HISTOIRE DE FRANCE ET D'ESPAGNE - MANUEL - VOLUME 3 - JEAN-BASTIEN URFELS
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CURRICULUM MIXTE BATXIBAC HISTOIRE DE FRANCE ET D’ESPAGNE MANUEL – VOLUME 3 (1º et 2º Batxibac) JEAN-BASTIEN URFELS Septembre 2014
HISTOIRE DE FRANCE ET D’ESPAGNE. VOLUME 3 Sommaire CONTEXTUALISATION : l’Europe dans la 1ère moitié du XXº siècle PAGE 3 CHAPITRE 6 : la France sous la Troisième République (1879-1940) PAGE 4 I. L’enracinement de la Troisième République (1879-1914) PAGE 5 Vers l’épreuve externe PAGE 8 II. La Troisième République face à la crise des années 1930 PAGE 10 Vers l’épreuve externe PAGE 13 CHAPITRE 7 : les tensions politiques en Espagne (1898-1939) PAGE 15 I. La crise du système de la Restauration (1898-1923) PAGE 16 Vers l’épreuve externe PAGE 20 II. La dictature de Primo de Rivera (1923-1931) PAGE 22 Vers l’épreuve externe PAGE 25 III. La Seconde République (1931-1936) PAGE 27 Vers l’épreuve externe PAGE 35 CHAPITRE 8 : la France pendant la Seconde guerre mondiale (1940-44) PAGE 37 I. Le régime de Vichy (1940-44) PAGE 38 II. La France libre et la Résistance (1940-44) PAGE 40 III. La France et les Français pendant la guerre (1940-44) PAGE 42 Vers l’épreuve externe PAGE 44 CHAPITRE 9 : la Guerre civile espagnole (1936-39) PAGE 46 I. les étapes de la guerre civile (1936-39) PAGE 47 II. L’Espagne pendant la Guerre civile (1936-39) PAGE 50 III. Les Espagnols pendant la guerre PAGE 55 Vers l’épreuve externe PAGE 56 Direcció General d’Educació Secundària Obligatòria i Batxillerat 2
HISTOIRE DE FRANCE ET D’ESPAGNE. VOLUME 3 CONTEXTUALISATION : l’Europe dans la 1ère moitié du XXº siècle I. Avant 1914 : entre Belle Époque et montée des tensions. La Belle Époque : à partir de 1870, l’Europe vit une période de paix et, à partir de 1896, de croissance économique. Cette époque de stabilité et de prospérité est caractérisée par la foi dans le progrès scientifique, un grand optimisme et une certaine insouciance. Les principales puissances européennes, à l’exception de l’Allemagne, dominent le monde grâce à leurs empires coloniaux, comme la France et le Royaume-Uni. Les rivalités croissantes entre puissances européennes aboutissent à une montée des tensions et à la formation d’alliances : la Triple Entente et la Triple Alliance. II. La Première guerre mondiale. De 1914 à 1918, les systèmes d’alliance s’affrontent dans une guerre européenne qui devient mondiale, par l’implication des territoires colonisés et celle des États-Unis (en 1917). L’Europe sort exsangue de ce conflit qui fait près de 20 millions de morts et redessine la carte du continent en créant les conditions d’un nouvel affrontement. En parallèle au conflit, la révolution bolchévique lancée en Russie en 1917 triomphe et provoque un climat révolutionnaire dans toute l’Europe. III. La crise des années 1930. Après un retour à la prospérité dans les années 1920 (les Années Folles) malgré les destructions et les pertes de la guerre, le krach de Wall Street de 1929 plonge le monde et l’Europe dans une profonde crise économique. Les dramatiques conséquences sociales de cette crise favorisent un climat profond d’instabilité politique, certains États basculant dans le totalitarisme (Allemagne, Italie), d’autres dans la guerre civile (Espagne). IV. La Seconde guerre mondiale. La politique agressive de revanche et d’expansionnisme de l’Allemagne nazie entraîne le déclenchement d’une nouvelle guerre mondiale qui dure de 1939 à 1945. Le conflit fait 50 millions de morts, dont 6 millions de victimes du génocide perpétré par les Nazis. À l’issue de la guerre, l’Europe sort durablement affaiblie par les pertes et les destructions, alors que les principaux vainqueurs, les États-Unis et l’U.R.S.S. dominent désormais le monde. Direcció General d’Educació Secundària Obligatòria i Batxillerat 3
HISTOIRE DE FRANCE ET D’ESPAGNE. VOLUME 3 CHAPITRE 6 : La France sous la Troisième République. (1879-1940) Problématique : en quoi la Troisième République constitue-t-elle une étape politique majeure de l’histoire de France ? Direcció General d’Educació Secundària Obligatòria i Batxillerat 4
HISTOIRE DE FRANCE ET D’ESPAGNE. VOLUME 3 I. L’enracinement de la Troisième République (1879-1914) Comment les républicains sont-ils parvenus à créer une République stable ? Une fois au pouvoir, les républicains vont mener une série de réformes visant à consolider et enraciner le régime républicain en France. Deux tendances vont dominer le « parti républicain » : les modérés (Gambetta, Ferry) ou « opportunistes », et les radicaux (Clemenceau). Certains socialistes (Jaurès) vont se joindre à leurs efforts pour faire progresser l’idéal républicain. 1. La politique intérieure. 1.1 Faire la République. Grandes mesures symboliques : amnistie des Communards condamnés après la répression de la Commune de Paris ; retour du Parlement à Paris ; symboles d’unité : 14 juillet devenu fête nationale, la Marseillaise hymne national et figure de Marianne diffusée sur tout le territoire. L’extension de la démocratie : Libertés individuelles et collectives : presse (1881), réunion (1881), syndicale (1884), d’association (1901), droit au divorce (1884) ; démocratie locale : maires élus par les conseils municipaux (1882). La politique scolaire impulsée par Ferry et Buisson : 1880 : création de lycées de filles ; 1881-1882 : gratuité, obligation et laïcité de l’enseignement primaire (6-13 ans) ; 1886 : laïcisation du personnel des écoles publiques. 1.2 Un régime stable face aux menaces. La menace antiparlementaire : régime critiqué par l’extrême-gauche (anarchistes, socialistes, certains radicaux) et la droite (monarchistes, nationalistes) qui dénoncent : • la corruption illustrée par des scandales politico- financiers : affaire des décorations (1887), scandale de Panama (1893) ; • la politique coloniale menée au détriment de la revanche contre l’Allemagne ; Direcció General d’Educació Secundària Obligatòria i Batxillerat 5
