Expositions Vie des arts - Érudit
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Document généré le 22 sept. 2021 04:24 Vie des arts Expositions Volume 44, numéro 176, automne 1999 URI : https://id.erudit.org/iderudit/53116ac Aller au sommaire du numéro Éditeur(s) La Société La Vie des Arts ISSN 0042-5435 (imprimé) 1923-3183 (numérique) Découvrir la revue Citer ce document (1999). Expositions. Vie des arts, 44(176), 72–76. Tous droits réservés © La Société La Vie des Arts, 1999 Ce document est protégé par la loi sur le droit d’auteur. L’utilisation des services d’Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politique d’utilisation que vous pouvez consulter en ligne. https://apropos.erudit.org/fr/usagers/politique-dutilisation/ Cet article est diffusé et préservé par Érudit. Érudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé de l’Université de Montréal, l’Université Laval et l’Université du Québec à Montréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche. https://www.erudit.org/fr/
• MONTRÉAL murale «caméléonesque» de Kevin l'exposition. En regardant par l'une Les traces de la force d'expres- Rogers, intitulée Kevin + the Girl at des deux fenêtres de la cabine her- sion des œuvres de Marie-Étienne AUTO- Kinkos = Love (1999). L'installation métiquement scellée de Coutu, on dé- Bessette, Josée St-Louis et Evelyne SATISFACTION c POST-MOD murale de Rogers ressemble à un fragment d'édifice en cours de réno- couvre une réplique faite à la main d'un satellite de bois peint d'un noir Touchette, s'inscrivent dans la sen- sibilité du corps propre et de l'ex- o COMPULSION vation ou de détérioration; et il n'y mat. On y trouve aussi des notes, des périence esthétique dont témoigne manque, pour que l'œuvre soit com- morceaux de bois partiellement l'exposition Instincts. Galerie Liane & Danny plète, qu'une mouche sur le mur. coupés, des croquis, des nombres Marie-Étienne Bessette a écrit: Taran, Centre des arts vaporisés au Day-Glow orange, un Si cette exposition semble faire «Je cherche le milieu de la vie tout en Saidye Bronfman bas-relief folklorique plutôt kitsch, Du 17 juin au 29 août 1999 partie de l'art à la mode des années tournant autour. Je crois qu'au fond O 90, comme tout le montre, elle une demi-lune de lumières bleues, ce qui est vrai c'est ce qui se tient à La paix et l'amour des années véhicule néanmoins, le message qui même la peinture amateure d'une l'écart de mes pensées (...) en es- 60 flirtant avec le post-mod, pourrait dire: il n'y a aucune raison planète: on pourrait y voir un com- sayant de continuer à vivre pour de X un nihilisme timide et une de faire de l'art si ce n'est en tant mentaire narquois sur les mythes du vrai dans le monde. » Elle énonce la réflexion libertaire imprègent que forme quelconque d'auto-satis- modernisme, de la technologie et musicalité de l'espace tensionel d'un les œuvres de Compulsion. faction. Nul commentaire social, de la vraie vie moderne. L'approche moment vécu pleinement: sous nulle vision artistique révolutionnaire de Coutu envers ce genre d'instal- la matière picturale de Robe de nuit, ici, sauf peut-être les portraits naïfs lation rappelle celle de Ilya Kabakov la transparence du voile rose paraît de Marie-Claude Pratte. En effet, ses dans L'homme qui s'envola de son flotter au-dessus de la surface et nous Portraits de Société ( 1998-99) par- appartement vers l'espace (1981- transporter ailleurs, quelque part dans lent de préjudices sociaux et de 1998), que l'on peut actuellement le rêve. Puis dans la version Robe de stéréotypes, mais de façon spirituelle voir au Musée des beaux-arts de Vie, l'utilisation du cuir brun sur des et avenante. En fait, c'est de leur Montréal, dans l'exposition Cosmos. jambes de papier en mouvement colle regroupement que ces petits clichés La cabine de Coutu repose de façon à la deuxième peau lisible du collage, texturaux tirent leur efficacité. Des précaire sur un amoncellement celle qui nous donne accès au mou- ouvriers, des citoyens, des dilet- de planches mais c'est en fait un vement réel de la perception qui tantes, des autodidactes, des poli- assemblage conceptuel. Tout comme s'opère d'une œuvre à l'autre. Marie-Claude Pratte ciers, des chômeurs: cette collectivité avec Carlo Cesta, on n'est jamais Portraits de société, 1998-1999 de stéréotypes sociaux est aussi ca- certain si Coutu se moque du moder- (Détail) Photo: Paul Litherland ricaturale et littérale que les person- nisme du 20e siècle ou s'il lui voue nages de l'émission de télévision un amour inconditionnel. Bien que le titre de cette exposition québécoise Lap'tite vie. En définitive, Compulsion est une évoque un besoin incontrôlable quel- exposition qui présente l'art comme Dans Trans-Love Energy (1998), conque, les œuvres choisies par le une mode. S'il existe une quelconque l'impeccable dessin mural horizontal conservateur John Massier semblent conscience sociale dans ces œuvres, de Kevin Ei-Ichi deForest, une forme plus obsessives que