Dossier d'actualité La politique européenne du médicament
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
Dossier d’actualité La politique européenne du médicament Septembre 2008 Sommaire Introduction 2 I – Les compétences de l’Union européenne en matière de médicament 4 1.1 – Le médicament, un produit comme les autres ? Définitions et spécificités 4 1.2 – La répartition des compétences en matière de médicament 5 II – Les acteurs européens 6 2.1 – Les institutions européennes 6 2.1.1 – Au sein de la Commission européenne 6 2.1.2 – Au Parlement européen 11 2.1.3 – Au Conseil des ministres 12 2.2 – Les groupes d’intérêt 12 2.2.1 – L’industrie pharmaceutique 13 2.2.2 – Les patients et les consommateurs 14 2.2.3 – Les professionnels de santé et les hôpitaux 14 2.2.4 – Les organismes représentatifs de la protection sociale 16 2.2.5 – Les groupes transversaux 17 III – Quelques grands dossiers d’actualité dans le domaine du médicament 18 3.1 – Le paquet médicament 18 3.1.1 – L’information aux patients 18 3.1.2 – La contrefaçon de médicaments 19 3.1.3 – La pharmacovigilance 20 3.2 – Le futur de l’industrie pharmaceutique et les questions de concurrence 21 3.2.1 – Renforcer la compétitivité du secteur pharmaceutique 21 3.2.2 – Renforcer l’innovation dans le secteur pharmaceutique : l’IMI 23 3.3 – Réglementation des pharmacies 23 Conclusion 26 -1-
Introduction Considérée jusqu’à récemment comme la « Pharmacie du monde », l’Europe a connu un recul significatif de son industrie pharmaceutique ; les Etats-Unis étant désormais leaders mondiaux sur ce marché. Les causes de ce recul sont diverses : faible croissance des investissements dans ce secteur, fuite des cerveaux vers les Etats-Unis et vers l’Asie, faiblesse des investissements publics dans la recherche. Les chiffres sont parlants : il y a dix ans, l’Europe inventait 7 médicaments sur 10, alors qu’aujourd’hui, elle n’en invente plus que 3 sur 10. Cette baisse de régime de l’industrie pharmaceutique européenne, a fait naître une volonté d’agir de la part des différents acteurs, et notamment d’un des plus importants, l’Union européenne. Mais l’industrie européenne même en recul, reste une référence sur la scène mondiale, 2e derrière les Etats-Unis, et un des plus gros pourvoyeurs d’emplois qualifiés sur le marché européen. L’industrie pharmaceutique en Europe c’est plus de 645.000 emplois, près de 4000 entreprises pour une contribution de 49 milliards d’euros aux excédents de la balance commerciale de l’Union européenne1. Côté dépenses (dépenses des ménages et des régimes de Sécurité sociale), les pays de l’OCDE consacrent pour les produits pharmaceutiques, en moyenne 1.5% du PIB, soit 550 milliards de dollars. Mais il faut souligner que 60% de la dépense pharmaceutique dans les pays de l' Assurance maladie2. OCDE est financée par l' La politique européenne du médicament est donc un sujet d’importance pour les caisses de sécurité sociale, pour les citoyens et pour les Etats membres. C’est également un domaine de compétence de l’Union européenne qui s’est affermi et étendu au long des années. L’actualité européenne nous fournit l’occasion de le vérifier avec en particulier le « Paquet médicament » prévu pour l’automne 2008, qui comporte une série de mesures transversales touchant entre autres, à l’information du patient et aux contrefaçons. Le développement de la politique européenne du médicament est d’abord le fruit des pressions exercées sur la Commission pour légiférer au niveau européen, suite à l’affaire de la thalidomide dans les années 60. L’échelon européen s’est intéressé au médicament, ce « produit pas comme les autres », lequel se trouve rapidement soumis au principe de la libre circulation des marchandises. Le 26 janvier 1965, une première directive marque le rapprochement des législations nationales en matière pharmaceutique. Ce premier texte fixe les bases de ce que sera la future politique européenne du médicament, et introduit pour la première fois le mécanisme d’autorisation de mise sur le marché (AMM), une des pierres angulaires de l’Europe du médicament. Dés lors, un corpus juridique communautaire va se créer pour encadrer le médicament dans les différentes étapes qu’il traverse avant sa commercialisation. De 1965 à 1985, une mise à niveau scientifique et administrative s’opère progressivement, dans le contrôle des médicaments, les conditions de fabrication, les essais et les premières règles de reconnaissance mutuelle relatives aux autorisations de mise sur le marché sont édictées. Puis plusieurs directives sont adoptées, pour étendre le champ d' application de la législation communautaire aux médicaments immunologiques ou aux médicaments dérivés du sang et du plasma, ou encore pour régler l’usage du médicament avec des sujets tels que la distribution 1 Chiffres de la DG Entreprise : http://ec.europa.eu/enterprise/phabiocom/comp_pip_intro.htm 2 Eurostat, « Produits pharmaceutiques – comparaison des niveaux de prix dans 33 pays d’Europe en 2005 », Statistiques en bref, 45/2007, avril 2007 http://epp.eurostat.ec.europa.eu/cache/ITY_OFFPUB/KS-SF-07- 045/FR/KS-SF-07-045-FR.PDF -2-