HISTOIRE DE FRANCE ET D’ESPAGNE. VOLUME 3 les mécontent s’appuient sur la popularité du Général Boulanger ; • tentative de conquête du pouvoir par les élections en réclamant « Dissolution, Révision, Constituante » ; • échec aux élections de 1889 et Boulanger se suicide en 1891. La menace nationaliste et monarchiste : l’Affaire Dreyfus : 1898 : éclatement du scandale provoqué par la condamnation de Dreyfus (1894) pour trahison, avec le « J’accuse » de Zola ; la France est coupée en deux : • dreyfusards (Zola, Jaurès, Clemenceau) : défense des droits de l’homme, de la justice et de la République ; • antidreyfusards (Maurras, Déroulède) : monarchisme, nationalisme, antisémitisme ; malgré la réhabilitation de Dreyfus (1906), l’Affaire laisse des traces durables dans la vie politique française. La question religieuse : 1892 : Ralliement à la République demandé par le pape aux catholiques mais beaucoup restent hostiles ; mauvaises relations avec le Vatican conduisant les républicains à ala loi de Séparation des Eglises et de l’Etat (9 décembre 1905) : • liberté absolue de conscience assurée ; • aucun culte reconnu, salarié, ni subventionné ; • patrimoine religieux construit avant 1905 : public ; • tension très forte entre certains catholiques et le régime après l’adoption de la loi : crise des Inventaires (1906). La question sociale : mouvement socialiste qui progresse dans l’opinion : • ralentissement économique mondial (Longue Dépression, 1873-1896) et mauvaises conditions de vie et de travail ; • mouvement ouvrier qui s’organise : fondation de la CGT (1895), célébration du 1er mai (depuis 1890) et fondation de la SFIO (1905) ; • lutte sociale par la propagande, la grève générale ou la révolution socialiste par le suffrage universel (Jaurès) ; certains anarchistes deviennent extrémistes : assassinat de Carnot en 1894 ; mobilisations ou grèves tournant à l’affrontement : grève des mineurs (1906), des vignerons (1907) ou des sablières (1908) ; l’autorité de l’État est maintenue et des lois sociales sont votées : repos hebdomadaire, création du ministère du Travail. Direcció General d’Educació Secundària Obligatòria i Batxillerat 6
HISTOIRE DE FRANCE ET D’ESPAGNE. VOLUME 3 2. La politique extérieure. 2.1 La politique coloniale. L’héritage colonial à la proclamation de la IIIº République : embryon d’empire : restes du premier empire colonial et des débuts du second empire colonial ; la monarchie de Juillet et le Second Empire ont conquis : • en Afrique (Algérie, Sénégal, Golfe de Guinée) ; • en Asie (Cochinchine et Cambodge) ; • dans le Pacifique (Nouvelle Calédonie, Polynésie française). Une politique d’expansion et de concurrence européenne : conquêtes lancées à partir de territoires déjà colonisés : • Afrique : Madagascar, Afrique occidentale, Tunisie, Maroc ; • Asie : Tonkin, Annam et Laos ; constitution de grands ensembles coloniaux : • Afrique Occidentale Française (A.O.F.) ; • Afrique Equatoriale Française (A.E.F.) ; • Union Indochinoise. 2.2 La montée des périls. Une série de crises annonciatrices : politique coloniale de la France qui se heurte à l’expansionnisme d’autres nations européennes, créant de fortes tensions avec : • l’Angleterre : incident de Fachoda (1898) ; • l’Allemagne : crises de Tanger (1905) et d’Agadir (1911) ; 1912-1913 : deux guerres balkaniques font monter la tension ; • instabilité de la région : la « poudrière des Balkans » ; • implication des grandes puissances dans ces conflits et le mécanisme dangereux des alliances. La formation des alliances : 1892-1893 : la France devient alliée de la Russie, puis du Royaume Uni en 1904 (l’Entente cordiale) ; 1907 : Triple Entente face à la Triple Alliance (1896) des empires centraux (Reich allemand et Autriche-Hongrie alliés à l’Italie). La marche à la guerre : sous l’impulsion du président Poincaré, la France fait passer son service militaire de deux à trois ans ; les esprits et l’économie préparés à la revanche sur l’Allemagne ; tentative des socialistes pacifistes d’enrayer l’entrée en guerre après l’attentat de Sarajevo (28 juin 1914) : • mais l’assassinat de Jaurès (31/07/1914) marque leur échec ; • s’impose alors la politique d’ « Union sacrée ». Direcció General d’Educació Secundària Obligatòria i Batxillerat 7
HISTOIRE DE FRANCE ET D’ESPAGNE. VOLUME 3 Vers l’épreuve externe Exercice 1. Commentaire de documents. Option A. Discours de Jules Ferry à la Chambre. M. Jules Ferry : Je ne crois faire, en aucune façon, preuve d'héroïsme en venant défendre ici l'œuvre scolaire de la République […]. Cette œuvre, messieurs, elle est aujourd'hui, elle sera assurément aux yeux de l'histoire, avec le rétablissement de nos forces militaires et de notre outillage de guerre, le titre principal de la IIIe République à la reconnaissance de l'histoire et du pays. (« Très bien ! Très bien ! » au centre.) [...] Messieurs, cette œuvre scolaire de la IIIe République n'est pas une œuvre personnelle ; elle n'appartient en propre à qui que ce soit dans le Parti républicain, car elle appartient au pays républicain tout entier. (« Très bien ! Très bien ! » à gauche et au centre.) [...] Ce système d'éducation nationale qui