Enquête autour de la reproduction ovine : 3 CIA s'unissent.
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Enquête autour de la reproduction ovine : 3 CIA s’unissent. Jean-Marc ARRANZ (GIS id64 Ord iarp), Sandrine FRERET et A lice FATET (INRA de Nou zilly) Les enquêtes menées en 2007-2008 dans près de 100 élevages ovins de 3 CIA du Pays-Basque (français et espagnol) ont montré l’importance du sanitaire et de l’alimentation sur les résultats de reproduction. Mais la réussite à l’IA dépend aussi d’autres facteurs comme le choix des brebis, le respect des dates d’IA/mise bas… Comprendre pour améliore r les résultats d’IA Dans les élevages ovins laitiers, l’insémination Plusieurs hypothèses ont été formulées sur le animale (IA) est un outil technique indispensable « terrain », invoquant des facteurs sanitaires pour la création et la diffusion du progrès génétique (pathologies abortives) en particulier pour les (Fatet et al., 2008), et ce, malgré des contraintes troupeaux regroupés en estive. Un autre débat s’est propres à l’espèce : nécessité de synchroniser les cristallisé sur les aspects alimentaires : sur le rôle chaleurs, utilisation de semence fraîche, coût relatif possible du coumestrol des luzernes, sur des actes élevé. Au niveau national, le tau x de l’incorporation de plus en plus fréquente des rations fertilité moyen en brebis laitières est d’environ 64.6 sèches (type unifeed ou mash), sur l’impact de la % en 2008 (Raoul et Lagriffoul, 2009), mais ce transhumance, sur l’opposition entre stratégies de niveau peut varier d’une région à l’autre, voire traite et de reproduction. d’une race à l’autre. Les centres d’IA (CIA) d’Ordiarp (France, L’objectif de cette étude, à l’instar des travaux Pyrénées Atlantiques : FR), d’Osko z (Espagne, menés en élevages bovins laitiers, est d’étudier les Navarre : NA) et d’Arkaute (Espagne, communauté facteurs de variation de la réussite à l’IA ovine liés Autonome d’Euskadi : CAE), qui interviennent sur à la conduite des troupeaux et de quantifier les mêmes races ovines, sont confrontés à des l’importance des échecs de gestation (mortalités situations d’élevage contraignantes (transhumance, embryonnaires et foetales, avortements). Le niveau déficits alimentaires saisonniers, risques sanitaires de pertes embryonnaires et foetales et la variabilité liés aux fortes densités et aux regroupements de de ces pertes restent peu connus en ovins, alors troupeaux) et présentent des résultats d’IA qu’ils ont été bien décrits et analysés ces dernières inférieurs à la moyenne nationale. Ces CIA se sont années chez la vache. Il s’agit en particulier de associés pour mieu x connaître les facteurs de pouvoir apprécier leur impact dans les situations variation de la réussite à l’IA et améliorer leurs d’élevages « rustiques », au sein desquels les résultats. risques sont considérés comme élevés. Dans les Pyrénées Atlantiques, après plusieurs Ce travail débouche, très concrètement, sur un années de résultats stables, une baisse de la fertilité renouvellement et un enrichissement du conseil en moyenne à l’IA a été observée en 2003 et 2004 élevage, sur une améliorat ion et une plus grande (Figure 1). maîtrise de la conduite de la reproduction.