en gros, la notice et l' étiquetage, la publicité ou la classification en vue de la délivrance. Enfin les années 1990 consacrent la formation de « l’Europe du médicament », avec, la création en 1993, puis la mise en place en 1995 de l’Agence Européenne pour l’Evaluation des Médicaments (EMEA), ainsi que de deux procédures européennes d’enregistrement des médicaments, destinées à simplifier les procédures administratives des demandeurs d’AMM. Cette dynamique lancée sur une simple délégation de compétence de la part des Etats membres a abouti à une politique « supranationale ». La politique européenne est cependant complexe, puisqu’elle se doit de concilier deux objectifs qui ne sont pas toujours en phase : la libre circulation des médicaments au sein de l’Union européenne et le respect et la protection de la santé publique. On peut se demander s’il existe une politique européenne du médicament capable de concilier les deux aspects inhérents à ce produit particulier. Il faut ajouter qu’un troisième objectif tend également à apparaître, celui de la recherche d’un niveau élevé d’innovation pour une meilleure compétitivité de l’industrie pharmaceutique européenne. Ce dossier consacré à la politique européenne du médicament vise à donner une vue d’ensemble des enjeux et des acteurs impliqués dans la gestion de cette politique. Le panorama proposé présente à grands traits, les compétences de l’Union européenne en matière de médicaments (I), les principaux acteurs européens (II), et les grands dossiers d’actualité de la politique européenne du médicament (III). Marie JOUFFE Représentante permanente REIF -3-
I – Les compétences de l’Union européenne en matière de médicament 1.1 – Le médicament, un produit comme les autres ? Définitions et spécificités Définition : Pour comprendre les particularités de la politique européenne du médicament, il convient d’abord de disposer d’une définition. Celle qui suit est issue de deux directives et de leur transposition récente en droit français3 : « On entend par médicament toute substance ou composition présentée comme possédant des propriétés curatives ou préventives à l’égard des maladies humaines ou animales, ainsi que toute substance ou composition pouvant être utilisée chez l’homme ou chez l’animal ou pouvant leur être administrée, en vue d’établir un diagnostic médical ou de restaurer, corriger ou modifier leurs fonctions physiologiques en exerçant une action pharmacologique, immunologique ou métabolique. » Spécificités : Cette définition vient donner un éclairage sur la spécificité de ces produits : ils participent largement aux avancées thérapeutiques; ils sont l’objet d’un véritable marché, mais ils sont aussi responsables de certaines interactions néfastes et occasionnent des effets indésirables voire des accidents. C’est pourquoi des contraintes règlementaires encadrent leur mise sur le marché. Ce sont des produits, mais ce sont également des biens de santé dont il faut, par des contraintes règlementaires, assurer la qualité, l’efficacité et surtout l’innocuité. La particularité du médicament et de son commerce est liée à des enjeux et des faits qui l’éloignent de la simple marchandise : -l’objectif des Etats membres de maîtriser leurs dépenses de santé ; -la diversité des intérêts en jeu (industries, patients, santé publique, finances publiques, professionnels de santé…) ; -une industrie fondée essentiellement sur la recherche ; -une demande très variée (patients, médecins prescripteurs, organismes de sécurité sociale…) ; -un approvisionnement par le marché privé restreint ; -des marchés nationaux très différents (différences dans la nature même des produits pharmaceutiques, incidence des maladies, niveaux de vie, demandes et consommations du médicament, coûts de distribution, systèmes de santé…) ; -des effets indésirables potentiels ; -des patients qui consomment par nécessité et non par choix. C’est en cela que réside la dualité du médicament, produit de consommation à vocation de santé publique, et donc soumis à des lois de l’offre et de la demande différentes d’un produit de consommation courante, et parallèlement produit industriel, dont les entreprises productrices doivent afficher une rentabilité pour assumer une recherche de haut niveau. Il faut ajouter que son mode de financement spécifique (prise en charge en tout ou partie de la dépense pharmaceutique par la solidarité collective) et l’encadrement étroit de son cycle de vie achèvent de révéler toutes les contradictions et tous les enjeux inhérents à ce produit. 3 Directive 2001/83/CE3 du 6 novembre 2001, modifiée par la Directive 2004/27/CE3 du 31 mars 2004 puis transposition en France par la loi n°2007-248 du 26 février 2007 qui a modifié l’article L. 5111-1 du code de la santé publique. -4-
Autre singularité, c’est une décision administrative qui signe l’acte de naissance du médicament : l' Autorisation de Mise sur le Marché (AMM). La dualité de ce produit entre marché intérieur et santé publique, se répercute également sur la répartition des compétences encadrant le médicament. 1.2 – La répartition des compétences en matière de médicament Répartition des compétences entre Etats membres et Union européenne En matière de politique du médicament, comme en matière de politique de santé en général, les Etats membres conservent une compétence de principe, l’action de l’Union ne fait que compléter les mesures prises au niveau national. Dans le cadre du principe de subsidiarité, les Etats membres sont libres d’assurer le financement, la gestion et l’organisation de leur système de santé, c’est le cas pour la fixation des prix et les modalités de remboursement des médicaments par exemple, même si la législation européenne stipule que les décisions en la matière doivent être transparentes, reposer sur des critères objectifs et être prises dans des délais raisonnables. A charge pour l’Union d’assurer la libre circulation des médicaments et une libre concurrence dans le domaine pharmaceutique. Pour ce faire, l’Union vise à harmoniser les règles d’accès et d’autorisation des médicaments sur le marché, à protéger la propriété industrielle, à assurer le respect des critères que doivent remplir les médicaments pour être commercialisés et le demeurer, et à encadrer la pharmacovigilance, la publicité et les délais de protection des données. Base légale de l’action de l’Union européenne A ses débuts, l’Union