75 % des particules virales sont déjà inactivées après 1 minute d’exposition à une humidité relative de 50 %). Outre la ventilation de l’habitation, il est donc également important d’adapter l’humidité de l’air [4]. 4
Lavez-vous régulièrement les mains Du savon normal suffit. Frottez-vous les mains tout en comptant jusqu’à 30. Ensuite, rincez-vous bien les mains et séchez-les. En l’absence d’eau courante, vous pouvez utiliser un gel alcoolisé pour les mains. En vous lavant les mains, vous vous protégez des contacts directs et indirects avec le virus de la grippe. Par contact direct, on entend, par exemple, donner la main à une personne infectée qui s’est touché la bouche ou le nez ou qui a mis la main devant la bouche quand elle toussait ou éternuait. Par contact indirect, on entend le fait de toucher, par exemple, une poignée de porte, un robinet ou un mouchoir qui a été utilisé par une personne infectée. Couvrez-vous la bouche et le nez avec un mouchoir en papier lorsque vous éternuez Les gouttelettes se disséminent seulement sur une petite distance. Le risque de contamination est donc le plus élevé lorsque l’on se trouve à moins d’un mètre d’une personne qui tousse ou qui éternue sans se couvrir la bouche et le nez. Débarrassez-vous correctement de vos mouchoirs Le virus de la grippe peut survivre momentanément hors du corps humain et peut donc se transmettre par des objets récemment contaminés, comme des mouchoirs. Par conséquent, il est important de toujours jeter à la poubelle (si possible avec couvercle) les mouchoirs utilisés. Si vous n’avez pas de mouchoir, couvrez-vous la bouche et le nez avec la main Si vous n’avez pas de mouchoir sous la main, mettez la main devant la bouche et le nez lorsque vous toussez ou éternuez, puis lavez-vous immédiatement les mains. Si vous êtes malade, restez chez vous Le malade est le plus contagieux juste après le début de l’apparition des symptômes. Il est recommandé de rester à la maison dès que les symptômes commencent à se manifester. Si votre état s’aggrave, consultez votre médecin. Tableau 1 : Conseils pour éviter la propagation de la grippe [5] 5
L’infection peut être asymptomatique, comme elle peut être fatale. On estime que, chaque Pathogenèse : Le virus se fixe aux cellules année dans le monde, les épidémies de épithéliales du nez, du pharynx, du larynx, de la grippe saisonnière sont à l’origine d’une trachée et des bronches via des récepteurs maladie grave dans 3 à 5 millions des cas et spécifiques, y pénètre et s’y multiplie. Les cellules qu’environ 250.000 à 500.000 personnes en infectées meurent, ce qui mène à des lésions meurent. L’infection n’entraîne pas de (partielles) de l’épithélium respiratoire, symptômes cliniques dans un tiers des cas, particulièrement de l’épithélium cilié. Normalement, principalement chez les adultes ayant une le virus est éliminé du corps environ cinq à sept immunité (partielle). Si la maladie est jours après le début de la maladie. symptomatique, elle se présente le plus Période d’incubation : Un à deux jours, parfois souvent sous la forme d’un syndrome grippal, jusqu’à quatre jours. caractérisé par la triade (i.) début brutal, (ii.) toux, écoulement nasal, éternuements, Symptômes de la maladie : douleurs rétrosternales, mal de gorge et (iii.) fièvre pouvant atteindre voire dépasser (i.) début brutal ; 39°C, douleurs musculaires et articulaires, (ii.) symptômes respiratoires à céphalée, frissons, malaise et fatigue. l’emplacement de la multiplication du virus : toux, écoulement nasal, éternuements, douleurs rétrosternales, Chez les enfants et adultes en bonne santé, mal de gorge ; la grippe se déroule presque toujours sans (iii.) symptômes systémiques, causés par complications et se résout d’elle-même ; la les mécanismes de défense de fièvre diminue après deux à six jours et la l’organisme : fièvre (initialement souvent guérison