Dr Ali KILIC Paris le 23 octobre 2009 - Galileo Galilei , Giordano Bruno,Karl Marx

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Dr Ali KILIC Paris le 23 octobre 2009 - Galileo Galilei , Giordano Bruno,Karl Marx
Dr Ali KILIC
                                Paris le 23 octobre 2009

             Galileo Galilei , Giordano Bruno,Karl Marx
                                   Et
                               Le Vatican
                                                           Dédié à Sevê Evîn Cicek

       Le Vatican réhabilite Marx, selon The Times mais qui va réhabiliter le
Vatican face aux crimes qu’il a commis contre Galileo Galilei , Giordano Bruno
et les autres ? c’est la question fondamentale de la philosophie du crime.

        L’Osservatore Romano, le quotidien officiel du Saint-Siège, affirme que
"les premières critiques de Marx au capitalisme avaient mis en évidence
l'aliénation sociale vécue par une grande partie de l'humanité qui était exclue -
tout comme elle l'est aujourd'hui d'ailleurs - des processus de décision
économiques et politiques". L'auteur du Manifeste du Parti communiste, mort en
1883, s'ajoute ainsi à la longue liste des personnages historiques réhabilité après
avoir été mises à l'index par l'Eglise catholique, comme Galilée, Darwin et,
récemment, Oscar Wilde. Le journal, qui est publié sous l'approbation du Pape,
continue en affirmant que l'oeuvre de Marx est encore aujourd'hui d'une grande
importance, dans un moment où l'humanité "cherche une nouvelle harmonie"
entre ses besoins et l'environnement naturel. Le quotidien observe toutefois que
"rien n'a nui davantage aux intérêts du philosophe Marx que le marxisme".
Malgré cela le Vatican reste , l’ennemi juré de la Science, des scientifiques qu’il
                        a pendu comme Bruno Giordano, Michel Servet et
                        Luculio Vanini.

                             Le 17 février 2007 dans mon article avec la
                       sociologue Sevê Evîn Cicek nous avons posé les
                       questions suivantes ? -Pourquoi ont ils brûlé Giordano
                       Bruno Michel Servet, Luculio Vanini? Pourquoi ont

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ils brûlé, Metin et de, Nesimi Cimen et les autres intellectuels de Sevastia
Qocgiri ?

         La question de la philosophie de résistance humaine nous a préoccupé
pendant toute notre vie. Face à la résistance humaine contre l’injustice sociale,
nous avons de points communs avec Giordano Bruno ; Michel Servet et
Lucilino Vanini et nos amis, nos frères sans oublier les amis d’EVIN CICEK qui
ont été brûlés à Sevastia par l’Etat turc, les criminels ne sont pas jugés. Au fond
c’est l’Etat Turc et ses représentants qui ont commis des crimes contre
l’humanité à Sevastia-Qoçgiri. C’est pourquoi nous prendrons ensemble cette
tragédie de l’existence humaine de Prometheus jusqu’à nos jours.

      Il y a 409 ans le 17-02-1600 Giordano Bruno, est brûlé à Rome. Pour
nous les écrivains du Kurdistan, Dersim-Qoçgiri, la condamnation à mort de
Giordano Bruno, inacceptable et inimaginable ,elle représente un problème
humain et philosophique.

      J’avais déposé les roses rouges devant le buste du grand savant
Giordano Bruno à Rome qu’ il était supplicié sur le bûcher installé sur le Campo
Dei Fiori .J’ai commencé à pleurer . Je ne pouvais expliquer le sens de
l’amertume, du lien profonde entre Giordano Bruno, Michel Servet, Lucilino
Vanini et les nôtres, nos martyrs de Qoçgiri de Dersime, et de ceux et de celles
sont brûlés à Sévastia avec la bénédiction de l’Etat colonialiste turc qui interdit
encore en 2009 Charles Darwin

       Il bruma sans cesse sur Rome de Caesar, de Brutus, de Memnius, de Cato,
de Virgilius, et de Titus Lucretius Carus, je pleurais non seulement pour
Giordano Bruno, pour les partisans de Spartacus crucifiés sur la via Appia,
pour Lucilio Vanini, pour Michel Vernet mais aussi pour ceux ou celles qui ont
été brûlés á Sevastia Qocgiri dans l’Hôtel de Madimak, le 2 juillet 1993 mon
ami le grand philosophe, peintre Metin Altiok et parmi amis chanteurs
populaires, Nesimi Çîmen, continuateur de la voie Ehl i Heq , Doctrine Raa
Gewre, de Hallac î Mansur et Şems î Tebrizî. C’est pourquoi dans un premier
temps je veux parler de mes amis, du philosophe poète Metin Altiok et de, et
du chanteur populaire Nesimî Cimen , combien de fois je l’ai invité chez à
Constantinople,à Kadirga, et puis de Michet Servet et de Bruno Giordano,
enfin Lucilio Vanini. Dans les rues de Rome, que je connais son histoire par
coeurs, j’ai traversé le Tiber en face de lieu de détention de Giordano Bruno.J’ai
pensé à lui, j’ai pensé à la musique de Nesimi et la danse du fleuve Tiber à
travers de Rome avec toutes mystères cachées du grandeur de Rome où
Giordano Bruno est brûlé au marché des fleurs je pense à Bruno et à Taranta
Babu. « L’arbre qui donne des grenades une fois par an/peut en donner mille

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fois plus. Si grand, si beau est notre monde /et si vaste, si vaste, le bord des
mers »

       Pourquoi ont ils brûlé Giordano Bruno?
       Filippo Bruno naît en janvier 1548 à Nola, bourgade proche de Naples,
d'un couple de gentilshommes sans titre. La famille dispose de revenus
modestes, c'est donc l'école la plus proche qui lui donne une instruction.
Imprégné d'humanisme, d'auteurs classiques, d'étude de la langue et de la
grammaire latine, il restera toutefois marqué par le pédantisme qui accompagne
l'enseignement, et le rebute. Il part rejoindre l'université publique, à Naples, ou il
découvrira la mnémotechnique, l'art de la mémoire, qui constituera rapidement
l'une de ses disciplines d'excellence. Il prend aussi des cours particuliers, qui le
mettent au cour des débats philosophiques entre platoniciens et aristotéliciens.