européenne n’intervient que de manière indirecte dans le domaine du médicament, en règlementant le marché unique sur la base de l’article 95. Ce dernier consacre et encadre la libre circulation des marchandises, limitée toutefois par le respect de la santé publique et l’existence de droit de propriété industrielle. Cet article 95 va constituer la base juridique de l’Europe du médicament. Aucune disposition du Traité de Rome de 1957 ne prévoyait une action européenne en matière de politique européenne du médicament fondée sur la santé publique. L’Acte unique européen en 1986 a permis d’encadrer le principe de libre circulation par des préoccupations telles que l’environnement, la santé, la protection des consommateurs, mais c’est le Traité de Maastricht de 1992 qui est venu donner un élan important à la protection de la santé au niveau européen. Avec Maastricht, l' Union dispose d' une base juridique nouvelle pour intervenir dans le domaine de la santé publique, c’est l’article 152 du Traité sur les Communautés Européennes. L'Union veille ainsi à assurer un niveau élevé de protection de la santé humaine dans la définition et la mise en œuvre de toutes les politiques et actions de la Communauté et l’objectif de santé publique fait désormais partie de l’une des préoccupations majeures de l’Union. Mais ce n’est qu’en 2004, que l’Europe du médicament rentre effectivement dans le champ de l’article 152, suite à la codification du droit pharmaceutique européen et l’extension des compétences de l’Agence européenne du médicament. L’article 152 devient une seconde base légale encadrant le médicament. Enfin, le traité de Lisbonne prévoit que l’article 152 modifié -5-
devienne la base légale principale, non plus seulement pour les substances thérapeutiques d’origine humaine (sang, tissus, organes), mais aussi pour toute mesure touchant à la qualité et à la sécurité des produits de santé. Là encore, on observe la dualité constante entre garantir la santé publique, la confiance des patients, et des produits sécurisés de grande qualité tout en permettant le développement d’un marché unique du médicament renforçant la compétitivité de l’industrie pharmaceutique et ses capacités de recherche. Cette dualité porte à conséquences dans la répartition des compétences dans les institutions européennes elle-même, puisqu’il existe une diversité d’acteurs intéressés par cette politique, aussi bien au sein des institutions qu’entre les institutions elles-mêmes. Parallèlement, les groupes d’intérêts concernés par cette politique sont nombreux et divers. II – Les acteurs européens 2.1 – Les institutions européennes 2.1.1 – Au sein de la Commission européenne La Commission européenne est réellement l’acteur européen le plus déterminant en matière de politique du médicament. Son rôle s’étend de l’initiative des projets législatifs en la matière à la mise en oeuvre des politiques adoptées. Elle est la représentante de l’intérêt communautaire dans le domaine et plus largement de l’esprit des traités. Sa marge de manœuvre est importante en matière de politique européenne du médicament et son réseau d’experts lui permet d’avoir une connaissance des dossiers plus importante que les autres institutions européennes. Deux Directions Générales se partagent les compétences sur le médicament : la Direction Générale Santé et Protection des Consommateurs (DG Sanco) et la Direction Générale Entreprise et Industrie (DG Entreprise). Par définition, la première a une lecture « santé publique» de la politique du médicament tandis que la seconde suit une logique de compétitivité industrielle. DG SANCO4 La DG Sanco est la direction générale compétente pour le respect et la protection de la santé publique. Comme il a déjà été évoqué, son action et sa légitimité sont fondées sur l’article 152 TCE. Elle est ainsi la gardienne de la de la priorité qu’est la santé publique. C' est la raison pour laquelle la Commission a élaboré une approche mieux coordonnée de la politique européenne en matière de santé: un niveau élevé de protection de la santé humaine doit être assuré dans la définition de toutes les politiques de la Communauté. Son action est transversale, et c’est pourquoi elle bénéficie d’une compétence de principe en matière de politique du médicament, qui est par nature une politique affectant la santé humaine. DG ENTREPRISE5 La DG Entreprise, compétente pour la compétitivité européenne, la libre circulation des marchandises et la bonne santé des entreprises a pour mission sur le plan pharmaceutique, de développer et de maintenir un environnement favorable pour les produits pharmaceutiques dans l’Union européennes afin d’assurer un haut niveau de protection de la santé publique, de 4 http://ec.europa.eu/dgs/health_consumer/index_fr.htm 5 http://ec.europa.eu/enterprise/index_fr.htm -6-
contribuer à l’achèvement du marché intérieur pharmaceutique et de favoriser la création d’un environnement propice à l’innovation. Pour cela elle introduit des mécanismes de régulation afin de maintenir, de mettre à jour et de simplifier la législation pharmaceutique européenne, elle fournit des lignes directrices sur la législation pharmaceutique et assure sa mise en œuvre à l’intérieur de l’Union. Elle instaure aussi des politiques industrielles pour soutenir l’innovation pharmaceutique dans l’Union, pour faciliter l’accès au marché des nouveaux médicaments tout en conciliant les intérêts de santé des citoyens européens. La DG Entreprise est la direction générale de tutelle de l’Agence européenne du médicament. (EMEA). L’agence européenne du médicament (EMEA)6 Créée en 19937 rattachée à la DG Entreprise et non à la DG Sanco, qui n’existait pas à l’époque, l’EMEA est l’autorité compétente concernant le médicament en Europe. L' Agence