Diabète : chercher l'équilibre 21 6
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HIVER 2015 N°201 Diabète : chercher l’équilibre 6 EN DIRECT DU SNITEM / Événement Prix Media 21 Création ENJEUX / e-santé de l’alliance du dispositif médical eHealth France
HIVER 2015 N°201 04 EN DIRECT DU SNITEM Métiers Forum des métiers du DM Des rencontres fructueuses entre ÉDITO étudiants et industriels 06 Événement Prix Media du dispositif médical Un excellent cru DOSSIER J dossier le i viii PAGES À HIVER 2015 N°201 e vous présente mes meilleurs vœux pour cette nouvelle année. Qu’elle soit porteuse de Quand les industriels améliorent le quotidien grandes ambitions et de beaux projets pour de 382 millions de diabétiques notre profession. Lors de la Journée nationale Quelles innovations à la portée de l’innovation en santé – qui s’est tenue il y a quelques © FOTOLIA Diabète : Quand les industriels améliorent le quotidien de 382 millions de diabétiques Quelles innovations à la portée des patients ? chercher Les innovations d’avenir des patients ? Interview de Gérard Raymond jours et sur laquelle nous reviendrons dans notre prochain Président de l’Association française des diabétiques (AFD) l’équilibre Interview de Bertrand Burgalat Producteur, musicien, compositeur... Les innovations d’avenir numéro – Marisol Touraine a donné des signaux positifs Interview de Gérard Raymond à notre industrie. Parmi ceux-ci, la nomination d’un délégué Président de l’Association française ministériel à l’innovation en santé : le professeur Jean-Yves des diabétiques (AFD) Fagon. L’innovation est, pour l’ensemble des acteurs de santé, Interview de Bertrand Burgalat un élément essentiel de l’amélioration de la prise en Producteur, musicien, compositeur... charge du patient et de la qualité des soins. Je forme le vœu que l’innovation dans le secteur du DM soit mieux 17 reconnue, mieux valorisée et donc plus diffusée ! EN DIRECT DU SNITEM / Événement Retour sur les « RDV avec... » du Snitem Je vous laisse notamment découvrir dans ce numéro 20 ÉCO-SYSTÈME / Politique de santé LFSS 2016 et DM un dossier consacré au diabète – et à ses innovations ! – , un retour sur les derniers « RDV avec… », les lauréats du Vigilance sur la nouvelle régulation « Prix Media du dispositif médical » qui prend une réelle ampleur… 21 ENJEUX / e-santé Création de l’alliance eHealth France Œuvrer pour le développement Bonne lecture ! harmonieux des nouveaux usages en matière de e-santé Stéphane Regnault Président SNITEM INFO HIVER 2015 N° 201 Directeur de la publication : Éric Le Roy - Adresse postale du SNITEM : 92038 Paris La Défense Cedex - Rédacteur en chef : Natalie Allard, SNITEM - Coordination de la rédaction : Christine Mebbani, Pascal Maurel - Rédacteurs : Dominique Bellanger, Laura Chauveau, Louise Dobel, Louise Guyon, Julie Martinetti, Alexandre Terrini - Secrétaire de rédaction : Arnaud Janin - Graphiste : Louisa Akkouche Société éditrice : Décision & Stratégie Santé - 1 rue Augustine-Variot, 92245 Malakoff Cedex, Tél. : 01 73 28 16 10 - Système graphique : Décision Santé - Illustrations couverture : © Fotolia snitem info N° 201 - HIVER 2015 3
E N D I R E C T D U S N I T E M / M étiers FORUM DES MÉTIERS DU DM Des rencontres fructueuses entre étudiants et industriels Le Snitem a organisé, le 5 octobre 2015 à Lyon, la première édition de son forum « Stage, alternance et premier emploi » dédié aux métiers du dispositif médical. L’occasion de mettre en relation les industriels et les étudiants ou jeunes diplômés issus des écoles et universités partenaires du Snitem. «D ans le cadre de ce forum, nous avons cherché à faire converger les attentes des étudiants qui ont des difficultés à se positionner dans le cadre de stages potentiels (lire encadrés). Celles-ci ont parfois été facilitées par la mise en place, en amont du forum, d’une CVthèque accessible aux industriels via le site Internet sécurisé du Snitem et au sein de laquelle les étudiants avaient pu ou de contrats d’alternance et les besoins des entreprises déposer leur CV. Par ce biais, certains rendez-vous avaient du DM qui recrutent des profils spécifiques dans le domaine pu être fixés à l’avance pour un déroulement optimisé des des affaires réglementaires, de la production, de la R&D échanges entre entreprises et candidats préalablement ou encore de la maintenance et qui souhaitent se faire sélectionnés. connaître auprès des étudiants », explique Monique Borel, secrétaire générale du Snitem. Au total, 23 entreprises TREIZE ÉCOLES ET UNIVERSITÉS avaient répondu présentes, tout comme 97 jeunes à la PARTENAIRES recherche d’un stage, 33 à la recherche d’un contrat Les 169 étudiants qui avaient fait le déplacement le d’alternance et 39 d’un premier emploi. L’occasion de 5 octobre étaient tous issus des 13 écoles et universités rencontres fructueuses entre recruteurs et recrutés partenaires du Snitem : l’Institut supérieur d’ingénieurs de LE POINT DE VUE DE… Isabelle Cogniard Directrice juridique et ressources humaines chez Balt. « Notre groupe est en pleine croissance. Nous avons besoin de nous structurer et d’embaucher à la fois des personnes expérimentées et des profils juniors. Ce forum Une bonne plate-forme était donc une bonne plate-forme de recrutement. de recrutement. © DR Nous y avons proposé cinq postes en CDI pour des ingénieurs Qualité, Validation des procédés et Recherche & développement ainsi que deux stages en Qualité et R&D. Nous avons pourvu deux CDI et potentiellement un stage. Nous n’avons pas eu recours à la CVthèque proposée par le Snitem. Nous avons préféré fixer des rendez-vous avec des personnes venant nous rencontrer d’elles-mêmes. Nous avons trouvé ce forum très bien organisé. Il nous a fait gagner du temps, notamment en raccourcissant le processus de recherche et en offrant la possibilité de rencontrer des candidats immédiatement. À l’avenir, nous aimerions qu’il soit organisé à Paris. » 4 snitem info N° 201 - HIVER 2015
