Ciné Poème Un programme de 8 courts métrages - FESTIVAL CINÉ POÈME LA FÊTE DU COURT MÉTRAGE - Réseau Canopé

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Ciné Poème Un programme de 8 courts métrages - FESTIVAL CINÉ POÈME LA FÊTE DU COURT MÉTRAGE - Réseau Canopé
FESTIVAL
                       CINÉ POÈME

Ciné Poème             LA FÊTE DU
                       COURT MÉTRAGE

Un programme
de 8 courts métrages   2019

                       AGIR
Ciné Poème Un programme de 8 courts métrages - FESTIVAL CINÉ POÈME LA FÊTE DU COURT MÉTRAGE - Réseau Canopé
Ce dossier pédagogique est édité dans le cadre du festival Ciné Poème.
                                        C’est parce qu’ils partagent le désir d’ouvrir l’art, sa pratique et ses œuvres
                                        contemporaines au public le plus large que la Ville de Bezons et le Printemps
                                        des Poètes ont décidé de créer, en 2012, Ciné Poème, festival de courts métrages
                                        unissant cinéma et poésie. Ce festival accueille des courts métrages d’une durée
                                        maximale de 15 minutes, représentant tous les genres cinématographiques
                                        (animation, fiction, expérimental, documentaire). Il s’agit de la création la plus
                                        contemporaine puisque tous ces films ont moins de trois ans d’existence.
                                        En 2019, le festival aura lieu les vendredi 22, samedi 23 et dimanche 24 mars, à
                                        Bezons. Une déclinaison territoriale sera proposée pour les scolaires par certains
                                        Ateliers Canopé au mois de mars.
                                        www.printempsdespoetes.com

                                        Le programme « Ciné Poème » est inscrit dans La Fête du court métrage (13-
                                        19 mars 2019). Cette manifestation nationale, organisée par l’association Faites
                                        des courts, Fête des films et soutenue par le Centre national du cinéma et de
                                        l’image animée (CNC), permet à tous de (re)découvrir le court métrage au travers
                                        de projections, partout en France. Elle constitue également une manière ludique
                                        de sensibiliser les élèves à la diversité de la création cinématographique et de
                                        développer leur sens critique et artistique.
                                        www.lafeteducourt.com

Directeur de publication
Jean-Marie Panazol
Directrice de l’édition transmédia
Stéphanie Laforge
Directrice artistique adjointe
Gaëlle Huber
Référents pédagogiques
Joël Bénitez et Isabelle Massé
Chargé de mission cinéma
Éric Rostand                            LISTE DES FILMS
Auteur du dossier
Nathalie Mourrut                        Durée du programme : 1 h 07 min – À partir de 7 ans
Chargée de suivi éditorial              La Chevauchée d’âmes heureuses
Nathalie Bidart                         Madolia Dubois – 2018 – France – Animation – 08’35
Iconographe
Thierry Bedel                           La Forme des pays
Partenariat Le Printemps                Mathilde Poymiro – 2018 – France – Fiction – 11’30
des poètes/Ville de Bezons              The Tree
Anne-Sophie Künkel                      Han Yang – 2018 – France – Animation – 06’00
et Véronique Siméon                     Écho
Partenariat La Fête du court métrage    Clément Bourrée, Thomas Darracq, Mathieu Desplanque, Paul Mahot,
Roland N’Guyen                          Alexine Pineaud, Kevin Tisaire – 2018 – France – Animation – 05’15
Mise en pages
Catherine Challot
                                        Le Souffle d’Atem
                                        Marisa Ingold – 2018 – France – Fiction – 15’00
Conception graphique
DES SIGNES studio Muchir et Desclouds   Par-dessus tout
                                        Lisa Klemenz – 2018 – France – Animation – 10’40
Image de couverture                     Comme une hache dans la mer gelée
Film La Chevauchée d’âmes heureuses,    Michel Digout – 2018 – France – Animation – 04’45
Madolia Dubois
                                        Haenyo, les femmes de la mer
                                        Éloïc Gimenez – 2018 – France – Animation – 05’15
© Réseau Canopé, 2019
www.reseau-canope.fr                    Remerciements aux détenteurs des droits des textes reproduits en annexe.
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Sommaire