Figure 1 : Les résultats du centre d’insémination d’Ordiarp (Pyrénées Atlantiques) depuis sa création (94 000 IA en 2007, 88 000 IA en 2008) Evolution de la fertilité et prolificité à l'IA entre 1975 et 2008 70 170 58,8 165 60 160 50 155 155 40 150 145 30 140 20 fertilité prolificité 135 10 130 1975 1978 1981 1984 1987 1990 1993 1996 1999 2002 2005 2008 Un dispositif de collaboration transfrontalier, pour une approche identique dans les 3 CIA et une valorisation collective des travaux (MTR), Manech Tête Noire (MTN, rameau Les Pyrénées sont une région traditionnelle français). d’élevage ovin : allaitant sur la partie centrale et Le CIA d’Arkaute (Vitória) est rattaché à la orientale, laitier sur la partie occidentale. Cette « granja model d’Arkaute », domaine regroupant opposition lait/viande s’observe autant sur le diverses activités de recherche-développement et de versant français que sur le versant espagnol. Les formation. Un CIA spécifique est dédié au x races bassins laitiers français et espagnols des Pyrénées ovines laitières locales : Lat xa Cara Rubia (LCR, occidentales ont de nombreux points communs 7200 IA), Lat xa Cara Negra (LCN, rameau (races, produits) en raison de leur histoire. Les régional) (11.000 IA), et la Caran zana (500 IA). structures techniques se sont développées Le CIA d’Oskoz (http://www.itgganadero.com) est parallèlement ; des liens et des échanges se sont un centre co-géré par les associations d’éleveurs noués entre ces structures techniques, en particulier (ASLANA pour les producteurs ovins laitiers en autour des activités de sélection et d’insémination races locales) et l’Institut technique navarrais surtout à partir de 1990. La permanence des ces (ITGG : Instituto Tecnico de Gestion y Ganaderia). échanges a permis de trouver rapidement une C’est un centre multi-espèces (ovins lait et viande, convergence des préoccupations techniques et la porcins, équins, lapins). Les IA ovines laitières capacité à travailler autour d’un projet commun. portent sur les races locales (LCR : 5.000 IA ; LCN Le CIA d’Ord iarp (Figure 2), spécialisé sur les rameau navarrais : 7.000 IA), et dans une moindre ovins, réalise aujourd’hui entre 85 et 95.000 IA par mesure en race Lacaune. an, dont les ¾ en races ovines laitières locales : Basco-Béarnaise (BB), Manech Tête Rousse Figure 2 : Localisation des 3 centres d’insémination et des élevages participant à l’étude (1 losange=1 élevage ; MTR/LCR : rouge ; MTN/LCN : noir,BB & Caranzana : bleu, le trait rouge délimite la zone montagne)
données de mises-bas ont été recueillies dans le Des enquêtes en élevage cadre des contrôles de performance, la p lupart des (ali mentation, reproduction et sanitaire) et des élevages étant inscrits au contrôle laitier officiel. La données à l’animal date de mise bas permet de savoir si la brebis a mis bas sur IA, sur retours voire p lus tardivement, ou Les protocoles de travail ont été définis est restée vide durant toute la campagne. conjointement, les enquêtes ont été menées à partir Nous avons retenu, pour chaque lot (ou de trames communes et les bases de données sur les sous-lot) d’IA, 3 critères d’appréciation de l’issue individus (brebis, mâles d’insémination) ont été de l’insémination (Figure 3) : harmonisées. - le tau x de gestation à 28 jours, Les données mises en commun sont partagées et - le tau x de mises bas sur IA, permettent une description et analyse des pratiques - l’écart entre les tau x précédents, appelé au niveau régional (Arran z et al., 2008). Les « pertes » enquêtes et les suivis ont été menés durant 2 campagnes d’inséminations consécutives: Figure 3 : Protocole de suivi de gestation - Une enquête à grande échelle en 2007 : 99 lots d’IA (9810 brebis) ont été sélectionnés dans 75 élevages commerciau x représentatifs de la diversité des systèmes d’élevages, avec des résultats d’IA répétables et contrastés. Les IA ont été réalisées entre le 21/05/2007 et le 30/ 08/ 2007. - Une enquête complémentaire plus réduite en 2008, recentrée sur des élevages « contrastés », et permettant de recueillir des informations complémentaires : 20 lots d’IA (2206 brebis) issus de 20 élevages. Les IA ont été réalisées entre le 15/ 05/ 2008 et le 08/ 08/ 2008. Un sui vi de l’état corporel des brebis Les enquêtes ont porté sur