du médicament est chargée de coordonner les ressources scientifiques de chacun des États membres, en vue de l' évaluation et de la surveillance des médicaments à usage humain et vétérinaire. En se basant sur les avis émis par l' Agence, la Commission européenne autorise la mise sur le marché des médicaments innovants ou ceux issus des biotechnologies, et arbitre les éventuels différends entre les États membres relatifs aux autres médicaments. Les tâches principales de cette agence sont la coordination de l’évaluation scientifique des médicaments (procédure centralisée d’autorisation de mise sur le marché européen), la saisine pour arbitrage scientifique de désaccords en matière de reconnaissance mutuelle des autorisations nationales de mise sur le marché (procédure européenne décentralisée), la coordination des activités liées à la pharmacovigilance à l’échelon européen, et la coordination des activités d’inspection dans le domaine industriel du médicament. Enfin elle publie des rapports d’évaluation des médicaments autorisés (par European Public Assessment Report, EPAR8). Fonctionnelle depuis 1995, l’EMEA siège à Londres, elle n’a pas de pouvoir décisionnel, mais elle donne des avis aux institutions européennes : essentiellement à la Commission Européenne, qui octroie les Autorisations de Mise sur le Marché (AMM) ainsi qu’aux Etats membres notamment en matière de pharmacovigilance. 6 http://www.emea.europa.eu/ 7 L' EMEA a été instituée par le règlement (CEE) n° 2309/93 du Conseil du 22 juillet 1993 (JOCE L214 du 24/08/93), et a son siège à Londres. 8 EPAR : Publiés par l’EMEA sur les médicaments autorisés par la procédure centralisée. Ils sont sensés rendre compte de l’évaluation du dossier soumis à l’EMEA par la firme, et de l’analyse de la CPMP -7-
Le mécanisme d’autorisation de mise sur le marché (AMM) Ce mécanisme mérite d’être évoqué puisqu’il constitue le fondement de l’Europe du médicament et la principale compétence communautaire en la matière. En effet aucun médicament fabriqué industriellement ne peut être commercialisé sur le territoire de l’Union européenne sans avoir au préalable obtenu une telle autorisation. Les laboratoires pharmaceutiques déposent auprès des autorités européennes ou nationales un dossier de demande d' AMM qui sera évalué selon des critères scientifiques de qualité, de sécurité et d'efficacité, en dehors de toute considération économique. Il existe trois différentes AMM, l’AMM nationale, l’AMM européenne par procédure centralisée et l’AMM par reconnaissance mutuelle, cette dernière étant la plus répandue. AMM nationale9 : une agence nationale (en France, l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé ou AFSSAPS) accorde l’autorisation d’accès au marché d’un nouveau médicament après examen du dossier d’évaluation et avis de la Commission nationale d’autorisation de mise sur le marché. Cette procédure n’autorise le médicament qu’à accéder au marché du territoire national. Elle est aujourd’hui marginale mais reste applicable pour certains médicaments, dont la commercialisation se trouve limitée au marché d' un seul État membre. AMM européenne par procédure centralisée10 : Dans le cadre de cette procédure l’autorisation ne peut être accordée que par la Commission européenne, après instruction du dossier par l’Agence européenne du médicament et avis de la Commission d’autorisation de mise sur le marché (CPMP). Une fois accordée cette autorisation est valable sur tout le territoire de l’Union. Cette procédure est optionnelle pour les nouveaux médicaments et obligatoire pour ceux issus de la biotechnologie. AMM européenne par procédure décentralisée ou « reconnaissance mutuelle »11 : Ce type d’autorisation est accordé par l’agence nationale d’un pays membre (appelé « Reference member state »/Pays rapporteur), le rapport d’évaluation peut être soumis à l’ensemble des Agences nationales de tous les pays membres par le biais d’un petit groupe relativement informel (le Mutual Recognition Facilitation Group ou MRFG). Sauf si il existe un « risque pour la santé publique », les autres États membres doivent « en principe » reconnaître l’autorisation initialement émise. Dans quelques cas exceptionnels, l’opposition d’un ou plusieurs États conduit à la consultation de la Commission d’autorisation de mise sur le marché (CPMP), mais de manière générale, cette procédure dite de « reconnaissance mutuelle » aboutit à des autorisations de commercialisation dans toute l’Union. Après vérification des renseignements et documents soumis suivant les modalités des différentes procédures, l'autorisation de mise sur le marché peut être refusée s' il apparaît que: - le demandeur n' a pas démontré de façon adéquate ou suffisante la qualité, la sécurité ou l' efficacité du médicament; - les renseignements fournis ne sont pas corrects. Le produit évalué doit présenter un rapport bénéfice/risque favorable, c’est à dire que le bénéfice apporté par le médicament doit être plus important que les risques qui lui sont liés. 9 Prévue dans la directive 2004/27/CE 10 Définie dans le règlement n°2309/93/CEE modifiée par le règlement n°726/2004/CEE 11 Prévue dans la directive 2001/83/CE modifiée par la directive 2004/27/CE -8-
