Former les personnels de santé du XXIe siècle - LE DÉFI DES MALADIES CHRONIQUES - World Health Organization
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
Former les personnels de santé du XXIe siècle LE DÉFI DES MALADIES CHRONIQUES Organisation mondiale de la Santé 2005 Groupe Maladies non transmissibles et santé mentale Département Maladies chroniques et promotion de la santé
Catalogage à la source : Bibliothèque de l’OMS Former les personnels de santé du XXIe siècle : le défi des maladies chroniques. 1.Personnel sanitaire – enseignement 2.Personnel sanitaire – orientations 3.Compétence pro- fessionnelle – normes 4. Modèle de compétence attendue – organisation et administration 5.Soins aux patients 6.Maladie chronique I.Organisation mondiale de la Santé. ISBN 92 4 256280 7 (Classification NLM : W 18) © Organisation mondiale de la Santé 2005 Tous droits réservés. Il est possible de se procurer les publications de l’Organisation mondiale de la Santé auprès des Editions de l’OMS, Organisation mondiale de la Santé, 20 avenue Appia, 1211 Genève 27 (Suisse) (téléphone : +41 22 791 2476 ; télécopie : +41 22 791 4857 ; adresse électronique : bookorders@who.int). Les demandes relatives à la permission de reproduire ou de traduire des publications de l’OMS – que ce soit pour la vente ou une diffusion non commerciale – doivent être envoyées aux Editions de l’OMS, à l’adresse ci dessus (télécopie : +41 22 791 4806 ; adresse électronique : permissions@who.int). Les appellations employées dans la présente publication et la présentation des données qui y figurent n’impliquent de la part de l’Organisation mondiale de la Santé aucune prise de position quant au statut juridique des pays, territoires, villes ou zones, ou de leurs autorités, ni quant au tracé de leurs frontières ou limites. Les lignes en pointillé sur les cartes représentent des frontières approximatives dont le tracé peut ne pas avoir fait l’objet d’un accord définitif. La mention de firmes et de produits commerciaux ne signifie pas que ces firmes et ces produits commerciaux sont agréés ou recommandés par l’Organisation mondiale de la Santé, de pré- férence à d’autres de nature analogue. Sauf erreur ou omission, une majuscule initiale indique qu’il s’agit d’un nom déposé. L’Organisation mondiale de la Santé a pris toutes les dispositions voulues pour vérifier les informations contenues dans la présente publication. Toutefois, le matériel publié est diffusé sans aucune garantie, expresse ou implicite. La responsabilité de l’interprétation et de l’utilisation dudit matériel incombe au lecteur. En aucun cas, l’Organisation mondiale de la Santé ne saurait être tenue responsable des préjudices subis du fait de son utilisation. Imprimé en Conception graphique d’Inís—www.inis.ie
Contents Remerciements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . v Liste des acronymes et abréviations utilisés dans le présent rapport . . . . vi Déclarations d’appui . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 Association médicale mondiale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 Conseil international des Infirmières . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3 Fédération internationale pharmaceutique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 European Respiratory Society . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 International Alliance of Patients’ Organizations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9 Résumé d’orientation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13 Introduction et portée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15 Qu’entend-on par « compétences » ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16 Historique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17 Nécessité d’une nouvelle perspective . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20 Compétences essentielles pour la prise en charge des patients souffrant de maladies chroniques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21 Compétence essentielle 1 : Soins centrés sur le patient . . . . . . . . . . . . . . 25 1.1 Savoir interroger et communiquer efficacement . . . . . . . . . . . . . . . 26 1.2 Aider à faire changer les comportements influant sur la santé . . . . . 26 1.3 Favoriser l’autoprise en charge . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28 1.4 Adopter une approche préventive . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28 Compétence essentielle 2 : Etablissement de partenariats . . . . . . . . . . . . 33 2.1 Etablissement de partenariats avec les patients . . . . . . . . . . . . . . . . 34 2.2 Etablissement de partenariats avec d’autres dispensateurs de soins. . 34 2.3 Etablissement de partenariats avec les communautés . . . . . . . . . . . 35 Compétence essentielle 3 : Amélioration de la qualité . . . . . . . . . . . . . . . 41 3.1 Evaluer la prestation des soins et mesurer les résultats obtenus . . . . 42 3.2 Savoir tirer des enseignements et s’adapter au changement . . . . . . 42 3.3 Mettre à profit dans la pratique les données factuelles . . . . . . . . . . . 43 Le défi des maladies chroniques iii
Compétence essentielle 4 : Technologies de l’information et des communications . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49 4.1 Conception et utilisation des dossiers de patients . . . . . . . . . . . . . . 49 4.2 Utilisation des techniques informatiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50 4.3 Communication avec les partenaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51 Compétence essentielle 5 : Perspective de santé publique . . . . . . . . . . . . 57 5.1 Dispenser des soins à l’échelle de toute une population . . . . . . . . . . 57 5.2 Raisonner à l’échelle du système . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59 5.3 Décompartimenter pour assurer un continuum des soins . . . . . . . . . 59 5.4 Travailler dans le cadre de systèmes fondés sur les soins de santé primaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60 Conclusions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65 Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67 iv Former les personnels de santé du XXIe siècle
