Conjoncture et prévisions pour l'entreprise - Xerfi
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Conjoncture et prévisions pour l’entreprise n°247 – Juin 2019 L'analyse du mois France : conjoncture et prévisions 2019 Monde : conjoncture et prévisions 2019 Directeur de la publication Laurent Faibis, Président de Xerfi Alexandre Boulegue (Rédacteur en chef) Alexandre Mirlicourtois (Directeur de la conjoncture et de la prévision) Comité de rédaction Alberto Balboni (Responsable économie internationale) Pierre Paturel (Responsable analyse sectorielle) Arnaud Dessimond (Directeur adjoint Xerfi Precepta), Gabriel Giraud (Directeur adjoint Xerfi France), Laurent Faibis (Président de Xerfi), Pascale Mollo (Chef de projet Comité éditorial publications études, presse), Olivier Passet (Directeur des synthèses économiques), Adrien de Tricornot (rédacteur en chef de Xerfi Canal), Mounia Van de Casteele (journaliste économique Xerfi Canal) Site www.xerfi.com e-mail etudes@xerfi.fr Adresse 13-15 rue de Calais 75009 Paris Téléphone 01 53 21 81 51 Fax 01 42 81 42 14
TABLE DES MATIÈRES 1. L’ANALYSE DU MOIS 9 1.1. LA SITUATION DES ENTREPRISES 10 Le climat des affaires 10 L’industrie manufacturière 11 La construction 12 Les services 13 Le commerce 14 1.2. L’ENVIRONNEMENT DES ENTREPRISES 15 La demande des ménages 15 La conjoncture dans les pays avancés 16 La conjoncture dans les BRIC 17 Les cours des matières premières 18 Les taux de change 19 Le contexte financier 20 2. FRANCE : CONJONCTURE ET PRÉVISIONS 2019 21 2.1. LES INDICATEURS CLÉS 22 Le PIB 22 La consommation des ménages 23 Le pouvoir d’achat des ménages 24 Le taux de chômage 25 L’inflation 26 L’investissement des entreprises 27 Le commerce extérieur de la France 28 2.2. LES INDICATEURS OPÉRATIONNELS 29 Le cours euro / dollar 29 Le cours du pétrole 30 Les cours des métaux 31 Les cours des matières premières agricoles 32 2.3. LES ÉCLAIRAGES SECTORIELS 33 L’industrie manufacturière 33 Previsis | Juin 2019 Reproduction interdite – la photocopie non autorisée est un délit (Code de la Propriété Intellectuelle) 2
TABLE DES MATIÈRES Les industries alimentaires 34 L’industrie automobile 35 Le commerce de détail 36 L’activité du BTP 37 Les transports et l’entreposage 38 L’hébergement et la restauration 39 3. MONDE : CONJONCTURE ET PRÉVISIONS 2019 40 3.1. VUE D’ENSEMBLE 41 La dynamique mondiale 41 3.2. LA ZONE EURO 42 L’Allemagne 42 L’Italie 43 L’Espagne 44 3.3. LE RESTE DU MONDE 45 Le Royaume-Uni 45 Les États-Unis 46 Le Japon 47 Le Brésil 48 La Chine 49 Previsis | Juin 2019 Reproduction interdite – la photocopie non autorisée est un délit (Code de la Propriété Intellectuelle) 3
LES 10 POINTS CLÉS DU MOIS LES 10 POINTS CLÉS DU MOIS ACTIVITÉ DES ENTREPRISES : REPRISE DÉCALÉE EN FRANCE… 1 Les retombées sur l’activité des 17 milliards d’euros engagés par le gouvernement en réponse au mouvement des « gilets jaunes » sont pour l’heure décevantes. Plutôt que de consommer, les Français ont décidé de renforcer leur épargne de précaution. Plus de 20 milliards d’euros ont ainsi été mis de côté depuis le début de l’année, avec notamment 12 milliards placés sur le Livret A ou le LDDS (Livret de développement durable et solidaire), alors même que ces produits rapportent peu. Il y a ainsi des réserves de croissance dans l’épargne des ménages, et l’enchaînement vertueux consommation dynamique – stimulation du commerce et des services aux ménages – hausse de l’activité pour les fournisseurs devrait progressivement se mettre en place une fois l’attentisme dissipé. Combiné à un investissement résilient du côté des entreprises et dynamique du côté des administrations publiques locales (les dépenses d’équipement des communes ont tendance à fortement croître l’année précédant le renouvellement des équipes municipales), ce regain de demande intérieure sera suffisant pour impulser une accélération de l’activité des entreprises dans le courant de l’année. Mais compte tenu d’un démarrage poussif, la croissance du PIB ne pourra guère dépasser 1,4% en 2019. … DANS UN CONTEXTE INTERNATIONAL DÉGRADÉ 2 Entre le risque d’un Brexit dur, aggravé par la volonté de Boris Johnson – favori pour prendre la tête du gouvernement – de ne pas s’acquitter de la facture du Brexit pour obtenir de meilleures conditions de divorce, les menaces récurrentes de Donald Trump sur l’Europe (avec comme dernière cible les vins français), l’escalade dans la guerre commerciale sino- américaine et les tensions entre l’Italie et la Commission européenne, les incertitudes géopolitiques suscitent de plus en plus d’inquiétudes. Si l’économie américaine semble plus robuste, les turbulences se multiplient dans les pays émergents (net ralentissement en Chine, récession en Argentine) et en Europe, en particulier pour les pays les plus tournés vers l’export comme l’Allemagne ou l’Italie. In fine, la barre des 3% de croissance du PIB mondial paraît de plus en plus difficile à atteindre cette année. En conséquence, l’environnement international constitue un facteur d’attentisme en matière d’investissement et de financement pour les entreprises françaises. Surtout, il ne constituera en aucun cas un relais d’activité, avec des exportations tricolores attendues en net ralentissement. Previsis | Juin 2019 Reproduction interdite – la photocopie non autorisée est un délit (Code de la Propriété Intellectuelle) 4
