Etude des filières de recyclage des mégots de cigarettes - Mise en ...

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Etude des filières de recyclage des mégots de cigarettes - Mise en ...
RAPPORT D’ÉTUDE               février 2019
INERIS-DRC-18-177385-09634B

Etude des filières de recyclage des
mégots de cigarettes
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Etude des filières de recyclage des mégots de cigarettes

Rapport réalisé pour le Ministère de la Transition Ecologique et Solidaire

Liste des personnes ayant participé à l’étude : Anna LEYMARIE, Pascal
PANDARD, Isabelle PRADAUD

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PRÉAMBULE
Le présent rapport a été établi sur la base des informations fournies à l'INERIS,
des données (scientifiques ou techniques) disponibles et objectives et de la
réglementation en vigueur.
La responsabilité de l'INERIS ne pourra être engagée si les informations qui lui ont
été communiquées sont incomplètes ou erronées.
Les avis, recommandations, préconisations ou équivalent qui seraient portés par
l'INERIS dans le cadre des prestations qui lui sont confiées, peuvent aider à la
prise de décision. Etant donné la mission qui incombe à l'INERIS de par son
décret de création, l'INERIS n'intervient pas dans la prise de décision proprement
dite. La responsabilité de l'INERIS ne peut donc se substituer à celle du décideur.
Le destinataire utilisera les résultats inclus dans le présent rapport intégralement
ou sinon de manière objective. Son utilisation sous forme d'extraits ou de notes de
synthèse sera faite sous la seule et entière responsabilité du destinataire. Il en est
de même pour toute modification qui y serait apportée.
L'INERIS dégage toute responsabilité pour chaque utilisation du rapport en dehors
de la destination de la prestation.

                     Rédaction                Vérification             Approbation
      NOM         Flore REBISCHUNG         Rodolphe GAUCHER            Martine RAMEL

    Qualité        Ingénieur de l’unité
                                          Responsable de l’Unité     Responsable du Pôle
                   Comportement des
                                          Technologies Propres et   Risque et Technologies
                 Contaminants dans les
                                            Economie Circulaire           Durables
                  Sols et les Matériaux

      Visa

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TABLE DES MATIÈRES

1. RESUME........................................................................................................... 7

2. CONTEXTE ET OBJET DE L’ETUDE .............................................................. 9

3. RESULTATS DE L’ETUDE DOCUMENTAIRE .............................................. 10
 3.1 Méthodologie appliquée et sources investiguées ........................................ 10
 3.2 Acteurs de la valorisation matière ............................................................... 11
   3.2.1 En France ................................................................................................ 11
   3.2.2 A l’international ........................................................................................ 12
 3.3 Projets de recherche autour de la valorisation des mégots ......................... 13
 3.4 Brevets ........................................................................................................ 14

4. PRESENTATION DETAILLEE DES FILIERES .............................................. 15
 4.1 Valorisation matière..................................................................................... 15
   4.1.1 MéGo ! ..................................................................................................... 15
   4.1.2 EcoMégot ................................................................................................ 17
   4.1.3 TerraCycle ............................................................................................... 18
   4.1.4 Poiato Recicla .......................................................................................... 18
   4.1.5 Code Entreprise LLP ............................................................................... 19
 4.2 Traitement thermique et valorisation énergétique ....................................... 20
 4.3 Synthèse ..................................................................................................... 21

5. PERFORMANCE DES FILIERES DE VALORISATION................................. 23

6. FOCUS SUR LES FILTRES EN PAPIER ....................................................... 25
 6.1 Contexte ...................................................................................................... 25
 6.2 Impact sur l’environnement du mégot en papier jeté au sol ........................ 25
   6.2.1 Notion de biodégradabilité et essais associés ......................................... 26
   6.2.2 Biodégradabilité des filtres en papier ....................................................... 29
 6.3 Impact du mégot en papier sur les filières de gestion ................................. 30

7. CONCLUSION ................................................................................................ 31

8. BIBLIOGRAPHIE ........................................................................................... 33

9. LISTE DES ANNEXES ................................................................................... 38

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LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1 : Synthèse des filières de gestion ........................................................ 22
Tableau 2 : Compilation des méthodes standardisées de mesure de la
biodégradabilité ultime de différents matériaux .................................................... 28

                                   LISTE DES FIGURES
Figure 1 : Capture d’écran de la visite virtuelle du site MéGo ! de Bourg-Blanc
(http://emagein-3d.com/partenaires/mego/) .......................................................... 11
Figure 2 : Produits intégrants des mégots recyclés par la société Code Entreprise
LLP (Source : https://yourstory.com/2018/01/code-enterprises/) .......................... 12
Figure 3 : Produits issus de la valorisation de mégots par MéGo ! – à gauche :
mobilier urbain (source : me-go.fr), à droite : pot à crayons et support de téléphone
portable (source : https://twitter.com/Megot_Recyclage/) ..................................... 15
Figure 4 : Schéma du procédé de valorisation développé par Mé-Go ! ................ 16
Figure 6 : Schéma du procédé de valorisation mis en œuvre par Poiato Recicla . 19

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1. RESUME
Dans le cadre de la feuille de route pour une économie circulaire et du projet de
Directive relative à la réduction de l’incidence sur l’environnement de certains
produits en plastique, une réflexion a été initiée autour de la mise en place d’un
engagement volontaire ou d’une filière REP pour les mégots de cigarettes. En
effet, les mégots de cigarettes constituent à ce jour le premier déchet marin, en
nombre d’unités. Chargés en substances polluantes, ils sont à considérer, au sens
de la réglementation déchets, comme des déchets dangereux, et constituent une
source de pollution chimique pour l’environnement lorsqu’ils y sont disséminés.
De fait, la mise en place progressive de filières de collecte des mégots de
cigarettes constitue un élément de réponse à la dispersion de ces déchets dans
l’environnement. Néanmoins, elle soulève la problématique de la gestion de ces
déchets une fois massifiés en un flux spécifique.