Autre structure créée par la Commission européenne, plus précisément par ses DG Sanco et Entreprise pour mettre en œuvre la politique du médicament, le Forum Pharmaceutique qui a succédé au « G10 médicament ». « G10 médicament » et Forum Pharmaceutique « G10 médicaments » : Le « G10 médicaments » avait été créé en 2001 à l' initiative des commissaires européens responsables de la DG Entreprise et Sanco, lors de la révision de la réglementation des médicaments. Ce G10 médicaments regroupait, au-delà des deux représentants de la Commission, dix experts recrutés dans l' industrie, les ministères nationaux de la santé, les mutualités et les associations de patients. Son but était d’établir un corpus de recommandations concernant les problèmes que rencontre le secteur des médicaments pour maintenir sa position concurrentielle face aux Etats-Unis. Le G10 a publié un rapport le 7 mai 200212 formulant 14 recommandations. Ce rapport part d' un double constat: 1- le secteur pharmaceutique européen est une source de prospérité et d' emploi de haute qualité et joue un rôle majeur dans le développement de l' innovation. Il peut ainsi contribuer grandement à la réalisation des objectifs fixés à Lisbonne (une économie de la connaissance compétitive, une croissance économique durable et une amélioration quantitative et qualitative de l' emploi); 2- le secteur pharmaceutique est « à la traîne » par rapport aux États-Unis en ce qui concerne sa capacité à générer, à organiser et à maintenir des procédés innovants. De plus, les marchés européens ne sont pas suffisamment concurrentiels et les dépenses en recherche et développement ne progressent pas assez rapidement. Suite à ce rapport le G10 en avait fini de ses travaux et c’est selon ses recommandations que la Commission a mis en place le « Forum pharmaceutique » en 2005 afin de poursuivre les travaux autour de trois grands thèmes: - l' information des patients sur les produits pharmaceutiques, - la fixation des prix, - et la mesure de l'efficacité relative. Le Forum pharmaceutique : C’est un groupe de discussion de haut niveau assisté d' un comité directeur et de trois groupes de travail spécialisés, il traite de l'amélioration de la compétitivité de l'industrie pharmaceutique et de sa contribution à la réalisation des objectifs sociaux et de santé publique. Le Forum se réunit une fois par an jusqu’en 2008 (le forum du 2 octobre 2008 sera donc sa dernière réunion) et a eu lieu pour la première fois le 29 septembre 2006. Il est présidé conjointement par le vice-président Verheugen de la DG Entreprise et par la commissaire Vassiliou de la DG Sanco. Les ministres des États membres sont invités. Outre ceux-ci, le Forum compte trois représentants du Parlement européen en qualité de membres. Les autres membres se composent de hauts représentants de l' industrie et d' autres parties prenantes: - Fédération européenne d'associations et d' industries pharmaceutiques (EFPIA); - Association européenne des médicaments génériques (EGA); - Association européenne des spécialités grand public (AESGP); - Association européenne des bio-industries (EuropaBio); - European Association of Full-Line Wholesalers (Association européenne des grossistes commercialisant des gammes complètes de produits); - Forum européen des patients (EPF); 12 http://ec.europa.eu/enterprise/phabiocom/docs/g10-medicines.pdf -9-
- Comité permanent des médecins européens (CPME); - Groupement pharmaceutique de l' Union européenne (GPUE); - Association internationale de la mutualité (AIM); - Plateforme européenne des institutions de protection sociale (ESIP). Trois groupes de travail spécialisés ont été créés pour seconder le Forum dans ses travaux : - le groupe de travail «Information des patients» qui vise à améliorer la qualité des informations fournies aux patients européens sur les médicaments autorisés et les questions de santé connexes et pour faciliter l' accès à ces informations ; - le groupe de travail «Fixation des prix» qui a pour tâche d’examiner les mécanismes de fixation des prix et de remboursement afin d' aider les états membres à respecter leur engagement en faveur des recommandations du G10 et de l' objectif de santé publique consistant à offrir un accès égal aux médicaments à un coût global abordable ; - le Groupe de travail «Efficacité relative» qui a pour but d’aider les états membres à appliquer des systèmes de mesure de l' efficacité relative afin de contenir les frais pharmaceutiques et de récompenser l' innovation de manière adéquate Le Forum européen de la santé (EU Health Forum)13 Ce Forum est également un des instruments de la Commission européenne visant à la conseiller et à l’informer sur la politique européenne de la santé. Les associations de patients, les professionnels de la santé et les autres acteurs ont ainsi l' occasion de contribuer à l' élaboration de la politique de santé, à sa mise en œuvre et à la détermination des actions prioritaires. Il permet aux acteurs du secteur d’être associés dès le départ à l' élaboration de cette politique sanitaire. En 2001, suite à une consultation publique, le Forum européen de la santé s’est adjoint deux structures complémentaires: un « Forum ouvert » plate-forme d' échange d' informations générales et de discussion avec un large éventail de groupes et d' individus intéressés, et un « Forum sur la politique de la santé » avec un échantillon représentatif d' organisations membres, pour la discussion de domaines politiques-clés. Ce forum spécialisé influence également la politique européenne du médicament puisque y sont traités par exemple les questions de l’information aux patients. Forum sur la politique de la santé (Health Policy Forum): Le forum sur la politique de la santé rassemble des organisations de tutelle européennes représentant les acteurs du secteur de la santé, afin de veiller à ce que la stratégie de l’Union européenne en matière de santé soit transparente et en adéquation avec les préoccupations du grand public. Il doit permettre d' organiser des consultations et des échanges de vues et d'expériences sur un large éventail de sujets et aider à la mise en œuvre et au suivi d' initiatives spécifiques. Ce forum européen compte actuellement 49 organisations membres (dont l’AIM et l’ESIP). Il se réunit régulièrement à Bruxelles pour passer en revue le travail effectué par l' Union européenne dans divers domaines de la santé publique et des recommandations relatives à ces domaines sont adoptées. Le forum réunit à parité les représentants de quatre catégories d' organisations, à savoir: -les organisations non gouvernementales s’occupant de santé publique et les associations de patients; -les organisations représentant les professionnels de la santé et les syndicats; -les prestataires de services de santé et les organismes d' assurance-maladie; 13 http://ec.europa.eu/health/ph_overview/health_forum/open_2008/index_en.htm - 10 -