Remerciements a présente publication a été établie sous la direction générale de Judith L Canny (Administrateur technique, Soins de santé pour les maladies chroniques, maladies chroniques et promotion de la santé) et JoAnne Epping- Jordan (Coordonnateur, soins de santé pour les maladies chroniques, maladies chroniques et promotion de la santé). L’auteur principal est Sheri D. Pruitt (Kaiser Permanente, Etats-Unis d’Amérique). Rafael Bengoa (Directeur, Politiques et fonctionnement des systèmes de santé) et Robert Beaglehole (Directeur, Maladies chroniques et promotion de la santé) ont fourni des orientations et des conseils aux différents stades de la publication. Les exemples concrets ont été fournis par Alberto Barcelo, Judith Canny, Joan Dzenowagis, JoAnne Epping-Jordan, Fu Dongbo, Berhane Gebru, Tesfamicael Ghebrehiwet, Wendy Hoy, Holly Ladd, Rashad Massoud, Satu Siiskonen et par l’European Respiratory Society Task Force on Integrated Care. Des renseignements techniques précieux nous ont été apportés par diffé- rents membres du personnel de l’OMS au Siège et dans les bureaux régionaux. En outre, l’OMS est très reconnaissante aux nombreux responsables politi- ques, cadres de santé et autres experts qui nous ont donné de leur temps pour formuler des observations et des suggestions à différents stades de cette publi- cation. L’OMS voudrait en particulier remercier pour leur précieux concours l’Alliance mondiale des professions de santé (Association médicale mondiale, Conseil international des Infirmières et Fédération internationale pharmaceu- tique), l’European Respiratory Society et l’International Alliance of Patients’ Organizations. L’appui administratif pour cette publication a été assuré par Elmira Adenova (Soins de santé pour les maladies chroniques, maladies chroniques et promo- tion de la santé). Les photographies ont été choisies par Elmira Adenova et Aku Kwamie (Soins de santé pour les maladies chroniques, maladies chroniques et promotion de la santé), la mise en forme rédactionnelle, la conception graphi- que et la présentation ont été assurées par Inís (www.inis.ie). La production de cette publication a été rendue possible grâce à l’aide finan- cière généreuse de l’European Respiratory Society. Le défi des maladies chroniques v
Liste des acronymes et abréviations utilisés dans le présent rapport AMPS Alliance mondiale des professions de santé BPCO Bronchopneumopathie chronique obstructive CII Conseil international des Infirmières CDSMP Chronic Disease Self-Management Programme (Programme d’autoprise en charge des maladies chroniques) DEHKO Development Programme for the Prevention and Care of Diabetes (Programme de développement pour la prévention et la prise en charge du diabète) DPP Diabetes Programme for Pharmacies (Programme « Diabète » destiné aux pharmacies) ERS European Respiratory Society FIP Fédération internationale pharmaceutique IAPO International Alliance of Patients’ Organizations ICCC Innovative Care for Chronic Conditions (Soins novateurs pour les affections chroniques) ICCP Integrated Care Programme for Chronic Patients (Programme de soins intégrés pour les malades chroniques) OMS Organisation mondiale de la Santé OPS Organisation panaméricaine de la Santé PAL Programme pour l’approche pratique de la santé respiratoire PCIMAA Prise en charge intégrée des maladies de l’adolescent et de l’adulte TIT Technologies de l’information et des communications VIH/SIDA Virus de l’immunodéficience humaine/syndrome d’immunodéficience acquise WMA Association médicale mondiale vi Former les personnels de santé du XXIe siècle
Déclaration d’appui : Association médicale mondiale ’est un privilège pour l’Association médicale mondiale, qui est l’organe C représentatif mondial des médecins, que de pouvoir s’exprimer en faveur de cet important projet de l’Organisation mondiale de la Santé. Près de 9 mil- lions de médecins dans le monde font partie de l’ensemble des dispensateurs de soins, et le développement des compétences essentielles préconisé dans ce rapport aidera la profession médicale et toutes les autres professions de santé à dispenser des soins plus efficaces aux patients souffrant de maladies chroniques. 1 La Déclaration de Genève réaffirme l’un des principes fondamentaux de l’exercice de la médecine, à savoir : « La santé de mon patient sera mon pre- mier souci ». Il est donc particulièrement encourageant de voir l’OMS s’attacher à faire des soins centrés sur le patient une priorité du développement des per- e sonnels de santé au XXI siècle. Cela devrait permettre aux malades souffrant de maladies chroniques de participer activement à tous les aspects du système de soins de santé qui les concernent, et notamment à la conception des établis- sements de santé et des méthodes diagnostiques et thérapeutiques, et surtout à la mise en place de partenariats entre les professionnels de la santé et leurs patients pour prendre en charge conjointement, au jour le jour, les problèmes de santé chroniques. L’une des autres grandes idées de ce rapport est celle des partenariats. Trop longtemps, les soins aux patients atteints d’affections chroniques ont été dispensés de façon cloisonnée, les plans de traitement des hôpitaux, des dispensaires et des différents professionnels de santé différant parfois considé- rablement pour le même patient. Seul un partenariat efficace peut permettre de surmonter cet obstacle et d’améliorer les résultats sanitaires, surtout en matière de prévention. La sophistication des technologies de communication permet- tra certainement d’améliorer les partenariats et la qualité des soins. Toutefois, il ne faudrait pas, ce faisant, mettre en danger la confidentialité des informa- tions sanitaires personnelles, que l’Association médicale mondiale considère comme un droit éthique fondamental du patient. 1 Déclaration de Genève, Genève, Association médicale mondiale, 1948 (http://www.wma.net/e/policy/c8.htm, au 22 octobre 2004). Le défi des maladies chroniques 1
