Cibler l'ADN : pour la compréhension du vivant

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Cibler l'ADN : pour la compréhension du vivant
Carine Giovannangeli Cibler l’ADN : pour la compréhension du vivant
Cibler
l’ADN :                pour
la compréhension du vivant

Au sein de nos cellules se         Si nous connaissons mainte-
trouve l’ensemble de nos           nant tout le génome humain
gènes – le génome –, contenus      depuis son séquençage en
dans une grande molécule           2003 (Encart « Un peu d’histoire
en forme de double hélice :        sur l’ADN »), nous ne connais-
l’ADN ou Acide DésoxyriboNu-       sons néanmoins les fonctions
cléique. L’ADN contient toutes     que de 10 % de nos gènes… Il
les informations permettant à      reste à découvrir quelles infor-
l’organisme de vivre et de se      mations renferment les autres.
développer ; il est le support     Pour avancer dans la connais-
de notre information géné-         sance du génome, une méthode
tique, mais également celui        consiste à cibler et à agir sur
de l’hérédité (Figure 1). Une      ces gènes pour qu’ils ne s’ex-               Figure 1
molécule a priori relativement     priment plus normalement ;         L’ADN, double hélice constitutive
simple peut-elle commander         c’est de cette manière que l’on    de nos chromosomses, molécule
à elle seule tout le fonctionne-   peut parvenir à identifier leurs    support de l’information génétique
ment d’un organisme ?              fonctions respectives.             et de l’hérédité.
Cibler l'ADN : pour la compréhension du vivant
La chimie et la santé
                        UN PEU D’HISTOIRE SUR L’ADN
                                                                des gènes à l’ADN…
                        1865 : Johann Gregor Mendel établit les bases de l’hérédité en définissant
                        la manière dont les gènes se transmettent de génération en génération :
                        ce sont les lois de Mendel.

                                                                      Johann Gregor Mendel (1822-1884),
                                                                        le père fondateur de la génétique.

                        1869 : Johann Friedrich Miescher découvre dans le noyau des cellules vivantes une
                        substance riche en phosphate – la nucléine –, qui sera nommée au XXe siècle « ADN » ou
                        Acide DésoxyriboNucléique.

                        1882 : Walther Flemming met en évidence les chromosomes, constitués de molécules d’ADN,
                        qui regroupent plusieurs gènes. Il décrit pour la première fois la mitose, phénomène par
                        lequel les cellules se divisent et permettent la croissance et le renouvellement cellulaires.

                                                                                               Dessin de chromosomes
                                                                                               dans un noyau de cellule,
                                                                                               par J.F. Flemming.

                        1928 : Phoebus Levene puis Erwin Chargaff déterminent la structure chimique de l’ADN avec
                        sa composition en bases azotées : adénine A, thymine T, guanine G et cytosine C (Figure 2).

                        Figure 2
                        Formule chimique d’un fragment de brin d’ADN. L’ADN est une grande chaîne dont les maillons sont
                        des bases azotées (A, T, G ou C) qui s’enchaînent dans des ordres différents. L’ensemble {désoxyribose
                        + groupement phosphate + base azotée} forme un nucléotide. L’ADN est donc un polymère de nucléotides.
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Cibler l’ADN : pour la compréhension du vivant
1944 : Oswald Avery établit que l’ADN est le transporteur de l’information génétique.

1952 : James Watson et Francis Crick établissent la structure en double hélice de l’ADN
(Figure 3), ce qui leur valut le prix Nobel de physiologie et de médecine en 1962.

                                     Figure 3
                 L’ADN en double hélice, la figure
                     emblématique de la biologie
                                    moléculaire.

                                     La nouvelle ère :
                en route pour l’épopée du séquençage du génome humain…
En 1995, les chercheurs ont pu « lire » pour la première fois tout l’ADN contenu dans le
génome d’un organisme unicellulaire. Depuis cette date, des pas de géant ont été franchis
en génétique, et les chercheurs ont ainsi séquencé des génomes de plus en plus longs,
aboutissant en avril 2003 au séquençage complet du génome humain.
C’est le résultat de nombreuses années de travail impliquant plusieurs pays à travers le monde,
associés dans ce « projet génome humain », parfois appelé « Apollo de la biologie » (Figure 4). Et
pour cause, ce fut un travail titanesque de plus de dix ans, à l’issue duquel les chercheurs ont
décrypté les quelque 3,5 milliards de bases de notre ADN. L’idée admise jusque-là était que le
génome humain contenait au moins 100 000 gènes… ! Puis l’équipe française du Génoscope,
dirigée par Jean Weissenbach* suggéra le nombre de 30 000 gènes, ce qui fut jugé un peu
iconoclaste. L’évaluation actuelle a encore réduit ce chiffre pour le ramener à environ 25 000…
Devant les 37 000 gènes du simple grain de riz, cela incite à la réflexion.

