Expositions Vie des arts - Érudit
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Document generated on 12/01/2021 3:05 a.m. Vie des arts Expositions Volume 40, Number 164, Fall 1996 URI: https://id.erudit.org/iderudit/53361ac See table of contents Publisher(s) La Société La Vie des Arts ISSN 0042-5435 (print) 1923-3183 (digital) Explore this journal Cite this review (1996). Review of [Expositions]. Vie des arts, 40(164), 62–69. Tous droits réservés © La Société La Vie des Arts, 1996 This document is protected by copyright law. Use of the services of Érudit (including reproduction) is subject to its terms and conditions, which can be viewed online. https://apropos.erudit.org/en/users/policy-on-use/ This article is disseminated and preserved by Érudit. Érudit is a non-profit inter-university consortium of the Université de Montréal, Université Laval, and the Université du Québec à Montréal. Its mission is to promote and disseminate research. https://www.erudit.org/en/
(A Groupe des Sept, Tom Thomson fut le premier à se diriger vers une pein- Z ture de paysage au style indigène qui exprimait sa propre expérience des O régions sauvages du Canada sans au- cune référence aux styles paysagistes p européens traditionnels qui avaient caractérisé jusqu'alors la majeure partie de l'art canadien. En complé- ment de l'exposition, les photogra- o phies informelles en noir et blanc, montrant Thomson et ses amis dans les camps de brousse en train de pêcher et de faire du canoë, sont x aussi fascinantes que les tableaux, ne serait-ce que parce qu'elles com- muniquent un peu de l'attraction que ces régions exerçaient sur Tom Arthur Lismer Thomson et le Groupe des Sept. UN ART Village québécois Huile sur toile Selon Joan Murray, les œuvres que CONTESTATAIRE Thomson produisit lors ce dernier MALGRÉ LUI MONTREAL printemps étaient «une affirmation sur la réalité extérieure - la tem- Le Groupe des Sept: l'émergence pérature, le temps, le lieu, les es- d'un art national LE MENTOR DU Musée des beaux-arts de Montréal pèces d'arbres, les sortes de lumière GROUPE DES SEPT Du 3 octobre au 1er décembre 19% - une expression de son état TOM THOMSON: d'esprit, et même des émotions que LE DERNIER PRINTEMPS le paysage soulevait en lui... son Organisée et mise en tournée afin d'en faire surgir l'âme cana- Musée McCord d'histoire journal d'un lieu qu'il aimait, où il par le Musée des Beaux-arts du dienne. C'est par le biais d'un esprit canadienne se sentait chez lui. » La conservatrice Canada, l'exposition Le Groupe des à la fois nationaliste et idéaliste 690, rue Sherbrooke ouest travaille sur une biographie de Tom Sept: l'émergence d'un art national célébrant les forces de la nature que Du 18 avril au 20 juillet 1996 Thomson qui sera disponible en a circulé à Toronto et Vancouver. passe la rupture avec l'académisme librairie cet automne. Montréal accueille à son tour la pre- et que les artistes canadiens accè- Organisée par Joan Murray, di- mière rétrospective des œuvres du dent à la modernité. Leur unité rectrice de la galerie Robert Groupe des Sept depuis 1970. Le idéologique se traduit néanmoins McLaughlin à Oshawa, l'exposition conservateur, Charles Hill, a rassem- par une grande diversité de style et Le dernier printemps comprend blé 180 peintures, dessins et par des productions inégales. À cet plus de 20 esquisses à l'huile que aquarelles qui témoignent de l'évo- égard, la rétrospective ne se fait pas Tom Thomson (1877-1917) peignit John K. Grande lution du Groupe de 1920 à 1933 défaut de restituer l'hétérogénéité du dans les régions sauvages du Parc (traduit de langlais par soit de sa formation à sa dissolution mouvement. Il ne pouvait en aller Algonquin en Ontario (où il travailla Monique Crépault et à son remplacement par le autrement dans la mesure où l'on Groupe des peintres canadiens. suit l'évolution du Groupe au fil des L'exposition fait écho aux réac- expositions de ses membres. U y eut tions que suscitaient les œuvres des une exposition du Groupe des Sept membres du Groupe. Les critiques au Musée des beaux-arts de Mon- n'étaient pas tendres: «grossières, tréal en 19.30. sensationnalistes, dénuées de sens, Ces peintres donnent des illus- un barbouillage criard et un ramas- trations d'un pays immense aux cli- sis