           4    LA DIMENSION POÉTIQUE DES FILMS
           4    Des sentiments particuliers aux sentiments universels
           5    Expression et stimulation de l’imaginaire
           7    Des modalités d’expression poétique diverses

           8    PISTES PÉDAGOGIQUES
           8    Avant la projection : créer un horizon d’attentes
           9    Après la projection : pistes d’exploitation
           11   Ressources

           12   ANNEXE : DES TEXTES POÉTIQUES
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FESTIVAL CINÉ POÈME – LA FÊTE DU COURT MÉTRAGE – 2019

La dimension
poétique des films

                    « Mes outils d’artisan
                    sont vieux comme le monde
                    […]
                    verbes, adverbes, participes
                    […]

                    Je les pose sur la table,
                    ils parlent tout seuls, je m’en vais. »
                    Jean Tardieu, « Outils posés sur une table », in « Poèmes pour la main droite », Formeries, 1976

          Si les « outils » du poète sont les mots, ceux des cinéastes allient les images, la musique et les textes.
          Cette année, le programme « Ciné Poème » propose huit courts métrages qui nous parlent des senti-
          ments qui jalonnent notre vie. Au travers de narrations qui laissent toute la place à notre imaginaire
          et sous des modalités très différentes, se dévoile tout un univers poétique.

          DES SENTIMENTS PARTICULIERS AUX SENTIMENTS UNIVERSELS
          Au cours de notre vie, nous rencontrons des événements qui exaltent nos sentiments, mais il est parfois
          difficile de trouver les mots pour les exprimer. À la manière d’un poème, ces courts métrages entrent
          en écho avec le vécu des spectateurs, en donnant corps à leurs propres sentiments.

          Les sentiments véhiculés par ces courts métrages sont des thèmes souvent abordés en poésie :
          l’amour, la douleur, les doutes, la solitude… On retrouve l’amour inconditionnel d’un père pour son
          enfant dans The Tree, matérialisé par les actes irrationnels qui rendent son souvenir immortel. La
          douleur et l’envie de disparaître, quand le manque de l’être disparu est trop fort, sont palpables dans
          La Chevauchée d’âmes heureuses. De même, La Forme des pays raconte les doutes d’une enfant sur les
          raisons de la séparation de ses parents. Avec Le Souffle d’Atem, on ressent le sentiment de solitude d’un
          jeune homme, seul face à ses entraînements physiques, isolé par ses choix culturels qui le séparent
          des autres jeunes de la cité HLM.

                                                                                 La Forme des pays
                                                                                 de Mathilde Poymiro

                                                                                                       CINÉ POÈME      4
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FESTIVAL CINÉ POÈME – LA FÊTE DU COURT MÉTRAGE – 2019

          Ces sentiments et émotions, qui jalonnent nos vies, se succèdent ici dans une même narration.
          On passe du bonheur à la souffrance dans La Chevauchée d’âmes heureuses, quand une bourrasque de
          vent emporte soudainement la princesse dans les étoiles. La joie se transforme aussi en tristesse
          lorsqu’Emma, la petite héroïne de La Forme des pays, reçoit puis doit rendre sa première lettre d’amour.
          Dans Par-dessus tout, la solitude laisse la place au partage lorsque les deux jeunes filles se rejoignent,
          au moment d’approcher le majestueux nuage d’oiseaux.

          Les sentiments mis en jeu dans ces courts métrages font écho à nos propres vies et, à travers leur
          expression, donnent corps à nos ressentis, à l’instar des textes poétiques. Dans le film d’animation
          Comme une hache dans la mer gelée, texte et images racontent le choc intérieur que provoque la rencontre
          d’un homme avec un convoi de migrants, créant ainsi troubles et interrogations qui nous renvoient à
          notre propre regard sur les autres. Il en est de même avec La Forme des pays, dans lequel une petite fille
          ne répond pas aux attentes de son entourage : elle fait encore pipi au lit, ne sait toujours pas lire, ne
          comprend pas la séparation de ses parents, etc. Malgré ses efforts, elle reste impuissante. Cette enfant
          ne fait-elle pas écho à notre propre enfance ? De la même façon, Par-dessus tout traite d’un passage de
          la vie, l’adolescence, où l’on doit se détacher de son enfance pour prendre son envol, laissant tout un
          monde derrière soi.