est complète après une à trois le seul symptôme) d’apparition soudaine semaines. et atteignant en quelques heures 39oC ou plus, douleurs musculaires et articulaires, céphalée, frissons, malaise Les complications les plus importantes et et fatigue. les plus fréquentes sont des infections bactériennes secondaires, surtout l’otite Tableau 2 : Carte d’identité du virus de la moyenne et la pneumonie, la bronchite aiguë, grippe [6] la myocardite et la pneumonie virale primaire. Quelle est l’efficacité du vaccin antigrippal ? L’efficacité des vaccins antigrippaux sur la morbidité et la mortalité de la grippe est relativement faible. Elle dépend naturellement de l’adéquation entre les souches du virus présentes dans le vaccin et celles en circulation. La réduction de la maladie due au virus est - en fonction de cette correspondance - estimée entre 22 et 62 % [7]. La prévention des symptômes de la maladie est relativement bonne principalement chez les personnes en bonne santé, immunocompétentes et âgées de moins de 65 ans. Chez les personnes âgées, l’efficacité est généralement plus faible. Dans ce groupe, le vaccin est plus efficace pour prévenir les hospitalisations dues aux complications (60 % [8],[9]) que pour prévenir la grippe elle-même. 6
Si, après avoir été vacciné, le patient attrape malgré tout la grippe, la maladie est habituellement moins grave. Par ailleurs, le vaccin antigrippal ne protège pas contre les autres types de virus qui provoquent également un syndrome grippal, comme les rhinovirus ou les adénovirus qui infectent les voies aériennes supérieures. Il est possible que les personnes vaccinées (surtout les personnes âgées) attrapent malgré tout la grippe. Mais, chez les personnes qui sont infectées après avoir été vaccinées, la maladie est généralement moins grave et conduit moins souvent à une hospitalisation ou au décès. À qui le vaccin antigrippal est-il conseillé ? Une constatation récurrente est la surmortalité consécutive à d’autres causes de décès, le plus souvent attribuable à des affections cardiaques ou pulmonaires. Les complications surviennent principalement chez les patients atteints de maladie chronique et chez les personnes âgées (environ 95 % des décès surviennent chez des personnes de plus de 65 ans) [10]. Chez les nourrissons également, le risque d’évolution grave est plus élevé. L’approche suivie en Belgique ne vise pas à modérer la gravité de l’épidémie, mais elle a surtout pour objectif de prévenir les complications de la grippe [7]. Le Conseil Supérieur de la Santé a formulé les recommandations suivantes pour la vaccination contre la grippe saisonnière [11] : A/ Les groupes de sujets suivants doivent être prioritaires pour la vaccination : Groupe 1 : les personnes à risque de complications, à savoir : - les femmes enceintes qui seront au deuxième ou troisième trimestre de grossesse au moment de la saison de la grippe. Elles seront vaccinées dès le deuxième trimestre de leur grossesse ; - tout patient à partir de l’âge de 6 mois présentant une affection chronique sous-jacente, même stabilisée, d’origine pulmonaire (incluant l’asthme sévère), cardiaque (excepté l’hypertension), hépatique, rénale, métabolique (incluant le diabète), neuromusculaire ou des troubles immunitaires (naturels ou induits) ; - toute personne de 65 ans ou plus ; - les personnes séjournant en institution ; - les enfants de 6 mois à 18 ans compris sous thérapie à l’aspirine au long cours. Groupe 2 : le personnel du secteur de la santé. Groupe 3 : les personnes vivant sous le même toit que : - des personnes à risque du groupe 1 ; - des enfants de moins de 6 mois. 7