                                                    Figure 4
                                                    Le projet « Apollo de la biologie » : son ambition était
                                                    à l’image de celle de marcher sur la Lune. Centre
                                                    national du séquençage – Génoscope d’Evry.
                                                                                                               43
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La chimie et la santé
                        Aujourd’hui, plus de 5 000 génomes ont été séquencés, ce qui aurait été impossible sans
                        les sauts technologiques énormes réalisés ces dernières années. Il faut citer l’invention
                        de la carte génétique de haute précision par Jean Weissenbach*, qui a été décisive pour le
                        diagnostic précoce de pathologies génétiques.
                        La recherche est maintenant armée pour séquencer les gènes plus rapidement et à un
                        moindre coût. Ce domaine de recherche, connu pour représenter un travail colossal et un
                        véritable « puzzle », évolue encore très vite et prévoit de plus en plus de gènes et de fonctions
                        à étudier, de plus en plus d’éléments à comprendre sur le fonctionnement du vivant.

                        * Jean Weisenbach, responsable du puissant génoscope au Centre national de séquençage d’Evry (centre
                        de séquençage français du « projet Apollo »), a reçu pour ses travaux pionnieers la prestigieuse médaille
                        d’or du CNRS en 2008.

                                                           Où en sommes-nous dans                Faisons un zoom sur les pages
                                                           le développement de cette             de notre hérédité, dont les mots
                                                           approche     toute   récente          sont A, T, G et C…
                                                           qu’est le ciblage de l’ADN ?
                                                                                                 L’ADN a une structure très
                                                           Comment peut-elle être appli-
                                                                                                 simple et répétitive, qui
                                                           quée en thérapie génique et
                                                                                                 repose sur un squelette phos-
                                                           de manière générale dans les
                                                                                                 phodiester       (groupements
                                                           manipulations génétiques ?
                                                                                                 phosphates et désoxyriboses,

                                                           1
                                                                                                 Figure 2). Sur ce squelette
                                                                Prise de connaissance
                                                                                                 sont attachées des briques
                                                                avec la cible : l’ADN
                                                                                                 élémentaires qui sont les
                                                                                                 bases azotées, parmi les
                                                           1.1. L’ADN : découverte               quatre possibles : adénine A,
                                                           de sa structure et de son             thymine T, guanine G et cyto-
                                                           fonctionnement                        sine C (Figure 2). Squelette
                                                           Depuis le XIXe siècle, la nature      phosphodiester et bases
                                                           et le rôle de cette grande molé-      forment un brin. L’ADN est
                                                           cule en forme d’hélice se sont        constitué de deux brins qui
                                                           révélés par étapes succes-            s’enroulent l’un autour de
                                                           sives aux scientifiques puis au        l’autre de manière très précise
                                                           grand public (Encart « Un peu         en une double hélice. Ils sont
                                                           d’histoire sur l’ADN »).              maintenus solidaires grâce
                                                                                                 à la formation de paires de
                                                           C’est ainsi que dès le milieu
                                                                                                 bases : l’adénine se lie avec
                                                           du XIXe siècle, nous avons déjà
                                                                                                 la thymine – et seulement
                                                           compris les bases de notre
                                                                                                 avec elle – en établissant des
                                                           fonctionnement.
                                                                                                 liaisons de faible intensité
                                                                                                 (liaisons hydrogène), et la
                                                              C’est le long de la chaîne         cytosine se lie avec la guanine
                                                              d’ADN qu’est inscrit tout          (Figure 5).
                                                              notre patrimoine géné-
                                                                                                 C’est cette structure très
                                                              tique ; et c’est l’enchaîne-
                                                                                                 simple dans son principe et
                                                              ment des bases azotées
                                                                                                 à la fois très riche qui a été
                                                              A, T, G, et C – encore
                                                                                                 à la base du « dogme de la
                                                              appelé séquence d’ADN –,
                                                                                                 biologie moléculaire » : la
                                                              différent d’un individu à
                                                                                                 molécule d’ADN est le support
                                                              l’autre, qui détermine nos
                                                                                                 de l’information génétique et,
                                                              caractéristiques physio-
                                                                                                 à travers plusieurs étapes,
                                                              logiques, et donc notre
                                                                                                 elle conduit à la synthèse de
                                                              identité.
44                                                                                               protéines, lesquelles sont
Cibler l'ADN : pour la compréhension du vivant
Cibler l’ADN : pour la compréhension du vivant
                                                                    Figure 5
                                                                    Les paires de bases qui permettent
                                                                    aux deux brins d’ADN de s’associer.
associées à des fonctions         de la division cellulaire (la     L’adénine et la thymine se lient
bien précises dans la cellule.    mitose), permettant ainsi         entre elles par deux liaisons
Ces étapes sont les suivantes     le transfert de l’information     hydrogène, tandis que trois liaisons
                                                                    hydrogène lient la cytosine et la
(Figure 6) :                      génétique de la cellule-mère
                                                                    guanine.
1) la transcription : c’est la    aux cellules-filles. C’est ainsi
production d’une copie de         qu’est transmise l’informa-
l’ADN en ARN messager (ARN        tion génétique d’une cellule
= Acide RiboNucléique), qui a     à l’autre au cours du dévelop-    Figure 6
une structure chimique très       pement cellulaire et de son       Le dogme de la biologie
proche ;                          renouvellement, et c’est ainsi    moléculaire : une séquence d’ADN
                                  que nous transmettons notre       (un gène) est transcrite en un
2) la traduction : l’ARN est le                                     ARN messager, lequel est traduit
messager de l’information                                           en une protéine, qui exerce une
génétique, et son message                                           fonction précise dans l’organisme
se traduit par la synthèse                                          (structuration, transport,
d’une protéine. Les protéines                                       catalyse, etc.) : c’est ce qui
ainsi produites par l’or-                                           constitue l’information génétique.
                                                                    On dit que l’ADN code pour cette
ganisme jouent des rôles
                                                                    protéine ou encore qu’il s’exprime
physiologiques divers : rôle                                        à travers la fonction protéique
structural (membranes des                                           associée.
cellules, etc.),   biosynthèse
de molécules indispensables
à la vie (glucides, lipides,
acides nucléiques), rôle de
messagers (hormones), etc.
Les protéines sont donc des
constituants majeurs et les
principaux bâtisseurs cellu-
laires.
Un corolaire découlant du
dogme de la biologie molécu-
laire est que l’ADN peut être
copié. Chaque brin d’ADN
pouvant servir de copie, une
molécule d’ADN peut donc
en donner deux au moment                                                                                   45
Cibler l'ADN : pour la compréhension du vivant
La chimie et la santé