de couleurs déplaisantes au mi- mats et aux paysages parfois violents lieu de paysages étranges. » écrit qui demeurent aujourd'hui encore S. Morgan-Powell, le 23 novembre associés à l'image que l'on se fait du 1918 dans le Montreal Daily Star. Canada avec sesrivières,ses lacs, ses Ce genre de commentaire donne forêts: A.Y. Jackson, Première une idée de l'étroitesse culturelle qui neige ; Tom Thomson, Dans le prévalait alors au Canada. À la même Nord; F.H. Varley, Tempête. Certains époque, en Europe, à l'impression- des artistes s'attardent aussi aux nisme avaient déjà succédé futu- paysages «apprivoisés»: Lawren S. risme, dadaïsme, cubisme et sur- Harris, Jour de grisaille en ville; réalisme. En somme, le Groupe était Arthur Lismer, Village québécois. Bouleaux, 1917 en tant que guide et responsable de Huile sur panneau de bois traditionnaliste et conservateur par L'exposition réunit des œuvres Don de Mme J.G. Henry, 1971 la lutte contre les incendies) durant Tom Thomson Memorial Art Gallery rapport aux mouvements qui agi- provenant de 64 collections privées le printemps de 1917, soit peu de Owen Sound (Ontario) taient l'art outre-Adantique. Il était et publiques. Son organisation a temps avant sa mort accidentelle en Au dos de ce tableau, on peut encore lire donc contestataire malgré lui. En reçu le concours de la compagnie canoë. Ces tableaux de forêts en- des caractères qui avaient été estampillés fait, le Groupe des Sept, dont les d'assurance Chubb du Canada. La sur des caisses en bois ayant peut-être neigées, de paysages rocheux, de contenu de la farine Purity ou des oranges. membres fondateurs furent Franklin présentation de l'exposition à Mon- lacs gelés et de lumières nordiques Thoreau MacDonald, fils de J.E.H. Mac- Carmichael, Frank Johnston, Lawren tréal a bénéficié du soutien de la so- Donald, a écrit à l'endos que cette huile se distinguent par leurs couleurs vi- était à son avis un bon exemple des oeu- S. Harris, A.Y. Jackson, Arthur Lis- ciété Pratt et Whitney Canada. Un im- brantes et une expression picturale vres réalisées par l'artiste en 1916 ou mer, Frederick Varley et J.E.H. Mac- portant catalogue, réalisé par 1917. La dimension et le matériau don- unique, sans rivale au Canada à cette nent à penser que cette peinture date du Donald, proposait à la peinture de Charles Hill, accompagne l'exposi- époque. En tant que mentor du printemps de 1917. s'approprier le paysage canadien tion. C.B. 62 VIE DES ARTS NT 164
EN MUTATION La question du format et de sa relation avec les éléments internes Suzelle Levasseur du dessin demeure donc centrale. Cabinet de dessins Cet intérêt, confirmant une ap- Laurenl Bouchard proche nouvelle ou du moins ac- Causalités structurelles centuée chez Suzelle Levasseur, se situe dans la tradition léguée par les Maison de la culture Marie-Uguay artistes modernistes du début du siè- Du 25 janvier au 3 mars 1996. cle dont le précurseur Kandinsky. Dans son traité Point-ligne-plan Sous le thème de la rencontre publié en 1926, celui-ci postule que de deux univers, la maison de la le Plan originel (la délimitation de culture Marie-Uguay présentait au la surface matérielle appelée à mois de janvier 1996 une exposi- porter l'œuvre) contient en lui- tion conjointe de Suzelle Levasseur même un champ de forces ou une et de Laurent Bouchard. (Vie des tension interne. Ce champ est préa- Arts a rendu compte du travail de lable, voire fondamental à l'inscrip- Laurent Bouchard dans son tion de tout signe visuel. Tout numéro 163 pp. 46-47) comme le remarque Fernande Saint- Martin: «De par sa réalité objective même, le Plan originel of- fre une struc- ture parti- culière, «Récits intimes II» Lithographie originale, édition de 190, signée et numérotée par l'artiste, imprimée sur vélin d'Arches, 1996 quelles que soient sa forme, sa substance maté- Dimensions de l'oeuvre: 24 x 20 pces (marges en sus) rielle ou sa dimen- Suzelle Levasseur, N° 379 Jean B.. sion. Avant toute interven- sur toile, diamètre 120 cm, 1995. tion humaine, ce Plan originel présente un ensemble de tensions Dans la salle multidisciplinaire spécifiques auxquelles devront se confronter les gestes produits par Danièle Rochon, A.R.C. de la maison de la culture, Suzelle l'artiste et les éléments matériels Levasseur (qui exposait simultané- Les oeuvres sur papier de Danièle Rochon sont qu'il utilisera. » (1) ment des peintures à la Galerie Eric Devlin) a privilégié la présentation Toutes les composantes de ce disponibles à la galerie. d'œuvres inédites sur papier. Les principe théorique et formel sont travaux produits entre 1992 et 1995 identifiées dans les récents travaux furent exécutés avec l'emploi de dif- de Suzelle Levasseur. En utilisant par férents médiums dont l'huile, l'en- exemple, le tondo (cercle), l'artiste cre, le graphite et le fusain. Deux est préoccupée par les effets d'in- constats s'imposent d'emblée. Pre- teraction produits par les différents mièrement, les compositions sont de éléments plastiques en fonction de plus en plus abstraites et laissent l'énergie déjà constituée par la con- percevoir des recherches spatiales évidentes. Deuxièmement, l'artiste figuration du plan même. Ainsi, sachant que le cercle détermine une (Borduas, "Éditeur & Marchand d'art investit les propriétés du format lui- même, en alternant par séquences, dynamique focale en son centre, les formes dessinées ou peintes chez 207, rue Laurier Ouest, MontréaC des agencements graphiques de ca- ractères différents sur des surfaces Levasseur exercent des pressions ou des tensions en fonction de cet axe. (514)271-6886 rectangulaires, carrées et par exten- L'artiste livre plusieurs variations sion, circulaires. d'où l'idée de séries. Les modelés VIE DES ARTS NT 164 63
offrent une résonance différente INTERVENTION selon la position ou la région EXCESSIVE qu'elles occupent sur la surface. Par DE LA NATURE exemple, dans les parties supé- Paysages Inter Sites rieures du cercle, les formes ont Du 8 au 22 juillet 1996 une résistance plus forte tandis que Centre d'histoire et d'archéologie dans les parties inférieures, celles-ci de la Métabetchouane ont tendance à s'atténuer. Suzelle Levasseur exploite cette dialectique Situé sur les rives du Lac-Saint- interne au support et sa démarche Jean, l'événement Paysages Inter est délibérément perceptuelle. Dans Sites a pris un tour dramatique inat- ses œuvres, les effets optiques, la tendu par suite des inondations qui densité des formes, les éléments en en ont perturbé le déroulement nor- tension et les jeux de gravitation sont mal. D'ailleurs plusieurs œuvres tour à tour remodifiés, redéfinis et sélectionnées par les commissaires Suzanne Reid, •Ressac. 1 9 9 6 Aquarelle sut papier 7 5 x 5 5 c transformés. C'est pourquoi la Alayn Ouellet et Madeleine Doré ont référence à une image fantasmatique été endommagées. Le tout nouveau de l'humain qui caractérisait sa pro- Centre d'histoire et d'archéologie de environnement et art actuel duction n'a plus d'importance. Sa la Métabetchouane, Ueu d'une des démarche ne réside plus néces- premières implantations des Jésuites sous la présidence d'honneur de monsieur G u i d o Molinari sairement dans le rapport d'une fi- et, par la suite, poste d'échange de du 11 octobre au 3 0 novembre 1 9 9 6 . à la Biosphère de l'Ile Sainfe-Hélène, Montréal gure reconnaissable sur un fond fourrures, se prêtait admirablement Un collectif de: mais par l'étalement de formes prin- au projet d'établir des convergences cipalement abstraites agissant en entre passé et présent, entre histoire Bruce Emo John Fox Tom Hopkins Petet Krausz Richard Lanctôt Sophie Lanctôt Jean M c E w e n G u i d o M o l i n a r i Leopold Plotek Violaine Poirier Suzanne Reid mutation continuelle avec la struc- humaine et nature. N'était-il pas, de Susan G. Scott John Shaw Claude Tousignant ture de la surface. L'œuvre vit pour plus, à l'origine, un point de ren- elle-même. Nous pouvons toujours contre important pour les au- chercher à établir des rapports avec tochtones? Six artistes participaient à l'événement: Sonya Robertson, U l'idée de Nature, par exemple le cos- Groupe U i Mutuelle mos ou le milieu utérin tout comme Pascal Bouchard, Mike Mac Donald fcJ celui de Culture, le cercle comme (tous les trois autochtones), Gilles symbole du temps. Mais selon nous, Morissette, Danyèle Alain et le com- ce n'est plus le propos à privilégier positeur Gaston-Michel Côté qui, car il devient secondaire. La dé- lors de la dernière journée de marche de l'artiste est évolutive, l'événement, interpréta Paysages