E N D I R E C T D U S N I T E M / M ét ie rs OCTOBRE FORUM STAGE, ALTERNANCE & 1ER EMPLOI DÉDIÉ AUX MÉTIERS TÉMOIGNAGE 2015 DU DISPOSITIF MÉDICAL Thomas Rougier Étudiant de l’université Claude- Bernard Lyon 1, à Polytech Lyon et à la faculté de pharmacie de Lyon. Document réalisé par le SNITEM © SNITEM juin 2015. « À quelques mois de mon arrivée sur le marché du travail, je me suis rendu à ce forum avec un © DR réel intérêt, sachant que j’allais VOUS ÊTES ÉTUDIANT DANS UNE ÉCOLE pouvoir rencontrer des entreprises du secteur des DM. Sur OU UNIVERSITÉ PARTENAIRE DU SNITEM Vous êtes intéressé(e) par le secteur des Dispositifs Médicaux ? place, c’était vraiment intéressant, notamment en raison de la Vous recherchez un stage, un contrat d’alternance ou un premier emploi ? présence de grands groupes, ce qui est assez attrayant pour RDV À LA CITÉ DES ENTREPRISES, les jeunes étudiants que nous sommes. Nous savons que À LYON LE LUNDI 5 OCTOBRE 2015, DE 9H À 18H POUR RENCONTRER trouver un stage dans une entreprise du secteur peut être un LES ENTREPRISES DU SECTEUR ! vrai plus sur notre CV. J’étais présent pour chercher un travail Modalités d’inscription et de participation disponibles auprès de : Amandine Demol – amandine.demol@snitem.fr tout en sachant Réservé aux étudiants des Écoles et universités partenaires du SNITEM que je ne pourrais que commencer par un stage. J’ai À la suite du forum, rencontré quatre j’ai été recontacté Franche-Comté (ISIFC), Polytech Lyon et Marseille, l’École entreprises, après par deux entreprises. supérieure d’ingénieurs en génie électrique (ESIGELEC) avoir effectué de Saint-Étienne-du-Rouvray (Seine-Maritime), l’Institut ma sélection en supérieur de biosciences (ISBS) de Paris, l’Université amont mais aussi Claude-Bernard Lyon 1 (dans le cadre du master 2 affaires sur place en fonction de la description fournie par les réglementaires des DM), la faculté de pharmacie de industriels. A la suite du forum, après avoir laissé mon CV, Montpellier (Parcours « DM : de la conception à la j’ai été recontacté par deux entreprises. » commercialisation » du master Ingénierie de la santé) ou encore la faculté des sciences pharmaceutiques et biologiques de Lille (master « DM et biomatériaux conception et évaluation »), pour ne citer qu’eux. « Nous avons décidé d’ouvrir le forum uniquement aux étudiants UN PROJET ITINÉRANT issus de ces filières car nous savons qu’elles correspondent Ce premier forum s’est tenu à Lyon car « il s’agit du aux attentes des grands groupes et des PME du secteur deuxième bassin d’emplois en France et d’un territoire des DM », précise Monique Borel. Le Snitem, qui s’investit doté d’une forte présence de nos partenaires », explique dans la formation initiale et continue, a d’ailleurs parfois Monique Borel. Notre objectif était de voir si cela allait participé à leur mise en œuvre. « Nous sommes sollicités fonctionner. Or, cela a été le cas puisque les recruteurs par les écoles et les universités pour participer à la mise nous ont dit avoir eu en face d’eux des profils d’étudiants en place de modules d’enseignement relatifs aux DM dans intéressants. Nous allons donc renouveler l’expérience des cursus santé. À ce titre, ce sont des collaborateurs du l’année prochaine, en Île-de-France. » Le Snitem prévoit Snitem ou des industriels qui assurent les interventions », d’ailleurs d’étendre le forum à d’autres métiers comme souligne Amandine Demol, chargée des ressources ceux de la vente et du marketing puisque les entreprises humaines et de l’administration générale au secrétariat ont des difficultés à recruter et à pourvoir des postes général du Snitem. dans ces professions. snitem info N° 201 - HIVER 2015 5
E N D I R E C T D U S N I T E M / Événement PRIX MEDIA DU DISPOSITIF MÉDICAL Un excellent cru C’est désormais devenu un rendez-vous incontournable Cérémonie organisée pour les acteurs du DM : le Prix Media du dispositif à la Maison de la Recherche à Paris. médical, organisé depuis 2013 par le Snitem, distingue chaque année les journalistes ainsi que les étudiants de la discipline qui contribuent à faire connaître le secteur des dispositifs médicaux et à mettre en valeur © SNITEM - ERIC THIBAUD son dynamisme en matière d’innovation. Un objectif rempli, une fois encore, par cette édition 2015 qui s’est déroulée le 8 décembre dernier. «U n excellent cru ! » C’est en ces termes que le Pr Laurent Degos(1), président du jury de la troisième édition du Prix Media du dispositif médical, a qualifié valeur dans les médias, particulièrement si on le compare au médicament. Or, le DM apporte beaucoup au patient. Par ailleurs, il y a, dans ce domaine, de grosses firmes internationales mais aussi – et surtout – de très nombreuses les dossiers des candidats. Cette année, en effet, le nombre PME/TPE méconnues et pourtant très actives et innovantes, de participants a fortement augmenté, + 35 % par rapport certaines étant leaders mondiales. Ce Prix permet aussi de à 2014. « Les discussions qui ont animé notre jury, dont les mettre en valeur et de participer à leur développement, je tiens par ailleurs à souligner l’expertise, ont été denses elles qui, pour beaucoup, font avancer la recherche et la car nous avons regardé à la fois les ressources, les données, prise en charge de nombreuses pathologies rares. » l’analyse dont ont fait preuve les candidats mais également la projection, l’impact médiatique et l’éducation que chaque FAIRE AVANCER LA RECHERCHE article pouvait apporter. Au-delà du travail scientifique Et c’est bel et bien ce message que le jury a voulu faire qui