HISTOIRE DE FRANCE ET D'ESPAGNE - MANUEL - VOLUME 3 - JEAN-BASTIEN URFELS

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HISTOIRE DE FRANCE ET D'ESPAGNE - MANUEL - VOLUME 3 - JEAN-BASTIEN URFELS
CURRICULUM MIXTE BATXIBAC

HISTOIRE DE FRANCE
   ET D’ESPAGNE

  MANUEL – VOLUME 3
         (1º et 2º Batxibac)

   JEAN-BASTIEN URFELS
         Septembre 2014
HISTOIRE DE FRANCE ET D'ESPAGNE - MANUEL - VOLUME 3 - JEAN-BASTIEN URFELS
HISTOIRE DE FRANCE ET D’ESPAGNE. VOLUME 3

Sommaire

CONTEXTUALISATION : l’Europe dans la 1ère moitié du XXº siècle                          PAGE 3

CHAPITRE 6 : la France sous la Troisième République (1879-1940)                        PAGE 4

I. L’enracinement de la Troisième République (1879-1914)                                PAGE 5
        Vers l’épreuve externe                                                          PAGE 8
II. La Troisième République face à la crise des années 1930                            PAGE 10
        Vers l’épreuve externe                                                         PAGE 13

CHAPITRE 7 : les tensions politiques en Espagne (1898-1939)                            PAGE 15

I. La crise du système de la Restauration (1898-1923)                                  PAGE 16
         Vers l’épreuve externe                                                        PAGE 20
II. La dictature de Primo de Rivera (1923-1931)                                        PAGE 22
         Vers l’épreuve externe                                                        PAGE 25
III. La Seconde République (1931-1936)                                                 PAGE 27
         Vers l’épreuve externe                                                        PAGE 35

CHAPITRE 8 : la France pendant la Seconde guerre mondiale (1940-44) PAGE 37

I. Le régime de Vichy (1940-44)                                                        PAGE 38
II. La France libre et la Résistance (1940-44)                                         PAGE 40
III. La France et les Français pendant la guerre (1940-44)                             PAGE 42
         Vers l’épreuve externe                                                        PAGE 44

CHAPITRE 9 : la Guerre civile espagnole (1936-39)                                      PAGE 46

I. les étapes de la guerre civile (1936-39)                                            PAGE 47
II. L’Espagne pendant la Guerre civile (1936-39)                                       PAGE 50
III. Les Espagnols pendant la guerre                                                   PAGE 55
         Vers l’épreuve externe                                                        PAGE 56

                    Direcció General d’Educació Secundària Obligatòria i Batxillerat
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HISTOIRE DE FRANCE ET D'ESPAGNE - MANUEL - VOLUME 3 - JEAN-BASTIEN URFELS
HISTOIRE DE FRANCE ET D’ESPAGNE. VOLUME 3

                   CONTEXTUALISATION :
           l’Europe dans la 1ère moitié du XXº siècle

I. Avant 1914 : entre Belle Époque et montée des tensions.

       La Belle Époque : à partir de 1870, l’Europe vit une période de paix et, à partir
       de 1896, de croissance économique. Cette époque de stabilité et de
       prospérité est caractérisée par la foi dans le progrès scientifique, un grand
       optimisme et une certaine insouciance.
       Les principales puissances européennes, à l’exception de l’Allemagne,
       dominent le monde grâce à leurs empires coloniaux, comme la France et le
       Royaume-Uni.
       Les rivalités croissantes entre puissances européennes aboutissent à une
       montée des tensions et à la formation d’alliances : la Triple Entente et la
       Triple Alliance.

II. La Première guerre mondiale.

       De 1914 à 1918, les systèmes d’alliance s’affrontent dans une guerre
       européenne qui devient mondiale, par l’implication des territoires colonisés
       et celle des États-Unis (en 1917).
       L’Europe sort exsangue de ce conflit qui fait près de 20 millions de morts et
       redessine la carte du continent en créant les conditions d’un nouvel
       affrontement.
       En parallèle au conflit, la révolution bolchévique lancée en Russie en 1917
       triomphe et provoque un climat révolutionnaire dans toute l’Europe.

III. La crise des années 1930.

       Après un retour à la prospérité dans les années 1920 (les Années Folles)
       malgré les destructions et les pertes de la guerre, le krach de Wall Street de
       1929 plonge le monde et l’Europe dans une profonde crise économique.
       Les dramatiques conséquences sociales de cette crise favorisent un climat
       profond d’instabilité politique, certains États basculant dans le totalitarisme
       (Allemagne, Italie), d’autres dans la guerre civile (Espagne).

IV. La Seconde guerre mondiale.

       La politique agressive de revanche et d’expansionnisme de l’Allemagne
       nazie entraîne le déclenchement d’une nouvelle guerre mondiale qui dure de
       1939 à 1945.
       Le conflit fait 50 millions de morts, dont 6 millions de victimes du génocide
       perpétré par les Nazis.
       À l’issue de la guerre, l’Europe sort durablement affaiblie par les pertes et les
       destructions, alors que les principaux vainqueurs, les États-Unis et l’U.R.S.S.
       dominent désormais le monde.

                    Direcció General d’Educació Secundària Obligatòria i Batxillerat
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HISTOIRE DE FRANCE ET D’ESPAGNE. VOLUME 3

               CHAPITRE 6 :
   La France sous la Troisième République.
                (1879-1940)

                 Problématique :
en quoi la Troisième République constitue-t-elle
          une étape politique majeure
            de l’histoire de France ?

          Direcció General d’Educació Secundària Obligatòria i Batxillerat
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        I. L’enracinement de la Troisième République
                        (1879-1914)
     Comment les républicains sont-ils parvenus à créer une République stable ?

Une fois au pouvoir, les républicains vont mener une série de réformes visant à
consolider et enraciner le régime républicain en France.

Deux tendances vont dominer le « parti républicain » : les modérés (Gambetta, Ferry)
ou « opportunistes », et les radicaux (Clemenceau). Certains socialistes (Jaurès)
vont se joindre à leurs efforts pour faire progresser l’idéal républicain.