                        information génétique à nos         En fait, nous verrons que ces
                        descendants.                        5 % ne résument pas à eux
                                                            seuls tout notre fonction-
                        1.2. Le génome est très             nement, et que l’ADN n’est
                        complexe et les gènes ne            pas un élément autonome. Il
                        sont pas seuls dans la partie       existe en effet des protéines
                                                            dans l’organisme qui intera-
                        Comment une molécule rela-
                                                            gissent avec lui et jouent le
                        tivement simple comme l’ADN
                                                            rôle de facteurs régulateurs,
                        pourrait-elle contenir toute
                                                            c’est-à-dire qu’ils activent ou
                        l’information génétique qui
                                                            inhibent la fonction associée.
                        nous est nécessaire ? En fait,
                                                            Il a été prouvé récemment
                        le dogme de la biologie molé-
                                                            qu’au cours des divisions
                        culaire a été récemment revi-
                                                            cellulaires, certaines infor-
                        sité, et l’on sait maintenant que
                                                            mations sont transférées
                        pour les quelque 25 000 gènes
                                                            non pas directement par le
                        que nous avons, il existe
                                                            séquençage de l’ADN, comme
                        dix fois plus d’ARN, et trois
                                                            résumé par le dogme de la
                        mille fois plus de protéines
                                                            biologie moléculaire, mais par
                        (soit 10 000 000 protéines) ! On
                                                            des modifications de facteurs
                        voit donc qu’un gène peut être
                                                            régulateurs appelées modi-
                        associé à une multitude de
                                                            fications épigénétiques (déjà
                        fonctions différentes, ce qui
                                                            évoqués dans le chapitre de
                        rend très complexe l’étude du
                                                            J.-F. Bach). En particulier, les
                        génome.
                                                            nucléosomes sont des struc-
                        Quant aux ARN, on sait main-        tures jouant un rôle important
                        tenant que 5 % d’entre eux ne       dans ces régulations épigé-
                        donnent pas de protéines :          nétiques (Encart « L’ADN, une
                        ce sont des ARN non codants         pelote d’information génétique
                        appelés ARN régulateurs,            dans nos cellules »).
                        à l’instar de nombreuses
                        protéines connues pour jouer
                        un rôle de régulation dans          1.3. Identifier les fonctions
                        l’organisme. Ils représentent       des gènes
                        une quantité importante par         Les scientifiques se sont
                        rapport à l’ensemble de l’in-       donné    l’objectif   d’identi-
                        formation génétique.                fier les fonctions de tous
                        Pour compliquer le tout, il se      nos gènes, pour aboutir à
                        trouve que le génome n’est pas      connaître toute l’information
                        constitué que de gènes. Les         génétique renfermée dans
                        régions codantes n’en repré-        notre génome. Pour cela, l’ap-
                        sentent que 5 % ! On a montré       proche du ciblage de l’ADN a
                        qu’il existe des régions sans       été envisagée pour modifier
                        gène, mais qui ont des fonc-        son expression.
                        tions biologiques très particu-     Par ailleurs, en ciblant l’ADN,
                        lières. Mais quelles sont donc      on peut interférer avec les
                        ces fonctions ?                     facteurs régulateurs asso-
                                                            ciés, et donc identifier leur
                          Seuls 5 % de notre                rôle dans la régulation de son
                          génome correspondent              expression.
                          à des séquences
                                                            Quelles molécules peut-
                          codantes.
46                                                          on donc utiliser pour cibler
Cibler l'ADN : pour la compréhension du vivant
Cibler l’ADN : pour la compréhension du vivant
L’ADN, UNE PELOTE D’INFORMATION GÉNÉTIQUE DANS NOS CELLULES
Le génome humain comporte plus de trois milliards de paires de base et, selon J. Watson
et F. Crick, la distance entre deux paires de bases est de 3,4 Å, ce qui donne deux mètres
linéaires d’ADN dans nos cellules, mis bout à bout ! Un noyau cellulaire ayant un diamètre de
quelques microns, il faut donc compacter l’ADN pour le contenir dans ce noyau. La solution
trouvée par la nature est d’enrouler l’ADN autour de protéines appelées histones, pour former
des sortes de pelotes appelées nucléosomes (Figure 7). Ces pelotes de nucléosomes ne sont
pas anodines, car elles ont leur rôle à jouer dans les régulations épigénétiques !