a été fourni par les candidats, nous avons énormément passer en distinguant des lauréats qui ont mis en lumière apprécié leur volonté de transmettre l’information et « des innovations en médecine comme autant de pépites d’avoir su le faire excellemment », explique le Pr Degos. cachées ». Un point de vue partagé et souligné dans son Celui-ci a par ailleurs, au nom du jury, tenu à souligner intervention par l’invitée d’honneur de la cérémonie, la tout particulièrement la qualité « extraordinaire » des directrice de recherche au Centre national de la recherche travaux fournis par les élèves des écoles de journalisme. scientifique (CNRS) Cécile Legallais, pour qui les relations entre chercheurs, professionnels de santé et journalistes RÉCOMPENSER L’INNOVATION sont nécessaires, tant pour diffuser les connaissances que Le concours, qui a récompensé pour la première fois pour faire avancer la recherche. Dans une époque où la cette année la télévision, rencontre chaque année un écho santé connaît une révolution sans précédent, il est plus grandissant. Et pour cause : l’essence de cette distinction que jamais nécessaire d’offrir aux avancées technologiques est de mettre en avant la capacité novatrice, particuliè- une tribune privilégiée et d’encourager les journalistes rement forte en France, du secteur du dispositif médical. en ce sens, eux qui en sont à la fois les témoins et les Paradoxalement, ce dernier reste aujourd’hui encore commentateurs avertis. peu médiatisé, comme le déplore le Pr Laurent Degos : (1) Le professeur Laurent Degos est hématologue, professeur de médecine à « Je trouve que le dispositif médical est assez peu mis en l’Université Paris-Diderot et ancien président de la Haute Autorité de santé (HAS). 6 snitem info N° 201 - HIVER 2015
E N D I R E C T D U S N I T E M / É véneme nt LES LAURÉATS Les lauréats de g. à d. : Éric Jolly (Manip Info), Basile Perrin-Reymond (ESJ Lille), Michel Grossiord (Europe 1), Chantal Houzelle (Les Échos), Pr Laurent Degos (Président du Jury), Frédéric Llop (France 3 Rhône-Alpes). CATÉGORIE Interview de la jeune PRESSE RADIO présidente © SNITEM - ERIC THIBAUD Michel Grossiord, de Damae Europe 1 CATÉGORIE Enfin une CATÉGORIE Trois Medical, « J’ai été d’autant ÉCOLE DE prothèse PRESSE ÉCRITE modalités plus agréablement Anaïs Barut qui ne contre le surpris d’être ainsi JOURNALISME PROFESSIONNELLE coûte plus cancer du honoré pour cette interview qu’elle Basile Perrin- Éric Jolly, Manip Info Reymond, ESJ Lille un bras foie s’inscrit dans une série de plusieurs « Cette distinction entretiens, “ les 30 glorieux ”. Cette « J’ai cherché à représente avant chronique, diffusée l’été dernier, écrire un article sur quelque chose tout une reconnaissance de mon vise à mettre en lumière des jeunes de vraiment innovant et c’est grâce métier : il a une connotation de moins de 30 ans au talent à mon père, qui est lui-même kiné, journalistique forte. J’en suis très particulièrement prometteur, dans que je l’ai trouvé ! C’est lui qui m’a heureux et très fier, d’autant plus de multiples domaines (industrie, parlé du projet Bionicohand, porté que mon article porte sur l’imagerie science, etc.). Ils incarnent la relève, par Nicolas Huchet (qui a été amputé médicale, un domaine d’innovation sont pleins d’ambition et portent haut de la main droite en 2002 suite à un qui est en plein essor et qui prend l’innovation. En cela, cette distinction accident du travail) et son association de plus en plus d’importance. Le revient à Anaïs Barut, la jeune My Human Kit. Grâce à la synergie de reportage que j’ai effectué au cofondatrice de Damae Medical (qui différents acteurs et au phénomène CHRU de Montpellier dans une salle a mis au point un dispositif médical d’open source, il permet de mettre de radiologie interventionnelle permettant au dermatologue au sein au point des prothèses de main grâce hybride multimodale m’a de son cabinet d’acquérir des images à des imprimantes 3D dans l’optique permis de rencontrer une équipe d’anomalies de la peau, en profondeur, de permettre une meilleure égalité extraordinaire, solidaire, à la très de manière non invasive, NDLR). Mon dans l’accès aux soins. Obtenir une grande capacité de concentration. but était de montrer que la recherche interview n’a pas été aisé car les C’est pourquoi cette reconnaissance scientifique est un domaine où les filles acteurs du projet étaient alors très me touche d’autant plus. J’en suis ont toute leur place. Je suis heureux de demandés : Twitter, mail, coups de également très heureux pour la cette rencontre qui montre qu’on peut téléphone… J’ai tout essayé et ça a fini revue pour laquelle je travaille avoir 20 ans et être très engagé. Dans par payer ! C’est une belle récompense qui s’adresse aux manipulateurs : le contexte morose voire pessimiste pour un jeune journaliste qui a il nous tient vraiment à cœur actuel, il est important d’exposer dans commencé sa formation en septembre de sortir des sujets de qualité, les médias des jeunes porteurs d’espoir 2015 ! Je trouve important de pouvoir dans des domaines à la pointe de qui montrent que nous sommes à la mêler, dans un papier, questions de l’innovation. C’est tout cela que ce pointe dans certains domaines, dont société et scientifiques. » prix reconnaît. » celui du dispositif médical. » snitem info N° 201 - HIVER 2015 7