Dans ce contexte, et après une première étude portant sur les filières de collecte
et de gestion des mégots de cigarettes, qui avait mis en évidence leur statut de
déchets dangereux, ainsi que leur caractère non admissible en installation de
stockage, l’INERIS a été sollicité pour effectuer une mise à jour de l’état des lieux
des filières de recyclage en France et à l’international, ainsi que pour évaluer leur
performance environnementale, en comparaison à la filière incinération. Une
question supplémentaire portant sur les filtres en papier dits « biodégradables » a
été ajoutée à cette étude.
Un premier travail bibliographique a été complété par des prises de contact avec
les différents acteurs identifiés, qui ont permis d’établir les éléments suivants :
   -   de nombreuses investigations sont menées dans le monde de la recherche,
       pour des valorisations dans des domaines variés. Toutefois, dans la plupart
       des cas, le devenir des polluants n’est pas encore étudié, les études
       portant en premier lieu sur les caractéristiques attendues des produits issus
       du recyclage ;
   -   sur le territoire national, seuls Mégo ! et EcoMégot proposent, à des stades
       plus ou moins aboutis, la valorisation matière des mégots. Le premier
       dispose d’une unité prototypique pour la valorisation des mégots en
       plaques de plastiques, utilisables dans divers usages (essentiellement en
       mobilier urbain). La question de la dépollution et du devenir des polluants
       au cours du procédé mis en œuvre semble avoir été abordée, mais aucune
       donnée expérimentale n’ayant été obtenue, ce point n’a pas pu être
       expertisé. Le second explore à ce stade plusieurs options de valorisation
       matière, dont les développements n’ont pas encore traité la question du
       devenir des polluants ;
   -   d’autres filières de valorisation matière existent à l’international – la plus
       aboutie d’entre eux est menée par Poiato Recicla, au Brésil, qui valorise les
       mégots de cigarettes sous forme de pâte de cellulose, utilisée dans
       l’industrie papetière ; TerraCycle intervient pour sa part dans plusieurs pays
       (USA, Canada, Australie et Grande-Bretagne, notamment) et valorise
       l’acétate de cellulose sous forme de granulés plastiques ;

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-   parallèlement, en France, la valorisation énergétique des mégots se
       développe, certains acteurs de la collecte s’étant tournés vers cette solution
       pour la gestion de leurs flux (notamment Cy-Clope, ainsi qu’EcoMégot pour
       la moitié de ses volumes). Chimirec et Suez RR IWS sont en particulier
       impliqués dans la préparation et le traitement thermique de ce nouveau flux
       de déchets.
Les rares informations collectées auprès des filières ne permettent pas d’évaluer
la performance environnementale de chacune d’entre elles, notamment du fait du
développement encore peu avancé pour la plupart d’entre elles. Néanmoins, il
apparaît que le traitement thermique est à ce jour la filière la moins coûteuse, car
elle bénéficie à la fois d’installations déjà opérationnelles, et d’un maillage plus
dense sur le territoire, limitant ainsi les coûts liés au transport. Cet avantage serait
encore renforcé en accordant aux mégots une dérogation similaire à celle existant
pour les DASRI, permettant de les envoyer en installation 2771 (traitement
thermique de déchets non dangereux).
Il convient toutefois de rappeler ici que la comparaison des filières a été réalisée
d’un point de vue technique, toutes choses égales par ailleurs. Or, il est possible
que l’exutoire mis en avant dans les campagnes de sensibilisation (valorisation
matière ou thermique) ait une incidence sur l’adhésion des fumeurs, et donc,
indirectement, sur les volumes collectés. Ce point serait à prendre en compte
dans la réflexion globale menée autour de la problématique des mégots.
Ces éléments ont pour objectif de venir alimenter la réflexion en cours relative à
l’instauration d’une filière REP. Néanmoins, ils se sont attachés à décrire les
solutions ou pistes actuelles pour la gestion des mégots de cigarettes, sur la base
du schéma existant. D’autres pistes pourraient être explorées pour diminuer
l’impact environnemental des mégots de cigarettes, portant notamment sur la
conception des cigarettes et des filtres. Parmi elles, la substitution des filtres en
polyacétate de cellulose par des filtres en papier a été couverte par la présente
étude. L’absence de données précises relatives au caractère biodégradable des
filtres en papier ne permet pas de valider ou d’invalider ce point. Néanmoins, il
convient de noter que cette solution n’apporterait au mieux qu’une réponse
partielle à l’impact environnemental des mégots lorsqu’ils sont jetés dans
l’environnement, les substances chimiques restant a priori présentes dans les
filtres et continuant à polluer les milieux.