LES 10 POINTS CLÉS DU MOIS LES 10 POINTS CLÉS DU MOIS LA PRESSION SUR LES PRIX NE SE RELÂCHE PAS 3 Il ne faudra pas compter sur les hausses de prix pour compenser le manque de tonus des volumes. Certes, on note bien une légère remontée de l’inflation, mais il s’agit d’une inflation passagère importée liée à la hausse des prix du pétrole en début d’année. Pour le reste, rien ou presque n’est observé, comme le montre l’indice d’inflation sous-jacente (c’est-à-dire sans ses composantes les plus volatiles comme l’énergie ou les produits alimentaires frais), coincé à moins de 1%. En d’autres termes, les hausses de prix, notamment dans les activités BtoB, ne passent pas dans un contexte d’intensification de la concurrence, sauf à les accompagner d’un bond de la qualité du produit ou du service rendu. Dans ces conditions, les entreprises n’ont d’autre choix que de renforcer encore et encore leurs efforts de productivité au risque de voir leurs marges décrocher. MATIÈRES PREMIÈRES : LA FAIBLESSE DE L’EURO FAIT LÉGÈREMENT 4 GONFLER LA FACTURE Après deux années marquées par une flambée des cours des principales matières premières, pétrole en tête, les entreprises industrielles, de la construction ou du transport peuvent aborder la suite de l’année 2019 plus sereinement. Mais il ne faut pas s’attendre à un effondrement des prix. Entre les craintes sur la croissance mondiale et le déficit d’investissement dans les capacités de production ces dernières années, les forces ont tendance à se neutraliser et les variations sont de faible amplitude. Seul le fer fait exception, pour des raisons ponctuelles : catastrophe minière au Brésil, consécutive à la rupture d’un barrage, puis chute de la production en Australie après le passage du cyclone Veronica. Une fois n’est pas coutume, ce sont les variations de change qui vont faire pencher la balance. En effet, l’euro s’est fortement déprécié depuis le second semestre 2018, passant sous les 1,12 dollar en moyenne en mai. Compte tenu d’une croissance plus soutenue outre-Atlantique, nous tablons sur une poursuite de ce mouvement avec une dépréciation de plus de 5% de la devise européenne par rapport au dollar sur l’ensemble de 2019. Avec notamment pour conséquence un léger alourdissement de la facture des matières premières pour les entreprises. . Previsis | Juin 2019 Reproduction interdite – la photocopie non autorisée est un délit (Code de la Propriété Intellectuelle) 5
LES 10 POINTS CLÉS DU MOIS LES 10 POINTS CLÉS DU MOIS LES ENTREPRISES ACCÉLÈRENT LES EMBAUCHES… AVEC PRUDENCE 5 Avec près de 93 000 créations nettes, l’emploi dans le privé a surpris par sa vigueur au 1er trimestre. Si le salariat augmente massivement dans les services marchands (60% du total des créations nettes hors intérim), l’industrie et la construction sont également concernées, deux filières qui n’avaient pas autant embauché depuis 2007, c’est-à-dire avant la Grande récession. Toutefois, il ne faut non plus en conclure à une nouvelle grande offensive des entreprises en matière d’embauches. Le contexte économique ne le permet pas. Surtout, il faut mettre ce chiffre en perspective. Sur un an, les créations nettes se sont élevées de 1,2%, en ligne avec la croissance des branches marchandes non-agricoles (+1,3%). Il y a un effet rattrapage dans les chiffres du 1 er trimestre, les créations s’étant essoufflées courant 2018, possiblement dans l’attente de la bascule du CICE en baisse pérenne des charges. LA MASSE SALARIALE RESTE SOUS ÉTROITE SURVEILLANCE 6 La « prime exceptionnelle de pouvoir d'achat », que les entreprises pouvaient distribuer jusqu'au 30 mars 2019 de façon totalement exonérée, jusqu'au montant maximum de 1 000 euros (par salarié percevant moins de trois fois le SMIC), a bénéficié à 5,5 millions de salariés (dont 30% ont touché le montant maximal). Si le dispositif a fait gonfler les frais de personnel, cela reste ponctuel. Surtout, il s’agit en partie d’un jeu de vases communicants avec les hausses salariales. En effet, selon une étude du groupe Deloitte auprès d'une centaine de sociétés, les budgets d'augmentation sont à la baisse, ou font état d'une hausse modérée comprise entre 0,2% et 0,5%, soit moins qu’en 2018. Signe qui ne trompe pas, la masse salariale soumise à cotisations du secteur privé n'a progressé que de 0,1% au cours du premier trimestre (après +0,9% fin 2018) selon les données de l’Acoss. Cette progression très contrôlée de la masse salariale devrait contribuer à renforcer les marges d’exploitation des entreprises. Previsis | Juin 2019 Reproduction interdite – la photocopie non autorisée est un délit (Code de la Propriété Intellectuelle) 6
LES 10 POINTS CLES DU MOIS LES 10 POINTS CLÉS DU MOIS DÉCÉLÉRATION DE L’INVESTISSEMENT 7 L’appareil productif français est confronté au manque de vigueur de la conjoncture nationale et à un environnement international qui pèse sur les exportations. De fait, le taux d’utilisation des capacités de production a même diminué au début du deuxième trimestre. Le parc de machines et d’équipements est donc capable d’absorber une hausse des carnets de commandes sans difficultés. Dans un contexte d’aisance financière (les taux d’intérêt resteront bas, les crédits abondants et les trésoreries bien orientées), c’est le freinage des débouchés qui pèse sur l’investissement. Certes, dans une économie de services comme celle de la France, la dépense dans le numérique et les logiciels contribuera positivement à la croissance de l’investissement. Mais elle n’empêchera pas sa décélération : après avoir progressé de près de 4% en 2018, l’investissement des entreprises non financières n’augmentera donc que d’environ 3% cette année. BAISSE SIGNIFICATIVE MAIS EN TROMPE-L’ŒIL DE LA PRESSION 8 FISCALE SUR LES ENTREPRISES La baisse visible de la fiscalité et ses effets tangibles en trésorerie, c’est maintenant pour les entreprises. Mais elle est trompeuse. Les sociétés profitent depuis janvier de la bascule du CICE en baisse de charges de 6 points. Combiné au versement du CICE au titre de l’exercice 2018, cela va largement renflouer leur trésorerie et la perception de leur situation financière. Mais au-delà de ces décalages de comptabilisation qui peuvent fausser la lecture du taux de marge des entreprises, c’est l’analyse des mesures pérennes qui doit retenir notre attention. Et à ce