EXAMEN DE L'ÉTAT DE LA RESTAURATION DES FORÊTS ET DES PAYSAGES EN AFRIQUE 2021

 
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EXAMEN DE L'ÉTAT DE LA RESTAURATION DES FORÊTS ET DES PAYSAGES EN AFRIQUE 2021
EXAMEN DE L’ÉTAT
DE LA RESTAURATION
DES FORÊTS ET DES
PAYSAGES EN AFRIQUE
2021
EXAMEN DE L'ÉTAT DE LA RESTAURATION DES FORÊTS ET DES PAYSAGES EN AFRIQUE 2021
PHOTO DE COUVERTURE                                               CHAPITRE 4
©FAO/Luis Tato                                                    Un éleveur de Karamojong emmène ses vaches
Paysage sahélien aride dans le village de Hapandou,               paître à Kochunoi, Ouganda
région de Zinder, Niger
                                                                  CHAPITRE 5
CHAPITRE 1
                                                                  Pépinière communautaire pour la Grande Muraille
Paysage agricole à Jomba, Rwanda                                  verte, Koyli Alpha, Sénégal

CHAPITRE 2                                                        CHAPITRE 6
Une jeune doctorante de l'INERA, partenaire de la FAO,            Vue aérienne de champs cultivés région de Betroka,
au Burkina Faso, fait le suivi des parcelles restaurées dans le   sud de Madagascar
cadre du programme Action contre la désertification en appui
à la Grande Muraille verte africaine

CHAPITRE 3
Une vue des collines en terrasses, Gicumbi, Rwanda
EXAMEN DE L'ÉTAT DE LA RESTAURATION DES FORÊTS ET DES PAYSAGES EN AFRIQUE 2021
REXAMEN DE L’ÉTAT
DE LA RESTAURATION
DES FORÊTS ET DES
PAYSAGES EN AFRIQUE
2021
Stephanie Mansourian, PhD
Consultante internationale, FAO
Nora Berrahmouni
Forestière principale
Bureau régional de la FAO pour l’Afrique

Publié par
L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture
et
l’Agence de développement de l’Union africaine NEPAD (AUDA-NEPAD)
Accra, 2021
EXAMEN DE L'ÉTAT DE LA RESTAURATION DES FORÊTS ET DES PAYSAGES EN AFRIQUE 2021
Mansourian S. et Berrahmouni, N. 2021. Examen de la restauration des forêts et des paysages en Afrique. Accra. FAO et
AUDA-NEPAD. https://doi.org/10.4060/cb6111fr.

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vues ou les politiques de la FAO ou de l’AUDA-NEPAD.

ISBN 978-92-5-134986-1 [FAO]
© FAO et AUDA-NEPAD, 2021

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TABLES DE MATIÈRES
Avant-propos                                                                                            iv
Remerciements                                                                                           vii
Sigles et abreviations                                                                                  viii
Résumé exécutif                                                                                         x
À propos de ce rapport                                                                                  xiv
      Objectif                                                                                          xiv
      Méthodologie                                                                                      xiv
      Structure                                                                                         xiv

Chapitre 1: Introduction: historique et contexte                                                        1
     1.1. Importance des forêts et des paysages arborés en Afrique                                      2
     1.2. Inverser la tendance                                                                          3
     1.3. Contexte des politiques au niveau international                                               4

Chapitre 2: Restaurer quoi et pour qui?                                                                 7
      2.1. Aperçu des options de restauration                                                           8
      2.2. Pourquoi restaurer, que restaurer, par qui et pour qui?                                      9

Chapitre 3: La RFP en Afrique: contexte, engagements et situation actuelle                              15
      3.1. Examen du potentiel et des promesses de restauration                                         16
      3.2. Situation actuelle des forêts en Afrique                                                     17
      3.3. La RFP dans les sous-régions africaines                                                      21
      3.4. Principaux programmes et initiatives multi-pays de restauration des forêts et des paysages   31

Chapitre 4: Facteurs clés de réussite                                                                   35
Chapitre 5: Opportunités et défis pour la RFP en Afrique                                                41
      5.1. Opportunités                                                                                 42
      5.2. Défis pour la RFP en Afrique                                                                 44

Chapitre 6: Voie à suivre: concrétiser les engagements pris dans le cadre de la Décennie
des Nations Unies pour la restauration des écosystèmes                                                  47
Références                                                                                              50
Annexe 1: Liste des projets (principaux donateurs)                                                      55
Annexe 2: Personnes interviewées                                                                        66
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iv

