L'ABC de la santé connectée - INTRODUCTION À LA E-SANTÉ - France Silver Eco
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L’ABC de la santé connectée Edition 2017 INTRODUCTION À LA E-SANTÉ www.gpm.fr VillaMParis @gpm_fr #ABCsante
La médecine du XXIe siècle est en marche. Le développement de la e-santé avec son lot d’applications mobiles, d’objets connectés et de solutions de télémédecine modifie chaque jour un peu plus l’exercice de tous les professionnels de santé. Il modifie aussi les comportements, les attentes et les exigences de beaucoup de leurs patients. Afin d’éclairer nos adhérents face aux innovations numériques en santé, Groupe Pasteur Mutualité s’est engagé depuis plusieurs années dans une stratégie e-santé ambitieuse : • accompagner les professionnels de santé dans leur appropriation concrète de la e-santé en mettant à leur disposition des outils d’information ou de prévention adaptés ; • favoriser le développement de services e-santé bénéfiques à leurs pratiques professionnelles. La Commission Innovation de Groupe Pasteur Mutualité travaille et se réunit chaque mois en ce sens. Composée de professionnels de santé et d’experts métiers, elle propose, initie et met en œuvre tout au long de l’année des solutions innovantes au plus près des besoins de nos adhérents. A travers ce guide de L’ABC des objets connectés, nous avons souhaité vous donner des repères utiles sur l’environnement de la santé numérique qui vous entoure. Ce panorama vous permettra également de mieux appréhender les enjeux actuels et futurs de la médecine connectée. Très bonne lecture, La Commission Innovation Groupe Pasteur Mutualité 3
Sommaire Les mots clés de la e-santé .................................7 Éclairages ........................................................................33 Panorama des objets connectés ...................45 5
Les mots clés de la e-santé E-santé ..................................................................................8 M-santé .............................................................................10 Objets connectés ........................................................11 Applications santé..................................................... 14 Télémédecine............................................................... 18 Big data .............................................................................20 Acteurs de la e-santé ............................................ 21 Villa M .................................................................................22 Health hackathon ......................................................26 E-formation.....................................................................27 Maison de santé connectée ..............................28 7
01 E-SANTÉ E-santé Selon la définition retenue par Depuis, avec l’explosion des initiatives la Commission européenne, la en e-santé et la multiplication des nou- e-santé est « l’application des velles technologies, le concept d’e-santé technologies de l’information n’a eu de cesse d’évoluer et d’intégrer de et de la communication (TIC) à nouvelles notions qui préfigureront sans l’ensemble des activités en rapport doute la médecine de demain, avec des avec la santé ». enjeux à la fois juridiques, éthiques et technologiques. Le dernier livre blanc du CNOM (Conseil National de l’Ordre des Médecins) Entre « applis » d’autosurveillance grand consacré à la santé connectée 1, resitue la public, de suivi thérapeutique à distance naissance du concept d’e-santé (e-Health des patients chroniques et de dossier en anglais) dès 1999, lors du 7 e congrès médical informatisé, la e-santé est un de télémédecine. champ d’investigation de plus en plus étendu qui jouera un rôle sur les pratiques L’auteur d’une étude australienne, John médicales et sur l’organisation du système Mitchell, y avait pour la première fois défi- de soins, avec un continuum entre la santé ni le terme « e-health » comme « l’usage préventive et curative. combiné d’internet et des nouvelles technologies de l’information à des fins cliniques, éducationnelles et administra- tives, à la fois localement et à distance ». 1. Livre Blanc du Conseil National de l’Ordre des Médecins. Santé connectée, de la E-santé à la santé connectée. Janvier 2015. 8
Le développement des champs multiples de la e-santé : La e-santé apporte de nouveaux outils pour l’accès aux soins, la qualité de la prise en charge et l’autonomie des patients, en particulier lorsqu’ils sont atteints de pathologies chroniques. E-Santé Télésanté Télémédecine m-santé 9
02 M-SANTÉ M-santé La santé mobile ou « mobile health » en anglais est un des composants majeurs de la e-santé. Sa spécificité : l’usage de dispositifs mobiles pour enregistrer et transmettre des données de santé, comme aide au diagnostic ou encore gérer à distance un soin ou une consultation. Selon l’OMS 2 (Organisation Mondiale de Son intégration dans les pratiques médi- la Santé), la m-santé recouvre « les pra- cales reste toutefois conditionnée par la tiques médicales et de santé publique fiabilité des données médicales et par la reposant sur des dispositifs mobiles tels protection des données de santé indivi- que les téléphones portables, tablettes, duelles transmises. systèmes de surveillance des patients, assistants numériques personnels et Pour autant, le changement des pratiques autres appareils sans fil ». Ils permettent est bien en marche ! Selon le baromètre par exemple le rappel de rendez-vous par Vidal CNOM 2016, 65% des médecins uti- sms, la télémédecine mobile, l’envoi de lisent leur smartphone pour prescrire. Une messages de prévention ou de suivi en- utilisation métier en forte augmentation, voyés sur smartphone. puisque cet usage ne concernait que 35% des médecins en 2012 et 2013 3. La santé mobile, à travers les applications, objets connectés ou services, connaît ac- tuellement une créativité et des dévelop- pements sans précédent. 2. M Health. New horizons for health through mobile technologies. OMS.2011. 3. 4ème baromètre sur les médecins utilisateurs de smartphone en France. Observatoire Vidal des « Usages numériques en santé », réalisé en partenariat avec le Conseil National de l’Ordre des Médecins (CNOM) 2016. Échantillon de 1402 médecins utilisateurs de smartphone. 10