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2. CONTEXTE ET OBJET DE L’ETUDE
En 2016-2017, l’INERIS a été sollicité par le Ministère en charge de
l’Environnement pour apporter un regard d’expert sur les filières de collecte et de
gestion des mégots de cigarettes collectés séparément. Des analyses et essais
avaient alors été réalisés sur des échantillons de mégots, mettant ainsi en
évidence leur statut de déchets dangereux. Les filières de gestion avaient
également été investiguées – compte-tenu de leur fort contenu en substances
organiques, les mégots se sont avérés non admissibles en installation de
stockage, et l’incinération semblait donc être à privilégier parmi les filières
traditionnelles. Concernant les filières de recyclage, encore au stade
embryonnaire au moment de l’étude, il était alors difficile d’évaluer leur pertinence
et leur respect du cadre réglementaire existant. Les résultats de cette étude ont
été publiés dans un rapport disponible en ligne1.
En 2018, dans le cadre de la feuille de route pour une économie circulaire et du
projet de Directive relative à la réduction de l’incidence sur l’environnement de
certains produits en plastique, une réflexion a été initiée autour de la mise en
place d’un engagement volontaire ou d’une filière REP pour les mégots de
cigarettes. Dans ce contexte, l’INERIS a été sollicité à nouveau pour effectuer une
mise à jour de l’état des lieux des filières de recyclage en France et à
l’international, ainsi que pour évaluer leur performance environnementale, en
comparaison à la filière incinération. Une question supplémentaire portant sur les
filtres en papier dits « biodégradables » a été ajoutée à cette étude.
Ce travail s’est inscrit dans le cadre de la mission d’appui aux pouvoirs publics de
l’INERIS, et a été structuré de la manière suivante :
      -   réalisation d’une étude documentaire permettant d’identifier les acteurs
          français et internationaux en matière de valorisation des mégots ;
      -   élaboration de questionnaires à l’intention des acteurs identifiés, et prise de
          contact par mail, téléphone, ou rencontre afin de collecter des informations
          techniques sur les filières ;
      -   exploitation des données acquises pour l’évaluation des procédés de
          valorisation.
Le présent document constitue le rapport d’expertise de l’INERIS sur ce sujet.

1   https://www.ineris.fr/fr/etude-filieres-collecte-traitement-megots-cigarettes

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3. RESULTATS DE L’ETUDE DOCUMENTAIRE
Une étude documentaire portant sur différentes sources et types de documents a
été réalisée par le centre d’information et de veille scientifique de la Direction
Scientifique de l’INERIS. Le rapport complet présentant en détail la méthodologie
appliquée et les résultats obtenus figure en annexe 1. Les éléments essentiels
issus de cette recherche sont repris ci-après.

3.1 METHODOLOGIE APPLIQUEE ET SOURCES INVESTIGUEES
En 2017, le centre d’information et de veille scientifique de l’INERIS avait réalisé
une étude bibliographique et mis en place une veille sur six mois autour des
acteurs de la collecte, du traitement et du recyclage des mégots de cigarettes,
ainsi que sur les procédés entrant en jeu.
Dans le cadre de la présente étude, une nouvelle recherche documentaire a été
réalisée, portant plus spécifiquement sur la filière de recyclage des mégots de
cigarettes, en s’intéressant plus particulièrement aux points suivants :
   - identification d’acteurs (il s’agit de voir si de nouveaux entrants se sont
       installés sur le marché), et ce, sur les territoires français, européen et nord-
       américain ;
   - identification des procédés de recyclage entrant en jeu ;
   - recherche d’informations sur la performance environnementale, sanitaire
       et/ou économique de ces procédés de recyclage.

Le travail réalisé a couvert les champs suivants :
   - recherche de publications scientifiques (articles, extraits d’acte de
       congrès…), notamment au travers de l’étude de sources comme :
           o Web of Science
           o Google Scholar
           o Article+
   - recherche d’articles de presse :
           o Lexis Nexis
           o Google Actualités
   - recherche sur Internet, en interrogeant notamment le moteur de recherche
       Google
   - en complément, recherche de thèses françaises et d’ouvrages en français.

Les différentes recherches réalisées se sont appuyées sur des combinaisons de
mots-clés, s’articulant autour des concepts suivants : mégots, cigarette et
recyclage. L’analyse progressive des résultats obtenus a permis d’affiner, de
réorienter ou de compléter ces recherches avec des termes clés plus appropriés
selon les moteurs utilisés. Le détail de ces investigations est présenté en
annexe 1.

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3.2 ACTEURS DE LA VALORISATION MATIERE

3.2.1 EN FRANCE
L’étude bibliographique n’a pas mis en évidence de nouveaux acteurs sur le
territoire national par rapport à la précédente étude. Il ressort de la recherche
menée que :
   -   MéGo ! (issue de la société Eco Action Plus, implantée en Bretagne) a
       développé son procédé de recyclage des mégots, et élargi le champ des
       produits conçus à partir de mégots recyclés. Cette société communique
       beaucoup sur son action et est très présente sur le net et les réseaux
       sociaux. Elle dispose aujourd’hui d’un procédé de recyclage prototypique et
       fait état d’un projet d’implantation d’une installation industrielle dans l’Est de
       la France à l’horizon 2020. Son essor se traduit néanmoins par des
       partenariats et franchises de plus en plus nombreux (notamment implantés
       dans les villes de Rennes, Castres, Poitiers, Paris, Nantes, Grenoble et
       Caen), qui s’étendent désormais au-delà des frontières françaises, via un
       partenariat avec une start-up belge.

  Figure 1 : Capture d’écran de la visite virtuelle du site MéGo ! de Bourg-Blanc
                       (http://emagein-3d.com/partenaires/mego/)
   -   EcoMégot, située à Bordeaux, est à ce jour la seule alternative existant sur
       le territoire national ; plus mesurée dans sa communication, cette structure
       de l’économie sociale et solidaire annonce en être au stade de la recherche
       et du développement pour ce qui est de la valorisation matière.
Il convient de noter que ces deux acteurs, s’ils développent des solutions en
matière de recyclage des mégots, interviennent également en amont, avec une
part importante de leur activité dédiée à la collecte et à la sensibilisation /
communication autour de la gestion des mégots de cigarettes.

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De nombreux autres opérateurs n’intervenant que sur la collecte ont été identifiés
à travers cette recherche (Lemon Tri, GreenMinded, Gumégo, …). Le troisième
exutoire permettant une valorisation matière mentionné pour les flux collectés, en
plus des deux précédemment cités, est TerraCycle. Etant implantée en Grande-
Bretagne, la solution proposée par cette structure est abordée au paragraphe
3.2.2.
Enfin, la valorisation énergétique apparaît aujourd’hui comme une alternative à la
valorisation matière, et est pratiquée par certains acteurs de la collecte, tels que
Cy-Clope (via un partenariat avec Chimirec) ou EcoMégot (avec Suez RR IWS).