     AVANT-PROPOS
     Le continent africain est riche en écosystèmes forestiers      désertification. En 2015, l’Initiative pour la restauration
     divers offrant un large éventail d’avantages à ses             des paysages forestiers africains (AFR100) a été lancée
     habitants. Il abrite la deuxième plus grande forêt tropicale   pour restaurer 100 millions d’hectares à l’horizon 2030.
     de la planète – le Bassin du Congo – et compte 17 pour         En outre, le Programme panafricain pour la restauration
     cent des forêts du monde et 31 pour cent des zones             des écosystèmes pour une résilience accrue a débouché
     boisées du Sahel et d’autres régions. Ces paysages             sur des engagements visant à restaurer 200 millions
     fournissent de nombreux produits et services, notamment        d’hectares. L’Initiative Grande muraille verte pour le
     l’alimentation, le combustible, abris et ’eau douce. De        Sahara et le Sahel, lancée en 2007, a également été suivie
     plus, ils protègent contre les risques et servent d’habitats   de l’engagement à restaurer 100 millions d’hectares de
     pour la faune sauvage.                                         terres dégradées. Le 1er mars 2019, l’Assemblée générale
                                                                    des Nations Unies a déclaré la période 2021-2030
     Il est toutefois inquiétant de constater que ces atouts        Décennie des Nations Unies pour la restauration des
     et ressources naturelles subissent actuellement des            écosystèmes. Tous ces efforts sont destinés à intensifier
     changements structurels causés par la dégradation              considérablement la restauration des paysages dégradés,
     et la fragmentation occasionnées par les processus             une mesure éprouvée pour lutter contre le changement
     naturels ainsi que les activités humaines (anthropiques).      climatique et améliorer la sécurité alimentaire,
     Jusqu’à 65 pour cent des terres productives d’Afrique          l’approvisionnement en eau et la biodiversité.
     sont dégradées tandis que la désertification affecte 45
     pour cent des terres émergées du continent. Chaque              L’Examen de l’état de la restauration des forêts et des
     année, le continent perd près de 3 millions d’hectares          paysages en Afrique 2021 dresse un bilan opportun
     de ses forêts, entraînant une perte de 3 pour cent du           des efforts déployés par le continent en matière
     PIB à cause de l’épuisement des sols et des nutriments.         de restauration. Bien que l’Afrique soit le continent
     En raison de la dégradation des forêts et des terres            présentant la plus grande opportunité de restauration
     cultivées et de la perte de productivité des terres et de      – avec plus de 700 millions d’hectares de paysages
     la désertification que cela entraîne, l’Afrique dépense         dégradés à restaurer – les progrès restent lents. Afin
     chaque année plus de 35 milliards de dollars des États-         d’accélérer les efforts de restauration, il est essentiel de
     Unis (ci-après dollar) pour les importations alimentaires.      passer en revue les approches actuelles et d’explorer les
     Les petits exploitants et les ménages en zone rurale            opportunités émergentes.
     pâtissent le plus de la dégradation des terres, car leurs
     activités dépendent directement de la santé des sols,          L’agence de développement de l’Union africaine (AUDA-
     du couvert forestier et de l’eau potable. La dégradation       NEPAD) reste déterminée à collaborer avec divers
     des paysages forestiers ne fait pas qu’intensifier les         institutions, États membres et partenaires africains pour
     effets du changement climatique, elle menace aussi             accélérer les efforts de restauration sur le continent.
     considérablement les fonctions écologiques essentielles à      La transformation de l’agriculture africaine et le
     la mise en place d’économies prospères et résilientes pour     renforcement de la résilience des communautés face au
     les communautés.                                               changement climatique sont intimement liés à la réussite
                                                                    de nos efforts de restauration des terres dégradées en
     Reconnaissant l’urgence d’inverser ces tendances               écosystèmes sains, productifs et diversifiés.
     négatives et dévastatrices, les dirigeants africains se
     sont engagés à restaurer les écosystèmes du continent.
     Dans sa feuille de route pour le développement, à
                                                                    Dr. Ibrahim Assane Mayaki
     savoir l’Agenda 2063, l’Afrique s’engage à restaurer les
     écosystèmes grâce au rétablissement et la promotion            Président-directeur général
     de l’utilisation durable des écosystèmes terrestres,           Agence de développement de l’Union africaine-NEPAD
     la gestion durable des forêts et la lutte contre la            (AUDA-NEPAD)
EXAMEN DE L'ÉTAT DE LA RESTAURATION DES FORÊTS ET DES PAYSAGES EN AFRIQUE 2021
v

La production alimentaire, pierre angulaire du                 muraille verte pour le Sahara et le Sahel lancée en 2007.
développement humain, dépend de facteurs tels que              D’autres initiatives telles que le programme Reverdir
les propriétés du sol, l’eau et le climat, ainsi que les       l’Afrique ou les activités du Mouvement ceinture verte,
biens et services provenant des écosystèmes naturels,          entamé par la pionnière et lauréate du prix Nobel Wangari
notamment les forêts. À leur tour, les arbres et les forêts    Maathai, jouent des rôles importants dans la mise en
jouent un rôle clé au sein des paysages pour maintenir         œuvre de la FLRFP.
toutes ces caractéristiques et, par conséquent, la
production alimentaire. Les paysages productifs sont           Nous avons le plaisir de lancer aujourd’hui, conjointement
particulièrement importants en Afrique où la majorité          avec notre partenaire l’AUDA NEPAD, ce tout premier
des habitants vivent en milieu rural et où les niveaux de      rapport sur l’Examen de l’état de la restauration des
pauvreté restent inacceptables. Dans ces régions, les          forêts et des paysages en Afrique 2021, en ce début de
populations dépendent de l’agriculture et des ressources       Décennie des Nations Unies pour la restauration des
naturelles pour leurs moyens d’existence, leur sécurité        écosystèmes. Les conclusions de ce rapport mettent
alimentaire et leur nutrition. Plusieurs pays africains ont    en évidence les nombreuses réussites déjà visibles en
souffert de la dégradation des sols, et dans la plupart des    Afrique, identifient les facteurs contribuant à ces réussites,
cas, cela a motivé à faire des changements positifs dans       et soulignent également les opportunités et défis à venir.
l’utilisation des terres et à des tentatives majeures de       Sans se vouloir exhaustif, nous espérons que ce rapport
restauration des paysages ruraux, notamment au moyen           constituera une base de référence utile, un point de
de grandes campagnes de plantation d’arbres.                   départ dans notre évaluation des progrès accomplis au
                                                               cours de la Décennie des Nations Unies et au-delà.
Bien plus qu’une simple plantation d’arbres, la
restauration des forêts et des paysages (FLR) est une
approche globale visant à rétablir les arbres et les
                                                               Abebe Haile-Gabriel
forêts dans les paysages où ils ont été perdus. À ce titre,
elle permet de réaliser divers objectifs, notamment la         Sous-Directeur général et
production alimentaire, la réduction des risques de            Représentant régional pour l’Afrique
catastrophe, l’atténuation des effets du changement            Organisation des Nations Unies pour l’alimentation
climatique et la résilience. Le processus de restauration      et l’agriculture
des forêts et des paysages est une approche à long
terme et peut revêtir des formes diverses. Toutefois, il a
pour but ultime de restituer la qualité et la quantité des
forêts, ainsi que leurs biens et services lorsqu’ils ont été
perdus, afin de répondre aux besoins des populations et
d’améliorer l’environnement. Cette solution est durable et
prospective.