relie, dans un cadre, à la fois puissant et souple, l'école élémentaire aux plus hautes parties du savoir humain ; ce système d'éducation nationale au frontispice duquel on n'a pas craint d'écrire que, de la part de la société, « l'enseignement est un devoir de justice envers les citoyens, » que la société doit à tous le nécessaire du savoir pratique, et l'avènement aux degrés successifs de la culture intellectuelle de tous ceux qui sont aptes à les franchir... (« Très bien ! » à gauche), cette mise en valeur du capital intellectuel de la nation, de toutes les capacités latentes de tous les génies qui peuvent être méconnus ou étouffés, dans une grande et féconde démocratie, messieurs, c'était le rêve de nos pères ; et nous avons le droit de déclarer qu'autant qu'il est possible de dire qu'une chose est accomplie, grâce à vous, grâce au pays, votre principal collaborateur dans cette grande œuvre, grâce au pays qui en a été l'âme, ce rêve est devenu une réalité ! (Applaudissements au centre et sur divers bancs à gauche.) Jules Ferry, Discours à la Chambre des députés, 6 juin 1889. Questions : a) Présenter le document et indiquer l’idée principale. b) Expliquer le contexte historique du document. c) À partir du document proposé et de vos connaissances personnelles, rédiger en vingt lignes environ une réponse argumentée expliquant les mesures prises par les républicains français pour enraciner la Troisième République. Option B. L’empire colonial français (E. Lavisse, Histoire de France, 1942, p. 320). Direcció General d’Educació Secundària Obligatòria i Batxillerat 8
HISTOIRE DE FRANCE ET D’ESPAGNE. VOLUME 3 Questions : a) Présenter le document et indiquer l’idée principale. b) Expliquer le contexte historique du document. c) À partir du document proposé et de vos connaissances personnelles, rédiger en vingt lignes environ une réponse argumentée répondant au sujet suivant : la poltique de colonisation sous la Troisième République. Exercice 2. Rédaction. Option A. L’Affaire Dreyfus (1894-1906). Chronologie indicative : 1894 : condamnation du capitaine Dreyfus par un Conseil de guerre 1898 : publication de l’article « J’accuse » de Zola dans l’Aurore 1899 : la peine de Dreyfus est réduite, puis il est gracié 1902 : Zola trouve la mort dans l’incendie de son logement 1906 : annulation de la condamnation de Dreyfus qui est réhabilité Option B. Les obstacles à l’enracinement de la République (1880-1914) Chronologie indicative : 1887 : affaire des décorations 1889 : défaite électorale du général Boulanger 1898 : l’Affaire Dreyfus éclate au grand jour 1905 : loi de Séparation des Églises et de l’État 1906 : grève des mineurs Direcció General d’Educació Secundària Obligatòria i Batxillerat 9
HISTOIRE DE FRANCE ET D’ESPAGNE. VOLUME 3 II. La Troisième République face à la crise des années 1930 Quel est l’impact de la crise des années 1930 sur la Troisième République ? 1. La France avant la crise : les Années folles. Les années 1920, le retour de la croissance économique : croissance industrielle (+ 9.5% en 1921-1929) et retour de la prospérité : hausse du PNB (7% en 1920-1924, 3% en 1924-1929) ; causes : • conjoncture mondiale et effets de la reconstruction ; • consommation de certains secteurs (automobile, électricité) ; • modernisation de l’industrie (taylorisme et fordisme) et du commerce (grande distribution) ; nuance : stagnation agricole (48.8% de la population en 1931). Une société encore largement traditionnelle, mais qui se transforme : mutations sociales : • affirmation de la classe ouvrière et domination culturelle et politique de la bourgeoisie ; • mentalités tournées vers la paix et les divertissements : « années folles » ; • débuts du processus d’émancipation féminine ; démographie vieillissante : • accroissement naturel réduit voire négatif, comme en 1929 ; • lente augmentation de la population, due à l’immigration (de 1.4 à 2.7 millions d’étrangers entre 1919 et 1931) ; • vieillissement de la population. Une radicalisation politique aux extrêmes : à gauche : le communisme (PCF) se sépare du socialisme (SFIO) après le congrès de Tours en 1920 ; à l’extrême-droite : les ligues nationalistes et antiparlementaires gagnent en dynamisme après 1924. 2. Une crise économique, sociale et politique. 2.1. La crise économique et sociale. La crise économique : tous les secteurs sont touchés : • chute de la production industrielle (- 30% de 1929 à 1935) ; • chute des prix agricoles de gros (- 44% de 1929 à 1935) ; • chute des exportations (- 50% de 1929 à 1932) ; paralysie de l’État : explosion du déficit public (de 5 milliards en 1930-31 à 11 milliards en 1933). Direcció General d’Educació Secundària Obligatòria i Batxillerat 10
HISTOIRE DE FRANCE ET D’ESPAGNE. VOLUME 3 La crise sociale : hausse du chômage (de 54 000 à 425 000 secourus entre 1931- 35) ; baisse des revenus (6% en moyenne) et du pouvoir d’achat (-30% pour les cultivateurs) ; multiplication des faillites et fermetures d’exploitations agricoles. 2.2. La crise politique. Les conditions : grande instabilité politique, face à la crise et à l’absence de majorité au Parlement : 5 gouvernements entre 1932 et 1934 ; ligues et mouvements d’extrême droite : certains se rapprochent du fascisme par leur discours anticapitaliste, xénophobe, antisémite. L’éclatement de la crise : rôle de l’Affaire Stavisky, scandale compromettant le parti radical au pouvoir (jusqu’au Président du Conseil) ; manifestation des ligues du 6 février 1934 : 15 morts, 1400 blessés. 