certes. Elle participe maintenant Sonores, une composition originale d'un autre ordre en cherchant à se qu'il a créée spécialement pour l'oc- renouveler à partir des bases de la casion. Tout d'abord fortement ins- Artistes, amateurs ou professionnels, théorie moderniste. piré par l'histoire, l'événement s'est trouveront chez nous Jean Paquin complètement transformé durant les derniers jours sous la pluie inces- une ligne complète sante et les inondations, donnant 1- Saint-Martin, Fernande, Sémiologie du de matériaux. langage visuel, Presses de l'Université du priorité à l'intervention de la nature. Québec, 1987, p.103 Un colloque (le 6 novembre) et une exposition intitulée L'idée de traces NOTE: On lira avec bonheur le petit livre Suzelle Levasseur. Présence dans la col- (du 6 au 21 septembre) poursui- lection Images publié aux éditions 400 vront l'événement à la Galerie Lan- gage Plus à Aima. Les œuvres ex- STEVENSON coups à Laval. Une cinquantaine de reproductions d'œuvres de Suzelle posées refléteront les installations Levasseur sont précédées de quelques extérieures des artistes sous forme pages intitulées Sa lumière, la nôtre de vidéos, de photographies, de en guise de présentation par Lise gravures et autres. L'exposition se [HE COLOUR C O M P A N Y Bissonnette. déplacera ensuite, en 1997-98, à la Red Head Gallery de Toronto, à la Galerie Grunt de Vancouver et chez Expression, à St-Hyacinthe. Nous manufacturons huiles, John K. Grande acryliques et aquarelles. (traduit de l'anglais Gilles Morissette Nous vendons pinceaux, Paysage Inter Site par Monique Crépault) toiles, etc. Catalogue gratuit. Placez votre commande par téléphone ou par télécopieur et renseignez-vous sur nos rabais. D l . STEVENSON & SON 1420 Warden Avenue, Scarborough, Ontario M1R 5A3 Téléphone: (416) 755-7795 Fax: (416) 755-5895 64 VIE DES ARTS M ' 1 6 4
bien montée en regard des circons- Certains artis- tances, Maîtres catalans séduisait et tes catalans ont déconcertait tout à la fois. adhéré à plus d'un EN AVANT des mouvements Sa séduction reposait sur le foi- LA CATALOGNE sonnement des œuvres exposées. résumés précé- De Gaudi à Tapies — Cette effervescence tant plastique demment. Voilà Maîtres catalans du XX1' siècle qu'iconographique (où par exemple qui est tout à fait Musée du Québec une chaise en bois et une maquette normal, lorsqu'il du 19 juin au 14 juillet 19% de la Sagrada Familia, conçues par est question de dé- Gaudi, côtoyaient de petits dessins marche créatrice. D'abord conçue pour les villes Mais extrêmement américaines d'Atlanta (Géorgie), St. rapides et énergiques de Picasso) correspond à la fébrilité et à l'au- confondant pour Petersburg (Floride) et San Antonio le visiteur de l'ex- (Texas), l'exposition Maîtres cata- dace qui animaient particulièrement le début du siècle. La confusion de position, qui ne se lans s'est immiscée à la dernière voit offrir que bien minute dans la programmation du l'exposition résidait pour sa part dans le choix des œuvres comme tel. peu d'indices d'un Musée du Québec. Cette exclusivité tel enchevêtre- canadienne surprise (doublée, en- Pourquoi présenter, disons, autant de Miro et de Tapies, lorsque l'on ment d'idées et core plus étonnamment, d'une pu- d'aspirations. Cela blication en français) s'explique par connaît si peu Isidre Nonell, Joaquim Torres Garcia, Anglada dit, bien que frus- la visite officielle au Québec, en juil- trante sous plu- Salvador Dali let, du président du gouvernement Camarasa (entre autres partici- Morphological Echo, 1936 pants) ? Pourquoi avoir tenu à mon- sieurs aspects, Maîtres catalans Huile sur Tablex 30,6 x 33.6 cm autonome de la Catalogne Jordi comporte de belles découvertes: le Musée Salvador Dali St. Petersburg, Pujol. Véritable carte de visite na- trer l'huile sur toile Nu de dos sur Floride (États-Unis) la plage (1936) de Joaquim Sunyer, superbe portrait Figure féminine tionaliste, l'événement n'a pas man- (1908) de Ramon Casas, l'émouvant tille de faire valoir au grand public, aux distorsions morphologiques si criantes qu'elles n'évoquent qu'un Abattement (1905) d'Isidre Nonell, (1968) d'Antoni Clavé, en hommage dans sa publicité, la célébrité d'une l'élégante Grande Bacchante à Gaudi. Il faudra s'en contenter, partie de ses participants: Antoni très mauvais Renoir, ou encore de si discutables ou accessoires Dali ? (1931) en fer découpé de Pablo jusqu'à ce qu'une nouvelle exposi- Gaudi, Pablo Picasso, Salvador Dali, Gargallo, le synthétique Homme tion fournisse, visuellement, davan- Joan Miro et Antoni Tapies. Plus pro- S'il ne répond pas directement tage de «chair» autour de l'os. Cactus (1939) en bronze de Juli fondément cependant, l'exposition aux commentaires qui précèdent, le Gonzalez ou l'imposante huile et col- visait à faire connaître des artistes texte du catalogue, rédigé par le lage Le facteur du Park Guëll Marie Delagrave qui, quoique négligés par l'histoire commissaire Josep Miquel Garcia, universelle de l'art, ont été des col- offre de providentiels éclaircisse- lègues de travail, sinon des amis, de ments historiques au sujet de la pé- ceux nommés précédemment. Tous riode couverte par l'exposition. ont contribué à bâtir l'identité de la L'historien y distingue trois mouve- culture catalane. Tout comme ils ont ments — le modernisme catalan, le été modelés par elle. noucentisme et l'avantgardisme — Ce propos ambitieux s'est ré- qui parfois se chevauchent et aux- sumé en 72 œuvres (huiles, quels sont rattachés, de près ou de aquarelles, plâtres, marbres, loin, les exposants. bronzes, gouaches, mobilier) de 17 Projet d'expression dans le do- artistes « phares», le tout réuni dans maine culturel national, le mo- une seule salle du Musée du Québec. dernisme s'inscrit dans l'euphorie Dense et touffue, mais néanmoins catalane de la fin de siècle. L'orne- mentation et l'expressivité, la sagesse et l'audace, l'ouverture vers (GMXERY LTD, la culture française marquent de leurs paradoxes ce bouillonnement identitaire. Plus globalisant, le nou- centisme tente d'appliquer cet esprit en permanence à toute la société catalane (politique, langue, civisme, pédagogie...) en dépit de l'étouffement par la dic- tature militaire en Espagne et le re- tour à l'ordre qui accompagne la fin Jean-Paul RiopeUe de la Première Guerre mondiale. Le classicisme, la méditerranéité, l'uni- versalité et une vision plus citadine de la nature sont quelques particu- larités de la nouvelle esthétique. L'avantgardisme, ou plutôt les avant- gardes, fait pour sa part valoir des iangages et procédés dotés d'une 622 Richmond Street West, Toronto dimension internationale, tels le cubisme, le surréaUsme, le collage, Ontario M5V 1Y9 la sculpture par assemblage. Tel.: (416) 504-5445 Fax: (416) 504-5446 Juli Gonzalez Homme Cactus, 1939 Membre de l'Association Professionnelle des Galeries d'Art du Canada Bronze 65.5 x 27.5 x15,5 cm Collection Musée national d'art de Catalogne Musée d'art moderne (Barcelone) VIE DES ARTS N' 164 65
AOÛT AU 8 SEPTEMBRE 1996 BUSSIÈRES Québec. Canada E 8 SEPTEMBRE AU 6 OCTOBRE 1996 BUSSIÈRES SEPTEMBRE 1 9 9 6 A 14H )U 1 8 OCTOBRE AU 2 7 OCTOBRE 1 9 9 6 CANOGAR Madrid, Espagne OCTOBRE 1 9 9 6 À 1 9 OCTOBRE 1 9 9 6 A 1 4 H From thr Transit Bar Installation Photo: Dirk Bleiker A x e NEO-7 A i t C o n t e m p o r a i n Heures d'ouverture A R T DE T R A N S I T s'épuise dans ses propres moyens, dans sa propre matérialité car, d'une DU MERCREDI AU DIMANCHE DE 12h à 17h Vera Frenkel 205, rue Montcalm. Hull (Québec) J8Y 3B7 part, elle est absorbée par le lieu ... Du transitbar Tel: (819) 771-2122 et par le texte et d'autre part, elle Musée des beaux-arts du Canada Télécopieur: (8191771-0696 ignore complètement le temps qui Du 9 mai au 11 octobre 1996 est fondamental dans ce genre d'ins- Vera Frenkel pose dans son ins- tallation. tallation ... du transitbar, origi- La seconde faiblesse: la tenta- nellement exposée à la Documenta tion chez l'artiste de jouer le réel K de Kassel en 1992, des problé- contre le fictif et vice versa afin de matiques touchant l'identité, brouiller la frontière qui les sépare. l'altérité, l'étrangeté, la tension Or tout réel intégré dans l'art devient entre la fiction et la réalité, la immédiatement fiction. Le réel ne transtextualité et la transculture. peut rester réel dans la fiction. La Thèmes très courus depuis les années force du fictif c'est qu'il intègre im- soixante-dix et devenus répétitifs médiatement le réel dans sa propre voire saturés. Toutefois, les fai- logique. Exemple: les témoignages blesses de cette œuvre