03 OBJETS CONNECTÉS Les objets connectés font leur entrée en Objets santé. Qu’ils soient réservés aux profes- sionnels de santé ou accessibles à tous, ils trouvent leur place à chaque étape du connectés parcours de soin, de la prévention au suivi par le patient en passant par le diagnostic au cabinet. Tout comme celui des applis de santé, le marché des objets connec- Balance, montre, bracelet, tés santé/bien-être connaît une crois- lecteur de glycémie, cardio- sance exponentielle : 15 milliards d’objets fréquencemètre, tissu intelligent, connectés recensés actuellement et 80 à pilulier... 100 milliards annoncés d’ici 2020 ! 1 Au service de la créativité des acteurs de la m-santé, les technologies les plus inno- vantes apportent un potentiel de transfor- mation du diagnostic, de la prévention, de l’adhésion du patient dans son suivi thé- rapeutique, sous réserve de fiabilité des données transmises et d’un cadre de bon usage 1. Quel outil pour quel patient ? À quel moment du parcours de soins ? Quelle place en santé ou bien-être ? Pour quels bénéfices ? Ces questions essentielles sont au cœur des réflexions actuelles. La labellisation des objets connectés et leur évaluation scientifique pour un usage en santé font partie des grands enjeux qui permettront aux profession- nels de santé de pleinement les adopter. 1. Livre Blanc du Conseil National de l’Ordre des Médecins. Santé connectée, de la E-santé à la santé connectée. Janvier 2015. 11
Santé connectée Quelques dates clés en France et dans le monde, de la genèse à 2020 ! 1959 2005 Consultation en psychiatrie Lancement mondial via un réseau vidéo de Nabaztag, premier spécialisé (180km) 1 objet connecté à succès1 Création de bePatient.com, nouvelle plateforme Willem Einthoven Création de Doctissimo, web française transmet une électro- site d’information pionnier dédiée aux patients cardiographie via une dans l’information atteints de maladies ligne téléphonique médicale grand public chroniques et aux (1,5km) 1 en France acteurs de santé2 1905 2000 2010 *Alsace, Basse-Normandie, Bourgogne, Centre, Haute-Normandie, Languedoc-Roussillon, Martinique, Pays-de-Loire et Picardie **1) développer la médecine connectée, 2) encourager la co-innovation entre professionnels de santé, citoyens et acteurs économiques 3) simplifier les démarches administratives des patients et outiller la démocratie sanitaire 4) renforcer la sécurité des systèmes d’information en santé 1. D’un système de santé curatif à un modèle préventif grâce aux outils numériques. Renaissance numérique. Septembre 2014. 2. L’usine digitale. Bepatient. Présentation de l’entreprise. www.usine-digitale.fr/annuaire-start-up/ be-patient,226601. 3. Ministère des affaires sociales et de la santé. Présentation du programme hôpital numérique. Communiqué de presse mis à jour 13 juin 2016. www.social-sante.gouv.fr. 4. Ministère des affaires sociales et de la santé. Présentation du programme « ETAPES ». Communiqué de presse publié le 9 mai 2016. www.social-sante.gouv.fr. 12
2011 2016 2020 Lancement du programme Lancement de la stratégie 80 milliards hôpital numérique3 nationale e-santé 20205, d’objets autour de quatre grandes connectés priorités** attendus7 Démarrage du programme expérimental « ETAPES », qui ouvre l’accès à la Une prévision de 3,4 milliards télémédecine dans neuf de personnes dans le monde territoires pilotes* en France munis d’un smartphone, avec l’objectif de plus de dont la moitié utilisant 2,5 millions de patients ciblés4 des applis de santé mobile6 2014 2017 5. Ministère des affaires sociales et de la santé. Stratégie nationale e-santé 2020. 4 juillet 2016. 6. Commission européenne. Livre vert sur la santé connectée. Avril 2014. 7. CNOM. Livre Blanc du Conseil National de l’Ordre des médecins. Santé connectée, de la E-santé à la santé connectée. Janvier 2015. 13
04 APPLICATIONS SANTÉ Applications santé Les applis sont des logiciels spécifiquement conçus pour un usage mobile sur tablette ou smartphone. Téléchargeables à partir de plateformes dédiées comme App Store ou Play Store, elles sont devenues une composante majeure de la santé mobile. Destinée aussi bien au grand public qu’aux professionnels de santé, l’offre des applications mobiles santé/bien-être explose, avec un volume mondial estimé aujourd’hui à 97 000 4 ! Aujourd’hui, 70 % des applis santé sont des- tinées au grand public, sur des théma- tiques très variées du bien être, comme par exemple la maitrise de son équilibre alimentaire 4. Associées à des objets connectés, elles peuvent enregistrer le rythme cardiaque, tension et encourager le patient à atteindre des objectifs précis en matière de forme. Les applis destinées aux profession- nels de santé apportent des informations médicales synthétiques (scores, imageries, données pharmaceutiques...) visant à faci- liter le diagnostic, la prescription et le suivi médical du patient 4. 14
