Dr Ali KILIC Paris le 23 octobre 2009 - Galileo Galilei , Giordano Bruno,Karl Marx
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Dr Ali KILIC Paris le 23 octobre 2009 Galileo Galilei , Giordano Bruno,Karl Marx Et Le Vatican Dédié à Sevê Evîn Cicek Le Vatican réhabilite Marx, selon The Times mais qui va réhabiliter le Vatican face aux crimes qu’il a commis contre Galileo Galilei , Giordano Bruno et les autres ? c’est la question fondamentale de la philosophie du crime. L’Osservatore Romano, le quotidien officiel du Saint-Siège, affirme que "les premières critiques de Marx au capitalisme avaient mis en évidence l'aliénation sociale vécue par une grande partie de l'humanité qui était exclue - tout comme elle l'est aujourd'hui d'ailleurs - des processus de décision économiques et politiques". L'auteur du Manifeste du Parti communiste, mort en 1883, s'ajoute ainsi à la longue liste des personnages historiques réhabilité après avoir été mises à l'index par l'Eglise catholique, comme Galilée, Darwin et, récemment, Oscar Wilde. Le journal, qui est publié sous l'approbation du Pape, continue en affirmant que l'oeuvre de Marx est encore aujourd'hui d'une grande importance, dans un moment où l'humanité "cherche une nouvelle harmonie" entre ses besoins et l'environnement naturel. Le quotidien observe toutefois que "rien n'a nui davantage aux intérêts du philosophe Marx que le marxisme". Malgré cela le Vatican reste , l’ennemi juré de la Science, des scientifiques qu’il a pendu comme Bruno Giordano, Michel Servet et Luculio Vanini. Le 17 février 2007 dans mon article avec la sociologue Sevê Evîn Cicek nous avons posé les questions suivantes ? -Pourquoi ont ils brûlé Giordano Bruno Michel Servet, Luculio Vanini? Pourquoi ont 1
ils brûlé, Metin et de, Nesimi Cimen et les autres intellectuels de Sevastia Qocgiri ? La question de la philosophie de résistance humaine nous a préoccupé pendant toute notre vie. Face à la résistance humaine contre l’injustice sociale, nous avons de points communs avec Giordano Bruno ; Michel Servet et Lucilino Vanini et nos amis, nos frères sans oublier les amis d’EVIN CICEK qui ont été brûlés à Sevastia par l’Etat turc, les criminels ne sont pas jugés. Au fond c’est l’Etat Turc et ses représentants qui ont commis des crimes contre l’humanité à Sevastia-Qoçgiri. C’est pourquoi nous prendrons ensemble cette tragédie de l’existence humaine de Prometheus jusqu’à nos jours. Il y a 409 ans le 17-02-1600 Giordano Bruno, est brûlé à Rome. Pour nous les écrivains du Kurdistan, Dersim-Qoçgiri, la condamnation à mort de Giordano Bruno, inacceptable et inimaginable ,elle représente un problème humain et philosophique. J’avais déposé les roses rouges devant le buste du grand savant Giordano Bruno à Rome qu’ il était supplicié sur le bûcher installé sur le Campo Dei Fiori .J’ai commencé à pleurer . Je ne pouvais expliquer le sens de l’amertume, du lien profonde entre Giordano Bruno, Michel Servet, Lucilino Vanini et les nôtres, nos martyrs de Qoçgiri de Dersime, et de ceux et de celles sont brûlés à Sévastia avec la bénédiction de l’Etat colonialiste turc qui interdit encore en 2009 Charles Darwin Il bruma sans cesse sur Rome de Caesar, de Brutus, de Memnius, de Cato, de Virgilius, et de Titus Lucretius Carus, je pleurais non seulement pour Giordano Bruno, pour les partisans de Spartacus crucifiés sur la via Appia, pour Lucilio Vanini, pour Michel Vernet mais aussi pour ceux ou celles qui ont été brûlés á Sevastia Qocgiri dans l’Hôtel de Madimak, le 2 juillet 1993 mon ami le grand philosophe, peintre Metin Altiok et parmi amis chanteurs populaires, Nesimi Çîmen, continuateur de la voie Ehl i Heq , Doctrine Raa Gewre, de Hallac î Mansur et Şems î Tebrizî. C’est pourquoi dans un premier temps je veux parler de mes amis, du philosophe poète Metin Altiok et de, et du chanteur populaire Nesimî Cimen , combien de fois je l’ai invité chez à Constantinople,à Kadirga, et puis de Michet Servet et de Bruno Giordano, enfin Lucilio Vanini. Dans les rues de Rome, que je connais son histoire par coeurs, j’ai traversé le Tiber en face de lieu de détention de Giordano Bruno.J’ai pensé à lui, j’ai pensé à la musique de Nesimi et la danse du fleuve Tiber à travers de Rome avec toutes mystères cachées du grandeur de Rome où Giordano Bruno est brûlé au marché des fleurs je pense à Bruno et à Taranta Babu. « L’arbre qui donne des grenades une fois par an/peut en donner mille 2
fois plus. Si grand, si beau est notre monde /et si vaste, si vaste, le bord des mers » Pourquoi ont ils brûlé Giordano Bruno? Filippo Bruno naît en janvier 1548 à Nola, bourgade proche de Naples, d'un couple de gentilshommes sans titre. La famille dispose de revenus modestes, c'est donc l'école la plus proche qui lui donne une instruction. Imprégné d'humanisme, d'auteurs classiques, d'étude de la langue et de la grammaire latine, il restera toutefois marqué par le pédantisme qui accompagne l'enseignement, et le rebute. Il part rejoindre l'université publique, à Naples, ou il découvrira la mnémotechnique, l'art de la mémoire, qui constituera rapidement l'une de ses disciplines d'excellence. Il prend aussi des cours particuliers, qui le mettent au cour des débats philosophiques entre platoniciens et aristotéliciens. Sa culture, alors essentiellement humaniste, va s'enrichir d'un apport théologique déterminant. En effet, il entre le 15 juin 1565 chez les Frères prêcheurs de San Domenico Maggiare, prestigieux couvent dominicain, d'une part pour la qualité des titres qu'il attribue, titres incontestés et réputés dans toute