Le chapitre concernant l’évaluation des prestations et la mesure des résul- tats est particulièrement intéressant. Il s’agit là d’une tendance mondiale qui a largement influencé la pratique médicale partout dans le monde et dont il faut se féliciter. En effet, faute de pouvoir évaluer (mesurer) les prestations d’un système de soins, il est impossible de le gérer ; cela entraîne presque invaria- blement des dépenses superflues et se traduit par une qualité médiocre des soins aux patients. Il est donc constructif et utile que ce projet de l’OMS précise que la base de connaissances concernant la prestation de soins de santé n’est pas constituée uniquement d’essais cliniques randomisés mais aussi de tout le savoir acquis dans le cadre des efforts menés pour améliorer la qualité. D’autres professionnels de la santé pourront s’inspirer des exemples de meilleures pra- tiques cités dans le rapport dans leurs domaines respectifs. C’est précisément ce dernier point que l’Association médicale mondiale considère comme l’une des possibilités les plus intéressantes offertes par le projet. Etant donné que, partout dans le monde, les ministères de la santé par- ticipent aux travaux de l’OMS, les enseignements de ce projet seront appliqués surtout dans le secteur de la santé publique des pays représentés à l’Organisa- tion. Puisque les professionnels de la santé travaillent à la fois dans le secteur public et dans le secteur privé, ils peuvent jouer un rôle décisif en appliquant les mesures préconisées et fondées sur des données factuelles. Imaginez les synergies et les gains d’efficacité qu’une telle collaboration intersectorielle et interdisciplinaire permettra d’obtenir ! Il faut encourager et féliciter l’OMS pour ce projet. Ce sera pour l’Associa- tion médicale mondiale un honneur que de participer en qualité de partenaire à l’amélioration de la prise en charge des patients qu’ensemble nous nous efforçons de servir. Delon Human Secrétaire général Association médicale mondiale 2 Former les personnels de santé du XXIe siècle
Déclaration d’appui : Conseil international des Infirmières e Conseil international des infirmières approuve pleinement cette publi- L cation et appelle les établissements universitaires et autres établissements d’enseignement, les organisations professionnelles telles que les associations nationales d’infirmières et les autres partenaires à utiliser les compétences en matière de formation des dispensateurs de soins afin de répondre aux besoins du nombre de plus en plus important de personnes atteintes de maladies chroniques. Le Conseil, qui est une fédération d’associations nationales d’infirmiè- res de 125 pays et qui est la tribune internationale des infirmières et des soins infirmiers, a pris connaissance avec plaisir d’une publication qui vise à trans- former la formation des personnels de santé afin de répondre aux besoins des patients atteints d’affections chroniques. Le Conseil se félicite en particulier de l’approche fondée sur la participation, adoptée pour la rédaction de cette publication. Cet ouvrage ouvre également la voie à un nouveau type de partenariat entre les agents de santé non médicaux, les infirmières, les pharmaciens, les dentistes, les médecins et les professions de santé apparentées. En outre, il pré- conise un changement de paradigme, c’est-à-dire le passage d’un modèle axé sur les soins aigus à un modèle axé sur les soins chroniques, dicté par la pré- dominance actuelle des affections chroniques, dont le diabète, les maladies cardiaques, l’asthme, le cancer, le virus de l’immunodéficience humaine/syn- drome d’immunodéficience acquise (VIH/SIDA), la dépression et les incapacités physiques. Il s’articule autour des soins centrés sur le patient et définit cinq com- pétences essentielles nécessaires à cet égard et conformes aux compétences fondamentales définies par le CII, tant pour l’infirmière généraliste que pour 2 l’infirmière familiale. Depuis longtemps, le CII s’inquiète de ce que la formation traditionnelle en matière de soins de santé soit largement axée sur le modèle biomédical du dia- gnostic et du traitement des problèmes aigus et néglige en grande partie les soins aux patients de plus en plus nombreux atteints de maladies chroniques. Ces dernières années, le Conseil a largement préconisé une réorientation des 2 Cadre de compétences fondamentales du CII pour l’infirmière familiale. Genève, Conseil international des Infirmières, 2003. Le défi des maladies chroniques 3
programmes d’enseignement infirmier en faveur d’un continuum de soins com- prenant la promotion de la santé, la prévention des maladies, les soins aigus et chroniques ainsi que les soins palliatifs et de réadaptation. Aussi le présent document arrive-t-il à point nommé et s’avère particulièrement intéressant pour les dispensateurs de soins. L’un des points forts de la publication est la définition d’un nouveau modèle élargi de formation reposant sur un ensemble de compétences essentielles qui préparera mieux les dispensateurs de soins à prendre en charge des patients atteints d’affections chroniques. Les compétences peuvent servir de point de départ à la réforme des établissements d’enseignement et des centres d’en- seignement supérieur. Judith Oulton Directrice générale Conseil international des Infirmières 4 Former les personnels de santé du XXIe siècle