                                                                            Comme une hache dans la mer gelée
                                                                            de Michel Digout

          EXPRESSION ET STIMULATION DE L’IMAGINAIRE
          Le court métrage est une forme concise qui rejoint celle de certains poèmes. Le film le plus long du
          programme, Le Souffle d’Atem, dure 15 minutes ; le plus court, Comme une hache dans la mer gelée, ne dure
          que 4 minutes 45 et pourtant, dans ce temps très court, un monde se crée, un univers apparaît. Si « le
          poème est essentiellement une aspiration à des images nouvelles » (Gaston Bachelard), le programme
          « Ciné Poème » met lui aussi notre imaginaire en mouvement.

          Ces courts métrages font appel à notre imagination pour construire tout ce qui n’est pas dit, tout ce
          qui n’est pas montré. En effet, dans La Forme des pays, les non-dits de la petite fille, ses silences lourds
          de sens, nous poussent à imaginer ses pensées. Dans The Tree, pas un mot, juste un peu de musique
          et les bruits du quotidien, et pourtant une image noire de quelques secondes nous fait comprendre
          qu’un personnage est mort. Dans La Chevauchée d’âmes heureuses, les images se succèdent à un rythme
          rapide et saccadé, se superposent, se fondent les unes dans les autres. Des bribes du poème russe de
          Marina Tsvetaeva sont murmurées et des chuchotements inaudibles accompagnent les images. Il n’y
          a pas de narration explicite et pourtant, nous comprenons l’histoire et ressentons la douleur insup-
          portable de l’absence de l’être aimé.

          La richesse des propositions nous permet aussi de nourrir notre imaginaire, en construisant de
          nouvelles représentations mentales. Dans Haenyo, les femmes de la mer, sept expressions idiomatiques
          sont proposées et, à travers ces phrases et ces images, nous construisons un imaginaire autour de la

                                                                                               CINÉ POÈME           5
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                                                               Haenyo, les femmes de la mer
                                                               d’Éloïc Gimenez

          vie du peuple de l’île coréenne de Jeju-do, cette société matriarcale dans laquelle les femmes plongent
          en apnée pour recueillir les produits de la mer. Dans Écho, avec ses rimes, ses phrases énigmatiques,
          telle une prophétie énoncée juste en préambule du film, la force du texte nous entraîne à imaginer les
          pouvoirs exceptionnels de cette créature et la force que pourrait en tirer celui qui les posséderait. Il
          en est de même dans Comme une hache dans la mer gelée, qui nous fait percevoir l’univers des migrants
          africains à la recherche d’une vie meilleure, mais à la merci des passeurs.

          Une fois la projection terminée, nous poursuivons l’aventure. Avec Le Souffle d’Atem, la danse par-
          tagée entre Atem et des jeunes de la cité HLM nous laisse imaginer que, malgré les différences, l’art
          de la danse peut relier les personnes, aidant ainsi Atem à trouver un nouveau souffle. Dans les films
          d’animation The Tree et La Chevauchée d’âmes heureuses, on peut inventer un monde où les êtres qui
          s’aiment se retrouvent toujours, malgré l’adversité ; dans Par-dessus tout, on peut imaginer que les deux
          jeunes filles réussiront à rejoindre la nuée d’oiseaux, rompant ainsi leur solitude.

                                                               Le Souffle d’Atem
                                                               de Marisa Ingold

                                                                                              CINÉ POÈME         6
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FESTIVAL CINÉ POÈME – LA FÊTE DU COURT MÉTRAGE – 2019

          DES MODALITÉS D’EXPRESSION POÉTIQUE DIVERSES
          De façon singulière, chaque cinéaste nous emmène dans sa propre perception du réel et utilise des
          langages propres pour nous faire vibrer d’émotion.