3.2.2 A L’INTERNATIONAL
TerraCycle est une entreprise américaine, fondée en 2001 par Tom Szaky. Son
implantation en Grande-Bretagne récupère des mégots issus de France et
d’Europe (action de collecte au forum de Davos, par exemple). Elle prétend
néanmoins que les flux collectés sont encore en quantités insuffisantes pour
dépasser le stade du « test de recyclage ». La recherche bibliographique a
également mis en évidence une activité de recyclage de mégots de cette
compagnie au Canada (actions de collecte identifiées à Montréal, Vancouver,
Belleville), ainsi qu’aux Etats-Unis (partenariat avec le port de San Diego,
notamment) et en Australie, avec la ville de Melbourne.
Créée en 2016, la société Code Entreprise LLP intervient pour sa part en Inde.
Actrice à la fois de la collecte et du recyclage, elle produit différents objets du
quotidien à partir de mégots : coussins, guirlandes, petits jouets rembourrés,
porte-clés…

Figure 2 : Produits intégrants des mégots recyclés par la société Code Entreprise
             LLP (Source : https://yourstory.com/2018/01/code-enterprises/)
Verda Waste est une société implantée en Afrique du Sud, qui semble, sur la
base du peu d’informations disponibles, mettre en œuvre un procédé d’extrusion
pour l’acétate de cellulose des mégots, et envoyer la fraction papier/tabac/cendres
en filière de compostage. [MyPR, 2017]

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Pour sa part, Poiato recicla collecte et recycle des mégots au Brésil, produisant
dans son usine de Votorantim de la pâte de cellulose utilisée pour la production de
cahiers. Le procédé semble à ce jour bien abouti, ayant impliqué des chercheurs
de l’Université de Brasilia, et fait l’objet de publications scientifiques
(voir partie 4.1.4).
D’autres initiatives de recyclage de mégots à travers le monde ont été repérées
grâce à l’étude bibliographique (No more butts LLC aux Etats-Unis [Laub, 2016],
projet d’implantation d’une usine en Tunisie [African Manager, 2012], production
de fibres textiles incorporant des mégots au Chili [Kleen’Up, 2010], …), mais elles
ne semblent pas avoir abouti, car les informations associées datent de plusieurs
années, et aucune trace plus récente n’a pu être trouvée à leur sujet.

3.3 PROJETS DE RECHERCHE AUTOUR DE LA VALORISATION DES MEGOTS
De nombreux articles scientifiques mentionnent des voies de valorisation des
mégots de cigarettes à l’étude dans le monde de la recherche. On notera
notamment :
   -   la production d’absorbants hydrophobes et oléophiles, utilisables dans le
       cas de déversements accidentels d’hydrocarbures, notamment en milieu
       aqueux ([Xiong et al., 2018], [Ifelebuegu et al., 2018]) ;
   -   la production de matériaux poreux carbonés utilisés pour le stockage de
       l’hydrogène ([University of Notthingham, 2017], [Xiong et al., In press]) ;
   -   la production de membranes utilisées comme séparateurs dans les
       batteries Li-ion ([Huang et al., 2015]) ;
   -   la production d’aérogels de graphène utilisés pour l’absorption d’ondes
       électromagnétiques ([Wang et al., 2015]) ;
   -   l’incorporation dans des briques en terre cuite ([Mohajerani et al. 2016],
       [Abdul Kadir et al., 2009], [Abdul Kadir & Mohajerani, 2012]) ou dans des
       routes ([Laging, 2017], [Mohajerani et al., 2017]) (sans phase de dépollution
       préalable – ces voies de valorisation se veulent être une façon
       d’immobiliser les polluants contenus dans les mégots ; ce point mériterait
       toutefois d’être démontré) ;
   -   la production d’isolants phoniques ([Gomez et al., 2017], [Maderuelo-Sanz
       et al., 2018]) ;
   -   la production de matériaux conducteurs, obtenus par pyrolyse des mégots
       ([Ghosh et al., 2017]) ;
   -   l’utilisation de l’acétate de cellulose des filtres comme support de catalyse
       pour la dégradation des résidus de teintures dans les effluents de la filière
       textile ([Glugoski et al., 2017]), portant toutefois à ce stade sur des filtres de
       cigarettes n’ayant pas été fumées ;
   -   l’incorporation comme charge renforçante dans du caoutchouc naturel afin
       d’en améliorer les propriétés ([Lai et al., 2015]) ;

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-   la production de composites carbonés dopés à l’azote, supports de
       nanoparticules de platine utilisés pour catalyser la réaction de réduction de
       l’oxygène dans les piles à combustible ([Kim et al., 2016]), ou encore
       matériaux utilisés pour la production de supercondensateurs ([Lee et al.,
       2014]).
Ces articles mentionnent rarement une éventuelle phase de nettoyage préalable
des mégots, mais le procédé de production en lui-même semble parfois de nature
à transférer voire parfois éliminer les polluants des mégots (phases de lavage ou
de transformations à hautes températures dégradant les polluants organiques, …).
Quoi qu’il en soit, la performance en matière de dépollution de ces différents
procédés est rarement évaluée (et le cas échéant, les données ne sont pas
disponibles), les articles se concentrant sur les caractéristiques attendues du
produit issu du recyclage. En outre, le devenir des polluants extraits (par exemple
dans une phase aqueuse) n’est pas abordé.