1. La politique intérieure.

1.1 Faire la République.

           Grandes mesures symboliques :

                  amnistie des Communards condamnés après la répression de la
                  Commune de Paris ;
                  retour du Parlement à Paris ;
                  symboles d’unité : 14 juillet devenu fête nationale, la Marseillaise
                  hymne national et figure de Marianne diffusée sur tout le territoire.

           L’extension de la démocratie :

                  Libertés individuelles et collectives : presse (1881), réunion (1881),
                  syndicale (1884), d’association (1901), droit au divorce (1884) ;
                  démocratie locale : maires élus par les conseils municipaux (1882).

           La politique scolaire impulsée par Ferry et Buisson :

                  1880 : création de lycées de filles ;
                  1881-1882 : gratuité, obligation et laïcité de l’enseignement
                  primaire (6-13 ans) ;
                  1886 : laïcisation du personnel des écoles publiques.

1.2 Un régime stable face aux menaces.

           La menace antiparlementaire :

                  régime critiqué par l’extrême-gauche (anarchistes, socialistes,
                  certains radicaux) et la droite (monarchistes, nationalistes) qui
                  dénoncent :
                      • la corruption illustrée par des scandales politico-
                          financiers : affaire des décorations (1887), scandale de
                          Panama (1893) ;
                      • la politique coloniale menée au détriment de la revanche
                          contre l’Allemagne ;

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       les mécontent s’appuient sur la popularité du Général Boulanger ;
          • tentative de conquête du pouvoir par les élections en
             réclamant « Dissolution, Révision, Constituante » ;
          • échec aux élections de 1889 et Boulanger se suicide en
             1891.

La menace nationaliste et monarchiste : l’Affaire Dreyfus :

       1898 : éclatement du scandale provoqué par la condamnation de
       Dreyfus (1894) pour trahison, avec le « J’accuse » de Zola ;
       la France est coupée en deux :
           • dreyfusards (Zola, Jaurès, Clemenceau) : défense des
              droits de l’homme, de la justice et de la République ;
           • antidreyfusards (Maurras, Déroulède) : monarchisme,
              nationalisme, antisémitisme ;
       malgré la réhabilitation de Dreyfus (1906), l’Affaire laisse des traces
       durables dans la vie politique française.

La question religieuse :

       1892 : Ralliement à la République demandé par le pape aux
       catholiques mais beaucoup restent hostiles ;
       mauvaises relations avec le Vatican conduisant les républicains à
       ala loi de Séparation des Eglises et de l’Etat (9 décembre 1905) :
           • liberté absolue de conscience assurée ;
           • aucun culte reconnu, salarié, ni subventionné ;
           • patrimoine religieux construit avant 1905 : public ;
           • tension très forte entre certains catholiques et le régime
               après l’adoption de la loi : crise des Inventaires (1906).

La question sociale :

       mouvement socialiste qui progresse dans l’opinion :
           • ralentissement économique mondial (Longue Dépression,
                1873-1896) et mauvaises conditions de vie et de travail ;
           • mouvement ouvrier qui s’organise : fondation de la CGT
                (1895), célébration du 1er mai (depuis 1890) et fondation de
                la SFIO (1905) ;
           • lutte sociale par la propagande, la grève générale ou la
                révolution socialiste par le suffrage universel (Jaurès) ;
       certains anarchistes deviennent extrémistes : assassinat de
       Carnot en 1894 ;
       mobilisations ou grèves tournant à l’affrontement : grève des
       mineurs (1906), des vignerons (1907) ou des sablières (1908) ;
       l’autorité de l’État est maintenue et des lois sociales sont votées :
       repos hebdomadaire, création du ministère du Travail.

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2. La politique extérieure.

2.1 La politique coloniale.

          L’héritage colonial à la proclamation de la IIIº République :

                  embryon d’empire : restes du premier empire colonial et des
                  débuts du second empire colonial ;
                  la monarchie de Juillet et le Second Empire ont conquis :
                      • en Afrique (Algérie, Sénégal, Golfe de Guinée) ;
                      • en Asie (Cochinchine et Cambodge) ;
                      • dans le Pacifique (Nouvelle Calédonie, Polynésie française).

          Une politique d’expansion et de concurrence européenne :

                  conquêtes lancées à partir de territoires déjà colonisés :
                     • Afrique : Madagascar, Afrique occidentale, Tunisie, Maroc ;
                     • Asie : Tonkin, Annam et Laos ;
                  constitution de grands ensembles coloniaux :
                     • Afrique Occidentale Française (A.O.F.) ;
                     • Afrique Equatoriale Française (A.E.F.) ;
                     • Union Indochinoise.

2.2 La montée des périls.

          Une série de crises annonciatrices :

                  politique coloniale de la France qui se heurte à l’expansionnisme
                  d’autres nations européennes, créant de fortes tensions avec :
                      • l’Angleterre : incident de Fachoda (1898) ;
                      • l’Allemagne : crises de Tanger (1905) et d’Agadir (1911) ;
                  1912-1913 : deux guerres balkaniques font monter la tension ;
                      • instabilité de la région : la « poudrière des Balkans » ;
                      • implication des grandes puissances dans ces conflits et le
                          mécanisme dangereux des alliances.

          La formation des alliances :

                  1892-1893 : la France devient alliée de la Russie, puis du
                  Royaume Uni en 1904 (l’Entente cordiale) ;
                  1907 : Triple Entente face à la Triple Alliance (1896) des empires
                  centraux (Reich allemand et Autriche-Hongrie alliés à l’Italie).

          La marche à la guerre :

                  sous l’impulsion du président Poincaré, la France fait passer son
                  service militaire de deux à trois ans ;
                   les esprits et l’économie préparés à la revanche sur l’Allemagne ;
                  tentative des socialistes pacifistes d’enrayer l’entrée en guerre
                  après l’attentat de Sarajevo (28 juin 1914) :
                      • mais l’assassinat de Jaurès (31/07/1914) marque leur
                          échec ;
                      • s’impose alors la politique d’ « Union sacrée ».

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                            Vers l’épreuve externe

                 Exercice 1. Commentaire de documents.
Option A. Discours de Jules Ferry à la Chambre.