Figure 7
Les différentes échelles du transfert de l’information génétique : dans chacune de nos cellules se trouve
un noyau (1 à 10 microns) ; dans chaque noyau se trouve notre génome, c’est-à-dire l’ensemble de nos
chromosomes (22 paires de chromosomes et nos chromosomes sexuels) ; chaque chromosome possède
deux molécules d’ADN reliées au niveau du centromère. Chaque molécule d’ADN, dont les différents
fragments constituent des gènes, est enroulée en nucléosomes (autour de protéines appelées histones).

                                                                                                            47
Cibler l'ADN : pour la compréhension du vivant
La chimie et la santé
                          LES ARN INTERFÉRENTS : UNE GRANDE INNOVATION
                          DANS LA BIOLOGIE MOLÉCULAIRE
                          L’approche antisens consiste en un ciblage de l’ARN
                          messager, ce qui revient en fait à moduler l’expression du          biologistes appelée « anti-
                          gène qui l’engendre. Au début des années 2000, Tom Tuschl           sens », qui cible l’ARN (Encart
                          a montré qu’une famille de molécules appelées ARN                   « Les    ARN      interférents :
                          interférents est capable de reconnaître des fragments               une grande innovation dans
                          précis d’ARN et de s’y fixer en formant des mini-duplex.             la biologie moléculaire »),
                          Cela a pour effet de bloquer l’étape de traduction et donc          le ciblage de l’ADN est une
                          d’empêcher la production des protéines correspondantes.             approche dite permanente car
                                                                                              la modification des séquences
                          Les oligonucléotides antisens et les ARN interférents sont de       de bases qu’il vise a un impact
                          petits enchaînements de moins de vingt-cinq nucléotides, ce         direct et permanent sur la
                          sont donc de petits bouts d’ADN ou d’ARN, respectivement.           fonction associée.
                          Les chimistes savent en synthétiser rapidement et en
                          grande quantité (avec des robots synthétiseurs). Ce n’est           Afin de cibler l’ADN, les
                          pas par hasard si cette découverte a été faite en 2001, au          chimistes savent aujourd’hui
                          même moment que le séquençage du génome. En effet,                  synthétiser deux types de
                          c’est un outil largement utilisé pour inactiver des gènes et        molécules capables de recon-
                          comprendre à quoi ils servent. Par ailleurs, ces molécules          naître spécifiquement des
                          ont également un avenir prometteur en tant qu’agents                fragments d’ADN, ce qui
                          thérapeutiques (anti-infectieux, anti-inflammatoires).               permet ensuite d’en modifier
                                                                                              la séquence de bases avec
                                                                                              précision (Figure 8) :
                                                           l’ADN ? L’intervention et l’ima-   – méthode 1 : on utilise des
                                                           gination des chimistes se          oligonucléotides     pouvant
                                                           révèlent indispensables dans       reconnaître des séquences de
                                                           cette recherche.                   paires de bases et se fixant
                                                                                              dans le grand sillon pour