Le continent africain a adopté la FLR à travers le
partenariat AFR100 (lancé en 2015) avec le défi de
restaurer 100 millions d’hectares de terres à l’horizon
2030, en tirant également parti de l’Initiative Grande
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vii

REMERCIEMENTS
Nous tenons à remercier tous ceux qui ont contribué      Les auteurs tiennent à remercier le secrétariat de l’AFR100
d’une manière ou d’une autre à la préparation de ce      et les membres de l’équipe de gestion (AUDA-NEPAD,
document. Nous aimerions en particulier remercier        Banque mondiale, BMZ, FAO, GIZ, UICNet WRI) pour leurs
les personnes interviewées et les réviseurs suivants     contributions et apports à la préparation de la note
qui ont fourni des informations essentielles: Patrick    conceptuelle du rapport.
Bahal’okwibale, Ellysar Baroudy, Christophe Besacier,
Benjamin Caldwell, Susan Chomba, Jonathan Davies,        Nous remercions Joas Fiodehoume, qui en a assuré
Sean DeWitt, Mamadou Diakhité, Ernest Foly, Victoria     la révision éditoriale, Creatrix qui a veillé à la mise en
Gutierrez, Seif Hamisi, Sam Kanyamibwa, Shono Kenichi,   page et la conception, ainsi que Zoie Jones, Spécialiste
Petra Lahann, Jörg Lohmann, Bonani Madikizela, Cécile    régionale de la communication au Bureau régional de
Ndjebet, Ousseynou Ndoye, Tony Rinaudo, Moctar           la FAO pour l’Afrique, et son équipe pour leur soutien
Sacande, Mignane Sarr, Claudia Vogel et Sheila Wertz.    inestimable.

Nora Berrahmouni, Mamadou Diakhité, Stephanie
Mansourian, Teko Nhlapho, Amanda Nyingwa et Soalandy
Rakotondramanga ont contribué à la préparation de la
note conceptuelle du présent rapport.
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viii

       SIGLES
       ET ABREVIATIONS
       ACD          Action contre la désertification              COMDEKS   Développement communautaire
       ACP          Groupe des États d’Afrique, des Caraïbes                et gestion des connaissances pour
                    et du Pacifique                                         l’Initiative Satoyama
       AFR100       Initiative pour la restauration des           COMESA    Marché commun de l’Afrique orientale
                    paysages forestiers africains                           et australe
       ALAP         Plan d’action pour les paysages africains     CRGE      Économie verte résiliente face au
                                                                            changement climatique
       ARCOS        Société de conservation du Rift Albertin
                                                                  FAO       Organisation des Nations Unies pour
       ASFF         Fonds pour une foresterie durable en
                                                                            l’alimentation et l’agriculture
                    Afrique
                                                                  FEM       Fonds pour l’environnement mondial
       AUDA-NEPAD   Agence de développement de l’Union
                    africaine NEPAD                               FERI      Initiative de restauration des
                                                                            écosystèmes forestiers
       B/R          Boisement/reboisement
                                                                  FIDA      Fonds international pour le
       BMZ          Ministère fédéral allemand de la
                                                                            développement agricole
                    coopération économique et du
                    déve-loppement                                FIP       Programme d’investissement forestier
       BRICKS       Renforcement de la résilience par le          FLEUVE    Front local environnemental pour une
                    biais de services liés à l’innovation, à la             union verte
                    communication et aux connaissances            FLRM      Mécanisme de restauration des forêts et
       BRIDGES      Promouvoir la restauration, les revenus,                des paysages
                    le développement et la géné-ration de         FNUF      Forum des Nations Unies sur les forêts
                    services écosystémiques                       FPMA      Fonds pour les pays les moins avancés
       CAE          Communauté de l’Afrique de l’Est              FRA       Évaluation des ressources forestières
       CAFI         Initiative pour la forêt de l’Afrique         GAMS      Adaptation et atténuation axées sur la
                    centrale                                                production de gomme au Sou-dan
       CCB          Climat, communauté et biodiversité            GBM       Mouvement ceinture verte
       CCDSEG       Changement climatique, développement          GDT       Gestion durable des terres
                    socio-économique et gouver-nance
                                                                  GDTEV     Gestion durable des terres
       CCNUCC       Convention-cadre des Nations Unies sur                  et économie verte
                    le changement climatique
                                                                  GMV       Grande muraille verte
       CDB          Convention sur la diversité biologique
                                                                  GRN       Gestion des ressources naturelles
       CEDEAO       Communauté économique des États de
                                                                  IGAD      Autorité intergouvernementale pour le
                    l’Afrique de l’Ouest
                                                                            développement
       CEEAC        Communauté économique des États
                                                                  IGMVSS    Initiative Grande muraille verte pour le
                    d’Afrique centrale
                                                                            Sahara et le Sahel
       CEN-SAD      Communauté des États sahélo-sahariens
                                                                  IKI       Initiative internationale pour le climat
       CILSS        Comité permanent inter-États de lutte
                                                                  INDC      Contributions prévues déterminées au
                    contre la sécheresse dans le Sahel
                                                                            niveau national
       CIRAF        Centre international pour la recherche en
                                                                  IPBES     Plateforme intergouvernementale
                    agroforesterie
                                                                            scientifique et politique sur la bio-
       CNULD        Convention des Nations Unies sur la lutte               diversité et les services écosystémiques
                    contre la désertification
ix

NDT     Neutralité en matière de dégradation des   REDD+    Réduction des émissions causées par le
        terres                                              déboisement et la dégradation des forêts
MDP     Mécanisme pour un développement                     dans les pays en développement
        propre                                     RFP      Restauration des forêts et des paysages
MOER    Méthodologie d’évaluation des              RNA      Régénération naturelle assistée
        opportunités de restauration des pay-      RNGA     Régénération naturelle gérée par les
        sages forestiers                                    agriculteurs
NASA    National Aeronautics and Space             SADC     Communauté de développement de
        Administration                                      l’Afrique australe
NEPAD   Nouveau partenariat pour le                SAWAP    Programme Sahel et Afrique de l’ouest en
        développement de l’Afrique                          appui à la Grande muraille verte
OCDE    Organisation de coopération et de          SER      Société pour la restauration écologique
        développement économiques
                                                   SIOBAP   Système d’information, observatoire,
OMS     Organisation mondiale de la Santé                   alerte précoce et réponse
ONG     Organisation non-gouvernementale           SLWM     Gestion durable des terres et des eaux
ONU     Organisation des Nations Unies             SNRLP    Programme Ressources naturelles et
OSS     Observatoire du Sahara et du Sahel                  moyens de subsistance durables
PANA    Programme d’action national pour           TFCG     Groupe tanzanien pour la conservation
        l’adaptation                                        de la forêt
PFNL    Produit forestier non ligneux              TOELP    Projet sur les écosystèmes et moyens
PIB     Produit intérieur brut                              d’existence basés sur les oasis en Tunisie
PIRPT   Projet d’infrastructures rurales,          TRI      Initiative pour la restauration
        pastorales et de transhumance              UA       Union africaine
PMRFP   Partenariat mondial sur la restauration    UE       Union européenne
        des forêts et des paysages                 UICN     Union internationale pour la
PNUD    Programme des Nations Unies pour le                 conservation de la nature
        développement                              UMA      Union du Maghreb arabe
PNUE    Programme des Nations Unies pour           VCS      Norme de vérification de carbone
        l’environnement
                                                   WCA      Zone de conservation de la faune
PPP     Partenariat public privé                            sauvage
RCA     République centrafricaine                  WRI      Institut des ressources mondiales
RDC     République démocratique du Congo           WWF      Fonds mondial pour la nature
x