ne résident des personnes vidéotisées sont fic- pas dans la répétition de thèmes sur- tifs dès lors qu'ils sont intégrés à exploités mais dans leur traitement. l'installation. Celle-ci ne peut pré- La première faiblesse de cette tendre malgré son barman être un installation c'est la défaillance de bar. Plus on cherche cet effet de réa- l'expérience du transitoire. À l'in- lité, plus l'installation dans son en- térieur du Musée, Vera Frenkel a semble incluant le barman et les vi- construit un bar censé représenter siteurs deviennent une illusion. Par un lieu de transit. En théorie, ce bar conséquent, il ne faut pas ignorer la doit permettre aux visiteurs de vivre structure paradoxale, sous-jacente à l'expérience de « l'état d'entre- toute œuvre d'art, qui transforme le QUEST #13, 1994, 4 8 " X 62", OIL O N CANVAS deux» mondes. Mais pour concré- vrai en faux et le faux en vraisem- tiser le transitoire, le passage d'un blable quand les codes (réalité- lieu à un autre, il faut que l'installa- fiction, vrai-faux) sont brouillés INGEBORG MOHR tion et le visiteur déclenchent la mé- taphore du transit, qui est la ren- pour des raisons esthétiques et idéologiques. contre de l'éphémère avec la fixité. Toutefois, l'atmosphère de bar Il faut que l'installation crée un dé- rétro avec sa musique de détente est N E W P A I N T I N G S placement. C'est justement ce dé- très bien réussie et l'ambiance invi- placement qui va permettre au bar tant aux confidences et à l'intimité de devenir transitbar. Mais le pas- est bien campée dans l'espace du SEPTEMBER 3 - 26, 1996 sage d'un niveau à un autre reste Musée. Mais une installation doit- inopérant. La métaphore reste figée elle se réduire à une création d'at- parce que le travail de Vera Frenkel mosphère que n'importe quel déco- est fragmenté, désincarné, dispersé, rateur pourrait aménager? Edward Day Gallery s surchargé, amalgamé, bavard, théâ- tral et sans renvois internes. L'œuvre Camille Bouchi 253 Ontario Street, Kingston, Ontario Canada K7L2Z4 66 VIE DES ARTS N' 164
Clarence Gagnon En novembre, 1904-1905 Eau-forte en brun sur papier japxxi AUX SOURCES 18x25,5 cm DE L'ESTAMPE CANADIENNE UN NOUVEL ART. IL Y A DEUX CENTS L'estampe originale au Canada ANS, COROT de 1877 à 1920 COROT (1796-1875) Musée des Beaux-arts du Canada Musée des beaux-arts du Canada, 27 juin-2 septembre 1996 21 juin-22 septembre 1996 également monétaire - une gravure Uthographies de 1908 du canadien Art Gallery of Nova Scotia à grand tirage pouvait rapporter plus James Kerr Lawson représentant des New York, The Metropolitan 16 novembre 1996-12 janvier d'argent à un artiste qu'une peinture scènes vénitiennes et réalisées à New Museum of Art, 22 octobre 1996- 1997 originale et contrebalançait la re- York furent parmi les premières à 19 janvier 1997 Vancouver Art Gallery production mécanique alors géné- être produites sous les auspices du 26 février-27 avril 1997 ralisée d'oeuvres d'art en offrant une Club Senefelder, une association De Corot, il nous reste des alternative: des gravures originales créée pour promouvoir la lithogra- préjugés: tableaux de salons, Art Gallery of Ontario imprimées à la main et signées. phie en Amérique. Un critique de couleurs primaires et monotones, 30 juillet-19 octobre 1997 Quelques-unes des œuvres les l'époque, Malcolm Salaman, écrivit: répétitions, peintre-paysagiste, plus intéressantes de l'exposition «M. Whistler est probablement le Lancée en Angleterre par James artiste commercial, faux... Montée à sont les eaux-fortes créées en temps seul artiste de notre temps à avoir Abbott McNeil Whistler, la renais- Paris, à l'occasion du bicentennaire de guerre. La maîtrise technique et utilisé la pierre lithographique pour sance internationale de l'eau-forte de la naissance du peintre, l'exposi- l'atmosphère sombre deEveningon des dessins au lavis de façon aussi incita toute une génération d'artistes tion Jean-Baptiste Corot (1796- the Ypres-Poperinghe Road (1917- significative et réussie que M. Kerr- à dévier ses talents vers la gravure. 