Déclaration d’appui : Fédération internationale pharmaceutique a Fédération internationale pharmaceutique (FIP) soutient pleinement les L compétences fondamentales présentées dans ce document et se félicite de continuer à collaborer avec l’OMS ainsi qu’avec les autres professionnels de santé et leurs patients, en vue d’améliorer les soins aux malades chroniques et de mieux prévenir ces affections. Les pharmaciens sont des professionnels de santé dont le rôle consiste à aider les gens à rester en bonne santé et à prévenir la maladie en garantissant l’accès aux médicaments et le meilleur usage de ceux-ci. Le traitement au moyen des médicaments prescrits est compris comme un processus concerté entre le patient, le médecin, le pharmacien et les autres dispensateurs de soins. Les médicaments étant pour la plupart auto-adminis- trés, le succès du traitement dépend alors d’une participation active du patient. Les professionnels doivent donc pouvoir donner des informations et des con- seils objectifs pour obtenir les avantages thérapeutiques maximums et éviter les effets secondaires indésirables d’un traitement. Les pharmaciens ont par conséquent adopté une approche centrée sur le patient dans leur pratique professionnelle. Cela permet de prendre en con- sidération à la fois les soins aux patients et les aspects économiques et de les équilibrer convenablement dans l’intérêt du patient, en créant un cadre pro- pice à la fourniture de soins pharmaceutiques. Les soins pharmaceutiques ont pour but d’optimiser la qualité de vie du patient et d’obtenir des résultats cliniques positifs. Les pharmaciens peuvent par la pratique des soins pharmaceutiques prévenir les interactions médicamen- teuses ou y mettre un terme, contrôler et prévenir, voire réduire, les réactions indésirables et contrôler le coût et l’efficacité du traitement pharmaceutique, tout en prodiguant des conseils relatifs au mode de vie, afin d’optimiser les effets thérapeutiques d’un traitement médicamenteux. Le concept de soins pharmaceutiques est particulièrement intéressant pour les groupes particu- liers comme les personnes âgées et les malades chroniques. 3 La FIP a rédigé un code d’éthique afin d’énoncer et réaffirmer publiquement 3 FIP statement of professional standards: Code of ethics for pharmacists. Vancouver, Council of the international Pharmaceutical Federation (FIP), 1997 (http://www.fip.org/ pdf/2004codeofethics.pdf, accessed 22 October 2004). Le défi des maladies chroniques 5
les principes sur lesquels reposent le rôle et les responsabilités du pharmacien. Ces principes, fondés sur des valeurs et des obligations morales, ont été éta- blis pour permettre aux organisations pharmaceutiques nationales de guider les pharmaciens dans leurs relations avec les patients, les autres professionnels de santé et la société en général. Tous les pharmaciens sont tenus de veiller à ce que le service qu’ils dispensent à chaque patient soit de qualité appropriée. En 1993, la FIP a publié un guide 4 international de bonnes pratiques pharmaceutiques dans le but d’améliorer concrètement la qualité des services pharmaceutiques. Ces principes directeurs ont été, ou sont actuellement, adoptés partout dans le monde. Le guide révisé a été adopté par l’OMS et approuvé par le Conseil de la FIP en 1997. Tous les professionnels de santé ont l’obligation éthique fondamentale de maintenir leur niveau de compétences tout au long de leur carrière, au cours de laquelle ils accéderont à des responsabilités nouvelles ou plus complexes. Il doit s’agir d’un processus continu et cyclique d’amélioration de la qualité, grâce auquel les professionnels de santé s’efforcent de maintenir et d’amélio- rer leurs compétences, aussi bien pour s’acquitter de leurs tâches du moment qu’en vue de nouvelles fonctions qu’ils seraient amenés à remplir en matière de prestation de services. Une collaboration efficace entre les professionnels de santé est essentielle pour dispenser des soins de qualité et économiques. En 2000, des organisations internationales représentant les pharmaciens, les infirmières et les médecins du monde entier ont lancé une alliance unique et puissante, l’Alliance mondiale des professions de santé (World Health Professions Alliance). Les organisations fondatrices de l’Alliance sont la Fédération internationale pharmaceutique, le Conseil international des Infirmières et l’Association médicale mondiale. L’Alliance estime que la prise en charge des personnes, malades ou bien portantes, exige les ressources et l’expérience de professionnels de santé pos- sédant une formation et des compétences diverses. Forts de cette conviction, les infirmières, les pharmaciens et les médecins renforcent leur collaboration au niveau international afin d’améliorer la qualité du service offert aux patients comme à la population générale. A. J. M. Hoek Secrétaire général et Président Directeur général Fédération internationale pharmaceutique 4 Standards for quality of pharmacy services. Vancouver, International Pharmaceutical Federation (FIP), 1998 (http://www.fip.org/pdf/gpp97_en.pdf, accessed 22 October 2004). 6 Former les personnels de santé du XXIe siècle