    RÉSUMÉ EXÉCUTIF
          L’objectif du présent rapport est d’évaluer la mise en œuvre actuelle de la restauration des forêts et des
          paysages (RFP) en Afrique. Il expose le contexte de la RFP sur le continent africain, met en lumière les
          principales initiatives de la RFP et en donne un aperçu en Afrique au début de la Décennie des Nations Unies
          pour la restauration des écosystèmes (2021-2030). Il identifie les principaux défis, opportunités, acteurs
          et processus, le tout illustré par quelques études de cas. La collecte des données était aussi bien primaire
          (entretiens) que secondaire (recherche bibliographique approfondie). Le rapport permet de suivre les progrès
          de la mise en œuvre de l’AFR100 et d’autres initiatives de la RFP sur le terrain en Afrique. Il fournit une base
          de référence pour la Décennie des Nations Unies pour la restauration des écosystèmes et devra être mis
          à jour à intervalles réguliers. Le rapport est préparé dans le cadre du programme régional de coopération
          technique mis en œuvre conjointement par le Bureau régional de la FAO pour l’Afrique (RAF) et l’Agence
          de développement de l’Union africaine (AUDA-NEPAD) intitulé «Appui à la mise en œuvre et au suivi de
          l’Initiative pour la restauration des paysages forestiers africains (AFR100)» en étroite collaboration avec les
          membres de l’équipe de gestion et les partenaires de l’AFR100. Il fait également suite à la recommandation de
          la 22e Session de la Commission des forêts et de la faune sauvage pour l’Afrique de la FAO, qui s’est tenue en
          mars 2020 en Afrique du Sud.

          Le rapport est structuré comme suit: Le chapitre 1 présente l’importance des forêts et des paysages arborés
          d’Afrique et les défis auxquels ces ressources et leurs populations sont confrontées, ainsi que la pertinence de
          la restauration et le contexte des politiques au niveau mondial. Le chapitre suivant donne une vue générale
          de la RFP et de la restauration. Le troisième chapitre donne un aperçu plus détaillé de l’état actuel des forêts
          des sous-régions africaines, avec des exemples d’initiatives de RFP (ou d’autres initiatives pertinentes qui
          peuvent ne pas porter le label RFP mais qui s’alignent en fait sur la RFP). Le chapitre 4 passe en revue certains
          facteurs clés de réussite de la RFP en Afrique. Le chapitre 5 présente les opportunités potentielles et les défis
          persistants. Le dernier chapitre est plus prospectif et spéculatif, soulignant les priorités potentielles de la RFP
          dans le cadre de la Décennie des Nations Unies pour la restauration des écosystèmes.

     Le continent africain abrite 17 pour cent des forêts du          Pour y parvenir, les dirigeants africains ont adopté, entre
     monde (636 639000 hectares) et 31 pour cent des «autres          autres approches, la restauration des forêts et
     terres boisées» de la planète. Ces forêts sont très diverses     des paysages.
    – des mangroves aux forêts des montagnes, en passant
     par les forêts sèches et les forêts tropicales humides.          Pour inverser le processus de disparition des forêts et
     L’Afrique abrite la deuxième plus grande forêt tropicale de      de dégradation des terres, il faut avant tout s’attaquer
     la planète: le Bassin du Congo. On estime que 60 millions        aux facteurs à l’origine de cette disparition et de cette
     de personnes dépendent directement de ces forêts,                dégradation, mais aussi intensifier la restauration.
     tandis que plus de 60 pour cent des africains dépendent          Les gouvernements africains reconnaissent leurs
     directement ou indirectement de leurs biens et services.         responsabilités en s’engageant à restaurer plus de 120
     Ces forêts jouent un rôle fondamental pour relever               millions d’hectares dans le cadre de l’AFR100, 200 millions
     certains des grands défis de notre époque: l’extinction de       d’hectares dans le cadre du Programme panafricain de
     la biodiversité, le changement climatique et la sécurité         restauration des écosystèmes et 100 millions d’hectares
     alimentaire. Ces défis auront de graves retombées sur les        dans le cadre de l’Initiative Grande Muraille verte pour le
     populations rurales les plus vulnérables, déjà confrontées       Sahara et le Sahel. Bien que ces superficies se recoupent,
     à l’insécurité alimentaire et énergétique.                       elles illustrent l’étendue de la volonté politique en faveur
                                                                      de la restauration.
    Pourtant, entre 2015 et 2020, l’Afrique a perdu
    annuellement 4,4 millions d’hectares de forêts. Pas moins         La restauration des forêts et des paysages (RFP) a
    de 65 pour cent des terres productives en Afrique sont            été définie pour la première fois en 2000 comme étant
    dégradées, tandis que la désertification affecte 45 pour          «un processus planifié qui vise à recouvrer l’intégrité
    cent de la superficie du continent. Il est urgent d’inverser      écologique et à améliorer le bien-être humain dans
    ces tendances pour les générations actuelles et futures.          des paysages déboisés ou dégradés». Cette définition a
xi