        Sa culture, alors essentiellement humaniste, va s'enrichir d'un apport
théologique déterminant. En effet, il entre le 15 juin 1565 chez les Frères
prêcheurs de San Domenico Maggiare, prestigieux couvent dominicain, d'une
part pour la qualité des titres qu'il attribue, titres incontestés et réputés dans toute
l'Italie, d'autre part parce qu'il est un précieux refuge en ces temps de disette et
d'épidémie. Il y rencontre Giordano Crispo, maître en métaphysique, auquel il
rend hommage en en adoptant le prénom. Il est alors un dominicain modèle,
vivant selon la devise verba et exempla (par le verbe et par l'exemple) et
ordonné prêtre en 1573.

       Il devient Lecteur en Théologie en juillet 1575. S'il semble continuer sa
carrière de dominicain modèle (il soutient une thèse sur la pensée de Thomas
d'Aquin et de Pierre Lombard), Bruno dissimule en fait une rébellion contre le
carcan théologique. Au fil des années, il a su se forger une culture éclectique et
peu orthodoxe, sans cesse alimentée par un appétit vorace de lecture et des
capacités exceptionnelles de mémorisation. Il est tout particulièrement adepte
des oeuvres d'Érasme, humaniste hérétique. Pire, il a le goût de l'hermétisme, la
magie. Enfin grandit une passion prémonitoire pour la cosmologie détachée de
l'approche théologique.

       La rupture qui couvait finit par être consommée. Dès sa première année de
noviciat, il avait ôté des images saintes de sa chambre, notamment celles
représentant Marie, s'attirant l'accusation de profanation du culte de Marie. Au
fil des années, les heurts deviennent plus durs, tout particulièrement au sujet de
la Trinité, dogme qu'il repousse. Finalement, en février 1576, il doit abandonner

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le froc dominicain et fuir, une instruction ayant été ouverte à son encontre qui
doit le déclarer hérétique. »1

Mais quel était l’acte du procès contre Giordano Bruno ?
     En raison de mes recherches sur le procès de Galileo Galilei, Bruno
Giordano, Michel Servet ; Luculio Vanini, le 9 décembre 2003, j’ai consulté
l’Archives Secrètes du Vatican. Mais le secrétaire des Archives Secrètes m’a
expliqué que le Procès de Galileo Galilei est classifié. Il m’a proposé d’acheter
une publication du Vatican au lieu d’entrer aux Archives Secrètes et j’ai achété
le livre intitulé « I Documenti Del Processo di Galileo Galilei »2 J’ai refusé et
je suis entré dans l’Archives Secrètes du Vatican ce que je constate tout
d’abord, dans le dossier papier, 320x240 mm, 429 ff. (numérotation originale, en
partie fausse et incompréhensible sur de nombreux folios blancs), reliure en
parchemin; au dos : VARIA. Censurae. ASV, Misc., Arm. X, 205, ff. 230v-231r

  Dans un des volumes du fond «Miscellanea Armadi» (Arm. X, 205), peut-être
composé du recueil de divers écrits du célèbre canoniste Francisco Peña,
Auditeur puis Président de la Rote (mort en 1612), on trouve un texte précieux,
longtemps tenu secret et finalement retrouvé dans la fond Pie IX après 15 années
d’infructueuses recherches par le Préfet des Archives Vaticanes Angelo Mercati,
le 15 novembre 1940: le résumé du procès contre Giordano Bruno. On doit aussi
à Mercati l’édition du résumé avec une ample et solide introduction en 1942.

  Le ou les volumes du procès romain contre Giordano Bruno (1548-1600) étant
définitivement perdus, un temps conservés aux archives du Saint Office, le
présent texte, qui découle de ces originaux (les pages perdues du procès sont
régulièrement citées dans les marges du résumé), devient un témoignage plus
précieux encore pour la connaissance des longues tribulations de l’affaire
inquisitoriale à laquelle le célèbre frère dominicain fut subordonné. Dans le
résumé confluent, probablement à l’usage de l’Assesseur du Saint Office de
l’époque, des extraits des oeuvres de Bruno, ses interrogatoires, quelques actes
du procès vénitien qu’affronta le célèbre prédicateur en 1592, et d’autres écrits
toujours recopiés sur le procès original.

  L’entreprise de Giordano Bruno s’acheva avec le procès romain (1593-1600)
et avec la sentence reconnaissant l’hérésie, qui, devant son extrême et résolue
défense, fut commuée en peine capitale, exécutée au Campo dei Fiori le 17
février 1600. Dans un des derniers constats qui précédèrent la sentence (peut-

1
    Dr Ali KILIC
2
    Citta Del Vaticano, Archivivio Vaticano ; Collectea Archivi Vaticani N-21 1984

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être en avril 1559), le dominicain fut interrogé par les juges du Saint Office sur
sa conception cosmologique, qu’il avait exposée dans La cena delle ceneri, et
dans De l’infinito universo et mondi. Il soutint encore ses théories et les défendit
scientifiquement comme fondées et nullement contraires aux divines Ecritures
(partie gauche, à partir de la première ligne : Circa motum terrae, f. 287, sic
dicit: Prima generalmente dico ch’il moo et la cosa del moto della terra e
della immobilità del firmamento o cielo sono da me prodotte con le sue raggioni
et autorità le quali sono certe, e non pregiudicano all’autorità della divina
scrittura [...]. Quanto al sole dico che niente manco nasce e tramonta, né lo
vedemo nascere e tramontare, perché la terra se gira circa il proprio centro,
che s’intenda nascere e tramontare [... ]). Dans ces pièces, où Giordano Bruno
fut interrogé, pour les mêmes questions cruciales du rapport entre la science et la
foi, à l’aube de la naissance de l’astronomie et au crépuscule de la décadente
philosophie aristotélicienne, seize années plus tard sera convoqué par le cardinal
Bellarmino, qui là contestait à Bruno ses thèses hérétiques, Galileo Galilei, sujet
lui aussi à un procès inquisitorial qui, par chance, ne se conclura que par une
seule abjure.