Déclaration d’appui : European Respiratory Society ’est pour l’European Respiratory Society (ERS) un privilège et un honneur C que d’avoir l’occasion d’exprimer son plein appui à cette initiative originale de l’OMS. Ce projet inspirera sans doute les orientations stratégiques futures en matière d’éducation et de formation des professionnels de santé dans le monde. La publication doit être considérée comme un élément important d’une politi- que cohérente et bien conçue conduite par l’OMS pour répondre aux différents problèmes que pose l’incidence croissante des affections chroniques. Au siècle dernier, des progrès considérables ont été faits en matière de santé et d’espérance de vie. Cependant, il semble que les difficultés d’application des connaissances existantes au niveau de la pratique clinique entravent la réalisa- tion de nouveaux progrès ou l’instauration de normes de soins optimales. De plus en plus, on a conscience de la nécessité qu’il y a à combler l’écart entre la recherche et la prestation de services de santé, ce que les nouveaux paradig- mes qui inspirent cette initiative de l’OMS permettront. Science fondamentale, découverte clinique et recherche orientée sur les patients sont interdépendan- tes : elles ne doivent pas nécessairement être considérées comme des étapes successives. Cette publication s’inscrit dans la ligne des efforts déployés par l’OMS pour améliorer la capacité des soins de santé à répondre aux problèmes posés par les maladies chroniques. L’importance accordée aux maladies respiratoires est tout à fait opportune puisque les dernières tendances placent incontesta- blement les troubles respiratoires chroniques parmi les principales causes de mortalité. Pour faire face à cette augmentation, il convient de bien comprendre le contexte clinique et de connaître parfaitement le milieu local. Ce n’est qu’en harmonisant pleinement ces deux facteurs que viendront d’abord la faisabi- lité, puis la réussite. En ce sens, les exemples de cas présentés dans cet ouvrage sont instructifs et fournissent un cadre de référence utile tant pour le médecin que pour le décideur. L’adoption à grande échelle de ce nouveau paradigme de la prestation de soins peut permettre d’obtenir de meilleurs résultats dans le cadre d’initiatives locales et d’atténuer en partie la hausse prévue de la pré- valence des affections chroniques. L’ERS, comme d’autres sociétés scientifiques, est en mesure de contribuer efficacement à cette transition vers un nouveau modèle de soins de santé en privilégiant les soins orientés sur le patient et les questions de santé publique. Le défi des maladies chroniques 7
L’appui que nous apportons à ce projet de l’OMS est pleinement conforme à notre mission. De plus, la collaboration avec l’OMS à l’occasion de ce rapport a été pour nous une expérience gratifiante et enrichissante. Fondée en 1990, l’ERS est une organisation internationale à but non lucra- tif engagée dans la promotion de l’éducation et de la recherche en matière de médecine respiratoire. Comptant des membres dans plus de 90 pays, l’ERS est une instance chef de file en Europe pour l’échange de connaissances entre cher- cheurs et professionnels de la santé travaillant dans le domaine de la médecine respiratoire. Elle joue un rôle clé dans l’établissement de recommandations et de principes directeurs visant à garantir le niveau le plus élevé de soins de santé. A travers son école, l’ERS soutient des activités éducatives et de formation. Elle est également membre fondateur du Forum of International Respiratory Societies (FIRS), organisation créée en 2002 par les principales associations professionnel- les mondiales pour promouvoir l’éducation, la recherche, les soins aux patients et la santé publique dans le domaine de la médecine respiratoire. Il faut féliciter l’OMS de cette initiative. Ce sera un privilège pour l’ERS que de développer encore son partenariat dans le cadre de cet intéressant projet. Walter McNicholas Président European Respiratory Society 8 Former les personnels de santé du XXIe siècle
Déclaration d’appui : International Alliance of Patients’ Organizations International Alliance of Patients’ Organizations (IAPO) approuve pleinement L’ le traitement par l’OMS des questions de l’éducation et de la formation des dispensateurs de soins de santé. Elle se félicite de ce projet, et en particulier de la possibilité donnée aux patients (à travers les organisations qui les représen- tent) de faire connaître leurs opinions et leur expérience. L’IAPO considère ces dernières comme essentielles dans tous les aspects des soins de santé et l’éla- boration des politiques connexes. Les relations entre les professionnels de santé et les patients sont extrême- ment importantes pour développer les soins de santé centrés sur les patients souffrant de maladies chroniques. Les affections chroniques se prolongent souvent de nombreuses années et touchent tous les aspects de la vie. Elles supposent donc que l’on s’intéresse davantage aux besoins et aux atten- tes individuelles et à la façon dont les personnes se prennent en charge pour pouvoir mener une vie normale plutôt qu’aux caractéristiques générales de la maladie. Pour être productive, une relation exige la participation des profession- nels de santé, des patients, des familles, des dispensateurs de soins, des organisations de patients et de la communauté en général. Les patients et les professionnels de santé doivent avoir les compétences nécessaires pour agir et travailler ensemble. Les avantages, outre la satisfaction du patient, seront une amélioration des résultats sur le plan sanitaire, ce qui contribuera à pallier certaines imperfections des systèmes de santé, qu’il s’agisse des pays déve- loppés ou en développement. La communication et le partenariat sont décisifs dans ces relations. La communication passe par un dialogue interactif entre patients et profes- sionnels de santé, où l’écoute est aussi importante que la parole. La présentation de l’information sanitaire doit prendre en compte les principes de l’« alphabé- tisation sanitaire ». L’IAPO définit le niveau d’alphabétisation sanitaire comme englobant à la fois les capacités de lecture d’une personne, ses compétences linguistiques et son niveau d’études, son bagage culturel et sa faculté à rece- voir une information sanitaire sous forme orale, écrite ou graphique. Un faible taux d’alphabétisation sanitaire se répercute sur l’aptitude d’une personne à prendre des décisions éclairées quant à sa santé et peut se traduire par une inefficacité du traitement et de la réadaptation. Une étude menée en 1995 aux Le défi des maladies chroniques 9