          Les corps filmés nous amènent à une lecture au-delà des mots. Dans Le Souffle d’Atem, les premières
          images du film montrent un corps inerte, appareillé. Suit un gros plan des pieds du jeune danseur, et
          son corps apparaît progressivement en entier, dans une posture de danse classique. Des Krumpers
          [pratiquant le Krump, un style de danse urbaine d’apparence agressive, extrêmement physique] appa-
          raissent ensuite, réalisant des gestes saccadés, mimant des combats, grimaçant. Deux mondes s’op-
          posent à travers la danse et l’utilisation du corps propre à chacune. C’est dans l’échange et le partage
          de l’énergie qui émanent de leurs corps, à travers des expressions dansées différentes, qu’Atem va
          retrouver son souffle. Avec très peu de mots mais par le langage des corps, on perçoit les sentiments
          des personnages et on appréhende leur univers. Cette approche est aussi identifiable dans le film
          La Forme des pays. En effet, des gros plans sur le visage de l’enfant déchiffrant une lettre d’amour ou
          observant la carte du monde, isolée dans les toilettes, nous suggèrent beaucoup de choses. Ce corps
          non maîtrisé, matérialisé par les fuites urinaires de la petite fille, nous parle de son malaise, de sa
          difficulté à appréhender le monde.

          Un dialogue subtil se met en place entre les images et le texte, intensifiant leurs forces poétiques.
          Dans le film d’animation Comme une hache dans la mer gelée, le texte poétique slamé, « Capitaine
          Alexandre », prend corps dans les personnages. En opposition au flou et à la monochromie des autres
          personnages, le graphisme net et coloré du narrateur et de la jeune migrante renforce le texte et le
          personnifie. Cet écho entre les mots et les images se retrouve aussi dans le film d’animation Haenyo, les
          femmes de la mer, dans lequel des graphismes dansants se transforment en croquis au fur et à mesure
          de l’énonciation de chacune des expressions idiomatiques, d’abord en coréen, puis en français. Dans
          La Chevauchée d’âmes heureuses, les images ont plus de force que le texte qui vient en sourdine, et par
          bribes, accompagner le rythme des animations.

          Les techniques d’animation utilisées sont variées et présentent des esthétiques différentes. Le
          court métrage Par-dessus tout a été réalisé sur quatre années, en peinture animée : une succession de
          tableaux animés, où l’on perçoit la touche du pinceau, nous plonge dans un monde onirique. Il en
          est de même pour le film d’animation La Chevauchée d’âmes heureuses, dont les images sont réalisées
          à partir de tableaux de sable et de peinture. Dans Écho, la technique très contemporaine d’images de
          synthèse en trois dimensions, associée à un texte poétique énigmatique, nous entraîne dans une
          aventure hors du temps.

                                                                          Écho de Clément Bourrée, Thomas Darracq,
                                                                          Mathieu Desplanque, Paul Mahot, Alexine Pineaud,
                                                                          Kevin Tisaire

                                                                                               CINÉ POÈME              7
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Pistes pédagogiques

                         « La poésie est à la vie ce qu’est le feu au bois. Elle en émane et le transforme. »
                         Pierre Reverdy, Le Livre de mon bord, 1948

          Le programme « Ciné Poème » ne laisse personne indifférent. La diversité des approches, des tech-
          niques et des sujets abordés touche tous les spectateurs. Cette projection doit donc être le moment fort
          d’un projet plus vaste d’approche de l’univers poétique. Pour les appréhender pleinement, les élèves
          doivent posséder quelques clés nécessaires. Un travail dans la continuité de la projection les aidera à
          mettre des mots sur ce qu’ils auront découvert, et servira d’ancrage pour de nouveaux apprentissages.

          AVANT LA PROJECTION : CRÉER UN HORIZON D’ATTENTES
          Loin de l’univers cinématographique que les élèves ont l’habitude de fréquenter, ces films ont une
          forme et des contenus particuliers, qu’il est nécessaire de leur faire découvrir.

          ABORDER LA NOTION DE POÉSIE
          Dans un premier temps, il sera intéressant de définir avec les élèves ce que la poésie leur évoque,
          faire émerger leurs représentations et donner quelques définitions de ses fonctions : une expression
          et un partage des sentiments, une dénonciation des injustices, un jeu de langage et un certain regard
          sur le monde.

          L’enseignant peut ensuite organiser des séances de lecture de poèmes autour d’une thématique
          (enfance, adolescence, amitié) ou demander aux élèves de rechercher des textes poétiques sur la
          thématique qui les touchent particulièrement, afin de la partager avec leurs camarades. Des recueils
          de poèmes seront laissés à la disposition des élèves, dans la classe, pour que chacun ait le temps de
          faire sa propre rencontre avec un poème.