compulsives. elle s'exprime par un cynisme bénin serpentine s'insinue autour du pa- «Mode» ou «Auto-satisfaction» au- qui souffre de la boulimie qui fait pier, mais elle ne mord pas, elle ex- raient pu faire des titres un peu plus partie de toute dépendance. La juxta- plose en morceaux. C'est une énergie honnêtes, car ces œuvres contempo- position de l'ensemble des diverses sexuelle enhardie, du genre bande raines font l'éloge de l'excès dans un œuvres d'art par le conservateur John dessinée californienne psychédélique monde d'excès. Bien qu'elles reflètent Massier serait peut-être ici la seule à la Robert Crumb. L'installation de l'état de la culture contemporaine, œuvre d'art. balcons à l'italienne de Carlo Cesta, aucun remède n'est offert pour un artiste vivant à Toronto, poursuit John K. Grande soulager le malaise postmoderne... les principes de l'esthétique de l'art (traduit de l'anglais par Monique Crépault) Croupées sous le titre Band- Josée St-Louis contemporain. Des fragments de Évadée, 1999 width, les phrases raccoleuses de balcons de fer forgé sont soudés Couverture, fermeture à glissière, cadenas Susan Kealey placardées sur les murs ENTRE LE S E N S I B L E 140 x 206 cm ensemble l'un dans l'autre, chacun de la galerie - et même sur l'œuvre étant successivement plus haut et plus ET L ' I N D I C I B L E d'autres artistes - intriguent immé- étroit que le précédent. L'œuvre de INSTINCTS Josée St-Louis prône sensible- diatement. Ces phrases à la poésie Cesta possède un superbe sens de MARIE-ÉTIENNE BESSETTE, JOSÉE ment la même quête mais présente délibérément postmoderne pour- l'espace tout en étant tellement im- ST-LOUIS ET EVELYNE TOUCHETTE de façon plus ironique la fuite du raient être des slogans publicitaires. bue de l'histoire et des dogmes du corps dans son rapport à l'altérité, 372 Ste-Catherine O., espace 522 L'une d'elles se lit: «Peel, Orange modernisme qu'elle en devient surtout par le biais d'un cri chosifié du 3 au 15 avril. 9mm, Special Agent Utah. » Une presque l'imitation un peu kitsch de intitulé Mesdame, quelle sorte de sac autre: «Van Goghs Radio, Optic la maquette du sculpteur russe Il n'y a pas de vision sans pen- êtes-vous? Cette fuite s'exprime par Yellow, Sick Fm.» Ces assemblages Vladimir Tatlin pour le Monument sée. Il ne suffit pas de penser pour la béance des fermetures à glissières de mots sont en fait des noms de pour la 3 e Internationale (1919), voir; la vision est une pensée condi- destissuset du cuir couleur peau du groupes de musiciens découpés au que l'on promena à travers les rues tionnée, elle naît de ce qui arrive sac-à-main personnifié. La fuite est hasard des listes de spectacles et, de Leningrad lors de la Fête du tra- dans le corps1 Merleau-Ponty aussi déclarée dès les premiers mots en tant que tels, sont des appropria- vail de 1926. Le new-yorkais David du texte de présentation de l'artiste: tions plus robotiques qu'il n'y paraît Kramer fait prendre au nihilisme sa «Là, maintenant, j'ai le couteau à à première vue. Les portraits sexy et pénultième marche dans le monde de la gorge. » On n'est pas dans un cri hybrides de Ron Giii, issus du monde la compulsion avec HI UFE (1999). de l'ici-maintenant comme chez les alternatif des années 70, sont des Des bouteilles de bière, de vin et de deux autres mais là dans Tailleurs, photographies contextualisées (1972- whisky de toutes les couleurs sont la douleur et la peur de la perception 1982), à l'odeur expérimentale disposées autour d'installations de de l'autre, de soi. La peur semble aujourd'hui périmée. Certaines œu- lumières fluorescentes placées dans naître de la fuite, mais Tailleurs vres empiètent sur d'autres. Flutter la forêt de bouteilles. Quoiqu'on ne ne console pas, ne colmate pas. Au (1998), le très bel arrangement puisse pas lire les mots immédia- contraire, il empêche de vivre pleine- mural de Valérie Lamontagne formé tement, les lumières épellent HI LIFE. ment dans l'ici-maintenant. « Où suis- d'une centaine d'autocollants de pa- je réellement (...) Laisse-moi tran- pillons, d'où suinte une sensualité La Moderne (1999), une cons- quille foutue honte ! Laisse-moi à la Lolita, volète jusqu'à la tapisserie truction de Patrick Coutu, est sans nul vivre», écrit-elle. doute l'une des meilleures œuvres de Marie-Étienne Bessette Robe de vie, 1999 Matériaux mixtes, 21 x 25 cm 72 VIE DES ARTS N« 176