l'Italie, d'autre part parce qu'il est un précieux refuge en ces temps de disette et d'épidémie. Il y rencontre Giordano Crispo, maître en métaphysique, auquel il rend hommage en en adoptant le prénom. Il est alors un dominicain modèle, vivant selon la devise verba et exempla (par le verbe et par l'exemple) et ordonné prêtre en 1573. Il devient Lecteur en Théologie en juillet 1575. S'il semble continuer sa carrière de dominicain modèle (il soutient une thèse sur la pensée de Thomas d'Aquin et de Pierre Lombard), Bruno dissimule en fait une rébellion contre le carcan théologique. Au fil des années, il a su se forger une culture éclectique et peu orthodoxe, sans cesse alimentée par un appétit vorace de lecture et des capacités exceptionnelles de mémorisation. Il est tout particulièrement adepte des oeuvres d'Érasme, humaniste hérétique. Pire, il a le goût de l'hermétisme, la magie. Enfin grandit une passion prémonitoire pour la cosmologie détachée de l'approche théologique. La rupture qui couvait finit par être consommée. Dès sa première année de noviciat, il avait ôté des images saintes de sa chambre, notamment celles représentant Marie, s'attirant l'accusation de profanation du culte de Marie. Au fil des années, les heurts deviennent plus durs, tout particulièrement au sujet de la Trinité, dogme qu'il repousse. Finalement, en février 1576, il doit abandonner 3
le froc dominicain et fuir, une instruction ayant été ouverte à son encontre qui doit le déclarer hérétique. »1 Mais quel était l’acte du procès contre Giordano Bruno ? En raison de mes recherches sur le procès de Galileo Galilei, Bruno Giordano, Michel Servet ; Luculio Vanini, le 9 décembre 2003, j’ai consulté l’Archives Secrètes du Vatican. Mais le secrétaire des Archives Secrètes m’a expliqué que le Procès de Galileo Galilei est classifié. Il m’a proposé d’acheter une publication du Vatican au lieu d’entrer aux Archives Secrètes et j’ai achété le livre intitulé « I Documenti Del Processo di Galileo Galilei »2 J’ai refusé et je suis entré dans l’Archives Secrètes du Vatican ce que je constate tout d’abord, dans le dossier papier, 320x240 mm, 429 ff. (numérotation originale, en partie fausse et incompréhensible sur de nombreux folios blancs), reliure en parchemin; au dos : VARIA. Censurae. ASV, Misc., Arm. X, 205, ff. 230v-231r Dans un des volumes du fond «Miscellanea Armadi» (Arm. X, 205), peut-être composé du recueil de divers écrits du célèbre canoniste Francisco Peña, Auditeur puis Président de la Rote (mort en 1612), on trouve un texte précieux, longtemps tenu secret et finalement retrouvé dans la fond Pie IX après 15 années d’infructueuses recherches par le Préfet des Archives Vaticanes Angelo Mercati, le 15 novembre 1940: le résumé du procès contre Giordano Bruno. On doit aussi à Mercati l’édition du résumé avec une ample et solide introduction en 1942. Le ou les volumes du procès romain contre Giordano Bruno (1548-1600) étant définitivement perdus, un temps conservés aux archives du Saint Office, le présent texte, qui découle de ces originaux (les pages perdues du procès sont régulièrement citées dans les marges du résumé), devient un témoignage plus précieux encore pour la connaissance des longues tribulations de l’affaire inquisitoriale à laquelle le célèbre frère dominicain fut subordonné. Dans le résumé confluent, probablement à l’usage de l’Assesseur du Saint Office de l’époque, des extraits des oeuvres de Bruno, ses interrogatoires, quelques actes du procès vénitien qu’affronta le célèbre prédicateur en 1592, et d’autres écrits toujours recopiés sur le procès original. L’entreprise de Giordano Bruno s’acheva avec le procès romain (1593-1600) et avec la sentence reconnaissant l’hérésie, qui, devant son extrême et résolue défense, fut commuée en peine capitale, exécutée au Campo dei Fiori le 17 février 1600. Dans un des derniers constats qui précédèrent la sentence (peut- 1 Dr Ali KILIC 2 Citta Del Vaticano, Archivivio Vaticano ; Collectea Archivi Vaticani N-21 1984 4
être en avril 1559), le dominicain fut interrogé par les juges du Saint Office sur sa conception cosmologique, qu’il avait exposée dans La cena delle ceneri, et dans De l’infinito universo et mondi. Il soutint encore ses théories et les défendit scientifiquement comme fondées et nullement contraires aux divines Ecritures (partie gauche, à partir de la première ligne : Circa motum terrae, f. 287, sic dicit: Prima generalmente dico ch’il moo et la cosa del moto della terra e della immobilità del firmamento o cielo sono da me prodotte con le sue raggioni et autorità le quali sono certe, e non pregiudicano all’autorità della divina scrittura [...]. Quanto al sole dico che niente manco nasce e tramonta, né lo vedemo nascere e tramontare, perché la terra se gira circa il proprio centro, che s’intenda nascere e tramontare [... ]). Dans ces pièces, où Giordano Bruno fut interrogé, pour les mêmes questions cruciales du rapport entre la science et la foi, à l’aube de la naissance de l’astronomie et au crépuscule de la décadente philosophie aristotélicienne, seize années plus tard sera convoqué par le cardinal Bellarmino, qui là contestait à Bruno ses thèses hérétiques, Galileo Galilei, sujet lui aussi à un procès inquisitorial qui, par chance, ne se conclura que par une seule abjure. Documents d’Archives de Sevê Evîn Cicek Puis dans le dossier de l’Archives Secrètes du Vatican de carton vert, avec un dos en parchemin. ASV, Misc., Arm. X, 204, ff. 84r, 207r j’ai constaté qu’avant moi « Malgré les longues et vastes recherches effectuées par plus d’un chercheur pour «découvrir», ou plutôt retrouver les actes du procès d’inquisition de Galilée, nous ne possédons pour le moment de ces écrits originels qu’un malheureux reste, extrait des volumineux «dossiers» inquisitoriaux de Galilée, 5