          DÉCOUVRIR DES COURTS MÉTRAGES
          Les courts métrages proposés sont de différents genres : films d’animation, de fiction, documentaires.
          Il est possible de regarder l’un des vingt et un courts métrages du DVD Ciné Poème ou de s’appuyer sur
          les neufs films accessibles gratuitement, en ligne 1, afin de familiariser les enfants avec la diversité
          des propositions du festival Ciné Poème.

          On pourra aussi s’intéresser à la notion de temps car, même si la durée officielle d’un court métrage
          n’excède jamais 60 minutes, l’amplitude de temps traité dans un film est souvent étendue, comme
          c’est le cas dans The Tree, où la vie d’un homme défile en quelques minutes.

          PRÉPARER LE CONTEXTE
          Pour en faciliter l’approche, un travail sur le contexte de certains des courts métrages du programme
          peut être envisagé.

          Le film Comme une hache dans la mer gelée, qui traite du sujet difficile des migrants, peut être accompagné
          d’explications historiques sur ce que sont les migrations de populations. Ce film d’animation corres-
          pondant à la seconde partie du film Ça va !, de Michel Digout, la première partie peut être visionnée

          1
              DVD Ciné Poème, Réseau Canopé/Printemps des poètes, 2015 (https://www.reseau-canope.fr/notice/cine-poeme_8162.html).

                                                                                                                    CINÉ POÈME       8
Ciné Poème Un programme de 8 courts métrages - FESTIVAL CINÉ POÈME LA FÊTE DU COURT MÉTRAGE - Réseau Canopé
FESTIVAL CINÉ POÈME – LA FÊTE DU COURT MÉTRAGE – 2019

                                                                           The Tree de Han Yang

          sur Viméo, en amont de la projection du programme 2. Les enfants découvriront alors le personnage
          de la jeune femme mise à mal par des passeurs.

          Haenyo, les femmes de la mer situe son action dans une contrée culturellement très éloignée de la nôtre :
          un repérage sur une carte de l’île coréenne Jeju-do permettra aux élèves de mieux appréhender le
          contexte de la situation.

          APRÈS LA PROJECTION : PISTES D’EXPLOITATION
          Ces courts métrages peuvent engendrer des réactions diverses chez les spectateurs : émotions, formes
          diverses d’adhésion ou de rejet, interrogations, etc. C’est pour cela qu’il est important d’avoir un temps
          d’échange sur ce qui a été vu et de choisir ensuite une entrée pédagogique pour aller plus loin dans
          les apprentissages.

          LES ÉMOTIONS ET LES SENTIMENTS
          Le programme « Ciné Poème » ne laissera pas les élèves insensibles.

          Un premier moment d’analyse peut être consacré au relevé des émotions ressenties par les élèves
          lors de la projection, en fonction des courts métrages. L’idée est de s’intéresser aux manifestations
          physiques qu’ils ont pu percevoir (agitation, accélération des battements cardiaques ou du rythme
          respiratoire) et aux changements psychologiques (pensées négatives, positives) qui ont pu apparaître.

          Puis les élèves relèveront tous les sentiments engendrés par les situations traitées dans les films : la
          douleur et le deuil dans The Tree, la solitude présente dans Le Souffle d’Atem, l’amour dans La Chevauchée
          d’âmes heureuses, etc. Cette étape pourra les aider à rapprocher leurs émotions et sentiments de ceux
          qui sont portés par les courts métrages, et à chercher à comprendre pourquoi ils se sont sentis émus,
          en essayant de faire le lien avec leur propre vécu. Les enfants comprendront alors mieux leurs réac-
          tions et l’enjeu poétique de ces courts métrages.

          Cette dernière analyse peut être réalisée à l’écrit, avec un apport de vocabulaire en lien avec les émo-
          tions et les sentiments (adjectifs, verbes, noms, etc.), afin d’aider les élèves à trouver les mots pour
          s’exprimer.

          À LA DÉCOUVERTE DU MONDE
          Certains courts métrages amènent les élèves à découvrir des parties du monde qu’ils ne connaissent
          pas.

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              https://vimeo.com/user79622650.