1875) que présente le Musée des 1918) de Barraud, l'intensité féroce Lawson. » David Milne, le seul artiste Première exposition à offrir un beaux-arts du Canada, a le grand de Forging the 9-inch Shell (1918- canadien à exposer au Armoury aperçu général et complet sur la mérite d'éliminer les clichés. En 1919), un mezzo-tinto de F.W. Show, y présenta plusieurs de ses contribution canadienne à la renais- effet, les 163 œuvres sélectionnées Jopling, ainsi que les lithographies scènes new-yorkaises. Plus mo- sance de l'estampe de la fin du 19'' constituent un corpus cohérent qui dernistes dans leur orientation es- siècle aux débuts du 20e, Un nou- de cuirassés d'Arthur Lismer sont de suffit à jeter un juste éclairage sur puissants énoncés artistiques sur thétique, ce sont sans exception des vel art prouve que les artistes cana- Corot. On sort de l'exposition avec cette époque tumultueuse. A Geor- gravures superbes d'une maîtrise diens de l'époque produisaient des une compréhension dépoussiérée gian Bay Island (1912-1913) achevée, qui marquent la fin de la oeuvres d'un niveau égal à celui de de l'ensemble de l'œuvre de l'artiste. et Autumn Weather, La Tuque, renaissance de l'estampe. leurs contemporains européens et laurentians (1913) de J.E.H. Mac- Ainsi Corot apparaît comme un américains. Avec un marché saturé de Donald sont des gravures à la tex- peintre de transition qui a réussi à Parmi la grande variété d'œu- gravures et une dépression qui ap- ture étonnamment âpre qui en- assinùler les courants artistiques de vres présentées dans cette exposi- prochait dangereusement, plusieurs noblissent notre vision des régions son époque: néo-classicisme, réa- tion, on retrouve notamment trois artistes cessèrent d'en produire sauvages canadiennes. lisme, romantisme, position de versions de The Pioneer Mill ( 1890) pour suivre de nouvelles directions. l'école de Barbizon. Sans appartenir de Homer Watson, une lithographie Les œuvres de deux femmes Comme l'a écrit Rosemarie Tovell, la à un mouvement en particuUer, il a de James Wilson Morrice, Near Dor- graveurs ressortent de l'exposition : conservatrice de l'exposition: «La intégré toutes ces influences à sa dé- drecht (1898), représentant une celles d'Elizabeth Armstrong Forbes, gravure sur bois ou sur linoléum marche artistique et à sa conception scène nautique, une aquatinte en membre du cercle de James Abbott devint un médium plus populaire de l'art de peindre. Son hétéro- couleurs de style impressionniste de McNeil Whisder, et celles de Dorothy parmi les artistes... (ils étaient) ainsi généité défiait les définitions rigides Gyrth Russel, Winter Scene, Halifax Stevens. Les pointes-sèches de plus identifiés à l'art moderne con- et les étiquettes. Par conséquent, il (1912), les fines interprétations de Forbes, créées à Pont Aven et rap- temporain. Les années 20 et 30 al- fut constamment rejeté. Par exem- scènes de la ville de Québec et du pelant les œuvres de l'école de Bar- laient accueillir les élégantes et ple, U n'obtint jamais de premier fleuve St-Laurent de H. Ivan Neilson, bizon, surtout The Reapers (env. méticuleuses gravures de L.L. prix. Certes, mais qui se rappelle et l'une des premières gravures de 1882-84), et ses sujets comiques tel Fitzgerald, des pointes-sèches co- ceux qui en ont obtenu un ? WJ. Phillips, The Red River at Win- que The Bakehouse (1886-87) fi- lorées et raffinées de David Milne et gurent parmi les meilleures œuvres de vigoureuses gravures icono- Pourtant, Corot n'est pas un nipeg (1915). de l'époque, tandis que par leur clastes de Marc-Aurèle Fortin. Mais artiste révolutionnaire porteur de La formation en 1885 de l'Asso- l'intaille ne retrouverait sa popula- ruptures. Il a amené des mutations pure précision technique, les ciation des graveurs canadiens et les rité qu'en 1950, lorsque des artistes discrètes et subtiles qui ne sautent épreuves de Dorothy Stevens expositions Noir & Blanc de l'Asso- comme Albert Dumouchel ra- pas immédiatement aux yeux. U a représentant des scènes indus- ciation d'art de Montréal, présentées menèrent l'enseignement de Stanley réussi à faire cohabiter le réel et trielles en temps de guerre té- en 1881, 1888 et 1907, où l'on Hayter dans les écoles d'art cana- l'imaginaire, la tradition classique et moignent de ses premières études à retrouvait des gravures de Rem- diennes. » la modernité naissante, la spon- la Slade School of Art auprès de con- brandt, de Whistler et les plus ré- tanéité et l'analyse, la mémoire et la temporains