stade, la baisse des charges sociales depuis janvier, combinée à l’allègement dégressif des cotisations patronales à proximité du SMIC, qui ne prendra effet qu’au 1er octobre 2019, se traduira par une contraction de l’ordre de 2,5 milliards de la baisse des charges par rapport à l’ancien CICE en 2019. La compensation ne sera en effet entière qu’en 2020, lorsque des deux dispositifs joueront en année pleine. Du côté de l’IS, l’extension aux bénéfices supérieurs à 500 000 euros du processus de décrue de l’IS en 2019, sera plus que compensée par l’effet de rebond de l’IS, lié à la baisse des charges. Enfin, si on prend en compte l’alourdissement de la fiscalité écologique et l’incertitude concernant certaines niches, à horizon 2020, la tendance de fond n’est clairement pas à la décrue de la pression fiscale sur les entreprises. Previsis | Juin 2019 Reproduction interdite – la photocopie non autorisée est un délit (Code de la Propriété Intellectuelle) 7
LES 10 POINTS CLÉS DU MOIS LES 10 POINTS CLÉS DU MOIS LA TENDANCE DE FOND EST À LA POURSUITE DE L’AMÉLIORATION 9 DES MARGES ET DES RÉSULTATS Malgré un contexte économique et concurrentiel tendu, qui pèse à la fois sur les volumes et les prix, les entreprises françaises devraient néanmoins parvenir à renforcer leurs marges et résultats cette année. Au-delà des effets de yo-yo liés aux soubresauts de la fiscalité, trois principaux éléments sont à prendre en compte. Le premier, c’est la facture des matières premières. Après deux années de fort alourdissement, la tendance est quasiment à la stabilisation. Cette simple pause est une bouffée d’oxygène pour les entreprises. Il y a ensuite le contrôle très strict de la masse salariale : les embauches se font au diapason de l’évolution de la richesse créée par les entreprises et les revalorisations salariales restent contenues. Finalement, les frais de personnel devraient progresser moins vite que la valeur ajoutée cette année. Enfin, il y a le contexte financier : avec la faiblesse des taux d’intérêt, les charges financières se sont considérablement réduites au fil du temps, contribuant à l’amélioration des résultats. LES DÉFAILLANCES D’ENTREPRISES VONT SE MAINTENIR 10 À BAS NIVEAU Il ne faudra pas s’arrêter aux statistiques de hausse des défaillances d’entreprises cette année, car elle sera essentiellement la conséquence des niveaux records atteints par les créations d’entreprises ces dernières années (rappelons que seulement une société sur deux est toujours active 5 ans après sa création). Pour la majorité des entreprises en place, la situation s’annonce bien meilleure. En plus du redressement de leurs marges, celles-ci voient leur trésorerie nettement se renflouer avec l’effet « double » CICE en 2019 (baisses des charges combinées au versement du CICE 2018). Un bol d’air ponctuel qui pourrait initier un cercle vertueux du côté des délais de règlement et réduire les défauts de paiement. Il devrait de surcroît permettre de réduire le recours aux facilités de caisse et aux découverts et participer à une réduction des frais financiers des entreprises. Le risque de défaillance des entreprises devrait de la sorte se maintenir à faible niveau, voire légèrement diminuer en 2019. C’est d’ores et déjà ce qu’atteste la trajectoire de notre indicateur Xerfi Risk qui a régulièrement reflué depuis le mois janvier. Previsis | Juin 2019 Reproduction interdite – la photocopie non autorisée est un délit (Code de la Propriété Intellectuelle) 8
1. L’ANALYSE DU MOIS L’ANALYSE DU MOIS 1.1. LA SITUATION DES ENTREPRISES 9 Le climat des affaires 9 L’industrie manufacturière 10 La construction 11 Les services 12 Le commerce 13 1.2. L’ENVIRONNEMENT DES ENTREPRISES 14 La demande des ménages 14 La conjoncture dans les pays avancés 15 La conjoncture dans les BRIC 16 Les cours des matières premières 17 Les taux de change 18 Le contexte financier 19 Previsis | Juin 2019 Reproduction interdite – la photocopie non autorisée est un délit (Code de la Propriété Intellectuelle) 9
1.1. La situation des entreprises LE CLIMAT DES AFFAIRES Bon niveau général Le climat des affaires est resté stable en mai à 106 (soit 6 points au-dessus de sa moyenne de longue période). Toutefois, la révision à la hausse du point du mois d’avril fait qu’il se situe à son plus haut niveau depuis juillet dernier. Par secteur, l'indicateur de l'industrie manufacturière bondit de trois points à 104 après avoir lourdement chuté le mois précédent et se retrouve à un pic depuis novembre dernier, soit avant le début du mouvement des « gilets jaunes ». De son côté, le climat des affaires dans les services recule d'un point à 106, mais par rapport à une marque d'avril elle aussi relevée (de deux points). À 107, il se situe à un plus haut depuis un an, alors que l'indicateur du bâtiment est resté stable à 111. Le climat des affaires dans le commerce détail recule, lui, de deux points, à 104, et celui du commerce de gros, publié tous les deux mois, est inchangé à 106. Enfin, l’indicateur de retournement (qui vise à détecter le plus tôt possible le moment où la conjoncture pour l’ensemble de l’économie française change d’orientation) se redresse et se hisse dans la zone indiquant une situation conjoncturelle « favorable ». Quant au climat de l'emploi, il perd deux points (à 105 il reste néanmoins relativement élevé). Cette dégradation est le fait de la baisse de la plupart des soldes d’opinion relatifs à l’emploi passé et prévu dans les grands secteurs d’activité. Le climat des affaires en France Unité : indice synthétique du climat des affaires (100 = moyenne) 114 Climat des affaires Moyenne de long terme 109 104 99 94 2016 2017 2018 2019 Source : Insee, dernière donnée disponible 05/2019 Le climat des affaires en France Unité : indice synthétique du climat des affaires (moyenne = 100) Déc. 18 Janv. 19 Fév. 19 Mars 19 Avril 19 Mai 19 Climat des affaires 101,9 102,2 103,1 104,9 105,7 106,0 Climat des affaires dans l'industrie 102,7 102,8 102,8 103,4 100,8 104,1 Climat des affaires dans le bâtiment 109,7 109,3 111,3 111,5 110,9 111,0 Climat des affaires dans les services 102,2 103,5 103,3 105,1 106,5 106,0 Climat des affaires dans le commerce 98,8 99,8 102,1 102,5 105,9 104,0 Source : Insee, dernières données disponibles 05/2019 Previsis | Juin 2019 Reproduction interdite – la photocopie non autorisée est un délit (Code de la Propriété Intellectuelle) 10