E N D I R E C T D U S N I T E M / É vé nement © SNITEM - ERIC THIBAUD Le cœur artificiel © SNITEM - ERIC THIBAUD CATÉGORIE PRESSE ÉCRITE de Carmat en GRAND PUBLIC passe de réussir Chantal Houzelle, Les Échos son incroyable LE JURY « Ce prix me va droit au cœur, car il récompense la plus belle et plus pari Les membres du jury, de gauche à droite : complexe histoire médicale, humaine et Pr Alain Sézeur, Claude Rambaud, Pr Laurent technologique que je raconte avec beaucoup de plaisir aux Degos, Didier Desormeaux, Véronique Richard, lecteurs des Échos depuis déjà sept ans. J’ai conscience d’avoir Dominique Duchateau, Christian Seux. eu la chance d’être la première journaliste à rencontrer, en Absent de la photo : Pr Jacques Marescaux octobre 2008, le professeur Alain Carpentier, l’inventeur du cœur artificiel de Carmat, qui est sans conteste le plus révolutionnaire au monde. Ce prix, je le dois à la confiance PR LAURENT DEGOS qu’il m’a témoignée en m’accordant cette interview exclusive, Professeur de médecine, Université Paris-Diderot, et au soutien de la direction de la rédaction des Échos, en président du jury. particulier Nicolas Barré et David Barroux, qui m’ont suivie depuis le début dans la plus incroyable aventure de l’innovation DIDIER DESORMEAUX française. » Responsable du département Information et éditions multisupport, France Télévisions. DOMINIQUE DUCHATEAU CATÉGORIE PRESSE TÉLÉVISION L’utilisation Rédacteur en chef, retraité, France Télévisions. Frédéric Llop, France 3 Rhônes-Alpes du bioverre PR JACQUES MARESCAUX « Recevoir un prix national comme dans les greffes Président de l’Institut de recherche contre les celui-ci, avec comme concurrents des osseuses cancers de l’appareil digestif (Ircad), directeur spécialistes du secteur, sélectionnés général de l’IHU de Strasbourg. à travers toute la France, quand on officie soi-même sur une chaîne régionale, c’est énorme ! J’ai pour ma part toujours eu CLAUDE RAMBAUD une appétence particulière pour la science en général et la Vice-présidente du Collectif inter-associatif sur la médecine en particulier. Cette distinction, qui récompense le santé (Ciss). reportage que j’ai fait sur l’utilisation du bioverre, un nouveau VÉRONIQUE RICHARD matériau, dans les greffes osseuses, montre que je ne me suis Ancien directeur du Centre d’études littéraires et pas trompé de voie ! J’en suis très heureux d’un point de vue scientifiques appliquées (Celsa), Paris. personnel mais parce que cela met en avant les journalistes des régions, qui n’ont pas forcément les moyens de se spécialiser. CHRISTIAN SEUX C’est comme si l’on avait récompensé un petit poucet. Ce prix Personnalité qualifiée auprès du médiateur de la est donc une fierté pour moi, pour ma chaîne et pour mes filière Santé. confrères. Mais c’est aussi la reconnaissance des équipes en PR ALAIN SÉZEUR région et notamment du cameraman et de la monteuse PU-PH en chirurgie générale & digestive, qui ont travaillé avec moi sur ce sujet. » responsable de formation « Valorisation de la recherche biomédicale » en cancérologie, Hôpital Flashez ce code avec votre des Diaconesses Croix Saint-Simon, Paris. smartphone pour accéder au Prix Media du dispositif médical http://www.snitem.fr/PrixMediaDM 8 snitem info N° 201 - HIVER 2015
dossier le HIVER 2015 N°201 © FOTOLIA Diabète : Quand les industriels améliorent le quotidien de 382 millions de diabétiques Quelles innovations à la portée des patients ? chercher Les innovations d’avenir Interview de Gérard Raymond Président de l’Association française des diabétiques (AFD) l’équilibre Interview de Bertrand Burgalat Producteur, musicien, compositeur...
ledossier Quand les industriels a de 382 millions de diabé Le diabète est un dysfonctionnement métabolique et énergétique très répandu, en constante progression LES DIFFÉRENTS TYP dans le monde. Cela a suscité un investissement considérable Le diabète de type 1 (5,6 % des dia- en recherche et développement de la part des chercheurs et des bétiques) est une maladie auto-immune industriels, ce qui a rendu le secteur extrêmement dynamique dans laquelle le système immunitaire de et innovant, notamment en France. l’organisme détruit certaines cellules du pancréas. Ce dernier ne produit alors plus d’insuline, chargée de la régulation de la S glycémie, générant ainsi des troubles de elon la Fédération interna- des nerfs empêchant la perception des l’assimilation, de l’utilisation et du stockage tionale du diabète (FID), petites blessures ou anomalies (durillon, environ 382 millions de crevasse, mycose...), lesquelles finissent des sucres. Le diabète de type 1 apparaît personnes souffrent de dia- par s’amplifier et s’infecter. le plus souvent chez l’enfant, l’adolescent bète dans le monde. Notre pays en et le jeune adulte. Une personne atteinte compte 3,7 millions. Chaque jour, près QUALITÉ DE VIE DES PATIENTS d’un tel diabète devra recevoir de l’insuline de 400 nouveaux patients sont dia- La recherche et l’innovation industrielle toute sa vie, grâce à des injections par stylo gnostiqués. Incurable, cette maladie visent donc à améliorer le quotidien des ou pompe à insuline. chronique n’est pas à prendre à la légère. patients. Côté industrie du médicament, Le diabète de type 2 est dû à une De plus, faute de traitement approprié, l’objectif est d’améliorer la qualité des mauvaise utilisation de l’insuline par les elle peut provoquer, outre de fréquents produits insuliniques. Côté industrie du cellules de l’organisme (insulinorésistance). cas d’hypo- et d’hyperglycémies, de DM, l’accent est mis sur l’amélioration de Il se manifeste généralement chez l’adulte. graves complications : détérioration l’efficacité, la praticité et l’ergonomie des Il représente 90 % des cas de diabète et progressive de la vision (près de 100 % appareils destinés à évaluer la glycémie de diabétiques de type 1 et 60 % de dia- et à injecter l’insuline dans l’orga- bétiques de type 2 souffrent de troubles nisme des patients (stylos injecteurs fait, les innovations sont légion dans oculaires), neuropathie, néphropathie, ou pompes). « L’innovation est au cœur le secteur de la prise en charge du maladies cardio-vasculaires (2 à 4 fois des préoccupations