s'envolent dans un courant d'air rap- prospérité qui s'étendrait de l'occi- pelle l'enfance. Il y a quelque chose dent à l'orient... Walker détourne la d'innocent et de cruel dans ce jeu ar- signification biblique du serpent afin bitraire. De loin, dans ce décor, les de le présenter tel qu'il apparaît dans Eveline Touchette aiguillesfixéesà desfilsressemblent la religion bouddhique, c'est-à-dire Évolution, 1999 Walker conserve quelques préceptes à une pluie qui ne tombe jamais, une comme une énergie spirituelle. Il Techniques mixtes 25 x 30 cm sculpturaux tels que la gravité, l'addi- Chaque pièce suspension irréelle du temps sur n'est pas certain que le visiteur tion et la soustraction de la matière une île maudite, desséchée, qui ne puisse établir cette distanciation avec Quant à Evelyne Touchette, avec- ainsi que l'opposition de plein et sera jamais fertile. Chaque fois, les un titre pareil. L'or ainsi que le ser- la matière de Vie - du plâtre - elle de vide. bulles de savon empruntent une tra- pent sont des signes importants de théâtralise l'harmonie avec l'univers. Paume pour une Infante défunte jectoire différente malgré des condi- i'alchimie•,, ils ont une signification Dans Évolution, l'artiste a non seule- est sans aucun doute l'œuvre la plus tions spatiales et atmosphériques spirituelle. Le serpent qui se mord la ment fabriqué le papier sur lequel impressionnante. Il s'agit d'un sar- identiques. Sous le regard amusé queue, Ouroboros, indique que elle a entrepris de s'exprimer, mais cophage de calcaire recouvert d'une du spectateur, une bulle s'élève chaque chose est liée en tout, elle y a aussi inséré, entre deux sur- plaque de verre sous laquelle le visi- pour frôler les aiguilles et s'éteindre matière et esprit. La colonne faces, des morceaux d'écaillé d'avo- teur découvre une collection de pa- contre les fils de nylon ou réussit à vertébrale de l'enfant apparaît dans cat, des spécimens botaniques, bref pillons épingles sur un tissu de soie. s'échapper de ce piège infernal pour un fragile équilibre suspendue entre des membranes organiques natu- Le titre est plus quévocateur, il sou- terminer sa course dans l'espace im- ciel et terre, entre les désirs terres- relles dans le corps de l'œuvre. Des ligne la symbolique du papillon, mé- maculé de la galerie. Avec le temps, tres et le besoin de transcendance. configurations du cycle de la vie se taphore inéluctable du passage de la le savon s'amasse sur les fils et crée En mettant en relation les œu- donnent ainsi à voir par un jeu mort à la résurrection. Or, l'artiste une pellicule apparente à l'œil nu. vres, la mort de l'enfant apparaît d'éclairage à l'intérieur de l'œuvre ne nous fail pas une présentation Grâce à cette marque, il devient ainsi comme un thème sous-jacent à l'ex- comme la représentation de l'inten- scientifique de lépidoptères; elle possible d'imaginer que ce petit position. Le cercueil de calaire avec sité lumineuse nécessaire à la vie. utilise ces insectes autant pour manège s'est produit plus d'une fois. l'œuvre Pavane pour une Infante Dans Découverte t et 2, il y a, de leur qualité esthétique que pour Cela rappelle les propos du célèbre défunte, dans Pulvis et Umbra, plus, un travail sur le mouvement de leur qualité poétique. Pavane pour chirurgien et biologiste Henri La- l'amas de roche fait penser à un la ligne. En 1, au centre, un trait ver- une Infante défunte est le tire d'une borit: «Le concept de trajectoire tertre et a la dimension d'un corps tical concave est entouré de rayons œuvre composée par Maurice Ravel déterministe se brise. A proximité du d'enfant; l'un des romans de Steven- diagonales en reliefs; en 2, il s'agit (1875-1937)1 pour le piano en 1899. point où les trajectoires divergent, son, L'île aux trésors 1881, a mar- d'un centre plein et d'un fond en Cette pièce de jeunesse, que le com- bifurquent, le système devient sen- qué l'imaginaire enfantin. Enfin, creux composé de rayons qui gravi- positeur finit par renier, est em- sible à des champs très faibles. On dans Jacob's Ladder, il s'agit d'une teni autour. Certes, il y a une dyna- preinte de tristesse et de mélancolie. parvient alors à cette notion qu'il n'y colonne vertébrale de la taille d'un mique entre la voliimétrisation et les Si une portée musicale comprend a plus, dans une structure dissipa- enfant. Le temps semble en suspens: formes dites en creux, entre la force des noires, des blanches, des cro- tive, un antagonisme foncier entre la collection de papillons, les bulles centripète et centrifuge. Il y a renon- ches, des doubles croches, elle est hasard, irrégularité et déterminisme. de savon qui surgissent constam- ciation d'une lutte pour le dévelop- aussi composée de silences. Dans On constate que l'irrégularité est le ment dans une danse macabre, et pement du soi, la conservation un même élan, il n'est pas possible résultat d'un jeu déterministe, non la colonne vertébrale soutenue comme le dit l'artiste des fonde- de négliger l'imposant mutisme de linéaire, à plusieurs variables. Ce entre deux mondes. De même, la fi- ments essentiels à l'être humain. l'œuvre. Walker donne le titre d'une n'est donc plus un système aléatoire gure masculine surplombe l'ensem- pièce musicale à une œuvre plas- classique. La réalité se trouverait ble des œuvres par ses références, Dans leur exposition commune, tique où règne la paix. L'œuvre met entre irrégularité et déterminisme. »2 Ravel, Stevenson et Jacob en contraste Marie-Étienne Bessette, Josée St-Louis en relief les notions de présence et Une colonne vertébrale, celle avec l'esthétique des œuvres qui et Evelyne Touchette ont présenté de