M. Jules Ferry : Je ne crois faire, en aucune façon, preuve d'héroïsme en venant
défendre ici l'œuvre scolaire de la République […]. Cette œuvre, messieurs, elle est
aujourd'hui, elle sera assurément aux yeux de l'histoire, avec le rétablissement de nos
forces militaires et de notre outillage de guerre, le titre principal de la IIIe République à
la reconnaissance de l'histoire et du pays. (« Très bien ! Très bien ! » au centre.)
 [...]
Messieurs, cette œuvre scolaire de la IIIe République n'est pas une œuvre
personnelle ; elle n'appartient en propre à qui que ce soit dans le Parti républicain, car
elle appartient au pays républicain tout entier. (« Très bien ! Très bien ! » à gauche et
au centre.)
[...]
Ce système d'éducation nationale qui relie, dans un cadre, à la fois puissant et souple,
l'école élémentaire aux plus hautes parties du savoir humain ; ce système d'éducation
nationale au frontispice duquel on n'a pas craint d'écrire que, de la part de la société,
« l'enseignement est un devoir de justice envers les citoyens, » que la société doit à
tous le nécessaire du savoir pratique, et l'avènement aux degrés successifs de la
culture intellectuelle de tous ceux qui sont aptes à les franchir... (« Très bien ! » à
gauche), cette mise en valeur du capital intellectuel de la nation, de toutes les
capacités latentes de tous les génies qui peuvent être méconnus ou étouffés, dans une
grande et féconde démocratie, messieurs, c'était le rêve de nos pères ; et nous avons
le droit de déclarer qu'autant qu'il est possible de dire qu'une chose est accomplie,
grâce à vous, grâce au pays, votre principal collaborateur dans cette grande œuvre,
grâce au pays qui en a été l'âme, ce rêve est devenu une réalité ! (Applaudissements
au centre et sur divers bancs à gauche.)
Jules Ferry, Discours à la Chambre des députés, 6 juin 1889.

Questions :
a) Présenter le document et indiquer l’idée principale.
b) Expliquer le contexte historique du document.
c) À partir du document proposé et de vos connaissances personnelles, rédiger en
vingt lignes environ une réponse argumentée expliquant les mesures prises par les
républicains français pour enraciner la Troisième République.

Option B. L’empire colonial français (E. Lavisse, Histoire de France, 1942, p.
320).

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Questions :
a) Présenter le document et indiquer l’idée principale.
b) Expliquer le contexte historique du document.
c) À partir du document proposé et de vos connaissances personnelles, rédiger en
vingt lignes environ une réponse argumentée répondant au sujet suivant : la poltique
de colonisation sous la Troisième République.

                               Exercice 2. Rédaction.
Option A. L’Affaire Dreyfus (1894-1906).

Chronologie indicative :
1894 : condamnation du capitaine Dreyfus par un Conseil de guerre
1898 : publication de l’article « J’accuse » de Zola dans l’Aurore
1899 : la peine de Dreyfus est réduite, puis il est gracié
1902 : Zola trouve la mort dans l’incendie de son logement
1906 : annulation de la condamnation de Dreyfus qui est réhabilité

Option B. Les obstacles à l’enracinement de la République (1880-1914)

Chronologie indicative :
1887 : affaire des décorations
1889 : défaite électorale du général Boulanger
1898 : l’Affaire Dreyfus éclate au grand jour
1905 : loi de Séparation des Églises et de l’État
1906 : grève des mineurs

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          II. La Troisième République face à la crise
                        des années 1930
     Quel est l’impact de la crise des années 1930 sur la Troisième République ?

1. La France avant la crise : les Années folles.

          Les années 1920, le retour de la croissance économique :

                 croissance industrielle (+ 9.5% en 1921-1929) et retour de la
                 prospérité : hausse du PNB (7% en 1920-1924, 3% en 1924-1929) ;
                 causes :
                     • conjoncture mondiale et effets de la reconstruction ;
                     • consommation        de   certains   secteurs    (automobile,
                        électricité) ;
                     • modernisation de l’industrie (taylorisme et fordisme) et du
                        commerce (grande distribution) ;
                 nuance : stagnation agricole (48.8% de la population en 1931).

          Une société encore largement traditionnelle, mais qui se transforme :

                 mutations sociales :
                    • affirmation de la classe ouvrière et domination culturelle et
                       politique de la bourgeoisie ;
                    • mentalités tournées vers la paix et les divertissements :
                       « années folles » ;
                    • débuts du processus d’émancipation féminine ;
                 démographie vieillissante :
                    • accroissement naturel réduit voire négatif, comme en 1929 ;
                    • lente augmentation de la population, due à l’immigration
                       (de 1.4 à 2.7 millions d’étrangers entre 1919 et 1931) ;
                    • vieillissement de la population.

          Une radicalisation politique aux extrêmes :

                 à gauche : le communisme (PCF) se sépare du socialisme (SFIO)
                 après le congrès de Tours en 1920 ;
                 à l’extrême-droite : les ligues nationalistes et antiparlementaires
                 gagnent en dynamisme après 1924.

2. Une crise économique, sociale et politique.

2.1. La crise économique et sociale.

          La crise économique :

                 tous les secteurs sont touchés :
                    • chute de la production industrielle (- 30% de 1929 à 1935) ;
                    • chute des prix agricoles de gros (- 44% de 1929 à 1935) ;
                    • chute des exportations (- 50% de 1929 à 1932) ;
                 paralysie de l’État : explosion du déficit public (de 5 milliards en
                 1930-31 à 11 milliards en 1933).

                   Direcció General d’Educació Secundària Obligatòria i Batxillerat
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HISTOIRE DE FRANCE ET D’ESPAGNE. VOLUME 3

           La crise sociale :

                  hausse du chômage (de 54 000 à 425 000 secourus entre 1931-
                  35) ;
                  baisse des revenus (6% en moyenne) et du pouvoir d’achat (-30%
                  pour les cultivateurs) ;
                  multiplication des faillites et fermetures d’exploitations agricoles.

2.2. La crise politique.

           Les conditions :

                  grande instabilité politique, face à la crise et à l’absence de majorité
                  au Parlement : 5 gouvernements entre 1932 et 1934 ;
                  ligues et mouvements d’extrême droite : certains se rapprochent
                  du fascisme par leur discours anticapitaliste, xénophobe,
                  antisémite.