                         Documents d’Archives de Sevê Evîn Cicek

 Puis dans le dossier de l’Archives Secrètes du Vatican de carton vert, avec un
dos en parchemin. ASV, Misc., Arm. X, 204, ff. 84r, 207r j’ai constaté qu’avant
moi « Malgré les longues et vastes recherches effectuées par plus d’un
chercheur pour «découvrir», ou plutôt retrouver les actes du procès d’inquisition
de Galilée, nous ne possédons pour le moment de ces écrits originels qu’un
malheureux reste, extrait des volumineux «dossiers» inquisitoriaux de Galilée,

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de l’époque du procès (1633) ou juste après. Cet «extrait» est resté pendant des
siècles dans les archives de la Congrégation de l’Index (qui reçut ces papiers du
Saint-Office), il émigra ensuite à Paris pendant le triste séquestre des archives
vaticanes déposé en 1810 par Napoléon, passa dans les mains du duc de Blacas
et fu enfin envoyé par la veuve de ce dernier aux Archives Secrètes Vaticanes en
1843. Le dossier, désigné longtemps par erreur comme le «procès de Galileo
Galilei», est en réalité un ensemble d’écritures réunies par la Congrégation de
l’Index après la condamnation de Galilée dans le but de réaliser, sur la base des

                   Documents d’Archives de Sevê Evîn Cicek

dépositions et des confessions du procès, la prohibition de ses livres et de
l’enseignement de sa doctrine (on trouve à l’intérieur de nombreuses lettres

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d’évêques ou de représentants pontificaux qui attestent de la présence des ces
interdictions) Aucune de ces écritures n’est extraite des dossiers perdus (il
semble que l’on doive plutôt parler de volumes) du procès de Galilée, dont on ne
conserve aujourd’hui que le foliotage (un de ces volumes avaient au moins 560
folios, soit 1120 pages) Dans le document (a), on peut observer une des minutes
ou d’un interrogatoire original de Galileo Galilei devant l’Inquisition (ff.
78r-87r). Il s’agit plus particulièrement de la partie finale de la déposition de
Galilée prise le 12 avril 1633, signée par lui selon la règle (ligne 8: Io Galileo
Galilei ho deposto come di sopra), et du début du constat suivant (ligne 9: Die
sabbathi 30 aprilis 1633. Constitutus personaliter Romae in aula
congregationum, coram et assistente quibus supra, in meique  Galileus
de Galileis de quo supra [...]).

                         Documents d’Archives de Sevê Evîn Cicek

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Après la condamnation des thèses scientifiques soutenues par Galilée, on fit
abjurer le Pisan, comme on le sait, dans la Chiesa della Minerva le 22 juin 1633.
Les mois suivants, Galilée obtint d’Urbain VIII de purger sa peine de prison
dans sa villa d’Arcetri (1er décembre 1633). De là, le 17 décembre 1633, il
envoya une lettre autographe à son «protecteur», le cardinal Francesco
Barberini, grâce à qui il avait obtenu cette faveur (b). (a)

Dossier papier, 435x293 mm, 515 ff., relié d’un parchemin; au dos, entre les
nervures, éléments des armes d’Innocent XII et en haut : Pauli III brevium
minutae anni MDXXXV mens. jul. aug. sept. ASV, Arm. XL, 52, f. 31r

                        Documents d’Archives de Sevê Evîn Cicek

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Comme le document ci-dessus a mis en évidence Père Nicolo Lorini a transmis,
les manuscrits de Galilée , nous voulons présenter l’interprétation officielle du
Vatican concernant « I Documenti del Processo di Galileo Galilei »

La publication des actes du procès intenté au XVIIe siècle contre Galilée
présente un intérêt particulier pour les spécialistes, les chercheurs et tout le
public passionné d’histoire.

Nous proposons une nouvelle édition des documents judiciaires actuellement
existants, édition réalisée avec rigueur philologique et d’après les originaux. La
recherche s’est également étendue à plusieurs archives susceptibles de conserver
des documents concernant le procès.

Les éditeurs des textes présentés dans cet ouvrage ont réexaminé les matériaux
disponibles, édits et inédits, et collationné les anciennes éditions, notamment
celle d’Antonio Favaro, publiée au début de notre siècle. La recherche, orientée
en différentes directions, surtout dans les archives de l’ancienne Inquisition
Romaine, a permis de retrouver quelques inédits concernant le procès mais aussi
toute la < question Galilée ».

Le volume se compose d’une introduction qui explique l’origine et la formation
du dossier conservé en grande partie à l’Archivio Segreto Vaticano. On raconte
ensuite l’histoire tourmentée des documents à l’époque du déplacement forcé à
Paris des archives de la Cour Pontifical sous Napoléon Ter. Un répertoire des
éditions des papiers du procès publiées du XlXe siècle jusqu’à nos jours
complète le travail.

La composition, les vicissitudes et la dispersion des archives de l’Inquisition
Romaine sont illustrées à l’aide des témoignages inédits, dans le but d’illustrer
un sujet très étudié par les historiens contemporains et qui garde une importance
bien plus grande que celle qui lui avait été accordée auparavant par l’autorité
ecclésiastique, les historiens catholiques et l’opinion publique elle-même.

L’ensemble des documents a été présenté de façon accessible au lecteur
moderne, tout en gardant une fidélité totale envers les éxigences d’une édition
critique scrupuleusement conforme aux originaux.

      Nous avons ainsi confiance qu’une des questions qui ont le plus marqué
l’histoire moderne de la civilisation et de l’Eglise et qui a joué un rôle de tout
premier ordre dans le domaine des rapports entre la science et la foi, puisse
maintenant être l’objet d’une reconstruction historique objective et équilibrée.