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FESTIVAL CINÉ POÈME – LA FÊTE DU COURT MÉTRAGE – 2019

          Haeyno, les femmes de la mer nous fait découvrir l’île Jeju-do, en Corée du Sud. Dans un premier temps,
          il est possible d’approfondir le sens des expressions idiomatiques énoncées dans le court métrage
          pour comprendre la place et le rôle des femmes plongeuses dans cette société. On complétera ensuite
          cette première approche par le visionnage de films documentaires sur cette île classée au patrimoine
          mondiale de l’Unesco. On pourra également effectuer un travail de lecture d’images à partir des por-
          traits d’Haeyno, photographiées par l’artiste Hyung S. Kim.

          Comme une hache dans la mer gelée permettra de faire découvrir aux élèves les pays du Grand Nord
          (Norvège, Finlande, Laponie, pays Sami) et d’Afrique, en étudiant les modes de vie, le climat et les
          caractéristiques de ces régions éloignées.

          UNE ENTRÉE DANS L’ÉCRIT
          Le programme « Ciné Poème » peut servir d’ancrage à des ateliers d’écriture.

          En prolongement du film Haenyo, les femmes de la mer, un travail sur les expressions idiomatiques de
          notre culture pourra être mené. Les élèves rechercheront toutes les expressions usitées, les définiront,
          écriront des petits textes pour les utiliser en contexte et pourront ensuite les illustrer pour mettre les
          mots et les images en regard.

          Les films d’animation The Tree et Par-dessus tout sont muets. Les élèves pourront écrire des textes venant
          en écho à ces courts métrages : textes narratifs ou poétiques. Ces productions pourront être imaginées
          comme une voix off qui accompagnerait les images.

          L’histoire de Comme une hache dans la mer gelée pourra être poursuivie en inventant le prolongement
          du voyage de la jeune migrante. De la même façon, une suite à Par-dessus tout pourra être imaginée,
          qui mettrait en scène les deux jeunes filles faisant leurs premiers pas dans le monde des adultes.

          La production d’écrits peut aussi être envisagée sous la forme de poèmes à partir de certaines images
          évocatrices d’un des films ; par exemple, la chute des deux amants, telle une météorite dans la mer,
          dans La Chevauchée d’âmes heureuses, ou encore un plan du vieil homme de The Tree près de son arbre
          mort.

          D’AUTRES UNIVERS POÉTIQUES
          Haenyo, les femmes de la mer nous fait entendre deux versions d’un même texte, l’une dans la langue
          originale, l’autre en français. Cette approche peut être une entrée pour faire découvrir aux élèves des
          textes poétiques dans des langues étrangères. Ils seront alors bercés par les sonorités et la musique
          de la langue et découvriront la poésie d’une autre façon.

                                                                                      Par-dessus tout
                                                                                      de Lisa Klemenz

                                                                                              CINÉ POÈME        10
FESTIVAL CINÉ POÈME – LA FÊTE DU COURT MÉTRAGE – 2019

            Le Souffle d’Atem fait un lien entre le danseur et le poète ; l’un utilise le mouvement, l’autre les mots,
            mais tous deux expriment l’indicible. Les deux danses présentées correspondent à deux langages,
            que l’on peut faire découvrir aux élèves : le Krump est une danse proche du hip-hop qui, à travers
            sa gestuelle, permet de contrôler sa violence en mimant des combats, tandis que la danse classique
            renvoie à une esthétique radicalement autrement codée.

            Une autre façon de lier le poème et la danse serait d’utiliser le texte poétique comme support à une
            gestuelle, à des postures ou à des déplacements. En s’appuyant sur les rythmes, les sonorités ou les
            mots, les élèves pourront imaginer une chorégraphie au regard d’un poème.

            Plus qu’un programme de courts métrages, « Ciné Poème » est une fenêtre ouverte sur la vie.

Ressources

      CINÉ
     POÈME
    21 COURTS MÉTR AGES CRÉATIFS

                                                 Ciné Poème : 21 courts métrages créatifs
                                    A G I R      DVD, Réseau Canopé/
                                                 Le Printemps des poètes/Ville de Bezons, 2015.