des entreprises du diabète (lire pages suivantes), y compris plus fréquentes chez les diabétiques que Snitem, souligne ainsi Fabien Magnan, en France, avec le développement dans la population générale) ou encore président du groupe sectoriel pompes d’applications mobiles et du pancréas infections sévères dues à la fatigue, au à insuline du Snitem(1) et directeur artificiel, mais aussi le perfectionnement retard de cicatrisation parfois engendrés de la division Diabète de Medtronic. de DM existants (pompes à insuline et par la maladie, voire aux neuropathies. De Le secteur investit énormément dans stylos injecteurs, autopiqueurs, lecteurs fait, chaque année dans l’Hexagone, près la recherche et le développement, avec de glycémie, etc). de 10 000 amputations sont réalisées un objectif commun : apporter des solu- suite à des complications du diabète. tions thérapeutiques permettant aux (1) Le groupe sectoriel Pompes à insuline du Snitem est constitué des sociétés suivantes : Celles-ci touchent généralement les pieds. patients d’être mieux pris en charge et Lifescan SAS, Medtronic France SAS, Roche Elles sont liées à la baisse de sensibilité de mieux vivre au jour le jour. » Et, de Diabetes Care France, Ypsomed. II snitem info N° 201 - HIVER 2015
méliorent le quotidien t iques LES ENFANTS NE SONT PAS E S DE DIABÈTE ÉPARGNÉS On compte chaque année en France e nviron 2 500 nouveaux cas de diabète parmi les touche, en France, environ 2,5 millions Les autres types de diabète, tels que mineurs de moins de 20 ans, dont au moins de personnes. Ces chiffres augmentent le d iabète gestationnel (que les 350 parmi les moins de 5 ans. Au total, chaque année : la prévalence de la maladie femmes peuvent développer au cours de 135 enfants sur 100 000 sont touchés a bondi de 5,4 % par an entre 2000 et 2011, leur g rossesse et qui disparaît après l’accou- et 95 % d’entre eux (soit environ 20 000 selon l’Institut de veille sanitaire (INVS). chement), concernent les cas restants. enfants) souffrent d’un diabète de type 1. « Un enfant devenu diabétique est une per- sonne en construction ainsi que sa famille, laquelle était pleine d’espoir pour son avenir et sa santé », rappelle le Dr Michel Cahané, président d’honneur de l’association l’Aide aux jeunes diabétiques (AJD). Le diabète de l’enfant comprend quelques particularités, notamment psychologiques (les recomman- dations alimentaires et les contraintes liées © PHOTOS FOTOLIA aux soins pèsent particulièrement chez les jeunes), sociales (les enfants sont encore trop souvent interdits de cantine scolaire alors que les repas pris « ensemble » sont source de socialisation), biologiques (le diabète de l’enfant est souvent instable ; les apports Aujourd’hui, 3, 7 millions de français sont diabétiques. alimentaires fréquents et souvent irréguliers, l’activité physique imprévue tout comme MISE À DISPOSITION par jour (contrôles de la glycémie par les émotions y contribuent). « En revanche, chez l’enfant, l’apprentissage et le change- DES PATIENTS piqûre au bout du doigt). Celles-ci ne ment des comportements quotidiens est plus L’enjeu, évidemment, est de permettre sont ainsi, pour l’heure, accessibles qu’à facile à obtenir que chez l’adulte », poursuit aux patients d’accéder à ces innova- ceux qui peuvent se les financer, ce qui le Dr Cahané. tions dès lors qu’elles sont testées peut créer une forme d’impatience ou et validées par le biais d’études et de frustration chez les patients. « Il faut d’essais cliniques. « Le résultat de nos le temps que les DM aient fait leur preuve travaux est nul si les patients ne peuvent à tout point de vue, détaille le directeur diabète, ont prouvé leur efficacité en bénéficier », note Fabien Magnan. de Medtronic Diabetes. Nous, industriels, clinique et leur rapport coût-efficacité. Par exemple de nouveaux modèles de nous ne nous battons pas pour mettre des Nous appelons donc à ce qu’elles soient pompes ou des solutions permettent gadgets à disposition des patients. En remboursées par l’assurance maladie. dorénavant d’éviter aux patients de revanche, certaines innovations, comme Malheureusement, les procédures sont réaliser 8 à 10 glycémies capillaires les appareils de lecture en continu du parfois longues en France. » snitem info N° 201 - HIVER 2015 III
le dossier Quelles innovations à la portée des patients ? Un certain nombre de technologies sont disponibles depuis une quinzaine d’années, bien que l’accès à certaines, non remboursées par l’assurance maladie à l’heure actuelle, soit encore restreint. Tour d’horizon. LES TECHNOLOGIES ainsi que les bandelettes, avec lesquelles Lecteur de DISPONIBLES fonctionnent les lecteurs de glycémie. glycémie « La précision et l’ergonomie des pompes La pompe à insuline délivre automa- à insuline et des lecteurs de glycémie tiquement de petites doses d’insuline se sont considérablement améliorées (« débit de base ») toutes les trois à depuis leur création dans les années quatre minutes et ce, tout au long de la © PHANIE quatre-vingt », souligne le Dr Jean- journée. Ce débit est fixé par le médecin Pierre Riveline, diabétologue à l’hôpital en fonction des besoins réguliers en atteints d’un diabète Lariboisière à Paris et secrétaire général insuline du patient. Celui-ci doit, par ail- de type 1) portent une de la Société francophone du diabète leurs, s’administrer quelques doses d’in- pompe. (SFD). Ces DM sont aujourd’hui plus suline rapide (« bolus ») au moment des Elle peut être externe mais aussi efficients et miniaturisés, pour un meil- repas pour couvrir les glucides absorbés implantable : placée chirurgica- leur confort du patient au quotidien. à cette occasion. À ce jour, un peu plus lement sous la peau, elle administre Cela vaut aussi pour les autopiqueurs de 40 000 