                                                           2   Cibler l’ADN :                 former des triplex (triples
                                                               comment ? Avec                 hélices) ;
                                                           quelles molécule ?                 – méthode 2 : on utilise des
                                                                                              molécules de la famille des
                                                           L’approche du ciblage de l’ADN     pyrroles et imidazoles, qui se
                                                           consiste à concevoir des molé-     fixent dans le petit sillon de
                                                           cules capables de reconnaître      l’ADN.
                                                           certaines séquences bien
                                                           précises d’ADN et d’en modi-
                                                                                              2.1. Méthode 1 : des
                                                           fier la séquence en bases
                                                                                              oligonucléotides
                                                           azotées. En résumé, on touche
                                                                                              fonctionnalisés. Vers une
                        Figure 8                           à un seul gène sans toucher
                                                                                              application dans la thérapie
                        L’ADN peut être ciblé par des      aux autres. Une fois touché,
                                                                                              génique et la transgenèse
                        molécules de synthèse à deux       ce gène ne pourra plus donner
                        niveaux possibles : au niveau      la (ou les) protéine(s) dont il    Étape 1 : reconnaître des
                        du grand sillon ou au niveau `     permet la synthèse habituel-       fragments précis d’ADN
                        du petit sillon.                   lement. En étudiant les consé-     Les deux brins d’ADN s’as-
                                                           quences de l’élimination de        socient entre eux grâce à la
                                                           cette protéine, il sera ensuite    formation de paires de bases
                        Petit                              possible de déterminer son         selon quatre possibilités : T-A,
                        sillon                             rôle, et en particulier de voir    A-T, C-G et G-C. Il est possible
                                                  Grand    si elle est impliquée dans une     de les distinguer en utilisant
                                                  sillon   pathologie (maladie géné-          des molécules qui vont inte-
                                                           tique ou développement d’une       ragir de manière différente
                                                           tumeur).                           avec l’une ou l’autre, selon les
                                                           Contrairement à une autre          liaisons qu’elles vont pouvoir
48                                                         approche bien connue des           établir avec certains sites
Cibler l'ADN : pour la compréhension du vivant
Cibler l’ADN : pour la compréhension du vivant
situés sur ces paires de bases     de polymères une structure
(en particulier des liaisons       à trois brins d’ADN, qu’il
hydrogène). Ces sites sont :       interpréta comme une triple
« donneurs (D) », « accep-         hélice ! Pendant trente ans,
teurs (A) » ou des méthyles, et    cette découverte demeura
leur enchaînement est diffé-       une curiosité de laboratoire.
rent selon la paire de bases,      Il fallut attendre 1987 pour
mais aussi selon que l’on se       que Peter Dervan et Claude
trouve au niveau du grand          Hélène montrent simulta-
sillon ou du petit sillon. C’est   nément qu’il est possible de
de cette manière que l’on peut     former ce type de structure
différencier les quatre paires     à trois brins avec de courts
de bases possibles (Figure 9).     oligonucléotides (Encart « Le
En théorie, il est donc possible   miracle de la triple hélice »).
d’arriver à reconnaître n’im-      Cette démonstration a été le
porte quel enchaînement            départ de ce qu’on a appelé
de paires de bases sur le          la stratégie « anti-gène »
génome, et l’enjeu pour les        pour « anti-ADN ». Et en tant
chimistes est alors de trouver     que grands pionniers dans
                                                                     Figure 9
la molécule qui y parviendrait !   ce domaine, Peter Dervan et
Une famille de molécules peut      Claude Hélène ont obtenu,         Pour chaque paire de bases
                                   en 1996, le grand prix de la      possible, et selon que l’on se place
accomplir cet exploit : les
                                   Fondation de la Maison de la      au niveau du grand ou du petit
oligonucléotides.                                                    sillon de la double hélice d’ADN,
                                   Chimie.
Revenons sur l’historique de                                         on trouve des sites d’interaction
cette découverte : en 1957,        Un travail considérable a été     différents (accepteur A, donneur D
peu de temps après la décou-       réalisé par les chimistes dans    ou méthyle Me), avec des ordres
                                                                     d’enchaînements bien définis.
verte de la structure en double    la recherche d’oligonucléo-       Cela permet de distinguer chacune
hélice de l’ADN, le chercheur      tides qui soient capables de      des quatre bases possibles et
Gary Felsenfeld découvrit          reconnaître      sélectivement    au final donne accès à toutes les
sur une figure de diffraction       des séquences en double           séquences d’ADN possibles.

                                                                                                            49
Cibler l'ADN : pour la compréhension du vivant
La chimie et la santé

                        LE MIRACLE DE LA TRIPLE HÉLICE
                        Comment une triple hélice peut-elle se former ? Dans le grand sillon de l’ADN, il est en
                        fait possible de fixer un troisième brin qui va interagir avec l’un des deux brins de la double
                        hélice. Il va reconnaître une purine (adénine ou guanine) de la double hélice, laquelle est
                        déjà engagée dans une paire, et va former deux liaisons hydrogène avec cette purine. De la
                        même manière, l’adénine d’une paire adénine/thymine est reconnue par une thymine, et la
                        guanine de la paire guanine/cytosine peut être reconnue soit par une cytosine soit par une
                        guanine. On forme donc des triplets de bases et le troisième brin va ainsi s’enrouler autour
                        de la double hélice (Figure 10).

                        Figure 10
                        Formation de la triple hélice : le troisième brin (oligopurine ou
                        oligopyrimidine) va reconnaître l’un des deux brins de l’ADN et
                        s’enrouler avec la double hélice.