de l’époque du procès (1633) ou juste après. Cet «extrait» est resté pendant des siècles dans les archives de la Congrégation de l’Index (qui reçut ces papiers du Saint-Office), il émigra ensuite à Paris pendant le triste séquestre des archives vaticanes déposé en 1810 par Napoléon, passa dans les mains du duc de Blacas et fu enfin envoyé par la veuve de ce dernier aux Archives Secrètes Vaticanes en 1843. Le dossier, désigné longtemps par erreur comme le «procès de Galileo Galilei», est en réalité un ensemble d’écritures réunies par la Congrégation de l’Index après la condamnation de Galilée dans le but de réaliser, sur la base des Documents d’Archives de Sevê Evîn Cicek dépositions et des confessions du procès, la prohibition de ses livres et de l’enseignement de sa doctrine (on trouve à l’intérieur de nombreuses lettres 6
d’évêques ou de représentants pontificaux qui attestent de la présence des ces interdictions) Aucune de ces écritures n’est extraite des dossiers perdus (il semble que l’on doive plutôt parler de volumes) du procès de Galilée, dont on ne conserve aujourd’hui que le foliotage (un de ces volumes avaient au moins 560 folios, soit 1120 pages) Dans le document (a), on peut observer une des minutes ou d’un interrogatoire original de Galileo Galilei devant l’Inquisition (ff. 78r-87r). Il s’agit plus particulièrement de la partie finale de la déposition de Galilée prise le 12 avril 1633, signée par lui selon la règle (ligne 8: Io Galileo Galilei ho deposto come di sopra), et du début du constat suivant (ligne 9: Die sabbathi 30 aprilis 1633. Constitutus personaliter Romae in aula congregationum, coram et assistente quibus supra, in meique Galileus de Galileis de quo supra [...]). Documents d’Archives de Sevê Evîn Cicek 7
Après la condamnation des thèses scientifiques soutenues par Galilée, on fit abjurer le Pisan, comme on le sait, dans la Chiesa della Minerva le 22 juin 1633. Les mois suivants, Galilée obtint d’Urbain VIII de purger sa peine de prison dans sa villa d’Arcetri (1er décembre 1633). De là, le 17 décembre 1633, il envoya une lettre autographe à son «protecteur», le cardinal Francesco Barberini, grâce à qui il avait obtenu cette faveur (b). (a) Dossier papier, 435x293 mm, 515 ff., relié d’un parchemin; au dos, entre les nervures, éléments des armes d’Innocent XII et en haut : Pauli III brevium minutae anni MDXXXV mens. jul. aug. sept. ASV, Arm. XL, 52, f. 31r Documents d’Archives de Sevê Evîn Cicek 8
Comme le document ci-dessus a mis en évidence Père Nicolo Lorini a transmis, les manuscrits de Galilée , nous voulons présenter l’interprétation officielle du Vatican concernant « I Documenti del Processo di Galileo Galilei » La publication des actes du procès intenté au XVIIe siècle contre Galilée présente un intérêt particulier pour les spécialistes, les chercheurs et tout le public passionné d’histoire. Nous proposons une nouvelle édition des documents judiciaires actuellement existants, édition réalisée avec rigueur philologique et d’après les originaux. La recherche s’est également étendue à plusieurs archives susceptibles de conserver des documents concernant le procès. Les éditeurs des textes présentés dans cet ouvrage ont réexaminé les matériaux disponibles, édits et inédits, et collationné les anciennes éditions, notamment celle d’Antonio Favaro, publiée au début de notre siècle. La recherche, orientée en différentes directions, surtout dans les archives de l’ancienne Inquisition Romaine, a permis de retrouver quelques inédits concernant le procès mais aussi toute la < question Galilée ». Le volume se compose d’une introduction qui explique l’origine et la formation du dossier conservé en grande partie à l’Archivio Segreto Vaticano. On raconte ensuite l’histoire tourmentée des documents à l’époque du déplacement forcé à Paris des archives de la Cour Pontifical sous Napoléon Ter. Un répertoire des éditions des papiers du procès publiées du XlXe siècle jusqu’à nos jours complète le travail. La composition, les vicissitudes et la dispersion des archives de l’Inquisition Romaine sont illustrées à l’aide des témoignages inédits, dans le but d’illustrer un sujet très étudié par les historiens contemporains et qui garde une importance bien plus grande que celle qui lui avait été accordée auparavant par l’autorité ecclésiastique, les historiens catholiques et l’opinion publique elle-même. L’ensemble des documents a été présenté de façon accessible au lecteur moderne, tout en gardant une fidélité totale envers les éxigences d’une édition critique scrupuleusement conforme aux originaux. Nous avons ainsi confiance qu’une des questions qui ont le plus marqué l’histoire moderne de la civilisation et de l’Eglise et qui a joué un rôle de tout premier ordre dans le domaine des rapports entre la science et la foi, puisse maintenant être l’objet d’une reconstruction historique objective et équilibrée. 9