Mais comment choisir ? Peut-on être sûr contenu, la protection des données et la de la fiabilité des informations santé des cybersécurité. versions « pro » et « grand public » ? Qu’en est-il de la sécurité des données En France, des lignes directrices sont collectées ? d’ores et déjà proposées aux fabricants et éditeurs. Une proposition de label En France, les données personnelles col- collaboratif des applications de santé lectées par les applis mobiles sont enca- mobile (mHealth Quality) a été présentée drées par la loi informatique et libertés. La au 1er forum parlementaire de la santé garantie -entre autres- d’un droit d’accès, connectée en mars 20165. Et la HAS (Haute de rectification et d’opposition pour l’usa- Autorité de Santé) a publié le premier ger4. Les données collectées à caractère référentiel de bonnes pratiques sur les médical doivent en outre être stockées par applications et les objets connectés6. un hébergeur agréé (voir aussi «Big Data»). Ce document, fruit d’une réflexion collaborative de nombreux experts dans le Mais face au foisonnement de l’offre, une domaine, vise à guider, promouvoir l’usage réflexion plus approfondie est nécessaire mais aussi à renforcer la confiance dans pour encadrer davantage la fiabilité du l’utilisation de ces nouveaux outils. 1. Livre Blanc du Conseil National de l’Ordre des médecins. Santé connectée, de la E-santé à la santé connectée. Janvier 2015. 4. CNIL. Editeurs d’applications mobiles, quelles sont vos obligations au regard de la loi informatique et libertés ? www.cnil.fr 5. 1er Forum parlementaire de la santé connectée, 29 mars 2016. MHealth Quality. 1er label collaboratif en santé connectée. Conception et développement d’applications mobile. Guide de bonnes pratiques. Dmd Santé. 6. HAS. Référentiel de bonnes pratiques sur les applications et les objets connectés en santé (mobile Health ou mHealth). Octobre 2016. Téléchargeable sur le site http://www.has-sante.fr/portail/ jcms/c_2682685/fr/applis-sante-la-has-etablit-101-regles-de-bonne-pratique 15
LES APPLICATIONS MOBILES SANTÉ1 97 000 Applis de santé mobile actuellement disponibles (volume estimé) EN N°1 Les applis bien-être et forme pour surveiller soi-même sa santé 70% 7/10 Des applications santé sont destinées au grand public (santé bien-être et forme) 1 30% 3/10 Des applications santé sont destinées aux professionnels de santé (consultation, surveillance, imagerie diagnostique, informations pharmaceutiques, … ) 1 LES OBJETS CONNECTÉS2 15 milliards d’objets connectés recensés aujourd’hui 2016 2020 80 à 100 milliards d’ici 2020 LA SANTÉ MOBILE : POUR UNE PRÉVENTION ACCRUE ET UN SYSTÈME DE SANTÉ PLUS EFFICIENT3 40 MILLIARDS DE PAR AN = Economies estimées dans la gestion et la prévention des complications des pathologies chroniques en doublant l’observance grâce aux TIC*.3 AUX USA *Technologies de l’Information et de la Communication 1. Commission européenne. Livre vert sur la santé connectée. Avril 2014. 2. CNOM. Livre Blanc du Conseil National de l’Ordre des médecins. Santé connectée, de la E-santé à la santé connectée. Janvier 2015. 3. Hillestad et al., « Can electronic medical record systems transform health care ? Potential health benefits, savings, and costs », Health Affairs, 1103-1117, sept./oct. 2005. 16
LES CHIFFRES CLÉS DE LA SANTÉ MOBILE LE MARCHÉ DE LA SANTÉ MOBILE, UN MARCHÉ MONDIAL QUI EXPLOSE1 23 MILLIARDS DE À L’HORIZON 2017 DONT MILLIARDS EN 6,9 EUROPE MILLIARDS EN 6,8 ASIE-PACIFIQUE MILLIARDS EN 6,5 AMÉRIQUE DU NORD 17
05 TÉLÉMÉDECINE Télémédecine La télémédecine fait elle aussi partie de la e-santé. Elle correspond à l’ensemble des pratiques médicales réalisées à distance grâce à l’utilisation des télécommunications 7. 5 actes de la télémédecine sont définis • La téléassistance médicale (assistan- et encadrés par la législation 7,8 : ce à distance d’un professionnel de santé par un autre professionnel de • La téléconsultation (consultation à santé au cours d’un acte). distance). • La réponse médicale (apportée dans • La téléexpertise (demande à distance le cadre de la régulation médicale du par un médecin ou une équipe médi- centre 15). cale de l’avis d’un ou de plusieurs experts médicaux). Tout comme une consultation médicale « classique », les actes de télémédecine • La télésurveillance médicale (sur- s’effectuent dans le strict respect des veillance d’un patient à distance suite règles de déontologie, sous le contrôle et à l’enregistrement et la transmission la responsabilité d’un médecin. Le décret des données de santé, de manière n°2010-1229 du 19 octobre 2010 détermine automatisée, réalisés par le patient lui- le cadre réglementaire de la télémédecine, même ou par un professionnel de santé avec les conditions de mise en œuvre et auprès du patient). de prise en charge financière. En 2011, 256 activités de télémédecine étaient recen- sées en France 8, comme le programme de télésurveillance pour le suivi clinique à domicile du patient insuffisant cardiaque ou encore celui pour le suivi des patients diabétiques. 18