d'absence. La fragilité des papillons d'un enfant, parcourue d'une fine appartient à l'univers féminin de la manière à la fois sensible et lucide se heurte à la rigidité de l'écrin de ligne d'or est suspendue entre deux fin du 19e siècle. l'existence même de l'indicible dans calcaire. Pourtant tous deux sem- pôles. Au-dessus de la colonne, un la représentation des affects que pro- L'aiguille semble être un point blentfigésdans le temps. On peut se tube fluorescent en demi-cercle fait duit une œuvre et cela, tout en don- convergent de plus. Dans les deux demander s'il est question de trans- songer à une auréole. Au sol, un nant la possibilité; par le repérage de premières œuvres, la présence de cendance ou d'éternité? Les papil- échantillon carotté de pierre sur traces symboliques à la fois visibles l'aiguille est explicite. Les unes ont lons sont épingles aux parois d'un laquelle un serpent lové a été gravé. et lisibles, de saisir le jeu fugitif des servi à transpercer le corps des pa- cercueil, immobiles à jamais dans Cette œuvre s'intituleyacoè'i' Ladder tensions propres à notre expérience pillons, les autres, celui des bulles. toute leur splendeur. Surgit alors une (L'Échelle de Jacob). L'artiste réin- spatiale du monde. La troisième aiguille se cache sous dimension temporelle de Tordre de terprète le récit biblique afin que le Vicky Allaire la pérennité, de ce qui perdure et corps devienne le lieu de passage de l'épine dorsale soutenue entre ciel et i Merleau-Ponty. Maurice. L'oeil et l'esprit, dont la beauté, tout comme la jeu- la transcendance. La Genèse raconte terre. Si Ton considère l'art comme Paris. Gallimard, 1967, p.51. nesse, puisqu'il s'agit d'un cercueil que les anges montaient et des- une activité de connaissance, que d'enfant, ne pourront être à jamais cendaient sur une échelle dont la Ton étudie les liens qui l'unissent profanées. base était appuyée au sol alors que à la nature, aux sciences ainsi qu'à L'INSTANT la spiritualité, et que l'œuvre d'art l'extrémité touchait les deux. Yahweh D ' U N E ÉTERNITÉ Un îlot de pierres duquel surgis- soit comprise comme un ensemble annonça à Jacob, fils d'Isaac, une sent des bulles de savon afin de de mises en relation entre différents LAURIE WALKER terminer leur course sur un ciel éléments, il devient alors possible Optica d'aiguilles suspendues à des fils de de considérer le travail de Laurie 372, rue Ste-Catherine Ouest nylon. Cette pièce s'intitule Pulvis et Walker dans une perspective tout 27 février au 3 avril 1999 Umbra (Poussière et Ombre) en à fait gœthéenne4. Laurie Walker continue inexo- référence à un essai de l'écrivain Sylvain Latendresse rablement à explorer des œuvres écossais Robert Louis Stevenson. i Lucien Rebatet. «UNE HISTOIRE DE LA hybrides jouxtant à la fois alchimie, L'écrivain s'interroge sur les motiva- MUSIQUE». Paris, Éd. Robert Laffont. spiritualité, mythologie, musique, lit- tions qui poussent l'être humain à Coll. Bouquins, 1969. p. 653. 2 DIEU ne joue pas aux dés, Montréal. térature, etc. L'artiste présente un tra- vivre malgré les difficultés de l'exis- Éd. de l'homme, 1987, p. 63. vail sobre et grave sur le thème tence. Encore une fois, le sujet de la 3 Andrea Aromatico, Alchimie le grand de la mortalité, de l'élévation et mort est imminent. Non seulement secret, Paris, Éd. Gallimard, de la transcendance en opposant parce que ces bulles échouent indu- Coll. Découverte, 1996, p. 16 et 31. 4 Tzvetan Todorov in Gœthe, Écrits sur les matières organiques et non bitablement sous ce tapis d'aiguilles l'art, trad, de Jean-Marie Schaeffer, organiques. Cette exposition n'é- mais aussi parce que ces pierres font Paris. Éd. Flammarion coll. GF. 1993. chappe pas à cette règle. Cependant P 5-71. penser à un tumulus. Ces bulles qui Pavane pour une infante défunte, 1997 Calcaire, papillons séchés, soie, épingles, mousse en plastique, verre 133.5 x 62 x 51,5 cm VIE DES ARTS N"176 73 Photo: Paul Litherland
compte de cette association par- LES L I E U X H A B I T É S LÉGÈRETÉ ticulière. » DANIELLE APRIL DES POLLENS La quête de l'humanité constitue DOMUS donc le véritable ferment de l'expo- FRANÇOISE NIAY Estampe Plus sition « Domus », laqueUe se présente HERBIER 1999 (SUITE) 49, rue St-Pierre en trois volets distincts regroupés en PLANÈTES, POLLENS, FOSSILES Québec vertu d'une exploitation libre de l'ar- Tél.:(4i8) 694-1303 Centre d'arts contemporains chitecture domiciUaire. Ainsi, nous du Québec à Montréal LES DOMICILES distinguons des assemblages minia- 4247, rue St-Dominique Galerie VOX tures présentés dans une série de Du 15 mai au 11 juin 460, rue Ste-Catherine Ouest, cadres/boîtiers, un ensemble de su- EUe s'appeUe Françoise Niay. EUe Local 320 perpositions photographiques et dessine. EUe expose ses dessins pour Montréal quelques cofiages rendant hommage les domiciles. 