3.4 BREVETS
Une recherche spécifique portant sur les brevets déposés en lien avec les mégots
de cigarettes a été réalisée sur la base de l’INPI et celle de l’Office Européen des
Brevets.
La recherche dans la base de l’INPI a mis en évidence l’existence de nombreux
brevets dirigés vers la collecte des mégots (inventions relatives aux cendriers,
notamment), mais seulement une poignée concernent la valorisation. L’un d’entre
eux a été déposé en 2017 par MéGo !
La recherche dans la base de l’OEB fait état d’autres brevets déposés au niveau
international – une quarantaine a été identifiée, émanant pour la plupart de pays
asiatiques (Chine, Japon, Corée), témoignant d’une activité de recyclage des
mégots de cigarettes non identifiée par ailleurs dans la recherche bibliographique.

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4. PRESENTATION DETAILLEE DES FILIERES
Les informations acquises au sujet des filières de gestion des mégots sont
rassemblées ci-après. Elles sont issues soit de la recherche bibliographique, soit
d’échanges directs avec les acteurs concernés, lorsqu’ils ont donné suite aux
prises de contact et demandes de renseignements sur leurs activités.

4.1 VALORISATION MATIERE

4.1.1 MEGO !
Les données présentées ci-après sont issues de la recherche bibliographique et
d’une réponse écrite à un questionnaire adressé à la société MéGo !, obtenue en
janvier 2019.
Le procédé mis en application par la société Mé-Go ! vise à produire des plaques
de plastique, obtenues par thermocompression des filtres de mégots broyés et
lavés. Ces plaques peuvent être utilisées pour produire divers objets, allant du
support de téléphone portable au mobilier urbain, en passant par des palettes ou
des jetons de caddies. Le banc assis-debout (voir Figure 3) est aujourd’hui le
produit sur lequel se concentrent les efforts de développement de MéGo !

   Figure 3 : Produits issus de la valorisation de mégots par MéGo ! – à gauche :
         mobilier urbain (source : me-go.fr), à droite : pot à crayons et support de
            téléphone portable (source : https://twitter.com/Megot_Recyclage/)

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Pour ce faire, les mégots sont d’abord triés manuellement, afin de retirer les
éléments indésirables, puis une étape de tamisage et de broyage permet de
séparer la fraction cendres/papier/tabac des filtres. Ceux-ci sont lavés à l’eau
avant d’être séchés et à nouveau broyés, en vue de l’étape de compression.

       Figure 4 : Schéma du procédé de valorisation développé par Mé-Go !
Les proportions des différents flux sortants observées sont les suivantes :
   -   indésirables : 7 %
   -   cendres/papier/tabac : 15 %
   -   boues de traitement : 8 %
   -   produit recyclé : 70 %.
Le premier fait l’objet d’un tri supplémentaire, visant à valoriser les déchets
recyclables, le reste est géré en tant que déchets non dangereux/ordures
ménagères. La valorisation de la fraction cendres/papier/tabac est actuellement à
l’étude, avec un projet de mycoremédiation, et les boues de traitement sont
envoyées vers une filière de traitement de déchets dangereux.

Dans ce process, l’extraction des substances dangereuses contenues dans les
mégots serait assurée par l’étape de lavage à l’eau avec un adjuvant (principe
actif naturel non communiqué, car confidentiel), réalisée en circuit fermé, avec
plusieurs bains successifs. L’action combinée de l’eau et de l’adjuvant permettrait
ainsi de traiter les polluants polaires et apolaires. Les polluants seraient ainsi
concentrés dans les boues obtenues par traitement de cette eau, assurant un

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abattement « de la quasi-totalité, soit 90 à 100 % des polluants » des mégots.
L’origine et la signification précise de ces chiffres n’ont pas pu être établies dans
le cadre de cette étude.
D’après l’étude bibliographique, en juin 2018, le site de Bourg-Blanc aurait atteint
les 4 tonnes de mégots collectés depuis sa création. Ces chiffres ont été révisés
par la réponse écrite obtenue de la part de MéGo !, indiquant des volumes
collectés de 6 tonnes en 2017, et de 9 à 10 tonnes en 2018. L’installation aurait
une capacité de traitement de 50 à 80 tonnes annuelles selon les sources. Un
projet d’implantation d’une usine de traitement dans l’Est de la France serait à
l’étude et pourrait voir le jour à l’horizon 2020, avec une capacité annuelle de
traitement annoncée de quelques milliers de tonnes, ce qui représenterait 10 % du
flux de mégots produit en France annuellement.
Enfin, concernant le coût économique de cette valorisation, le chiffre de 10 € / kg
de mégots est avancé. Il reste toutefois à considérer avec précaution, car il n’est
notamment pas précisé s’il tient compte du transport ou vise exclusivement
l’opération de recyclage.

Sources : [Bardou, 2018], [Futura & AFP-Relaxnew, 2018], [Nedjar, 2018],
[Greenminded, 2018a et 2018b], [Segond, 2018], [Semeraro, 2017], [LCI, 2018],
[Sader, 2017], [La Dépêche, 2017], [Colla, 2018], [Deleyto, 2018], [Pouliquen,
2018], [N.G. avec AFP, 2018], [Télé Matin, 2018], [de Rauglaudre, 2018].

4.1.2 ECOMEGOT
Les données présentées ci-après sont issues de la recherche bibliographique et
d’échanges directement menés avec la société EcoMégot en fin d’année 2018.
A ce jour, EcoMégot a collecté environ 7 millions d’unités de mégots, soit
1,5 tonnes. Les investigations d’EcoMégot sont déployées en parallèle sur
plusieurs filières de gestion :
   - la préparation en tant que combustible solide de substitution (CSS), en vue
       d’une utilisation en cimenterie constitue à ce jour l’exutoire sécurisé (voir
       4.2) ;
   - la valorisation thermique en association avec des bois traités est à l’étude ;
   - en ce qui concerne la valorisation matière, une première étape de
       préparation, permettant de séparer les filtres des indésirables et de la
       fraction papier/tabac/cendres a été validée. La valorisation organique de
       cette dernière est à l’étude ;
   - pour les filtres ainsi épurés, deux procédés de valorisation sont en phase
       de test :
           o la production de fibres à partir de fils de cellulose ; dans cette filière,
                une partie des polluants des mégots est extraite sans passer par une
                phase d’extraction aqueuse, qui nécessiterait alors une opération de
                traitement de l’eau. Le process de dépollution assuré par un autre
                moyen est en cours d’évaluation ;
           o la production de granulés plastiques, après broyage, compactage et
                formulation des filtres de mégots.