Selon Cardinal Gabriel Marie Garrone , coordinateur du groupe d’Etude concernant l’affaire Galilée, « le Président de l’Académie Pontificale des Sciences rappelle ci-après les paroles du Saint Père aux membres de l’Académie le 10 novembre 1979. Jean Paul II, s’inscrivant d’une manière décisive dans la ligne ouverte par le II’ Concile du Vatican, entendait lever l’hypothèque qui pèse sur le problème du Procès de Gaulée. D’une part, l’exploitation partisane n’avait pas manqué bien souvent autour de cette question, mais, d’autre part, il était difficile de contester qu’un certain souci apologétique ait pu inspirer, et même légitimer, quelque défiance. C’est pourquoi le Pape décidait de confier à un groupe de personnalités qualifiées dans les secteurs divers intéressés à cette affaire, la mission de donner à son voeu une première réalisation. La Commission prévue comportait une section exégétique, une section scientifique et épistémologique et une section d’histoire. La section culturelle, confiée à la direction de Son Exc. Mgr Paul Poupard, présente ces jours-ci le premier fruit de son activité, un important ouvrage qui renouvelle plusieurs aspects de l’affaire et qui inaugure une série de « Studi Galileiani ».3 * Une lacune cependant restait à combler, une lacune capitale, celle qui concernait les documents de base. Connaissait-on tous ces documents? Les connaissait-on dans leur parfaite authenticité? Ces deux interrogations pesaient sur les recherches: on gardait, vaguement ou expressément, l’idée que les « Archives secrètes » du Vatican recélaient encore de redoutables secrets. La volonté du Saint Père a voulu que tout soupçon soit écarté et que tous les documents présents dans les Archives soient intégralement et scientifiquement mis à la disposition des travailleurs. C’est ce que, sous les auspices de l’Académie Pontificale des Sciences, on trouve enfin parfaitement réalisé dans le présent volume. Rien n’a manqué au sérieux et au soin des recherches. La présentation des textes exigeait d’abord qu’une étude historique ex pli- que l’état où certains avatars historiques ont réduit la documentation touchant le Procès Gaulée: en effet, ce n’est pas impunément que, au temps de Napoléon, ces documents ont fait le voyage de Paris. Les documents eux-mêmes ont fait l’objet d’une étude et d’une présentation minutieusement scientifique qui les garantisse dans leur authenticité. Des tables s’ajoutent aux textes pour en permettre la consultation plus facile. 3 Galileo Galilei, 350 ans d’histoire 1633-1983 par B. Vinaty, W.A. Waflace,M. Viganô, F. Russo, B. Jacqueline, P. Costabel, J. G. Catnpbell, G.J. Béné, sousla direction de Mgr Paul Poupard, (Cultures et Dialogue 1. Studi Galileiani) Tournai 1983 10
On peut donc légitimement penser avoir satisfait entièrement à la requête de tous et assuré au travail à venir les meilleures conditions pour se développer, sinon s’achever. »4 Parmi les minutes des brefs de Paul III(1534-1549), deux concernent Michelangelo Buonarroti (Arm. XL, 52, f. 30 bis et f. 31). La présente minute que le pape adresse à l’artiste florentin le 1er septembre 1535 est particulièrement intéressante. Après la mort de son père, Michel-Ange, comme on le sait, toujours plus ennuyé par la nouvelle situation politique se créant à Florence, quitta définitivement la cité toscane en 1534, et se transféra à Rome, où Clément VII, autrefois en colère après l’artiste mais désormais enclin à protéger le génie, lui aurait confié la fresque du Jugement Universel de la Chapelle Sixtine : «In questo tempo - scrive il Vasari - al papa [Clément VII] venne in animo di volerlo appresso di sé, avendo desiderio di far le facciate della cappella di Sisto, dove egli aveva dipinto la volta a Giulio secondo, suo nipote; nelle quali facciate voleva Clemente che nella principale, dove è l’altare, vi si dipingesse il Giudizio universale, acciò potessi mostrare in quella storia tutto quello che l’arte del disegno poteva fare». Après la mort de Clément VII survenue peu de temps après (25 septembre 1534), son successeur, Paul III, confirmait à Michel-Ange la commande du Jugement, et avec le présent bref, offrait les honneurs ainsi qu’un salaire convenable à l’artiste qui, entre temps, avait commencé à préparer l’oeuvre. Après un éloge du peintre, que le pape définissait comme «gloire de notre siècle», véritable héritier de l’art classique et innovateur génial (à partir de la seconde ligne : Excellentia virtutis tuae cum in sculptura et pictura tum in omni architectura quibus te et nostrum seculum ampliter exornasti, veteres non solum adequando, sed congestis in te omnibus quae singula illos admirandos reddebant prope superando...), le pontife ordonnait que Michel-Ange soit inscrit au rôle de la «familia» pontificale, et reçoive tous les honneurs correspondants. Il allouait en outre, comme rétribution pour la fresque du Jugement Universel et les autres oeuvres qui lui serait confiées dans le futur, une rente à vie de 1200 écus d’or par an, dont une part (600 écus) lui était assignée par le présent document comme rente du Passo del Po, près de Plaisance, jusque là à Francesco Burla, alors défunt (la disposition pontificale à partir de la ligne 14 : Et insuper cum nos tibi pro depingendo a te pariete altaris Cappellae nostrae pictura et historia ultimi iudicii, ad laborem et virtutem tuam in hoc et caeteris operibus in Palatio nostro a te, si opus fuerit, faciendis, remunerandos et satisfaciendos introitum et redditum mille et ducentorum scutorum auri 4 I Documenti del Processo di Galileo Galilei , A cura di Sergio M Pagano, Collaborazione di Antonio G.Luciani, Citta Del Vaticano; Archivio Vaticano, 1984,XI-XII ,XXIII-XXIV 11
annuatim ad vitam tuam promiserimus, prout etiam promittimus per presentes, Nos ut dictum opus a te incohari coeptum prosequaris et perficias, et si quo alio Documents d’Archives de Sevê Evîn Cicek in opere voluerimus nobis inservias, Passum Padi prope Placentiam, quem quondam Io(hannes), Franciscus Burla dum viveret obtinebat, cum solitis emolumentis, iurisdictionibus, honoribus et oneribus suis pro parte dicti 12