           L’éclatement de la crise :

                  rôle de l’Affaire Stavisky, scandale compromettant le parti radical au
                  pouvoir (jusqu’au Président du Conseil) ;
                  manifestation des ligues du 6 février 1934 : 15 morts, 1400 blessés.

3. Le Front Populaire : un redressement éphémère.

           Réaction de la gauche à la menace d’extrême-droite et à la crise :

                  14/071935 : manifestation des radicaux, socialistes, communistes
                  et syndicats contre le « fascisme » ;
                  élaboration de la stratégie de Front Populaire pour les législatives ;
                  victoire d’avril-mai 1936 : le Front Populaire est majoritaire.

           Tentatives et échec du Front Populaire :

              les grèves de mai-juin 1936 :
                       • provoquent une crise sociale énorme (12 142 grèves en
                           juin) ;
                       • poussent à la formation du gouvernement Blum ;
              avancées considérables pour résoudre la crise et faire progresser les
              droits des classes populaires :
                       • accords Matignon : conventions collectives, liberté
                           syndicale, hausse des salaires entre 7 et 15% ;
                       • grandes lois sociales : congés payés ; semaine de 40
                           heures, nationalisations ;
                       • réformes culturelles et éducatives : obligation scolaire à 14
                           ans, développement du sport, des loisirs, de la culture
                           populaires ;
              l’échec et ses causes :
                       • difficultés économiques (sauf le chômage) qui persistent et
                           poussent à une « pause des réformes » (abandon du projet
                           d’assurance chômage et retraite) ;
                       • opposition de droite et d’extrême-droite qui ne cesse de
                           combattre le Front Populaire ;

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HISTOIRE DE FRANCE ET D’ESPAGNE. VOLUME 3

                     •   divisions à l’intérieur du Front Populaire :
                                sur la politique de non-intervention en Espagne :
                                opposition des communistes ;
                                sur la question économique et sociale : opposition
                                des radicaux ;
               •   après deux démissions de Blum (1937 et 1938), le Front Populaire
                   perd les radicaux et se dissout en avril 1938.

        La France est désormais gouvernée au centre : arrivée de Daladier (radical) à
la Présidence du conseil (1938) qui mène une politique plus libérale (assouplissement
des 40 heures).
        La guerre menace : depuis 1935, politique timide de la France et son allié
britannique face à la Hitler et ses violations du Traité de Versailles. En septembre
1938, les Accords de Munich sont signés, mais Daladier poursuit le réarmement et
prépare la France à rentrer en guerre.

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HISTOIRE DE FRANCE ET D’ESPAGNE. VOLUME 3

                            Vers l’épreuve externe

                Exercice 1. Commentaire de documents.
Option A.

Document 1. Brochure du Front Populaire de 1936.

Document 2. 1936 à travers les souvenirs d’un ouvrier.
        C’était un de mes meilleurs souvenirs ; ça a été mes douze premiers jours de
congés payés. Parce que, jusque-là, on n’avait rien. En plus, il y avait les quarante
heures, mais payées quarante-huit heures […].
        Puis sont arrivées les conventions collectives, où un patron n’avait plus le droit
de payer un ouvrier selon qu’il le jugeait d’après sa mine, s’il avait de grandes oreilles
ou pas.
        On peut dire qu’on a connu une certaine prospérité après 1936. On venait de
traverser la crise de 1930 avec les petits salaires, les cigarettes que l’on achetait au
détail. À partir de 1937, les salaires ont sérieusement augmenté ; on a commencé à
voir fleurir tous les postes de radio dans la cité, les bicyclettes. En un an, il y a eu un
changement terrible.
S. Bonnet, L’Homme de fer, Presses universitaires de Nancy, 1987.

Questions :
a) Présenter chaque document et indiquer son idée principale.
b) Expliquer le contexte historique des deux documents.
c) À partir des documents proposés et de vos connaissances personnelles, rédiger en
vingt lignes environ une réponse argumentée répondant au sujet suivant : le Front
populaire (1936-1938).

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HISTOIRE DE FRANCE ET D’ESPAGNE. VOLUME 3

Option B. Texte d’une affiche de la Solidarité française (ligue d’extrême-droite)
du 5 février 1934.
Daladier vous mène comme un troupeau de foire aux Blum, aux Kaiserstern, aux
Schweinkopf et autres Zyromski, dont le nom bien français est tout un programme.
Voilà nos maîtres, les patriotes !
Voilà la dictature qui t’attend, peuple de France !
Ton parlement est pourri.
Tes politiciens compromis.
Ton pays livré à la boue des scandales.
Ta sécurité menacée.
La guerre civile grogne.
La guerre tout court rôde.
Paysan, la ruine te menace […].
Ouvriers, intellectuels, votre situation est assaillie par des étrangers.
Ni les uns, ni les autres, vous n’êtes plus chez vous.
La France aux Français !

Questions :
a) Présenter le document et indiquer l’idée principale.
b) Expliquer le contexte historique du document.
c) À partir du document proposé et de vos connaissances personnelles, rédiger en
vingt lignes environ une réponse argumentée expliquant en quoi la crise des années
trente est à la fois économique, sociale et politique.

                              Exercice 2. Rédaction.

Option A. La crise des années trente en France.

Chronologie indicative :
1932 : 15% de chômage dans l’industrie française
6 février 1934 : manifestation des ligues à Paris
Mai-juin 1936 : grèves ouvrières
Juin 1936 : accords Matignon
1938 : démission de Blum remplacé par Daladier

Option B. La formation et la victoire du Front populaire

Chronologie indicative :
1929 : krach de Wall Street
1934 : affaire Stavisky
14/07/1935 : manifestation de la gauche à Paris
Mai-juin 1936 : grèves ouvrières
Juin 1936 : formation du gouvernement Blum

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HISTOIRE DE FRANCE ET D’ESPAGNE. VOLUME 3

            CHAPITRE 7 :
 Les tensions politiques en Espagne.
             (1898-1939)

           Problématique :
  pourquoi l’Espagne a-t-elle connu
      une crise politique majeure
dans la première moitié du XXº siècle ?

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HISTOIRE DE FRANCE ET D’ESPAGNE. VOLUME 3

  I. La crise du système de la Restauration (1898-1923)
         Comment le système mis en place en 1874 est-il rentré en crise ?