50
Cibler l’ADN : pour la compréhension du vivant
hélice de l’ADN, en formant       souhaitées sur sa séquence        Figure 11
une triple hélice stable. Et      en bases ? Il suffit d’attacher
pour cause, il a fallu apporter   à un court oligonucléotide une    Les oligonucléotides avec des
                                                                    acides nucléiques dits « locked »
plusieurs         modifications    molécule capable de couper
                                                                    sont parmi les plus efficaces en
chimiques aux nucléotides         l’ADN. Lorsque le brin court va   cellules : le désoxyribose y est
pour que le ciblage d’ADN soit    se fixer sélectivement sur une     bloqué par un pont méthylène
efficace. En effet, un oligonu-    région précise de l’ADN pour      entre l’oxygène en 2’
cléotide standard mis dans        former un triplex, la coupure     et le carbone en 4’.
une cellule sera immédiate-       de l’ADN s’effectuera à un
ment dégradé, car l’environ-      endroit précis (Figure 12).
nement cellulaire regorge de      On peut aller plus loin avec
nucléases, enzymes chargées       la même méthode : on peut
de dégrader les oligonucléo-      couper, mais on peut aussi
tides. D’autre part, les oligo-   couper puis insérer un frag-
nucléotides standards ont         ment contenant une séquence
généralement des affinités         correcte qui peut alors
moyennes avec l’ADN que l’on      corriger la séquence, comme
veut cibler.                      une sorte de pansement.
Ce     n’est    qu’après    de
nombreuses études de modi-          On dispose donc de
fications chimiques (squelette,      deux stratégies de
désoxyribose, bases) que les        modification de l’ADN :
oligonucléotides adéquats ont       « couper » ou « couper,         Figure 12
pu être mis au point pour cette     coller ».                       Un oligonucléotide (en rouge)
application en milieu cellu-                                        conjugué à un agent de coupure
laire (Figure 11).                                                  reconnaît une séquence précise
                                  2.1.1. Modifier un gène selon la   d’ADN et l’agent de coupure
                                  méthode « couper »                (en vert) coupe la chaîne en un
Étape 2 : modifier la séquence     Des expériences ont été           endroit précis. L’agent de coupure
d’ADN                                                               peut être l’orthophénanthroline
                                  menées sur différents types
                                                                    (OP), qui, en présence de métal
Une fois que l’on s’est posi-     de conjugués (oligonucléo-        et de réducteur, est capable de
tionné sur un fragment bien       tide TFO + agent de coupure       générer des espèces radicalaires
précis de l’ADN, comment y        OP) ayant un nombre de sites      et ainsi de casser le squelette
apporter les modifications         de coupure différents. Les        phosphodiester [1].