introitus tibi promissi, videlicet pro sexcentis scutis auri [...] ad vitam tuam auctoritate apostolica tenore presentium tibi concedimus [...]). Michel-Ange pris possession du nouveau bénéfice par le biais du procurateur Agostino da Lodi, qui lui écrivait ainsi de Plaisance le 30 septembre 1536: «La presente sarà per dirvi che ogi ho preso possesso in vostro nome del passo del Po qui, nel modo che me ne scrivesti» (« La présente est pour vous annoncer que j’ai pris aujourd’hui possession en votre nom du passo del Po, selon les modalités que vous m’aviez indiquées ») ACTE NOTARIE REDIGE PAR BRUNETTO LATINI Arras, 15-26 septembreParchemin, 222x202 mm, en bon état de conservation. ASV, Instr. Misc., 99 En présence de témoins et du notaire Brunetto Latini, à l’occasion du procès de citoyens toscans qui étaient passés du coté de Manfred et s’étaient battus pour lui à Florence, d’autres citoyens et marchands florentins font le serment de rester fidèles à l’Eglise romaine et d’obéir aux ordres du pape. Documents d’Archives de Sevê Evîn Cicek 13
Dans la rogatio, il est fait explicit ement mention, à la première personne (immédiatement après le signum tabellionatus), de « ser Brunetto » (à partir de l’avant dernière ligne : Et ego Brunectus Latinus notarius de Florentia predicta coram me acta rogatus publice scripsi). On sait que Dante fut reconnaissant à Brunetto Latini (bien qu'il l'ait condamné aux cercles infernaux), dont il n'avait oublié «la cara e buona imagine paterna / di voi, quando nel mondo ad ora ad ora / m’insegnavate come l’uom s’etterna» (Inf., XV 83-85). Michel Servet est brûlé vif pour hérésie Documents d’Archives de Sevê Evîn Cicek Août 1553. Un procès, que l’on sait extraordinaire, débute devant le Petit Conseil. Si l’accusation d’hérésie semble ressortir de l’Eglise, il s’agit là d’une affaire civile. L’Inquisition a disparu en 1535 de la ville, devenue République, laissant derrière elle un dernier mort. Cette année-là, un certain Pierre Gaudet a été brûlé aux portes de la cité. L’accusé a 42 ou 44 ans. On ignore quand Michel Servet a vu le jour. Le nom est francisé. Il s’agit d’un Aragonais nommé Miguel Serveto y Revès. Ce «blasphémateur et hérésiarque» a été arrêté le 13 août. Il assistait au culte à la Madeleine. Quelques personnes ont reconnu dans la foule cet homme, connu pour ses écrits pour le moins polémiques sur la religion. Servet a été conduit à la prison de l’Evêché, souvent transformée par la suite jusqu’à sa démolition vers 1930. Elle se trouvait sur l’actuelle terrasse Agrippa d’Aubigné. Servet est un homme en fuite. Il vient de s’évader d’un cachot de Vienne 14
avec une facilité suspecte. Ce médecin a sans doute été aidé par un client haut placé, dont il a guéri la fille. En Dauphiné, il se trouvait dans les griffes de l’Inquisition. Les preuves contre lui semblaient accablantes. Il n’est pas impossible que Calvin ait aidé les catholiques contre l’ennemi commun en communiquant les lettres qu’il a reçues de l’Espagnol. A Genève, le procès va se régler en huit séances. Il répond à une plainte formulée par Nicolas de la Fontaine, qui est comme par hasard le secrétaire de Calvin. L’accusé devra répondre aux 38 articles de cette plainte, d’ordre théologique. Tout commence dès le 14. Dans une audience préalable, Servet reconnaît la paternité des trois livres choquant les papistes et les protestants. La procédure peut donc commencer le 15. Servet demande un débat contradictoire avec Calvin. Le Conseil refuse. Il tient à garder la haute main sur les débats. En 1553, Calvin, qui n’a pas encore été reçu bourgeois, doit faire face à une forte opposition, menée par Ami Perrin. L’interrogatoire du 16 est d’ailleurs mené par Berthelier, un «libertin» frappé d’excommunication. Le 17, Servet fait face à Jean Calvin, entendu comme expert. C’est la première fois que les hommes se voient. Vingt ans avant, ils auraient dû se rencontrer à Paris. La chose ne s’était pas réalisée. Ils n’ont fait depuis que correspondre. Le débat tourne vite à la dispute théologique. De tous les thèmes abordables, la Trinité l’emporte. Le Père, le Fils et le Saint-Esprit sont-ils une ou trois personnes? On sait que depuis le IVe siècle, toutes les hérésies découlent de cette question centrale. Calvin attaque très fort. Servet fait front. Le 21 août, il est question du procès de Vienne, avant que l’on s’envoie à la tête des penseurs comme Origène, Tertullien ou Polycarpe. Le mémorialiste de la séance commence à y perdre son latin. Le Conseil, qui garde, lui, les pieds sur terre, décide d’écrire à l’Inquisition viennoise pour connaître son dossier d’accusation. On aura tout vu! Le 22 août, Servet s’adresse lui à la Seigneurie. Il remet en cause la criminalisation de l’hérésie. S’agit-il vraiment d’un délit? Le 23, Servet dresse sa biographie. Il explique in fine avoir eu l’intention d’aller à Naples. Le 28, il doit répondre sur sa sympathie pour un ouvrage aussi suspect que le Coran. «D’un méchant livre, on peut prendre de bonnes choses.» Le 31 août, on revient au procès de Vienne. L’Inquisition a envoyé paître Genève. Elle ne transmettra rien. Les choses sérieuses recommencent le 1er septembre. On est reparti pour les hautes spéculations religieuses. Le secrétaire déclare forfait. Il n’y comprend 15