1. L’échec du réformisme dynastique.

      Réformes et blocages :

            le « Désastre » de 1898 et ses conséquences :
               • la défaite provoque une crise morale et une interrogation sur le
                   sens de la nation espagnole : Génération de 1898 ;
               • le régénérationnisme : intellectuels influencés par le krausisme
                   voulant régénérer l’Espagne ;
                           moyens d’influence : institutions (Ateneo de Madrid,
                           Institución Libre de Enseñanza, écoles modernes de
                           Ferrer i Guàrdia) et intellectuels (Giner de Los Ríos,
                           Menéndez Pidal, Costa) ;
                           idéologie, «Escuela, despensa y siete llaves para el
                           sepulcro del Cid» (J. Costa) : critique de l’Etat, des
                           mentalités et réformes fondées sur la raison, la science,
                           l’éducation ;
               • premiers effets politiques du régénérationnisme :
                           1899 :       réformisme       de     Silavela (décentralisation
                           administrative, réformes fiscales) ;
                           accélération dès 1902 : Alphonse XIII roi, Sagasta meurt
                           (1903) remplacé par Canalejas et Maura à la tête du Parti
                           Conservateur ;
            le réformisme de Maura et ses limites :
               • « révolution par le haut » :
                          idée : réformer les vices du système (caciquisme) pour
                          éviter toute vague révolutionnaire ;
                          lois contre la fraude électorale, sur la Colonisation
                          intérieure (1907), sur le Repos dominical (1904) ;
               • échec avec la Semaine Tragique (26/07-2/08/1909) :
                              agitation à Barcelone avec Solidarité Ouvrière
                              (républicains, socialistes et anarchistes) ;
                              départ de conscrits (18/07) et annonce du désastre du
                              Barranco del Lobo (27/07) : grèves, manifestations,
                              barricades, incendies d’église et de couvents ;
                              répression (175 exilés, 59 condamnés à perpétuité et 5
                              exécutions) provoquant la chute de Maura ;
            les réformes de Canalejas (Parti Libéral) :
               • programme : modernisation, ouverture vers les socialistes,
                   républicains      et    nationalistes,     réformisme      social    et
                   sécularisation ;
               • mesures prises :
                              sécularisation : réforme du financement de l’Eglise, Loi
                              du Cadenas (1910) ;
                              politique sociale : impôt progressif sur le revenu,
                              suppression de l’exemption militaire contre paiement ;
                              politique régionale : loi sur les Mancomunidades,
                              adoptée après l’assassinat de Canalejas (1912), en
                              1914.

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HISTOIRE DE FRANCE ET D’ESPAGNE. VOLUME 3

Les oppositions :

      le républicanisme :
           • tentative d’unification : Union Républicaine (1903) :
                      leaders : Salmerón et Lerroux ;
                      rupture due au rapprochement de Salmerón avec les
                      nationalistes (Solidaridad Catalana après la Ley de
                      Jurisdicciones) ;
           • les plus radicaux (Lerroux) le Parti Radical (1908) :
                      discours extrémiste, anticlérical et anticatalaniste ;
                      après 1909 : Lerroux part à Madrid et se modère ;
           • tentative de collaboration du courant majoritaire avec le
              PSOE : Coalition Républicaine-Socialiste (1909) ;
      nationalismes :
           • progrès du nationalisme catalan :
                    conservateurs : Lliga Regionalista (Prat de la Riba et
                    Cambó, 1901) gouvernant la Mancomunitat (1914-
                    1923) ;
                    républicains : mouvements fédéralistes (Unió Federal
                    Nacionalista     Republicana      de      Companys)      ou
                    indépendantistes (Estat Català de Macià) s’unissant avec
                    Esquerra Republicana de Catalunya (1931) ;
                    tentatives d’unification : Solidaridad Catalana (1906) ;
           • progrès du nationalisme basque :
                    débat au PNV sur autonomie / indépendance ;
                    progrès électoraux et sociaux : syndicat Solidaridad de
                    Obreros Vascos ;
      carlisme et droites extrêmes :
           • nouveau prétendant : don Jaime de Bourbon (1906) ;
           • d’abord diversité : scission des germanophiles (Parti
              Traditionaliste de Vázquez de Mella), Parti National
              Catholique en marge du système ;
           • après 1917, renforcement et unification : appui à Primo de
              Rivera et fusion au sein de Comunión Tradicionalista (1931)
              ;
      mouvement ouvrier :
           • socialistes (Madrid, Pays Basque, Asturies, Andalousie,
              Levant) :
                      PSOE : marginal mais consolidation territoriale
                      (Comités locaux, provinciaux, Commission Exécutive),
                      numérique (3000 en 1899 à 30000 en 1920),
                      idéologique (méfiance des révolutions, distanciation des
                      partis bourgeois, parlementarisme) et électorale (1920 :
                      578 conseillers municipaux) ;
                      Union Générale des Travailleurs (1888, Iglesias) en
                      croissance : plus de syndiqués (120000 à 240000
                      1914-1920), organisation fédérative et professionnelle,
                      action politique et participation aux organismes
                      officiels (Largo Caballero) ;
                      relations étroites PSOE-UGT qui évoluent vers des
                      positions réformistes et modérées ;
                      après 1917 fondation du Parti Communiste
                      d’Espagne ;

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                                         17
HISTOIRE DE FRANCE ET D’ESPAGNE. VOLUME 3

                 •     anarchistes (Catalogne, Andalousie, Aragon, Asturies, Levant) :
                             radicaux défendant la « propagande par le fait » :
                             attentats contre l’armée (Martínez Campos, 1893), la
                             bourgeoisie (Liceu, 1893), les politiques (Canalejas,
                             1912), l’Eglise (Corpus à Barcelone, 1896) ;
                             1907 : Solidaridad Obrera (Barcelone), fédération
                             syndicale dominée par les anarchistes et impliquée
                             dans la Semaine Tragique ;
                             1910 : Confédération Nationale du Travail clairement
                             anarcho-syndicaliste : apolitisme, unité syndicale (par
                             branches, comme les Sindicatos Únicos de Industría),
                             lutte   révolutionnaire (boycott,      grève     générale
                             révolutionnaire) et négociation directe avec le patronat ;
                             difficultés jusqu’en 1917, puis croissance (15000 à
                             700000 membres en 1915-19), leaders (Seguí, Pestaña,
                             Peiró) et réunions importantes (la Comedia en 1919).