                                                                                                         51
La chimie et la santé

                                                              résultats montrent qu’avec        un fragment de gène normal,
                                                              ces conjugués, il est possible    le « pansement ».
                                                              de cibler des coupures en des
                                                                                                Pour procéder à cette opéra-
                                                              sites choisis du génome.
                                                                                                tion de « couper-coller »,
                                                              Une fois la coupure effectuée,    les scientifiques utilisent
                                                              une cellule contenant des         une machinerie cellulaire :
                                                              brins d’ADN coupés a natu-        la « recombinaison homo-
                                                              rellement envie de réparer        logue ». C’est une méthode
                                                              cette coupure. Mais de cette      développée depuis longtemps
                                                              autoréparation il restera des     et encore actuellement.
                                                              « séquelles » : des muta-
                                                              tions vont se produire dans la    Si l’on utilise un fragment
                                                              région de la coupure, c’est-      d’ADN      extérieur,    homo-
                                                              à-dire des changements            logue à la séquence d’ADN
                                                              de paires de bases, et la         que l’on veut réparer, mais
                                                              séquence de l’ADN s’en trou-      sans les mutations indésira-
                                                              vera modifiée ; par consé-         bles, il peut s’intégrer dans
                                                              quent, son évolution jusqu’à      le génome. Le problème
                                                              la production d’une protéine      rencontré est le manque d’ef-
                                                              sera également modifiée.           ficacité de la méthode pour
                                                              Cette approche permet ainsi       les cellules de mammifères
                                                              d’éteindre un gène et a été       (mais elle s’avère très effi-
                                                              récemment utilisée in vivo        cace dans des cellules de
                                                              avec succès pour obtenir des      levures). Néanmoins, on a
                                                              organismes génétiquement          trouvé depuis 1994 le moyen
                                                              modifiés, KO pour un gène          d’augmenter l’efficacité de
                                                              d’intérêt [3].                    l’intégration de l’ADN, et donc
                        Figure 13                                                               l’efficacité de correction : il
                        L’approche « couper-coller »,                                           s’agit d’effectuer la coupure
                        ou réparation par recombinaison       2.1.2. Modifier un gène selon la   à proximité du site que l’on
                        homologue. Sur un gène muté           méthode « couper-coller »         souhaite modifier, d’où l’im-
                        que l’on veut réparer, on effectue    Prenons par exemple un gène       portance de bien cibler les
                        une coupure au niveau du site
                                                              qui a subi une mutation et qui    coupures (Figure 13) [2].
                        de mutation, on ajoute un ADN
                        correcteur (le fragment dit
                                                              est responsable d’une patho-
                                                              logie. On souhaite réparer        Par rapport à la méthode
                        « homologue »), qui vient se coller
                                                              ce gène en coupant la partie      précédente, où l’étape de recol-
                        à l’endroit que l’on veut réparer.
                        On récupère alors un gène réparé.     mutée et en la remplaçant par     lement n’était pas contrôlée,
                                                                                                on recolle dans ce cas exacte-
                                                                                                ment comme on le désire en
                                                                                                intégrant la séquence voulue
                                                                                                dans le milieu cellulaire.
                                                                                                Mais on peut aller encore plus
                                                                                                loin dans cette approche, en
                                                                                                intégrant un gène entier ; et
                                                                                                l’on s’est rendu compte qu’il
                                                                                                est possible de faire exprimer
                                                                                                dans une cellule des trans-
                                                                                                gènes, rien qu’en les intégrant
                                                                                                avec des fragments homolo-
                                                                                                gues… De là à envisager de
                                                                                                faire des organismes généti-
52                                                                                              quement modifiés ?
Cibler l’ADN : pour la compréhension du vivant
Applications du « couper-          des coupures avec une chimie
coller » : des organismes          donnée, bien contrôlée, ce
génétiquement modifiés à la         que ne font pas les nucléases
thérapie génique                   de nature protéique (qui font
Effectivement, cette méthode       des réactions enzymatiques).
de recombinaison homo-             Cela permettrait de mimer
logue a été utilisée dans          des coupures qui se produi-
le cas de cellules souches         sent naturellement et d’en
embryonnaires de souris.           étudier les mécanismes de
Le prix Nobel de médecine          réparation.
2007 a été décerné à Mario         À plus long terme, quand on
Capecchi, Oliver Smithies et       saura parfaitement corriger
Martin Evans qui ont réalisé       un gène, on pourra penser à
l’exploit de générer des           utiliser cette méthode pour
souris transgéniques grâce         la thérapie génique. En effet,
à des recombinaisons homo-         avec une maladie monogé-
logues réalisées dans des          nique (voir le chapitre de J.-
cellules souches embryon-          F. Bach, paragraphe 1) et un
naires (Figure 14). La popu-       gène à corriger, on peut non
lation de cellules modifiées        pas introduire un gène mais
est enrichie, pour générer au      simplement utiliser cette
final l’animal génétiquement        approche de modification de
modifié, le mutant.                 séquence.
Le problème est que, pour          Beaucoup de questions ne
l’instant, on sait faire des       sont pas encore résolues. En
cellules souches pour la souris    effet, les résultats décrits sont
mais pas encore pour beau-         obtenus avec une première
coup d’autres organismes,          génération de nucléases, mais
tels que la drosophile ou le       la spécificité à l’échelle du
poisson zèbre, qui sont pour-      génome est encore à préciser
tant des modèles importants        car, pour des applications de       Figure 14
en biologie. On n’est donc pas     thérapie génique, il ne faut pas    Les souris génétiquement
encore capable de faire facile-    se tromper dans la correction       modifiées constituent un outil
ment des mutants ciblés.           du gène. Il faut aussi réussir      précieux pour la recherche
Mais il a été montré récem-        à reconnaître de manière fine        thérapeutique.
ment qu’avec des ciseaux non
synthétiques, des « nuclé-
ases à doigts de zinc » [3],
il est possible de cibler des
coupures en utilisant ce type
d’approche. En plein déve-
loppement, cette méthode
permet d’espérer faire de la
transgenèse dans d’autres
organismes.
Par ailleurs, les chercheurs
suspectent que la répara-
tion de l’ADN change selon
l’endroit où l’on se situe sur
le génome. Ici, la chimie a
un rôle important à jouer. En
effet, il est possible de cibler                                                                       53
La chimie et la santé

                                                           n’importe quelle séquence         À la découverte de régions
                                                           sur le génome. Il faut enfin       non codantes du génome et de
                                                           savoir contrôler la chimie        la régulation de l’expression
                                                           des coupures. Les chimistes       des gènes
                                                           ont donc encore beaucoup de       Pour étudier les régions non
                                                           travail en perspective !          codantes, les chercheurs ont
                                                                                             utilisé un type de molécules
                                                                                             composées      de    plusieurs
                                                                                             modules : pyrroles (Py) et
                                                           2.2. Méthode 2 : cibler des
                                                                                             imidazoles (Im). Elles se
                                                           gènes pour comprendre le
                                                                                             fixent dans le petit sillon de
                                                           fonctionnement des régions
                                                                                             l’ADN et des paires Im-Im et
                                                           non codantes du génome
                                                                                             Im-Py vont reconnaître les
                                                           Nous avons vu que seulement       paires de bases de cet ADN.
                                                           5 % du génome correspon-          Le code de reconnaissance a
                                                           dent à des régions codantes,      été identifié par le chercheur
                                                           c’est-à-dire qui codent pour      Peter Dervan : une paire Py-
                                                           la synthèse de protéines          Im reconnaît un couple C-G,
                                                           nécessaires au fonction-          une paire Py-Py reconnaît un
                                                           nement cellulaire. Qu’en          couple A-T et une paire Im-
                                                           est-il du reste ? C’est l’objet   Py reconnaît un couple G-C.
                        Figure 15                          de toute une recherche qui        On peut donc théoriquement
                        Reconnaissance des quatre paires   utilise justement le ciblage      reconnaître les quatre paires
                        de bases.                          de l’ADN.                         de bases (Figure 15).