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Concernant le coût de ces filières, ils seraient en majeure partie imputables aux
opérations de collecte. Pour la valorisation matière, l’évaluation est encore
impossible, eu égard à son stade de développement – l’évolution du marché et le
changement d’échelle viendront nécessairement impacter les coûts.

Sources : [Bardou, 2018], [EcoMégot, 2018], [Sader, 2017] et échanges au cours
d’une réunion en date du 06/12/2018

4.1.3 TERRACYCLE
Des échanges directs par mail avec la société TerraCycle ont permis d’apporter
quelques informations complémentaires par rapport aux éléments issus de la
recherche bibliographique. La description donnée par TerraCycle du procédé mis
en œuvre pour le recyclage des mégots de cigarettes est la suivante : « Les
mégots sont soumis à une série de procédés pour éliminer le tabac résiduel et le
papier, qui peuvent tous deux être compostés après les avoir séparés de l'acétate
de cellulose. Le matériau filtrant restant, constitué d'acétate de cellulose, est
soumis à un lavage afin de le décontaminer. À partir de là, le matériau est
transformé en un format plastique rigide que nous traitons ensuite pour le réduire
à l'état de poudre. Ce matériau en poudre peut être utilisé pour des applications
commerciales telles que des terrasses en composite ou des produits
promotionnels plus petits tels que des cendriers. »
Les informations complémentaires apportées indiquent que l’eau utilisée pour la
décontamination est utilisée en circuit fermé, et que la poudre obtenue à partir des
filtres représente, selon les produits, 10 à 60 % de la masse.
Toutefois, plusieurs indices collectés laissent penser que TerraCycle ne dispose
pas d’installations de traitement en propre, et fait ponctuellement appel à des
sous-traitants pour gérer les flux de mégots massifiés au préalable sur des
installations de regroupement.
En particulier, l’évolution du discours et du positionnement de la société par
rapport au recyclage des mégots traduit une dynamique de désengagement :
présentée en 2016/2017 comme un acteur incontournable et un pionnier européen
en matière de recyclage des mégots de cigarettes, TerraCycle a adopté en 2018
une position plus réservée, indiquant que le développement de la filière
européenne était subordonné à une massification des flux et/ou à des
investissements financiers suffisants, non garantis à ce jour.

Sources : [Bardou, 2018], [Breton, 2018], [Sader, 2017], [Pouliquen, 2018],
[Mouchon, 2018], [TerraCycle, 2018], [Good News Network, 2018], [City of
Melbourne, 2017], [Holmes, 2017], [Snowdon, 2018], [Port of San Diego, 2018],
échanges par mail fin 2018

4.1.4 POIATO RECICLA
Des échanges directs par mail avec la société Poiato Recicla ont permis
d’apporter quelques informations complémentaires par rapport aux éléments issus
de la recherche bibliographique. Ces derniers sont en particulier issus d’un article

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scientifique portant sur le procédé de valorisation des mégots étudié par
l’université de Brasilia et mis en application dans l’installation de Poiato Recicla.
Les informations obtenues par ailleurs apportent un éclairage plus opérationnel,
mais restent néanmoins assez limitées, la société Poiato Recicla ayant préféré ne
pas répondre à certaines des questions posées.
Le procédé appliqué sur cette installation et qui a permis de valoriser, à ce jour,
environ 40 millions d’unités de mégots (soit environ 8 tonnes), est succinctement
décrit sur la Erreur ! Source du renvoi introuvable.. Valorisant les mégots sous
forme de pâte de cellulose à destination de l’industrie papetière, le procédé
développé génère deux flux de matière :
   -   de la pâte de cellulose, utilisée pure ou en mélange selon la qualité de
       papier désirée ;
   -   une « liqueur sombre » concentrant les polluants issus des mégots.
Les auteurs se sont intéressés à la gestion possible de cette liqueur et ont mené
des travaux visant à concentrer les polluants qu’elle contenait dans une phase
solide, et réutilisant l’effluent en boucle fermée dans le procédé, ne générant ainsi
aucun déchet liquide. Bien que présentant la réflexion la plus aboutie en matière
de performance environnementale du recyclage des mégots, cette publication ne
réalise pas de bilan de masse des polluants et ne présente aucun résultat
d’analyse chimique portant sur le flux de pâte cellulosique.
Lors des échanges directs avec Poiato Recicla, les informations complémentaires
suivantes ont été apportées :
   -   le surnageant obtenu après traitement de la liqueur sombre serait
       entièrement valorisé dans un autre procédé ;
   -   des analyses seraient réalisées périodiquement à différentes étapes du
       procédé, et leurs résultats seraient en conformité avec la réglementation
       brésilienne, garantissant la non contamination de la pâte de cellulose
       produite (les polluants suivis n’ont toutefois pas été mentionnés).