Depuis 2014, le lancement du programme On peut citer en exemple le développe- « ETAPES » ouvre de manière expérimen- ment des premières cabines de téléméde- tale l’accès à la télémédecine dans neuf cine connectées, dotées d’un écran et de territoires pilotes* et vise à cibler plus capteurs pour mesurer soi-même sa ten- de 2,5 millions de patients en affection sion ou faire un bilan auditif. longue durée ou résidents de structures médico-sociales 9. Ce programme permettra, à terme, de déterminer le modèle tarifaire adéquat et d’analyser l’impact de la télémédecine sur le système de soins 9. La télémédecine fait également l’ob- jet d’une attention croissante de la part des industriels du secteur des TIC 7, en recherche de solutions innovantes pour faciliter l’accès aux soins et le suivi pour tous. *Alsace, Basse-Normandie, Bourgogne, Centre, Haute-Normandie, Languedoc-Roussillon, Martinique, Pays-de-Loire et Picardie 7. Loi n°2009-879 du 21 juillet 2009 portant sur la réforme de l’hôpital et relative aux patients, à la santé et aux territoires qui donne dans son article 78 une définition de la télémédecine. 8. HAS. Efficience de la télémédecine : état des lieux de la littérature internationale et cadre d’évaluation. Juillet 2013. 9. Ministère des affaires sociales et de la santé. Présentation du programme « ETAPES ». Communiqué de presse publié le 9 mai 2016. http://social-sante.gouv.fr. 19
06 BIG DATA • Dans la recherche pharmaceutique : Big data les gros volumes de données contri- bueront au raccourcissement des périodes d’essai pour tester de nou- veaux médicaments. Le Big Data est un nouveau domaine technologique visant à • Dans l’aide au diagnostic : l’exploitation exploiter en temps réel des bases des Big Data 13 et des données collec- de données géantes. tées pour chaque patient permettront de concevoir des algorithmes décision- Avec l’essor de la santé mobile, le Big Data nels plus puissants. devient un outil essentiel pour exploiter de manière pertinente la masse de don- La cybersécurité est un point clé du déve- nées de santé collectées (par exemple : loppement des Big Data. Les données de constantes biologiques, clichés médicaux, santé sont régies spécifiquement par le description de symptômes). code de la santé publique14. Celui-ci définit le cadre de leur protection juridique : confi- Ces gros volumes de données de santé dentialité, droit d’accès et de rectification ouvrent la voie à des progrès particulière- pour le patient... Les données médicales ment innovants pour la santé de demain 13 : doivent par ailleurs être stockées par un hébergeur agréé HADS (Hégergeur Agréé • En médecine personnalisée 12 : l’exploi- de Données de Santé), pour garantir une tation des vastes banques de données sécurité renforcée de ces données « sen- mondiales permettra d’améliorer des sibles » (authentification forte, traçabilité traitements, de mieux prédire l’évolu- des accès, chiffrement des données, etc)15. tion des maladies et l’impact des fac- teurs environnementaux 10. 10. Commission européenne. Livre vert sur la santé connectée. Avril 2014. 13. Adeline Raynal. E-santé : jusqu’où ira le big data pour nous soigner ? www.frenchweb.fr-23 mars 2015. 14. Code de la santé publique. Article L 110-4. 15. Liste des hébergeurs agréés de données de santé à caractère personnel. Mis à jour le 25 novembre 2016. http://esante.gouv.fr/services/referentiels/securite/hebergeurs-agrees. 20
ACTEURS DE LA E-SANTÉ 07 Acteurs de la e-santé Professionnels de santé, patients, ingénieurs, développeurs, webdesigners, ergonomes, statisticiens… Les acteurs de la e-santé viennent d’horizons très variés avec une approche collaborative pour mettre l’innovation au service des vrais besoins du terrain. Parmi les acteurs privés, les projets d’inno- À travers les incubateurs et les vation en e-santé sont surtout portés par réseaux de startup, les acteurs publics des startups extrêmement dynamiques comme les hôpitaux et les universi- dans le secteur des objets connectés et tés sont aussi des acteurs d’innovation des applis santé bien-être10. Les startups importants pour la santé de demain. françaises sont fédérées au sein de l’asso- ciation France eHealthTech. Parmi de multiples projets, on pourra citer par exemple : les « concept room » Dans ce domaine, l’innovation française (chambre d’hôpital du futur du CHRU de est reconnue mondialement, comme l’at- Lille) ou la 1 ère transplantation rénale par testent les produits français récompensés chirurgie robotique sur donneur vivant au régulièrement dans la catégorie santé au CHU de Toulouse 12. Consumer Electronic Show (CES) de Las Vegas 11. 10. Commission européenne. Livre vert sur la santé connectée. Avril 2014 11. Innovation Awards CES 2015 et 2016 12. 1 er Forum parlementaire de la santé connectée, 29 mars 2016. Intervention de Mounir Mahjoubi. Président du Conseil National du Numérique 21
08 VILLA M Villa M Dès 2019, Villa M constituera, en plein cœur de Paris, un lieu inédit et innovant dédié à la santé de demain. Un futur lieu de référence pour la et d’accompagner les professionnels de e-santé santé face aux mutations en cours dans leur environnement. Vitrine ouverte à la fois sur la ville et sur Villa M a été imaginée pour la commu- la santé de demain, Villa M constituera un nauté du monde de la santé et l’ensemble lieu véritablement multifonctionnel répon- des acteurs engagés dans l’amélioration dant aux besoins des professions de santé. de notre système de soins : praticiens, Elle offrira, aux soignants et aux patients, chercheurs, étudiants et internes, start- un lieu unique, dans le 15e arrondissement ups e-santé, sociétés savantes et organi- de Paris, pour tout savoir en temps réel de sations professionnelles. Elle favorisera le la médecine des « 4 P » : prédictive, pré- brassage, les échanges et l’entraide entre ventive, personnalisée et participative. les différentes spécialités et les différentes générations de professionnels de santé. Villa M placera l’homme au cœur des inno- vations médicales, lui permettra de les Des espaces d’innovation, de travail et découvrir, de les tester et de les piloter, le de soins rendant ainsi acteur de sa propre santé. • Un showroom innovation et un lab Un laboratoire d’innovation et d’idées e-santé permettront à tous les visi- teurs d’en être acteurs à travers une Ce lieu inédit, conçu par Groupe Pasteur approche ouverte, responsable et Mutualité, aura pour vocation d’éclairer maîtrisée. 22