plus rien. Il faut continuer par écrit. Calvin et Servet vont échanger des textes incroyablement savants produits à toute vitesse et, pour Servet, dans des conditions épouvantables même s’il n’a pas été torturé. Quand on voit ces documents, on ne peut qu’être frappé par l’écriture parfaite du condamné en puissance. C’est terminé, mais le plus long reste à venir. Si pour Calvin «ce chaos prodigieux de blasphèmes ne mérite aucun pardon», le Conseil veut l’approbation des cantons réformés. Il n’entend pas être seul responsable d’une telle exécution. Il faudra le 18 octobre pour les avoir enfin réunis. Le 26, Servet est condamné à mort. Calvin aurait aimé une décapitation. Ce sera le bûcher. L’exécution est fixée au lendemain, vendredi 27 octobre.La dernière lettre du condamné. La graphie est, pour l’époque, totalement moderne, contrairement à celle de Calvin. Le matin du 27, muni d’une autorisation du Petit Conseil, Calvin va voir Servet à la prison de l’Evêché. C’est la dernière entrevue. Déjà affaibli, le prisonnier a reçu la sentence avec stupeur. La veille, il a piqué une crise de nerfs.L’Espagnol s’est repris entre-temps. Il parvient à avoir avec celui qui est devenu son ennemi une dernière argumentation théologique de deux heures. Il ne cédera pas. Du reste, pour lui, le crime de pensée n’existe pas. Servet, comme Sébastien Castellion, qui prendra bientôt sa défense depuis Bâle, est un homme moderne, alors que Calvin reste un personnage du Moyen Age. Le réformateur s’en va. Il n’assistera pas à la suite. Le cortège peut partir en direction de Champel. Servet ira à pied, sans lien d’aucune sorte. Sa langue n’a pas été coupée, comme l’est souvent celle des hérétiques. Chacun espère en fait qu’il va se dédire. S’il reconnaissait son erreur, ça arrangerait vraiment tout le monde. Tel n’est pas le cas. Servet sera donc brûlé réellement vif. Nul ne l’étranglera discrètement pour abréger ses souffrances, comme la chose se fait souvent. L’homme mettra une demi-heure à mourir au milieu des flammes, attaché à un pieu par une chaîne de fer. Ses derniers mots sont «O Jésus fils du dieu éternel, aie pitié de moi.» Guillaume Farel, venu de Neuchâtel, note qu’il lui aurait suffi de dire «Jésus fils éternel de Dieu» pour se voir sauvé à la dernière minute. Si l’on parle de «l’affaire Michel Servet» à Genève, alors qu’il reste simplement question d’Inquisition pour les pays catholiques, c’est à cause du caractère véritablement unique du procès de 1553. Créé au Moyen Age, réactivé par le pape Paul III en 1542, ce tribunal ecclésiastique a fait des milliers de morts. Peut-être des dizaines de milliers. Personne ne s’accorde sur les chiffres. En Espagne, où elle a été introduite en 1479, l’Inquisition a vite fait peur au pontife Sixte IV lui-même. Elle s’y maintiendra par ailleurs longtemps. Il faudra attendre 1834 pour que cet appareil de terreur disparaisse définitivement. Au Portugal, le dernier bûcher religieux date de 1761, ce qui semble incroyablement tard. 16
Documents d’Archives de Sevê Evîn Cicek La triste fin de Lucilio Vanini Lucilio Vanini a étudié la philosophie et la théologie à Rome, et le droit à Naples où il obtient sa licence en 1606. il poursuit ses études de jurisprudence à Padoue où il entre dans les ordres. Il se rend successivement en Suisse, en Hollande, en France et en Angleterre où il abjure le catholicisme en 1612. En 1614, il est incarcéré 49 jours pour avoir attaqué l’Église anglicane. À son retour à Lecce, il redevient catholique et se consacre aux études physiques en vogue sous la Renaissance. Il tente d’enseigner à Gênes, mais, après un bref séjour à Genève, il retourne une fois de plus en France, en 1615, à Lyon où il publie, dans un effort afin de se disculper de l’accusation d’athéisme, l’Amphitheatrum aeternae Providentiae Divino-Magicum - le titre complet en français est Amphithéâtre de l’éternelle Providence divino-magique, christiano- physique et non moins astrologico-catholique, contre les philosophes, les athées, les épicuriens, les péripatéticiens et les stoïciens. L’année suivante, il est chapelain du maréchal François de Bassompierre à Paris où il publie les dialogues De Admirandis Naturae Reginae Deaeque Mortalium Arcanis (Merveilleux Secrets de la nature, la reine et la déesse des mortels). Bien que les définitions de Dieu y soient quelque peu panthéistes, l’ouvrage est suffisamment orthodoxe. Les arguments en sont cependant en grande partie ironiques et ne peuvent être considérés comme l’expression de ses opinions véritables. Après une seconde édition, l’ouvrage, initialement approuvé par deux docteurs de Sorbonne, est soumis à un réexamen à l’issue duquel il est condamné aux flammes. Vanini se retire prudemment à Toulouse où il commence à enseigner. Prenant le surnom de Pomponio Uciglio il devient précepteur chez monsieur de Berthier, précepteur pratiquant le jour et libertin la nuit. Devant les nombreuses 17