l’alimentation, la conduite au mo ment de la reproduction et en début En élevages ovins, les techniciens utilisent de gestation, les conditions de réalisation des IA, généralement pour la notation de l’état corporel une les pathologies rencontrées et les conduites grille issue de la grille Russel, sur une échelle de sanitaires. notation de 0 (ou 1) à 5. Toutefois, les niveaux Le suivi individuel repose sur des informations d’appréciation peuvent varier entre techniciens ou produites en routine : informations généalogiques régions, en particulier en fonction des des femelles, données du contrôle laitier, conformat ions (vertèbres plus ou moins saillantes) caractéristiques de reproduction de l’année et des modes de dépôt du gras dorsal propres à précédente et de la campagne en cours, fiches d’IA, chaque race. données sur les doses de semence utilisées. Dans nos suivis d’élevage, nous avons effectué des notations individuelles sur environ 5300 breb is à 2 mo ments : Une évaluation des échecs de - au mo ment de la pose des éponges (soit 2 gestation semaines avant l’IA) - au mo ment de la prise de sang pour le Pour mesurer ces interruptions, il faut constat de gestation (soit 4 semaines après détecter le plus tôt possible l’état gestatif des l’IA). femelles. Nous avons utilisé le dosage dans le sérum sanguin d’une protéine spécifique de la Pour étudier l’effet des niveaux de réserves gestation, la PA G (Pregnancy-Associated corporelles et de leurs variat ions, nous avons Glycoprotein, El A miri et al., 2007), qui peut être calculé : détectée avec certitude dès le 25ème jour après - une note d’état corporel (NEC) au mo ment fécondation. Ce dosage doit aussi intervenir moins de l’IA (par interpolation, ce qui permet de de 35 jours après l’IA si on ne veut pas risquer de tenir co mpte des 2 notations), détecter une gestation sur le premier retour (les - la variation journalière de NEC entre les 2 béliers étant alors présents dans les troupeaux). interventions. 11250 constats de gestation précoces ont ainsi été réalisés dans 72 troupeaux en 2007 et 20 troupeaux en 2008. Des échographies ont aussi été réalisées durant le 3ème mois de gestation présumé. Les
Des résultats et des pistes d’amélioration de la réussite à l’IA perceptibles par les éleveurs et les causes Interruptions de gestation difficilement indentifiab les. En moyenne, ces pertes se sont élevées à 5.2 points. Importance du choi x des brebis à Elles ont été un peu plus importantes en 2008 (8.9 inséminer points vs 5.2 points en 2007), cette augmentation pourrait être reliée à l’ép isode de fièvre catarrhale Les facteurs individuels (âge, stade physiologique, (et/ou à l’impact de la vaccination autour de la production laitière, mode de reproduction de période de lutte). Ces pertes ont aussi été plus l’année précédente, protocole de synchronisation importantes en LCR/MTR (- 7,8 points) que sur les des chaleurs, caractéristiques de la semence et des brebis LCN/MTN (- 4,6 points) et BB (- 3,7 points). béliers utilisés) ont été étudiés par région et par race. Les traitements statistiques simples ou plus complexes (modèles mult ivariés) ont porté sur les 2 Si on raisonne sur l’ensemble des lots d’IA (Figure races dominantes (LCR/MTR et LCN/MTN). 4) : Au delà des effets race et région, qui renvoient à - 62 % ont perdu entre 0 et 7 points, des systèmes d’élevage, des conduites de troupeaux - 24 % entre 7 et 14 points, mais aussi à une mise en œuvre d ifférente de - 13 % ont perdu plus de 14 points l’insémination, nous avons retrouvé des facteurs de variation classiques du taux de mise bas après IA Figure 4 : Taux de mise-bas en fonction du taux de (Figure 5) : intervalle entre mise-bas précédente et gestation à 28 jours et classes de pertes en cours de IA, mode de reproduction de l’année précédente, gestation (2007 & 2008) niveau laitier au mo ment de la mise à la reproduction, âge des brebis (David, 2008 ; David Pertes et al., 2008). 