• Une maison de santé connectée, • Des salles de conférence et de réu- ouverte aux patients du quartier, inté- nion seront proposées aux acteurs du grera les dernières technologies monde de la santé pour se réunir, se disponibles. former, débattre et échanger. • Une Galerie art et santé rapprochera Des espaces de repos, de restauration et le monde de la santé avec celui de l’art, de services du design ou des créations numériques. • Des espaces d’hébergement favo- • Des espaces de prévention et de risant la connectivité et l’interactivité fitness encourageront la pratique spor- seront proposés sous forme d’hôtel 4* tive et la recherche du bien-être à tra- ouvert à tous ou d’espaces jeunes. vers des thématiques liées à la nutrition et l’addictologie. • Un restaurant santé-plaisir et des bars allieront authenticité et naturalité. • Un centre de check-up médical, équi- pé des technologies les plus inno- • Un kiosque de services offrira toutes vantes, répondra aux préoccupations les informations utiles pour s’installer de discrétion et de confidentialité des ou encore monter une maison de santé. soignants. • Un centre d’affaires avec des espaces de co-working et de créativité encou- ragera la réflexion et le foisonnement d’idées. 23
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OUVERTURE 2019 28, bd Pasteur 75015 Paris Villa M n’existait pas, alors on l’a inventé ! Villa M est un concept ouvert sur le monde de la santé. Elle a été pensée pour toutes les femmes et tous les hommes qui nous délivrent des soins au quotidien. Villa M sera leur future maison, un espace de vie sur Paris où ils auront plaisir à vivre ensemble. Ce sera aussi et surtout un lieu d’innovation, où chacun apportera, partagera, acquerra et transmettra. Un lieu où la Prévention et le Mutualisme se conjugueront. Le Mutualisme est un concept ancien, sobre et essentiel. Dans les faits, c’est l’expression la plus moderne du partage. Villa M sera son vaisseau amiral. Innovant, beau et durable ! Thierry Lorente Directeur Général Groupe Pasteur Mutualité Directeur de la SAS Villa M VillaMParis 25
09 HEALTH HACKATHON Health Hackathon Issus de la contraction de « hack et marathon », les « hackathons » sont des rencontres de co-construction de programmation informatique. Dédiés à la santé, les « health hackathons » choisissent des problématiques médicales susceptibles d’être résolues avec une approche numérique. Professionnels de santé, patients, développeurs, designers, entrepreneurs se retrouvent sur un ou plusieurs jours pour échanger et prototy- per ensemble des solutions innovantes de e-santé. Aboutir à des solutions fonctionnelles en phase avec le marché, c’est aussi l’objec- tif du challenge e-pocrate. Pendant 3 mois, cet «hackaton en ligne» permet à des étu- diants d’horizons variés (études de méde- cine, de commerce d’ingénieur...) de pitcher sur de nouvelles solutions d’e-santé au service de la relation médecin-patient 16. Groupe Pasteur Mutualité est partenaire de ce health hackathon avec un Prix Villa M sur le parcours ambulatoire. 16. https://www.agorize.com/fr/challenges/epocrate2 Groupe Pasteur Mutualité est partenaire de ce health hackathon avec un Prix Villa M sur le parcours ambulatoire. 26
10 E-FORMATION E-formation Les nouveaux outils numériques de la e-santé ne se limitent pas aux transferts et aux partages de données de santé. Ils révolutionnent aussi les méthodes d’apprentissage pour l’ensemble des usagers : professionnel de santé, patient ou grand public. Déjà bien ancré dans les pratiques, session. On peut s’y inscrire par internet via le e-learning (ou apprentissage par moyen des plateformes de diffusion françaises ou électronique) participe largement à la for- internationales. mation médicale continue et à l’éducation thérapeutique du patient 13. Les serious games en santé sont une autre innovation en plein essor. Véritables jeux Ouvert à tous, le partage des savoirs via vidéos de simulation, ils deviennent des les MOOC (Massive Open Online Course) poids lourds de la e-santé avec un marché permet un accès libre et gratuit à des cours français de 47 millions d’euros17. Formation issus des meilleures universités mondiales. médicale, suivi et rééducation, sensibilisa- De nombreuses sessions traitent de tion grand public, prévention, les serious la médecine ou de sujets apparentés games s’adressent à tous et proposent de (bioinformatique, Big Data santé, médico- se plonger dans des mises en situation économie…). Contrairement au e-learning, réelle à partir de n’importe quel ordinateur. les MOOC rendent possible le partage entre internautes suivant le cours et les enseignants, constituant une véritable communauté collaborative pour chaque 17. Les serious game, le futur de la formation médicale ? Le Mag n°7. http://esante.gouv.fr/le-mag-numero-7/les-serious-games-le-futur-de-la-formation- medicale. Avril 2013 27