 Figure 5 : Schéma du procédé de valorisation mis en œuvre par Poiato Recicla
Sources : [d’Henri Texeira et al., 2017], [Wolfe, 2017], échanges par mail fin 2018

4.1.5 CODE ENTREPRISE LLP
La société Code Entreprise LLP n’ayant pas donné suite à nos sollicitations, les
éléments fournis ci-après sont exclusivement issus de la recherche

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bibliographique. La fiabilité et l’actualité de ces informations n’ont donc pas pu être
éprouvées.
Sur la base des éléments disponibles, il semble que le procédé mis en œuvre par
Code Entreprise LLP consiste en une séparation des différentes fractions des
mégots (cendres / papier et tabac / acétate de cellulose), suivie d’une phase de
dépollution de l’acétate de cellulose dans un bain d’eau adjuvanté de produits
chimiques favorisant le nettoyage. Après séchage, les filtres « dépollués » sont
utilisés en rembourrage de divers produits de grande consommation. D’autres
pistes de valorisation seraient actuellement à l’étude (isolation, notamment). La
fraction papier et tabac serait quant à elle valorisée en compost.
Aucune information n’a été identifiée concernant la performance de l’étape de
dépollution dans le procédé mis en œuvre par cette entreprise, ni le devenir de
l’eau de lavage.
Les volumes de mégots collectés mensuellement atteindraient à ce jour environ
400 à 500 kg. Les images disponibles sur le net relatives au procédé mis en
œuvre laissent entrevoir un niveau de développement encore très artisanal.
Sources : [Roy, 2018], [Code Enterprises LLP, 2017], [Zarfar, 2018]

4.2 TRAITEMENT THERMIQUE ET VALORISATION ENERGETIQUE
Identifiée dans la précédente étude de l’INERIS comme la seule filière classique
envisageable pour les mégots de cigarettes, le traitement thermique est devenu
entre-temps une solution de gestion appliquée par plusieurs acteurs. En effet, Cy-
Clope, qui avait initialement un partenariat avec TerraCycle, s’est depuis tournée
vers Chimirec pour la préparation de combustibles en vue de leur incinération en
cimenterie ([Mouchon, 2018]), et EcoMégot indique envoyer la moitié de ses flux
collectés chez Suez RR IWS dans un même objectif ([EcoMégot, 2018]).
De par leur statut de déchet dangereux, les mégots seraient, en toute rigueur, à
traiter dans une installation relevant de la rubrique 2770 de la nomenclature des
installations classées (installation de traitement thermique de déchets dangereux,
à l'exclusion des installations visées aux rubriques 2792 et 2793 et des
installations de combustion consommant comme déchets uniquement des déchets
répondant à la définition de biomasse au sens de la rubrique 2910). Ces
installations sont environ au nombre de 60 sur le territoire français, dont la moitié
sont des cimenteries et autres fours pratiquant la co-incinération.
L’acétate de cellulose, qui représente environ les 2/3 de la masse des mégots,
présente un pouvoir calorifique de 5600 kcal/kg, soit 23400 kJ/kg. Les mégots
pourraient ainsi constituer un combustible intéressant. Leur charge en éléments
halogénés représente néanmoins une contrainte pour celle filière (la précédente
étude de l’INERIS avait mis en évidence une concentration en chlorures lixiviables
de 0,5 à 0,6 % MS pour les mégots secs). Dans le cas d’un traitement thermique
réalisé sur une installation 2770, la préparation préalablement réalisée à
l’incinération pourrait toutefois valoriser les capacités d’absorption des mégots
pour faciliter l’incinération des déchets liquides, par exemple en remplacement de
la sciure parfois utilisée à cette fin.

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Une alternative possible serait d’envisager l’incinération des mégots en installation
relevant de la rubrique 2771 (installation de traitement thermique de déchets non
dangereux, à l'exclusion des installations visées à la rubrique 2971 et des
installations consommant comme déchets uniquement des déchets répondant à la
définition de la biomasse au sens de la rubrique 2910), sous réserve de créer une
autorisation spécifique, similaire à celle existante pour les DASRI (déchets
d’activités de soins à risques infectieux).
Du point de vue pratique, il convient de noter que :
   -   pour être incinérés, les mégots devraient être conditionnés de façon à éviter
       une manipulation en vrac qui pourrait entraîner leur dispersion ;
   -   les conditions minimales d’incinération (gaz portés à 850°C en conditions
       oxydantes pendant au moins 2 secondes et teneur résiduelle en COT
       inférieure à 3 % dans les mâchefers) sont identiques dans les deux
       catégories d’incinérateur (déchets dangereux vs non dangereux). Ces
       conditions de combustion paraissent suffisantes pour détruire la nicotine qui
       se décompose à partir de 247°C.
Ainsi, une fois conditionnés, les mégots pourraient, au même titre que les DASRI,
être orientés vers une installation dédiée au traitement de déchets non dangereux,
sous réserve du respect de certaines bonnes pratiques.
Cette dérogation permettrait d’incinérer les mégots dans des installations de
déchet non dangereux, sous réserve du respect de quelques principes basiques,
permettant une gestion à moindre coût dans cette filière, en profitant du maillage
territorial plus dense des installations d’incinération de déchets non dangereux.

4.3 SYNTHESE
Le tableau ci-dessous présente une synthèse comparative des différentes filières
précédemment évoquées.
Les éléments suivants sont fournis à titre d’information pour établir des ordres de
grandeur :
   -   en France métropolitaine, hors Corse, les ventes annuelles de cigarettes
       représentaient 44,3 milliards d’unités en 2017 - ce chiffre ne tenant pas
       compte des achats transfrontaliers ou illicites, supposés représenter 20 %
       de la consommation, (ce qui aboutirait à un total d’environ 55 milliards de
       cigarettes), ni du tabac à rouler (source : https://www.ofdt.fr/statistiques-et-
       infographie/series-statistiques/tabac-evolution-des-ventes/) ;
   -   le poids moyen d’un mégot de cigarette est d’environ 0,2 à 0,25 g ; le filtre
       représente les 2/3 du poids du mégot (le reste étant composé des résidus
       de tabac, de papier et de cendres);
   -   en conséquence, l’ordre de grandeur du flux total de mégots produits en
       France chaque année serait de 10 000 tonnes ;
   -   la consommation en France représente environ 1 % de la consommation
       mondiale, estimée entre 4 000 et 5 000 milliards de cigarettes.