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Selon Cardinal Gabriel Marie Garrone , coordinateur du groupe d’Etude
concernant l’affaire Galilée, « le Président de l’Académie Pontificale des
Sciences rappelle ci-après les paroles du Saint Père aux membres de l’Académie
le 10 novembre 1979. Jean Paul II, s’inscrivant d’une manière décisive dans la
ligne ouverte par le II’ Concile du Vatican, entendait lever l’hypothèque qui
pèse sur le problème du Procès de Gaulée. D’une part, l’exploitation partisane
n’avait pas manqué bien souvent autour de cette question, mais, d’autre part, il
était difficile de contester qu’un certain souci apologétique ait pu inspirer, et
même légitimer, quelque défiance. C’est pourquoi le Pape décidait de confier à
un groupe de personnalités qualifiées dans les secteurs divers intéressés à cette
affaire, la mission de donner à son voeu une première réalisation. La
Commission prévue comportait une section exégétique, une section scientifique
et épistémologique et une section d’histoire. La section culturelle, confiée à la
direction de Son Exc. Mgr Paul Poupard, présente ces jours-ci le premier fruit de
son activité, un important ouvrage qui renouvelle plusieurs aspects de l’affaire et
qui inaugure une série de « Studi Galileiani ».3 *

      Une lacune cependant restait à combler, une lacune capitale, celle qui
concernait les documents de base. Connaissait-on tous ces documents? Les
connaissait-on dans leur parfaite authenticité? Ces deux interrogations pesaient
sur les recherches: on gardait, vaguement ou expressément, l’idée que les «
Archives secrètes » du Vatican recélaient encore de redoutables secrets.

           La volonté du Saint Père a voulu que tout soupçon soit écarté et que
tous les documents présents dans les Archives soient intégralement et
scientifiquement mis à la disposition des travailleurs. C’est ce que, sous les
auspices de l’Académie Pontificale des Sciences, on trouve enfin parfaitement
réalisé dans le présent volume.

           Rien n’a manqué au sérieux et au soin des recherches. La
présentation des textes exigeait d’abord qu’une étude historique ex pli- que l’état
où certains avatars historiques ont réduit la documentation touchant le Procès
Gaulée: en effet, ce n’est pas impunément que, au temps de Napoléon, ces
documents ont fait le voyage de Paris.

           Les documents eux-mêmes ont fait l’objet d’une étude et d’une
présentation minutieusement scientifique qui les garantisse dans leur
authenticité. Des tables s’ajoutent aux textes pour en permettre la consultation
plus facile.

3
 Galileo Galilei, 350 ans d’histoire 1633-1983 par B. Vinaty, W.A. Waflace,M. Viganô, F. Russo, B. Jacqueline, P.
Costabel, J. G. Catnpbell, G.J. Béné, sousla direction de Mgr Paul Poupard, (Cultures et Dialogue 1. Studi Galileiani)
Tournai 1983

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On peut donc légitimement penser avoir satisfait entièrement à la
requête de tous et assuré au travail à venir les meilleures conditions pour se
développer, sinon s’achever. »4

  Parmi les minutes des brefs de Paul III(1534-1549), deux concernent
Michelangelo Buonarroti (Arm. XL, 52, f. 30 bis et f. 31). La présente minute
que le pape adresse à l’artiste florentin le 1er septembre 1535 est
particulièrement intéressante. Après la mort de son père, Michel-Ange, comme
on le sait, toujours plus ennuyé par la nouvelle situation politique se créant à
Florence, quitta définitivement la cité toscane en 1534, et se transféra à Rome,
où Clément VII, autrefois en colère après l’artiste mais désormais enclin à
protéger le génie, lui aurait confié la fresque du Jugement Universel de la
Chapelle Sixtine : «In questo tempo - scrive il Vasari - al papa [Clément VII]
venne in animo di volerlo appresso di sé, avendo desiderio di far le facciate della
cappella di Sisto, dove egli aveva dipinto la volta a Giulio secondo, suo nipote;
nelle quali facciate voleva Clemente che nella principale, dove è l’altare, vi si
dipingesse il Giudizio universale, acciò potessi mostrare in quella storia tutto
quello che l’arte del disegno poteva fare».

  Après la mort de Clément VII survenue peu de temps après (25 septembre
1534), son successeur, Paul III, confirmait à Michel-Ange la commande du
Jugement, et avec le présent bref, offrait les honneurs ainsi qu’un salaire
convenable à l’artiste qui, entre temps, avait commencé à préparer l’oeuvre.

  Après un éloge du peintre, que le pape définissait comme «gloire de notre
siècle», véritable héritier de l’art classique et innovateur génial (à partir de la
seconde ligne : Excellentia virtutis tuae cum in sculptura et pictura tum in omni
architectura quibus te et nostrum seculum ampliter exornasti, veteres non solum
adequando, sed congestis in te omnibus quae singula illos admirandos
reddebant prope superando...), le pontife ordonnait que Michel-Ange soit inscrit
au rôle de la «familia» pontificale, et reçoive tous les honneurs correspondants.
Il allouait en outre, comme rétribution pour la fresque du Jugement Universel et
les autres oeuvres qui lui serait confiées dans le futur, une rente à vie de 1200
écus d’or par an, dont une part (600 écus) lui était assignée par le présent
document comme rente du Passo del Po, près de Plaisance, jusque là à
Francesco Burla, alors défunt (la disposition pontificale à partir de la ligne 14 :
Et insuper cum nos tibi pro depingendo a te pariete altaris Cappellae nostrae
pictura et historia ultimi iudicii, ad laborem et virtutem tuam in hoc et caeteris
operibus in Palatio nostro a te, si opus fuerit, faciendis, remunerandos et
satisfaciendos introitum et redditum mille et ducentorum scutorum auri

4
 I Documenti del Processo di Galileo Galilei , A cura di Sergio M Pagano, Collaborazione di Antonio
G.Luciani, Citta Del Vaticano; Archivio Vaticano, 1984,XI-XII ,XXIII-XXIV

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annuatim ad vitam tuam promiserimus, prout etiam promittimus per presentes,
Nos ut dictum opus a te incohari coeptum prosequaris et perficias, et si quo alio

                        Documents d’Archives de Sevê Evîn Cicek

in opere voluerimus nobis inservias, Passum Padi prope Placentiam, quem
quondam Io(hannes), Franciscus Burla dum viveret obtinebat, cum solitis
emolumentis, iurisdictionibus, honoribus et oneribus suis pro parte dicti