1.1. La situation des entreprises L’INDUSTRIE MANUFACTURIÈRE Soulagement Après avoir perdu près de deux points en avril, le climat des affaires a rebondi de plus de trois points en mai pour se situer à 104, soit son plus haut niveau depuis décembre. Parmi les bonnes nouvelles, le redressement de 3 points du solde relatif à la production passée. Cela reste néanmoins encore fragile (le solde demeure en dessous de sa moyenne de long terme) et devra être confirmé (les perspectives personnelles de production sont en hausse ce qui est plutôt de bon augure pour la suite). L’opinion des industriels sur leurs carnets de commandes s’améliore et la part des chefs d’entreprise jugeant leurs stocks de produits finis supérieurs à la normale diminue et passe sous sa tendance de longue période. Après avoir e très mal commencé, le 2 trimestre semble donc à nouveau sur de bons rails comme l’indique le rebond de l’indicateur de retournement qui est remonté dans la zone indiquant une conjoncture favorable. Parmi les secteurs, c’est dans l’agro-alimentaire que la conjoncture est la mieux orientée avec l’ensemble de la filière des biens d’équipement dont le rebond est spectaculaire. Le climat des affaires dans l'industrie Unité : indice synthétique du climat des affaires (100 = moyenne) 115 Climat des affaires dans l'industrie Moyenne de long terme = 100 110 105 100 95 2016 2017 2018 2019 Source : Insee, dernière donnée disponible 05/2019 Les perspectives d'activité dans l'industrie Les perspectives d'évolution des prix Unité : solde d'opinion des industriels, en % dans l'industrie Unité : solde d'opinion des industriels, en % 30 14 12 25 10 20 8 15 6 4 10 2 5 0 17 18 19 17 18 19 Source : Insee, dernière donnée disponible 05/2019 Source : Insee, dernière donnée disponible 05/2019 Previsis | Juin 2019 Reproduction interdite – la photocopie non autorisée est un délit (Code de la Propriété Intellectuelle) 11
1.1. La situation des entreprises LA CONSTRUCTION Le plus dur est à venir Comme depuis le début de l’année, les goulots de production entretiennent l’illusion d’une conjoncture favorable dans le bâtiment. En réalité, faute de personnel suffisant, les retards se sont accumulés et les en- cours et les carnets de commande permettent d’assurer 7,7 mois de travail, un volume nettement supérieur à sa moyenne de longue période (5,6 mois). Mais cette réserve va maintenant très vite s’épuiser, comme l’indique le reflux continu des mises en chantier de logements (412 300 logements sont sortis de terre au cours des 12 derniers mois à fin avril, soit 4,4% de moins que l’an passé) et des autorisations (-8,7% sur un an). Plombée par la baisse des investissements des bailleurs sociaux, le reflux des aides à l’accession à la propriété, l’épuisement du dispositif Pinel et le haut niveau des prix, la demande de logements neufs a fini par céder. Il y a bien entendu un volume d’activité en provenance de l’entretien-rénovation et du hors logement (construction de bureaux, d’entrepôts, de bâtiments publics, etc.), mais c’est insuffisant et le e 2 semestre s’annonce difficile. À ce titre, cela fait maintenant deux mois que le solde correspondant à l’activité prévue recule (tout en restant au-dessus de sa moyenne de long terme). De leurs côtés, les travaux publics bénéficient toujours de l’effort d’investissement des collectivités locales (principalement des communes), 2019 étant la dernière année pleine du mandat municipal et intercommunal. L’accélération des travaux de plusieurs grands programmes (Grand Paris Express, Plan France Très Haut Débit, plan de relance autoroutier, etc.) participe également à la bonne conjoncture d’ensemble. Le climat des affaires dans le bâtiment Unité : indice synthétique du climat des affaires (100 = moyenne) 115 Climat des affaires dans le bâtiment Moyenne de long terme = 100 110 105 100 95 90 85 2016 2017 2018 2019 Source : Insee, dernière donnée disponible 05/2019 Les perspectives d'activité Les perspectives d'activité dans le bâtiment dans les travaux publics Unité : solde d'opinion en % Unité : solde d'opinion en % 20 40 15 30 10 20 5 10 0 0 -5 -10 17 18 19 17 18 19 Source : Insee, dernière donnée disponible 05/2019 Source : Insee, dernière donnée disponible T2 2019 Previsis | Juin 2019 Reproduction interdite – la photocopie non autorisée est un délit (Code de la Propriété Intellectuelle) 12
1.1. La situation des entreprises LES SERVICES Le climat des affaires reste bien orienté À 106, le climat des affaires a perdu un point en mai dans les services. Mais cela fait suite à une révision à la hausse de la marque d’avril qui, à 107, avait atteint un plus haut depuis un an. La déception est donc à relativiser. Le solde correspondant à l’activité passée est en hausse et au-dessus de sa moyenne de long terme, celui de l’activité prévue est stable depuis 3 mois et au-dessus, lui aussi, de sa tendance de longue période. Dans le détail, deux branches sortent du lot : les activités spécialisées scientifiques et techniques (activités juridiques et comptables, audit, R&D, etc.) avec un indicateur à 108 et l’ensemble hébergement- restauration (107). Toutefois, pour ce dernier, le mois de mai semble avoir été délicat, l’activité passée ayant flanché. À noter, la forte dégradation dans les activités immobilières avec un climat des affaires (94) qui s’écarte