B/ De plus, il est également conseillé de vacciner toutes les personnes de 50 à 65 ans, même si elles ne souffrent pas d’une pathologie à risque. Outre le risque accru de les voir développer des complications en cas de grippe en raison de leur âge, il existe en effet une chance sur trois qu’elles présentent au moins un facteur augmentant le risque de complications. Il s’agit surtout de fumeurs, de buveurs excessifs et de personnes obèses (BMI > 30). C/ Comme le risque est lié à l’échange de matériel génétique entre les virus de la grippe d’origine animale et ceux de la grippe humaine, la vaccination sera proposée à certains groupes professionnels pour éviter le risque de réassortiment viral. Ces groupes sont : les éleveurs professionnels de volailles et de porcs ainsi que les membres de leurs familles vivant sous le même toit ; les personnes qui, du fait de leur profession, sont au contact de volailles ou de porcs vivants. Quels médicaments sont à l’origine de troubles immunitaires « induits » ? Des études suggèrent que les patients atteints Recommandez le vaccin contre la grippe à tous d’un trouble immunitaire réagissent quand vos patients qui prennent les même au vaccin et que bien que cette immunosuppresseurs suivants en ambulatoire : réaction ne soit pas aussi forte que chez les Spécialité Principe actif personnes en bonne santé, elle leur confère Orencia ® abatacept malgré tout un même degré de protection ® Humira adalimumab contre la grippe [12]. ® Imuran et génériques azathioprine ® Cimzia certolizumab ® Le Tableau 3 présente une liste non Endoxan cyclophophamide exhaustive de médicaments supposés ® Neoral Sandimmum , Ciqorin ® ciclosporine comporter un risque d’immunosuppression. Enbrel ® étanercept Par ailleurs, la chimiothérapie et l’utilisation Certican ® évérolimus chronique de corticostéroïdes (durant plus de ® Copaxone glatiramère deux semaines) augmentent aussi le risque ® Simponi golimumab d’infections [10]. ® Isoprinosine inosine pranobex ® Arava et génériques léflunomide ® ® Certains médicaments sont utilisés chez les Emthexate , Ledertrexate , méthotrexate ® patients atteints d’affections inflammatoires Metoject ® chroniques et ne dépriment pas l’immunité Cellcept et génériques mycophénolate ® normale. Il s’agit des corticostéroïdes à Rapamune sirolimus ® ® ® inhaler, des AINS, des antipaludéens, de la Adoport , Advagraf , Prograft , tacrolimus ® sulfasalazine et de la mésalazine [10]. Tacni ® Stelara ustékinumab Tableau 3 : Immunosuppresseurs utilisés en ambulatoire 8
Chez qui le vaccin antigrippal n’est-il pas recommandé ? Chez les personnes présentant une forte fièvre ou qui sont atteintes d’une infection respiratoire aiguë (la vaccination doit être différée) ; Pendant le premier trimestre de la grossesse, sauf en cas d’autres facteurs de risque ; Chez les personnes qui, par le passé, ont fait une réaction anaphylactique à l’un des composants du vaccin (contre-indication absolue). Le Tableau 4 donne un aperçu des excipients et des composants présents sous forme de traces, qui peuvent être allergisants, dans les différents vaccins. Tous les vaccins pour la saison hivernale à venir ont été cultivés sur des œufs. Il n’est donc pas possible de choisir un vaccin spécifique pour les personnes présentant une allergie aux œufs. Une allergie aux œufs n’exclut toutefois pas d’office la vaccination contre la grippe. Seuls les patients dont l’allergie aux œufs est sévère (ne se limitant pas à une réaction cutanée) feront l’objet de mesures de précaution [13]. Les situations suivantes, entre autres, ne constituent pas une contre-indication à la vaccination contre la grippe : - Un antécédent d’allergie aux œufs, mais le patient est maintenant en mesure de manger des œufs sans faire de réaction ; - Une allergie aux œufs chez un membre de la famille ; - Un antécédent familial de réaction au vaccin. α-rix® Influvac® Intanza® Vaxigrip® traces d’œufs (ovalbumine, etc.) x x x x bromure de cétyltriméthylammonium x formaldéhyde x x x x gentamicine x x déoxycholate de sodium x néomycine x x octoxynol-9 x x octoxynol 10 x polysorbate 80 x x Tableau 4 : Excipients/traces dans les différents vaccins selon les RCP respectifs [14] 9