                                                                              12
introitus tibi promissi, videlicet pro sexcentis scutis auri [...] ad vitam tuam
auctoritate apostolica tenore presentium tibi concedimus [...]). Michel-Ange
pris possession du nouveau bénéfice par le biais du procurateur Agostino da
Lodi, qui lui écrivait ainsi de Plaisance le 30 septembre 1536: «La presente sarà
per dirvi che ogi ho preso possesso in vostro nome del passo del Po qui, nel
modo che me ne scrivesti» (« La présente est pour vous annoncer que j’ai pris
aujourd’hui possession en votre nom du passo del Po, selon les modalités que
vous m’aviez indiquées »)

            ACTE NOTARIE REDIGE PAR BRUNETTO LATINI
    Arras, 15-26 septembreParchemin, 222x202 mm, en bon état de conservation. ASV, Instr. Misc., 99

  En présence de témoins et du notaire Brunetto Latini, à l’occasion du procès
de citoyens toscans qui étaient passés du coté de Manfred et s’étaient battus pour
lui à Florence, d’autres citoyens et marchands florentins font le serment de rester
fidèles à l’Eglise romaine et d’obéir aux ordres du pape.

                                Documents d’Archives de Sevê Evîn Cicek

                                                                                                      13
Dans la rogatio, il est fait explicit ement mention, à la première personne
(immédiatement après le signum tabellionatus), de « ser Brunetto » (à partir de
l’avant dernière ligne : Et ego Brunectus Latinus notarius de Florentia predicta
coram me acta rogatus publice scripsi). On sait que Dante fut reconnaissant à
Brunetto Latini (bien qu'il l'ait condamné aux cercles infernaux), dont il n'avait
oublié «la cara e buona imagine paterna / di voi, quando nel mondo ad ora ad
ora / m’insegnavate come l’uom s’etterna» (Inf., XV 83-85).
         Michel Servet est brûlé vif pour hérésie

                         Documents d’Archives de Sevê Evîn Cicek

Août 1553. Un procès, que l’on sait extraordinaire, débute devant le Petit
Conseil. Si l’accusation d’hérésie semble ressortir de l’Eglise, il s’agit là d’une
affaire civile. L’Inquisition a disparu en 1535 de la ville, devenue République,
laissant derrière elle un dernier mort. Cette année-là, un certain Pierre Gaudet a
été brûlé aux portes de la cité.

      L’accusé a 42 ou 44 ans. On ignore quand Michel Servet a vu le jour. Le
nom est francisé. Il s’agit d’un Aragonais nommé Miguel Serveto y Revès. Ce
«blasphémateur et hérésiarque» a été arrêté le 13 août. Il assistait au culte à la
Madeleine. Quelques personnes ont reconnu dans la foule cet homme, connu
pour ses écrits pour le moins polémiques sur la religion. Servet a été conduit à la
prison de l’Evêché, souvent transformée par la suite jusqu’à sa démolition vers
1930. Elle se trouvait sur l’actuelle terrasse Agrippa d’Aubigné.

     Servet est un homme en fuite. Il vient de s’évader d’un cachot de Vienne

                                                                                14
avec une facilité suspecte. Ce médecin a sans doute été aidé par un client haut
placé, dont il a guéri la fille. En Dauphiné, il se trouvait dans les griffes de
l’Inquisition. Les preuves contre lui semblaient accablantes. Il n’est pas
impossible que Calvin ait aidé les catholiques contre l’ennemi commun en
communiquant les lettres qu’il a reçues de l’Espagnol.

      A Genève, le procès va se régler en huit séances. Il répond à une plainte
formulée par Nicolas de la Fontaine, qui est comme par hasard le secrétaire de
Calvin. L’accusé devra répondre aux 38 articles de cette plainte, d’ordre
théologique.

        Tout commence dès le 14. Dans une audience préalable, Servet reconnaît
la paternité des trois livres choquant les papistes et les protestants. La procédure
peut donc commencer le 15. Servet demande un débat contradictoire avec
Calvin. Le Conseil refuse. Il tient à garder la haute main sur les débats. En 1553,
Calvin, qui n’a pas encore été reçu bourgeois, doit faire face à une forte
opposition, menée par Ami Perrin. L’interrogatoire du 16 est d’ailleurs mené par
Berthelier, un «libertin» frappé d’excommunication.

         Le 17, Servet fait face à Jean Calvin, entendu comme expert. C’est la
première fois que les hommes se voient. Vingt ans avant, ils auraient dû se
rencontrer à Paris. La chose ne s’était pas réalisée. Ils n’ont fait depuis que
correspondre. Le débat tourne vite à la dispute théologique. De tous les thèmes
abordables, la Trinité l’emporte. Le Père, le Fils et le Saint-Esprit sont-ils une ou
trois personnes? On sait que depuis le IVe siècle, toutes les hérésies découlent
de cette question centrale. Calvin attaque très fort. Servet fait front.

        Le 21 août, il est question du procès de Vienne, avant que l’on s’envoie à
la tête des penseurs comme Origène, Tertullien ou Polycarpe. Le mémorialiste
de la séance commence à y perdre son latin. Le Conseil, qui garde, lui, les pieds
sur terre, décide d’écrire à l’Inquisition viennoise pour connaître son dossier
d’accusation. On aura tout vu! Le 22 août, Servet s’adresse lui à la Seigneurie. Il
remet en cause la criminalisation de l’hérésie. S’agit-il vraiment d’un délit?

        Le 23, Servet dresse sa biographie. Il explique in fine avoir eu l’intention
d’aller à Naples. Le 28, il doit répondre sur sa sympathie pour un ouvrage aussi
suspect que le Coran. «D’un méchant livre, on peut prendre de bonnes choses.»
Le 31 août, on revient au procès de Vienne. L’Inquisition a envoyé paître
Genève. Elle ne transmettra rien.

        Les choses sérieuses recommencent le 1er septembre. On est reparti pour
les hautes spéculations religieuses. Le secrétaire déclare forfait. Il n’y comprend

                                                                                  15
plus rien. Il faut continuer par écrit. Calvin et Servet vont échanger des textes
incroyablement savants produits à toute vitesse et, pour Servet, dans des
conditions épouvantables même s’il n’a pas été torturé. Quand on voit ces
documents, on ne peut qu’être frappé par l’écriture parfaite du condamné en
puissance.