Etats-Unis d’Amérique a révélé qu’un tiers des patients hospitalisés anglophones étaient incapables de lire ou de comprendre des matériels d’information sani- taire de base ; mais dans tous les pays il existe des populations à faible niveau d’alphabétisation sanitaire. Les partenariats sont essentiels. Collaborer avec d’autres professionnels de santé, avec les patients et avec l’ensemble de la communauté aide à accroître l’engagement des patients, à améliorer la continuité des soins et à surmonter le cloisonnement des systèmes de soins de santé. Patients comme professionnels de santé doivent travailler plus étroitement ensemble, en appréciant l’expérience de chacun (par exemple un professionnel de santé est un spécialiste médical, et un patient est lui-même un spécialiste de la maladie ou du traitement qu’il subit), et agir ensemble pour obtenir les résultats souhaités du traitement. Les organisations de patients peuvent jouer un rôle vital dans ces partena- riats. Les professionnels de santé et les organisations de patients devraient être encouragés à favoriser ces relations. Les organisations de patients disposent d’une mine de connaissances et d’expérience concernant les maladies chroni- ques. Parmi les nombreuses possibilités de collaboration avec les professionnels de santé, les organisations peuvent fournir un appui et des informations aux patients pour aider l’individu à s’engager activement dans les soins de santé qui lui sont dispensés et ainsi à changer son comportement, mais aussi à se prendre lui-même en charge et à respecter les indications thérapeutiques. Elles peuvent conseiller utilement les professionnels de santé en ce qui concerne l’expérience individuelle et les besoins des patients – qui devraient être pris en compte dans tous les aspects des soins de santé – dans le cadre de soins fondés sur des données factuelles, lors de l’élaboration des programmes de formation des professionnels de santé et lors de l’évaluation des services. La formation des professionnels de santé est capitale pour la fourniture de soins de santé centrés sur le patient, mais les systèmes de soins et les acti- vités extérieures doivent également être examinés. L’éducation des patients, de leur famille et des dispensateurs de soins est essentielle. A l’heure actuelle, de nombreux patients dans le monde n’ont pas suffisamment de connaissan- ces pour jouer un rôle actif dans le traitement de leur affection, même s’ils le souhaitent. Ils doivent donc apprendre à exprimer leurs besoins, à savoir trou- ver et analyser l’information sanitaire provenant de diverses sources et à mieux connaître les professionnels de santé, leur travail et les traitements et médica- ments disponibles. 10 Former les personnels de santé du XXIe siècle
La participation des patients et des organisations de patients à tous les niveaux décisionnels des soins de santé est indispensable pour développer des soins centrés sur le patient partout dans le monde. Jo Harkness Directeur, Affaires extérieures et politique générale International Alliance of Patients’ Organizations Le défi des maladies chroniques 11
12 Former les personnels de santé du XXIe siècle
Résumé d’orientation es personnels de santé sont l’une des composantes les plus importantes L du système de soins de santé. Ils contribuent activement à stimuler, initier et poursuivre l’amélioration des soins de santé. Partout dans le monde, on assiste à une modification rapide dans le poids relatif des problèmes de santé aigus et chroniques, qui fait naître des demandes nouvelles et différentes pour les personnels de santé. On s’accorde généralement à reconnaître que, pour assurer des soins efficaces aux malades chroniques, il faut doter les professionnels de la santé de compétences plus étendues, pour leur permettre de faire face à ces nouvelles situations comple- xes. Cela ne rend pas inutile les compétences existantes, telles que la pratique fondée sur des données factuelles et le respect de l’éthique ; il s’agit plutôt de répondre à un besoin croissant de nouvelles compétences venant compléter les compétences existantes. Tout d’abord, les personnels de santé doivent organiser les soins autour du patient, c’est-à-dire adopter une approche centrée sur ce dernier. Deuxièmement, ils doivent posséder des aptitudes à la communication leur permettant de collaborer entre eux. Ils doivent non seulement établir des par- tenariats avec les patients, mais aussi travailler en collaboration étroite avec les autres dispensateurs de soins et établir des liens avec les communautés © WORLD BANK Le défi des maladies chroniques 13
pour améliorer les résultats obtenus chez les patients souffrant de maladies chroniques. Troisièmement, les personnels de santé doivent avoir les capaci- tés nécessaires pour assurer une amélioration constante de la sécurité et de la qualité des soins dispensés aux patients. Quatrièmement, ils doivent avoir les compétences voulues pour être capables de surveiller l’évolution des patients au fil du temps et pour utiliser et échanger des informations en se servant des nouvelles technologies disponibles. Enfin, les personnels de santé doivent considérer les soins aux patients et le rôle des soignants dans la perspective la plus large possible, en intégrant les notions de soins à l’échelle de toute une population, de niveaux multiples du système de soins de santé et de conti- nuum des soins. Ces capacités et aptitudes peuvent se résumer à cinq compétences essentiel- les qui valent pour l’ensemble des personnels de santé s’occupant de patients atteints de problèmes de santé chroniques : 1. soins centrés sur le patient ; 2. établissement de partenariats ; 3. amélioration de la qualité ; 4. technologies de l’information et des communications ; 5. perspective de santé publique. Dans le corps de cette publication, chacune de ces compétences est décrite en détail et illustrée par des exemples concrets tirés de divers pays. Une véritable réforme de la formation des personnels de santé ne sera pas possible sans des efforts concertés et soutenus des responsables de la prise de décision, des cadres universitaires et des organismes professionnels du secteur de la santé. Cette réforme est pourtant à la fois réalisable et essentielle. 14 Former les personnels de santé du XXIe siècle