3. Le Front Populaire : un redressement éphémère. Réaction de la gauche à la menace d’extrême-droite et à la crise : 14/071935 : manifestation des radicaux, socialistes, communistes et syndicats contre le « fascisme » ; élaboration de la stratégie de Front Populaire pour les législatives ; victoire d’avril-mai 1936 : le Front Populaire est majoritaire. Tentatives et échec du Front Populaire : les grèves de mai-juin 1936 : • provoquent une crise sociale énorme (12 142 grèves en juin) ; • poussent à la formation du gouvernement Blum ; avancées considérables pour résoudre la crise et faire progresser les droits des classes populaires : • accords Matignon : conventions collectives, liberté syndicale, hausse des salaires entre 7 et 15% ; • grandes lois sociales : congés payés ; semaine de 40 heures, nationalisations ; • réformes culturelles et éducatives : obligation scolaire à 14 ans, développement du sport, des loisirs, de la culture populaires ; l’échec et ses causes : • difficultés économiques (sauf le chômage) qui persistent et poussent à une « pause des réformes » (abandon du projet d’assurance chômage et retraite) ; • opposition de droite et d’extrême-droite qui ne cesse de combattre le Front Populaire ; Direcció General d’Educació Secundària Obligatòria i Batxillerat 11
HISTOIRE DE FRANCE ET D’ESPAGNE. VOLUME 3 • divisions à l’intérieur du Front Populaire : sur la politique de non-intervention en Espagne : opposition des communistes ; sur la question économique et sociale : opposition des radicaux ; • après deux démissions de Blum (1937 et 1938), le Front Populaire perd les radicaux et se dissout en avril 1938. La France est désormais gouvernée au centre : arrivée de Daladier (radical) à la Présidence du conseil (1938) qui mène une politique plus libérale (assouplissement des 40 heures). La guerre menace : depuis 1935, politique timide de la France et son allié britannique face à la Hitler et ses violations du Traité de Versailles. En septembre 1938, les Accords de Munich sont signés, mais Daladier poursuit le réarmement et prépare la France à rentrer en guerre. Direcció General d’Educació Secundària Obligatòria i Batxillerat 12
HISTOIRE DE FRANCE ET D’ESPAGNE. VOLUME 3 Vers l’épreuve externe Exercice 1. Commentaire de documents. Option A. Document 1. Brochure du Front Populaire de 1936. Document 2. 1936 à travers les souvenirs d’un ouvrier. C’était un de mes meilleurs souvenirs ; ça a été mes douze premiers jours de congés payés. Parce que, jusque-là, on n’avait rien. En plus, il y avait les quarante heures, mais payées quarante-huit heures […]. Puis sont arrivées les conventions collectives, où un patron n’avait plus le droit de payer un ouvrier selon qu’il le jugeait d’après sa mine, s’il avait de grandes oreilles ou pas. On peut dire qu’on a connu une certaine prospérité après 1936. On venait de traverser la crise de 1930 avec les petits salaires, les cigarettes que l’on achetait au détail. À partir de 1937, les salaires ont sérieusement augmenté ; on a commencé à voir fleurir tous les postes de radio dans la cité, les bicyclettes. En un an, il y a eu un changement terrible. S. Bonnet, L’Homme de fer, Presses universitaires de Nancy, 1987. Questions : a) Présenter chaque document et indiquer son idée principale. b) Expliquer le contexte historique des deux documents. c) À partir des documents proposés et de vos connaissances personnelles, rédiger en vingt lignes environ une réponse argumentée répondant au sujet suivant : le Front populaire (1936-1938). Direcció General d’Educació Secundària Obligatòria i Batxillerat 13
HISTOIRE DE FRANCE ET D’ESPAGNE. VOLUME 3 Option B. Texte d’une affiche de la Solidarité française (ligue d’extrême-droite) du 5 février 1934. Daladier vous mène comme un troupeau de foire aux Blum, aux Kaiserstern, aux Schweinkopf et autres Zyromski, dont le nom bien français est tout un programme. Voilà nos maîtres, les patriotes ! Voilà la dictature qui t’attend, peuple de France ! Ton parlement est pourri. Tes politiciens compromis. Ton pays livré à la boue des scandales. Ta sécurité menacée. La guerre civile grogne. La guerre tout court rôde. Paysan, la ruine te menace […]. Ouvriers, intellectuels, votre situation est assaillie par des étrangers. Ni les uns, ni les autres, vous n’êtes plus chez vous. La France aux Français ! Questions : a) Présenter le document et indiquer l’idée principale. b) Expliquer le contexte historique du document. c) À partir du document proposé et de vos connaissances personnelles, rédiger en vingt lignes environ une réponse argumentée expliquant en quoi la crise des années trente est à la fois économique, sociale et politique. Exercice 2. Rédaction. Option A. La crise des années trente en France. Chronologie indicative : 1932 : 15% de chômage dans l’industrie française 6 février 1934 : manifestation des ligues à Paris Mai-juin 1936 : grèves ouvrières Juin 1936 : accords Matignon 1938 : démission de Blum remplacé par Daladier Option B. La formation et la victoire du Front populaire Chronologie indicative : 1929 : krach de Wall Street 1934 : affaire Stavisky 14/07/1935 : manifestation de la gauche à Paris Mai-juin 1936 : grèves ouvrières Juin 1936 : formation du gouvernement Blum Direcció General d’Educació Secundària Obligatòria i Batxillerat 14
HISTOIRE DE FRANCE ET D’ESPAGNE. VOLUME 3 CHAPITRE 7 : Les tensions politiques en Espagne. (1898-1939) Problématique : pourquoi l’Espagne a-t-elle connu une crise politique majeure dans la première moitié du XXº siècle ? Direcció General d’Educació Secundària Obligatòria i Batxillerat 15