patients (essentiellement l’insuline par voie intrapéritonéale via un cathéter. « Elle constitue une bonne alternative aux pompes externes, lorsque les patients ont du mal à équilibrer leur diabète avec les traitements classiques QU’ATTENDENT LES JEUNES PATIENTS ? comme la pompe à insuline externe », indique le Dr Riveline. Une récente enquête de l’association Aide aux jeunes diabétiques (AJD) Les patients qui n’utilisent pas de liste les attentes des jeunes patients et de leurs proches en matière pompes utilisent des stylos injec- d’innovation : teurs réutilisables ou jetables (ils sont • limiter les gestes invasifs ; 750 000 en France). Ils ont progres- • m ieux voir et comprendre les variations de la glycémie, voire les sivement remplacé les seringues. Ils sont devenus, peu à peu, plus simples anticiper pour éviter les hypo- et hyperglycémies (grâce, notamment, à la mesure du glucose en continu) ; à utiliser, plus faciles à transporter et • améliorer le confort et la qualité de vie, la qualité du sommeil, plus esthétiques. Pour contrôler sa glycémie (parfois le contrôle glycémique la nuit ; • rendre les pompes à insuline toujours plus discrètes, pour éviter d’être jusqu’à six à dix fois par jour), le patient se pique le bout du doigt à l’aide d’un stigmatisé au quotidien. autopiqueur ayant l’aspect d’un stylo et composé d’une ou plusieurs lancettes IV snitem info N° 201 - HIVER 2015
ledossier (aiguilles) à usage unique. Il applique la goutte de sang obtenue sur une bandelette à insérer dans le lecteur. LES INNOVATIONS À ACCÈS LIMITÉ Certaines innovations sont, pour l’heure en France, accessibles à ceux qui peuvent se les financer, ou à ceux qui se les voient délivrer, à titre exceptionnel, par les hôpitaux. Les appareils de mesure continue du glucose permettent aux patients, depuis le début des années 2000, d’avoir en temps réel une vision claire de l’évolu- tion de leur concentration de glucose © PHANIE (ou glycémie) dans leur organisme. une petite révolution car ils n’ont pas En effet, ils mesurent environ toutes besoin d’être calibrés. Ils sont constitués LES INNOVATIONS les 10 secondes, avec un affichage de d’un capteur sous-cutané placé au niveau SOUHAITÉES la moyenne toutes les une à cinq mi- du bras et d’un lecteur chargé de délivrer « Mon souhait, pour l’avenir, est de disposer nutes, la concentration de glucose, non la concentration de glucose, mais aussi d’un pancréas artificiel fiable qui admi- pas dans le sang, mais dans le liquide d’indiquer la variation – à la hausse ou à nistre l’insuline automatiquement afin interstitiel (liquide contenu entre les la baisse – et l’intensité du changement que les patients n’aient plus à s’occuper de cellules et entre les vaisseaux sanguins). de cette concentration. Ils enregistrent leur diabète, qu’ils oublient au quotidien Et ce, 24 heures sur 24. « Ces appareils également les données sur huit heures leur maladie, ce qui leur permettra de permettent aux patients d’être plus auto- afin de visualiser retrospectivement les récupérer une autonomie et une qualité nomes dans la gestion de leur pathologie excursions glycémiques. » Ces appareils de vie, souligne le Dr Riveline. Ainsi, les et de mieux adapter leur traitement sont actuellement en cours d’évaluation. parents d’enfants diabétiques, craignant insulinique aux différents événements Les pompes patch adhèrent directement en permanence la survenue d’un coma de leur vie, tels les repas et le sport. à la peau et infusent l’insuline à travers pourraient retrouver le sommeil. » Deux Même s’ils ne remplacent pas l’auto- la peau via une microaiguille. Elles voies sont envisageables pour que les surveillance glycémique et n’évitent pas contiennent un réservoir d’insuline patients et leurs proches retrouvent les tests glycémiques destinés à calibrer et sont pilotées par un smartphone. cette insouciance : une voie électromé- les appareils, ils améliorent l’équilibre « Cette innovation peut apporter plus canique avec le pancréas artificiel (lire du diabète, explique le Dr Riveline. Très de confort aux patients : elle est moins page suivante) et, à plus long terme, une utiles, ils prennent la forme de capteurs gênante, puisqu’elle ne comporte aucune voie biologique avec les cellules souches placés au niveau de l’abdomen ou du bras tubulure, et elle limite a priori les risques et la thérapie cellulaire. Le principe : et alertent le patient avec une alarme en d’obstruction de cathéter », poursuit le administrer aux patients des cellules cas d’hypo- et hyper-glycémies, parfois Dr Riveline. « intelligentes », c’est-à-dire des cellules très imprévisibles. » Par ailleurs, certaines pompes à insuline, de pancréas productrices d’insuline Petite nouveauté : certains lecteurs dotées d’un capteur de glucose, sont obtenues à partir de cellules souches de glycémie de nouvelle génération d’ores et déjà capables de mesurer en embryonnaires afin de restaurer la permettent d’effectuer une mesure de permanence la glycémie du patient production d’insuline à long terme chez la concentration de glucose d’un simple et de stopper automatiquement les les patients. « Cette voie de recherche, scan, sans piqûre. « Ces appareils ren- injections d’insuline dès lors que la prometteuse, est crédible à long terme », forcent l’auto- surveillance du patient, glycémie est basse. Elles limitent ainsi estime le Dr Riveline, d’ici dix à vingt ans, souligne le Dr Riveline. Ils constituent les hypoglycémies. si tous les obstacles éthiques sont levés. snitem info N° 201 - HIVER 2015 V