11 MAISON DE SANTÉ CONNECTÉE bientôt une réalité. En effet, les maisons de Maison santé apparaissent comme un formidable « laboratoire » pour évaluer les potentiali- tés des TIC (Technologies de l’Information de santé et de la Communication) dans plusieurs perspectives : optimiser la coordination des professionnels de santé dans le par- connectée cours de soins, individualiser le suivi des patients à son maximum, rendre efficient le partage d’informations médicales. Les innovations de la santé D’ores et déjà, l’ASIP Santé* propose aux édi- connectée au service d’une teurs de logiciels d’obtenir le label e-santé structure pluriprofesionnelle ? « logiciel Maisons et Centres de santé » 19. Une maison de santé est définie dans le Dans cette perspective, la Villa M, imagi- code de santé publique (article L6323-3) née par Groupe Pasteur Mutualité pour les comme une personne morale constituée professionnels de santé, constituera un entre professionnels médicaux, auxiliaires lieu de référence dédié à la e-santé. Elle médicaux ou pharmaciens pour un pro- intégrera d’ici 2019 une maison de santé jet de santé et l’exercice de soins de pre- nouvelle génération, et placera la relation mier recours18. Selon l’inventaire dressé patients-soignants au cœur de la santé par la direction générale de l’offre de soins connectée. (DGOS) du ministère de la Santé, près de 800 maisons de santé pluridisciplinaires Un showroom innovation et étaient en fonctionnement en 2016 avec un lab e-santé favoriseront la découverte, une perspective à court terme de plus de les tests et les expérimentations « gran- mille structures actives cette année. Les deur nature » des dernières innovations en maisons de santé au service de la e-santé ? santé. C’est aujourd’hui une réflexion et peut-être 18. Fédération française des maisons et pôle de santé. www.ffmps.fr 19. Agence Française de la Santé Numérique (ASIP). http://esante.gouv.fr/services/labellisation 28
OUVERTURE 2019 UN LIEU INÉDIT DÉDIÉ À LA SANTÉ DE DEMAIN CENTRÉE SUR L’HUMAIN, CONÇU PAR ET POUR LES PROFESSIONNELS DE SANTÉ À travers ce lieu unique et innovant de plus de 6 000 m2, en plein cœur de Paris, Groupe Pasteur Mutualité se donne pour objectif d’éclairer et d’accompagner les professionnels de santé face aux mutations en cours dans leur environnement. Un espace imaginé par et pour les aussi les synergies entre les startups, les professionnels de santé sociétés savantes et tous les acteurs du monde de la santé. Toute la communauté des professionnels de santé pourra, dès 2019, se rendre à la Sa maison de santé connectée sera Villa M pour s’informer, échanger, décou- ouverte aux habitants du quartier. vrir, piloter et tester les dernières innova- tions et avancées en e-santé. Un projet architectural unique Villa M placera les patients et les soignants Philippe Starck a accepté d’assurer la au cœur des innovations en santé. Par l’in- conception et la direction artistique de la terconnexion et la mixité de ses espaces, Villa M. Triptyque est l’agence d’architec- elle favorisera le brassage, les échanges et ture en charge du projet. l’entraide entre les différentes générations de professionnels de santé. Elle favorisera en savoir plus sur VillaMParis 29
LES USAGERS DE LA SANTÉ CONNECTÉE LES FRANÇAIS, « CONNECTÉS » POUR LEUR SANTÉ 52 % Des Français utilisent ou ont déjà utilisé un outil numérique dans le cadre de la prévention des risques pour leur santé1 62% Se disent prêts à utiliser des capteurs personnels ou objets connectés en prévention santé1 38% N’utilisant pas internet comme source d’information santé sont prêts à se connecter sur le site ou le blog de leur médecin2 30
LE MÉDECIN DEVIENT 2.0 les bases de données médicamenteuses3 58% 71% N°1 Des sites professionnels Des médecins téléchargent Utilisent leur smartphone des applications médicales pour établir leur prescription3 consultés par les médecins sur leur smartphone3 sur leur smartphone …ET CONSEILLE DE PLUS EN PLUS D’APPLICATIONS MOBILES À SES PATIENTS18 8% en 2013 => (env. 2X +) 18% en 2015 Top des applis recommandées : Suivi glycémique, nutritionnel et suivi tensionnel. OBJETS CONNECTÉS SANTÉ/BIEN-ÊTRE18 Top des objets recommandés : glucomètre, tensiomètre, podomètre 1. Les Français, la prévention et les outils numériques. Sondage opinion Way pour Microsoft, mai 2014. Echantillon de 1008 Français représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. 2. CNOM. Déontologie médicale sur le web, décembre 2011. 3. 4ème baromètre sur les médecins utilisateurs de smartphone en France. Observatoire Vidal des « Usages numériques en santé », réalisé en partenariat avec le Conseil National de l’Ordre des Médecins (CNOM) 2016. Échantillon de 1402 médecins utilisateurs de smartphone. 31
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ÉCLAIRAGE Éclairage, le point de vue des acteurs de la e-santé Pr Olivier Guérin ..........................................................34 Dr Jacques Lucas.......................................................38 Dr Cécile Monteil ........................................................40 33