90 0- 7 pts Si on considère les pertes durant la gestation, elles 7-1 4 pts sont plus élevées sur les brebis jeunes, ainsi que sur 80 les brebis à mises bas tardives. >14 pts Taux de MB IA 70 Concernant les conditions d’IA, le fait que les brebis soient inséminées en salle de traite ou à 60 l’attache en bergerie n’a pas eu d’incidence sur la 50 fertilité. La prise en compte des températures le Lo ts jour de l’IA n’a fait pas apparaître d’effet dépressif ◙ ma nech la txa tê te roug e des températures les plus élevées : 5 des 7 lots 40 ◙ma nech la txa tê te noire inséminés avec une température extérieure 30 supérieure à 28° ont de très bons résultats (mais 30 40 50 60 70 80 90 2007 a été une année sans journée Taux de gestation à 28 jou rs « caniculaire » !). L’estimation du niveau d’agitation est presque toujours satisfaisant, ce On peut considérer que des pertes supérieures à 14 critère n ’a pas pu être mis en relat ion avec les points sont symptomatiques d’un épisode infectieux résultats de reproduction. important (en général perçu par les éleveurs) et/ou d’un problème de conduite majeur (stress, transhumance). Dans le cas des troupeaux avec des pertes entre 7 et 14 points, les pertes sont moins
Figure 5a,b,c,d : Taux de gestation à 28 jours et taux de mise bas en fonction de l’âge des brebis, de l’intervalle mise-bas précédente - IA, du mode de reproduction lors de la campagne précédente(MB sur IA ou sur retour d’IA ou après lutte naturelle) et du niveau de production laitière au dernier contrôle. - les boiteries touchent 60% à 64% des En prati que : constituer un lot d’insémination est élevages. une étape importante qui permet d’accroître les - la fréquence d’observation des toxémies chances de réussite à l’IA, en écartant les brebis de gestation est plus réduite, mais peut concerner âgées, celles qui ont des échecs de gestation, celles une majorité d’élevages. qui ont mis bas très tardivement. En ce qui Les autres pathologies évoquées dans l’enquête concerne les jeunes, il s’agit plus d’un problème de concernent moins d’un tiers des élevages : pertes embryonnaires que d’échec lors de pathologies des agneaux (coccid iose, l’insémination : une conduite appropriée cryptosporidiose), listérioses, problèmes (alimentation, limitation du stress, suivi sanitaire) respiratoires (pasteurelloses), diarrhées. peut limiter ces pertes et donc permettre d’obtenir des résultats comparables au x breb is adultes. Ainsi, les problèmes abortifs restent, avec les mammites, des pathologies dominantes au sein des Sanitaire : un risque toujours troupeaux enquêtés : ils peuvent, à des degrés présent divers, contribuer à perturber la reproduction. La description des pathologies fait ressortir 3 à 4 Les stratégies de traitements antiparasitaires et de pathologies dominantes : vaccination ont également été répertoriées. - des mammi tes dans 60 à 100% des Parmi les vaccins, seul le vaccin contre troupeaux selon les régions (9 à 20 cas dans les l’entéroto xémie est mis en œuvre dans la plupart troupeaux déclarants) des troupeaux sur l’ensemble des catégories de - des avortements relevés par 67% à 82% femelles (du fait des conséquences économiques des éleveurs selon les régions. Pour près de 10% d’une non-vaccination). Pour les autres maladies, des élevages, le no mbre d’avortements est supérieur seuls les élevages de Navarre ont recours de à 30, il est compris entre 10 et 30 pour 30% des man ière assez fréquente à la vaccination contre la troupeaux. salmonellose et la chlamydiose. Pour les deux
autres régions, les vaccins (chlamydiose, salmonellose, toxoplas mose, fièvre Q, Border Il n ’y a pas eu de lien direct observé avec les disease, ecthyma contagieux, p iétin... ) sont utilisés résultats d’IA ou les pertes emb ryonnaires : 15 % marginalement : mo ins d’un troupeau sur 10 (d ’où des éleveurs ont eu recours à un traitement un risque réel notamment vis-à-vis des malad ies antiparasitaire proche du mo ment de l’IA, mais sans abortives). incidence visible sur le résultat de l’IA. La En ce qui concerne les traitements fréquence des traitements antiparasitaire ou le antiparasitaires, on relève une grande diversité de nombre de vaccins réalisés n’ont pas eu d’effet fréquence et de modalités de traitements. Le mesurable sur les résultats de reproduction. Plus nombre moyen de traitements sur adultes se situe en paradoxalement, si on considère les 11 lots ayant eu moyenne entre 2.4 et 3.3 selon la région, entre 1.9 des pertes supérieures à 10 points, 6 sont issus et 3.1 sur agnelles, mais avec une relative diversité d’élevages n’ayant pas indiqué d’avortements la ou entre