Et pour les patients qui prennent des anticoagulants ou qui présentent des troubles de la coagulation ? Après l’injection intramusculaire du vaccin antigrippe, il est recommandé d’exercer une pression pendant deux minutes à l’emplacement de l’injection. Quel est le bon moment pour faire le vaccin ? La période idéale pour l’injection se situe entre le 15 octobre et le 15 novembre. La vaccination est indiquée aussi longtemps que l’épidémie de grippe saisonnière n’a pas commencé. La synthèse des anticorps débute environ une semaine après la vaccination. Le taux d’anticorps atteint un maximum après 4 semaines et se maintient pendant environ 6 à 12 mois [14]. Lorsque le patient est sous chimiothérapie, la réponse immunitaire au vaccin est vraisemblablement diminuée. La vaccination peut aussi provoquer de la fièvre. Il est donc préférable de ne pas vacciner juste avant ou pendant une chimiothérapie. Il est souhaitable de respecter un délai d’une semaine entre la vaccination et la chimiothérapie [15]. La radiothérapie a généralement moins d’influence sur le système immunitaire que la chimiothérapie ; ces patients peuvent donc être vaccinés contre la grippe [10]. Pour les patients sous corticothérapie systémique, les avis sont partagés. Pendant un traitement à fortes doses, le vaccin peut ne pas être suffisamment efficace. Certains préconisent de vacciner après le traitement ou entre deux cures [10], tandis que d’autres ne voient pas de problème à vacciner en cours de traitement [15]. Quelle dose pour les enfants ? Pour les enfants de moins de 6 mois : l’innocuité et l’efficacité des vaccins antigrippaux n’ont pas été déterminées chez ceux-ci. Ils ne seront donc pas vaccinés. Pour les enfants de 6 à 35 mois : les données cliniques sont limitées. Des doses de 0,25 ml ou 0,5 ml peuvent être administrées. Une dose de 0,25 ml peut être obtenue en vidant la moitié de la seringue en poussant le piston jusqu’à la marque. Pour les enfants à partir de 3 ans : 0,5 ml. Pour les enfants jusqu’à 7 ans qui n’ont jamais été vaccinés, une deuxième dose doit être administrée après un intervalle d’au moins quatre semaines (la deuxième dose sera administrée de préférence avant le mois de décembre) [10]. 10
Quelle est la composition des vaccins antigrippaux belges pour la saison 2014-2015 ? Chaque année au mois de février, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) publie ses recommandations concernant la composition des vaccins antigrippaux pour l’hiver suivant dans l’hémisphère nord. La nomenclature officielle des virus Influenza est définie par l’OMS. Elle comporte : 1. le type (A ou B) ; 2. le lieu géographique où le virus a été isolé ; 3. un numéro de référence ; 4. l’année où le virus a été isolé ; 5. s’il s’agit d’un virus du type A, les sous-types H et N. Tableau 5 : Nomenclature des virus Influenza La composition recommandée pour le vaccin trivalent est la suivante [16] : Une souche analogue au virus A/California/7/2009 (H1N1)pdm09 Une souche analogue au virus A/Texas/50/2012 (H3N2) Une souche analogue au virus B/Massachusetts/2/2012 Cette composition a été confirmée par le groupe de travail Influenza de l’Agence Européenne des Médicaments (EMA). Celle-ci fournit également les spécifications des souches dérivées et variantes ayant les mêmes propriétés antigéniques qui peuvent être utilisées en pratique pour la production des vaccins [17]. D’après les données disponibles au moment de la rédaction, la composition des vaccins antigrippaux commercialisés en Belgique pour la saison hivernale 2014-2015 est donnée dans le Tableau 6 [18 ]. α-rix® Intanza® et Vaxigrip® Influvac S® A/California/7/2009 NIB 74xp NYMC X-179A NYMC X-181 (H1N1)pdm09-like A/Texas/50/2012 (H3N2) NYMC X-223A NYMC X-223A NYMC X-223A B/Massachusetts/2/2012 NYMC BX-51B B/Massachusetts/2/2012 NYMC BX-51B Tableau 6 : Composition des vaccins antigrippaux pour la saison hivernale 2014-2015 [18] 11