Introduction et portée e présent document est un plaidoyer pour une réforme de la formation des L personnels de santé afin de mieux faire face aux besoins liés à la prise en charge des patients atteints de maladies chroniques. Aux fins de la présente étude, les termes personnels et dispensateurs de soins de santé s’entendent aussi bien des soignants non professionnels que des infirmières, pharmaciens, dentistes, médecins et autres professionnels de la santé apparentés qui fournis- sent tous des soins directs aux patients souffrant de maladies chroniques. Par maladies chroniques, on entend des problèmes de santé qui nécessitent des soins sur le long terme (pendant un certain nombre d’années ou de décennies) et qui comprennent par exemple : le diabète, les maladies cardio-vasculaires, l’asthme, la bronchopneumopathie chronique obstructive, le cancer, le VIH/ SIDA, la dépression et les incapacités physiques (1). Il existe de multiples autres affections chroniques mais leur point commun est qu’elles retentissent systé- matiquement sur les dimensions sociale, psychologique et économique de la vie du malade. On s’accorde de plus en plus à reconnaître que la formation traditionnelle en matière de soins de santé a ses limites, car elle est fondamentalement cen- trée sur le diagnostic et le traitement de problèmes médicaux aigus (2–4). Les problèmes médicaux et les pathologies aigus continueront bien évidemment à requérir l’attention des dispensateurs de soins de santé, mais un modèle de formation uniquement axé sur la prise en charge de symptômes aigus apparaît © WORLD BANK Le défi des maladies chroniques 15
de plus en plus comme insuffisant pour répondre aux problèmes posés par le nombre croissant de patients atteints d’affections chroniques. En réformant la formation, on peut élargir cette perspective, en y intégrant à la fois les con- sidérations d’intérêt du patient et de continuité des soins (depuis la prévention clinique jusqu’aux soins palliatifs). Un nouveau modèle de formation élargi axé sur la maîtrise d’un ensemble de compétences essentielles pourrait permettre de mieux préparer les personnels de santé à la prise en charge des patients souffrant de maladies chroniques. Les dirigeants qui reconnaissent la nécessité d’améliorer l’éducation et la formation pourraient utiliser cet ensemble de compétences essentielles comme point de départ pour leur réforme. Ces compétences pourraient aussi constituer la base de la formation aux soins de santé au XXIe siècle. Elles peuvent être enseignées dans des cadres de formation existants très variés, y compris l’enseignement pré-professionnel, la formation continue ou la formation en cours d’emploi. Les cadres enseignants et universitaires d’aujourd’hui, les organismes pro- fessionnels et les autres acteurs s’occupant des soins de santé sont en mesure d’impulser des améliorations rapides dans la formation et la préparation des dis- pensateurs de soins de santé de demain. Les compétences essentielles décrites ci-après peuvent leur servir de guide pour entreprendre une réforme de la for- mation trop longtemps différée. Qu’entend-on par « compétences » ? Les compétences sont les capacités, aptitudes, connaissances, compor- tements et attitudes qui sont nécessaires pour produire les résultats attendus et, par conséquent, pour exécuter un travail. Les compétences « sont ce qui définit plus précisément un travail en insistant sur la manière dont le travail est exécuté et sur le résultat effectivement obtenu » (5). Les compétences décri- tes ci-après ne sont pas représentatives de l’ensemble des aptitudes que les dispensateurs de soins doivent posséder pour assurer des soins de santé dans leurs disciplines respectives ; ce sont plutôt des compétences de base, requises et indispensables pour pouvoir dispenser des soins à des malades chroniques ayant en commun un certain nombre de caractéristiques. Ces compétences de base valent pour tous les membres du personnel de santé, quelle que soit la discipline à laquelle ils appartiennent. Ces cinq compétences essentielles ont été définies à l’issue d’un processus fondé notamment sur l’étude de la littérature et sur l’accord d’un ensemble d’experts internationaux. On a en particulier passé en revue les articles traitant de la réforme de la formation des dispensateurs de soins de santé et des soins 16 Former les personnels de santé du XXIe siècle
nécessités par les malades chroniques. En outre, différentes organisations pro- fessionnelles ont publié des normes, et certaines compétences propres à telle ou telle discipline ont été examinées. Tout au long de ce processus, on s’est atta- ché à recenser les compétences qui répondaient aux besoins des patients et de leur famille. Des compétences communes à toute une variété de groupes pro- fessionnels (y compris les médecins de famille, les infirmières, les pharmaciens, les dentistes et autres agents de santé apparentés) ont été mises en évidence et décrites dans un projet de document. Des conseils internationaux de pro- fessionnels, des responsables de l’enseignement, des groupes de défense des intérêts des patients et des experts de la prise en charge des malades chroni- ques ont passé en revue ce projet et fait des suggestions qui ont débouché sur l’établissement d’une liste finale de compétences essentielles. Historique Le monde est confronté à une augmentation rapide des problèmes de santé chroniques, à telle enseigne que ces affections représentent actuelle- ment plus de la moitié de la charge mondiale de morbidité (6). Auparavant, les maladies infectieuses aiguës étaient au centre des préoccupations des dispen- sateurs de soins de santé dans tous les pays. Mais, au siècle dernier, les progrès de la médecine, des technologies et de la santé publique, notamment dans les domaines de la vaccination, de l’hygiène, des conditions de logement et de l’éducation, ont contribué à faire régresser ces pathologies aiguës. Il s’en est suivi une augmentation de l’espérance de vie durant cette période. © WORLD BANK Le défi des maladies chroniques 17