       C’est terminé, mais le plus long reste à venir. Si pour Calvin «ce chaos
prodigieux de blasphèmes ne mérite aucun pardon», le Conseil veut
l’approbation des cantons réformés. Il n’entend pas être seul responsable d’une
telle exécution. Il faudra le 18 octobre pour les avoir enfin réunis. Le 26, Servet
est condamné à mort. Calvin aurait aimé une décapitation. Ce sera le bûcher.
L’exécution est fixée au lendemain, vendredi 27 octobre.La dernière lettre du
condamné. La graphie est, pour l’époque, totalement moderne, contrairement à
celle de Calvin.

        Le matin du 27, muni d’une autorisation du Petit Conseil, Calvin va voir
Servet à la prison de l’Evêché. C’est la dernière entrevue. Déjà affaibli, le
prisonnier a reçu la sentence avec stupeur. La veille, il a piqué une crise de
nerfs.L’Espagnol s’est repris entre-temps. Il parvient à avoir avec celui qui est
devenu son ennemi une dernière argumentation théologique de deux heures. Il
ne cédera pas. Du reste, pour lui, le crime de pensée n’existe pas. Servet, comme
Sébastien Castellion, qui prendra bientôt sa défense depuis Bâle, est un homme
moderne, alors que Calvin reste un personnage du Moyen Age.
Le réformateur s’en va. Il n’assistera pas à la suite. Le cortège peut partir en
direction de Champel. Servet ira à pied, sans lien d’aucune sorte. Sa langue n’a
pas été coupée, comme l’est souvent celle des hérétiques. Chacun espère en fait
qu’il va se dédire. S’il reconnaissait son erreur, ça arrangerait vraiment tout le
monde. Tel n’est pas le cas. Servet sera donc brûlé réellement vif. Nul ne
l’étranglera discrètement pour abréger ses souffrances, comme la chose se fait
souvent. L’homme mettra une demi-heure à mourir au milieu des flammes,
attaché à un pieu par une chaîne de fer. Ses derniers mots sont «O Jésus fils du
dieu éternel, aie pitié de moi.» Guillaume Farel, venu de Neuchâtel, note qu’il
lui aurait suffi de dire «Jésus fils éternel de Dieu» pour se voir sauvé à la
dernière minute. Si l’on parle de «l’affaire Michel Servet» à Genève, alors qu’il
reste simplement question d’Inquisition pour les pays catholiques, c’est à cause
du caractère véritablement unique du procès de 1553.
        Créé au Moyen Age, réactivé par le pape Paul III en 1542, ce tribunal
ecclésiastique a fait des milliers de morts. Peut-être des dizaines de milliers.
Personne ne s’accorde sur les chiffres. En Espagne, où elle a été introduite en
1479, l’Inquisition a vite fait peur au pontife Sixte IV lui-même. Elle s’y
maintiendra par ailleurs longtemps. Il faudra attendre 1834 pour que cet appareil
de terreur disparaisse définitivement. Au Portugal, le dernier bûcher religieux
date de 1761, ce qui semble incroyablement tard.

                                                                                16
Documents d’Archives de Sevê Evîn Cicek

                        La triste fin de Lucilio Vanini

    Lucilio Vanini a étudié la philosophie et la théologie à Rome, et le droit à
Naples où il obtient sa licence en 1606. il poursuit ses études de jurisprudence à
Padoue où il entre dans les ordres. Il se rend successivement en Suisse, en
Hollande, en France et en Angleterre où il abjure le catholicisme en 1612. En
1614, il est incarcéré 49 jours pour avoir attaqué l’Église anglicane.

       À son retour à Lecce, il redevient catholique et se consacre aux études
physiques en vogue sous la Renaissance. Il tente d’enseigner à Gênes, mais,
après un bref séjour à Genève, il retourne une fois de plus en France, en 1615, à
Lyon où il publie, dans un effort afin de se disculper de l’accusation d’athéisme,
l’Amphitheatrum aeternae Providentiae Divino-Magicum - le titre complet en
français est Amphithéâtre de l’éternelle Providence divino-magique, christiano-
physique et non moins astrologico-catholique, contre les philosophes, les athées,
les épicuriens, les péripatéticiens et les stoïciens.

      L’année suivante, il est chapelain du maréchal François de Bassompierre à
Paris où il publie les dialogues De Admirandis Naturae Reginae Deaeque
Mortalium Arcanis (Merveilleux Secrets de la nature, la reine et la déesse des
mortels). Bien que les définitions de Dieu y soient quelque peu panthéistes,
l’ouvrage est suffisamment orthodoxe. Les arguments en sont cependant en
grande partie ironiques et ne peuvent être considérés comme l’expression de ses
opinions véritables. Après une seconde édition, l’ouvrage, initialement approuvé
par deux docteurs de Sorbonne, est soumis à un réexamen à l’issue duquel il est
condamné aux flammes.

     Vanini se retire prudemment à Toulouse où il commence à enseigner.
Prenant le surnom de Pomponio Uciglio il devient précepteur chez monsieur de
Berthier, précepteur pratiquant le jour et libertin la nuit. Devant les nombreuses

                                                                               17
rumeurs à l’encontre de son protégé, Berthier le congédie. Vanini trouve refuge
chez Adrien de Montluc-Montesquiou, comte de Caraman. Ils se connaissaient
des grandes soirées organisées par le maréchal de Bassompierre à Paris.

       Du Capitole au parlement de Toulouse, on s’inquiéta des troubles à
l’ordre public et de son influence sur la jeunesse. Arrêté en novembre 1618 par
l’Inquisition, il est accusé d’être athée et d’avoir des mœurs contre-nature[1]. Le
procureur Catel eut bien du mal à prouver qu’il était hérétique tant la défense de
Lucilio montrait sa dévotion à l’Église catholique. Après un long délibéré,
Lucilio Vanini, dit Pomponio Uciglio, fut convaincu de blasphème, impiété,
athéisme, sorcellerie et corruption de mœurs. Condamné à avoir la langue
coupée, à être étranglé puis brûlé le 9 février 1619 sur la place du Salin, le
hurlement de Vanini fut, de mémoire de Toulousain, le plus horrible[2].