Il s’agit de vaccins non vivants destinés à être administrés par voie intramusculaire ou sous-cutanée profonde, à l’exception de l’Intanza® qui doit être administré par voie intradermique. Le vaccin tétravalent (comportant un second virus de type B, afin d'augmenter les chances d’adéquation avec les virus circulants en réalité) et le vaccin intranasal n’ont pas encore été mis sur le marché pour la saison 2014-2015. Comme d’un point de vue technique il est difficile de cultiver efficacement des virus A de type sauvage sur des œufs, on a recours à des virus recombinants. La technique consiste à assembler les gènes de différents virus pour former un virus hybride. Dans la pratique, on utilise toujours le même « squelette » de gènes, auxquels on ajoute les gènes qui codent spécifiquement pour les hémagglutinines et les neuraminidases. Sans cette technique, il faudrait beaucoup trop de temps pour obtenir suffisamment d’antigènes [19]. Comme plusieurs combinaisons sont possibles, les différents vaccins peuvent utiliser différents virus de départ (voir Tableau 6). A quels patients faut-il aussi recommander la vaccination contre le pneumocoque ? Une proportion significative des complications et des décès lors d’une épidémie de grippe est la conséquence de surinfections bactériennes, souvent causées par le pneumocoque. Le Conseil Supérieur de la Santé préconise la vaccination des adultes contre le pneumocoque pour les groupes cibles suivants [20] : 1. Adultes présentant un risque élevé d’infections à pneumocoques : Adultes immunodéprimés Adultes présentant une asplénie fonctionnelle ou splénectomisés, une drépanocytose ou une hémoglobinopathie Adultes présentant une fuite du liquide céphalo-rachidien ou porteurs d’un implant cochléaire 2. Adultes présentant une comorbidité : Cardiopathie chronique Pneumopathie chronique ou tabagisme Pathologie chronique du foie ou éthylisme Néphropathie chronique 3. Adultes en bonne santé à partir de 65 ans 12
Quels conseils pharmaceutiques faut-il donner lors de la délivrance d’un vaccin contre la grippe ? Les conseils suivants doivent être donnés aux patients lorsqu’un vaccin contre la grippe leur est délivré : Conservation du vaccin au réfrigérateur (entre + 2°C et + 8°C), à l’abri de la lumière. Il est conseillé de conserver les vaccins dans la partie centrale du frigo, suffisamment éloignés de l’élément réfrigérant à l’arrière du frigo (risque de congélation). Dans la porte du frigo, les variations de température sont trop fréquentes et trop importantes. Pour éviter une interruption de la chaîne du froid, il convient de conseiller aux patients de mettre le vaccin au réfrigérateur tout de suite après l’achat (et de ne pas le laisser à température ambiante pendant quelques heures, par exemple, s’ils ont encore des courses à faire). Protection attendue du vaccin (± 60 %) et délai d’apparition de cette protection (deux semaines). Si, malgré la vaccination, le patient attrape la grippe, la maladie sera moins sévère. La vaccination contre la grippe ne protège pas contre le rhume, les maux de gorge, etc. Effets indésirables possibles (10 à 64 %) : sensibilité au point d’injection, parfois également un léger malaise général. Ces symptômes disparaissent le plus souvent en deux jours. En cas de fièvre ou d’infection aiguë, la vaccination doit être différée. Nécessité de répéter la vaccination chaque année, car le virus de la grippe mute continuellement et qu’un nouveau vaccin de composition différente est nécessaire tous les ans. Les patients n’en sont pas tous conscients. En cas de symptômes d’alarme, tels qu’essoufflement, difficultés à avaler, sensation d’étranglement, vertige, il faut immédiatement faire appel à un médecin. Ces symptômes peuvent être le signe d’une hypersensibilité - rare - à l’un des composants du vaccin. Le vaccin antigrippal ne contient pas de virus vivants et ne peut donc pas provoquer la grippe. Si le patient développe la grippe peu après avoir été vacciné, il a probablement été contaminé par le virus peu de temps avant ou après la vaccination ou a été contaminé par un autre virus de la grippe que celui présent dans le vaccin. 13