à nouveau de son niveau moyen. L’indicateur de retournement remonte un peu et se situe pour le e 2 mois d’affilée dans la zone indiquant une conjoncture incertaine après être descendu dans la zone indiquant une conjoncture défavorable d’octobre 2018 à mars 2019. Le climat des affaires dans les services Unité : indice synthétique du climat des affaires (100 = moyenne) 112 Climat des affaires dans les services Moyenne de long terme = 100 107 102 97 92 2016 2017 2018 2019 Source : Insee, dernière donnée disponible 05/2019 Les perspectives d'activité dans les Les perspectives de prix dans les services services Unité : solde d'opinion, en % Unité : solde d'opinion, en % 12 1 10 -1 8 6 -3 4 -5 2 0 -7 17 18 19 17 18 19 Source : Insee, dernière donnée disponible 05/2019 Source : Insee, dernière donnée disponible 05/2019 Previsis | Juin 2019 Reproduction interdite – la photocopie non autorisée est un délit (Code de la Propriété Intellectuelle) 13
1.1. La situation des entreprises LE COMMERCE Nouvelle alerte dans le commerce de détail Après avoir violemment décroché en décembre (-9 points), le climat des affaires est remonté par pallier pour se situer 6 points au-dessus de sa moyenne de long terme en avril dernier, son plus haut niveau depuis novembre 2018. A priori, la situation était en voie de normalisation et l’horizon dégagé. Mais l’embellie a été brève dans le commerce de détail hors automobile avec un indicateur qui cède 3 points pour descendre à nouveau (97) en dessous de sa moyenne de long terme. Dans leur ensemble les détaillants sont bien plus nombreux qu’en avril à signaler une baisse de leurs ventes prévues et les intentions de commandes suivent. Les deux soldes d’opinions correspondant sont désormais en dessous de leurs moyennes de longue période. Du côté des concessionnaires automobiles, le climat des affaires est stable à haut niveau (110) et les chefs d’entreprise sont plus optimistes sur leur activité à venir. Le climat des affaires dans le commerce Unité : indice synthétique du climat des affaires (100 = moyenne) 120 Climat des affaires dans le commerce Moyenne de long terme = 100 115 110 105 100 95 90 2016 2017 2018 2019 Source : Insee, dernière donnée disponible 05/2019 Les perspectives d'activité Les perspectives de prix dans le commerce dans le commerce Unité : solde d'opinion, en % Unité : solde d'opinion, en % Commerce de détail Commerce de détail 30 20 Commerce automobile Commerce automobile 15 20 10 5 10 0 -5 0 -10 -10 -15 17 18 19 17 18 19 Source : Insee, dernière donnée disponible 05/2019 Source : Insee, dernière donnée disponible 05/2019 Previsis | Juin 2019 Reproduction interdite – la photocopie non autorisée est un délit (Code de la Propriété Intellectuelle) 14
1.2. L’environnement des entreprises LA DEMANDE DES MÉNAGES Redressement en trompe l’œil en avril La progression de la consommation de 0,8% en avril ne doit pas faire illusion car les deux postes qui ont participé au rebond, l’alimentaire et l’énergie, ne donnent pas la tendance de fond. En revanche, les dépenses en biens fabriqués (équipements du logement, automobile…) sont en recul malgré un pouvoir d’achat en forte hausse. Porté dès la fin 2018 par la suppression graduelle de la taxe d’habitation et la baisse de cotisations salariées, puis, début 2019, par les mesures d’urgence (prime d’activité, défiscalisation des heures supplémentaires, prime exceptionnelle défiscalisée…), le revenu des ménages s’élève à nouveau rapidement. Mais rien n’y fait, la confiance n’est toujours pas totalement restaurée et l’indicateur qui la synthétise se situe toujours en dessous de sa moyenne de long terme. Conséquence de cette défiance, le surplus du pouvoir d’achat est en partie épargné et la consommation est décevante, là où elle était attendue en forte accélération. La confiance des ménages Unité : indice synthétique de confiance des ménages (moyenne = 100) 110 La confiance des ménages Moyenne de long terme = 100 105 100 95 90 85 80 2016 2017 2018 2019 Source : Insee, dernière donnée disponible 05/2019 La consommation en biens des ménages Le taux de chômage Unité : % des variations annuelles Unité : taux en % 4% 9,8 3% 9,6 9,4 2% 9,2 1% 9,0 0% 8,8 -1% 8,6 -2% 8,4 -3% 8,2 17 18 19 17 18 19 Source : Insee, dernière donnée disponible 04/2019 Source : Eurostat, dernière donnée disponible 03/2019 Previsis | Juin 2019 Reproduction interdite – la photocopie non autorisée est un délit (Code de la Propriété Intellectuelle) 15
1.2. L’environnement des entreprises LA CONJONCTURE DANS LES PAYS AVANCÉS L’érosion de la confiance des industriels se poursuit Le climat des affaires dans la zone euro et aux États-Unis a continué de se détériorer en avril. Cette tendance négative devrait se prolonger en mai, à en croire l’indice des directeurs d’achat (PMI) du secteur manufacturier, en baisse ce dernier mois dans les deux blocs économiques. Dans la zone euro, cet indicateur évolue même, depuis février, au-dessous de la barre des 50 points, indiquant une contraction de l’activité. Il faut remonter à l’automne 2013 pour retrouver l’indice PMI de l’industrie européenne à un niveau si bas. Si dans la zone euro la confiance des industriels est orientée à la baisse depuis désormais un an et demi, aux États-Unis la tendance s’est brusquement retournée depuis l’automne de l’année dernière, en lien avec la détérioration généralisée des perspectives de croissance à l’échelle mondiale, le ralentissement de la croissance américaine et le renforcement des tensions commerciales avec la Chine. En effet, d’importants secteurs industriels états-uniens, aux chaînes de valeur fortement internationalisées, tels que l’aéronautique, l’automobile ou encore les biotechnologies, pâtiraient d’un renchérissement de leurs composants importés en cas de durcissement de la guerre commerciale avec la Chine. Au Royaume-Uni, enfin, le