élevage (de 0 à 7), ainsi que pour les périodes les 2 années précédentes. Inversement, de forts de soin. Ainsi, les traitements en Espagne sont épisodes abortifs l’année précédente n’entraînent réalisés principalement en été et à l’automne, alors pas systématiquement un niveau de pertes supérieur que ceux-ci sont beaucoup plus étalés en France. l’année qui suit. 45% des éleveurs des 3 régions confondues ont eu recours à un traitement à base de mo lécules de la En résumé : Il subsiste un « bruit de fond » de famille des avermectines (Dectomax®, Ivo mec® pathologies diverses, en particulier de type abortif, pour les plus utilisés) en été ou à l’automne. qui montre que le risque d’apparition d’épisodes Les différentes stratégies s’exp liquent par graves est réel, permanent, et difficile à contrôler. les restrictions d’utilisation des différentes Ce risque est peu prévisible, mais on arrive mo lécules en période de production : ainsi en généralement à relier, a posteriori, les forts niveaux France, ne sont utilisables en période de traite que de pertes (supérieurs à 10 points) avec un épisode les produits à base de benzimidazoles (type infectieu x ou abortif. Panacur®), alo rs qu’en Espagne toutes les mo lécules sont interdites en période de traite. Variati on d’état corporel au moment de l’IA En moyenne, les notes d’état corporel ont eu Figure 6 : Variations moyennes de NEC par lot entre les tendance à baisser durant la période de lutte (63% 2 notations : des lots présentent une baisse ; Figure 6) : les mauvaises conditions climat iques (temps très pluvieu x) et la qualité des fourrages ou de l’herbe 4 Augmentation disponibles peuvent expliquer, au mo ins pour le de la NEC versant français, cette baisse des NEC. 3,5 Les NEC dépendent du stade physiologique et de la NEC + 28j D iminution production laitière : de la N EC - plus les brebis ont mis bas tardivement, 3 CAE plus elles sont maigres, Fr - plus elles produisent de lait au dernier 2,5 Nav contrôle (proche de l’IA), plus elles présentent des notes faibles. 2 Si on s’intéresse aux résultats moyens par 2 2,5 3 3,5 4 NEC - 15j lot, on observe des résultats et des tendances différentes d’une région à l’autre.(Figure 7).
Figures 7 a,b : Taux de gestation à 28jours en fonction des variations moyennes de NEC par lot d’IA et en fonction de la NEC moyenne du lot d’IA (1 point = 1 lot d’IA) 85 CAE Fr Nav 85 80 80 75 75 tendance CAE 70 tendance CAE 70 65 tendance Nav 65 60 tendance Nav CAE 60 55 55 Fr 50 tendance Fr 50 Nav 45 45 tendance Fr 40 40 35 -0,015 -0,01 -0,005 0 0,005 0,01 0,015 35 2 2,5 3 3,5 4 4,5 Va riation de la NEC NEC lot Sur les lots de la région FR, les taux de gestation tendent à être plus élevés sur les lots présentant les NEC les plus faibles, ainsi que sur des lots qui ont subi une diminution de leur NEC moyenne pendant la lutte. Cette tendance est inverse en CAE, et interméd iaire en Navarre. Si on considère l’ensemble des brebis indépendamment des élevages/lots d’IA, on observe globalement de meilleurs taux de gestation pour les brebis ayant des NEC stables, mais des taux de mises bas légèrement supérieur pour les brebis dont la NEC a augmenté (Figure 8). Si on considère la NEC estimée au mo ment de l’IA, les taux de fertilité moyens sont plus élevés pour les brebis en bon état (classes autour de la note 3 et 3,5). Figure 8 a,b : Taux de gestation à 28 jours et taux de mise bas moyens par classe de variation des NEC et par classe de NEC Mais des situati ons qui diffèrent d’une région brebis peut, lui, résulter d’une difficu lté à ajuster le à l’autre. rationnement, et d’une suralimentation prolongée Si ces tendances sont globalement concordantes tout au long de la lactation. A contrario, dans les avec les connaissances bibliographiques, nous élevages de CAE, qui sont beaucoup plus avons pu observer des situations contrastées d’une dépendants de la ressource en herbe et de sa qualité zone à l’autre. C’est ainsi que de très bons résultats et où les NEC sont en moyenne plus faibles, on d’IA sur des troupeaux « maigres » dans la région observe très nettement un effet favorable de FR nous incitent à moduler les conclusions l’amélioration de l’état corporel. précédentes. Dans certains élevages, le maintien du troupeau avec des réserves corporelles limitées relève d’un choix parfaitement maît risé, le rationnement étant alors ajusté pour maintenir la production de lait. L’engraissement excessif des