évolué, mais dans tous les cas, l’approche conserve deux         millions d’hectares de terres dégradées et 132 millions
caractéristiques importantes: son échelle (les paysages)         d’hectares de terres cultivées dégradées. Bien que 625
et son intention de concilier les priorités à caractère          millions d’hectares soient en cours de régénération et que
humain et écologique. Pour décrire plus précisément              11,39 millions d’hectares aient été plantés au cours des
les caractéristiques de la RFP, le Partenariat mondial           dix dernières années, ces efforts sont insuffisants pour
sur la RFP a défini six principes en 2018: 1) donner la          faire face à l’ampleur du problème.
priorité aux paysages; 2) mobiliser les parties prenantes
et appuyer la gouvernance participative; 3) rétablir les         Au cours de la période 2010-2020, seuls 11 pays et
fonctions multiples pour obtenir des bénéfices multiples;        territoires africains sur 58 (19 pour cent) ont enregistré
4) maintenir et valoriser des écosystèmes naturels au            une expansion générale du couvert forestier, selon
sein des paysages; 5) s’adapter au contexte local par            leurs rapports nationaux soumis à l’Évaluation des
divers moyens; et 6) gérer de manière adaptative pour            ressources forestières mondiales de la FAO. Au cours
favoriser la résilience à long terme. La multiplicité des        de la même période, 26 pays et territoires africains sur
objectifs est un élément central de la RFP, et ceux-ci           58 (45 pour cent) ont communiqué des chiffres annuels
peuvent comporter des objectifs écosystémiques (par              sur l’expansion des forêts résultant du boisement ou de
exemple, la connectivité pour la faune, la valorisation          l’expansion naturelle.
des aires protégées, la résilience des écosystèmes, etc.)
                                                                 Pour chacune des cinq sous-régions (Nord, Est, centrale,
et des objectifs humains (par exemple, la génération de
                                                                 Ouest et australe), l’état des forêts et les menaces qui
revenus alternatifs, l’amélioration de l’agriculture et de
                                                                 pèsent sur elles sont décrits et une sélection de projets
l’agroforesterie pour la sécurité alimentaire, la réduction
                                                                 de RFP (ou de projets qui y sont compatibles) est
des risques de catastrophes, etc.). Dans le contexte
                                                                 présentée. La plupart des projets examinés avaient une
africain, l’urgence d’inverser le processus de dégradation
                                                                 forte dimension de changement climatique, visant non
des terres est un facteur déterminant pour la RFP. Ainsi,
                                                                 seulement à séquestrer le carbone, mais également à
la RFP en Afrique s’étend bien au-delà des paysages
                                                                 réduire les vulnérabilités des populations rurales et à
forestiers pour inclure les vastes zones arides, y compris
                                                                 renforcer leur résilience. Maints projets ont porté sur la
les prairies (par exemple, lorsque les arbres ne dominent
                                                                 création d’emplois et la sécurité alimentaire. Un certain
pas forcément le paysage mais jouent néanmoins un
                                                                 nombre d’initiatives à l’échelle du continent, telles que la
rôle fondamental dans la résilience de la terre et de ses
                                                                 Grande Muraille verte et Reverdir l’Afrique, sont également
habitants). Dans ce rapport, les interventions de RFP
                                                                 évoquées. Une liste de 100 projets alignés sur la RFP et
renvoient principalement à la restauration active ou
                                                                 financés par les principaux donateurs figure à l’annexe 1.
passive dans le cadre de projets ou de programmes plus
larges qui ont une composante à la fois socio-économique         Les facteurs clés de réussite de la RFP en Afrique sont
et écologique. Consciente de l’importance d’inverser non         d’ordre institutionnel, social, politique et économique.
seulement la perte et la dégradation des forêts mais aussi       L’appropriation au niveau local et l’engagement des
la dégradation des sols, la FAO parle de «restauration des       parties prenantes sont des facteurs de réussite essentiels.
forêts et des paysages».                                         En fin de compte, la RFP est mise en œuvre sur le terrain
                                                                 avec les communautés locales qui sont les plus touchées
Les gouvernements africains ont pris des engagements
                                                                 par la perte et la dégradation des forêts; celles-ci doivent
ambitieux en matière de restauration. En 2015, l’Initiative
                                                                 donc être favorables à cette approche pour assurer
pour la restauration des paysages forestiers africains
                                                                 son application à long terme. Dans le même temps,
(AFR100) a été lancée pour restaurer 100 millions
                                                                 un appui politique de haut niveau en faveur de la RFP
d’hectares à l’horizon 2030. Trois ans plus tard, le
                                                                 permettrait d’assurer le fondement politique garantissant
Programme d’action panafricain sur la restauration
                                                                 l’exécution de toute action de restauration des forêts et
des écosystèmes pour une résilience accrue a conduit
                                                                 des paysages en Afrique. Des champions sont également
à la promesse de restaurer 200 millions d’hectares. Et
                                                                 indispensables pour générer l’élan nécessaire et rallier
l’initiative Grande Muraille verte pour le Sahara et le Sahel,
                                                                 davantage de parties prenantes autour de la RFP. L’accès
lancée en 2007, a également abouti à l’engagement à
                                                                 au financement est essentiel, en particulier pour ceux
restaurer une superficie de 100 millions d’hectares de
                                                                 qui sont sur le terrain. Un autre facteur de succès de la
terres dégradées à travers le Sahel. Et pourtant, l’Afrique a
                                                                 RFP est sa nature inclusive, étant donné sa pertinence et
vu ses forêts disparaître au cours des dix dernières années,
                                                                 son lien avec d’autres priorités, telles que le changement
avec une perte annuelle nette de 3,94 millions d’hectares
                                                                 climatique, la désertification, la biodiversité, la sécurité
de forêts au cours de la période 2010-2020. Selon les
                                                                 alimentaire et la réduction des risques de catastrophe.
estimations, le continent compterait également 660
                                                                 Le partage des connaissances et l’apprentissage par
xii