            Ouvrages :
            –– Jouannais Sandrine, Arts visuels & Poésie, Réseau Canopé, 2013.
            –– Siméon Jean-Pierre, La Poésie au quotidien : de la maternelle au cycle 3, Réseau Canopé, 2013.

            DVD :
            ––D’ici et d’ailleurs : 5 courts métrages documentaires, Réseau Canopé/L’Agence du court métrage, en partenariat
              avec le CNC, 2017. Programme « Collège au cinéma ».
            ––Nouvelles Vagues : 5 courts métrages pour filmer la jeunesse d’hier et d’aujourd’hui, Réseau Canopé/L’Agence du
              court métrage, en partenariat avec le CNC, 2017. Programme « Lycéens et apprentis au cinéma ».
            ––Neige, Réseau Canopé, 2016.
            ––Les Quatre Saisons de Léon, Réseau Canopé, 2013.

            Découvrez toutes ces ressources sur www.reseau-canope.fr

                                                                                                                CINÉ POÈME   11
FESTIVAL CINÉ POÈME – LA FÊTE DU COURT MÉTRAGE – 2019

ANNEXE :
DES TEXTES POÉTIQUES

          LA CHEVAUCHÉE D’ÂMES HEUREUSES
          Texte de Madolia Dubois, inspiré d’un poème de la poétesse russe Marina Tsvetaeva, « Tendresse »,
          et aussi d’une chanson populaire russe du même nom, de Maïa Kristalinskaya.

                    D’où me vient la tendresse, je caresse d’autres boucles et je connais des lèvres plus sombres que les
                    tiennes. D’où me vient la tendresse ? Les étoiles s’allument et meurent, plongent dans mon regard,
                    j’entends d’autres chants dans la nuit sombre et noire. D’où me vient la tendresse ?

                    Écoute comment dans la mer nage sans bruit, l’onde du chant de vos esprits, tes yeux cherchent
                    encore celle qui est si belle, le silence et les chants à l’ombre de la lune.

                    La terre est vide, que vais-je faire de toutes ces heures. La mer gronde, pourtant la terre semble si
                    vide. Et toi, toi tu voles et les étoiles te donnent leur tendresse.

                    Comme il fait frais cette nuit, sous les hautes falaises, la lune, le sable a ouvert mon cœur et tout
                    est devenu sa voix, viens, accompagne nos chants. Allume une fois son cœur pour toi, tu es la seule
                    partie qui reste. Si d’un silence tu remplissais l’abysse qui se glisse entre nous d’un autre courant
                    froid. Tu cries dans les coins de ses lieux pour que son esprit dormant s’enflamme.

          COMME UNE HACHE DANS LA MER GELÉE
          Extrait du texte À corps défendus, de Nathalie M’Dela-Mounier, Bamako (Mali), Taama, 2018.

                    Soudain, soudain
                    Une scène me revient, tranchante étrave d’un brise-glace écartelant mon intranquille banquise
                    intérieure
                    Aux confins du Grand Nord, Finlande, Norvège, Laponie, pays sami, ventre laiteux de la terre en ce
                    mois des jeunes rennes
                    La débâcle entonne un joik tectonique quand les glaces charriées se séparent ou se heurtent en
                    craquant
                    Battement lancinant des tambours de jouissance sur les berges ouvertes
                    Neige d’été qui appelle le grand jour suivant l’enténèbrement
                    Neige d’été qui fond doucement sur des visages noirs
                    Tendre et cruelle Afrique tue
                    Voyage qui tue aussi les rêves
                    Camion clos
                    Yeux clos bordés de sève
                    Passeur pressé, décharge sa cargaison humaine et repart sous l’œil évité des caméras urbaines
                    Angles morts, espoirs vifs
                    Une femme se détache du groupe
                    Main blottie dans la poche, l’autre serrant fermement celle d’un môme qui n’est pas là, son petit qui
                    grandit au pays
                    Inépuisée
                    A pourtant déjà tant marché ! (tant marché, tant marché)
                    Se hâte avec lourdeur vers le magasin d’alimentation
                    Lâche la main de l’enfant absent qui se colle à la vitrine pour regarder le ballet joyeux des flocons

                                                                                                     CINÉ POÈME             12
FESTIVAL CINÉ POÈME – LA FÊTE DU COURT MÉTRAGE – 2019

                    Il interroge le vent
                    Elle scrute les rayons, choix vite fait pour d’obscènes cuisses de dindes surgelées, grasses et rosées,
                    oignons, huile et concentré, monnaie comptée et recomptée sous l’œil agacé du vendeur qui redoute
                    ces doigts noirs que le froid rend gourds
                    À moins que la peur
                    À moins que l’épuisement, le vacillement, le renoncement…
                    L’épaule effleurée de la femme tressaille
                    Everything is allright ?