      La crise de 1917 :

            impact de la Première guerre mondiale :
                  • neutralité du gouvernement Dato impliquant une opportunité
                      économique : forte demande agricole et industrielle ;
                  • enrichissement de certains accompagné d’une crise sociale :
                           hausse des prix des produits de base car demande en
                           hausse et spéculation ;
                           salaires stables et conditions de vie des plus pauvres
                           qui se dégradent, alimentant le mécontentement ;
            triple crise de 1917 :
                  • crise militaire marquée par la création de Juntes de Défense :
                           armée déséquilibrée par la surreprésentation des
                           officiers et les conditions d’avancement ;
                           inflation fragilisant le pouvoir d’achat ;
                           revendications : amélioration des salaires, réforme de
                           l’avancement, réforme politique (manifeste de 06/1917) ;
                  • crise parlementaire :
                           autoritarisme des gouvernements (Dato, Romanones,
                           puis Dato) : fermeture des Cortès (juillet 1916), Etat
                           d’exception et censure (1917) ;
                           opposition réclamant des réformes, surtout pendant
                           l’Assemblée des parlementaires catalans (07/1917) :
                           Cortès constituantes, décentralisation ;
                           échec des députés le 19/07/1917 : réunion dissoute, pas
                           de soutien des militaires, divisions, débordement par le
                           mouvement ouvrier (août 1917) ;
                  • crise sociale :
                           1916 : premier mouvement de grève ;
                           mars 1917 : accord CNT-UGT réclamant le contrôle des
                           prix au gouvernement ;
                           août 1917 : UGT appelle à la grève générale avec des
                           revendications révolutionnaires (régime républicain,
                           gouvernement provisoire et Cortès constituantes).

Bilan : impact très inégal (peu de soutien des campagnes, surtout à Madrid,
Barcelone, Pays Basque et Asturies), répression (plus de 70 morts), mais
affaiblissement du régime face à une opposition radicalisée.

                     Direcció General d’Educació Secundària Obligatòria i Batxillerat
                                                  18
HISTOIRE DE FRANCE ET D’ESPAGNE. VOLUME 3

2. La chute du système de la Restauration (1917-1923).

      La crise du parlementarisme dynastique :

            les partis dynastiques peinent à réunir des majorités stables et forment
            des gouvernements de concentration comme le Gobierno Nacional
            de Maura en 1918 (libéraux, conservateurs et régionalistes catalans) ;
            incapacité à conduire des réformes ;
            après 1918 : retour au bipartisme et à l’alternance, grande instabilité
            (10 gouvernements jusqu’en 1923), mesures d’exception (fermeture des
            Cortès, atteintes aux libertés publiques).

      Un climat de forte conflictualité sociale :

            contexte troublé :
                 • révolutions russes et vague révolutionnaire en Europe ;
                 • effets de la fin du conflit sur l’économie : chute de la
                    production, hausse des prix et du chômage ;
                 • malaise social croissant ;
             mouvements sociaux :
                • conflits dans les régions industrielles comme la grève de La
                   Canadiense (1 mois et ½, industrie locale paralysée, répression
                   patronale contre les syndicats) ;
                • Triennat bolchévique (1918-1921) dans les campagnes
                   (Andalousie) :
                           révoltes paysannes encouragées par les anarchistes :
                           récoltes     incendiées,    terres   et    municipalités
                           occupées (Cordoue : 23 grèves, 30000 paysans
                           impliqués ;
                           répression forte : Etat de siège, interdictions des
                           organisations syndicales et internement des meneurs ;
               • radicalisation pendant le pistolerismo (1916-1923) :
                           patrons (Fédération Patronale soutenue par les
                           autorités : tueurs pour assassiner les leaders syndicaux
                           ou leurs défenseurs (Seguí, 1923 et Layret, 1920),
                           mesures radicales (lock-out) appuyées par la
                           répression du gouvernement (Ley de fugas en 1921) ;
                           travailleurs : violence d’anarchistes proches de la CNT
                           (Los Solidarios) comme l’assassinat de Dato (1921).

      L’impact de la crise marocaine :

             reprise de l’insurrection rifaine contre le protectorat espagnol ;
             relance de la pacification (1921) sous les ordres de Silvestre ;
             désastre d’Annual (22/07/1921) : 13000 morts face à Abd-el-Krim ;

La perspective d’un débat parlementaire sur les causes du désastre et la crise
politique permanente sont le prétexte du coup d’Etat militaire de Primo de Rivera
du 13/09/1923.

                   Direcció General d’Educació Secundària Obligatòria i Batxillerat
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                           Vers l’épreuve externe.

               Exercice 1. Commentaire de documents.
Option A. La virulente opposition de Lerroux.
Rebellez-vous contre tous ; personne ou presque n’est juste […].
        Soyez arrogants comme si personne au monde n’était plus fort que vous, ce qui
est vrai. […] Soyez imprudents, comme si vous étiez au-dessus du Destin et de la
Fatalité. Soyez audacieux et courageux, comme si la Victoire et la Mort étaient
attachées à vos pieds. Soyez la Ve qui se renouvelle, la nature qui triomphe, la pensée
qui illumine, la volonté qui crée, l’amour éternel […].
        Jeunes barbares d’aujourd’hui, entrez en la saccageant dans la civilisation
décadente et misérable de ce pays sans avenir, détruisez ses temples, finissez-en
avec ses dieux, […] emparez-vous des registre de propriété et transformez leur papier
en bûchers pour que le peuple purifie notre infâme organisation sociale, pénétrez dans
les foyers les plus humbles et levez des légions de prolétaires, pour que le peuple
tremble devant ces juges éveillés.
        Il faut tout reconstruire, avec les vieux sièges poussiéreux, avec les poutres
humides des vieux bâtiments en ruines, mais avant nous avons besoin de la catapulte
qui pourra abattre les murs […].
                                      LERROUX, A., Rebeldes, rebeldes. Barcelona, 1906.

Questions :
a) Présenter le document et indiquer l’idée principale.
b) Expliquer le contexte historique du document.
c) À partir du document proposé et de vos connaissances personnelles, rédiger en
vingt lignes environ une réponse argumentée expliquant l’évolution de l’opposition
pendant la crise de la Restauration (1898-1923).