HISTOIRE DE FRANCE ET D’ESPAGNE. VOLUME 3 I. La crise du système de la Restauration (1898-1923) Comment le système mis en place en 1874 est-il rentré en crise ? 1. L’échec du réformisme dynastique. Réformes et blocages : le « Désastre » de 1898 et ses conséquences : • la défaite provoque une crise morale et une interrogation sur le sens de la nation espagnole : Génération de 1898 ; • le régénérationnisme : intellectuels influencés par le krausisme voulant régénérer l’Espagne ; moyens d’influence : institutions (Ateneo de Madrid, Institución Libre de Enseñanza, écoles modernes de Ferrer i Guàrdia) et intellectuels (Giner de Los Ríos, Menéndez Pidal, Costa) ; idéologie, «Escuela, despensa y siete llaves para el sepulcro del Cid» (J. Costa) : critique de l’Etat, des mentalités et réformes fondées sur la raison, la science, l’éducation ; • premiers effets politiques du régénérationnisme : 1899 : réformisme de Silavela (décentralisation administrative, réformes fiscales) ; accélération dès 1902 : Alphonse XIII roi, Sagasta meurt (1903) remplacé par Canalejas et Maura à la tête du Parti Conservateur ; le réformisme de Maura et ses limites : • « révolution par le haut » : idée : réformer les vices du système (caciquisme) pour éviter toute vague révolutionnaire ; lois contre la fraude électorale, sur la Colonisation intérieure (1907), sur le Repos dominical (1904) ; • échec avec la Semaine Tragique (26/07-2/08/1909) : agitation à Barcelone avec Solidarité Ouvrière (républicains, socialistes et anarchistes) ; départ de conscrits (18/07) et annonce du désastre du Barranco del Lobo (27/07) : grèves, manifestations, barricades, incendies d’église et de couvents ; répression (175 exilés, 59 condamnés à perpétuité et 5 exécutions) provoquant la chute de Maura ; les réformes de Canalejas (Parti Libéral) : • programme : modernisation, ouverture vers les socialistes, républicains et nationalistes, réformisme social et sécularisation ; • mesures prises : sécularisation : réforme du financement de l’Eglise, Loi du Cadenas (1910) ; politique sociale : impôt progressif sur le revenu, suppression de l’exemption militaire contre paiement ; politique régionale : loi sur les Mancomunidades, adoptée après l’assassinat de Canalejas (1912), en 1914. Direcció General d’Educació Secundària Obligatòria i Batxillerat 16
HISTOIRE DE FRANCE ET D’ESPAGNE. VOLUME 3 Les oppositions : le républicanisme : • tentative d’unification : Union Républicaine (1903) : leaders : Salmerón et Lerroux ; rupture due au rapprochement de Salmerón avec les nationalistes (Solidaridad Catalana après la Ley de Jurisdicciones) ; • les plus radicaux (Lerroux) le Parti Radical (1908) : discours extrémiste, anticlérical et anticatalaniste ; après 1909 : Lerroux part à Madrid et se modère ; • tentative de collaboration du courant majoritaire avec le PSOE : Coalition Républicaine-Socialiste (1909) ; nationalismes : • progrès du nationalisme catalan : conservateurs : Lliga Regionalista (Prat de la Riba et Cambó, 1901) gouvernant la Mancomunitat (1914- 1923) ; républicains : mouvements fédéralistes (Unió Federal Nacionalista Republicana de Companys) ou indépendantistes (Estat Català de Macià) s’unissant avec Esquerra Republicana de Catalunya (1931) ; tentatives d’unification : Solidaridad Catalana (1906) ; • progrès du nationalisme basque : débat au PNV sur autonomie / indépendance ; progrès électoraux et sociaux : syndicat Solidaridad de Obreros Vascos ; carlisme et droites extrêmes : • nouveau prétendant : don Jaime de Bourbon (1906) ; • d’abord diversité : scission des germanophiles (Parti Traditionaliste de Vázquez de Mella), Parti National Catholique en marge du système ; • après 1917, renforcement et unification : appui à Primo de Rivera et fusion au sein de Comunión Tradicionalista (1931) ; mouvement ouvrier : • socialistes (Madrid, Pays Basque, Asturies, Andalousie, Levant) : PSOE : marginal mais consolidation territoriale (Comités locaux, provinciaux, Commission Exécutive), numérique (3000 en 1899 à 30000 en 1920), idéologique (méfiance des révolutions, distanciation des partis bourgeois, parlementarisme) et électorale (1920 : 578 conseillers municipaux) ; Union Générale des Travailleurs (1888, Iglesias) en croissance : plus de syndiqués (120000 à 240000 1914-1920), organisation fédérative et professionnelle, action politique et participation aux organismes officiels (Largo Caballero) ; relations étroites PSOE-UGT qui évoluent vers des positions réformistes et modérées ; après 1917 fondation du Parti Communiste d’Espagne ; Direcció General d’Educació Secundària Obligatòria i Batxillerat 17
HISTOIRE DE FRANCE ET D’ESPAGNE. VOLUME 3 • anarchistes (Catalogne, Andalousie, Aragon, Asturies, Levant) : radicaux défendant la « propagande par le fait » : attentats contre l’armée (Martínez Campos, 1893), la bourgeoisie (Liceu, 1893), les politiques (Canalejas, 1912), l’Eglise (Corpus à Barcelone, 1896) ; 1907 : Solidaridad Obrera (Barcelone), fédération syndicale dominée par les anarchistes et impliquée dans la Semaine Tragique ; 1910 : Confédération Nationale du Travail clairement anarcho-syndicaliste : apolitisme, unité syndicale (par branches, comme les Sindicatos Únicos de Industría), lutte révolutionnaire (boycott, grève générale révolutionnaire) et négociation directe avec le patronat ; difficultés jusqu’en 1917, puis croissance (15000 à 700000 membres en 1915-19), leaders (Seguí, Pestaña, Peiró) et réunions importantes (la Comedia en 1919). La crise de 1917 : impact de la Première guerre mondiale : • neutralité du gouvernement Dato impliquant une opportunité économique : forte demande agricole et industrielle ; • enrichissement de certains accompagné d’une crise sociale : hausse des prix des produits de base car demande en hausse et spéculation ; salaires stables et conditions de vie des plus pauvres qui se dégradent, alimentant le mécontentement ; triple crise de 1917 : • crise militaire marquée par la création de Juntes de Défense : armée déséquilibrée par la surreprésentation des officiers et les conditions d’avancement ; inflation fragilisant le pouvoir d’achat ; revendications : amélioration des salaires, réforme de l’avancement, réforme politique (manifeste de 06/1917) ; • crise parlementaire : autoritarisme des gouvernements (Dato, Romanones, puis Dato) : fermeture des Cortès (juillet 1916), Etat d’exception et censure (1917) ; opposition réclamant des réformes, surtout pendant l’Assemblée des parlementaires catalans (07/1917) : Cortès constituantes, décentralisation ; échec des députés le 19/07/1917 : réunion dissoute, pas de soutien des militaires, divisions, débordement par le mouvement ouvrier (août 1917) ; • crise sociale : 1916 : premier mouvement de grève ; mars 1917 : accord CNT-UGT réclamant le contrôle des prix au gouvernement ; août 1917 : UGT appelle à la grève générale avec des revendications révolutionnaires (régime républicain, gouvernement provisoire et Cortès constituantes). Bilan : impact très inégal (peu de soutien des campagnes, surtout à Madrid, Barcelone, Pays Basque et Asturies), répression (plus de 70 morts), mais affaiblissement du régime face à une opposition radicalisée. Direcció General d’Educació Secundària Obligatòria i Batxillerat 18
HISTOIRE DE FRANCE ET D’ESPAGNE. VOLUME 3 2. La chute du système de la Restauration (1917-1923). La crise du parlementarisme dynastique : les partis dynastiques peinent à réunir des majorités stables et forment des gouvernements de concentration comme le Gobierno Nacional de Maura en 1918 (libéraux, conservateurs et régionalistes catalans) ; incapacité à conduire des réformes ; après 1918 : retour au bipartisme et à l’alternance, grande instabilité (10 gouvernements jusqu’en 1923), mesures d’exception (fermeture des Cortès, atteintes aux libertés publiques). Un climat de forte conflictualité sociale : contexte troublé : • révolutions russes et vague révolutionnaire en Europe ; • effets de la fin du conflit sur l’économie : chute de la production, hausse des prix et du chômage ; • malaise social croissant ; mouvements sociaux : • conflits dans les régions industrielles comme la grève de La Canadiense (1 mois et ½, industrie locale paralysée, répression patronale contre les syndicats) ; • Triennat bolchévique (1918-1921) dans les campagnes (Andalousie) : révoltes paysannes encouragées par les anarchistes : récoltes incendiées, terres et municipalités occupées (Cordoue : 23 grèves, 30000 paysans impliqués ; répression forte : Etat de siège, interdictions des organisations syndicales et internement des meneurs ; • radicalisation pendant le pistolerismo (1916-1923) : patrons (Fédération Patronale soutenue par les autorités : tueurs pour assassiner les leaders syndicaux ou leurs défenseurs (Seguí, 1923 et Layret, 1920), mesures radicales (lock-out) appuyées par la répression du gouvernement (Ley de fugas en 1921) ; travailleurs : violence d’anarchistes proches de la CNT (Los Solidarios) comme l’assassinat de Dato (1921). L’impact de la crise marocaine : reprise de l’insurrection rifaine contre le protectorat espagnol ; relance de la pacification (1921) sous les ordres de Silvestre ; désastre d’Annual (22/07/1921) : 13000 morts face à Abd-el-Krim ; La perspective d’un débat parlementaire sur les causes du désastre et la crise politique permanente sont le prétexte du coup d’Etat militaire de Primo de Rivera du 13/09/1923. Direcció General d’Educació Secundària Obligatòria i Batxillerat 19
HISTOIRE DE FRANCE ET D’ESPAGNE. VOLUME 3 Vers l’épreuve externe. Exercice 1. Commentaire de documents. Option A. La virulente opposition de Lerroux. Rebellez-vous contre tous ; personne ou presque n’est juste […]. Soyez arrogants comme si personne au monde n’était plus fort que vous, ce qui est vrai. […] Soyez imprudents, comme si vous étiez au-dessus du Destin et de la Fatalité. Soyez audacieux et courageux, comme si la Victoire et la Mort étaient attachées à vos pieds. Soyez la Ve qui se renouvelle, la nature qui triomphe, la pensée qui illumine, la volonté qui crée, l’amour éternel […]. Jeunes barbares d’aujourd’hui, entrez en la saccageant dans la civilisation décadente et misérable de ce pays sans avenir, détruisez ses temples, finissez-en avec ses dieux, […] emparez-vous des registre de propriété et transformez leur papier en bûchers pour que le peuple purifie notre infâme organisation sociale, pénétrez dans les foyers les plus humbles et levez des légions de prolétaires, pour que le peuple tremble devant ces juges éveillés. Il faut tout reconstruire, avec les vieux sièges poussiéreux, avec les poutres humides des vieux bâtiments en ruines, mais avant nous avons besoin de la catapulte qui pourra abattre les murs […]. LERROUX, A., Rebeldes, rebeldes. Barcelona, 1906. Questions : a) Présenter le document et indiquer l’idée principale. b) Expliquer le contexte historique du document. c) À partir du document proposé et de vos connaissances personnelles, rédiger en vingt lignes environ une réponse argumentée expliquant l’évolution de l’opposition pendant la crise de la Restauration (1898-1923). Option B. Photographie prise durant la Semaine tragique à Barcelone, 1909. Questions : a) Présenter le document et indiquer l’idée principale. b) Expliquer le contexte historique du document. c) À partir du document proposé et de vos connaissances personnelles, rédiger en vingt lignes environ une réponse argumentée répondant au sujet suivant : la Semaine tragique de Barcelone. Direcció General d’Educació Secundària Obligatòria i Batxillerat 20