                    Son diastème laisse passer des mots chargés de sable
                    Why not ? Wehr we ?
                    Mon diastème laisse filer l’air polaire
                    Lapland
                    Son regard las scrute un nulle-part au bout d’une route interminable
                    Elle repart
                    Main blottie dans la poche, l’autre tenant le sac plastique avec le repas collectif du soir
                    Rejoint ses compagnons de voyage dans le ventre obscur d’un nouveau camion
                    Mêmes corps noirs tassés
                    Entassés
                    Autre passeur pressé
                    Porte latérale brutalement refermée
                    Partis
                    Déjà plus qu’un point sur une ligne de vie

                    Moi, soleil glacé
                    Poings et gorge serrés
                    Insoutenable tumulte intime, ma conscience inutile
                    Verglacée
                    Vaine

                    Mais une menotte se glisse dans ma paume
                    Celle de l’enfant invisible toujours collé à la vitrine, regardant vers le sud, vers la fin d’un voyage qui
                    n’a pas de fin
                    L’enfant d’une autre, ni abandonné, ni oublié
                    L’enfant d’une autre, confié pour qu’il ouvre le chemin entre les glaces
                    L’enfant de toutes celles dont nous ignorons l’existence, la souffrance et la persévérance
                    Ich mwen, l’enfant mien autant que vôtre
                    Une main blottie dans la poche, l’autre serrant fermement la menotte qui ne se laissera pas lâcher,
                    dans l’attente d’une autre main

                    Cet enfant-là est aussi une hache dans la mer gelée en nous

                                                                                                       CINÉ POÈME           13
FESTIVAL CINÉ POÈME – LA FÊTE DU COURT MÉTRAGE – 2019

          HAENYO, LES FEMMES DE LA MER

                    Quand une fille naît c’est la fête.
                    Mais quand un garçon naît,
                    on lui donne un coup de pied
                    aux fesses.

                    Sur le chemin de la mer,
                    croiser une autre personne
                    avec une potiche vide
                    ça porte malheur.

                    Quel que soit le fardeau de leur bébé
                    et des algues sur leur dos,
                    il n’est jamais largué.

                    Mieux vaut être né bétail
                    que femme.

                    La mer est plus
                    accueillante encore
                    que le foyer des parents
                    d’une Haenyo,
                    elle offre ses fruits gratuitement.

                    Si les eaux profondes sont claires,
                    c’est bon.
                    Si elles sont sombres,
                    c’est mauvais.

                    Les Haenyo plongent
                    trois jours après avoir accouché,
                    laissant leur enfant dans son couffin.

          Commentaire d’Éloïc Gimenez, le réalisateur du film d’animation Haenyo, les femmes de la mer.

          Strophe 1 : les filles ont la fonction de soutien familial, à travers l’activité de la plongée sous-marine.

          Strophe 2 : voir un pot vide avant de plonger est signe d’une mauvaise journée pour les Haenyo.

          Strophe 3 : les femmes haenyo ne laissent (jamais) tomber ce qu’elles portent, aussi lourd et précieux
          que ce soit.

          Strophe 4 : les femmes du Jeju-do ont de nombreuses tâches à accomplir et leur vie est difficile.

          Strophe 5 : puisque la mer permet aux femmes haenyo de gagner leur vie en pêchant, elle est « meil-
          leure » que leur propre entourage familial, qui est pauvre.

          Strophe 6 : les Haenyo savent prévoir le temps à venir et s’y préparer en étudiant les fonds marins.

          Strophe 7 : les femmes haenyo plongent trois jours après avoir accouché, laissant leur enfant dans
          son couffin. C’est dire le zèle et la résistance de ces femmes, qui ne peuvent pas se permettre de se
          reposer après avoir accouché.

                                                                                              CINÉ POÈME         14
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