rumeurs à l’encontre de son protégé, Berthier le congédie. Vanini trouve refuge chez Adrien de Montluc-Montesquiou, comte de Caraman. Ils se connaissaient des grandes soirées organisées par le maréchal de Bassompierre à Paris. Du Capitole au parlement de Toulouse, on s’inquiéta des troubles à l’ordre public et de son influence sur la jeunesse. Arrêté en novembre 1618 par l’Inquisition, il est accusé d’être athée et d’avoir des mœurs contre-nature[1]. Le procureur Catel eut bien du mal à prouver qu’il était hérétique tant la défense de Lucilio montrait sa dévotion à l’Église catholique. Après un long délibéré, Lucilio Vanini, dit Pomponio Uciglio, fut convaincu de blasphème, impiété, athéisme, sorcellerie et corruption de mœurs. Condamné à avoir la langue coupée, à être étranglé puis brûlé le 9 février 1619 sur la place du Salin, le hurlement de Vanini fut, de mémoire de Toulousain, le plus horrible[2]. Bien qu’intellectuellement inférieur à Giordano Bruno, ce libre-penseur a, comme lui, fait partie de ceux qui, en attaquant l’ancienne scolastique, ont contribué à jeter les bases de la philosophie moderne. Sa vie errante, sa mort tragique, ainsi que son parti pris antichrétien, ne sont pas sans rappeler Giordano Bruno. Les De admirandis naturae reprennent, dans une prose simple et élégante, l’interprétation naturaliste des phénomènes surnaturels que Pietro Pomponazzi —que Vanini appelle « magister meus, divinus praeceptor meus, nostri speculi Philosophorum princeps [Mon maître, mon divin précepteur, le premier des philosophes à notre image] »— leur avait donnée dans ses De incantationibus. Vanini y fait même référence à Cardano, Scaligero et à d’autres penseurs du XVIe siècle. « Dieu agit sur les êtres sous-lunaires (entendons « les êtres humains ») en se servant des cieux comme moyen » donne une origine naturelle et une explication rationnelle aux prétendus phénomènes surnaturels, alors que l’astrologie était aussi considérée une science ; « l’Être Suprême donne des avertissements aux hommes et spécialement aux souverains à l’exemple desquels se conforme le monde, lorsque des dangers les menacent »[3]. Mais les fondements des phénomènes présumés surnaturels relèvent également de la fantaisie humaine, capable parfois de modifier l’apparence de la réalité extérieure comme les fondateurs des religions révélées, Moïse, Jésus, Mahomet et les ecclésiastiques imposteurs qui imposent des fausses croyances pour obtenir richesse et pouvoir et les gouvernants, intéressés au maintien de croyances religieuses pour mieux dominer le peuple, comme l’enseignait déjà Machiavel. En suivant encore Pomponazzi et ses interprétations des textes aristotéliciens, changée des commentaires d’Alexandre d'Aphrodisie, il nie l’immortalité de l’âme. Les ouvrages de Vanini ne le montrent pas, à proprement 18
parler, comme athée : s’il nie la validité des religions révélées, il accepte Dieu comme être absolu et considère la nature comme sa manifestation. Sa conception philosophique s’apparente donc au libertinisme et au naturalisme panthéiste. De nos jours, les scientifiques qui défendent l’idée d’évolution et démontrent sa réalité ne risquent pas leur vie (ce qui ne veut pas dire qu'ils ne prennent aucun risque 5). Dans l’histoire des sciences, tous n’eurent pas cette chance! Ainsi, le philosophe italien Lucilio Vanini, en 1615, dans un de ses livres6 , qui était une sorte d'encyclopédie des connaissances de son époque, donne plusieurs arguments en faveur d'une origine animale des hommes. Entre autres idées, il présente celle selon laquelle des singes sont les ancêtres de certains hommes, pour ne pas dire tous. Pour éviter d'être condamné, il ne s'exprime pas directement, mais créé des personnages qui s'expriment sous forme de dialogue. Cette précaution de style ne le sauvera pas. Au dialogue 37 (intitulé De prima hominis generatione - de l’origine de l’Homme), parmi d’autres hypothèses, il présente celle selon laquelle «quelques athéistes de bon esprit (...) on pensé que l’homme venait de la semence des guenons et des singes, laquelle, se cultivant petit à petit, en vient à se perfectionner et à prendre la forme d’Homme.». À cause de ses idées et de l'enseignement qu'il en donne, il est arrêté le jeudi 2 Août 1619 7, à l'âge de 34 ans, par les capitouls d'Olivier et Vizarel dans une maison de l'actuel quartier de la Daurade, à Toulouse. Il est jugé par le parlement de la ville, accusé de ne pas croire en Dieu (et d’être homosexuel, tiens, en plus). Il se défend avec acharnement et de façon brillante, mais le procureur général (le capitoul Guillaume de Catel), le hait et l'interroge avec acharnement. Vanini manque d'être acquitté, lorsqu'au dernier moment le témoignage d'un noble joue contre lui et signe sa condamnation, pour laquelle De Catel reçoit seize écus (Ce capitoul sera tellement fier de ce travail qu'il s'en vante encore sur la statue de son buste, dans la salle des illustres du capitole de Toulouse). Vanini est condamné à avoir la langue coupée avant d’être brûlé vif (d'autres sources, plus digne de foi, disent "étranglé et puis brulé une fois mort") pour cause de «lèse- majesté divine, athéisme, blasphèmes, impiétés et autres crimes». 5 1 - au début des années 1980, l’état du Queensland, en Australie, s'opposa, sous influence religieuse, à l’enseignement de l'évolution (en donnant à des idées religieuses un statut scientifique immérité). Le professeur de Géologie Ian Plimer, de l’Université de Melbourne, s'opposa à cette décision et du prouver les erreurs des religieux au cours de 6 procès successifs qui l'ont entièrement ruiné (il y a même laissé sa maison, son histoire est racontée dans le recueil « Intrusions spiritualistes et impostures intellectuelles en sciences », ed. Syllepse, 2001). 6 Admirantis narurae Reginae Deaeque Mortalium Arcanis (Merveilleux Secrets de la nature, reine et déesse des mortels) 7 - Annales manuscrites de l’Hotel de Ville de Toulouse, 1619, T. VI, fol. 13-14. 19