      Bien qu’intellectuellement inférieur à Giordano Bruno, ce libre-penseur a,
comme lui, fait partie de ceux qui, en attaquant l’ancienne scolastique, ont
contribué à jeter les bases de la philosophie moderne. Sa vie errante, sa mort
tragique, ainsi que son parti pris antichrétien, ne sont pas sans rappeler Giordano
Bruno.

        Les De admirandis naturae reprennent, dans une prose simple et
élégante, l’interprétation naturaliste des phénomènes surnaturels que Pietro
Pomponazzi —que Vanini appelle « magister meus, divinus praeceptor meus,
nostri speculi Philosophorum princeps [Mon maître, mon divin précepteur, le
premier des philosophes à notre image] »— leur avait donnée dans ses De
incantationibus. Vanini y fait même référence à Cardano, Scaligero et à d’autres
penseurs du XVIe siècle. « Dieu agit sur les êtres sous-lunaires (entendons « les
êtres humains ») en se servant des cieux comme moyen » donne une origine
naturelle et une explication rationnelle aux prétendus phénomènes surnaturels,
alors que l’astrologie était aussi considérée une science ; « l’Être Suprême donne
des avertissements aux hommes et spécialement aux souverains à l’exemple
desquels se conforme le monde, lorsque des dangers les menacent »[3].

        Mais les fondements des phénomènes présumés surnaturels relèvent
également de la fantaisie humaine, capable parfois de modifier l’apparence de la
réalité extérieure comme les fondateurs des religions révélées, Moïse, Jésus,
Mahomet et les ecclésiastiques imposteurs qui imposent des fausses croyances
pour obtenir richesse et pouvoir et les gouvernants, intéressés au maintien de
croyances religieuses pour mieux dominer le peuple, comme l’enseignait déjà
Machiavel.

      En suivant encore Pomponazzi et ses interprétations des textes
aristotéliciens, changée des commentaires d’Alexandre d'Aphrodisie, il nie
l’immortalité de l’âme. Les ouvrages de Vanini ne le montrent pas, à proprement

                                                                                18
parler, comme athée : s’il nie la validité des religions révélées, il accepte Dieu
comme être absolu et considère la nature comme sa manifestation. Sa
conception philosophique s’apparente donc au libertinisme et au naturalisme
panthéiste.

    De nos jours, les scientifiques qui défendent l’idée d’évolution et
démontrent sa réalité ne risquent pas leur vie (ce qui ne veut pas dire qu'ils ne
prennent aucun risque 5). Dans l’histoire des sciences, tous n’eurent pas cette
chance!
    Ainsi, le philosophe italien Lucilio Vanini, en 1615, dans un de ses livres6 ,
qui était une sorte d'encyclopédie des connaissances de son époque, donne
plusieurs arguments en faveur d'une origine animale des hommes. Entre autres
idées, il présente celle selon laquelle des singes sont les ancêtres de certains
hommes, pour ne pas dire tous. Pour éviter d'être condamné, il ne s'exprime pas
directement, mais créé des personnages qui s'expriment sous forme de dialogue.
Cette précaution de style ne le sauvera pas.

     Au dialogue 37 (intitulé De prima hominis generatione - de l’origine de
l’Homme), parmi d’autres hypothèses, il présente celle selon laquelle «quelques
athéistes de bon esprit (...) on pensé que l’homme venait de la semence des
guenons et des singes, laquelle, se cultivant petit à petit, en vient à se
perfectionner et à prendre la forme d’Homme.». À cause de ses idées et de
l'enseignement qu'il en donne, il est arrêté le jeudi 2 Août 1619 7, à l'âge de 34
ans, par les capitouls d'Olivier et Vizarel dans une maison de l'actuel quartier de
la Daurade, à Toulouse. Il est jugé par le parlement de la ville, accusé de ne pas
croire en Dieu (et d’être homosexuel, tiens, en plus). Il se défend avec
acharnement et de façon brillante, mais le procureur général (le capitoul
Guillaume de Catel), le hait et l'interroge avec acharnement. Vanini manque
d'être acquitté, lorsqu'au dernier moment le témoignage d'un noble joue contre
lui et signe sa condamnation, pour laquelle De Catel reçoit seize écus (Ce
capitoul sera tellement fier de ce travail qu'il s'en vante encore sur la statue de
son buste, dans la salle des illustres du capitole de Toulouse). Vanini est
condamné à avoir la langue coupée avant d’être brûlé vif (d'autres sources, plus
digne de foi, disent "étranglé et puis brulé une fois mort") pour cause de «lèse-
majesté divine, athéisme, blasphèmes, impiétés et autres crimes».
5
  1 - au début des années 1980, l’état du Queensland, en Australie, s'opposa, sous influence religieuse, à
l’enseignement de l'évolution (en donnant à des idées religieuses un statut scientifique immérité). Le
professeur de Géologie Ian Plimer, de l’Université de Melbourne, s'opposa à cette décision et du prouver
les erreurs des religieux au cours de 6 procès successifs qui l'ont entièrement ruiné (il y a même laissé sa
maison, son histoire est racontée dans le recueil « Intrusions spiritualistes et impostures intellectuelles en
sciences », ed. Syllepse, 2001).
6
 Admirantis narurae Reginae Deaeque Mortalium Arcanis (Merveilleux Secrets de la nature, reine et
déesse des mortels)
7
    - Annales manuscrites de l’Hotel de Ville de Toulouse, 1619, T. VI, fol. 13-14.