      la pratique offrent une autre voie de réussite car ils         mise en œuvre de la RFP, mais aussi l’accès aux marchés
      en stimulent la mise à l’échelle. Un environnement             des produits du paysage. Les lacunes en matière
      politique favorable jette les bases d’une mise en œuvre        d’information et l’absence de mécanismes de partage
      et d’un impact durables et à long terme. Le recours aux        des résultats entravent la diffusion des expériences
      partenariats et à la collaboration pour faire avancer la       positives et la capacité à tirer parti des connaissances
      RFP est également essentiel, car il est indispensable de       et de l’expertise existantes. Deux défis majeurs associés
      réunir de nombreuses parties prenantes opérant à divers        à la restauration par la plantation d’arbres, d’arbustes
      niveaux.                                                       et d’espèces herbacées autochtones portent, d’une
                                                                     part, sur l’approvisionnement en semences suffisantes
      La restauration des forêts et des paysages peut                des espèces appropriées et, d’autre part, sur la diversité
      représenter une opportunité à long terme pour l’Afrique        génétique et les provenances de ce matériel Il convient
      quoiqu’elle soit également confrontée à des défis              d’augmenter les investissements du secteur privé si l’on
      permanents. Les opportunités comprennent le fait que           veut que la RFP atteigne l’envergure ambitieuse proposée.
      la RFP revêt des dimensions multiples qui sont liées à         Les crédits limités dont disposent les agriculteurs les
      d’autres priorités, notamment la sécurité alimentaire          empêchent souvent d’investir dans des techniques
      et la sécurité de l’emploi, la lutte contre le changement      améliorées, notamment dans la plantation d’arbres. En
      climatique, la désertification et la perte de biodiversité.    effet, le coût de la RFP est souvent un frein. L’exploitation
      Des fonds importants ont également été engagés dans            et le commerce illicites de produits forestiers restent
      la RFP, offrant ainsi une opportunité unique de mise en        une cause majeure de déforestation et de dégradation
      œuvre dans le contexte de la prochaine Décennie des            des forêts en Afrique, et il importe de s’y attaquer. La
      Nations Unies pour la restauration des écosystèmes. Dans       conversion à l’agriculture et les pratiques agricoles non
      le cadre des plans de redressement après la covid-19,          durables sont les principaux facteurs de dégradation des
      la perspective holistique de la RFP peut constituer une        forêts et des terres. Le changement climatique touche
      contribution importante en ce qui concerne l’utilisation       gravement une grande partie de l’Afrique et, dans ces
      des terres. La croissance économique positive observée         conditions, il devient plus difficile d’inverser le processus
      en Afrique peut être à la fois une opportunité et un           de perte et de dégradation des forêts.
      défi pour la RFP. La prise en compte de la RFP dans les
      plans de développement est primordiale. La RFP joue            Un moyen d’accélérer la mise en œuvre de la RFP à
      également un rôle central dans la Décennie des Nations         grande échelle consistera à surmonter les contraintes
      Unies pour la restauration des écosystèmes, la Décennie        existantes et à s’appuyer sur les opportunités et les
      des Nations Unies pour l’agriculture familiale (2019-          facteurs de réussite. Les dix prochaines années seront
      2028), les engagements renouvelés dans le cadre des            décisives pour la RFP en Afrique, et en fait, dans le monde.
      contributions de la CCNUCC déterminées au niveau               Les voies à suivre pour passer des engagements aux
      national (CDN) et la mise en œuvre au titre de l’Accord        actions à grande échelle sont notamment les suivantes:
      de Paris, et le Cadre mondial de la biodiversité pour
      l’après-2020, qui pourraient tous déboucher sur des                 • Prendre en compte les besoins locaux dans les
      investissements majeurs en Afrique.                                   programmes et projets de RFP et adapter la mise
                                                                            en œuvre de la RFP aux circonstances locales;
      Des défis subsistent cependant. Il s’agit avant tout
      du rythme continu et accéléré de la perte et de la                  • Tenter, avec beaucoup d’ambition, de réaliser
      dégradation des forêts. Nombre de ces défis ne sont                   les multiples objectifs socio-économiques et
      toutefois pas propres à l’Afrique. La RFP est un concept              écologiques de la RFP;
      complexe et de nombreuses interprétations différentes
                                                                          • S’assurer que les améliorations du paysage
      du terme et de l’approche coexistent (dont certaines ne
                                                                            en harmonie avec la RFP visent à obtenir les
      sont clairement pas en harmonie avec les principes et le
                                                                            meilleurs résultats possibles des points de vue
      modèle de la RFP). Des droits d’occupation et de propriété
                                                                            social, économique et écologique dans chaque
      peu ou mal définis et inéquitables constituent des défis
                                                                            contexte donné;
      majeurs dans une grande partie de l’Afrique, entraînant
      l’insécurité et les conflits, avec des répercussions sur            • Élaborer des stratégies régionales et sous-
      les investissements et la mise en œuvre de la RFP. Les                régionales de mise en œuvre de la RFP adaptées
      capacités humaines et techniques nécessaires à la mise                aux conditions locales;
      en œuvre efficace de la RFP restent insuffisantes. On
      note une absence d’outils adaptés au contexte local                 • Accroître la visibilité des initiatives de RFP
      pour la RFP (par exemple pour le suivi des progrès de la              réussies pour qu’elles puissent être reproduites
      RFP; voir Berrahmouni et al., 2015). Les infrastructures              et amplifiées;
      en mauvais état créent des difficultés d’accès dans de
      nombreuses régions d’Afrique, ce qui rend difficile l’entrée        • S’assurer que les acteurs locaux bénéficient
      du personnel d’appui dans le paysage pour soutenir la                 d’un financement suffisant et durable;
xiii

     • Appliquer un changement systémique afin                              • Promouvoir les partenariats multipartites aux
       d’amener différents secteurs à collaborer sur la                       niveaux local, paysager, national, sous-régional et
       RFP étant donné qu’elle n’est pas la chasse gardée                     continental pour la mise en œuvre de la RFP;
       du secteur forestier mais devrait plutôt impliquer
       activement d’autres secteurs tels que l’agriculture,                 • Intégrer complètement la RFP dans les plans de
       l’élevage, l’eau, le tourisme, le développement                        développement de l’après-covid 19 , y compris
       rural, l’énergie, le développement urbain, etc.);                      la prévention des maladies émergentes futures
                                                                              en utilisant l’approche «Une seule santé», et en
     • Investir dans le perfectionnement des                                  protégeant et restaurant les habitats naturels.
       connaissances sur la RFP dans le contexte africain;

     • Améliorer le suivi participatif pour corriger les
       erreurs, s’adapter aux conditions changeantes et
       tirer des enseignements du processus;