Son exécution a marqué les esprits8 et a été bien relatée (annexe): le samedi 9 février, Vanini a été trainé sur une claie (une sorte de chariot sans roues) jusqu'à 'église St Etienne. Là, il a été déshabillé, ne gardant que sa chemise et une torche allumée à la main, une corde au cou. Agenouillé devant la porte de l'église, il a dû demander pardon "a Dieu, au roy, a la justice"9 . Puis il a été conduit place du Salin10 . L'écrivain Gabriel - Barthelemy de Gramond 11le décrit à ce moment: " Je l’ai vu dans la charette, sur le chemin du supplice ; il se moquait d’un cordelier 12 qu’on lui avait donné pour sa consolation et pour le faire renoncer a son entêtement [...] Sur le point de mourir, il présentait une apparence horrible et complètement farouche. " Sur la place, Vanini est assis sur un poteau, puis, avant que le feu ne soit mis au bûcher :"on lui ordonna de livrer sa langue sacrilège au couteau: il refusa; il fallut employer des tenailles pour la lui tirer, et quand le fer du bourreau la saisit et la coupa, jamais on n’entendit un cri plus horrible; on aurait cru entendre le mugissement d’un boeuf qu’on tue." Vanini est ensuite étranglé. Comme il a refusé de renoncer à ses idées devant un prêtre, un panneau portant les mots " Athée et blasphémateur du nom de Dieu." Est posé sur ses épaules, puis il est brûlé et " le reste de son corps fut consumé par le feu, et l’on dispersa ses cendres au vent." Le destin de Vanini illustre le danger qu'il y avait à parler seulement de l'idée possible d'une évolution des espèces et d'une origine animale de l'homme. Il éclaire les précautions extrêmes et les hésitations de Darwin, 250 ans lus tard, lorsqu'il publia son "origine des espèces": même sans risquer le bûcher, les réactions furent vives, et 150 ans plus tard les passions ne sont pas encore apaisées sur ce sujet. Voici comment la revue “le Mercure Français” de 1619 rapporte l'évènement (Je traduit du vieux français, le texte original est donné plus loin): 8 L'écrivain Savinien Cyrano de Bergerac (qui inspira, bien plus tard, le personnage de la pièce de théâtre d'E. Rostand), s'inspira de l'histoire de Vanini dans un de ses livres (histoire des états et empires de la Lune et du Soleil) où, emprisonné à Toulouse et en danger d'être exécuté pour hérésie, son héros parvient à s'évader. 9 Annales manuscrites de l’Hotel de Ville de Toulouse, 1619, T. VI, fol. 13-14. 10 Depuis le 8 février 2008, une plaque rappelle l’exécution de Vanini ainsi que de trois autres philosophes, ayant étudié à Toulouse, qui furent brûlés pour leurs idées jugées incompatibles avec la religion. 11 - Gabriel Barthélemy de Gramond, Historiarum Gallioe ab excessu Henrici IV, Toulouse, 1643, livre XVIII : 9 février 1619 12 Un cordelier est un moine de l'ordre Franciscain, qui accompagnait les condamnés à mort. Annexe 20
Au mois de Novembre 1619, fût arrêté en la ville de Toulouse, un italien philosophe et très savant qui donnait des cours de sciences et de philosophie à domicile. Il soutenait et enseignait que l'âme n'existe pas, qu'il n'y a pas de vie après la mort,et d'autres choses si scandaleuses que l'on ne peut les répéter. Par son éloquence, il persuadait très bien ses auditeurs de la justesse de ses opinions, et beaucoup commencèrent à le croire. Le parlement étant prévenu, il fit arrêter cet enseignant qui, pris et interrogé, maintient ses idées et opinions. Il fut alors jugé et condamné. Il du d'abord défiler en chemise, la torche au point, en demandant pardon. Ensuite, il fut trainé sur un chariot, on lui coupa la langue et il fut brûlé vif, début février, sur la Place du salin. Il mourut avec un détachement rare, sortant de sa prison avec entrain en disant, en italien " allons, allons allégrement, mourir en philosophe" . Lorsqu'on lui dit de demander le pardon de Dieu, il répliqua devant plus de mille personnes : "Il n'y a ni Dieu, ni Diable, car s'il y avait un Dieu, je le prierai de lancer la Foudre sur ce Parlement injuste et inique, et s'il y avait un Diable, je le prierai aussi de l'engloutir sous terre, mais parce qu'il n'y a ni l'un ni l'autre, je ne ferai rien”. Texte original: Au mois de Novembre de l'an passé, fût arrêté en la ville de Toulouse, un italien philosophe et grandement docte qui allait montrer par les logis aux enfants de maison qui désiraient savoir parfaitement philosophie. Il soutenait et enseignait que nos corps étaient sans âme, et que mourants, tout était mort pour nous, ainsi que les bêtes, que la Vierge (O blasphème exécrable !) avait eu connaissance charnelle comme les autres femmes et autres mots bien plus scandaleux, du tout indignes d'écrire ni de réciter. Par son éloquence, il glissait tellement sa pernicieuse opinion dans l'entendement de ses auditeurs, qu'ils commencèrent à balancer en la croyance de cette fausse doctrine; ce qu'est advenu à la connaisance du Parlement, il décréta contre ce nouveau Ministre; et étant pris et interrogé, il soutint ses instructions véritables. Sur quoi son procès lui fut fait, et l'arrêt donné, portant condamnation de faire amende honorable, nu en chemise, la torche au poing, et traîné sur une claye, la langue coupée et brûlé vif, ce qui fut exécuté au commencement de février, au lieu appelé Place du Salin. Il mourut avec autant de constance, de patience et de volonté qu'aucun autre homme que l'on ait vu; car sortant de la Conciergerie comme joyeux et allègre, il prononça ces mots en italien : allons, allons allégrement, mourir en philosophe, mais bien plus pour montrer sa constance en la mort qu'un désespoir en l'âme, lorsqu'on lui dit qu'il criât Merci à Dieu, il dit ces mots en la présence de mille personnes : Il n'y a ni Dieu, ni Diable, car s'il y avait un Dieu, je le prierai de lancer un Foudre sur le Parlement comme du tout injuste et inique, et s'il y avait un Diable, je le prierai aussi de l'engloutir aux lieux souterrains, mais parce qu'il n'y a ni l'un ni l'autre, je ne ferai rien. 21
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