Références 1/ Influenza virus infections in humans (February 2014), World Health Organization. Consulté le 30/07/2014, disponible via www.who.int/influenza/human_animal_interface/virology_laboratories_and_vaccines/influenza_virus_infections_h umans_feb14.pdf?ua=1 2/ Dahwood F. et al. Estimated global mortality associated with the first 12 months of 2009 pandemic influenza A H1N1 virus circulation: a modelling study. The Lancet Infectious Diseases 2012; 12(9): 687-695). Disponible via : www.thelancet.com/journals/laninf/article/PIIS1473-3099(12)70121-4/abstract 3/ Influenza (Seasonal) Fact sheet N°211 (March 2014), World Health Organization. Consulté le 30/07/2014, disponible via www.who.int/mediacentre/factsheets/fs211/en/ 4/ Gebouwaanvulling op het bedrijfscontinuïteitplan bij Mexicaanse griep. Facility Management Nederland. Consulté le 26/07/2014, disponible via www.bouwproductie.nl/GebouwaanvullingMexicaanseGriep.pdf 5/ Comment éviter la propagation de la grippe ? Commissariat Interministériel Influenza et ECDC. Consulté le 27/07/2014, disponible via : http://2004.oceanic.belgium.be/sites/default/files/documents- fr/Poster_ecdc_Adults_fr.pdf 6/ LCI-richtlijn Influenza (2011). Rijksinstituut voor Volksgezondheid en Milieu, Nederland. Disponible via : www.rivm.nl/Documenten_en_publicaties/Professioneel_Praktisch/Richtlijnen/Infectieziekten/LCI_richtlijnen/LCI_ richtlijn_Influenza 7/ Vaccination contre la grippe saisonnière : priorité aux enfants ou à d’autres groupes cibles ? - Partie II : Analyse coût-efficacité - Synthèse. Centre Fédéral d’Expertise des Soins de Santé. Disponible via : https://kce.fgov.be/sites/default/files/page_documents/KCE_204Bs_Vaccination_grippe_saisonni%C3%A8re_par tieII.pdf 8/ Talbot HK. Et al. Effectiveness of seasonal vaccine in preventing confirmed influenza-associated hospitalizations in community dwelling older adults. J Infect Dis. 2011 ; 203(4): 500-508. Disponible via : http://jid.oxfordjournals.org/content/203/4/500.long 9/ Talbot HK et al. Effectiveness of Influenza Vaccine for Preventing Laboratory-Confirmed Influenza Hospitalizations in Adults, 2011–2012 Influenza Season. Clin Infect Dis. 2013;56(12): 1774-1777. Disponible via : http://cid.oxfordjournals.org/content/56/12/1774.long 10/ Dossier griepvaccinatie 2014. Antwoorden voor professionelen op vragen over griepvaccinatie (24.06.2014). Agentschap Zorg en Gezondheid Vlaanderen. Disponible via : www.zorg-en- gezondheid.be/WorkArea/linkit.aspx?LinkIdentifier=id&ItemID=35370 11/ Avis du Conseil Supérieur de la Santé n° 9124. Vaccination contre la grippe saisonnière. Saison hivernale 2013- 2014. Conseil Supérieur de la Santé. Disponible via : http://health.belgium.be/internet2Prd/groups/public/@public/@shc/documents/ie2divers/19088802_fr.pdf 12/ Beck CR. et al. Influenza Vaccination for Immunocompromised Patients: Systematic Review and Meta- Analysis from a Public Health Policy Perspective. (2011) DOI: 10.1371/journal.pone.0029249. Disponible via : www.plosone.org/article/info%3Adoi%2F10.1371%2Fjournal.pone.0029249 13/ Recommendations for health professionals regarding seasonal and swine influenza vaccination in egg- allergic patients [internet], European Academy of Allergy and Clinical Immunology, Zurich 2009. Disponible via : www.eaaci.net/attachments/1282_091026_EAACI_Release_%20H1N1_Egg%20Allergy_pub%20- %20Health%20Professionals.pdf 14/ Résumé des Caractéristiques du Produit (RCP) des spécialités disponibles 14
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