climat des affaires pâtit toujours des incertitudes liées au processus du Brexit, encore plus fortes après le report de la date butoir au 31 octobre 2019 et la forte participation, assez paradoxale, des citoyens britanniques aux dernières élections européennes. À cela s’ajoute, les inquiétudes liées à la succession de Theresa May. Le climat des affaires en zone euro Unité : indice synthétique de climat des affaires (moyenne = 100) 102 Climat des affaires en zone euro Moyenne de long terme = 100 101 100 99 98 2016 2017 2018 2019 Source : OECD, dernière donnée disponible 04/2019 Le climat des affaires aux États-Unis Le climat des affaires au Royaume-Uni Unité : indice synthétique de climat des affaires Unité : indice synthétique de climat des affaires (moyenne = 100) (moyenne = 100) 102 Climat des affaires aux Etats-Unis 103 Climat des affaires au Royaume-Uni Moyenne de long terme = 100 Moyenne de long terme = 100 102 101 101 100 100 99 99 98 98 16 17 18 19 16 17 18 19 Source : OECD, dernière donnée disponible 04/2019 Source : OECD, dernière donnée disponible 04/2019 Previsis | Juin 2019 Reproduction interdite – la photocopie non autorisée est un délit (Code de la Propriété Intellectuelle) 16
1.2. L’environnement des entreprises LA CONJONCTURE DANS LES BRIC Rebond temporaire en Chine Après avoir touché un point bas en janvier, la confiance des industriels en Chine s’est redressée en février et er en mars, comme le laissaient présager la forte remontée de la bourse de Shanghai au 1 trimestre (l’indice CSI 300 a affiché une hausse de 32% entre début janvier et début avril), le rebond de l’indice PMI du secteur manufacturier en février et en mars et les signaux de détente (non-confirmés depuis) dans la guerre commerciale avec les États-Unis. Cependant, l’indicateur de confiance des industriels continue d’évoluer en dessous de sa moyenne de long terme, indiquant le niveau « normal » du climat des affaires. En outre, il pourrait se retourner de nouveau à la baisse en avril et en mai, compte tenu de la rechute de l’indice PMI manufacturier, de la baisse inattendue des exportations en avril, ainsi que du retournement de tendance observé en bourse (l’indice chinois de référence a perdu 13% entre le 20 avril et le 23 mai). L’annonce, début mai, d’une hausse (de 10% à 25%) des tarifs douaniers sur 200 milliards d’euros d’importations américaines de produits chinois devrait aussi contribuer à plomber le moral des industriels ces prochains mois. Au Brésil, en revanche, la confiance des industriels est orientée à la baisse depuis deux mois (mars et avril), plombée par le repli annoncée de la production minière (à la suite du grave incident survenu, en janvier, sur un important barrage appartenant au groupe Vale), par la récession dans la voisine Argentine, ainsi que par les difficultés du président Bolsonaro à mettre en œuvre la réforme des retraites promise en campagne électorale. Le climat des affaires en Chine Unité : indice synthétique de climat des affaires (100 = moyenne) 102 Climat des affaires en Chine Moyenne de long terme = 100 101 100 99 98 2015 2016 2017 2018 2019 Sources : OECD, Insee, dernière donnée disponible 03/2019 Le climat des affaires en Russie Le climat des affaires au Brésil Unité : indice synthétique de climat des affaires Unité : indice synthétique de climat des affaires (100 = moyenne) (100 = moyenne) 103 Climat des affaires Russie 102 Climat des affaires Bresil Moyenne de long terme = 100 Moyenne de long terme = 100 102 101 100 101 99 100 98 99 97 98 96 16 17 18 19 16 17 18 19 Sources : OECD, Insee, dernière donnée disponible Sources : OECD, Insee, dernière donnée disponible 04/2019 04/2019 Previsis | Juin 2019 Reproduction interdite – la photocopie non autorisée est un délit (Code de la Propriété Intellectuelle) 17
1.2. L’environnement des entreprises LES COURS DES MATIÈRES PREMIÈRES Ajustement baissier des cours du pétrole et des métaux L’indice synthétique des cours des matières premières GSCI a affiché une forte baisse en mai (-9% sur un mois), effaçant ainsi une partie de la hausse de près de 20% observée entre janvier et avril. Le brusque retournement de tendance de ce dernier mois est le résultat, d’une part, d’un fort ajustement baissier des cours des métaux industriels (à l’exception du minerai de fer) et, d’autre part, d’un léger recul des cours du pétrole. Après une hausse de 26% entre janvier et avril, le prix du baril de Brent a baissé de 1% en mai, s’établissant à 70,5 dollars en moyenne sur le mois, mais descendant au-dessous de la barre des 65 dollars les derniers jours de mai, dans un contexte marqué par la hausse des stocks aux États-Unis, une production russe toujours solide et une dégradation des perspectives de croissance de l’économie mondiale. Les craintes d’un durcissement des tendances protectionnistes pesant sur la croissance mondiale se sont à nouveau renforcées depuis début mai, avec un retour des tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine, après quelques mois d’apaisement. Ces tensions, qui ont pesé sur l’évolution récente des cours du pétrole et, encore plus, du cuivre et de l’aluminium, ont été notamment ravivées par la nouvelle hausse ciblée de tarifs douaniers américains sur les importations chinoises et par les sanctions américaines à l’encontre de Huawei (interdiction de vendre sa production aux États-Unis et de s’approvisionner de composants « made in USA »). Le cours des matières premières Unité : indice GSCI, fin de mois (panier de matières premières 100 = 1970) 550 500 450 400 350 300 250 200 2015 2016 2017 2018 2019 Source : Goldman Sachs via Feri, dernière donnée disponible 05/2019 Le cours du pétrole brut « Brent » Le cours du cuivre (Londres) (Rotterdam) Unité : prix en dollars US par tonne Unité : prix en dollars US / baril Pays-Bas 90 7 500 80 7 000 70 6 500 60 6 000 50 5 500 40 5 000 30 4 500 20 4 000 15 16 17 18 19 15 16 17 18 19 Source : Insee, dernière donnée disponible 05/2019 Source : Insee, dernière donnée disponible 04/2019 Previsis | Juin 2019 Reproduction interdite – la photocopie non autorisée est un délit (Code de la Propriété Intellectuelle) 18