ledossier Les innovations d’avenir Plusieurs pistes sont explorées embarqué dans un appa- reil type smartphone. Un par les chercheurs et les algorithme calcule alors industriels pour renforcer la automatiquement la dose d’insuline nécessaire et prise en charge des patients ajuste, en temps réel, diabétiques. le débit de la pompe à insuline. « Aujourd’hui, le système fonctionne, relate LA VOIE DE LA CONNECTIVITÉ le Pr Éric Renard, chef du « Dans le secteur du diabète, les nou- département endocrino- velles technologies seront de plus en logie, diabète et nutrition plus simples et connectées, explique du CHU de Montpellier. Fabien Magnan, Medtronic Diabetes. Les dispositifs de pancréas Et ce, afin de pouvoir gérer de manière artificiels ont été testés à plus fluide les informations enregistrées, l’hôpital. Leur utilisation a telles que l’évolution de la glycémie, et montré une diminution du de pouvoir transférer ces informations nombre d’hypoglycémies au médecin traitant ou au diabétologue. et un meilleur contrôle Elles comporteront des systèmes d’alarme Radiographie d’un glycémique nocturne. de plus en plus performants. En outre, Des modèles miniaturi- © PHANIE pancréas artificiel des applications d’aide à la gestion du sés et ambulatoires sont diabète aideront les patients à calcu- en cours d’expérimenta- ler la dose qu’ils doivent s’injecter. » L’ESSOR DE LA TÉLÉMÉDECINE tion. » L’objectif : réaliser des essais Des « assistants bolus », inclus dans La tendance est également au dévelop- longs – au moins 6 mois – au domicile certaines pompes, existent d’ores et pement de la télémédecine. Au même du patient et dans sa vie quotidienne, déjà. De plus, des applications mobiles, titre qu’en télécardiologie, où les stimu- afin de consolider les résultats obtenus destinées au coaching des patients, lateurs cardiaques ou défibrillateurs jusqu’ici. « Les systèmes que nous déve- pour les motiver et/ou aider à gérer spécialement équipés sont capables de loppons s’améliorent au fur et à mesure, leur équilibre alimentaire et leur transmettre des données cardiaques ajoute le Pr Renard. Nos algorithmes activité physique, sont et seront de aux cardiologues, les pompes à insuline sont désormais capables de conserver plus en plus proposées. Certaines, en ou les capteurs de glycémie enregis- les données glycémiques enregistrées les cours d’évaluation, ajustent même la treront les données glycémiques et semaines précédentes et de les analyser prescription du médecin en fonction les transmettront aux diabétologues pour obtenir un meilleur équilibre du des besoins insuliniques du patient et/ou aux médecins traitants. Outre la diabète la semaine suivante ! » Certaines (calculés en fonction du repas qu’il a télésurveillance, des téléconsultations fonctions doivent être améliorées, ingéré). L’objectif : rendre les patients peuvent être envisagées. comme la prise en compte plus fine de plus autonomes. « Par ailleurs, des lec- l’activité physique. « Ces évolutions sont teurs de glucose seront connectés à un LES PROMESSES DU en cours de développement », précise smartphone, par exemple. Ainsi, en cas PANCRÉAS ARTIFICIEL le Pr Éric Renard. Cette technologie, à de risque d’hypoglycémie chez un enfant, Le dispositif est composé d’un capteur terme, permettrait aux patients sous un SMS sera automatiquement envoyé sous-cutané qui mesure en continu la gly- pompe de subir moins de variations aux parents et à l’infirmière scolaire, cémie du patient. Les informations sont glycémiques et de retrouver une c ertaine par exemple », prédit Fabien Magnan. transmises à un système informatique tranquillité d’esprit face à leur glycémie. VI snitem info N° 201 - HIVER 2015
ledossier GÉRARD RAYMOND Président de l’Association française des diabétiques (AFD). Faire « avec les patients » plutôt que « pour les patients ». © PLANCHENAULT GÉRARD nous permet d’avoir un meilleur suivi de structures, d’accompagnement et de notre diabète, de communiquer avec d’éducation thérapeutique pour être nos professionnels de santé sans avoir à de véritables acteurs de notre santé, Selon Gérard Raymond, l’innovation, nous déplacer et de devenir acteurs de pour améliorer notre qualité de vie avec le soutien et l’accompagnement notre maladie. Nos professionnels de et réaliser notre projet de vie. Enfin, santé sont là pour nous accompagner, une question fondamentale se posera des professionnels de santé, permet nous conseiller et nous former pour d’ici à 2017, année d’élection présiden- aux patients diabétiques d’être nous rendre autonomes, tandis que nous tielle : celle du financement de notre autonomes, experts de leur maladie devenons en quelque sorte « experts » de système de santé. Il faudra sans doute et acteurs de leur propre santé. notre maladie. Notre expertise profane réexaminer ce qui est pris en charge vient compléter l’expertise scientifique et ce qui ne l’est pas, que ce soit pour des médecins. les diabétiques de type 1 ou 2. Snitem Info : Quelles innovations ont, selon vous, été les plus marquantes en S.I. : Quelles sont vos attentes pour S.I. : Et, plus précisément, en termes matière de prise en charge du diabète ? l’avenir ? d’innovation ? Gérard Raymond : Plusieurs innovations G.R. : Bien entendu, les attentes indivi- G.R. : À court terme, pour les diabétiques ont considérablement modifié notre duelles des patients ne correspondent insulino-dépendants, la généralisation quotidien et notre qualité de vie ces pas nécessairement aux attentes collec- du pancréas artificiel, qui couple un trente dernières années : les bande- tives. Néanmoins, ce que nous souhai- système de lecture du glucose en continu lettes, par exemple, nous permettent de tons, en tant qu’association, c’est que ainsi qu’une pompe à insuline, nous mesurer notre glycémie de façon précise les DM soient évalués d’une façon tout offrira une plus grande liberté. Les et rapide grâce à une simple goutte de à fait transparente avec la participation, nouveaux dispositifs auxquels il sera sang