tel qu'Augustus John. Dotée d'un catalogue superbe- centes gravures canadiennes, té- trace, la nature et la culture. Mais il moignaient de l'extrême sensibilité Dès que fut fermement établie au ment illustré rédigé par Rosemarie n'a jamais voulu aUer au-delà de la des artistes et des collectionneurs Canada la renaissance de l'estampe, Tovell, qui deviendra une référence synthèse, voire de la conciliation des canadiens face aux derniers l'influence prédominante se mit à fondamentale sur la gravure cana- éléments hétérogènes: son époque développements en Amérique et en provenir des Etats-Unis où séjour- dienne de l'époque, l'exposition Un n'était pas prête à de radicales in- Europe. L'inspiration à la base de la nèrent plusieurs artistes canadiens. nouvel art sera également présen- novations artistiques. Il laissera aux renaissance de l'estampe provenait Les dramatiques scènes citadines de tée à la Art Gallery of Nova Scotia, à impressionnistes et à leurs suc- en partie des gravures des anciens Charles Henry White, telles que le la Vancouver Art Gallery et à la Art cesseurs le plaisir de briser cette maîtres hollandais, et c'est un fait Marché de Fulton St. et les Chau- Gallery of Ontario. modération. qu'à Paris Clarence Gagnon travailla dronneries de l'East Side à New York rivalisent par leur candide descrip- Corot s'impose comme un sur des réimpressions de gravures John K. Grande tion de la vie urbaine avec celles de artiste qui a compris que les trans- de Rembrandt, mais l'incitation à (traduit de l'anglais l'américain Joseph Pennell. Les formations dans l'art ne peuvent se créer des gravures originales était par Monique Crépault) produire sans la tradition, sans le VIE DES ARTS N" 164 67
Centre d'exposition NEW YORK BOIRE... D A N S U N E TASSE (ART IN A CUP) Nos dieux s o n t - i l s m o r t s ? Cent ans de tasses et soucoupes de Francine Beauvais 1860-1960 t e m f r e au
Tasse et soucoupe suprématiste, 1993 Nicolaï Suetln (1897-1954) Porcelaine peinte à la main EXPOSITIONS et diffusent ce goût de la modernité et montrent avec Collectif 8 septembre humour et brio que «tasse au 2 octobre et soucoupe» deviennent «plaisir et art». L'exposition VArt dans la tasse par Jonathan Hallam Lucie Lacerte 6 octobre Jusqu'à une époque récente, les est une initiative d'une galerie qui au 31 octobre publications spécialisées ont dévoilé fait œuvre de pionnière. les facettes peu connues des artistes Antoine Blanchette du XXe siècle. Fernand Léger, Georges Rouault, Georges Braque, André De- Louis-Pierre Bougie 3 novembre rain, Aristide Maillol, Marie Lau- au 27 novembre rencin, Paul Gauguin, André Masson, IMPOSITIONS Sonia IX'launay, Raoul Dufy et Henri Bordeaux (France) - Musée des Matisse réalisèrent plats, assiettes, Arts décoratifs - Collection de tasses et vases; en un mot, il s'inté- céramiques du XXe siècle, jusqu'au Robert Savoie 1 décembre ressèrent à la création de ces objets du quotidien. Picasso inventa plus de 30 septembre 1996. au 23 décembre 600 pièces de céramique. Les artistes Riom (France) - Musée Maudet Jean Arp, Pierre Alechinsky, AuréUe - La manufacture de Sèvres et ses Nemours, Serge Poliakoff, Alexander artistes du XXe siècle, jusqu'au 29 ('aider, Anne et Patrick Poirier ont septembre 1996. tous touché à la céramique, laissant Nice (France) - Musée Matisse - de merveilleux chefs-d'œuvre utili- Les céramiques fauves, jusqu'au 20 CAL CALERIE MADELEINE LACERTE laires. La notion de plaisir ne cesse septembre 19%. d'êtie recréée à nouveau. Plus près 1 1, 1, cce ô t e D i n a n , Q u é b e c , G1K 3V5 Paris (France) - Madoura, 5, av. de nous, les artistes et designers Gae- Jacques Callot, en permanence. t é l . : (418) 692-1566 tano Pesce, Robert Mapplethorpe, Et- tore Sottsass, Matteo Thun, OUvier Vallauris (France) - Galerie Gagnère et Philippe Stark continuent Madoura, en permanence. m A H T R0 P E 29 août au 5 octobre 1996 Marc Garneau et r rançois-Xavier Marange services muséologiques 10 octobre au 16 novembre 1996 ûarlos Gallardo et Jennifer Macklem 21 novembre au 18 janvier 1997 Dliver Dorfer et Saint-Pierre 460 Salflte^athfflûë J l u e s ^ e f p a c l ' ^ i ^ v l ontrèal H3B 1A/ •*" 3 -^ D en £ o° 92 a> &> ro ^ 00 ^ VIE DES ARTS N 164 69
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