-l’industrie concernée par le secteur de la santé. Forum ouvert (Open Forum): Elément clé du Forum européen de la santé, il existe sous la forme d’une conférence annuelle et de différents évènements et manifestations. Son objectif est de fournir une plateforme pour mettre en réseau et échanger les idées et les avis des différents groupes d’intérêt du secteur (organisation des professionnels de la santé, ONG de santé publique, association de patients, prestataires et financeurs de services). Le Forum ouvert élargit les travaux du Forum UE sur la politique de la santé à un groupe plus vaste d'acteurs comptant approximativement 350 participants. DG Markt14 et DG Concurrence15 Outre les deux principales directions générales compétentes au sein de la Commission européenne, il faut citer l’intervention dans certains cas, de deux autres directions générales. D’une part, la Direction Générale Marché intérieur et services (DG Markt) pour les questions d’harmonisation des législations nationales sur les brevets et la réglementation des médicaments brevetés relevant de sa compétence en matière de propriété industrielle, ou les questions de contrefaçons de médicaments par exemple. D’autre part, la DG Concurrence qui peut être amenée à intervenir dans la politique européenne du médicament, sur les accords restreignant le commerce parallèle ou sur les accords établissant un système de quotas, («Supply Quota System») définis unilatéralement en fonction des besoins du marché national ou encore sur les mesures créant des systèmes de « double prix » suivant la destination du produit dans l’Union européenne. La DG Concurrence surveille également les blocages et les retards à l’introduction des génériques ou des médicaments innovants sur le marché des produits pharmaceutiques (voir infra « enquête sur le secteur pharmaceutique »). Elle a aussi à connaître des questions de régularité des brevets et des accords de propriété intellectuelle pouvant restreindre l’entrée des médicaments génériques, des aides d’Etat, ainsi que des fusions entre les industries du secteur. Pour ces différentes actions la DG Concurrence coopère avec les autorités nationales de concurrence via le European Compétition Network16. La Commission européenne est donc omniprésente dans la politique du médicament, très en amont du processus décisionnel (avec les différents forums et son contact quotidien avec les groupes d’intérêts du secteur) et au cours de celui-ci puisqu’elle prépare les textes. Elle est présente aux commissions parlementaires compétentes, elle assiste également aux réunions du Comité des Représentants Permanents du Conseil (COREPER) et au Conseil des ministres. Elle est présente tout le long du processus de décision et en contact avec tous les groupes d’intérêts influent du secteur pharmaceutique. Et enfin elle est également l’institution compétente pour la mise en œuvre de cette Europe du médicament, par l’intermédiaire de l’Agence européenne du médicament. 2.1.2 – Au Parlement européen Le Parlement est un autre lieu où s’élabore l’Europe du médicament et est, dès lors, un lieu où se pressent les différents groupes d’intérêts voulant influencer son vote final. 14 http://ec.europa.eu/dgs/internal_market/index_fr.htm 15 http://ec.europa.eu/comm/competition/index_fr.html 16 http://ec.europa.eu/comm/competition/ecn/index_en.html - 11 -
A la différence de la Commission européenne qui a confié le pilotage de la politique du médicament à la DG Entreprise, le Parlement fait piloter ce domaine en premier lieu par la Commission Environnement, santé publique et sécurité alimentaire (ENVI), sachant que d’autres commissions parlementaires sont également compétentes, comme la Commission Industrie, recherche et énergie (ITRE) ou la Commission Marché intérieur et protection des consommateurs (IMCO). La Commission Environnement, santé publique et sécurité alimentaire, est en règle générale la commission parlementaire qui discute des questions afférentes aux médicaments. Cette commission est en effet compétente pour les questions de santé publique, et notamment des produits pharmaceutiques et cosmétiques et pour tout ce qui touche à l’Agence européenne des médicaments. La Commission Industrie, recherche et énergie, compétente pour les questions ayant trait à la politique industrielle de l’Union et à la politique de recherche de l’Union est consultée dans l’élaboration de politique touchant au médicament quand la question a un intérêt pour l’industrie pharmaceutique. La Commission Marché intérieur et protection des consommateurs peut également être amenée à se prononcer sur ces questions sous l’angle de la libre circulation des marchandises, l’harmonisation des normes techniques, ou les mesures visant à identifier et à éliminer les entraves potentielles au fonctionnement du marché intérieur. Le Parlement agit également par le biais des intergroupes. Dans le domaine de la politique du médicament, l’intergroupe « Consommateurs et Santé » a pour vocation de réunir des députés, des experts de l’industrie, et des organisations de consommateurs et de santé publique, afin de discuter de thèmes à l’ordre du jour parlementaire. 