1.2. L’environnement des entreprises LES TAUX DE CHANGE L’euro se stabilise à 1,12 dollar en mai, après deux mois consécutifs de dépréciation Après une longue phase d’appréciation de l’euro entre avril 2017 et avril 2018, la devise européenne s’est dépréciée de 8% vis-à-vis du billet vert entre mai et novembre. Le ralentissement généralisé de la croissance dans la zone euro, comparé aux très bons chiffres de la croissance américaine, a poussé la devise européenne vers un plancher qu’elle n’avait plus touché depuis l'été 2017 : 1,14 dollar pour un euro, un taux de conversion qui est resté stable jusqu’à février de cette année. Ce plancher a été brisé en mars, quand l’euro est tombé à 1,13 dollar, pour ensuite descendre à 1,12 dollar en avril, dans le contexte de fortes incertitudes concernant l’issue du Brexit et de la nouvelle posture de la Reserve Fédérale américaine. En mai, le taux de change entre les deux devises est resté stable à 1,12 dollar pour un euro (en moyenne sur le mois), un plancher que la devise européenne n'avait pas touché depuis juin 2017. La Réserve Fédérale est officiellement sortie, fin mars, du cycle de resserrement monétaire engagé à la fin de 2015. Par conséquent, elle est désormais prête à soutenir l’économie américaine en cas de trop fort ralentissement de l’activité, alors que, de ce côté-ci de l’Atlantique, la BCE ne dispose que de marges de manœuvre très restreints pour mettre en œuvre une politique monétaire expansionniste. Dans ce contexte, l’écart de croissance entre les États-Unis et la zone euro, qui est le déterminant principal de l’évolution du change entre l’euro et le dollar, devrait se maintenir au cours des prochains trimestres, à l’image des chiffres de PIB de T1 2019, affichant une croissance deux fois plus forte aux États-Unis que dans la zone euro. Le cours euro / dollar Unité : US dollar pour 1 euro 1,25 1,20 1,15 1,10 1,05 1,0 2015 2016 2017 2018 2019 Source : Insee, dernière donnée disponible 05/2019 Le cours euro / livre sterling Le cours euro / yen Unité : livre sterling pour 1 euro Unité : yen pour 1 euro 0,95 150 0,90 140 0,85 0,80 130 0,75 120 0,70 110 0,65 0,60 100 15 16 17 18 19 15 16 17 18 19 Source : Insee, dernière donnée disponible 05/2019 Source : Insee, dernière donnée disponible 05/2019 Previsis | Juin 2019 Reproduction interdite – la photocopie non autorisée est un délit (Code de la Propriété Intellectuelle) 19
1.2. L’environnement des entreprises LE CONTEXTE FINANCIER Légèrement favorable Une courte majorité de trésoriers juge leur trésorerie comme aisée depuis deux mois. L’embellie se confirme donc après sept mois durant lesquels une majorité de trésoriers jugeait difficile la situation de leurs trésoreries. La proportion de trésoriers estimant que les prix des matières premières ont une influence significative sur la trésorerie de leur entreprise est descendue à 29,4% en mai, soit près de 7 points de moins par rapport point haut atteint début 2018. Après avoir longtemps considéré que l’impact des prix des matières premières (principalement du pétrole) était de moins en moins pénalisant, le solde d’opinions s’est retourné en mai et se creuse à nouveau. De même, le taux de change est jugé comme ayant un impact négatif. Les conditions de recherche de financement sont estimées comme étant favorables et dans un environnement de taux d’intérêt nominaux encore très bas (l’Euribor 3 mois, négatif, reste toujours collé à son plancher), la détention de cash demeure une fois de plus ultra-privilégiée sur les placements. La trésorerie d'exploitation des grands groupes Unité : solde d'opinion 15 10 5 0 -5 -10 2016 2017 2018 2019 Source : AFTE, dernière donnée disponible 05/2019 Les critères d'octroi des crédits Les taux d'intérêt à 3 mois (Euribor) aux entreprises Unité : taux en % Unité : solde d'opinion des banques 10 0,2 5 0,1 0 -0,1 -5 -0,2 -10 -15 -0,3 -20 -0,4 2015 2016 2017 2018 2019 15 16 17 18 19 Source : Euribor EBF, dernière donnée disponible Source : BDF, dernière donnée disponible T1 2019 04/2019 Previsis | Juin 2019 Reproduction interdite – la photocopie non autorisée est un délit (Code de la Propriété Intellectuelle) 20
2. FRANCE : CONJONCTURE ET PRÉVISIONS 2019 FRANCE : CONJONCTURE ET PRÉVISIONS 2019 2.1. LES INDICATEURS CLÉS 21 Le PIB 21 La consommation des ménages 22 Le pouvoir d’achat des ménages 23 Le taux de chômage 24 L’inflation 25 L’investissement des entreprises 26 Le commerce extérieur de la France 27 2.2. LES INDICATEURS OPÉRATIONNELS 28 Le cours euro / dollar 28 Le cours du pétrole 29 Les cours des métaux 30 Les cours des matières premières agricoles 31 2.3. LES ÉCLAIRAGES SECTORIELS 32 L’industrie manufacturière 32 Les industries alimentaires 33 L’industrie automobile 34 Le commerce de détail 35 L’activité du BTP 36 Les transports et l’entreposage 37 L’hébergement et la restauration 38 Previsis | Juin 2019 Reproduction interdite – la photocopie non autorisée est un délit (Code de la Propriété Intellectuelle) 21