Alimentati on : nature des aliments, Pour la pâture, nous avons affecté une même valeur ni veaux d’apports et changements « moyenne » à toutes les pâtures. Il n’est guère possible d’être plus précis, tant les sources de Pour ce qui concerne l’alimentation, variations (type de végétation, hétérogénéité des l’enquête est centrée sur la période de lutte, avec 5 milieu x, âge des plantes) sont nombreuses et mo ments d’enregistrements de la ration apportée : difficiles à appréhender. 15 j avant IA, le jour de l’IA , 15 j après IA, 28 j Au-delà de la variabilité entre élevages, on constate après, IA et 3 mois après IA. Sont notées la nature que les pratiques diffèrent profondément d’une des aliments offerts et leurs quantités. région à l’autre (Figure 9). Malgré des niveaux L’appréciation des apports alimentaires, en fin de d’apport de concentrés équivalents (300 à 400 g en printemps ou en été est difficile à réaliser du fait de moyenne), on constate des niveaux de fourrages la part importante du pâturage : si on peut assez apportés en bergerie très différents, avec des facilement relever les quantités d’aliments apportés apports faibles ou nuls en CAE (troupeaux souvent en bergerie ou à l’auge (fourrages et concentrés), en montagne), et au contraire très élevés en FR l’appréciat ion de la pâture, surtout en montagne, (apport en bergerie proche de1 kg de MS par jour). n’est guère réalisable par enquête. Toutefois, en situation de durée de pâturage réduite, comme c’est Concernant les changements de régime alimentaire, le cas en France, nous avons pris l’habitude de nous le lien est fréquent avec le tarissement et/ou le baser sur le temps d’accès à l’herbe, en corrigeant, départ en montagne, celui-ci est plus précoce en le cas échéant, en fonction de la disponibilité ou la CA E que dans les autres régions. qualité.. Les niveau x d’apports calculés en FR, sur la base La transhumance est décrite à partir des dates de des estimations d’herbe, se situent en moyenne à mouvement. Les valeurs alimentaires des différents 1.5 UFL et 180g de PDI, pour un niveau lait ier types d’aliments sont estimées en se référant aux avoisinant 0.5 l/jour au mo ment de l’IA : ces tables INRA et au x références locales, exp rimées en niveaux couvrent largement les besoins, voire unités françaises (UFL, PDI) et unités dépassent les recommandations à cette période. internationales (fib res brutes, matières azotées). Figure 9 a, b : Apports alimentaires (en kg MSI/j) en fonction du moment d’observation par rapport à l’IA et selon la région et Apports alimentaires calculés pour la région Fr (en UFL et PDI par j et par brebis) 1,00 Fr berg 2, 00 190 Fr co nc 1, 90 180 C AE berg UFL 0,80 1, 80 PDIN 170 C AE co nc UFL/j 1, 70 PDIE PDI /j 160 0,60 N av berg 1, 60 Kg MS/j N av conc 150 1, 50 140 0,40 1, 40 130 1, 30 0,20 1, 20 120 1, 10 110 0,00 1, 00 100 IA-15 IA IA+15 IA+30 IA+90 IA-15 IA-15 IA+15 IA+30 IA+90 distribuées au moment de l’IA sont modérées (0,1 à De man ière générale, pour les troupeaux non 0,5 kg/j), et les pertes embryonnaires sont transhumants ou transhumant très tard, également les plus faibles pour les lots recevant des l’alimentation est maîtrisée, et les niveaux d’apport quantités de concentrés modérées 15 j après l’IA. directement contrôlable dans le tank à lait. Pour les fourrages distribués, il n’y a pas d’effet Ainsi, en région FR, avec une appréciation précise notable sur la fertilité, mais les pertes tendent à être possible de l’herbe, on observe en général une plus faibles quand les quantités apportées au grande stabilité des apports durant la période de mo ment de l’IA ou 15 jours après sont supérieures lutte (entre -15 et +15j par rapport à l’IA). à 500 g/j. Les effets du niveau de MS totale ingérée et la part de pâturage aux différentes périodes n’ont Les effets sur la reproduction sont difficiles à pas d’effet significatif sur la fertilité, bien que l’on apprécier. observe une corrélation positive entre la fertilité et Les meilleurs résultats de fertilité à 28 j (PA G) sont les apports totaux d ’énergie 15 j avant et au observés lorsque les quantités de concentrés mo ment de l’IA.