                                                                                                                 19
Son exécution a marqué les esprits8 et a été bien relatée (annexe): le
samedi 9 février, Vanini a été trainé sur une claie (une sorte de chariot sans
roues) jusqu'à 'église St Etienne. Là, il a été déshabillé, ne gardant que sa
chemise et une torche allumée à la main, une corde au cou. Agenouillé devant la
porte de l'église, il a dû demander pardon "a Dieu, au roy, a la justice"9 . Puis il
a été conduit place du Salin10 . L'écrivain Gabriel - Barthelemy de Gramond 11le
décrit à ce moment: " Je l’ai vu dans la charette, sur le chemin du supplice ; il
se moquait d’un cordelier 12 qu’on lui avait donné pour sa consolation et pour
le faire renoncer a son entêtement [...] Sur le point de mourir, il présentait une
apparence horrible et complètement farouche. "

       Sur la place, Vanini est assis sur un poteau, puis, avant que le feu ne soit
mis au bûcher :"on lui ordonna de livrer sa langue sacrilège au couteau: il
refusa; il fallut employer des tenailles pour la lui tirer, et quand le fer du
bourreau la saisit et la coupa, jamais on n’entendit un cri plus horrible; on
aurait cru entendre le mugissement d’un boeuf qu’on tue."

      Vanini est ensuite étranglé. Comme il a refusé de renoncer à ses idées
devant un prêtre, un panneau portant les mots " Athée et blasphémateur du nom
de Dieu." Est posé sur ses épaules, puis il est brûlé et " le reste de son corps fut
consumé par le feu, et l’on dispersa ses cendres au vent."

       Le destin de Vanini illustre le danger qu'il y avait à parler seulement de
l'idée possible d'une évolution des espèces et d'une origine animale de l'homme.
Il éclaire les précautions extrêmes et les hésitations de Darwin, 250 ans lus tard,
lorsqu'il publia son "origine des espèces": même sans risquer le bûcher, les
réactions furent vives, et 150 ans plus tard les passions ne sont pas encore
apaisées sur ce sujet.
      Voici comment la revue “le Mercure Français” de 1619 rapporte
l'évènement (Je traduit du vieux français, le texte original est donné plus loin):

8
  L'écrivain Savinien Cyrano de Bergerac (qui inspira, bien plus tard, le personnage de la pièce de
théâtre d'E. Rostand), s'inspira de l'histoire de Vanini dans un de ses livres (histoire des états et empires
de la Lune et du Soleil) où, emprisonné à Toulouse et en danger d'être exécuté pour hérésie, son héros
parvient à s'évader.
9
    Annales manuscrites de l’Hotel de Ville de Toulouse, 1619, T. VI, fol. 13-14.
10
   Depuis le 8 février 2008, une plaque rappelle l’exécution de Vanini ainsi que de trois autres
philosophes, ayant étudié à Toulouse, qui furent brûlés pour leurs idées jugées incompatibles avec la
religion.
11
 - Gabriel Barthélemy de Gramond, Historiarum Gallioe ab excessu Henrici IV, Toulouse, 1643, livre
XVIII : 9 février 1619
12
 Un cordelier est un moine de l'ordre Franciscain, qui accompagnait les condamnés à mort.
Annexe

                                                                                                                20
Au mois de Novembre 1619, fût arrêté en la ville de Toulouse, un italien
philosophe et très savant qui donnait des cours de sciences et de philosophie à
domicile. Il soutenait et enseignait que l'âme n'existe pas, qu'il n'y a pas de vie
après la mort,et d'autres choses si scandaleuses que l'on ne peut les répéter. Par
son éloquence, il persuadait très bien ses auditeurs de la justesse de ses
opinions, et beaucoup commencèrent à le croire. Le parlement étant prévenu, il
fit arrêter cet enseignant qui, pris et interrogé, maintient ses idées et opinions.
Il fut alors jugé et condamné. Il du d'abord défiler en chemise, la torche au
point, en demandant pardon. Ensuite, il fut trainé sur un chariot, on lui coupa la
langue et il fut brûlé vif, début février, sur la Place du salin. Il mourut avec un
détachement rare, sortant de sa prison avec entrain en disant, en italien "
allons, allons allégrement, mourir en philosophe" . Lorsqu'on lui dit de
demander le pardon de Dieu, il répliqua devant plus de mille personnes : "Il n'y
a ni Dieu, ni Diable, car s'il y avait un Dieu, je le prierai de lancer
la Foudre sur ce Parlement injuste et inique, et s'il y avait un Diable, je le
prierai aussi de l'engloutir sous terre, mais parce qu'il n'y a ni l'un ni l'autre, je
ne ferai rien”.
Texte original: Au mois de Novembre de l'an passé, fût arrêté en la ville de
Toulouse, un italien philosophe et grandement docte qui allait montrer par les
logis aux enfants de maison qui désiraient savoir parfaitement philosophie. Il
soutenait et enseignait que nos corps étaient sans âme, et que mourants, tout était
mort pour nous, ainsi que les bêtes, que la Vierge (O blasphème exécrable !)
avait eu connaissance charnelle comme les autres femmes et autres mots bien
plus scandaleux, du tout indignes d'écrire ni de réciter. Par son éloquence, il
glissait tellement sa pernicieuse opinion dans l'entendement de ses auditeurs,
qu'ils commencèrent à balancer en la croyance de cette fausse doctrine; ce qu'est
advenu à la connaisance du Parlement, il décréta contre ce nouveau Ministre; et
étant pris et interrogé, il soutint ses instructions véritables.

      Sur quoi son procès lui fut fait, et l'arrêt donné, portant condamnation de
faire amende honorable, nu en chemise, la torche au poing, et traîné sur une
claye, la langue coupée et brûlé vif, ce qui fut exécuté au commencement de
février, au lieu appelé Place du Salin. Il mourut avec autant de constance, de
patience et de volonté qu'aucun autre homme que l'on ait vu; car sortant de la
Conciergerie comme joyeux et allègre, il prononça ces mots en italien : allons,
allons allégrement, mourir en philosophe, mais bien plus pour montrer sa
constance en la mort qu'un désespoir en l'âme, lorsqu'on lui dit qu'il criât Merci
à Dieu, il dit ces mots en la présence de mille personnes : Il n'y a ni Dieu, ni
Diable, car s'il y avait un Dieu, je le prierai de lancer un Foudre sur le Parlement
comme du tout injuste et inique, et s'il y avait un Diable, je le prierai aussi de
l'engloutir aux lieux souterrains, mais parce qu'il n'y a ni l'un ni l'autre, je ne
ferai rien.

                                                                                   21
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