prélevée au bout du doigt ; les bien sûr, des patients. Il est en effet associé, type smartphone ou tablette, pompes à insuline externes, apparues important de faire avec nous plutôt nous permettront d’analyser avec préci- pour la première fois dans les années que pour nous, de réfléchir avec nous sion l’équilibre – ou le déséquilibre – de quatre-vingt, évitent les injections par plutôt que pour nous. Cela implique un notre diabète. À plus long terme, on nous seringue ou stylo ; et, depuis quelques véritable changement de positionne- annonce des premiers essais de vaccins années, la mesure du glucose en continu ment pour l’ensemble des acteurs de sur souris. Nous devons continuer à nous permet de connaître notre glycémie la santé : pouvoirs publics, chercheurs, soutenir la recherche, notamment pour à toute heure du jour et de la nuit sans industriels, etc. Cela implique égale- le diabète de type 1, tout comme nous piqûre. Autre révolution : l’essor du ment d’échanger avec les patients. Par devons, pour le diabète de type 2, favo- numérique, qui a totalement modifié ailleurs, il ne faut pas négliger l’accom- riser la prévention. Dans tous les cas, la relation patients/soignants. En effet, pagnement des patients chroniques. nous souhaitons que les innovations en l’enregistrement et l’analyse de données Nous restons avant tout des citoyens matière de produits de santé passent telles que nos données glycémiques, et souhaitons être considérés comme le stade de l’expérimentation et soient ainsi que leur transfert auprès de nos tels. Le « métier de patient », il faut mises à la disposition des patients dès professionnels de santé via Internet, nous l’apprendre. Nous avons besoin que possible. snitem info N° 201 - HIVER 2015 VII
ledossier BERTRAND BURGALAT Producteur, musicien, compositeur et arrangeur français. Le déséquilibre est la préoccupation majeure © SERGE LEBLON des diabétiques. Dans son livre « Diabétiquement des diabétiques. Ce qui n’empêche pas fabricants cessent leurs campagnes vôtre » (1) Bertrand Burgalat, diabétique une certaine lassitude, aussi, devant les radio racoleuses pour leurs lecteurs effets d’annonce le plus souvent sans de glycémie. Destinées principalement depuis l’âge de 11 ans, évoque son suite, et destinés plus aux marchés aux diabétiques de type 2 et aux pré- quotidien avec la maladie, rythmé par et aux investisseurs qu’aux patients. diabétiques, qui n’en ont pourtant pas les tests de glycémie et les injections Et je regrette que le diabète soit, à ma besoin, elles donnent une image très d’insuline, mais aussi facilité grâce connaissance, la seule maladie à propos négative de l’industrie pharmaceutique. à l’innovation technologique. de laquelle la guérison ne soit jamais un objectif à long terme. S.I. : Quelles innovations appelez-vous de vos vœux pour l’avenir ? Snitem Info : Quel bilan faites-vous S.I. : Qu’attendez-vous des fabricants B.B. : Un pas très important vient d’être des différentes innovations mises sur de dispositifs médicaux aujourd’hui ? franchi avec la commercialisation de le marché dans le secteur du diabète ? B.B. : Un gros travail a été réalisé sur patchs et d’un lecteur permettant une Bertrand Burgalat : Devenu diabétique l’ergonomie et la miniaturisation des mesure de glucose dans le liquide insulinodépendant en 1975, j’ai connu, dispositifs. C’est une très bonne chose. interstitiel, indolore, fiable, par simple en quarante ans, la plupart des progrès Il me semble en revanche que les fabri- scan. Cette innovation va en appeler qui ont succédé à la première injection cants ont tendance à ne s’enquérir de d’autres : en mesurant la glycémie nuit d’insuline en 1922. L’apparition des l’avis des patients que dans la phase et jour, elle va permettre de réaliser à seringues jetables, des stylos puis des des tests marketing : « Est-ce que vous quel point les insulines sont encore loin pompes. Le passage de l’insuline de préféreriez un lecteur noir mat ou aux de coïncider avec les besoins réels de porc à des hormones de plus en plus motifs aztèques ? » Et quand c’est plus l’organisme. Nous n’avons pas besoin de sophistiquées. Des tests urinaires, qui en amont, les diabétiques sont recru- gadgets ou d’innovations cosmétiques, pouvaient faire apparaître du sucre tés par l’entremise d’associations de nous avons besoin d’outils qui nous alors qu’on était en hypoglycémie et malades, ce qui ne garantit pas la prise permettent soit d’approcher au plus vice versa, puis des lecteurs de glycémie en compte de la diversité des cas et des près la perfection du pancréas, soit qui ont permis de mieux cerner cette profils. C’est cette méconnaissance qui de refaire fonctionner celui-ci. Il y a dernière. En près d’un siècle, c’est à peut expliquer que les recherches aient beaucoup de perspectives intéres- la fois beaucoup et peu. J’ai essayé, en été si longtemps plus accaparées par santes, comme la transplantation d’îlots préparant mon livre, de mieux com- le mode d’administration de l’insuline pancréatiques. Ce sont les industriels prendre pourquoi les progrès ont été (en spray, en suppositoires...) que par la qui peuvent permettre de passer de la si timides dans le diabète de type 1. gestion du déséquilibre du diabète, qui promesse à la réalité en mutualisant J’en ai finalement conçu une grande est pourtant la préoccupation majeure les recherches et les coûts. gratitude pour les industriels, car ce des diabétiques, la piqûre représentant sont eux qui sont à l’origine de toutes le moindre des inconvénients. Cela me (1) « Diabétiquement vôtre », éditions Calmann- les innovations qui ont changé la vie ferait très plaisir aussi que certains Lévy, octobre 2015. VIII snitem info N° 201 - HIVER 2015
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