Option B. Photographie prise durant la Semaine tragique à Barcelone, 1909.

Questions :
a) Présenter le document et indiquer l’idée principale.
b) Expliquer le contexte historique du document.
c) À partir du document proposé et de vos connaissances personnelles, rédiger en
vingt lignes environ une réponse argumentée répondant au sujet suivant : la Semaine
tragique de Barcelone.

                    Direcció General d’Educació Secundària Obligatòria i Batxillerat
                                                 20
HISTOIRE DE FRANCE ET D’ESPAGNE. VOLUME 3

                              Exercice 2. Rédaction.

Option A. La crise et la chute de la monarchie (1898-1923).

Chronologie indicative :
1898 : « désastre » de Cuba
1906 : Ley de Jurisdicciones
1909 : Semaine tragique de Barcelone
1917 : crise politique et sociale
21921 : désastre d’Annual

Option B. La crise de 1917.

Chronologie indicative :
Juin 1917 : manifeste des Juntes de défense
5/07/1917 : assemblée des parlementaires catalans
19/07/1917 : dissolution par la garde civile de la réunion des députés d’opposition
Août 1917 : grève générale
Novembre 1917 : démission du 1er ministre Dato

                    Direcció General d’Educació Secundària Obligatòria i Batxillerat
                                                 21
HISTOIRE DE FRANCE ET D’ESPAGNE. VOLUME 3

       II. La dictature de Primo de Rivera (1923-1931).
Comment la dictature qui prétendait sauver la monarchie en a-t-elle accéléré la chute?

1. Les fondements de la dictature.

1.1. La justification du coup d’Etat.

       Trouver une solution aux blocages dont souffre l’Espagne :

               politiques : système dynastique impopulaire, caciquisme, fraude,
               nationalismes régionaux ;
               sociaux : conflictualité, pistolérisme ;
               tensions dans l’armée : divisions africanistes/juntistes, humiliation
               d’Annual.

       Sauver la monarchie en la refondant sur de nouvelles bases :

               prétentions régénérationnistes (Manifeste du coup d’Etat) :
                  • redresser l’Espagne par le haut en changeant le système ;
                  • troisième voie entre capitalisme et socialisme pour dynamiser
                      l’économie et éviter les tensions sociales ;
                  • assurer l’unité du pays et redonner sa fierté à l’armée ;
               selon certains historiens, volonté de bloquer les réformes
               démocratiques et sociales : envisagées par le dernier gouvernement
               de concentration de García Prieto (démocratisation de la constitution,
               sécularisation).

1.2. Les appuis de la dictature.

       Le soutien déclaré :

               Alphonse XIII : accepte le coup d’Etat ;
               secteur majoritaire de l’armée, forces politiques conservatrices
               lassées par l’alternance et Eglise catholique ;
               haute bourgeoisie d’affaires, industrielle et propriétaires terriens :
               soutien initial du Syndicat libre et de la Lliga Regionalista ;

       La neutralité bienveillante :

               une partie du mouvement socialiste : apolitisme et collaboration pour
               faire progresser les droits sociaux ;
               fraction importante du PSOE et d’UGT menée par Largo Caballero.

                     Direcció General d’Educació Secundària Obligatòria i Batxillerat
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HISTOIRE DE FRANCE ET D’ESPAGNE. VOLUME 3

2. L’œuvre réformatrice de la dictature.

2.1. La mise en place et l’évolution du nouveau régime.

       La prétendue dictature provisoire (1923-fin1925) :

              pouvoir exercé par les militaires (état de guerre) soit directement
              (Directoire Militaire jusqu’en 1925), soit indirectement (Directoire Civil
              avec Calvo Sotelo et Aunós au gouvernement) ;
              régime dictatorial :
                  • suspension de la constitution et des libertés (presse,
                      réunion) et des mécanismes électoraux (conseils municipaux
                      dissouts et nommés par le gouvernement) ;
                  • interdiction des partis politiques et des syndicats ;
                  • justice et ordre public dominés par l’armée ;
              reprise en main de la situation au Maroc :
                  • reprise des opérations militaires en coordination avec la France
                      (débarquement d’Alhucemas en 1925) ;
                  • lutte victorieuse pour la pacification du protectorat espagnol
                      (reddition d’Abd-el-Krim en 1926).

       La tentative d’institutionnalisation du régime (1926-1930) :

              tentative de réforme institutionnelle : Assemblée nationale
              consultative (1927) formée selon une logique corporative ;
              tentative d’enraciner le régime :
                  • grâce à des organisations de masse : Union Patriotique (parti
                      gouvernemental), revivification de l’institution du Somatén ;
                  • instrumentalisation du patriotisme et de la religion : Día de la
                      Raza, mesures pour l’Eglise (cours obligatoires de religion) ;
                  • développement de l’instruction : 8000 nouvelles écoles,
                      diminution de 9% de l’analphabétisme entre 1920 et 1930.

2.2. Les réformes économiques et sociales.

       L’interventionnisme étatique :

              conjoncture économique favorable dans les années 1920 ;
              objectifs : modernisation économique par l’industrie et les
              infrastructures ;
              intervention étatique (nationalisations, travaux, protectionnisme) :
              décret de Protection de l’Industrie Nationale (aides d’Etat),
              monopoles (Compañía Telefónica Nacional de España, Campsa).

       Une politique sociale dominée par le corporatisme :

              pacification des conflits sociaux par une main tendue aux forces
              modérées et la répression contre les plus radicaux : CNT ;
              syndicalisme vertical : Organisation Corporative Nationale (patrons
              et ouvriers dans comités paritaires).

                   Direcció General d’Educació Secundària Obligatòria i Batxillerat
                                                23
HISTOIRE DE FRANCE ET D’ESPAGNE. VOLUME 3

3. La chute de la dictature.

3.1. La montée des oppositions.

        Les anciens partis dynastiques :

                rapidement contre la dictature, au nom de la constitution ;
                alliés au secteur d’opposition de l’armée pour tenter des soulèvements
                : Sanjuanada (1926), soulèvement de Sánchez Guerra (1929).