HISTOIRE DE FRANCE ET D’ESPAGNE. VOLUME 3 Exercice 2. Rédaction. Option A. La crise et la chute de la monarchie (1898-1923). Chronologie indicative : 1898 : « désastre » de Cuba 1906 : Ley de Jurisdicciones 1909 : Semaine tragique de Barcelone 1917 : crise politique et sociale 21921 : désastre d’Annual Option B. La crise de 1917. Chronologie indicative : Juin 1917 : manifeste des Juntes de défense 5/07/1917 : assemblée des parlementaires catalans 19/07/1917 : dissolution par la garde civile de la réunion des députés d’opposition Août 1917 : grève générale Novembre 1917 : démission du 1er ministre Dato Direcció General d’Educació Secundària Obligatòria i Batxillerat 21
HISTOIRE DE FRANCE ET D’ESPAGNE. VOLUME 3 II. La dictature de Primo de Rivera (1923-1931). Comment la dictature qui prétendait sauver la monarchie en a-t-elle accéléré la chute? 1. Les fondements de la dictature. 1.1. La justification du coup d’Etat. Trouver une solution aux blocages dont souffre l’Espagne : politiques : système dynastique impopulaire, caciquisme, fraude, nationalismes régionaux ; sociaux : conflictualité, pistolérisme ; tensions dans l’armée : divisions africanistes/juntistes, humiliation d’Annual. Sauver la monarchie en la refondant sur de nouvelles bases : prétentions régénérationnistes (Manifeste du coup d’Etat) : • redresser l’Espagne par le haut en changeant le système ; • troisième voie entre capitalisme et socialisme pour dynamiser l’économie et éviter les tensions sociales ; • assurer l’unité du pays et redonner sa fierté à l’armée ; selon certains historiens, volonté de bloquer les réformes démocratiques et sociales : envisagées par le dernier gouvernement de concentration de García Prieto (démocratisation de la constitution, sécularisation). 1.2. Les appuis de la dictature. Le soutien déclaré : Alphonse XIII : accepte le coup d’Etat ; secteur majoritaire de l’armée, forces politiques conservatrices lassées par l’alternance et Eglise catholique ; haute bourgeoisie d’affaires, industrielle et propriétaires terriens : soutien initial du Syndicat libre et de la Lliga Regionalista ; La neutralité bienveillante : une partie du mouvement socialiste : apolitisme et collaboration pour faire progresser les droits sociaux ; fraction importante du PSOE et d’UGT menée par Largo Caballero. Direcció General d’Educació Secundària Obligatòria i Batxillerat 22
HISTOIRE DE FRANCE ET D’ESPAGNE. VOLUME 3 2. L’œuvre réformatrice de la dictature. 2.1. La mise en place et l’évolution du nouveau régime. La prétendue dictature provisoire (1923-fin1925) : pouvoir exercé par les militaires (état de guerre) soit directement (Directoire Militaire jusqu’en 1925), soit indirectement (Directoire Civil avec Calvo Sotelo et Aunós au gouvernement) ; régime dictatorial : • suspension de la constitution et des libertés (presse, réunion) et des mécanismes électoraux (conseils municipaux dissouts et nommés par le gouvernement) ; • interdiction des partis politiques et des syndicats ; • justice et ordre public dominés par l’armée ; reprise en main de la situation au Maroc : • reprise des opérations militaires en coordination avec la France (débarquement d’Alhucemas en 1925) ; • lutte victorieuse pour la pacification du protectorat espagnol (reddition d’Abd-el-Krim en 1926). La tentative d’institutionnalisation du régime (1926-1930) : tentative de réforme institutionnelle : Assemblée nationale consultative (1927) formée selon une logique corporative ; tentative d’enraciner le régime : • grâce à des organisations de masse : Union Patriotique (parti gouvernemental), revivification de l’institution du Somatén ; • instrumentalisation du patriotisme et de la religion : Día de la Raza, mesures pour l’Eglise (cours obligatoires de religion) ; • développement de l’instruction : 8000 nouvelles écoles, diminution de 9% de l’analphabétisme entre 1920 et 1930. 2.2. Les réformes économiques et sociales. L’interventionnisme étatique : conjoncture économique favorable dans les années 1920 ; objectifs : modernisation économique par l’industrie et les infrastructures ; intervention étatique (nationalisations, travaux, protectionnisme) : décret de Protection de l’Industrie Nationale (aides d’Etat), monopoles (Compañía Telefónica Nacional de España, Campsa). Une politique sociale dominée par le corporatisme : pacification des conflits sociaux par une main tendue aux forces modérées et la répression contre les plus radicaux : CNT ; syndicalisme vertical : Organisation Corporative Nationale (patrons et ouvriers dans comités paritaires). Direcció General d’Educació Secundària Obligatòria i Batxillerat 23
