Et boulimie 496. Anorexie mentale - Défi nition

 
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pathologies
                            TROUBLES DES CONDUITES ALIMENTAIRES

496. Anorexie   mentale
       et boulimie
Définition
Les troubles des conduites alimentaires regroupent l’anorexie men-
tale, associant une anorexie, une aménorrhée (chez la femme,
absence des règles) et un amaigrissement, et la boulimie qui est la
survenue d’épisodes répétitifs d’ingestion alimentaire importante,
incontrôlables et dans un temps bref suivis ou non de vomissements.
Les épisodes de boulimie peuvent être isolés ou associés à l’anorexie
mentale.

Épidémiologie
L’anorexie mentale touche principalement la jeune fille, la fréquence
serait d’environ 0,5 % chez les 12-20 ans.

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La boulimie toucherait 2 à 5 % des 12-20 ans.

☛ Anorexie mentale et société
   Il y a une vingtaine d’années, l’anorexie mentale était peu connue
   du grand public même si elle existait depuis fort longtemps. On
   incrimine actuellement les médias et notamment la mode qui
   érige en modèle la femme-enfant anorexique (Kate Moss, etc.).
   Cependant, il faut souligner que la fréquence de l’anorexie mentale
   n’a pas augmenté dans les pays occidentaux à l’inverse de celle de la
   boulimie. De plus, on observe de plus en plus de boulimie chez les
   garçons.

Étiologie
Les théories psychanalytiques soulignent dans l’anorexie mentale le
refus de la féminité, des transformations de l’adolescence et au-delà le
refus de la sexualité génitale.
Il existerait peut-être une prédisposition biologique.
Pour la boulimie sont avancées la dimension d’auto-sabotage et la
perturbation de l’image du corps.

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Diagnostic
Anorexie mentale
Le diagnostic repose chez la jeune fille par la triade :
– anorexie : c’est une conduite active de restriction alimentaire avec
   l’éviction progressive de tous les aliments « caloriques » et la prise
   éventuelle de laxatifs, des vomissements… ;
– amaigrissement : la perte de poids est importante (souvent presque la
   moitié du poids initial) et est niée par la patiente. On peut observer
   des œdèmes de carence, une diminution de la pilosité, des ongles
   cassants, une cyanose des extrémités (doigts et orteils) ;
– aménorrhée : c’est l’absence de règles depuis plus de trois cycles
   (sans grossesse !).
Paradoxalement, la jeune fille anorexique se sent très en forme, fait
du sport plusieurs fois par semaine, travaille très bien à l’école (surin-
vestissement de la sphère intellectuelle), cuisine pour tout le monde…
mais ne goûte à rien ! Elle trouve toujours une excuse : a déjà mangé,
a mal au ventre, etc. Lorsqu’on lui fait remarquer sa perte de poids,
elle la banalise voire la nie et affirme se trouver trop grosse ; c’est la
dysmorphophobie ou trouble de l’image du corps.
L’anorexie débute souvent après un régime pour un léger surpoids,
après une déception ou un changement familial comme le départ de
la maison d’un frère ou d’une sœur aîné(e).
Elle peut être associée à des épisodes de boulimie, à des prises de laxa-
tifs, de diurétiques (dans le but de maigrir), à des vomissements.
Fait important : la patiente anorexique ne souffre pas d’une patholo-
gie psychiatrique sévère (pas de délire hormis le déni portant sur sa
maigreur).
Au point de vue physique, on peut observer lors d’une anorexie
sévère : un œdème des membres inférieurs, une chute des cheveux,
des dents, une fonte musculaire, une baisse de la tension artérielle et
de la fréquence cardiaque.
Boulimie
L’accès boulimique est la survenue incontrôlable d’une ingestion
alimentaire importante dans un temps limité, provoquant du plaisir
sur le moment et le plus souvent en cachette. Il peut être suivi de
vomissements, de prise de médicaments (laxatifs, diurétiques). Après
l’accès, la patiente se sent souvent honteuse, se déprécie avec une
sensation de mal-être.
La patiente boulimique se préoccupe beaucoup de son apparence,
dans la majorité des cas son poids est normal.
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Évolution
Anorexie mentale
Le principal risque est la mort (par l’anorexie ou par des complications
secondaires : arrêt cardiaque dû aux troubles métaboliques [hypokalié-
mie], etc.). L’autre risque est l’évolution chronique (supérieure à 4 ans).
L’anorexie peut évoluer ou alterner avec des phases boulimiques.
Le déni des troubles est un facteur de mauvais pronostic.
Boulimie
Les principales complications sont liées aux vomissements associés : hyper-
trophie des glandes parotides (aspect de hamster), œsophagite, atteinte
de l’émail des dents, hypokaliémie (avec risque de trouble du rythme car-
diaque). La boulimie peut également être associée à des alcoolisations et à
des prises de drogues. On retrouve fréquemment des éléments dépressifs.
Il peut y avoir des troubles des règles (dysménorrhée).