Du fait que les gens vivent plus longtemps, ils sont davantage exposés à des risques qui font le lit des maladies chroniques. Ainsi, par exemple, les com- portements préjudiciables à la santé qui se sont développés sous l’effet des méthodes de commercialisation agressives du tabac, de l’alcool et des aliments malsains accroissent la probabilité d’être victime de nombreuses affections chroniques (7). La sédentarité est un facteur de risque important pour les mala- dies chroniques, de même que la pauvreté (1) dont continue à souffrir un fort pourcentage de la population mondiale et qui est indissociablement liée aux problèmes de santé chroniques. Les politiques publiques et sociales ne con- tribuent pas toujours à promouvoir la santé et à appuyer les stratégies qui permettraient de prévenir l’apparition de problèmes de santé chroniques. A l’évidence, les déterminants des affections chroniques sont complexes et à la fois multifactoriels et multisectoriels. FIGURE 1. Le cadre des soins novateurs pour les affections chroniques (2) Environnement politique favorable • Renforcer les partenariats • Intégrer les politiques • Promouvoir un financement régulier • Mettre en place des cadres • Mener une action de • Développer et affecter les législatifs appropriés direction et de plaidoyer ressources humaines Liens Communauté P Organisation des r soins de santé é • Renforcer la prise de conscience p • Promouvoir la continuité et réduire la stigmatisation a et la coordination • Favoriser de meilleurs résultats r • Encourager la qualité à grâce à un rôle de direction et de é travers un rôle de direction soutien s et des mesures d’incitation ein Equ • Mobiliser et coordonner les • Organiser et équiper les ressources es au s uté i de pe de équipes de soins de santé air na san so • Fournir des services arten mmu s Mo té ins • Se servir des systèmes complémentaires P a co mé tiv d’information l r és de Info • Soutenir l’autoprise en charge et la prévention Malades et familles De meilleurs résultats pour les affections chroniques 18 Former les personnels de santé du XXIe siècle
Alors que l’on assiste à une progression rapide des problèmes de santé chroniques à l’échelle mondiale, la formation des dispensateurs de soins de santé n’a, d’une manière générale, pas évolué en conséquence. De nombreux auteurs ont noté que la formation, l’éducation et l’éventail des compétences des personnels de santé d’aujourd’hui n’étaient pas adaptés pour prendre en charge les patients atteints d’affections chroniques (1, 2, 8–11). Qui plus est, alors que de nombreux soignants traitent aujourd’hui au quotidien des patients souffrant de diabète, d’asthme ou de cardiopathies, ils indiquent qu’ils sont mal préparés pour coordonner ces soins et éduquer les patients atteints de ces maladies chroniques (12). La raison pour laquelle ces soignants sont mal préparés est très simple : la prise en charge des malades chroniques est différente de celle des patients souffrant de pathologies épisodiques, et les dispensateurs de soins sont mieux armés pour s’occuper des seconds. Les patients présentant des problèmes de santé chroniques ont besoin de soins qui soient coordonnés dans le temps et qui prennent en compte leurs besoins, leurs valeurs et leurs préférences. Ils ont besoin qu’on leur apprenne à s’autoprendre en charge pour prévenir les compli- cations prévisibles et que les soignants comprennent la différence fondamentale qui existe entre une maladie passagère qui est diagnostiquée et soignée et une affection chronique qui demande à être gérée sur de nombreuses années. Une réforme de la formation des personnels n’est que l’une des composan- tes de la réforme plus générale du système de soins de santé qui est nécessaire pour améliorer la prise en charge des patients atteints d’affections chroniques. Pour créer un système de soins de santé fonctionnant bien, il faudrait entrepren- dre des réformes à de multiples niveaux : l’OMS a élaboré un cadre conceptuel pour répondre à ce besoin urgent d’améliorer la prise en charge des affections chroniques (voir la Figure 1). Le cadre des soins novateurs pour les affections chroniques (ICCC) (1) n’est qu’une extension, au plan international, de l’an- cien modèle pour les soins chroniques mis au point par Wagner et ses collègues (13). Ce cadre définit les composantes nécessaires pour améliorer les soins dis- pensés à ce type de patients à travers les différents niveaux du système de soins de santé : environnement politique général, organisation des soins de santé et communauté et prise en charge au niveau des patients eux-mêmes. Dans l’idéal, les patients et leur famille sont au centre du système, les communautés sont reliées aux organisations de soins de santé et les relations entre ces dif- férentes entités sont facilitées par un environnement politique dans lequel les valeurs, les principes et les stratégies générales des gouvernements se conju- guent pour réduire la charge des maladies chroniques. Le cadre ICCC est un point de départ pour une amélioration générale du Le défi des maladies chroniques 19
Vous pouvez aussi lire