2.1. Les indicateurs clés LE PIB 2019 : remontée en pente douce de la croissance au cours de l’année Le manque d’allant de la croissance fin 2018 s’est prolongé début 2019. En dépit des mesures de relance, le compteur est resté bloqué à 0,3% pour le troisième trimestre consécutif. De fait, les ménages ont épargné une bonne partie du surplus de pouvoir d’achat. La collecte nette du Livret A et du LDDS (livret de développement durable et solidaire) a dépassé la barre des 12 milliards d’euros sur les quatre premiers mois de l’année, en hausse de 26% par rapport là même période de 2018. Il faut remonter en 2009, année de la généralisation de la distribution du Livret A dans les banques, pour trouver un tel afflux d'épargne. En d’autres termes, il y a de la réserve de croissance dans les bas de laine des Français et la consommation devrait progressivement accélérer une fois l’attentisme dissipé. Parmi les autres facteurs de soutien, l’investissement des administrations publiques locales (communes principalement) porté à la fois par les effets du cycle électoral (les dépenses d’équipement ont tendance à fortement croître l’année précédant le renouvellement des équipes municipales) et la montée en puissance de la Société du Grand Paris (SGP). Ce regain de demande, combiné à une bonne dynamique de l’investissement des entreprises, sera suffisant pour impulser une accélération du rythme de croissance. Mais, compte tenu du retard pris fin 2018 (0,5 point d’acquis de croissance contre 1 point fin 2017) et d’un démarrage poussif, la croissance restera bloquée à 1,4% en moyenne annuelle. D’autant plus qu’elle sera une nouvelle fois plombée par le commerce extérieur auquel s’ajoutera la contraction de l’investissement logement des ménages. À défaut d’une franche accélération, la croissance devrait néanmoins être suffisante pour alimenter les créations d’emplois. Le PIB de la France Unité : % des variations annuelles 3,0% 2,4% 2,5% 2,0% 1,7% 1,4% 1,5% 1,0% 1,0% 1,0% 1,0% 0,6% 0,5% 0,4% 0,0% 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019p Estimation Xerfi / Source : Insee Le scénario macro-économique pour la France à l'horizon 2019 Unité : % des variations annuelles 2016 2017 2018 2019 (p) PIB 1,0% 2,4% 1,7% 1,4% Consommation 1,6% 1,6% 0,9% 1,6% Conso. publique 1,4% 1,5% 0,8% 0,9% Investissement 2,5% 5,0% 2,8% 2,0% Construction 0,4% 4,5% 1,5% 0,3% Equipement 7,2% 3,6% 2,3% 3,2% Importation 3,0% 4,1% 1,2% 3,0% Exportations 1,8% 4,0% 3,5% 2,9% Prévisions Xerfi (dernière mise à jour le 07/06/2019) / Source : Xerfi Previsis | Juin 2019 Reproduction interdite – la photocopie non autorisée est un délit (Code de la Propriété Intellectuelle) 22
2.1. Les indicateurs clés LA CONSOMMATION DES MÉNAGES Montée en régime à venir Après avoir décéléré au quatrième trimestre 2018 (pénalisée par la crise des Gilets jaunes), la demande des ménages a rebondi de 0,4% sur les trois premiers mois de l’année. Vu toutes les mesures de soutien mises en place depuis l’automne dernier en faveur du pouvoir d’achat (suppression graduelle de la taxe d’habitation, baisse des cotisations sociales, primes de fin d’année exonérée de charges, prime d’activité fortement revalorisée…) tout n’est pas passé dans la consommation. De fait, une grande partie s’est dirigée vers l’épargne comme le suggère la collecte nette record sur le Livret A et le LDDS (livret de développement durable et solidaire) sur les quatre premiers mois de l’année en hausse de 26% par rapport à la même période de 2018. De même, du côté de l’assurance-vie, les fonds collectés atteignent des sommets. Il faudra attendre que la confiance des ménages se restaure et encore plus que les craintes sur l’évolution du chômage se dissipent pour que les Français mobilisent à nouveau leur épargne de précaution et dépensent le surplus de pouvoir d’achat accumulé. C’est une lente montée en régime qui dessine ce qui ne laisse pas espérer plus de 1,6% de croissance de la consommation cette année. La consommation des ménages Unité : % des variations annuelles en volume (données trimestrielles) 2,5% 2,0% 1,5% 1,0% 0,5% 0,0% 2015 2016 2017 2018 2019 Source : Insee, dernière donnée disponible T1 2019 La consommation des ménages Unité : % des variations annuelles en volume 2,0% 1,6% 1,6% 1,6% 1,6% 1,4% 1,2% 0,8% 0,9% 0,8% 0,4% 0,0% 2014 2015 2016 2017 2018 2019e Estimation Xerfi (dernière mise à jour le 07/06/2019) / Source : Insee Previsis | Juin 2019 Reproduction interdite – la photocopie non autorisée est un délit (Code de la Propriété Intellectuelle) 23
2.1. Les indicateurs clés LE POUVOIR D’ACHAT DES MÉNAGES Débloqué Heures supplémentaires, prime d’activité, gel de la hausse de la taxe carbone sur un an… les annonces de décembre 2018 représentent un chèque de plus de 10 milliards d’euros restitués aux ménages pour 2019, soit un gain instantané de 0,8% du pouvoir d’achat. À cela s’ajoutent les marges de manœuvres dont vont bénéficier les entreprises. En plus de recevoir le versement du CICE au titre de l’exercice 2018, elles ont en effet profité dès janvier de la bascule du dispositif en baisse de charges. De quoi largement renflouer leur trésorerie. Il faut toutefois tenir compte du caractère ponctuel de la créance 2018. Il est ainsi peu probable que les 20 milliards d’euros soient massivement affectés à l’investissement ou à l’emploi. Le scénario le plus probable est que ce chèque dope la composante variable et non récurrente des rémunérations : prime, intéressement, participation ou éventuellement la distribution de dividendes. Ces évolutions se dérouleront en outre dans le contexte d’une inflation plus faible cette année qu’en 2018. Après être restée bloquée à moins de 1% en 2018, la progression du pouvoir d’achat devrait être proche de 2% en 2019, voire légèrement supérieur. Pouvoir d'achat des ménages (par unité de consommation) Unité : % des variations annuelles (données trimestrielles) 1,6% 1,2% 0,8% 0,4% 0,0% 2015 2016 2017 2018 2019 Source : Insee, dernière donnée disponible T4 2018 Pouvoir d'achat des ménages (par unité de consommation) Unité : % des variations annuelles 2,5% 2,1% 2,0% 1,5% 1,2% 1,0% 0,8% 0,7% 0,5% 0,5% 0,4% 0,0% 2014 2015 2016 2017 2018 2019e Estimation Xerfi (dernière mise à jour le 07/06/2019) / Source : Insee Previsis | Juin 2019 Reproduction interdite – la photocopie non autorisée est un délit (Code de la Propriété Intellectuelle) 24
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