1998 la première fois à Montréal. Elle Tél.: (514) 390-0382 à l'architecte américain Frank Lloyd Photographie Noir et blanc montée sur plaquette de bois, 20 x 10 cm présente des dessins de pollens Du 13 octobre au 19 novembre Wright. S SODART grossis miUe, dix miUe, cent mille fois DanieUe April demeure Tune des L'organisation des composantes (peut-être plus encore). Six ou sept artistes les plus actives de la capitale. plastiques de chacune des pièces deux procédés qui caractérisent son travail depuis de nombreuses an- poUens géants se découpent sur les Par son engagement dans le milieu convie à un examen minutieux de murs blancs de la galerie du Centre des arts - elle est actuellement prési- l'image qui ne peut s'appréhender nées. En manipulant et superposant des images photographiques, en d'arts contemporains déserte et dente du Regroupement des Artistes en un seul coup d'œil. Déconstruites totalement silencieuse au moment en Arts Visuels du Québec - et par et reconstruites, les maisons par- jouant librement avec les matériaux, en variant les styles et en mariant de ma visite. Pourquoi des poUens? la constance et l'ampleur de sa pro- ticipent d'une volonté d'appropria- En fait, cette exposition succède à duction - plus de quinze projets tion que le spectateur expérimente divers procédés, elle manifeste à la fois un besoin d'appropriation et un ceUe de l'herbier dont le visiteur n'a d'intégrations d'œuvres d'art à l'ar- à son tour par une observation lente accès qu'à partir des reproductions chitecture et plus d'une vingtaine et circonstanciée. Agité par la com- désir de transgresser la réaUté afin de lui insuffler une vie nouvelle. Or, tirées du catalogue. «Tout remon- d'expositions solos et collectives plexité des images, notre regard lou- te à un séjour que j'ai effectué au depuis dix ans - elle figure sans voie, zigzague et s'immisce entre les cette manière de créer, qui laisse une grande place à l'imaginaire projec- Zimbabwe» m'expUque, un peu plus conteste parmi les incontournables photographies, les découpages de tard, Françoise Niay. « Un naturaliste de la scène artistique de Québec. carton, les fragments d'entoilage, les tif, révèle de profondes préoccupa- tions existentieUes. m'a montré ses minutieux et fidèles Présenté en avril dernier à la galerie morceaux de papier calque et autres dessins de plantes, ce qui constitue Estampe Plus, son dernier solo rend strates de matériaux à la recherche «En manipulant la réalité et en ce que Ton appeUe un herbier. Leur compte de la densité et de la diver- d'un sens. De cette façon, la densité la formulant autrement, j e me valeur pour lui n'était que scientifi- sité de son œuvre. des représentations rappeUe la com- révèle à moi-même; il en va de que. Moi, ce n'est pas la nature qui plexité de chaque individu. même pour l'aspect extérieur des m'intéresse... J'ai donc proposé une En saturant ses images de mul- maisons qui laisse deviner la per- représentation des plantes. Et en par- tiples sédiments et en fournissant au sonnalité des gens qui les habitent. ticuUer du pistil. » Ainsi du pistil au spectateur de nombreuses pistes de Incidemment, j e compte éven- poUen le rapport est plus évident. lecture, l'artiste atteste la complexité tuellement aller photographier des intérieurs de maisons, non pas par Légèreté des poUens. Ils flottent à de l'être humain tout en respectant des altitudes différentes sur les parois sa propre indination pour les jeux voyeurisme maispour connaître et comprendre davantage les gens qui de la saUe. D'où l'effet de lévitation, de combinaisons expressives. En d'où la sensation pour le visiteur de outre, le thème ainsi que son traite- y vivent. Ainsi, en m'intéressant à la vie des autres, j e pourrai peut- marcher dans l'espace, d'y nager... ment reflète l'hétérogénéité de son Les poUens m'apparaissent comme langage plastique en général ainsi être comprendre de nouvelles choses sur moi... y le grossissement de ce qui féconde que la diversité de son cheminement la vie mais aussi comme la réduction esthétique. En définitive, DanieUe April est de ce qui en est à l'origine: les Domus, 1999 Techniques mixtes En examinant le parcours de une artiste insatiable qui, suivant ses planètes. Or entre les extrêmes ©SODART l'artiste depuis l'obtention de son intentions, n'hésite pas à habiter tous microscopiques et macrocosmiques, diplôme de l'École de beaux-arts de les étages de la création. Au-delà des Françoise Niay propose une instal- Intitulé «Domus», le plus récent Québec, en 1971, jusqu'à ses plus apparences, par-delà les formes et lation dont une part de l'art consiste solo de DanieUe April s'inspire du récentes réalisations, nous sommes les multiples métamorphoses qu'a à s'imposer à TécheUe humaine. motif de la maison et s'inscrit dans en effet saisis par les singularités de subi son art, le propos demeure donc toujours le même: l'expression Légèreté des œuvres. U s'agit de une démarche entreprise il y a son œuvre dont les configurations de la condition humaine. C'est cette dessins à la craie, au crayon de pas- quelques années. «L'idée d'oeuvrer irrégufières et sinueuses ont parfois thématique fondamentale