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Tableau 1 : Synthèse des filières de gestion
                                                            Principe de           Produits de         Nombre de mégots déjà
                              Société   Localisation                                                                                        Devenir des polluants              Coût du traitement
                                                            valorisation          valorisation                collectés
                                                                                                  D’après la biblio :4 millions (soit
                                                                                                  ~800 kg)
                                                       Lavage à l’eau +         Plaques de
                                        Bourg-Blanc                                               D’après le retour au                Supposés être concentrés dans les
                          Mé-Go !                      principes actifs puis    plastique (banc                                                                               10 € / kg
                                        (Finistère)                                               questionnaire : 6 tonnes en         boues de traitement de l’eau
                                                       thermocompression        assis-debout)
                                                                                                  2017 (soit près de 24 millions),
                                                                                                  et 9 à 10 tonnes en 2018
                                        Bordeaux /     Fibre                    Confidentiel      7 millions (soit ~1,4 t) (dont la   Confidentiel                            Non évalué
   Valorisation matière

                          EcoMégot      France                                                    moitié orientée vers la
                                                                                Granulés
                                        entière        Compactage                                 valorisation énergétique)           Confidentiel                            Non évalué
                                                                                plastiques
                                                                                                  300 millions (monde entier) /
                                        Grande-        Lavage à l’eau puis      Granulés          an, soit ~136 t2 (y compris des     Supposés être extraits dans l’eau de    Information non
                          TerraCycle
                                        Bretagne       extrusion                plastiques        déchets issus de l’industrie de     lavage                                  communiquée
                                                                                                  production)
                                                                                                                                      Concentration dans le surnageant ?
                          Poiato                       Hydrolyse par cuisson                                                                                                  Information non
                                        Brésil                               Pâte de cellulose 40 millions (soit ~8 t)                Dégradation (partielle) pendant
                          Recicla                      en milieu alcalin                                                                                                      communiquée
                                                                                                                                      l’hydrolyse ?
                                                                                                  Information non communiquée
                          Code                                                  Mégots            Mentionnent une collecte de
                                                       Lavage à l’eau et                                                              Supposés être extraits dans l’eau de    Information non
                          Entreprise    Inde                                    dépollués et      400 à 500 kg / mois, ce qui
                                                       séchage                                                                        lavage                                  communiquée
                          LLP                                                   séchés            pourrait représenter 0,5 à 1
                                                                                                  million d’unités
                          Chimirec,                                                                                                                                           De moins de 1 à 5
énergétique
Valorisation

                          Suez RR                                                                                                                                             – 6 € / kg (pour la
                                        Maillage /     Préparation puis                           Via Cy-clope : 1 à 1,5 t/mois       Dégradation lors de la combustion
                          IWS, …                                                Valorisation                                                                                  collecte, la
                                        France         usage en tant que                          Via EcoMégot : la moitié de         et/ou concentration dans les résidus
                          (resp. via                                            énergétique                                                                                   préparation et le
                                        entière        combustible                                leurs flux                          d’incinération
                          Cy-clope et                                                                                                                                         traitement
                          EcoMégot)                                                                                                                                           thermique)

                          2Ces chiffres ont été communiqués par TerraCycle. Ils correspondent à un poids moyen de 0,45 g par mégot, significativement plus élevé que les données
                          obtenues par ailleurs. Avec un poids moyen de 0,20 g par mégot (chiffre utilisé pour les autres calculs de conversion), cela représenterait plutôt 60 t / an.

                          INERIS-DRC-18-177385-09634B                                                                                                                        Page 22 sur 38
5. PERFORMANCE DES FILIERES DE VALORISATION
Selon plusieurs associations de protection de l’environnement, les mégots de
cigarettes constituent à ce jour le premier déchet marin, en nombre d’unités.
Chargés en substances polluantes, ils sont à considérer, au sens de la
réglementation déchets, comme des déchets dangereux, et constituent une
source de pollution chimique pour l’environnement lorsqu’ils y sont disséminés.
De fait, la mise en place progressive de filières de collecte des mégots de
cigarettes constitue un élément de réponse à la dispersion de ces déchets dans
l’environnement. Néanmoins, elle soulève la problématique de la gestion de ces
déchets une fois massifiés en un flux spécifique.
Du point de vue environnemental, les performances respectives des filières de
gestion des mégots peuvent être évaluées au regard :
   -   de la performance de la dépollution réalisée, autrement dit de la
       dégradation ou de la concentration des polluants dans un/des nouveau(x)
       flux, et de la charge en polluants résiduels dans le(s) flux valorisé(s) ;
   -   du devenir possible de chacune des fractions produites par le procédé ;
   -   de la consommation d’eau, d’énergie et d’autres matières premières dans le
       procédé de valorisation (y compris pour le transport nécessaire à la mise en
       œuvre de ce procédé) ;
   -   de l’intérêt du mégot dans la filière (substitution à une matière première ;
       pouvoir calorifique…).
A ces éléments viennent bien sûr s’ajouter des considérations économiques, qui
couvrent à la fois le procédé de gestion en lui-même et les différentes phases de
transport en amont et en aval du traitement.

A ce jour, aucune information technique relative à la performance
environnementale n’a pu être obtenue du côté des filières de valorisation matière,
soit parce qu’elles ne sont pas disponibles, faute d’études menées sur ce point,
les procédés étant encore au stade de la recherche et du développement, soit
parce que le domaine étant concurrentiel, les entreprises qui disposaient
d’informations à ce sujet n’ont pas souhaité les communiquer. Le développement
de ces filières devra donc être assujetti à une vérification de la dégradation / de la
répartition des polluants dans les différentes fractions produites, et de leur gestion
conforme à la réglementation et au respect de l’environnement.

INERIS-DRC-18-177385-09634B                                             Page 23 sur 38
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