Des agriculteurs chargent sur leurs charrettes du fourrage provenant d’un site de restauration, Tera, Niger

                                                                                                                                    ©FAO/Giulio Napolitano
xiv

      À PROPOS DE CE RAPPORT
      Objectif
                                                                    dans le présent document. Elle sera cependant utilisée
                                                                    lors de la préparation des éditions futures de ce rapport.
                                                                    Les rapports nationaux soumis à la Convention sur la
      Alors que nous entamons la Décennie des Nations               diversité biologique (CDB) ont également été examinés
      Unies pour la restauration des écosystèmes (2021-2030),       pour certains pays afin d’identifier les projets. En outre,
      l’objectif de ce rapport est d’évaluer la mise en œuvre       les données de l’Évaluation des ressources forestières
      actuelle de la RFP en Afrique. Il présente le contexte        mondiales de la FAO pour 2020 ont été analysées. Des
      actuel de la RFP sur le continent africain. De nombreuses     études de cas ont été sélectionnées, notamment en
      initiatives liées à la RFP sont en cours en Afrique, et ce    tenant compte des informations rapportées dans
      rapport tente de mettre en lumière les initiatives clés       l’Évaluation des ressources forestières (FRA) 2020. Les 11
      afin de présenter dans un seul document une image             pays ayant signalé une augmentation de la couverture
      cohérente de l’état de la RFP en Afrique. Le rapport          forestière dans FRA 2020 sont présentés.
      identifie également les principaux défis, opportunités,
      acteurs et processus, accompagnés de quelques études
      de cas (l’intention n’est pas de fournir un aperçu
      exhaustif des projets existants ou envisagés, bien qu’il      Structure
      soit prévu que les prochaines éditions de l’Examen de
      l’état de la restauration des forêts et des paysages en       Le rapport est structuré comme suit: Le chapitre 1
      Afrique 2021 le fassent. Ce premier rapport présente une      présente l’importance des forêts et des paysages arborés
      situation de référence, et des mises à jour régulières        d’Afrique et les défis auxquels ces ressources et leurs
      sont envisagées. Le rapport est préparé dans le cadre du      populations sont confrontées, ainsi que la pertinence
      programme régional de coopération technique mis en            de la restauration et le contexte mondial des politiques.
      œuvre conjointement par le Bureau régional de la FAO          Le chapitre suivant donne un aperçu plus général de la
      pour l’Afrique (RAF) et l’Agence de développement de          RFP et de la restauration. Le troisième chapitre donne
      l’Union africaine NEPAD (AUDA-NEPAD) «Appui à la mise         une vue plus détaillée de l’état actuel des forêts des
      en œuvre et au suivi de l’Initiative pour la restauration     sous-régions africaines, avec des exemples d’initiatives
      des paysages forestiers africains (AFR100)» et en étroite     de RFP (ou d’autres initiatives pertinentes qui peuvent
      collaboration avec l’équipe de gestion et les partenaires     ne pas porter le label RFP mais qui s’alignent en fait sur
      de l’AFR100. Il fait également écho à la recommandation       la RFP). Le chapitre 4 passe en revue certains facteurs
      de la Commission des forêts et de la faune sauvage pour       clés de réussite de la RFP en Afrique. Le chapitre 5
      l’Afrique de la FAO, lors de sa 22e Session tenue en mars     présente les opportunités potentielles et les défis
      2020 en Afrique du Sud.                                       persistants. Le dernier chapitre est plus prospectif et
                                                                    spéculatif, soulignant les priorités potentielles de la RFP
                                                                    dans le cadre de la Décennie des Nations Unies pour la

      Méthodologie
                                                                    restauration des écosystèmes.

      Ce rapport a été réalisé à l’aide d’une collecte de données
      primaires (entretiens semi-structurés avec les principales
      parties prenantes impliquées dans la RFP en Afrique)
      et d’une recherche bibliographique. Les sites Internet
      et les bases de données de projets des principales
      organisations ont été étudiés; les bases de données de
      projets des donateurs multilatéraux (FEM, FVC, Banque
      mondiale) ont été examinées; les documents des projets
      et programmes ont été analysés. Une enquête a été
      simultanément menée pour recueillir des données
      sur les projets. Cependant, en raison du manque de
      retour d’information au moment de la production de ce
      rapport, cette source d’information n’a pas été incluse
Rexamen de l’état de la restauration des forêts et des paysages en afrique 2021             1

                                                                                                    ©FAO/Petterik Wiggers

CHAPITRE 1
Introduction: historique et contexte
2   Rexamen de l’état de la restauration des forêts et des paysages en afrique 2021