Traitement – Comprendre les prescriptions

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Traitement de l’anorexie mentale

◗ Mesures générales
La prise en charge de l’anorexie mentale passe le plus souvent par une
hospitalisation. D’une part elle permet de faire un bilan somatique et ainsi
d’évaluer le retentissement de la restriction alimentaire, d’autre part de
séparer l’anorexique de son milieu familial. La séparation a pour but de
permettre à la patiente de réaménager ses relations familiales. Certains
services proposent un contrat de poids : à l’entrée, un poids de sortie est
fixé (parfois également un poids de sortie de séparation : en dessous de
ce poids, la patiente ne peut pas avoir de contact avec son entourage).
Une psychothérapie peut être proposée lorsque l’état somatique de la
patiente le permet.
◗ Médicaments
Les médicaments peuvent être utilisés en appoint : neuroleptiques
ou anxiolytiques pour l’angoisse, antidépresseurs en cas d’épisode
dépressif associé, etc.
◗ Traitement des formes terminales/sévères
Lorsque la restriction alimentaire met en jeu le pronostic vital, un transfert
en service de réanimation est préférable, notamment en cas de nécessité
de nutrition parentérale et de rééquilibrage hydroélectrolytique.
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Comprendre les règles de prescription
Un bilan somatique doit être réalisé afin d’éliminer une éventuelle étio-
logie organique (tumeur, infection…) et d’évaluer le retentissement
de la restriction alimentaire et d’une éventuelle prise médicamenteuse
(laxatifs, diurétiques).
Un éventuel contrat de poids est réalisé à l’entrée avec le poids de sor-
tie et le poids de séparation. Il est négocié avec le médecin, la patiente,
sa famille et les soignants. Il n’est plus renégocié après.
Traitement de la boulimie

◗ Mesures générales
La prise en charge de la boulimie se fait le plus souvent en ambulatoire.
Les indications d’hospitalisation sont les complications somatiques,
une fréquence élevée des accès boulimiques, un risque suicidaire.
Une psychothérapie peut être proposée qui travaillera, entre autres,
sur le soutien narcissique.
On peut également proposer un apprentissage d’une nouvelle
conduite alimentaire par les thérapies cognitivo-comportementales.
La patiente doit noter l’horaire, le contenu de ses repas, ses sensa-
tions… On lui apprend peu à peu à manger à horaires fixes, à avoir
des stratégies pour éviter les crises (comme ne plus avoir chez soi des
aliments que l’on prend lors des accès : chocolat, gâteaux…).
◗ Médicaments
Les antidépresseurs sérotoninergiques peuvent être proposés en raison
de leur efficacité sur les conduites impulsives.
Les antidépresseurs sérotoninergiques ou inhibiteurs de la recapture
de la sérotonine augmentent la concentration de sérotonine (neuro-
transmetteur) dans le cerveau :
– Deroxat (paroxétine) ;
– Prozac (fluoxétine) ;
– Floxyfral (fluvoxamine) ;
– Zoloft (sertraline).
Leur seule contre-indication est l’association aux antidépresseurs
IMAO.
Ils ont peu d’effets secondaires.

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                 Conduite à tenir IDE
Prise en charge infirmière d’une anorexie
Accueil du patient
• Installation de la patiente dans une chambre (le plus souvent
  seule).
• Inventaire de ses affaires personnelles en sa présence (recherche de
  médicaments).
• Rappel du contrat et des autorisations/interdictions éventuelles
  (sorties, téléphone, courrier, visites, etc.).
• Pesée et mesure de la taille de référence dès l’admission.

Prise de constantes et prise en charge
Prise de la tension artérielle, de la fréquence cardiaque, pesée (le matin
à jeun, attention au risque de prise d’eau avant la pesée !).
Il est important que tous les membres de l’équipe soignante connaissent

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le contrat de la patiente afin de tous l’appliquer de la même façon.
Les repas sont des moments difficiles, il ne faut pas forcer la patiente à
s’alimenter mais il est nécessaire de noter la prise alimentaire sur une
fiche. Le contrat de poids permet justement que la nourriture ne soit
plus au centre des conflits comme ce qui se passait en famille.
Les entretiens infirmiers visent à aider la patiente à verbaliser ses
difficultés familiales, ses conflits et sa relation à son corps féminin.
Recherche des signes de gravité
• Tension artérielle et fréquence cardiaque basses.
• Recherche de signes physiques de dénutrition : œdèmes des mem-
  bres inférieurs, ongles cassants, chute des cheveux, des dents, extré-
  mités froides.
• Calcul du BMI (body mass index) : rapport du poids (en kilo) sur la
  taille (en mètres) au carré. Un BMI inférieur à 15 (pour les femmes)
  est alarmant.
• Bilan biologique perturbé.

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