2.1.3 – Au Conseil des ministres Le Conseil des ministres est, au même titre que le Parlement, un acteur décisif dans la politique européenne du médicament, puisqu’il a dans ce domaine le dernier mot sur les projets politiques élaborés par la Commission européenne. Parmi ses neuf formations, deux peuvent être considérées comme acteur dans le secteur pharmaceutique. Le conseil « Emploi, Politique sociale, Santé et Consommateurs » (EPSCO), et plus précisément lorsqu’il réunit les ministres de la santé et le conseil « Compétitivité » qui réunit les formations « Marché intérieur » (propriété industrielle et de libre circulation des marchandises), « Industrie » et « Recherche ». 2.2 – Les groupes d’intérêt Dans le domaine du médicament et plus largement de la politique pharmaceutique, les groupes d’intérêt sont en nombre considérable. L’objectif ici ne sera pas de tous les citer, mais de se pencher sur les principaux d’entre eux, les plus actifs, et les plus influents sur la scène européenne. Dans ce domaine on peut recenser cinq grandes catégories d’acteurs, l’industrie pharmaceutique, les associations de patients ou de consommateurs, les professionnels de santé et les hôpitaux, les organismes représentatifs de la protection sociale et d’autres groupes transversaux. - 12 -
2.2.1 – L’industrie pharmaceutique European Federation of Pharmaceutical Industries and Associations (EFPIA)17 La fédération européenne des industries et des associations pharmaceutiques est la voix sur la scène européenne de 2 220 entreprises engagées dans la recherche et le développement de nouveaux médicaments. Son but est de ramener l’industrie pharmaceutique européenne au centre de l’excellence pharmaceutique tout en améliorant la santé des citoyens européens. La mission de l’EFPIA est de promouvoir la recherche et développement dans le secteur pharmaceutique, ainsi que de mettre en place les meilleures conditions en Europe pour les sociétés afin d’apporter aux patients de nouveaux médicaments. L’EFPIA se concentre sur 4 missions : -l’accès : faciliter l’accès des médicaments sur le marché (AMM, modalités de remboursements, contrôle des gouvernements nationaux…) -l’innovation : faire de l’Europe un centre attractif pour les chercheurs, récompenser l’innovation, et protéger la propriété intellectuelle ; -la mobilisation : associer les différents groupe d’intérêts pour relever le défis du vieillissement de la population, sensibiliser le patient sur l’information sur les médicaments par exemple. -la sécurité : renforcer l’intégrité et la transparence des industries pharmaceutiques (commerce parallèle, contrefaçon, et traçabilité des produits pharmaceutiques) En tant que plus grand groupe d’intérêt représentant l’industrie pharmaceutique, EFPIA est membre du Forum Pharmaceutique, et du Health Policy Forum. European Generic medicines Association (EGA)18 EGA, l’association européenne des médicaments génériques fondée en 1993 est l’organe officiel de représentation de l’industrie pharmaceutique du médicament générique. Elle est composée de 40 industries du générique et de 14 associations nationales. Elle revendique le fait de rendre les médicaments de grande qualité, sûrs, et efficace à des millions d’européens tout en stimulant la compétitivité et l’innovation du secteur pharmaceutique. EGA joue un rôle consultatif important dans la politique européenne du médicament, elle est membre du Forum Pharmaceutique et du Health Policy Forum. EGA et ses membres travaillent avec les gouvernements des Etats membres et les institutions européennes pour développer des solutions rentables pour les produits pharmaceutiques et améliorer la compétitivité mondiale de l’Europe sur le marché du médicament. Eucomed19 Eucomed est la voix de l’industrie de la technologie médicale en Europe. Elle représente 4.500 designers, producteurs et fournisseurs de technologies médicales utilisées dans les diagnostics, la prévention, les traitements et l’amélioration de maladies et de handicap. Les membres d’Eucomed sont des associations nationales ou paneuropéenne productrices de tout type de technologies médicales. Eucomed veut améliorer l’accès aux patients et aux cliniciens de technologies médicales modernes, novatrices et fiables. Mais en tant que groupe d’intérêt de niveau européen son but est l’innovation dans le secteur pharmaceutique et le développement d’opportunités pour ses membres d’un marché plus ouvert et compétitif. 17 http://www.efpia.org/ 32 associations nationales d’industries pharmaceutiques et 43 grandes sociétés pharmaceutiques, 18 http://www.egagenerics.com/ 19 http://www.eucomed.org/ - 13 -
A côté de ces groupes d’intérêts qui sont les principaux acteurs de la politique européenne du médicament, il existe d’autres acteurs comme par exemple les éditeurs ou « publishers », les industries pharmaceutiques pour l’auto-médication, les bio-industries, les grossistes… 2.2.2 – Les patients et les consommateurs European Patient Forum (EPF)20 European Patient Forum regroupe les associations de patients paneuropéennes actives dans le domaine de la santé publique. Fondée en 2003 pour devenir la voix collective des patients au niveau de l’Union européenne, EPF représente 37 organisations de patients, des organisations européennes spécialisées dans les maladies chroniques et des coalitions nationales d’organisations de patients. Son but est de promouvoir une vision de haute qualité, focalisée sur le patient, et respectant des soins de santé équitables pour tous les patients partout en Europe. EPF a été créé car les associations de patients n’étaient pas assez représentées lors du G10 médicament et lors de la révision de la législation pharmaceutique et que, dans le même temps, les institutions européennes estimaient nécessaire de pouvoir s’adresser à