La consommat ion de lu zerne (bouchons, foin) n’a pas eu d’effet significatif. Mais de meilleurs Dates d’IA et de tarissement résultats sont observés lorsque les éleveurs utilisent Les lots d’IA sont réalisés majoritairement sur 2 des bouchons (luzerne ou pulpes de betterave). Les époques : variations de niveau d’apport de MS ou d’énergie - fin mai - juin entre le jour de l’IA et 15 ou 30 jours après l’IA (> - en août pour une partie des troupeaux -10 % vs
Conclusion Durant ces 3 dernières décennies, l’élevage ovin laitier, y compris dans les zones difficiles telles que les Pyrénées, a profondément évolué tant au niveau des animau x (accroissement des productions laitières et des durée de traite) que des conduites de troupeaux (alimentation, sanitaire, gestion de l’espace) qui s’intensifient tout en maintenant des aspects traditionnels. L’insémination est une technique nécessaire, tant pour la mise en œuvre des programmes de sélection collectifs que pour la maîtrise de la reproduction, mais son coût étant relativement élevé (en regard de la production d’une brebis), elle ne peut être attractive que si la fert ilité après IA est satisfaisante. L’étude menée a permis de redéfinir les facteurs de variation de la réussite à l’IA, et d’enrichir notre compréhension en abordant de nouveaux aspects telles que les pertes embryonnaires et fœtales durant la gestation. Ces résultats sont issus d’une étude associant des équipes de chercheurs, des techniciens et vétérinaires des 3 centres d’insémination : Freret S. , Fatet A. , Druart X. , INRA, UMR Physiologie de la Reproduction et des Comportements, 37370 Nouzilly Fidelle F., Arranz JM, C. Vial Novella, H. Isasa, CDEO 64130 Ordiarp (www.gis-id64.com) Beckers J.F., Sulon J. , Sousa N.M. , Université de Liège (Belgique) Bodin L. , David I. , INRA, UR Amélioration Génétique des Animaux, 31320 Castanet Tolosan Lagriffoul G. , Comité National Brebis Laitières et Association Nationale Insémination Ovine, 31320 Castanet Tolosan Beltran De Heredia I. , Sasieta L. , Arrese F. , Neiker Arkaute (Communauté autonome du Pays Basque) Maetzu Sardina F. , Puy Lana Soto M. , Lasarte M. ITGG et ASLANA, Pamplona (Navarre) Ces travaux ont été menés, pour la partie française, avec le concours du Conseil Régional d’Aquitaine et des fonds de coopération transfrontaliers. Références Arranz, J.M., Freret, S ., Fidelle, F., Fatet, A., Druart, X., Beckers, J.F., Sulon, J., S ousa, N.M., Bodin, L., David, I., Lagriffoul, G., Beltran De Heredia, I., S asieta, L., Arrese, F., Maeztu S ardina, F., Lana S oto, M.P., Lasarte, M., 2008. Réussite à l’insémination en élevages ovins laitiers pyrénéens : facteurs de variation liés aux conduites de troupeaux. 15èmes Rencontres Recherches Ruminants, 359-362. http://www.journees3r.fr/texte.php3?id_article=2729 David I., 2008. Analyse génétique et modélisation de la production de semence et de la réussite de l’insémination artificielle en ovin, Thèse AgroParisTech. 199p David I. et al, 2008. Facteurs de variation génétiques et environnementaux de la production de semence et de la réussite de l’insémination artificielle en ovin. 15èmes Rencontres Recherches Ruminants, 15 http://www.journees3r.fr/texte.php3?id_article=2731 El Amiri B., Karen A., S ulon J., Melo de Sousa N., Alvarez-Oxiley AV., Cognié Y., Szenci O. and Beckers J.F.,2007, M easurement of Ovine Pregnancy-Associated Glycoprotein (PAG) During Early Pregnancy in Lacaune Sheep. Reprod Dom Anim, 2007, 42: 257–262. http://www.biomedexperts.com/Abstract.bme/17506803/M easurement_of_ovine_pregnancy- associated_glycoprotein_PAG_during_early_pregnancy_in_Lacaune_sheep Fatet, A., Leboeuf, B., Freret, S ., Druart, X., Bodin, L., Caillat, H., David, I., Palhière, I., Boué, P., Lagriffoul, G., 2008. L’insémination dans les filières ovines et caprines. 15èmes Rencontres Recherches Ruminants, 355-358. http://www.journees3r.fr/texte.php3?id_article=2730 Raoul J., Lagriffoul G., 2009. Compte rendu annuel de l’insémination artificielle ovine 2008, Institut de l’élevage, 32p
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