HISTOIRE DE FRANCE ET D’ESPAGNE. VOLUME 3 3. La chute de la dictature. 3.1. La montée des oppositions. Les anciens partis dynastiques : rapidement contre la dictature, au nom de la constitution ; alliés au secteur d’opposition de l’armée pour tenter des soulèvements : Sanjuanada (1926), soulèvement de Sánchez Guerra (1929). Les intellectuels et universitaires : victimes de la censure ; agitation et grèves étudiantes qui aboutissent à la création de la Fédération Universitaire Espagnole (républicaine) ; opposition des principaux intellectuels : Unamuno (exilé aux Canaries), Ortega y Gasset, Blasco Ibañez (exilé en France) et Menéndez Pidal. Les républicains et nationalistes : opposition des républicains unis au sein de l’Alliance républicaine ; opposition croissante du nationalisme catalan : • catalanistes républicains, notamment indépendantistes d’Estat Català (Macià) : tentative d’invasion depuis la France en 1926 ; • Lliga Regionalista face à l’anti-catalanisme de Primo de Rivera : Mancomunitat dissoute, interdiction du catalan, de la Sardana, des symboles catalanistes. L’extrême gauche socialiste et anarchiste : évolution progressive du PSOE vers l’hostilité défendue par Prieto ; CNT : répression provoquant la scission modérés (Pestaña)/radicaux fondant la Fédération Anarchiste Ibérique (FAI) en juillet 1927. 3.2. De la crise politique à la difficile transition post-dictature. La chute de Primo de Rivera : face au mécontentement, le roi retire son soutien au dictateur ; 30/01/1930 : Primo de Rivera démissionne et s’exile à Paris. De la dictablanda à la chute de la monarchie : Bérenguer reçoit la mission d’un retour à la constitution et la tenue d’élections ; l’opposition s’organise avec le Pacte de San Sebastián (août 1930) : • signataires : républicains, catalanistes de gauche et PSOE ; • programme : coalition électorale, comité révolutionnaire pour opérer le passage à la république ; après l’échec de Bérenguer, Aznar est chargé d’organiser les élections : • premières : élections municipales, le 12/04/1931 ; • vécues comme un plébiscite sur la monarchie. Ces élections vont provoquer l’avènement de la République. Direcció General d’Educació Secundària Obligatòria i Batxillerat 24
HISTOIRE DE FRANCE ET D’ESPAGNE. VOLUME 3 Vers l’épreuve externe. Exercice 1. Commentaire de documents. Option A. Caricature publiée dans El Imparcial, 26/09/1923. Questions : a) Présenter le document et indiquer l’idée principale. b) Expliquer le contexte historique du document. c) À partir du document proposé et de vos connaissances personnelles, rédiger en vingt lignes environ une réponse argumentée expliquant en quoi le coup d’État de 1923 détruit le système de la Restauration tout en prétendant sauver la monarchie. Option B. . Direcció General d’Educació Secundària Obligatòria i Batxillerat 25
HISTOIRE DE FRANCE ET D’ESPAGNE. VOLUME 3 Questions : a) Présenter le document et indiquer l’idée principale. b) Expliquer le contexte historique du document. c) À partir du document proposé et de vos connaissances personnelles, rédiger en vingt lignes environ une réponse argumentée répondant au sujet suivant : la crise et la chute de la dictature de Primo de Rivera. Exercice 2. Rédaction. Option A. L’opposition à la dictature militaire (1923-1931). Chronologie indicative : Juin 1926 : Sanjuanada Novembre 1926 : échec de la tentative d’invasion de Prats de Mollo 1927 : fondation de la F.A.I. Août 1930 : Pacte de San Sebastián 12/04/1931 : élections municipales Option B. La dictature de Primo de Rivera. Chronologie indicative : Septembre 1923 : coup d’État militaire 1925 : le Directoire civil remplace le Directoire militaire 1926 : reddition d’Abd-el-Krim 30/01/1930 : exil de Primo de Rivera à Paris 14/04/1931 : proclamation de la République Direcció General d’Educació Secundària Obligatòria i Batxillerat 26
HISTOIRE DE FRANCE ET D’ESPAGNE. VOLUME 3 III. La Seconde République (1931-1936). Comment expliquer l’échec de la Seconde République espagnole ? 1. La mise en place de la République. 1.1. De la monarchie à la République. L’impact des élections municipales du 12/04/1931 : les élections municipales dessinent une nouvelle carte politique : • monarchistes : nombre légèrement supérieur d’élus ; • républicains-socialistes : énorme succès dans les grandes villes (41 des 50 capitales provinciales) et les centres industriels (x3 du nombre de votes à Madrid, x4 à Barcelone) ; Éibar, Valence, Séville, Oviedo, Saragosse et Barcelone proclament le 14 avril la République accueillie par des manifestations pacifiques ; • Alphonse XIII déclare renoncer au trône et s’exile ; • les signataires du Pacte de San Sebastián forment un gouvernement provisoire proclamant la Seconde République. Le Gouvernement provisoire et la formation des Cortès constituantes : gouvernement provisoire formé : • dirigé par Alacalá Zamora (républicain conservateur) ; • diverses tendances : républicains (conservateurs, radicaux et gauche), socialistes, nationalistes catalans et galiciens ; en attendant les élections des Cortès constituantes ; • mesures d’urgence : amnistie politiques ; libertés publiques et syndicales ; rénovation des hauts-fonctionnaires ; • mesures annoncées ou en marche : réforme de l’armée ; négociations des autonomies catalanes ou basques ; protection des paysans expulsés en cas d’impayés ; les élections aux Cortès (28/06) légitiment le changement de régime : • coalition républicaine-socialiste : majoritaire (250/464 sièges) avec une forte participation (plus de 70%) ; • Alcalá Zamora est confirmé comme chef du gouvernement ; • les membres du gouvernement provisoire sont reconduits. 1.2. Les bases institutionnelles et politiques du régime républicain. La constitution de 1931 : adoptée par les Cortès en décembre 1931 après débats et tensions : • tensions droite/gauche qui se divisent sur plusieurs points : question des nationalismes et de la religion ; • les ministres conservateurs démissionnent et Alcalá Zamora, remplacé par Azaña, devient Président de la République ; Direcció General d’Educació Secundària Obligatòria i Batxillerat 27
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