POINT DE VUE DU PR OLIVIER GUÉRIN E-santé : quel impact pour la médecine de demain ? Au-delà de la révolution technologique, la e-santé peut-elle être porteuse de changements plus profonds pour notre santé de demain ? Le Pr Olivier Guérin est gériatre, Oui, d’ailleurs la révolution est déjà en Professeur des Universités- marche ! Avec comme acteurs, aussi Praticien Hospitalier et chef du pôle bien les patients que les profession- de gérontologie au CHU de Nice. Il nels de santé. Nous ne sommes plus s’implique dans les innovations de dans une relation de sachant actif - le la e-santé au titre de vice-président médecin - face à un patient passif. de France Silver Eco*. Olivier Guérin Le cadre de la consultation évolue consi- occupe par ailleurs la fonction dérablement. L’information circule en d’adjoint au Maire de la ville, dehors du cabinet et le patient citoyen d’administrateur de Groupe Pasteur devient acteur, prenant plus que jamais Mutualité de Nice et se mobilise sur sa santé en main, cela avant même d’être les problématiques de santé, de malade. Mais pour accompagner ce virage, prévention et d’accompagnement il faut aujourd’hui que les institutions à la perte d’autonomie. évoluent. 34
C’est la prochaine étape pour accompa- gner cette révolution ? Aujourd’hui, nous sommes dans une phase Parmi les éléments très concrets qu’il fau- de déploiement expérimental de solutions dra faire évoluer, il faut citer la tarification à multiples de e-santé. Mais pour les intégrer l’acte, qui n’encourage pas aujourd’hui les pleinement, il nous reste un grand pas à médecins à l’usage des outils numériques franchir qui est au cœur de tous les enjeux et aux consultations de suivi qui prennent nationaux : celui de la qualification de ces du temps. Un nouveau modèle de rému- nouveaux usages, avec une évaluation nération mixte serait donc à réfléchir, pour précise aussi bien d’un point de vue éco- intégrer la e-santé dans nos pratiques. nomique (quelle tarification ?) que médi- cale (quelle utilisation dans le parcours de soins ?). Ce n’est pas simple, car cela requiert finalement une réforme en pro- fondeur de l’ensemble de notre système de santé. Un modèle qui s’est construit sur le curatif et le soin aigu alors que la e-santé soutient la tendance actuelle d’agir davan- tage dans le préventif et dans le suivi au long cours en particulier des maladies chroniques. L’enjeu est énorme car ces pathologies représentent aujourd’hui pas moins de 75 % des dépenses de l’as- surance maladie. *FRANCE *FRANCE SILVER SILVER ÉCOÉCOest une est une association association créée créée en 2009, en 2009, soussous l’impulsion l’impulsion du ministère du ministère de l’Économie, de l’Économie, des Finances des Finances et de l’Emploi et de l’Emploi et du ministère et du ministère de la Santé de la etSanté des Affetaires des sociales. Affaires sociales. Son rôleSonest de rôledévelopper est de la filière développer silver économie la filière et silver de promouvoir économieles et de solutions promouvoir innovantes les solutions en faveur innovantes d’un vieillissement en faveur d’un actif. vieillissement actif. 35
Qu’apporte la e-santé à la gériatrie, votre De nombreuses initiatives existent, qui spécialité ? Et comment sont testées les peuvent aujourd’hui être évaluées et label- nouvelles solutions de santé numériques lisées à l’aide de centres experts d’évalua- dédiées aux seniors ? tion comme le CHU de Nice par exemple. France Silver Eco a permis de structurer la Pour les personnes vieillissantes, la santé filière de la e-santé dédiée aux seniors, en numérique peut apporter beaucoup et créant des plateformes où tous les acteurs nous en voyons déjà les impacts : le suivi sont en lien, du médecin à l’industriel. à distance avec la télémédecine, l’accom- Car n’oublions pas que la e-santé repré- pagnement du patient en perte d’autono- sente à la fois un enjeu de qualité de ser- mie, le suivi des pathologies chroniques... vice mais aussi de développement éco- nomique. Dans la même démarche, des unités de lieux comme les living labs per- mettent de tester et de déployer de nou- velles solutions de e-santé à l’échelle de tout un territoire. À Nice, « le 27 Delvalle » est l’un des living labs les plus structurés en France sur la santé connectée dédiée aux seniors. Professionnels de santé, indus- triels, académiques ou associations d’usa- gers peuvent ainsi apporter leur point de vue pour participer à la santé de demain. 36
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POINT DE VUE DU DR JACQUES LUCAS La e-santé, enjeux éthiques et technologiques Comment veiller à un usage éthique des technologies de santé ? C’est un très vaste sujet aux perspec- tives importantes. Dans le domaine de la Le Dr Jacques Lucas est santé bien-être, où l’usager est une per- cardiologue et vice-président du sonne en bonne santé, c’est finalement Conseil National de l’Ordre des le citoyen lui-même - qui est aussi un Médecins (CNOM). consommateur - qui peut décider d’utiliser ou non ces nouveaux dispositifs de santé Organisme de droit privé chargé connectée. Pour en garantir un usage d’une mission de service public, éthique, les politiques publiques doivent l’Ordre participe activement aux faire preuve de pédagogie pour éveiller réflexions actuelles autour de la les consciences des consommateurs. e-santé. Il a notamment publié en On clique encore trop souvent sur une janvier 2015 un livre blanc sur le appli téléchargée sans lire les conditions sujet : « De la e-santé à la santé générales d’utilisation. Où sont enregis- connectée ». trées mes données de santé ? Comment sont-elles exploitées ? Et à quelles fins ? Ces questions sont autant de réflexes à adopter pour être un consommateur averti et faire des choix éclairés. Sans devenir un 38