        Les intellectuels et universitaires :

                victimes de la censure ;
                agitation et grèves étudiantes qui aboutissent à la création de la
                Fédération Universitaire Espagnole (républicaine) ;
                opposition des principaux intellectuels : Unamuno (exilé aux Canaries),
                Ortega y Gasset, Blasco Ibañez (exilé en France) et Menéndez Pidal.

        Les républicains et nationalistes :

                opposition des républicains unis au sein de l’Alliance républicaine ;
                opposition croissante du nationalisme catalan :
                   • catalanistes républicains, notamment indépendantistes d’Estat
                       Català (Macià) : tentative d’invasion depuis la France en 1926 ;
                   • Lliga Regionalista face à l’anti-catalanisme de Primo de
                       Rivera : Mancomunitat dissoute, interdiction du catalan, de la
                       Sardana, des symboles catalanistes.

        L’extrême gauche socialiste et anarchiste :

                évolution progressive du PSOE vers l’hostilité défendue par Prieto ;
                CNT : répression provoquant la scission modérés (Pestaña)/radicaux
                fondant la Fédération Anarchiste Ibérique (FAI) en juillet 1927.

3.2. De la crise politique à la difficile transition post-dictature.

        La chute de Primo de Rivera :

                face au mécontentement, le roi retire son soutien au dictateur ;
                30/01/1930 : Primo de Rivera démissionne et s’exile à Paris.

        De la dictablanda à la chute de la monarchie :

                Bérenguer reçoit la mission d’un retour à la constitution et la tenue
                d’élections ;
                l’opposition s’organise avec le Pacte de San Sebastián (août 1930) :
                    • signataires : républicains, catalanistes de gauche et PSOE ;
                    • programme : coalition électorale, comité révolutionnaire pour
                        opérer le passage à la république ;
                après l’échec de Bérenguer, Aznar est chargé d’organiser les élections :
                    • premières : élections municipales, le 12/04/1931 ;
                    • vécues comme un plébiscite sur la monarchie.

            Ces élections vont provoquer l’avènement de la République.

                      Direcció General d’Educació Secundària Obligatòria i Batxillerat
                                                   24
HISTOIRE DE FRANCE ET D’ESPAGNE. VOLUME 3

                          Vers l’épreuve externe.

               Exercice 1. Commentaire de documents.
Option A. Caricature publiée dans El Imparcial, 26/09/1923.

Questions :
a) Présenter le document et indiquer l’idée principale.
b) Expliquer le contexte historique du document.
c) À partir du document proposé et de vos connaissances personnelles, rédiger en
vingt lignes environ une réponse argumentée expliquant en quoi le coup d’État de
1923 détruit le système de la Restauration tout en prétendant sauver la
monarchie.

Option B.

.

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HISTOIRE DE FRANCE ET D’ESPAGNE. VOLUME 3

Questions :
a) Présenter le document et indiquer l’idée principale.
b) Expliquer le contexte historique du document.
c) À partir du document proposé et de vos connaissances personnelles, rédiger en
vingt lignes environ une réponse argumentée répondant au sujet suivant : la crise et la
chute de la dictature de Primo de Rivera.

                                Exercice 2. Rédaction.

Option A. L’opposition à la dictature militaire (1923-1931).

Chronologie indicative :
Juin 1926 : Sanjuanada
Novembre 1926 : échec de la tentative d’invasion de Prats de Mollo
1927 : fondation de la F.A.I.
Août 1930 : Pacte de San Sebastián
12/04/1931 : élections municipales

Option B. La dictature de Primo de Rivera.

Chronologie indicative :
Septembre 1923 : coup d’État militaire
1925 : le Directoire civil remplace le Directoire militaire
1926 : reddition d’Abd-el-Krim
30/01/1930 : exil de Primo de Rivera à Paris
14/04/1931 : proclamation de la République

                      Direcció General d’Educació Secundària Obligatòria i Batxillerat
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HISTOIRE DE FRANCE ET D’ESPAGNE. VOLUME 3

            III. La Seconde République (1931-1936).
         Comment expliquer l’échec de la Seconde République espagnole ?

1. La mise en place de la République.

1.1. De la monarchie à la République.

       L’impact des élections municipales du 12/04/1931 :

              les élections municipales dessinent une nouvelle carte politique :
                  • monarchistes : nombre légèrement supérieur d’élus ;
                  • républicains-socialistes : énorme succès dans les grandes
                      villes (41 des 50 capitales provinciales) et les centres
                      industriels (x3 du nombre de votes à Madrid, x4 à Barcelone) ;
              Éibar, Valence, Séville, Oviedo, Saragosse et Barcelone proclament le
              14 avril la République accueillie par des manifestations pacifiques ;
                  • Alphonse XIII déclare renoncer au trône et s’exile ;
                  • les signataires du Pacte de San Sebastián forment un
                      gouvernement provisoire proclamant la Seconde République.

       Le Gouvernement provisoire et la formation des Cortès constituantes :

              gouvernement provisoire formé :
                  • dirigé par Alacalá Zamora (républicain conservateur) ;
                  • diverses tendances : républicains (conservateurs, radicaux et
                     gauche), socialistes, nationalistes catalans et galiciens ;
              en attendant les élections des Cortès constituantes ;
                  • mesures d’urgence :
                             amnistie politiques ;
                             libertés publiques et syndicales ;
                             rénovation des hauts-fonctionnaires ;
                  • mesures annoncées ou en marche :
                             réforme de l’armée ;
                             négociations des autonomies catalanes ou basques ;
                             protection des paysans expulsés en cas d’impayés ;
              les élections aux Cortès (28/06) légitiment le changement de régime :
                  • coalition républicaine-socialiste : majoritaire (250/464 sièges)
                     avec une forte participation (plus de 70%) ;
                  • Alcalá Zamora est confirmé comme chef du gouvernement ;
                  • les membres du gouvernement provisoire sont reconduits.

1.2. Les bases institutionnelles et politiques du régime républicain.

       La constitution de 1931 :

              adoptée par les Cortès en décembre 1931 après débats et tensions :
                 • tensions droite/gauche qui se divisent sur plusieurs points :
                    question des nationalismes et de la religion ;
                 • les ministres conservateurs démissionnent et Alcalá Zamora,
                    remplacé par Azaña, devient Président de la République ;

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