qui nour- tel et au fusain sur papier. La plupart sur le thème des domiciles a surgi l'heur de troubler le spectateur en de mon intérêt pour ceux qui tes quête d'un constante expressive. rit sa création et qui, essentieUement, habitent, explique l'artiste. En ap- assure la cohérence de son travail. Pollens, 1999 Or, DanieUe April se distingue en Pastel, fusain, craie parence, une ville, un village ou une Dany Quine vertu de son insatiable besoin d'ex- Diamètre: 200 cm (approx) maison représentent la fixité et la plorer de nouveaux horizons et sa permanence. Or, cet aspect im- propension à s'engager socialement. muable n'est qu'illusoire; les murs «Je suis une rebelle, avoue-t-elle. d'une maison laisse filtrer le mou- Je n affectionne pas les choses vement humain qui s'y produit. » faciles ou confortables. Je m'im- «Enfant, j'avais l'habitude pose sans cesse de nouveaux défis d'associer les maisons à leurs de telle sorte quej e ne peux limiter habitants, poursuit-elle. Lorsque mes activités professionnelles ou j e circulais loin de mon quartier, circonscrire mes intentions créa- j e me rassurais en considérant les trices à un seul mode d'expression maisons comme des personnes; je ou à un seul style. » leur prêtais des qualificatifs sem- Cette façon de voir explique blables à ceux que Ton donne aux peut-être cet intérêt de l'artiste pour gens. La manière dont j e traite la manipulation et l'assemblage, actuellement mon sujet rend 74 VIE DES ARTS N°176
Élalne Boily Parcelles et traces des œuvres sont formées de trois de présences I. situe fermement ces œuvres dans le 1999 feuilles juxtaposées. « Elles sont Médiums mixtes présent. La mémoire est perdue puis faciles à transporter», m'indique sur toiles retrouvée. EUe refait surface comme 120 x 150 cm furtivement l'artiste. Les effets de dans un tourbillon d'expériences. relief forcent le visiteur à s'ap- L'œuvre Tourbillon II, avec ses élé- procher; leur pouvoir d'attraction ments picturaux abstraits où se mê- témoigne de la maîtrise technique du LES TEMPS nelles et d'emprunts au répertoire lent les images d'un bateau, d'une trait; mais les détaUs qu'offre l'ob- MÉTISSÉS d'images qui caractérisent l'acadé- voie ferrée et d'une corde, est aussi servation de près, s'ils sont révéla- ELAINE BOILY misme contemporain et l'académis- vertigineuse que troublante. Il en va teurs de la construction du dessin, me passé. Dans un triptyque intitulé de même de Symbiose I, où un Galerie La Seigneurie, répondent à la curiosité et au plaisir L'envol de l'ange, se démarquent monarque, au centre, est entouré de Centre culturel Vanier de découvrir de nouvelles formes une chemise et des fragments de mots peints à la main qui traversent Châteauguay organiques. Certes inventées. Oui, de cartes topographiques incorporés à le fond de la toile; Parcelles du Du 31 mai au 10 juillet près, je suis les lignes et leurs fines des effets picturaux colorés. L'événe- quotidien dépeint des structures Les peintures multimédia d'Elaine ment auquel il est fait allusion est-il urbaines archaïques fascinantes en trames de points, la régularité et les Boily sont des explorations cinéma- tiré de la propre expérience de Boily eUes-mêmes : le clocher d'une église, irrégularités de la couleur laissée par tographiques, picturalement texturées ou est-Ufictif?Peut-être un peu des des escaliers en spirale et un château le crayon, la vivacité et l'obstination comme une sorte d'écriture visueUe. deux. Le panneau central de L'envol d'eau. Juxtaposés les uns aux autres, du mouvement du poignet et du bras, Une imagerie multiple prédomine de l'ange reconstruit l'aile d'un ange ces éléments projettent une impres- l'effet de trompe-l'œil que donne le dans ses tableaux, projetant une im- déchu quelconque. Peut-être l'aile sion tant de passage du temps que mince écart entre l'intensité des pression de mémoires, d'événe- de cet Icare moderne appartient-eUe de l'histoire d'un lieu à la fois per- couleurs et les lignes à la Umite du ments rappelés du passé. Comme à la personne dont la chemise a été sonnel et pourtant tout aussi éloigné pouvoir séparateur de l'œU. Et puis, l'indique i'artiste: «Dans les œuvres appliquée au premier plan de la de ce passé. L'œuvre devient ainsi avec un peu de recul, naît une sen- présentées à cette exposition, je toile. Sous cette aile, l'empreinte une réflexion sur la nature de la vie sation de velours visuel et presque poursuis ma recherche poétique moulée et inversée d'une aile ra- quotidienne moderne. gustative à l'idée que ces corps et picturale sur le temps, la lumière, mène l'œuvre à son point de départ. John Grande sphérlques, ovoïdes ou spiraloïdes l'architecture et la dualité entre Le panneau de gauche du diptyque sont remplis d'air ou d'eau et sau- contenu et contenant déjà amorcée Correspondances planétaires II (Traduit de l'anglais |>ar Monique Crépault) poudrés à leur surface de farine, de dans mon travail. Je tenterai de la comprend des photos de la Terre vue sucre glace, de poudre