technophobe grincheux, il ne faut pas non Ce marché peut révolutionner la santé de plus agir comme un technophile béa ! demain mais ne pourra se développer sans des bases éthiques et technologiques L’éthique, n’est-ce pas aussi pouvoir dis- consolidées. poser d’outils de e-santé qui soient sûrs ? Comment se positionnent les profession- C’est même primordial. L’exigence nels de santé sur ces sujets ? éthique est indissociable de l’exigence sur la fiabilité technologique de ces nou- Les médecins français s’engagent de veaux outils. C’est même la préoccupation plus en plus. Selon une enquête du première des médecins. Pour les objets CNOM menée conjointement avec le connectés les plus médicaux - comme VIDAL, entre 2013 et 2014, près de deux un défibrillateur cardiaque connecté par fois plus de médecins ont recommandé exemple - le statut de dispositif médical un objet connecté ou une appli santé à permet un développement et une certifi- leurs patients*. Dans ce domaine, il faut cation rigoureuse qui assure au médecin savoir identifier à la fois les promesses une sécurité dans sa prescription médi- et les risques, sans s’enferrer dans des cale. Mais à l’autre extrême, les objets peurs parfois irrationnelles. C’est en connectés utilisables en santé bien-être prenant part aux changements et aux et qui sont utiles dans une démarche de réflexions, par un travail de co-construc- prévention primaire doivent aussi garantir tion entre le monde médical, indus- à chaque usager une fiabilité technolo- triel et des usagers, que nous pourrons gique constante. Pour guider les déve- innover de manière pertinente pour la loppeurs dans cette voie, la Haute Autorité santé de demain. Et si les technologies de Santé (HAS) a édité un référentiel de avancent, l’humanisme médical ne pourra bonnes pratiques*. Ce document propose jamais se résumer à un algorithme ! une réflexion très étayée sur les critères On parle d’ailleurs de « prescription » car à prendre en compte dans la conception l’usage de la e-santé doit rester personna- d’un outil (objet ou appli) de e-santé. lisée et adaptée aux besoins de chacun, Pour aller plus loin, on pourrait proposer dans le cadre d’un dialogue constant entre une certification par un organisme tiers, un patient et son médecin. voire d’une accréditation qui labelliserait la qualité des nouveaux outils de e-santé. * Sur la base d’un échantillon de 2000 médecins, 8 % ont recommandé un outil de e-santé en 2013 et 15 % en 2014. **Pour en savoir plus : Référentiel de bonnes pratiques sur les applications et les objets connectés en santé. Octobre 2016. Téléchargeable sur le site : www.has-sante.fr 39
POINT DE VUE DU DR CÉCILE MONTEIL L’évaluation des objets connectés : pourquoi ? Comment ? Si un professionnel de santé souhaite utiliser ou recommander une appli santé ou un objet connecté, comment peut-il évaluer aujourd’hui sa valeur médicale ? Le Dr Cécile Monteil est urgentiste Il existe aujourd’hui des moyens plus pédiatre à l’hôpital Robert Debré ou moins compliqués et plus ou moins et Directrice Médicale chez lourds. iLumens. Elle a également fondé l’association Eppocrate, qui • La première option serait de regarder si éveille la communauté médicale cette appli ou cet objet est homologué aux nouvelles technologies ou non comme un dispositif médi- et s’implique par ailleurs cal et de regarder, dans un deuxième dans la nouvelle technologie temps, à quelle classe de dispositif « blockchain » en tant que médical il se réfère. Les exigences régle- consultante pour la start-up mentaires ne sont pas du tout équiva- Stratumn. lentes entre une classe I (comme par exemple du fil dentaire) et une classe III (comme une prothèse de hanche)*. Pour trouver ces informations, il est possible de consulter des sites qui référencent l’ensemble des disposi- tifs médicaux. 40
• La deuxième approche est d’évaluer si • Enfin, une troisième approche peut l’objet ou l’appli en question a donné être de se référer à des évaluations lieu à un essai clinique, qui montre indépendantes faites par des sociétés, son bénéfice médical par rapport à telles que le label « m-health Quality ». un gold standard de prise en charge. C’est le « must » du point de vue de La Haute Autorité de Santé (HAS) a publié l’évaluation médicale. Cette approche un cahier de recommandations de bonnes d’« evidence based medecine » pratiques pour les fabricants d’objets est indispensable pour les objets connectés et d’applications santé mobile. connectés qui aident au diagnos- J’ai participé au groupe des relecteurs et tic et au traitement. Ces démarches ce référentiel est d’une très grande qualité. étant longues et coûteuses, elles Pour les praticiens, ce type de document ne sont pas toujours indispen- peut les éclairer sur les points de contrôle sables selon l’intention de l’usage. auxquels ils doivent être vigilants. Par exemple, on ne s’attendra pas au même besoin de validation scientifique Quels sont les enjeux de cette évaluation pour un tracker d’activité utilisé dans pour l’essor de la e-santé ? un but de suivi d’une activité physique régulière ou pour un trackeur utilisé Elle est nécessaire pour que les médecins pour quantifier la reprise du mouve- puissent faire confiance ! Beaucoup de ment chez des patients atteints d’une patients comptent sur leur médecin pour maladie musculaire. Dans un cas, c’est une recommandation d’objets connectés. du bien-être, dans l’autre, de la santé. Mais ces derniers ne sont pas suffisamment informés sur les évolutions de la e-santé. * Il existe 4 classes de dispositifs médicaux par ordre de criticité : I, IIa, IIb, III. La criticité est fonction du risque potentiel pour le patient, le personnel soignant ou toute autre personne intervenant lors de l’utilisation du dispositif. 41
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