54
Cibler l’ADN : pour la compréhension du vivant
Ulrich Laemmli à Genève a          une couleur rouge à l’œil de
étudié le rôle de certaines        la drosophile. Mais chez des
séquences non codantes             mutants naturels, l’œil est
appelées « séquences satel-        blanc. Or on voit que pour ces
lites » chez la drosophile [4] ;   derniers, ce gène « white » est
et Emmanuel Kas à Toulouse         situé dans la région d’hétéro-
a essayé d’expliquer [5] les       chromatine, près du satelli-
résultats observés, qui sont       te III. Les régions satellites de
les suivants : près du centro-     ces mutants perturberaient-
mère du chromosome X de            elles ce gène censé donner
la drosophile, on trouve les       l’œil rouge ?
régions satellites (appelées       Après avoir traité des larves
hétérochromatine ou régions        de drosophiles mutantes (œil
silencieuses), dont le « satel-    blanc) avec un oligopyrrole
lite III » est une région très     (P9), on a observé que leur
riche en paires A-T. Il pourra     œil devenait rouge. Cette
donc être repéré par les paires    molécule capable de se fixer
de molécules Py-Py. À côté de      sur le satellite III a donc
ces séquences satellites, on       une influence sur le gène
est surpris de découvrir des       « white », qui se trouve juste
gènes codant pour des ARN          à côté. Ce gène n’était donc
ribosomaux, que l’on sait être     pas exprimé chez le mutant,
nécessaires à la prolifération     mais le devient dès que le P9
cellulaire, et très exprimés       s’est fixé sur le satellite III
(Figure 16).                       (Figure 17).
La question que se sont            La réponse est donc trouvée :
posée les chercheurs était la      les régions satellites régulent
suivante : quel est le rôle des    l’expression des gènes avoisi-
régions satellites ?               nants, lesquels contribuent à
Pour y répondre, l’expérience      donner la couleur rouge aux
suivante a été réalisée :          yeux.                               Figure 16
chez la drosophile sauvage,        Cet exemple parmi d’autres          Les séquences satellites dans le
il existe un gène (le gène         montre bien que l’on dispose        modèle drosophile. Emmanuel
« white ») qui est un transpor-    de molécules chimiques capa-        Kas (Toulouse) et Ulrich Laemmli
teur de pigment et qui donne       bles de repérer les séquences       (Genève).

                                                                                                          55
La chimie et la santé

                        Figure 17                               non codantes de l’ADN pour
                                                                pouvoir les étudier, et avancer   On découvre ici une
                        L’oligopyrrole (P9) a été injecté       dans l’élucidation de leur rôle   illustration du rôle
                        chez la lignée mutante « white-                                           essentiel joué par des
                                                                à l’échelle du génome.
                        mottled » de la drosophile.                                               régions non codantes
                        Étant capable de reconnaître
                                                                                                  du génome, ou régions
                        des séquences A-T, il se fixe
                        sélectivement sur le satellite III de                                     satellites : réguler
                        l’hétérochromatine, ce qui a pour                                         l’expression des gènes.
                        effet de lever l’inhibition du gène
                        « white », et ce qui redonne à l’œil
                        sa couleur rouge.

                                                                Vers des ciblages plus spécifiques
                                                                pour la médecine du futur ?
                                                                La chimie peut donc concevoir et synthétiser
                                                                des molécules capables de reconnaître une
                                                                séquence choisie d’ADN. Néanmoins, il reste
                                                                encore du travail pour parvenir à reconnaître
                                                                n’importe quelle séquence d’ADN et réussir à
                                                                caractériser de manière très précise le niveau
                                                                de spécificité de ces molécules. En effet, seule
                                                                une attaque totalement spécifique du gène
                                                                ciblé fera la puissance de la méthode et de ses
                                                                applications, surtout si celles-ci sont d’ordre
                                                                thérapeutique.
                                                                Les nombreux exemples développés dans ce
                                                                chapitre ont néanmoins permis de montrer la
                                                                richesse potentielle des applications, notamment
                                                                en biologie mais aussi pour des applications
                                                                thérapeutiques qui seront à développer dans le
56                                                              futur.
Cibler l’ADN : pour la compréhension du vivant
Bibliographie                        disruption in zebrafish using
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                                                                          57
La chimie et la santé

    Crédits
    photographiques
                        – Fig. 3 et 5 (gauche) : CNRS   – Fig. 7 : Georges Dolisi.
                          Photothèque/Université de     – Fig. 14 : CNRS Photothèque/
                          Montpellier 2, UPR 9080         Raguet Hubert, UMR 8612
                          – Laboratoire de Biochimie      – Physico-Chimie, Pharma-
                          Théorique – Paris.              cotechnie,    Biopharmacie
                        – Fig. 4 : CNRS Photothèque/      – Châtenay-Malabry.
                          Lamoureux Richard, GIP-       – Fig. 16 et 17 : E. Kas.
                          GENOSCOPE – Centre natio
                          nal de séquençage.
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