de café ou partager avec les spectateurs et en- de l'espace, ainsi que l'image d'une de chocolat comme de délicates semble, nous traverserons le miroir femme d'âge mûr portant des vête- • OTTAWA pâtisseries. du temps...» ments d'une autre époque; on trouve VINCENT VAN GOGH Je suggère qu'un commentaire L'artiste traduit le sentiment du aussi des références plus immé- OU LES FLEURS accompagne l'exposition. «Et que passage du temps où fusionnent sou- diates: l'enrobage d'une barre Gra- serait ce commentaire?» me de- DE L'ÂME. venirs, rêves et réflexions, grâce à la nola a été coUée sur la toUe et Boily mande Françoise Niay. U dirait à peu juxtaposition d'indices visuels qui a peint une adresse de site Internet VINCENT V A N GOGH près ceci: «J'étais au Zimbabwe. forment une sorte de système coloré (www...) sur l'extrémité droite de LES IRIS DE VAN GOGH J'y ai rencontré un naturaliste. U des- de notation visueUe. Les œuvres don- l'œuvre. Le panneau voisin avec ses Musée des beaux-arts sinait soigneusement des plantes... » nent l'impression d'émerger de sacs de riz, ses calligraphies chi- du Canada Et dire que Françoise Niay s'inter- portes tournantes en perpétueUe ro- noises, ses formes abstraites et son Du 11 juin au 19 septembre roge sur ce que l'art du dessin peut tation: une surprise nous attend cortège d'éléments divers se veut un U est très difficile d'apprécier et bien encore signifier à la fin du à chaque tour. Boily construit des écho de la nature bric-à-brac de la d'examiner les 7 tableaux (et l'œu- XX1' siècle! abstractions composées de frag- vie contemporaine. vre) de Van Gogh au Musée des Bernard Lévy ments où se mêlent des créations L'expression visuelle d'Elaine beaux-arts du Canada, car la Moder- formeUes et des éléments figuratifs BoUy n'incarne pas une quête quel- nité trouve en lui son «incarnation réels. Une cacophonie d'images conque d'un paradis perdu puis- paroxystique»1. En effet, Vincent et d'atmosphères évoque une my- qu'elle inclut sa propre image parmi représente le mythe de l'Artiste mo- thologie faites d'inventions person- les indices et les annotations, ce qui derne par excellence, car il a bravé ionat symposium ALLUQUERE ROSANNE STONE EVENT CO-CURATORS: (Austin, Texas) Writer; Performer; iloring postmodern B A R B A R A BECKER (Bonn, Germany) Assistant Professor and Director, VERA LEMECHA and REVA STONE Research Scientist, German National (Winnipeg MB, Canadal subjectivity & the internet Research Centre of Computer Science. Advanced Communication Technologies Laboratory,University of Texas. JANET LeVALLEY (San Jose, The Internet has been considered by B October-10 October '99 California) World Manager and Comm unity D O T T U E R (Toronto, Ontario) Writer; some to be a Utopian level-playing held, where race, ethnicity and gender are Director, WorldsAway Avatar Communities, Cultural Historian; Professor, Ontario Winnipeg, canada Fujitsu; Ethnographic Researcher; Faculty, College of Art and Design. mere attributes that we select. The focus Greenwich University. of this symposium is the postmodern sub ject as multiple and repeatedly constitut AHASIW MASKEGON-ISKWEW MODERATOR: ed on the Internet. (Regina, Saskatchewan) Media Artist; F A I T H W I L D I N G (Pittsburgh, Previous Manager, Soil Digital Media Pennsylvania) Multi-disciplinary Artist; Production Suite. Performer; Writer; Lecturer; Research St. Norbert Arts and Cultural Centre Fellow, Studio for Creative Inquiry, 100 rue des Ruines du Monastère Si Nini, i l A i l ' , .nul Ci im.ii Centra m ntuated un ine sere 18 pICl resqiiii groiin M A R K POSTER (Irvine. California) Carnegie Mellon University, Pittsburgh; Box 175, St. Norbert, MB R3V 1L6 it ,i lorn VA l l , l | l | ) I S l 1111 lastery. The fully-renovated facility contpr ses artist J u l l l l i w nksliops, tfiiu i rooms and presentation spaces he Cei tre is 25 minut Writer; Professor of History and Film and Faculty, M.F.A. in Visual Art Program, Tel. (204)269.0564, Fax (204)261.1927 r o u i W u nîMfl Interns mill Airport or ?0 minutes south fn in rtow itown Winnip Media Studies, University of California. Vermont College, Norwich University. www.snacc.mb.ca • inlo^'snacc mb ca VIE DES ARTS NM76 75
feste plusieurs tendances à la fois. Il à la vie, à la souffrance de Vincent. communion des valeurs de la Moder- est impressionniste mais pas com- Cela se réalise de la manière suivante : nité. La distance qui sépare ces trois plètement. On trouve également dans la peinture se fait sans appareil de entités s'effacent devant les Iris. En ses tableaux les sources du fauvisme connaissance technique pré-établi en aimant ce mal-aimé - qui aratésa et de l'expressionnisme. Il est un prise sur une économie libidinale et vie de son vivant - le public actuel se artiste hybride qui se cherche. Pour émotionnelle qui produit des torsions venge, après coup, contre l'injustice tout compliquer, sa carrière en d'espace, des torsions de pâte, des tor- qu'on a infligée à un génie souffrant. France - qui intéresse le pubhc - n'a sions de formes qui sont les torsions En l'aimant, il affirme que l'innova- pas duré plus de six ans (1886- de l'âme de l'artiste. L'artiste, l'œuvre tion est une videur fondamentale de 1891), ce qui est très court et excep- et le vécu se rejoignent et ne font la société d'aujourd'hui. L'après- tionnel pour un artiste. Tout joue qu'un: le mythe Van Gogh. coup répare les coups, mais il faut l'indifférence, l'histoire, le rejel du contre lui. Il arrive à Paris en 1886, C'est le mythe de l'artiste qui a remonter dans le temps retrouvé de public, des artistes, des galeristes, l'année où s'achève la fête de l'im- tout bouleversé après sa mort. Avec l'art qui panse les blessures. des collectionneurs avertis el il s'est pressionnisme. Il subit l'influence de entêté à poursuivre sa subjectivité et le temps, tous les éléments qui ont Les Iris de Van Gogh ne chan- Moticelli et du très célèbre livre im- joué contre lui se sont dissipés les gera pas ce mythe. Au contraire, cette son projet artistique contre vents pressionniste Grammaire des arts et marées. Après sa mort, son œuvre uns après les autres et l'artiste reste exposition va le consolider dans la du dessin du critique d'art Charles aujourd'hui inclassable, car il n'a pas mesure où on profite de cet engoue- et l'interprétation qu'on en a faite a Blanc, publié en 1867. Il est atteint réussi à vaincre toutes les réticences eu assez de temps pour atteindre une ment pour attirer un public nord- d'épilepsie, il souffre et n'a pas assez maturité dans son art. L'œuvre de Van américain qui sera peut-être réticent pour prendre une place importante de temps pour développer une tech- dans l'histoire de l'art. En effet, le Gogh est ouverte. Ce qui permet à venir voir un Honoré Daumier2 qui nique impressionniste propre, post- toutes les projections. Le mythe a fait n'est ni mythe, ni icône, ni une célé- mythe de l'artiste est tellement puis- impressionniste ou «fauviste». Il n'a sant qu'il traverse l'œuvre et la co- que l'œuvre se transforme en icône brité en Amérique du Nord. L'art et aucun talent de commercialisation, intouchable qui se perpétue dans une les expositions s'inscrivent toujours lore fortement. Il s'ensuit que les aucune fortune personnelle, aucun tableaux deviennent des objets d'ado- logique close. Au fur et à mesure que dans des stratégies historiques et emploi stable. Il ne réussit pas à ven- les années et les générations passent, politiques. ration de la part du pubhc qui voit dre ses tableaux. Le comble de la en eux la défaite de la bêtise humaine on risque de momifier Vincent dans Tant mieux si cela aide à aug- malchance, c'est qu'il ne fait partie son propre mythe de l'artiste mal- qui ne tolère pas la différence. Vincent d'aucun groupe. Tout joue contre lui. menter le nombre des visiteurs de la est inséparable de ses Iris. aimé, lui qui voulait échapper à tout rétrospective Daumier. Malgré cela et peut-être à cause de ce qui confinait la création dans les Mais quand on regarde froide- cela, rien ne l'empêche de continuer Camille Bouchi certitudes acquises et conquises. i Sur ce sujet, il faut lire le brillant livre de ment cette exposition (et l'œuvre à peindre. U se moque du destin qui Nathalie Heinich. La gloire de Van Gogh, dans son ensemble), on découvre s'acharne contre lui et il le vaincra Le pubhc adore Vincent avec rai- Essai d'anthropologie de l'admiration. que Van Gogh est un excellent artiste plus tard, dans l'après-coup, son, car il accède à l'expérience de Minuit, 1991. qui crée un vide dans l'histoire, car l'artiste par le biais de la couleur. 2 Les Iris de Van Gogh et la rétropective Le mythe de l'artiste infiltre donc L'expérience est mystique, car l'artiste, Honoré Daumier se déroulent en même on ne sait où le placer. Vincent mani- temps. l'œuvre et permet au public d'accéder l'œuvre, le public s'unissent dans une Goodridge Roberts RCA 1904-1974 ÎALLIEEY MO©§ LTD en permanence Jean-Paul Riopelle Ijoodridge Robert. Lake Massatrhippy Looking South, huile sur panneau, 45 X M) cm Goodridge Roberts est né aux îles Barbades. Kormé à Montréal et à New York, il a élaboré la plus importante partie de son oeuvre à Montréal. Il a acquis la notoriété qu'on lui connaît pour ses paysages, ses natures mortes et ses portraits. Nous disposons d'une sélection d'huiles sur toile et d'aquarelles parmi les plus recherchées, 622 Richmond Street West, Toronto Ontario M5V 1Y9 Tel.: (416) 504-5445 La GALERIE ZWICKER'S 5415, rue Doyle, Halifax, Nouvelle-Ecosse. Canada B3J 1H9 Fax: (416) 504-5446 Tél.: (902)423-7662 Fax:(902)422-3870 seiMce@ZwichersgaIlery.ca Membre de l'Association professionnelle des galeries d'art du Canada Membre de l'Association Professionnelle des Galeries d'Art du Canada Membre de l'Association professionnelle des galeries d'art de la Nouvelle-Ecosse Fondée en 1886. la galerie Zwicker's est une des plus anciennes galeries d'art du Canada 76 VIE DES ARTS ND176
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