    1.1. Importance des                                                 l’érosion (Bennett et al., 2009). Pour des millions de
                                                                        personnes, les forêts constituent un habitat pour les
    forêts et des paysages                                              espèces sauvages et un lieu de loisirs, de tradition et de
                                                                        spiritualité (Plieninger et al., 2015). Les forêts d’Afrique,
    arborés en Afrique                                                  notamment les forêts de Kaya au Kenya ou celles des
                                                                        monastères coptes en Éthiopie, sont sacrées pour de
    Près d’un cinquième (17 pour cent) des forêts du monde              nombreuses cultures. Ces forêts et ces paysages arborés
    se trouvent en Afrique (figure 1), de même que 31 pour              regorgent de produits indispensables à la vie quotidienne
    cent des «autres terres boisées» du monde (IPBES,                   et aux moyens d’existence de la majorité de la population
    2018b). Le continent abrite la deuxième plus grande forêt           africaine (OSS, 2019). La liste de ces produits comprend,
    tropicale de la planète: le Bassin du Congo. On estime              par exemple, les denrées alimentaires, l’alimentation pour
    que ce dernier, qui se trouve en Afrique centrale, assure           animaux, les matériaux de construction, les médicaments
    les moyens d’existence de plus de 60 millions d’habitants           et surtout l’énergie. Plus de 62 pour cent de la population
    (de Wasseige et al., 2015). En revanche, l’Afrique de               africaine dépendent des biens et services écosystémiques,
    l’Ouest abrite de vastes étendues de zones arides,                  dont bon nombre sont forestiers (IPBES, 2018b). On
    au sein desquelles les arbres forment des paysages                  estime que 90 pour cent de la population du continent
    agrosylvopastoraux et jouent un rôle fondamental,                   dépend du bois de chauffage et du charbon de bois pour
    notamment dans la protection des sols et de l’eau, la               l’énergie, notamment pour la cuisine (IPBES, 2018b). Les
    production alimentaire et le bois de chauffage (FAO,                forêts sont une source primaire de produits médicinaux
    2019). Les mangroves, les forêts de montagne et les forêts          pour environ 80 pour cent des populations, avec un total
    sèches du Miombo font également partie des paysages                 de 5 400 plantes médicinales recensées en Afrique (IPBES,
    uniques de l’Afrique.                                               2018b). Une méta-analyse de Reed et al. (2017) couvrant
                                                                        les impacts des services écosystémiques dans les forêts
    Les forêts et les paysages arborés sont indispensables              tropicales, a révélé que dans l’ensemble, la présence de
    au maintien de la vie sur terre (IPBES, 2018) et revêtent           forêts et des arbres a un effet essentiellement positif sur
    une importance particulière pour le continent africain              le rendement agricole en Afrique. Les forêts et les arbres
    dont la majorité de la population est rurale. Les forêts            jouent un rôle important dans l’atténuation des risques
    et les arbres procurent des services écosystémiques tels            en assurant une fonction de «filet de sécurité» pour des
    que la régulation de l’eau (Creed et van Noordwijk, 2018),          millions de personnes en milieu rural (Dudley et al., 2008).
    le cycle du carbone et de l’azote (Le Quéré et al., 2009;           Ce rôle est de plus en plus évident face au changement
    Pan et al., 2011) et la pollinisation (Potts et al., 2016). Ils     climatique et à ses impacts anticipés.
    contribuent à la formation des sols et à la lutte contre

       FIGURE 1:           Les forêts africaines, par sous-région

                                                 Afrique: Superficie forestière (en 1 000 ha)
               800 000

               700 000

               600 000

               500 000

               400 000

               300 000

               200 000

               100 000

                           1990                          2000                           2010                       2020

                             Afrique de l’Est et australe             Afrique du Nord           Afrique de l’Ouest et centrale

    Source: FAO, 2020.
Chapitre 1 Introduction: historique et contexte           3

                                                                                                                                       © Cameroon Ecology
Des mangroves dans le village côtier de Lonji, dans le sud du Cameroun.

Par ailleurs, on comprend de mieux en mieux le rôle des              de la FAO pour élaborer/renforcer son programme de
forêts dans la réduction de la pauvreté (Miller et al., 2020).       travail sur le changement climatique, la biodiversité et la
Cela est particulièrement important sur un continent qui             gestion durable des ressources naturelles, en particulier
abrite les dix derniers pays de l’Indice de développement            la dégradation des sols, la désertification, les inondations,
humain (PNUD, 2020). Des recherches approfondies                     etc. en s’appuyant sur des programmes phares tels que
menées dans 21 pays africains ont mis en évidence                    la Grande muraille verte de l’Afrique ou l’Initiative Villes
la corrélation positive entre les arbres et la diversité             vertes1
alimentaire (Ickowitz et al., 2014). Les forêts contribuent
directement au produit intérieur brut (PIB) de nombreux
pays d’Afrique, leurs contributions étant estimées à 6 pour
cent en République du Congo par exemple (de Wasseige
                                                                    1.2. Inverser la tendance
et al., 2015). La contribution des forêts à l’économie
                                                                     Si la protection des forêts est importante, leur
informelle, bien que non quantifiée, est considérée
                                                                     restauration là où elles ont été perdues et dégradées
beaucoup plus élevée.
                                                                     est également nécessaire; nécessaire parce que sans
Les forêts sont essentielles pour relever les grands                 ces arbres dans le paysage, les sols, l’eau et les biens et
défis de notre époque: l’extinction de la biodiversité, le           services fournis par les forêts et les arbres sont perdus
changement climatique et la sécurité alimentaire. Le                 ou détériorés. Dans le contexte africain, la restauration
monde étant de surcroît confronté à une pandémie                     des forêts va bien au-delà du retour des arbres dans le
mondiale (et au spectre d’autres pandémies à venir), il              paysage. Il s’agit de répondre à la fois aux priorités de
est de plus en plus évident que le défrichage des forêts             développement et de l’environnement dans un contexte
aggrave la menace de zoonoses telles que la covid 19 ou              essentiellement rural et où le niveau de développement
d’autres maladies qui ont déjà frappé l’Afrique, comme               humain est faible. La perte et la dégradation des
la maladie à virus Ébola (Sen, 2020).                                forêts exacerbent les impacts sur des populations déjà
                                                                     vulnérables, avec des répercussions directes sur leurs
Et pourtant, à l’heure où nous écrivons ces lignes, l’Afrique        moyens d’existence.
continue de perdre des forêts au rythme de 4,4 millions
d’hectares par an (FAO et PNUE, 2020). Jusqu’à 65 pour               Pour inverser le processus de disparition des forêts et
cent des terres productives en Afrique sont dégradées                de dégradation des terres, il faut avant tout s’attaquer
(Chomba et al., 2020) et la désertification touche 45                aux facteurs à l’origine de cette disparition et de cette
pour cent des terres africaines (IPBES, 2018b). Il est               dégradation (di Sacco et al., 2021), mais aussi intensifier
impératif d’inverser cette tendance et, conscients de cette          la restauration. L’une des premières et des plus célèbres
urgence, de nombreux gouvernements et autres parties                 promotrices de la plantation d’arbres est la lauréate
prenantes en Afrique se sont activement engagés dans                 kenyane du prix Nobel de la paix, Wangari Maathai,
la restauration des forêts et des paysages (RFP). Lors de            qui a commencé à planter des arbres au Kenya avec
sa 31e Session accueillie par le Zimbabwe, la Conférence             des femmes dans les années 1970 pour promouvoir la
régionale de la FAO pour l’Afrique (à laquelle participent           création d’emplois, l’autonomisation (en particulier
surtout les ministres de l’agriculture) a sollicité l’aide           des femmes), ainsi que pour inverser la dégradation
                                                                     de l’environnement (étude de cas 1). Aujourd’hui, de

1   http://www.fao.org/3/ne288fr/ne288fr.pdf
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