une organisation de patients représentative sur la scène européenne. En matière de politique du médicament, EPF est devenu un acteur influent puisqu’il est représenté au sein du Forum Pharmaceutique et du Health Policy Forum. Le Bureau Européen des Unions de Consommateurs (BEUC21) Le Bureau européen des unions de consommateurs (BEUC), créé en 1962, est une fédération d’associations de consommateurs des pays membres qui représente les intérêts des consommateurs auprès de l’Union européenne. Présent à Bruxelles dés 1962 et subventionné par l’Union européenne, il est l’un des premiers groupes d’intérêt à s’installer dans la capitale européenne pour tenter d‘influencer le processus décisionnel. Aujourd’hui le BEUC compte 41 organisations nationales de consommateurs issues de plus de 30 pays européens. Il a pour vocation d’agir au nom et pour défendre les intérêts de tous les consommateurs européens. Son champ de compétence couvre toutes les décisions, programmes et développements de l’Union susceptibles de toucher les consommateurs. Il œuvre pour le développement d’un Marché Unique qui fonctionne véritablement dans l’intérêt des consommateurs. Au niveau du Parlement européen, il gère le secrétariat, en collaboration avec l’EPHA (l’Alliance européenne pour la santé publique), de l’intergroupe Consommateurs et Santé. En tant qu’organisation influente en matière de santé, le BEUC est membre du Health Policy Forum. 2.2.3 – Les professionnels de santé et les hôpitaux Le Groupement Pharmaceutique de l’Union Européenne (GPUE)22 Le Groupement Pharmaceutique de l’Union Européenne, ou « Pharmaceutical Group of European Union (PGEU) », est l’association Européenne représentant les pharmaciens d’officine. Ce groupement, créé en 1959, est composé des associations nationales et ordres de pharmaciens d’officine dans plus de 30 pays Européens (Etats membres de l’Union européenne, pays candidats, et les Etats membres de l’Association Européenne de Libre échange). Par l’intermédiaire de ses membres, le GPUE représente plus de 400.000 20 http://www.eu-patient.eu/index.php 21 http://www.beuc.eu/Content/Default.asp 22 http://www.gpue.eu/Accueil/tabid/171/Default.aspx - 14 -
pharmaciens d’officines. C’est un acteur important et actif au niveau de la politique européenne du médicament, puisqu’il fait de la santé publique, des produits pharmaceutiques, et du marché intérieur de la santé ses priorités. L’objectif principal du GPUE est de promouvoir le rôle du pharmacien, acteur clé de la santé publique, comme celui d’un professionnel de la santé à part entière, de s’assurer qu’il soit reconnu comme tel à tous les niveaux et d’aider à préserver la santé du citoyen de l’Union Européenne. En tant que groupe d’intérêt européen, le GPUE entretien des contacts avec toutes les institutions européennes tout au long du processus de décision de la politique européenne du médicament (Commission, Parlement, COREPER…). Il est reconnu comme influent dans ce secteur, puisqu’il est consulté par la Commission européenne avant les prises de décision sur les sujets pharmaceutiques, et est membre du Forum pharmaceutique et du Health Ploicy Forum. Dans le domaine des groupes d’intérêt représentants les pharmaciens, mais moins important que le GPUE ci-dessus, on peut citer le Groupement des Pharmaciens d’Industrie Européennes, le GPIE (10 000 professionnels), l’Association Européenne des Etudiants en Pharmacie, l’EPSA, qui représente 132 000 étudiants en pharmacie, ou encore l’Association Européenne des Pharmaciens d’hôpital, l’EAHP, qui représente 21 000 pharmaciens d’hôpital. Le Comité Permanent des Médecins Européens (CPME)23 Le Comité Permanent des Médecins Européens représente les intérêts de tous les médecins de l’Union européenne, ce qui représente approximativement 2 millions de praticiens. Il représente 30 associations de médecins nationales et est associé à tous les secteurs de la médecine (ordres nationaux, spécialistes, généralistes, internes, étudiants, médecins salariés, médecins indépendants…) Son but est de promouvoir des standards de qualité concernant la formation et les pratiques médicales pour promouvoir des soins de qualité pour tous les citoyens européens. Dans ce but le CPME coopère activement avec les institutions européennes en offrant son expertise en matière de médicaments et de professionnels de santé. Il est membre du Groupe de travail « Professionnels de santé » et « Sécurité des patients » au Conseil, régulièrement consulté par la Commission, actuellement membre du Forum Pharmaceutique et Health Policy Forum, le secrétaire général de la CPME est également membre du bureau de l’Agence européenne du médicament. Le CPME a comme priorité les questions afférentes à la mobilité des professionnels de santé, les relations entre patients et médecins, et toutes les politiques de santé publique. Hospital for Europe (HOPE)24 La Fédération des Hôpitaux européens a été créée en 1966. HOPE représente les hôpitaux publics et privés non lucratifs en Europe, ainsi que les fédérations d’organismes de soins de santé du niveau local, régional ou national. HOPE regroupe 32 organisations provenant de 26 Etats membres et de Suisse. Sa mission est la promotion de la santé pour les citoyens à travers l’Europe, des standards de qualité, d’efficacité, et d’humanité pour les soins hospitaliers. Pour réaliser cette mission HOPE agit à l’échelon européen pour influencer le processus de décision en matière de politique hospitalière. Elle collabore étroitement avec les autres groupes d’intérêts représentants les professionnels de santé, conseille les institutions européennes dans ses domaines de compétence, qui sont la qualité des soins, la santé 23 http://www.cpme.be/ 24 http://www.hope.be/ - 15 -
Vous pouvez aussi lire